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sur 1690 notes
Nouvelle présentation dans ce roman : il est conçu en trois parties, de seize à dix-sept chapitres chacun.

Dans la première, l'abbé s'installe. Il a choisi ce lieu perdu par vocation, avec des paysans rudes qui s'intéressent peu à la religion. Qu'importe, il tient à son sacerdoce et pense les amener vers lui. Zola nous décrit son adoration pour la vierge, qui est particulière, il en est amoureux, en parle comme d'une amante, on est plus dans le délire mystique que dans la foi.

Dans la deuxième, on assiste à sa renaissance dans la maison de Jeanbernat, soigné par la nièce de celui-ci. L'auteur nous propose une idée intéressante : l'abbé a tout oublié et il va sortir de la maladie, grâce aux soins d'Albine : une véritable renaissance, puis l'abbé, Serge, va passer par tous les stades du développement de nourrisson à adulte, enfance qu'il n'a pas dû vivre de façon heureuse (cf. « La conquête de Plassans »). Il fait connaissance avec la nature, les arbres, les fleurs, lui qui n'était que dans la prière.

Dans la troisième partie la religion reprend sa place, avec un abandon de son culte pour la Vierge, (l'opposition Albine et la Vierge est truculente !) et alors s'installe une nouvelle dévotion, toute aussi folle, pour Jésus et sa souffrance sur la croix : il tombe dans l'autoflagellation, pour se nettoyer de sa faute.

L'idée est intéressante, tout comme le fait d'appeler le domaine de Jeanbernat « le Paradou » : paradis, évoquant le jardin d'Éden, le fruit défendu, la femme tentatrice qui pousse l'homme vers la faute. Il y a une conception de la femme qui me hérisse : elle n'existe que pour tenter l'homme. le Frère Archangias a des mots horribles pour parler d'elle :

« Elles (les femmes) ont la damnation dans leurs jupes. Des créatures bonnes à jeter au fumier, avec leurs saletés qui empoisonnent ! ça serait un fameux débarras si l'on étranglait toutes les filles à leur naissance. » P 45

Je me suis demandée ce que Zola voulait prouver en opposant, souvent, Dieu et le soleil, qui illumine l'église de ses rayons, alors que la messe est finie : il occupe le terrain donc. le soleil revient très souvent, ainsi que les saisons, le printemps comme naissance… La nature est-elle plus digne d'amour ?

Cette lecture a été un véritable pensum pour moi. Son Paradou m'a exaspérée. On croule sous les détails avec des espèces de fleurs, de fruits, d'arbres qu'il est impossible de les retenir, ni même de les lire. J'avoue, j'ai sauté des pages, trop de lyrisme tue le lyrisme… et que dire du Frère Archangias… et puis des fruits qui arrivent à maturité tous en même temps, il n'y a qu'au Paradou qu'on peut voir cela : dans mon jardin, les cerises les pêches, les raisins (etc.) ne sont pas bons à manger à la même époque !

À la fin je comptais les pages : allez un challenge, trente pages par jour, « Son Excellence Eugène Rougon » va arriver… J'ai fini par entamer un polar en même temps…

Je me suis demandée ce que Zola voulait faire, avec ce roman ; à part une descente en flèche de la religion et des hommes d'Église, ce tome, qui nous noie sous les détails, nous enivre de fleurs était-il indispensable ? Ou, au moins, n'aurait-il pas été plus digeste avec cent pages de moins ?

Je trouve le style trop chirurgical : Zola veut nous prouver sa théorie, sans concession avec un luxe de protagonistes, les paysans en prennent pour leur grade aussi. le Naturalisme me heurte quand même pas mal…

Je voulais enchaîner les vingt volumes, mais si le cinquième est dans le même style, je ferai une pause après « L'assommoir » que j'ai tellement aimé à l'adolescence.

Challenge XIXe siècle
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J'ai relu à plusieurs reprises ce roman, qui m'avait, adolescente, éblouie.On peut lui reprocher de trop longues descriptions de la nature, une vue froide de la religion, de la lutte de la chair et de l'esprit, des hypocrisies sociales, et aussi un côté romantique exacerbé, une naïveté surprenante chez un Zola qui nous a habitués à une cruelle et juste observation des marasmes humains.Mais je m'en moque, je l'aime, ce roman et je veux le défendre, à ma façon...

