En Colombie, il y a environ 50 ans, une jeune enfant de 5 ans à peine était enlevée et abandonnée dans la jungle, à des kilomètres de toute civilisation.
Elle aurait pu mourir, se laisser mourir, de chagrin, de tristesse et de désarroi... Elle n'en fit rien. Elle lutta, de toutes ses maigres forces d'enfant, et survécut.
Ce livre raconte son histoire. Une histoire incroyable, servie par un récit neutre, Marina Chapman a certainement du avoir recours à l'aide d'un écrivain rompu à ce genre d'exercice... car le récit manque cruellement de profondeur. Mais l'histoire rachète les lacunes de style.
Son parcours hors-norme m'a conquise, jugez plutôt :
après avoir été abandonnée à son sort, Marina, qui ne s'appelait pas encore ainsi, âgée seulement de 5 ans, arrive à trouver de quoi se nourrir avec des mangues et des bananes sauvages, boit l'eau qui stagne dans les plantes, et finit par trouver une espèce de clairière où vit un clan de singes capucins.
Là, elle va se mettre à observer et copier pratiquement tout ce que font les singes, excepter grimper aux plus hauts arbres. Au fil du temps, elle se verra accepter comme l'un des leurs, adoptée et sauvée par le "grand-père", un vieux singe estropié qui l'a guérie d'un empoisonnement au tamarin. Elle participera à leurs jeux, à leur vie de famille, leurs joies devant des trouvailles de nourriture, ou la sérénité des séances d'épouillage, mais aussi leurs peines, devant les décès, ou la peur du prédateur.
Car la vie dans la jungle n'est pas de tout repos, surtout quand Marina décide de monter retrouver les singes sur la canopée, plusieurs chutes ont failli lui couter la vie, et aussi quand Marina voit pour la première fois depuis des années (au moins 3), une femme...
Son envie, son besoin, de renouer avec les siens, la race humaine, va lui faire prendre bien des risques... pour se voir refouler par le chef du village.
Las, elle retourne auprès de ses frères singes. Elle restera en tout environ 5 ans dans la jungle, le calcul a été fait par rapport à la pousse de ses cheveux...
Mais un autre danger rôde : les chasseurs. Des hommes sans aucun scrupules, qui détruisent, capturent, tuent, aussi facilement qu'ils respirent.
Marina sait se tenir à distance. Jusqu'au jour où une femme accompagne le chasseur... Marina ne peut résister à l'attrait qu'a sur elle la vision d'une femme, peut-être mère, et c'est ce qui lui manque à cette pauvre gosse abandonnée, une maman pour l'aimer... L'envie plus forte que la peur, Marina se montre, et suit le couple.
Malheur à elle ! Elle se retrouve vendue à une mère maquerelle qui tient un bordel sordide dans la petite ville de Loma de Bolivar. Commence pour elle un calvaire d'esclavagisme "domestique", où elle est traitée pire qu'un chien, battue, torturée à la fin, elle finira par s'échapper au bout de 2 ans pour aller grossir le rang des enfants abandonnés qui vivent dans le parc de Cacùta.
Là, elle devient vite une pro du vol à l'étalage, pour se nourrir. Puis au bout de 2 ans de cette vie usante, elle se décide à essayer de changer de vie : elle demande à être domestique, nourrie-logée, à une jeune femme qui, pense-t-elle, pourra l'aider.
En fait, elle quitte l'enfer de la rue pour retrouver un enfer similaire à celui qu'elle vivait au bordel... sauf que cette fois, elle est l'esclave d'une famille de mafieux !
Risquant sa vie une nouvelle fois, elle se décidera à s'échapper grâce à l'aide d'une gentille voisine, Maruja, qui la confiera à un couvent. Dans ce couvent-orphelinat, Marina, qui est là aussi traité comme une domestique corvéable à merci, est de plus, mal nourrie. Sa vie va-t-elle n'être qu'une succession d'abandons et de maltraitance ?
Finalement, nous le savons, les choses finiront bien, ouf ! Mais tout du long, on se dit que bon sang, il ne fait pas bon être enfant en Colombie...
Un témoignage prenant au dénouement heureux, ça fait du bien... et quelle leçon de vie !
