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EAN : 978B003WZ3H6O
Tallandier (30/11/-1)
4/5   2 notes
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Paul D'Ivoi nous reste célèbre pour être un imitateur de Jules Verne parmi les plus farfelus. Aux «Voyages Extraordinaires » de Jules Verne, il répondit par ses «Voyages Excentriques », une collection de 21 romans qui reprennent sensiblement le même concept que les romans de Verne, mais de manière un peu crapuleuse : il n'est pas question ici d'aventures pédagogiques et érudites, imprégnées de morale chrétienne, mais de récits pour adolescents volontiers canailles et mécréants, assez souvent centrés sur les rencontres amoureuses et exotiques - mais très chastes.
Si évidemment tout cela est bien moins rigoureux et monolithique que Jules Verne, Paul D'Ivoi souffrait hélas d'une inspiration inégale, dûe majoritairement au fait qu'en bon feuilletonniste, il improvisait au fur et à mesure de leur publication les chapitres de ses romans sans trop forcément savoir où il allait. Certains de ses romans parviennent à garder une certaine cohérence. D'autres, au contraire, partent très vite dans toutes les directions, et le lecteur s'y perd d'autant plus volontiers que l'écrivain lui-même ne sait pas tellement davantage où il en est. Cette instabilité romanesque, si elle ne nuisait absolument pas à son succès littéraire, lequel resta constant et ne fut interrompu que par la mort de l'auteur, posa néanmoins problème chaque fois qu'il fut question de rééditer ses ouvrages dans les décennies qui suivirent. Tallandier, dans les années 20-30, put rééditer l'intégralité du cycle, écrit originellement entre 1894 et 1914. Une tentative de réimpression assez médiatisée fut testée en 1983 par les éditions J'ai Lu. Ce fut d'ailleurs ainsi que je découvris moi-même Paul D'Ivoi. Hélas, les ventes furent faibles et la réimpression s'arrêta au bout de 9 volumes. En 2011, les éditions Encrage s'y essayèrent également, mais s'arrêtèrent encore plus vite : au 5ème volume seulement.
Il y a donc bien peu de chances de revoir un jour rééditée l'intégrale des 21 volumes de ce cycle, et malheureusement, en lisant « le Serment de Daalia », publié initialement en 1904, on en comprend plus ou moins les raisons.
Souvent, chez Paul d'Ivoi, l'idée de départ est excellente, et ici, c'est précisément le cas. Une paire d'amis fortement désargentés, Albin Gravelotte et Morlaix, décident de mettre conjointement fin à leurs jours, et s'offrent avant de faire le grand bond, un dernier repas dans un restaurant de luxe, où l'on peut même dîner dans des cabinets privés Or, ces cabinets sont mitoyens les uns des autres et fort mal isolés, et les deux jeunes gens entendent la conversation du cabinet voisin dans lequel se trouvent trois personnes : Niclauss, sa fiancée Lisbeth, et le père de celle-ci, Mr. Fleck. Or, Niclauss Gravelotten est le cousin germain (dans le sens propre du terme) d'Albin : tous deux sont originaires d'Alsace, une région qui, en 1904, est allemande depuis depuis 1870. le père d'Albin, résolument francophone, a quitté l'Alsace aussitôt marié afin que son enfant grandisse en Terre de France. Son frère, le père de Niclauss, industriel, est au contraire resté en Allemagne pour y faire fortune dans les aciéries, et a germanisé son nom de famille.
Or, ces deux hommes avaient un autre frère, François, parti faire sa vie en Indonésie, et dont sa famille était sans nouvelles, jusqu'à il y a peu. Il s'est manifesté auprès de ses cousins allemands, car il est devenu fort riche en s'installant dans l'île de Sumatra, mais sa fortune lui pèse, d'autant plus qu'il est marié de force avec huit épouses qui refusent de le laisser partir - à moins qu'un garçon de sa famille n'accepte de le remplacer - mais ce garçon doit passer une épreuve avec chacune de ses épouses, afin qu'au moins la moitié de ce cheptel le valide comme futur mari.
Sous l'influence du cupide Mr. Fleck, Niclauss est tenté de jouer le jeu, à la seule fin de mettre la main sur le magot et de revenir ensuite en Allemagne, fortune faite, afin d'épouser sa fiancée Lisbeth, sorte de petite cruche blonde qui ne s'exprime qu'à travers le langage des fleurs.
