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EAN : 9782258135048
368 pages
Presses de la Cité (01/10/2016)
3.54/5   36 notes
Résumé :
Il était une fois un ancien président vivant dans une dacha perdue au beau milieu de la campagne moscovite... Celui-ci, Vladimir P., perd la tête et tout son entourage profite de lui, sauf l'intègre Nikolaï Ilitch Cheremetiev, son infirmier. Mais le monde de Nikolaï s'écroule le jour où son neveu Pavel est jeté en prison pour avoir critiqué le régime... Si sa famille ne paye pas la caution de 300 000 dollars, le sort du garçon est scellé. Entre les crises hallucinat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Dans un futur assez proche. Une datcha à une petite heure de Moscou, transformée en maison de repos. La propriété est gigantesque. Un seul occupant. Vladimir P. lui-même. Sénile, fou, incontrôlable, bloqué à une époque où il était président et dirigeait un grand pays de main de maître, cet ancien président a perdu la boule, mais le coeur est solide et l'organisme taillé dans le chêne russe...

Il est entouré de cuisiniers, de jardiniers, de gardes, de tout un personnel de maison et d'un infirmier personnel. Et tout le monde se sert, prend, s'en met plein les fouilles, triche, truque, trafique... Tout le monde? Non, l'infirmier est intègre... Aussi étrange que cela puisse paraître, l'infirmier voit le patient et non l'homme immonde, le tyran sans pitié que Vladimir P. a été...

Les chauffeurs ont créé une société de service en utilisant les deux berlines blindées de l'ex-président. Les gardes se vendent au plus offrant. le cuisinier commande deux fois les marchandises nécessaires et en revend une partie à un restaurant. Les femmes de ménage emportent le linge et les fournitures. Même la gérante participe à la curée.

Toute la machine est bien huilée... jusqu'à ce que la gouvernante change et entre en opposition avec le chef cuisinier. Oh, ce n'est pas qu'elle soit intègre, loin de là, c'est juste qu'elle veut une grosse part du gâteux... euh non du gâteau... En même temps, Nikolaï Ilitch, l'infirmier, apprend que son neveu est en prison pour avoir dit du mal de l'actuel président et de l'ancien sur un blog. C'est qu'on ne rigole pas avec cela... Et le juge accepte de "regarder ailleurs" pour 300.000 dollars.

Intègre, Nikolaï Ilitch n'a pas le moindre kopek sous son matelas... Commence alors une incroyable odyssée pour cet infirmier, infirme social... qui apprend brutalement et à ses dépens de quoi est constituée la Russie dans laquelle il vit...

C'est drôle, caustique, cynique, désespéré, amer comme un cornichon à la russe, au vinaigre et gros sel... C'est une plongée dans le monde moderne. Un monde où l'entraide n'existe pas. Où le chacun pour soi est une doctrine universelle.

Qu'on ne s'y trompe pas, si d'aucuns tenteront de réduire le propos de Michael Honig à la seule Russie, le propos est bien plus large. Bien sûr, il est facile de se dire "cela n'arrive qu'en Russie", mais ce sont les tréfonds de l'âme humaine qui sont scrutés.

Le personnage de Vladimir P. est haut en couleur. L'auteur réalise un tour de force. Ce Vladimir, nous adorons le haïr... Il représente, avec son visage de fouine, ses manières mussolinesques, tout ce que nous détestons. Nous tenons l'occasion de nous venger... et pourtant, face à un vieillard sénile, qui parle à des bancs vides, discute d'événements vieux de 20 ans, se bat au close-combat avec une tête de Tchétchène en décomposition... nous finissons par éprouver une forme de compassion, de tendresse. A l'instar de l'infirmier. Et c'est le moment dont profite Honig pour nous asséner davantage d'atrocités perpétrées par ce Vlad, empaleur de Tchétchènes. Très fort.

Je diviserai le livre en deux parties. Les deux premiers tiers, profonds, lents, qui installent l'atmosphère. C'est une partie que j'aurais voulu voir durer. Et le dernier tiers, la chasse au dollars de Nikolaï Ilitch, très vive, basée principalement sur les dialogues et qui souffre parfois de quelques approximations.

