Alors glissa
Parmi les feuilles sans bruit un petit bruit
Né du soupir même que le silence exhale.
Comment suggérer mieux la muette polyphonie du silence et sa présence comme de quelqu’un qui se murmure en vous ? (Hymne à la joie, p. 23).
Homme du matin autant que du soir, comment ne dirais-je pas cette respiration, au réveil du jour, du silence où le merle semble puiser les perles liquides qui roulent de sa gorge dans l'air vierge qui a germé sous le voile de la nuit? Et aussitôt les moineaux commencent à tisser avec leurs petits becs cette tapisserie pépiante où ma prière s'adosse pour écouter la Voix à nulle autre pareille qui dit tout sans paroles.
Les livres, je leur dois cette conversation qui ne lasse ni ne blesse jamais, ce besoin de silence qu'ils nourrissent, ce tranquille bonheur qui n'est pris à personne, ce stimulant indispensable qu'ils ne cessent d'offrir à ma pensée et, dans les heures tragiques, la présence de l'éternel, dont ils sont la quête et le signe.
Je sais qu'il y a des livres qui ne valent pas d'être lus. Nul ne nous contraint à les lire et cela suffit pour échapper à leur impuissante intrusion dans un monde d'où le silence les rejette.
Mais il y en a tant d'autres, capables de nous enrichir, que j'ai toujours trouvé en eux, quand l'humanité devenait folle, la force d'espérer et de croire, malgré tout, en l'homme, à cause de ces meilleurs d'entre nous qui, au-delà d'un absurde carnage, ne cessaient d'orienter nos regards et nos efforts vers « le pays de la vérité
« Souvent, au coucher du soleil, des torrents de feu se répandaient dans le ciel ; peu à peu ils s'éteignaient et une cendre rouge pleuvait sur la verdure veloutée du jardin. Puis tout s'assombrissait rapidement, s'élargissait, se gonflait, noyé par la nuit chaude. Rassasiées de soleil, les feuilles s'abaissaient, les herbes s'inclinaient vers la terre. Tout devenait plus doux, plus somptueux ; mille parfums s'exhalaient doucement, caressants comme de la musique; des sons flottaient, venus de la campagne lointaine : on sonnait la retraite dans les camps. La nuit tombait et, avec elle, quelque chose de fort, de rafraîchissant comme la tendre caresse d'une mère, se déversait dans la poitrine; le silence vous effleurait le cœur de sa main chaude et veloutée et tous les mauvais souvenirs, toute la poussière brûlante et fine de la journée s'effaçaient de la mémoire. Alors glissa Parmi les feuilles sans bruit un petit bruit né du soupir même que le silence exhale. Comment suggérer mieux la muette polyphonie du silence et sa présence comme de quelqu'un qui se murmure en vous ? Homme du matin autant que du soir, comment ne dirais-je pas cette respiration, au réveil du jour, du silence où le merle semble puiser les perles liquides qui roulent de sa gorge dans l’air vierge qui a germé sous le voile de la nuit ? Et aussi aussitôt les moineaux commencent à tisser avec leurs petits becs cette tapisserie pépiante où ma prière s’adosse pour écouter la Voix à nulle autre pareille qui dit tout sans parole. » (Maxime Gorki)
Les livres, je leur dois cette conversation qui ne lasse ni ne blesse jamais, ce besoin de silence qu'ils nourrissent, ce tranquille bonheur qui n'est pris à personne, ce stimulant indispensable qu'ils ne cessent d'offrir à ma pensée et, dans les heures tragiques, la présence de l'éternel, dont ils sont la quête et le signe.
Pensée de Maurice Zundel n°4. Quand l'homme découvre Dieu.