Albin et Morlaix réalisent qu'ils tiennent là une chance de damer le pion à ces cousins malhonnêtes. Par une habile mystification, ils se font passer pour des policiers, et parviennent à extorquer à Mr. Fleck l'argent pour leur voyage à Sumatra, tout en retardant les trois fourbes.
Hélas, ce qu'aucun des deux cousins ne sait, c'est que l'oncle François Gravelotte, à Sumatra, est riche, certes, mais pas le moins du monde décidé à céder sa fortune. Il n'a pas non plus huit épouses, il n'en avait qu'une seule, qui est morte après avoir mis au monde une ravissante jeune fille, aujourd'hui adolescente, prénommée Daalia. Or cette jeune fille subit la pression d'un culte religieux de fanatiques locaux, les Adorateurs de M'Prahu. Pour l'en soustraire, François Gravelotte a l'idée de la marier à l'un de ses cousins d'Europe. N'ayant pas réussi à retrouver Albin, il s'est rabattu sur Niclauss, mais tient à lui faire subir une série d'épreuves, soi-disant auprès de ses épouses fictives, pour estimer son courage et sa détermination. En réalité, les huit prétendues épouses ne seront que Daalia et sa servante Rana sous divers déguisements sophistiqués.
François Gravelotte est néanmoins ravi de voir débouler inopinément l'autre cousin français, qui a plus volontiers sa préférence. Sans révéler sa filiation, Daalia assiste à leur arrivée, et un seul regard suffit pour qu'Albin et Daalia tombent amoureux l'un de l'autre. Quelques jours plus tard, ils sont rejoints par Niclauss, Lisbeth et Mr. Fleck, furieux de retrouver à Sumatra leurs coquins de cousins français.
Les Adorateurs de M'Prahu, quoique un peu amers, acceptent le futur verdict des huit épreuves, qui correspondent en réalité à leur rite des huit épreuves du guerrier que chaque homme doit subir pour être digne de prendre femme. Mais il faut que ces huit épreuves soient équitables, et que les deux cousins partagent les mêmes épreuves. Hélas, fondamentalement honnête, Daalia leur confesse qu'elle est d'ores et déjà amoureuse d'Albin, et qu'à aucun prix elle n'épousera Niclauss, quel que soit le résultat de l'épreuve. Cette prise de position est jugée sacrilège, et Daalia doit prêter serment à M'Prahu de se montrer la plus neutre possible et de dissimuler à la fois ses sentiments et son identité à Albin. Si jamais elle ne pouvait y parvenir, elle serait automatiquement égorgée par l'assassin de la secte, un nommé Oral, fameux pour savoir traquer retrouver un ennemi n'importe où, même à l'étranger.
Les épreuves de rencontres avec les pseudo-épouses commencent, et sont remportées haut-la-main par Albin, face à un Niclauss handicapé par sa balourdise, sa cupidité, sa fourberie et sa lâcheté, caractères typiquement germaniques, parait-il...
Mais Albin, après la troisième épreuve, a des soupçons. Il croit reconnaître sous ces déguisements d'épouses la silhouette et le regard ému de la jeune femme qu'il a aperçue au port et qu'il veut éperdument retrouver. Il cherche à la démasquer, à savoir qui elle est, en tentant de pénétrer nuitamment dans sa chambre d'hôtel, mais, par un malentendu, sa route va le mettre sur le chemin de deux touristes anglaises à moitié idiotes, que les complices de l'oncle François et les Adorateurs de M'Prahu vont prendre pour Daalia et Rana déguisées en quatrième épouse et sa servante. Les deux anglaises, ne comprenant rien au rôle qu'on leur fait jouer, tombent amoureuses d'Albin et de Niclauss et ne les lâchent plus, révélant ainsi au grand jour la mystification de l'oncle François.
Dès lors, Daalia, mais aussi Lisbeth, séduite au fil des jours par le beau Morlaix, vont sauver Albin et son ami de ces deux furies. Seulement, Daalia trahit ainsi son serment, et les Adorateurs de M'Prahu envoient à ses trousses leur assassin Oral pour la traquer et la tuer. Comme si ça ne suffisait pas, les quatre jeunes gens, fuyant collectivement l'assassin des Adorateurs de M'Prahu, les deux anglaises et la vengeance de Niclauss et Mr. Fleck, tombent sur une bande de pirates dont le chef reconnaît Daalia, la capture, ainsi que ses amis, et exige à l'Oncle François une rançon délirante pour les libérer.
