Je retrouve avec grand plaisir l'univers très très sombre de "L'épée, la famine et la peste" qu'
Aurélie Wellenstein avait si bien dépeint déjà dans le premier tome. Un univers dans lequel le culte de l'Esprit Saint et de la Vierge Étoile de la Mer continue à vouloir éradiquer le culte de l'Araignée. Un monde dans lequel les araignées tissent leurs toiles partout, même dans la tête des gens. Un monde qui oppose les Inquisiteurs aux êtres pas comme les autres, tels que les tarentas, les garous et autres démons et rebuts de la société. Un monde fait d'êtres sanguinaires, appartenant à tous les bords.
Dans ce second volet, on y retrouve bien évidemment Sulyvahn l'ancien inquisiteur, Erin la sorcière-araignée et Cillian le jeune loup-garou, bien décidés à mener à bien leur quête : renverser le Moine écarlate, ses Inquisiteurs et le Roi toqué, sans oublier par la même occasion d'assouvir leur vengeance, semant la mort, la famine et la peste grise sur leur passage. Toujours traqués par Conrad et son archère, le trio décide de se rendre d'abord aux Crocs du Mâtin, cette montagne creuse qui d'après la légende ne tiendrait debout que grâce aux toiles des araignées...
Roman à trois voix pour le premier tome,
Aurélie Wellenstein nous en offre ici une quatrième : celle de Conrad, à qui elle consacre le premier tiers du livre. Elle nous donne là l'occasion de suivre la traque du point de vue des Inquisiteurs, mais surtout de faire connaissance avec Conrad, ancien frère d'armes de Sulyvahn et que les différends ont séparés, ainsi qu'avec son archère Lile, une lionne sanguinaire, pisteuse et chasseuse hors pair. Tous deux ne sont pas les personnes telles que Sulyvahn avait pu nous décrire précédemment. Et si Lile est difficilement attachante, il en est tout autrement de Conrad, partagé entre sa foi et son amitié pour Sulyvahn, alors incompatibles.
Mais si j'ai apprécié le personnage de Conrad et le rôle plus important que l'autrice lui a octroyé, je regrette un peu que ce soit au détriment du trio que forment Sulyvahn, Erin et Cillian. Ces derniers m'ont souvent manqué. Ils sont bien plus présents dans la dernière moitié, mais je n'ai malheureusement pu retrouver ce qui m'avait tant attaché à eux précédemment, d'autant qu'ils ont beaucoup changé, tout comme leurs relations et que l'autrice ne s'y attarde pas vraiment.
En revanche, le monde dans lequel ils évoluent est toujours aussi bien dépeint. À la fois dark et medieval fantasy,
Aurélie Wellenstein nous embarque dans un univers noir, oppressant, angoissant, limite horrifique, qui pullule d'araignées en tout genre. Tension, violence et angoisses nous enveloppent, nous compressent, nous grignotent à petit feu. Les araignées sont partout, elles tissent leurs toiles jusque dans notre tête. le risque de vous réveiller un matin avec une araignée sous la langue est élevé dans ces contrées. Amis arachnophobes, préparez-vous bien ou passez votre chemin !
Avec des phrases courtes, directes et hautement efficaces,
Aurélie Wellenstein sait capter notre attention et notre envie de continuer encore et encore, et ce jusqu'à la fin...
...la fin clairement trop "happy end" à mon goût, qui ne correspond pas du tout avec l'ambiance insufflée depuis le départ, avec des retournements dans la personnalité de certains protagonistes un peu trop faciles et rapides et qui paraissent du coup peu crédibles. En revanche, l'affrontement final, celui tant attendu, est riche en détails et détonant.
Bien qu'un peu déçue par la fin et par la façon dont certains personnages évoluent, malgré une nette préférence pour le premier, j'admets tout de même avoir passé un bon moment de lecture avec ce second tome, très sombre et addictif. J'ai découvert l'autrice grâce à ce diptyque, dont j'avais d'ailleurs lu le premier tome grâce à une masse critique, je reviendrais vers elle sans aucun doute.