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Gloria, Pony Malta, Rosalba ou encore Marina cette jeune femme qui ne sait pas comment elle s'appelle puisqu'elle a été enlever à l'âge de 3/4 ans environs, déposée dans la jungle elle a dû survivre avec les animaux et surtout avec les singes ! Incroyable elle pensait qu'elle allait mourir à plusieurs reprises mais la vie en a décidée autrement ! A chaque fois qu'elle avait un toit elle décide de s'enfuir se sentant enfermée. Un superbe parcours et un super combat !
Raconter par ses filles et elle-même
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Réalité ou fiction?
Quel spécialiste pourrait nous éclairer sur ce récit d'une fillette élevée par des singes capucins dans la jungle colombienne dans les années 50 (primatologue, éthologue, connaisseur de la jungle colombienne...)?
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En écrasant de belles feuilles vertes avec une pierre et en y ajoutant un peu d'eau, j'arrivais à extraire un liquide coloré que j'utilisais pour peindre. L'expérience m'apprit à reconnaître celles qui rendaient la plus belle nuance de vert, et forte de cette trouvaille je m'essayais à d'autres couleurs. Les graines d'une sorte de grenade me donnèrent le plus bel orangé que je connaisse, et j'eux vite à ma disposition une véritable palette où mélanger des noix, des graines et des fleurs. les couleurs que j'arrivais à extraire ne me servaient pas seulement pour décorer ma peau, je peignais aussi l'écorce des arbres, les pierres et les branches, sans compter tous les singes qui participaient à mes cours d'art plastique.
L'absurdité de leur monde me déconcertait complétement. Pourquoi avaient-ils besoin de rendre tout si compliqué ? La fermeture éclair des vêtements m'embrouillait, les couverts dont ils se servaient pour manger me contrariaient, leurs règles et leur rythme de vie étaient faits pour me déboussoler et ne paraissaient servir qu'à dérouter tout le monde. Par-dessus le marché, on m'accablait de remontrances et de punitions. J'étais battue faute de ne pas savoir me débrouiller dans leur monde, battue d'essayer d'échapper à leurs coups. Pas un jour ne passait sans que je regrette d'avoir abandonné ma famille de singes pour aller vivre dans cet enfer.
Les mots de la femme, celle qui m'avait prévenue que les hommes me changeraient en "chair fraîche", résonnaient maintenant clairement à mon esprit. Ce que l'on entendait par "viande crue", devenait de plus en plus limpide, tout comme il me fut bientôt clair qu'Anna-Karmen tenait une maison close, bien que je ne connaisse pas le terme exact, qui n'était pas utilisé dans mon entourage. Je savais pourtant que nous vivions dans une maison où les filles étaient chargées de "satisfaire" des hommes de passage.
Elles avaient une semaine de congé par mois, période pendant laquelle elles frictionnaient leur ventre et buvaient beaucoup de tisane. Je m'aperçus aussi que certaines d'entre elles, enceintes, disparaissaient pour aller accoucher, tout comme l'Indienne que j'avais vue dans la jungle. Excepté qu'elles ne gardaient pas leurs enfants - elles les donnaient. Une pancarte, au-dessus d'un magasin du village, affichait des mots que je n'oublierai jamais : "Enfants à vendre".
Pointant son doigt vers le sol, elle me fit signe de m'asseoir. Puis, avant même de réaliser ce qui était en train de se produire, elle sortit une longue corde de derrière son dos et me lia les chevilles en un tour de main.
C'était une femme imposante, et j'avais beau me tortiller dans tous les sens, il m'était impossible d'échapper à sa force. Elle eut tôt fait de me ligoter les poignets, me traîna à l'intérieur de la maison où elle me ficela au tuyau d'évacuation attaché au mur. Elle sortit alors une ceinture de cuir de sa poche et l'enfourna dans ma bouche, ce qui me donna un haut-le-cœur.
La famille n'est pas celle à laquelle on croit appartenir, ni celle mentionnée par notre acte de naissance, ni celle à laquelle on ressemble, ni même celle que l'on identifie en étudiant notre ADN. Être en famille, c'est rester auprès de ceux qui vous donnent amour et attention, auprès d'amis ou d'une famille d'accueil, et même au sein d'un groupe ou d'une association caritative. La seule chose qui compte, bien plus que les gènes et la généalogie, c'est ce lien précieux qui assure que, quoi qu'il arrive, on ne vous laissera pas tomber.