Cependant, les pirates vont devoir compter non seulement avec l'assassin Oral, qui se taille de manière sanglante un chemin jusqu'à Daalia, mais aussi avec l'un des leurs, un pirate éperdument amoureux de la jeune femme, qui tentera tout pour la libérer avec les siens, alors que tout autour de Sumatra, la marine chinoise et la marine russe s'enlisent dans une guerre navale qui sème de torpilles et de missiles le chemin d'Albin et Daalia vers l'amour et la liberté...
Comme on le voit, « le Serment de Daalia » commence comme une farce boulevardière somme toute assez xénophobe (les allemands sont tous des brutes mauvaises, les anglaises sont des boudins hystériques et nymphomanes, et les Indonésiens sont des barbares primitifs, sauf Daalia parce qu'elle est à moitié française), dans une Asie du Sud en carton pâte que l'auteur connaît bien mal, puisqu'il en suppose les habitants de type ethnique hindou, et qu'il y situe même un de ces ordres religieux assassins que l'on ne trouvait qu'en Inde sous la domination coloniale britannique.
Très logiquement, Paul D'Ivoi nous dépeint aussi une île de Sumatra proprement imaginaire, avec des coutumes dont je n'ai pas trouvé trace sur Internet, et qui relèvent tellement d'une théâtralité exotique qu'elles en deviennent presque surréalistes. Ainsi, par exemple, le portrait de ces teinturières "colorées", habitant la chaîne de Bukit Barisan (décrite comme un massif montagneux, mais il s'agit en fait exclusivement de volcans), et qui sont chargées de teindre les saris que portent toutes les femmes de la région. Comme les pigments de teinture sont volatiles quand on les chauffe, ces femmes se retrouvent au bout de quelques années avec une peau complètement bleue, rouge, verte, orange ou jaune. Elles sont alors respectées comme des demi-déesses, et leurs faveurs sexuelles et sentimentales sont ardemment recherchées. L'histoire est très jolie mais complètement fausse, à l'image de quasiment tout ce que Paul d'Ivoi peut raconter sur Sumatra, dont il nous livre une carte postale attendrissante mais totalement fantasmée.
Quant à l'intrigue elle-même, comme on l'a vu, elle part d'un récit presque comique transposé en terre exotique, avant de s'embrouiller progressivement dans une course-poursuite générale, irréaliste et incohérente, où Paul d'Ivoi se perd volontiers lui-même, et nous avec lui. Heureusement, au final, comme on s'en doute, tout finira par s'arranger : Albin épousera Daalia, Morlaix épousera Lisbeth, les Anglaises rentreront chez elles le coeur brisé à la recherche de leur 400ème fiancé (!), les Adorateurs de M'Prahu seront désavoués par leur dieu, et quant à Niclauss et Mr. Fleck, abandonnés sous somnifères dans une chambre d'hôtel lors de la fuite de Morlaix avec Lisbeth, ils sont tout simplement.. oubliés par Paul D'Ivoi, et on n'entend plus parler d'eux...
Bref, d'une idée sympathique et originale, Paul D'Ivoi tire un ouvrage chatoyant, mais assez souvent confus, incohérent et bavard, encombré de xénophobies diverses et décomplexées, improvisé avec plus de talent que de maîtrise, et dont la fin un peu baclée nous laisse quand même assez dubitatifs. Abusant d'un humour terriblement désuet, Paul d'Ivoi signe avec «Le Serment de Daalia » un roman qui a terriblement mal vieilli, comparé à la plupart des autres volumes des «Voyages Excentriques », et l'on en retiendra surtout cette Sumatra imaginaire et colorée, qui avait tout pour faire rêver les jeunes adolescents de la Belle-Époque, et par laquelle il est tentant de se laisser griser, même un siècle plus tard.
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J'avais 9 ou dix ans. J'ai lu ce livre en partie sous les couvertures, une lampe de poche à la main.
A l'époque je disposais dans la bibliothèque de mon père d'un certain nombre d'ouvrages de la collection Hetzel. de grands livres illustrés par de belles gravures.
Les serment de dahlia rivalisait avec les maître du drapeau bleu et l'aéroplane fantôme. Tous de Paul d'Ivoi.
On y voyait des sociétés secrètes dans des pays exotiques. Des jeunes femmes promises au sacrifice, des nationalismes exacerbés. Des peuples se révoltant contre les envahisseurs occupant leur espace, leur pays. Je passais des heures en compagnie de ces héros aux grands coeurs, les encourageants face aux criminels souhaitant les asservir, des individus grands dans la vilenie.
Mon âme d'enfant a pali, mais l'enthousiasme de ces lectures consolatrices qui m'extraiyaient des jours moroses résonne encore en moi comme un écho des aventures du passé.
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