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EAN : 9782221264492
288 pages
Robert Laffont (19/01/2023)
3.81/5   163 notes
Résumé :
« Comment ce monde incolore avait-il eu la cruauté, l’impertinence, la folie, de faire naître en son sein un garçon en couleur ? »

Qui peut dire ce qu’il s’est vraiment passé cette nuit où Paul-Marie, employé de mairie bien sous tous rapports, a recueilli chez lui Enzo, jeune adulte atteint de déficience intellectuelle ?
Dans ce village reculé de Provence où les préjugés sont rois et où l’on condamne toute forme de différence, la vérité importe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (61) Voir plus Ajouter une critique
3,81

sur 163 notes
Alors que Noël approche, en cette année 2016, Claude, elle, est loin d'avoir le coeur à la fête. Si les commerçants dont elle se méfie, aussi bien de leur sollicitude que de leur fausse empathie, lui demandent des nouvelles de son fils, Paul-Marie, elle élude les questions. Pour autant qu'elle sache, il a pris sa voiture sans rien dire et a filé sur la route de Digne, il y a des jours de cela. Des années comptable à la mairie, il a été visé par un arrêté de suspension administrative suite à une accusation de viol. Une fois rentrée chez elle, elle ferme toutes les fenêtres, éteint la plupart des lumières et prévient son Paulo, caché dans le grenier, que le dîner va être servi...
Quelques mois plus tôt, en avril, Enzo, 20 ans, atteint d'une déficience intellectuelle, aime par dessus tout son travail au centre, où il s'occupe des chèvres et aide à la fromagerie, regarder des vidéos, les sorties au centre commercial et les Pokémon. S'il est suivi par une thérapeute, il est surtout surprotégé par sa maman, Geneviève, qui s'inquiète beaucoup pour lui. Elle craint d'ailleurs sa réaction lorsqu'elle va devoir lui annoncer que son père n'est pas encore prêt à l'accueillir pour les vacances d'été. Pour l'occuper, elle lui a trouvé un stage aménagé de deux mois à la mairie...

Au coeur de ce village de Provence, les ragots et les rumeurs vont bon train. Une accusation de viol et voilà Paul-Marie au pilori de la vindicte populaire. Aussi, sa mère, Claude, aujourd'hui septuagénaire, qui en a vu d'autres, n'a d'autre choix, et ce pour plusieurs raisons, de le protéger en le cachant. Pour comprendre les tenants et les aboutissants, Mickaël Brun-Arnaud alterne passé et présent, déroulant les événements de l'année 2016 mais aussi l'enfance et l'adolescence de Paul-Marie, marquées par le sceau de la violence et de la différence, protégé par son grand frère, mais aussi l'éducation qu'a reçu Claude, élevée à la dure, et celle d'Enzo qui se cherche et tente de se défaire de sa mère. Ce roman choral, donnant voix à Claude, Paul-Marie et Enzo, trois âmes cabossées et malmenées par la vie, est d'une violence sourde et d'une noirceur extrême qui ne laisse espérer aucune lueur. Si ces personnages, que l'on découvre peu à peu, deviennent touchants par leur manière d'être et d'agir, leurs histoires n'en sont que plus poignantes, émouvantes parfois mais aussi dures, la plume brute, incisive et sans concession de l'auteur accentuant cette ambiance tendue, oppressante, âpre, brutale. Un roman terrible, dramatique et amer sur les préjugés, les on dit, les différences et l'intolérance...
Désespérément noir...
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Claude, une femme vieillissante qui habite un village à proximité d'Apt, est l'objet de commérages et même d'hostilité de la part des commerçants et de ses voisins. Enzo est un jeune de vingt ans qui est né avec une déficience intellectuelle et travaille dans un centre se consacrant à l'élevage de chèvres et à la production artisanale de fromages, hanté par l'univers des Pokémon. Paul-Marie, le fils de Claude, est né chétif et a grandi, au désespoir de son père, un beauf chasseur, en développant une sensibilité qui le fait traiter de « pédé » dès l'école primaire. ● le roman est construit sur l'alternance de ces trois points de vue, et l'histoire va peu à peu se mettre en place pour nous montrer les liens qui unissent Enzo aux deux autres, ainsi que deux relations mère/fils, entre Claude et Paul-Marie d'une part et entre Enzo et Geneviève, d'autre part. ● le récit est très bien construit car, outre cette alternance de points de vue, l'auteur fait des va-et-vient très habiles dans le temps, réservant jusqu'à la fin la scène principale. ● Les passages en italiques, qui semblent issus de rapports psychologiques administratifs sur Enzo, très différents du reste du récit, constituent une excellente idée, montrant le fossé entre la vie d'Enzo et son interprétation par l'institution qui le suit. ● Il y a de nombreux bonheurs d'écriture, dans une langue tantôt très orale, tantôt très soutenue, que j'ai dans l'ensemble beaucoup aimée, malgré quelques passages un peu obscurs, notamment quand plusieurs métaphores s'entremêlent. ● Mais ce que je retiens surtout de ce roman c'est son côté outrancièrement sordide, sans la moindre lueur d'espoir. L'auteur nous brosse un monde où tout est sombre, sale, immonde même. Il est dommage de ne pas avoir permis au moins à un petit espace positif d'exister. ● Cette extrême sordidité va même jusqu'à l'invraisemblance, à mon avis, car d'une part je n'ai pas pu croire au personnage de Paul-Marie, personnage sacrificiel d'un autre temps, à son absence de ressort, à sa niaiserie, alors même que lui a temporairement quitté la vallée pour faire des études et évoluer, et d'autre part la vision des territoires ruraux (où j'habite moi aussi même si c'est dans une autre région) est excessivement négative. On se croirait plus dans les années cinquante qu'aujourd'hui. Certes certains préjugés sont tenaces mais ils sont quand même atténués et s'expriment différemment.
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Un roman brut de décoffrage qui dénoncela violence liée à à l'inculture, dont les plus faibles et les minorités font les premiers frais !