Tout cela est riche en clichés. Clichés sur Vladimir, sur le système hospitalier, sur les pratiques russes, la mafia... mais ce n'est pas trop grave et, en fait, on n'est pas si loin de Tom Sharpe pour le côté social, la critique sociétale (le burlesque en moins). Pour peu, on pourrait même avoir droit à une suite... Je n'en dit pas davantage.

Michael Honig est un auteur à suivre. Une belle découverte grâce à Babelio et aux Presses de la Cité.
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Merci à Presse de la cité et à masse critique pour l'envoi de ce roman. Je viens de terminer cette histoire passionnante de Vladimir P. Bien loin d'imaginer la vie qu'on mène dans ce magnifique pays, longtemps persécuté par de terribles dictateurs (là je pense plus particulièrement à Staline mais aussi à Poutine), je ne pensais pas que la corruption et la criminalité pouvait être si présente. Mais, l'auteur a peut-être exagéré les traits des personnages pour mieux nous secouer dans nos belles certitudes. Bref, vous l'aurez compris, nous découvrons une Russie impitoyable où chacun ramène la couverture à soi pour mieux s'emplir les poches. Seul Cheremetiev, infirmier s'occupant 24h sur 24 de Vladimir P, ancien président de la Russie devenu sénile est un honnête homme qui entend le rester malgré la corruption qui l'entoure. le pauvre Vladimir P vit encore dans le passé souvent hanté par la vision cauchemardesque d'un tchétchène qu'il croit voir.
Fort de ses convictions profondes, Cheremetiev croit en l'honnêteté des gens qui l'entourent et va de désillusion en désillusion lorsqu'il s'aperçoit qu'il s'est trompé sur de nombreuses personnes de son entourage. Même son fils profite du système...
J'ai souvent souri, parfois ri mais aussi vibré dans la découverte de Chéremetiev, homme rempli de compassion et d'espoir sur ses compatriotes mais qui va un jour, basculer dans le chantage et le vol pour sauver son neveu qui vient d'être emprisonné. En effet, l'infirmier doit trouver 300 000 dollars pour sortir Pavel de prison.
Michael Honig a su trouver un ton caustique peu flatteur de la Russie mais avec un humour satirique. Si je n'avais pas reçu le livre, je ne sais pas si je m'y serais intéressée, simplement parce j'aurai eu peur qu'il soit trop porté sur la politique. Or, ce n'est absolument pas le cas, c'est tout simplement un roman de fiction, agréable à lire avec un brin de comédie et de drame... Bref, j'ai passé un bon moment en compagnie de Vlladimir P et de Cheremetiev...et souvent pensé à ce qu'il se passerait réellement si l'actuel président devenait sénile. Bref, Michael Honig m'a forcé à me pencher sur ce qu'il se passe actuellement en Russie. Peut-être même m'a-t-il ouvert les yeux car loin de ce pays, nous ne pouvons imaginer que la corruption et la criminalité existent, protégés que nous sommes dans notre beau pays où la liberté et l'égalité sont respectées....
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La sénilité de Vladimir Poutine, c'est la chute d'un homme qui accorde une valeur aveugle à la vertu dans un pays où seule les valeurs financières font office de vertus.

Ce roman court, cynique, absurde et parfois drôle, projette le lecteur dans un futur proche où la Russie est telle qu'on l'imagine, en pire. Soumise à toutes les déprédations, elle est dévorée par la cupidité des uns, écrasant la débrouillardise malhonnête des autres. de gens honnêtes, il n'y a plus…à part Nikolai Ilitch. Infirmier personnel du vieux tyran sénile qui a raffiné la corruption généralisée pour l'ériger en système économique, Nikolai est bien le seul à ne pas prendre sa part.

Car si toute la Russie est gangrenée par ce mode de redistribution violent – aberration du contrat social qui revient à un restauration de la loi du plus fort, parfois au sens premier – la situation est topique au plus près du vieux Vladimir. Tout le monde se sert sur la bête mourante : on gonfle les commandes de victuailles et on revend l'excédent, on exploite le domaine de la datcha et on commercialise les produits, on utilise les voitures blindées du vieux président pour des services de transports privés. Seule la sécurité physique de Vladimir Vladimirovitch semble assurée…mais l'est-elle vraiment ? Les luttes ancillaires pour le partage du butin expédieront tel nourrir les vers de terre, tel autre dans un fauteuil roulant, un troisième dépossédé des profits amassés au cours de nombreuses années de détournements presque bénins au regard du reste. Parce qu'à la fin, dans un système où tout bien a pour vocation d'être volé, toute personne d'être corrompue, tout argent d'être détourné, qui protège le fort contre le plus fort ?

