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EAN : 9782872930463
380 pages
Satas (15/07/2009)
3/5   1 notes
Résumé :
Dans le droit fil de ses précédents ouvrages, Steve de Shazer souligne ici l'importance d'une étude attentive de la conversation thérapeutique. Pour expliquer comment le langage fonctionne en thérapie, il s'étend largement sur les opinions de Freud, Lacan, Bateson, Ackerman, entre autres, opinions qu'il cite et critique. Mais l'essentiel du livre se trouve dans les conversations détaillées entre client et thérapeute qui montrent la thérapie centrée sur la solution à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Livre assez étrange. Il commence par un théorisation fort complexe de ce que le langage est, peut être, de l'importance des mots, de la compréhension de ceux-ci, de la compréhension mutuelle. A travers des emprunts aux psychanalystes, aux structuralistes, aux post-structuralistes, Derrida... Tout ça pour dire qu'on ne se comprend finalement jamais, qu'on doit choisir une bienveillance réciproque, et croire qu'on (se) comprend (plus ou moins la même chose) et donc pouvoir travailler et évoluer ensemble.

Ensuite, de Shazer fait une comparaison entre deux types de « lecture » dans une « même » thérapie, l'une centrée sur le lecteur (Ackerman), le texte (Bateson) avec un entre deux (Gustafson), très révélatrice des différences potentiellement énorme selon le point de vue adopté. Et qui évidemment survalorise la thèse qu'il défend : s'en tenir aux mots, aux mots-texte du client.
Le chiffre est puissamment évoqué, en tant que condensateur de choses indicibles, de progrès indicibles en mots, le chiffre est comparable aux autres chiffres et donc donne un langage tout à fait simple utilisable entre les interlocuteurs, thérapeute et client.
« 4 est toujours moins que 5 ». Pas de doute. Quant à savoir ce que ce 4 ou ce 5 signifie ou cache parfaitement, ce n'est au fond pas important. L'important c'est l'évolution du client !
Dès lors, l'auteur préconise et a développé tout un ensemble d'échelles d'évaluation chiffrée.
Et le plus intéressant est qu'on peut être extrêmement inventif et se servir de l'idiomatique du client, de ses idées à lui pour créer des échelles excessivement parlantes. Un vrai bonheur d'amusement et de potentiel curatif !! (En vrac : Echelle de réussite, échelle d'insouciance, échelle des progrès, échelle de réussite à la relaxation, échelle du désir d'arrêter de boire, échelle de confiance, etc.)

de Shazer développe à l'envi son concept de la « question-miracle », celle où l'on se réveille sans le problème et... à quoi est-ce qu'on le remarque, soi, les autres... qu'est-ce qu'on ferait alors de différent. Une fameuse question dans le monde de la thérapie...
Toute cette deuxième partie très illustrée par des transcriptions fidèles de séances presque entière. On voit vraiment comment les choses se co-construisent, c'est très appréciable.
Avec pour terminer deux sujets particuliers plus spécifiques : la thérapie « imposée par un tiers » et l'alcoolisme.

Bref bref, étonnant livre, entre une première partie d'intellectuel pur très difficilement abordable et cette deuxième partie hyper simple, claire, pratique, et praticable, il y a un monde, celui de Steve de Shazer sans doute. Un monde intéressant.
Peut-être pas le livre essentiel ni des thérapies brèves en général, ni peut-être même de l'auteur (bien qu'il y mette beaucoup de sa personnalité), mais, oui, donnons lui des étoiles : 3. (Pas si loin du 4).

Et laissons le dernier mot à l'auteur :
« Je n'avais sûrement pas l'intention de présenter une « théorie » ou un « grand modèle ». Plutôt de développer une théorie tentant d'expliquer tout et pouvant être utiliser comme si elle cherchait à tout expliquer, les parties théoriques de cet ouvrages devraient seulement être considérées comme la description de mes outils. Rien de plus. C'est dans la mesure où j'ai réussi à décrire mes outils que je peux dire que j'ai pratiquement fait ce que j'avais entrepris de faire.A cet égard, vous aurez peut-être une opinion différente de la mienne. »
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Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
Parler problème

Faisons une expérience en deux temps. Premier temps : imaginons que vous venez de passer la dernière demi-heure à parler avec Monsieur A de tous les problèmes de sa vie, en vous concentrant plus particulièrement sur son sentiment de dépression. Comment vous sentez-vous après cette demi-heure ?
Quand j'ai posé cette question à des thérapeutes, ils ont répondu que pendant qu'ils écoutaient les gens décrire leurs problèmes et chercher une explication, les « faits » ne cessaient de s'accumuler et ainsi le problème devenait de plus en plus lourd pour le thérapeute.Après quarante-cinq minutes, la situation devient pour lui insupportable, compliquée, voire désespérée.
Si tel est le sentiment des thérapeutes, pouvez-vous vous imaginer ce que le client peut ressentir après quarante-cinq minutes ?

