Roman de l'autrice autrichienne
Valérie Fritsch aux éditions Bouquins, que je remercie (ainsi que Babelio) pour cet envoi dans le cadre d'une opération Masse Critique.
J'avoue avoir été surprise, tant par la forme que par le fond.
Par la forme, car il s'agit d'un texte dense, certes découpé en (longs) chapitres (10 en tout, le dernier, seulement 3 pages, à fonction d'épilogue), mais sans aucun dialogue.
Par le fond, car je m'attendais à autre chose à la lecture du résumé.
Le personnage central est Alma, que l'on découvre enfant, une enfant secrète mais curieuse, qui ressent physiquement le poids d'une histoire familiale marquée par la guerre. Alma grandit, découvre l'amour et devient mère d'un petit Émil affecté d'une maladie génétique rare le rendant insensible à la douleur. Les autres personnages sont les grand-parents d'Alma, et Friedrich, son compagnon et le père d'Émil. de ses parents, taciturnes et effacés, nous savons peu de choses.
À travers l'attitude de son grand-père, un homme singulier et mutique qui s'obstine à se soustraire au devoir de mémoire, et les récits de sa grand-mère qui s'emploie au contraire à raconter à sa petite fille les épisodes du passé, Alma éprouve les contradictions inhérentes à la guerre, qui touchent à la violence, à la culpabilité individuelle et collective et à son exonération.
Lorsque ses grand-parents décèdent, Alma souffre que cette source d'histoires et de souvenirs soit définitivement tarie. le chagrin réveille en elle le besoin de parler et de partir à la recherche du passé.
J'ajouterai que l'acuité de certaines descriptions, notamment au début et à la fin du roman, témoignent de l'oeil de la photographe, autre profession exercée par l'autrice.