Dans la petite ville où tout le monde se connaît, les rumeurs vont bon train. L'attitude de Claude, cette veuve qui longe les murs, ne fait pas de doute, elle cache quelque chose, et ce pourrait bien être le fils maudit par qui le pire est arrivé. Les accusations qui le pointent du doigt sont unanimes, il s'est attaqué à un être sans défense, et est donc inexcusable.

Pourtant quand on remonte le fil de l'histoire, tout n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. le passé de Claude est édifiant, une enfance construite sur des deuils, sur des projections parentales délirantes, et sur une violence sourde et constante. le père de ses enfants n'a pas fait tache dans le tableau. Si la chasse est un exutoire pour affirmer sa virilité, la parole est elle aussi utilisée comme une arme dont les coups laisseront des cicatrices indélébiles.

Ce qui s'est vraiment passé entre Paule-Marie et Enzo est certes important, mais c'est surtout ce qu'en ont fait les commérages qui va poser problème. La vindicte populaire accomplit son oeuvre de destruction, concentrant sa haine ordinaire sur une cible toute désignée.

A l'aide de dialogues crus, qui reflètent bien la violence et la brutalité ambiantes, le roman fait mouche. C'est parfois à la limite du supportable.

Un sujet sensible, traité sans filtre, loin d'une romantisation de la bêtise commune.



288 pages Robert Laffont 19 janvier 2023
Sélection prix orange 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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La couverture est très attirante, mais je n'ai pas aimé, trop cru, vulgaire.

Les Vallées closes de Mickaël Brun-Arnaud, est la vie de Paul-Marie, employé de mairie, et d'Enzo, jeune adulte atteint de déficience intellectuelle, travaillant dans un élevage de chèvres et de la relation avec leur mère.

Un petit village de Provence où tout se sait, où l'on met de côté, les personnes, qui ne rentrent pas dans les codes définis par ces villageois, qui se croient au-dessus de tout et qui se pensent normaux par rapport à certaines différences.

Le père, de Paul-Marie, voulait en faire un homme de son fils, un vrai, pas un garçon fragile, sensible, mais un enfant qui aurait aimait la chasse, les femmes, un langage grossier, mais il ne s'est jamais endurci.

Entre passé et présent, trois voix, celles de Claude, Paul-Marie son fils, et Enzo. Ils vont raconter, l'étroitesse d'esprit et la cabale, qui fait rage, dans ce petit village de campagne, après une nuit où Paul-Marie a recueilli Enzo chez lui.

Une histoire nauséabonde, obscure, abjecte. Aucune lueur d'espoir. Ceci n'est que mon ressenti personnel.