Parler solution

Deuxième temps de l'expérience : imaginons que vous venez de passer la dernière demi-heure à parler avec Monsieur B de tout ce qui a bien marché dans sa vie, en mettant plus particulièrement l'accent sur son sentiment de réussite. Comment vous sentez-vous après cette demi-heure ?
Quand j'ai posé cette question à des thérapeutes, ils ont répondu que pendant qu'ils écoutaient les gens décrire leurs réussites et leurs réalisations, les « faits » ne cessaient de s'accumuler et rendaient la situation de plus en plus agréable pour le thérapeute.Après quarante-cinq minutes, la situation commence à lui sembler remarquable et stimulante.
Si tel est le sentiment des thérapeutes, pouvez-vous vous imaginer ce que le client peut ressentir après quarante-cinq minutes ?
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Construire (accidentellement) une surprise pour le thérapeute

SdeS : D'accord. Donc 10 représente, oh, que vous voulez très, très fort ce... ce miracle dont nous avons parlé, aussi fort qu'on peut vouloir quelque chose, d'accord ? Et zéro le contraire de ça, c'est-à-dire que si!a arrive, ça arrive et si ça n'arrive pas, ça n'arrive pas. D'après vous, à quel niveau vous trouvez-vous ?
C : A zéro.
SdeS : Ouais. Ouais ? Hum...
C : Parce que... vous savez, je ne voudrais pas me placer trop haut, pour ne pas me faire de mal en tombant.

C'est la première fois depuis des années que j'utilise cette question que j'obtiens la réponse « Zéro ». Mais le raisonnement du client à l'appui de sa réponse est tout à fait juste. Le principe à la base est irréfutable : on ne sait jamais ce que dit une question avant d'avoir entendu la réponse. (Si je devais m'accorder une réponse idéale à cette question, ça serait la sienne avec son explication. Cependant la réponse que l'on obtient est la réponse que l'on obtient, et c'est tout ce que l'on peut espérer obtenir. La réponse du client, quelle qu'elle soit, est celle que l'on doit accepter et que l'on doit prendre au sérieux.)
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Un jour, un certain psychiatre a dit de Mme K. qu'elle était « schizophrène », on a posé chez elle le diagnostic de « schizophrénie ». C'est-à-dire que ce (ou cette) psychiatre pensait que Mme K. était « extrêmement déviante » à ce moment précis, en cet endroit précis. Selon Thomas Szasz (1970), « l'étiquette diagnostique communique au patient une identité personnelle entachée d'anormalité. A partir de ce moment, cette étiquette va l'identifier aux yeux des autres. Elle va commander l'attitude des autres à son égard, de même que la sienne envers eux. Ainsi le psychiatre nosologiste non seulement décrit la soi-disant maladie du patient, mais il prescrit aussi sa conduite à venir.
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Tandis que j'étais d'accord avec Haley pour penser qu'à l'époque, il n'y avait pas de théorie adéquate, cela ne suffisait pas à e convaincre qu'Erickson n'avait pas de théorie puisqu'il disait "je sais ce que je fais, mais expliquer comment je le fais m'est beaucoup trop difficile" [...]. La raison pour laquelle Erickson pensait qu'il était trop difficile d'expliquer ce qu'il faisait est parfaitement compréhensible car cela semblait inhérent à la nature d'une telle compétence. Or, si Erickson savait quoi faire, il savait aussi quoi ne pas faire.Un observateur extérieur pouvait donc discerner un ensemble de règles et dégager une théorie, même si Erickson ne pouvait le faire lui-même.

[...]

... cet arbitraire apparent devait nécessairement entrer dans le cadre des règles d'une théorie de la thérapie couvrant l'approche d'Erickson, et partiellement fondée sur elle. Ce diable de projet me semblait difficile à réaliser. Je commençais à me demander si l'essentiel ne m'avait pas échappé depuis le début. Peut-être que le secret, ou l'énigme, résidait dans ce qu'il n'y avait rien de caché et que "l'essence" de l'approche d'Erickson était la diversité et la variété. Si tel était le cas, je n'avais plus qu'à accepter les choses telles qu'elles étaient. Cela eût alors signifié que ma théorie sur la méthode d'Erickson avait beaucoup de branches mais pas le moindre centre. Bien plus, cela eût signifié qu'il n'y avait pas de Théorie, pas de belle conception d'ensemble, mais seulement des activités locales, plutôt individuelles, dépendant d'abord des situations.
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La perspective bakhtinienne mène à l'idée que la relation entre le thérapeute et le client ne cesse de s'altérer dans le processus même de la conversation. Il n'existe pas de sens "tout fait" (ou "prêt-à-porter") qui puisse être transféré ou repassé d'une personne à une autre. Au contraire, le sens se développe et prend forme dans le processus d'interaction. Un message "n'est pas transmis d'une personne à l'autre, mas construit entre elles, comme un pont idéologique ; il est construit dans le processus de leur interaction". A la différence de Freud, Sausussure, Bandler & Grinder qui ont traité de la transmission du sens comme quelque chose qui se fait grâce à un code tout prêt avec des significations fixes et déterminables, Bakhtine a palé d'une "parole vivante" dans laquelle le sens est "créé pour la première fois dans le processus de la transmission [parce que], en fin de compte, il n'y a pas de code"
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Video de Steve de Shazer (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Steve de Shazer
Séminaire, conférence ou atelier (en Bretagne?) de Steve de Shazer et la thérapie solutionniste, un traducteur sur place traduisait au fur et à mesure. La vidéo date des années 90 dure 8 minutes et n'es pas d'excellente qualité.
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