Alors que tout le personnel de la datcha rend le plus grand des honneurs à l'ancien président qu'il sert en pratiquant si bien ce que celui-ci a fait toute sa vie, c'est à dire en se servant d'abord, Nikolai reste le seul serviteur honnête, celui dont on moque la naïveté. Aux yeux de son propre fils, il est même coupable d'être si innocent, car cette honnêteté stupide a conduit son épouse, jeune mère de famille, dans la tombe.

On aurait pu comprendre que ce soit son engagement contre un système corrompu qui guide sa droiture, mais c'est une honnêteté béate qui l'habite. Même le jardinier de la datcha, engagé et convaincu, a renoncé : il faut prendre sa part ! Ironie ultime, le neveu de Nikolai, emprisonné pour avoir écrit un pamphlet contre la corruption généralisée de l'actuel et l'ancien président, sera celui qui poussera Nikolai à rompre avec la vertu en s'emparant de quelques unes des montres de valeur de Vladimir.

Nikolai y perdra tout : sa vertu – même si elle ne vaut rien dans cette Russie, sa situation – même si elle n'était pas brillante au moins était-elle gage de sécurité, ses dernières illusions – absolument tout est pourri en ce royaume des tsars qui ne dit plus son nom, son fils enfin, qui jeté à corps perdu dans la corruption à laquelle il reproche à son père de ne pas avoir cédé pour sauver son épouse, refuse de renoncer à cette même corruption pour sauver son père.

Ainsi, le père par attachement aveugle à la vertu s'est interdit de sauver la mère ; le fils par le même attachement aveugle mais à la corruption s'est interdit de sauver le père.

Vertueux sans conviction, Nikolai est un piètre criminel. Il est à son tour volé par plus malhonnête que lui, demeurant incapable d'aider son neveu emprisonné pour son combat. Dans une manière d'acte manqué, il tue son patient, grand inspirateur de ce système qui vient d'achever de ruiner sa vie déjà peu brillante. Ultime avatar du destin, le médecin qui constate le décès emporte les dernières montres du président défunt pour prix de son silence : ainsi donc, la corruption n'est pas morte avec son plus grand promoteur.

Comment ne pas voir dans la dérive de Nikolai Ilitch un autre Raskolnikov ? La montre héritée du père que ce dernier laisse à la vieille usurière qu'il finira par assassiner, Nikolai la vole à Vladimir, quasi figure paternelle, qu'il contribue à envoyer ad patres après s'être tourné vers une jeune usurière. Mais si Raskolnikov cherche dans le châtiment à obtenir la rédemption pour son crime, Nikolai Ilitch a déjà reçu son châtiment avant même de commettre le crime. Quelle rédemption possible, alors ?
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«Soudain les rouages de son cerveau se déclenchèrent, mus par une étincelle de lucidité, comme une traînée d'étoiles s'allumant l'une après l'autre dans les ténèbres d'une galaxie mourant.»
Le ton est donné, Vladimir P. a quatre-vingt deux ans, démis de ses fonctions de président depuis six ans, après avoir brigué cinq mandats !, il est sénile et des moments de lucidité, il n'en a que très peu. À ses côtés, un infirmer dévoué Cheremetiev s'occupe de lui; il est le personnage central de cette histoire autour duquel gravitent une flopée de serviteurs, jardinier, gouvernante, chef-cuisinier, agents de la sécurité, femmes de chambre, dans la Datcha, demeure de l'état russe, que s'est octroyée Vladimir P.
Cheremetiev est décrit comme un personnage profondément humain, honnête, gentil et modeste, un bel imbécile aux yeux de sa famille ! Un oxymore sur pattes ! Et c'est bien ce qu'il est; il dénote totalement dans un décor empreint de corruptions à tout va et à tous niveaux (aucun domaine n'est épargné y compris celui de la santé), d'escroqueries, d'hypocrisies «Dommage que son coeur soit si solide» déplore certains membres du personnel, de pots de vin, de magouilles, d'économies parallèles ... un décor qui sonne très russe assurément. Une sacrée connerie doublée de couillonnade !
Un autre personnage sort lui aussi du lot, Pavel, le neveu de Cheremetiev, un jeune universitaire de vingt ans qui se bat et dénonce l'injustice d'un système politique gangrené à coup de mots virulants, ce qui lui vaut une arrestation. Sortie possible moyennant finance ... bien entendu ! Cheremetiev s'impliquera, corps et âme pour aider son neveu à qui il voue une admiration sans faille. «Si, en Russie, quelqu'un comme lui pouvait atterrir en prison, alors le problème était la Russie.»
Comment Cheremetiev, charmant agneau et dénué de toute âme crapuleuse, va t-il procéder ? Arrivera t-il à faire sortir son neveu ? Vous le découvrirez en lisant ce livre !