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J'avais vraiment très envie de découvrir ce roman de Mickaël Brun-Arnaud. Je pense que ma déception est à la hauteur de mon attente et qu'elle est due également à une forme de méprise : je ne m'attendais pas du tout à ce que le roman prenne la direction qu'il prend. L'histoire est essentiellement focalisée sur un trio de personnages – Claude, Paul-Marie et Enzo – dont les liens vont apparaître petit à petit, grâce à une alternance concernant aussi bien la focalisation que la temporalité. Chacun d'entre eux est le héros de ce qui pourrait être assimilé à une tragédie – il y a une sorte de fatalité étouffante dans les événements décrits – ou du moins un drame social qui s'ancre dans un petit village où les préjugés, l'intolérance et les rumeurs sont destructeurs. L'histoire aurait pu m'intéresser davantage et me convaincre si je n'avais pas été bloquée par le parti pris stylistique : c'est très direct, très cru, pour ne pas dire vulgaire. Entendons-nous bien, je comprends ce choix de l'auteur étant donné le contenu du roman, mais ce n'est pas ce que j'aime lire.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Les chèvres, c'est quand même vachement moins compliqué que les filles, pensait-il en refermant l'enclos d'Élise et de Bandita. Et pour plein de raisons.
Déjà, les chèvres, elles viennent quand on les appelle. Contrairement aux filles. Il suffisait que leur mère leur ait appris que c'était au mec de tout payer, et il en venait à claquer sa paye du centre en plusieurs passages chez Naf-Naf, Pimkie, Claire's et un menu Filet-O-Fish, petite salade avec un Coca Zéro alors que tout le monde sait que c'est plein d'additifs et qu'il vaut mieux boire un vrai Coca parce qu'il y a moins de saloperies dedans.
Une autre bonne raison de préférer les chèvres aux filles : on peut s'occuper d'elles toute une journée, et c'est pas parce qu'on oublie de leur envoyer un texto avant de se mettre au lit et qu'on continue de mater son animé qu'elles refusent de te donner du lait le lendemain ; comme ça, parce qu'elles en ont le pouvoir, pour te couper tes attributs. Et puis la chèvre, elle ment jamais sur ce qu'elle ressent ; tu sais quand ça va, tu sais quand ça va pas, y a pas de minauderies ou de faux-semblants. Quand ça va pas elle te donne un bon coup de cornes dans le bide, et tu sais tout de suite pourquoi tu dois repasser à la fin de la tournée pour la traire ou la brosser. (…)
Les chèvres, c'est quand même vachement moins compliqué que les filles, repensait Enzo en caressant la fourrure blanche de son alpine préférée. Parce que bon, Bandita, elle puait peut-être de la gueule, mais elle, au moins, elle disait pas constamment de la merde.
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La Provence, le Luberon et cette foutue lavande… ça valait assurément le détour pour les vacances d’été. Pourtant, c’étaient dans ses putain de contrées rurales, ces cartes postales, ces beautés pastorales que se cachaient la laideur, le jugement, l’intolérance.
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Enzo avait parfois un peu de mal à reconnaître les gens quand ils changeaient de vêtements, ou qu’il les voyait pas au même endroit ; sa psychologue disait qu’il avait une mémoire contextuelle, ce qui était sans doute un autre moyen d’éviter de lui dire qu’il était con quel que soit le contexte.
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C'tait une chose pénible que d'vivre dans la peur que les boches arrivent dans nos champs, mais y a une chose qu'y est pire que vivre dans la peur, Claudio, c'est d'se terrer chez soi et de vivre dans l'ignorance.
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C’était un bel endroit qu’avait choisi Claude, sans même y songer ; un bel endroit où les treillis des terrasses étaient couverts de chèvrefeuille et où, si seulement ils trouvaient comment, Paul-Marie, Claude et peut-être même Nathalie pourraient se confier toutes les choses qu’ils ne s’étaient pas dites ; les choses qui, faute d’être avouées, n’étaient pas encore pardonnées. De ces vallées buissonneuses et de ces terres parfumées qu’on contemplait depuis le promontoire, Claude ne gardait aucun amour, aucun attachement. C’étaient ces mêmes terres, celles qu’elle se penchait pour observer à présent, qui lui avaient brisé le dos et lui avaient filé de l’arthrose des genoux jusqu’aux cervicales. Ces mêmes terres qui avaient laissé à sa main la forme de la bêche vigoureuse qui, à 4 heures du matin, creusait pour libérer les asperges blanches dont Claude mangeait la tête sans les laver, en attendant le petit-déjeuner. Ces mêmes terres où poussaient les roses, la farigoule et les orties ; les compliments et les quolibets, les sourires et les faux-semblants. Cette terre qui ne cessait de rappeler les fruits que Claude faisait pousser, cette fatalité, cette gravité ; cette terre qui lui prenait ses fils pour en faire de l’engrais.
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Vidéo de Mickaël Brun-Arnaud
Retrouvez dans cette vidéo quelques témoignages d'auteurs ayant reçu le Prix Babelio lors des éditions 2022 et 2023 : Mickaël Brun-Arnaud, Claire Duvivier, Victor Castanet, Olivier Norek, Maxime Chattam, Mélissa Da Costa, Joris Chamblain et Mathieu Guibé.
En 2024, ce Prix des lecteurs revient avec une nouvelle sélection de 100 titres, parmi lesquels 10 seront élus comme les meilleurs livres parus entre octobre 2023 et mai 2024. Votez du 12 au 28 mai pour vos favoris juste ici : https://www.babelio.com/prix-babelio
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