Albine, au coeur d'argent
Se meurt au bois dormant
Larmes du torrent
Ciel d'azur brûlé
Frisson d'angoisse lunaire

Cri d'oiseau fou, mort déjà
Cocon de fleurs clos sur son corps
Elle l'aime
de tempête, d'orage, d'ouragan
Elle l'aime
de fièvre, de frissons, de candeur
Religion annihilée
Soutane sombre, glace figée
Revêtant le corps de l'amour

Elan vertigineux
Sourd et apaisant
Coeur éclaté
Voltigeant vers le chêne

Et l'amour et la mort
S'oublient au Paradou.
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Je continue mon petit chemin dans l'oeuvre de l'un de mes écrivains préférés. Ce roman m'intriguait beaucoup, j'avais hâte de découvrir comment Zola allait nous dépeindre la religion.
En effet, le livre se déroule dans le petit village des Artaud. Serge Mouret, prêtre de ce village, est tout entier dévoué à Dieu, ce qui n'est pas le cas de la plupart des habitants. Il exerce avec zèle sa profession et mène une vie tranquille, jusqu'au jour où il tombe malade. Il est alors envoyé au Paradou, une vaste demeure pourvue d'un immense parc en friche. Là il rencontre la jeune Albine, qui va le soigner alors qu'il a perdu la mémoire et semble connaître une seconde naissance (vous le sentez venir, le péché ?)
J'ai trouvé ce roman très intéressant car vraiment très différent des autres tomes des Rougons que j'avais pu lire. La quiétude de ce livre s'oppose à l'agitation, au fourmillement et au vacarme du Ventre de Paris, du Bonheur des dames... L'intrigue est ici centrée autour d'une poignée de personnages, et de deux lieux-clé : l'église et le Paradou. L'histoire est donc propice à des descriptions absolument fabuleuses -si tant est que l'on aime les descriptions- quoiqu'un peu longues parfois, du dépouillement de l'église et de la luxuriance d'une nature livrée à elle-même.
Zola a ainsi construit ce roman autour d'une opposition fondamentale, rythmant tout le récit : la nature contre l'Eglise, la Femme contre Dieu, la tentation contre la religion. le roman est également propice à quelques scènes savoureuses avec les habitants du petit village, rustres campagnards qui ricanent au fond de l'église pendant les messes et font fi de l'interdiction du sexe avant le mariage. La jeune soeur de Serge est également un personnage assez comique et attendrissant.
Le roman est découpé en trois parties distinctes : la première dépeint la dévotion du prêtre, la deuxième est celle de la transformation, d'une nouvelle enfance au cours de laquelle Serge expérimente l'amour et la vie dans la nature et la troisième partie signe la victoire de la religion sur l'amour et sur la tentation incarnée par Albine et le Paradou.
Comme souvent chez Zola, la nature est un personnage à part, qui parle presque aux personnages.
J'ai ainsi beaucoup aimé ce roman malgré certaines longueurs, je le recommande aux admirateurs de Zola qui ne le connaissent pas encore. Cependant, je ne vous conseillerai de lire celui-ci en premier si vous découvrez l'univers zolien car il risquerait de vous dérouter.
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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Si les éditions First avaient existé au XIXème siècle, elles auraient sans doute missionné Emile Zola pour écrire "L'allégorie pour les Nuls"...

Longtemps j'ai pensé que je préférerais me faire couper les deux bras plutôt que prononcer un verdict négatif sur un aussi grand écrivain que Zola mais le fait est que je dois pourtant m'y résoudre car comment donner une opinion favorable quand il m'a fallu plus de deux mois pour arriver laborieusement au bout de cette lecture que je viens d'achever sans pouvoir m'empêcher de pousser un très grand soupir de soulagement ?