Michael nous livre un excellent opus, un bon arrangement à la russe, il tourne en dérision le système politique russe et les situations prennent très souvent une tournure absolument délirante pour notre plus grand plaisir. Il est complètement barré l'ex-président, discute avec des morts, se dénude pour se livrer à une séance photo imaginaire ...C'est cocasse, c'est savoureusement acide !!

Une satire sociale dénonciatrice d'un système corrompu, un roman cinglant au cynisme puissant ! C'est caustique; amateurs du genre, laissez-vous tenter vous ne serez pas déçus.

Je remercie Babelio Masse Critique ainsi que les éditions Presses de la Cité pour m'avoir permis ce très bon moment de lecture, une plongée vertigineuse dans une comédie burlesque au goût bien amer qui fait sourire souvent, qui interpelle beaucoup, qui hante l'esprit une fois terminée.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Imaginez une datcha tout confort, ultra sécurisée, aux alentours de Moscou.
Là s'affaire tout un petit monde autour d'un vieillard sénile qui s'imagine régner sur la vaste Russie. Un pur délire. Nul le détrompe tant l'homme inspire encore la crainte. Dans ce jeu de faux semblants, seul un modeste infirmier semble prend soin de Vladimir P. avec sincérité. Mais, l'enlèvement de son neveu et un chantage de la mafia locale vont mettre à mal sa droiture.
Roman à clé, gentiment potache, à l'humour ravageur, la « Sénilité de Vladimir P. » joue joyeusement sur le burlesque et la dénonciation d'un système qu'on rêverait en fin de course. Utopie, dystopie, ce roman se dévore comme un bon thriller sans oublier d'apprécier à sa juste valeur le tableau d'une société corrompue à tous les étages et l'analyse au vitriol de son système économique.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Parce que votre communisme, vos soixante-dix ans de caricature et d'écran de fumée, ce n'était pas déjà le règne des voleurs ? Toute la nomenklatura, tous les apparatchiks mieux vêtus et mieux nourris que les autres, tandis que le peuple héritait du pire, quand il héritait de quelque chose. Rien que des voleurs doublés d'imbéciles ! Le système ne leur à rien apporté. Qu'y avait-t-il à voler dans leur économie de merde ? Dites-moi. Un plus beau manteau ? Une plus belle saucisse ? Le meilleur de chez nous n'arrivait pas à la cheville de ce qu'un citoyen ordinaire d'Allemagne de l'Ouest pouvait trouver dans son supermarché. Et pour ça, on avait besoin de remplir les goulags de dix millions d'esclaves ?
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Rien de ce qu'on pouvait dire à Vladimir ne restait longtemps dans son esprit. S'il s'agitait, c'était probablement en réaction à un souvenir vieux de dix ou vingt ans. (p.10)
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Oleg ramassa les feuilles et lut à haute voix le passage qui évoquait le décès d'une femme à l'hôpital, alors que des patients plus fortunés avaient pu être soignés. C'était inutile, Cheremetiev s'en souvenait.
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Dans sa Russie, l'argent seul comptait et la vérité vous envoyait en prison.
Vladimir avait gagné. Il avait bâti la Russie de ses rêves en anéantissant tout sur son passage. Il n'y avait aucune place pour les sentiments.
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Cheremetiev contempla les autres habitants de la datcha. Femmes de chambre, jardiniers, gardes, tous étaient venus voir s'ils allaient pouvoir continuer de se goinfrer sur le dos de l'ex-président ou si la fête était finie. Maintenant ils savaient.
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