Ce tome 5 des Rougon-Macquart est-il l'exception qui confirmerait la règle ? Faut-il fatalement une épine dans le bouquet de cette grande oeuvre littéraire ? Je ne pourrais me prononcer qu'après l'avoir lue en totalité. le style n'est pas remis en cause ; la plume est toujours aussi belle, aussi efficace, aussi poétique et envoûtante mais l'ennui s'est immiscé entre la narration et moi, m'engluant totalement. Avec une grande couardise, j'ai à plusieurs reprises délaissé le roman pour me vautrer avec d'autres, délicieusement, réconfortée à l'idée de sortir du Paradou, le jardin fantastique qui sert de décor à toute l'oeuvre. La sensation d'enfermement que j'ai ressentie à être ainsi cloîtrée avec Serge et Albine derrière les hautes murailles ceignant ce parc immense et sauvage m'a presque effrayée quand je n'étais pas irritée par les trop longues descriptions des végétaux devenus étouffants. D'avoir voulu trop en faire, trop en dire, Zola y a perdu sa capacité à me persuader, à me transporter. Je suis restée incrédule devant les évènements qui émaillent le récit ; dubitative devant le spectacle des sentiments unissant les deux principaux protagonistes. Pourtant, tout ne commençait pas si mal...

**** SPOILER ****
Le récit s'articule en trois livres.
Une très belle et juste introduction à la foi dans tout son mystère, une approche traitée avec beaucoup de subtilité, d'intensité et de respect pour nous faire toucher du doigt la beauté d'une spiritualité vécue de l'intérieur, par Serge, curé de paroisse.
Vient ensuite toute la partie consacrée à la relation (quasiment sortie de nulle part) entre Serge et Albine, cette enfant sauvage de 16 ans, poussée telle l'herbe folle, ignorante des lois qui régissent la société et connaissant pour tout horizon l'étendue quasi infinie du Paradou, ce parc mystique qui va prendre très vite le visage d'un Eden terrestre. Un jardin de paradis qui sous la plume exacerbée (et exacerbante) de l'auteur va devenir l'allégorie non déguisée du péché originel, quand Serge devient Adam et Albine l'Eve qui mène au péché. D'abord insouciants et innocents, ils vont, sous la poussée de la Nature et de leur chair, enfreindre l'interdit, le célibat du prêtre catholique et ils vont "se savoir nus", connaître la honte, la brûlure du péché, l'illusion du bonheur et la fuite de l'espérance.
Enfin, pour achever l'oeuvre (et le lecteur), Serge sera chassé du Paradou comme Adam fut chassé de l'Eden. Il devra se mettre en quête du Salut, trouver la force de décider de son sort et de celui d'Albine, plonger dans les méandres de son esprit jusqu'à frôler la folie et boire le calice jusqu'à la lie...

Éprouvante, voilà ce que fut ma lecture. Je n'en sors pas tout à fait indemne. Comme Serge, j'ai été profondément remuée par ses transports de prêtre, cherchant à démêler la foi du fanatisme et cherchant la voie à suivre. Une chose est sûre, je suis désormais acharnée contre la botanique et je n'ose plus poser les yeux sur un jardin de peur de le voir s'animer en écho des descriptions d'Emile Zola !


Challenge ABC 2012 - 2013
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Après la mort tragique de ses parents dans La conquête de Plassans, Serge est entré au séminaire. Il est désormais l'abbé Mouret et il administre la cure des Artaud, une terre rude, presque païenne. le jeune prêtre a pris avec lui sa jeune soeur Désirée. Elle est devenue une belle femme, mais son esprit est toujours celui d'une enfant et rien ne l'intéresse que sa basse-cour. L'abbé Mouret est un homme d'une foi ardente et d'une piété infinie qui rêve d'extase pure, dépouillée de l'avilissement des sens. « Après son ordination, le jeune prêtre était venu aux Artaud sur sa propre demande, avec l'espoir de réaliser son rêve d'anéantissement humain. » (p. 59) Désireux de traverser la vie dans une ascèse spirituelle, il est soudain rattrapé par les exigences de la chair quand il croise le regard de la jeune Albine, jeune fille à demi sauvage qui a grandi dans un jardin perdu des environs, le Paradou.

Heurtée à la réalité des sens, sa grande ferveur a plié et l'abbé Mouret est tombé gravement malade. Éloigné de sa cure par son médecin, il est soigné par Albine. Entre les mains de la jeune fille, il renaît. Il a tout oublié de son passé et ne veut qu'étancher son immense soif de tendresse. Dans les ombres tendres et propices du Paradou, les jeunes gens vont découvrir l'amour. Serge ne peut se passer de son amoureuse. « Je viens de m'éveiller, et je t'ai trouvée là, pleine de roses. » (p. 179) Dans ce grand jardin sauvage, réplique de l'Éden perdu, l'abbé Mouret – redevenu Serge – et Albine font l'apprentissage de la sensualité et de la chair. « C'était le jardin qui avait voulu la faute. » (p. 246) L'aboutissement du plaisir rend à Serge sa vitalité perdue et sa mémoire. le voilà redevenu l'abbé Mouret, rougissant de honte devant sa faute, mais incapable de ne pas aimer Albine. La solitude bénie des deux amants se heurte au monde dans le mur du Paradou s'effondre.

L'abbé Mouret n'avait pas la foi ambitieuse et arriviste de l'abbé Faujas, détestable ecclésiastique de la conquête de Plassans. Il mène une vie de foi et d'adoration divine jusqu'à la faute qui est annoncée dès le titre. Malgré ses dévotions, l'abbé n'échappera pas au péché et le drame se noue sous les regards de la Teuse, la vieille sacristine, ceux du Frère Archangias, religieux enragé contre les femmes et ceux du docteur Pascal, l'oncle de Serge. « Était-ce une damnation d'aimer Albine ? Non, si cet amour allait au-delà de la chair, s'il ajoutait une espérance au désir de l'autre vie. » (p. 320) Alors que la parenthèse enchantée est marquée du sceau de la honte, l'abbé Mouret se perd entre une foi ardente et un amour tout aussi brûlant, « raidi dans cette volonté de prêtre cachant les agonies de sa chair sous la dignité du sacerdoce. » (p. 335)

Dans des chapitres plus courts que ceux auxquels il nous a habitués dans les précédents volumes de la saga, Émile Zola chante la chair, la sensualité et le plaisir. le Paradou est une jungle aux parfums étouffants, un boudoir d'amour à ciel ouvert. Adam et Ève des temps modernes, Serge et Albine échouent à préserver leur paradis : ici, le Dieu courroucé est un frère grossier, mais cela suffit à précipiter les amants dans des abîmes de tourments. En quatrième de couverture, Joris-Karl Huysmans célèbre La faute de l'abbé Mouret : « Ce volume n'est point à proprement parler un roman, mais bien un poème d'amour, et l'un des plus beaux poèmes que je connaisse. » À n'en pas douter, il a écrit ces mots avant de renier et d'agonir le naturalisme, mais son appréciation reste très juste. Sous les ombres et derrière les arbres du Paradou, un nouveau Cantique des Cantiques a été écrit. À la lyre, Salomon-Zola a chanté les beautés de l'amour avant la faute et le regard des vicieux.
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Mes frères babéliotes, je l'avoue, je le confesse, confiteor, mea culpa, l'Abbé Mouret m'a fait poiler! Ce n'est que parce que j'ai bien ri qu'il sera beaucoup pardonné à ce livre d'être un sensationnel navet!

Voir gambader dans un jardin d'Eden de pacotille- Truffaut y perdrait ses géraniums et Buffon son latin- un brave curé amnésique qui découvre, en toute impunité et inconscience, le temps d'une égrillarde parenthèse, les joies de la chair en compagnie d' une enfant sauvage mais bien gaulée -bien évidemment nommée Albine, la blanche colombe innocente d'avant la faute (de l'abbé Mouret?)- et surtout faire une telle découverte sous la signature de Zola!!

Je n'avais pas encore lu le Rêve, à l'époque -qui avec son grand sérieux et pas de gaudriole du tout m'a carrément enquiquinée - et j'ai dû me pincer pour admettre que l'auteur de Germinal et de la Terre avait pu produire une cucuterie pareille!

Mais comme tous les Eden, on finit par en être exclu, la morale est sauve, rassurez-vous, et la fin est beaucoup moins croustillante, mais quelle rigolade, pauvre Zola, s'il avait su!! Ceci explique mes trois étoiles, quand même. En souvenir d'un bon moment d'intense second degré..

Pardonnez cette hilarité coupable...C'est ma très grande faute, abbé Mouret! Envoyez-moi faire pénitence dans un lieu d'épreuve et de déréliction, pour la peine: du côté de Rognes-sur-Aigre, tiens, que j'y mange la terre de la contrition à pleine bouche! Bien fait pour moi, tiens, et d'ailleurs, je dois être un peu maso, car je préfère largement!
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Quoi de plus intéressant que ce 5e tome des Rougon Macquart.
Encore un roman qui n'est pas politico economico sociologique et qui m'a fortement plu eh oui c'est dans chaque tome de Zola qu'on y trouve une certaine symbolique, ils sont tous différents et j'aime ce côté lyrique au charme naturaliste si bien développé. Toutes ces descriptions presque inutiles mais tellement bien écrites.
Ah Zola! Plus j'en lis et plus j'aime cet auteur qui n'avait pas sa plume dans sa poche.
Bien évidemment qui n'aime pas le côté "nature" ne pourra pas accrocher et qui est ancré dans la religion, ne le pourra pas non plus, c'est là où le bât blesse...
Ou l'on rentre dans la conformité d'un concept ou pas!!
Ici, nous assistons donc à la transformation d'un prêtre, vénérant une sainte vierge, en un homme ne résistant pas aux plaisirs de la chair grâce à la rencontre d'une jeune fille, représentant pour lui la tentation.
Serge Mouret et Albine se retrouvent au jardin du Paradou, un peu comme Adam et Eve au jardin d'Eden. Quelle parabole, ma parole, y en a plus d'un qui sera outré par ces propos, enfin chacun y voit de son interprétation, c'est un peu comme ces différentes communautés religieuses qu'on découvre actuellement.
Bon, en tout cas, c'est un tome qui ne fait pas l'unanimité en lecture mais il reste très détaillé en vocabulaire sur la Nature et ses végétaux.
Franchement il faut prendre son temps pour le lire et le savourer, je l'avais ouvert il y a 2 mois puis repris entre deux lectures.
Mais très beau roman ô combien rejeté.
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Je n'aurais jamais cru qu'une lecture de Zola puisse être si laborieuse. Là où d'ordinaire, j'enchaîne allègrement les pages me régalant de cette écriture, ici j'ai dû me forcer pour avancer dans l'histoire chapitre après chapitre. Même les descriptions qui d' habitude m'enchantent m'ont laissé indifférent.
Émile Zola aborde ici le thème de la religion avec l'abbé Serge Mouret vu dans le tome précédent "la conquête de Plassans". Je dois vous avouer que je savais d'avance de par ce sujet que ce livre n'allait sûrement pas être parmi mes préférés. Cela s'est confirmé très vite même si le début était plutôt agréable à lire. Par contre, au moment où l'auteur recrée un jardin d'éden avec de nouveaux Adam et Ève, il m'a perdu, le reste a suivi à l'avenant, limite mièvre.
J'ai également trouvé qu'il y a de nombreuses incohérences que je n'ai pas compris.

Heureusement, les personnages secondaires Désirée et la Teuse, très réussis, m'ont permis d'agrémenter ma lecture. de même, le combat interne que mène l'abbé Mouret n'est pas inintéressant, d'ailleurs j'ai trouvé le passage très bon.
Bref, une grosse déception qui, je l'espère, sera effacée par la lecture du prochain tome.
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C'est tendance aujourd'hui d'essayer d'entrer dans le cerveau d'un tueur en série. Zola, dans ce roman de 1875, a pénétré dans l'âme tourmentée d'un prêtre de campagne. On dirait que ce n'est pas tellement différent…
Le combat éternel du bien et du mal assaisonné à la sauce de la religion; la tentation devenue vie sur terre dans la peau de l'abbé Mouret, Serge pour nous autres, ses intimes.

Forniquer avec la terre. Être aimé d'une vierge.
« Elle l'aimait tendrement, plus que toutes les femmes ensemble, d'un amour bleu, profond, infini comme le ciel. Où aurait-il jamais trouvé une maîtresse si désirable? Quelle caresse de la terre était comparable à ce souffle de Marie dans lequel il marchait? »
Il sanctifie Marie au début du roman en espérant son apparition et lorsqu'elle se présente sous l'apparence d'Albine, il sacrifie son coeur et transpose son désir en Jésus, plus viril et fort.

Comment prendre plaisir à ce livre sinon dans l'optique d'une étude sociologique, d'un lien pervers avec la religion catholique, d'une virée dans le passé.
J'ai compris, à cette lecture, l'attachement profond de ma maman à Marie, mère du monde. Ses yeux dans le brouillard, dans l'attente d'une révélation. Symptômes d'une époque où le clergé prenait possession des personnes fragiles et promettait le paradis sur terre avec l'absolution des péchés.

Le frère Archangias, archétype du porteur de la soutane violent et frustré a réveillé en moi une peur enfantine de la robe noire, autant chez les religieuses que chez les prêtres. Je n'ai jamais aimé leur odeur ainsi que leurs mains froides, blanches et souvent baladeuses.

La découverte, la passion, la honte.
Ah, ce cher abbé Mouret, qui a de l'encens jusque dans ses entrailles, le corps embaumé de la grâce céleste, la mort qui lui grafigne la vie à petit feu, comme il m'exaspère!

Il y a des phrases extraordinaires dans ce livre qui peuvent s'appliquer à tellement de situations actuelles. « Je suis une maison vide où vous pouvez habiter… » Les religions, les sectes, les réseaux sociaux profitent du vide intellectuel de l'humain. Un vie consacrée à un dieu ou donner sa vie dans une jouissance suprême. le paradoxe de l'extrémisme. « Après l'amour, il n'y avait plus que la mort. »

J'ai trouvé pénible la traversée du paradis, l'éden fleuri décrit par Zola est étouffant, trop c'est trop. Pourtant, dans cette douleur, certaines phrases m'ont apportées de belles et grandes réflexions car en marge de l'effet botanique, j'ai bien aimé l'affrontement entre le bien et le mal. Car malgré une fin tragique, j'ai surtout eu l'impression qu'il n'y a pas de gagnant, sinon la nature qui continue ses droits et perpétue la vie.
« Et c'était une victoire pour les bêtes, les plantes, les choses, qui avaient voulu l'entrée de ces deux enfants dans l'éternité de la vie. le parc applaudissait formidablement. »

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La faute de l'abbé Mouret, commence là où s'arrête La Conquête de Plassans. Ou du moins, est-ce là la volonté affichée par Zola. Il suffit de lire les premières pages pour comprendre de quoi il va en retourner : voici un roman long, descriptif bien peu passionnant. Dans le genre du roman feuilleton, nous avons droit à bel exemple "d'écriture au kilomètre" sans réelle inspiration.

Il faut reconnaitre que le style de l'écrivain est beau, tour à tour contemplatif, mystique, champêtre ou de nature à exprimer le doute. Indéniablement il est difficile de ne pas être sensible à cette prouesse littéraire... sauf que le style ne fait tout. Les première et deuxième parties accordent des moments intéressants, ou des épisodes et personnages que l'on suit avec plaisir. Ainsi la Teuse, qui est un nouvel exemple de serviteur tyran, Désirée en grande enfant emplie de contradictions et le discret, Docteur Pascal. Les passages consacrés à l'Église n'ont rien à voir avec ce qu'à écrit précédemment Zola, dommage. Dans cette ambiance, il n'y a qu'un mariage (haut en couleurs) et la confrontation entre Église et Amour qui attirent l'attention.

A l'image de la seconde partie, le roman est long, trop introverti. La narration omnisciente est d'un ennui incroyable. Pour ne rien arranger, du début à la fin, le lecteur sait à quoi s'attendre. le titre en donne une idée, les premières pages (et tout le reste) le confirme. le roman est typique du Romantisme dans le sens où tous les ingrédients sont réunis : le jardin, les ruines, la nature, deux êtres chastes, l'amour beau idéalisé et contrarié, la douleur... Sauf que d'autres romans de la période sont bien meilleurs.

Les bonnes idées ne manquent pas : les villageois consanguins, leur mode vie, quelques personnalités bien campées... le changement d'air (ni Plassans, ni Paris), est tout aussi bienvenu qu'un nombre plutôt important de personnages attachants (Vincent, Catherine, le philosophe, le frère Archangias, Bambuse...) mais tout cela n'est pas exploité.

Autant être prévenu avant d'entamer cette lecture : les amateurs du Romantisme vont probablement être séduits. Les réfractaires feront mieux de passager leur chemin... ou de s'accrocher à leur livre, car le risque de le voir s'échapper de leurs mains est bien grand !
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