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EAN : 9782849506912
192 pages
Syllepse (10/11/2018)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
«Travail: changer tout», c’est le parti-pris de cette livraison des Utopiques. Le dossier consacré à cette nécessité se déploie autour de deux axes.
D’abord celui de la réalité du travail d’aujourd’hui: des conséquences, sur la vie même des salarié·es, de sa dégradation, des conditions de son exercice, des nouvelles méthodes d’organisation.
Depuis plusieurs années, l’Union syndicale Solidaires se penche sur les mutations et les évolutions qu’entraînent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Construire des réponses collectives à « une souffrance vécue individuellement »

Dans l'édito, sont abordés différentes facettes du travail, ses conséquences sur la vie même des salarié·es, les nouvelles conditions de travail et d'organisation, des pratiques syndicales, l'invisibilisation des femmes, les conditions objectives d'une catastrophe comme celle d'AZF, les mutations contemporaines du travail, le travail ubérisé… et les exigences radicales pour que chacun·e puisse se réapproprier sa vie.
Je n'aborde que certains articles et certaines analyses. Je laisse de coté les orientations syndicales spécifiques, les choix d'intervention concrète ou de structuration particulière.

Alain Bihr présente les principales thèses de son ouvrage : 1415 – 1763. le premier âge du capitalisme. T1 : L'expansion européenne, en particulier la conjugaison de l'expansion commerciale et de l'expansion coloniale, la mise en place du rapport centre-périphérie, les rétroactions sur le centre européen. Une présentation très synthétique d'un ouvrage essentiel.

Dossier Travail : Changer tout

Michèle Rault, « Femmes au travail : L'invisible qui fait mal » revient sur les rapports de domination et leurs expressions dans le monde du travail salarié, la ségrégation sexuée des secteurs d'activité, des postes de travail, des niveaux de responsabilité, les rapports inégalitaires et hiérarchisés…
L'autrice souligne à juste titre, « sur le terrain des conditions de travail, les inégalités entre les femmes et les hommes restent encore trop peu investies par les syndicalistes. A l'origine de cette situation, il y a une représentation implicite de la division sexuelle du travail, avec une approche des conditions de travail et des expositions professionnelles sous un seul angle, celui du travail masculin ». Elle aborde, entre autres, l'occultation des risques encourus par les femmes au travail, les effets différenciés de l'activité sur la santé, les violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes dans leur travail, les clichés sur ce que serait le travail « naturellement féminin ou naturellement masculin », la minimisation des charges physiques (dont les charges lourdes) et mentales, les perceptions différenciées des risques (et leurs temporalités propres) sur la santé et la sécurité, la négation des qualifications des femmes, les liens entre santé au travail et genre, les déterminants organisationnels, le manque d'autonomie…

L'autrice propose de s'appuyer sur les instances (CHSCT et CSE), d'analyser les risques professionnels auxquels peuvent être exposé·es les travailleurs et les travailleuses, de faciliter l'accès des femmes à tous les emplois, de proposer des actions de prévention du harcèlement moral, du harcèlement sexuel et des agissements sexistes… Elle insiste sur les enquêtes de terrain, « L'observation des situations de travail, la conduite d'entretiens avec les salarié.es vont permettre d'interroger, dans le détail, les conditions de travail, l'organisation du travail, les relations de travail, les moyens mis à disposition, et de révéler des dysfonctionnements et des contraintes qui vont peser différemment sur les personnes » ou sur la nécessité de « Chausser les lunettes du genre pour comprendre les conditions de travail »…



Renouer les fils brisés de notre histoire. Francois Marchive analyse ce que le travail fait aux êtres humains, « le travail humain transforme notre propre être », le retard historique du mouvement ouvrier pour se saisir de l'organisation du travail, les illusions sur le caractère soi-disant neutre de l'« organisation scientifique du travail », la « productivité » comme élément central de l'exploitation, la réduction des effets de la condition salariale à l'emploi et aux salaires, le rapport de subordination, l'« autonomie ouvrière », la place des enquêtes de terrain…

Analyser les conditions et les organisations du travail nécessitent, pour moi, de s'intéresser aussi aux procès de production, à la séparation entre conception/exécution, au despotisme d'entreprise, à la division sexuelle du travail, de ne pas s'arrêter aux souffrances liées aux conditions de travail mais bien d'interroger les souffrance liées au travail lui-même.

Le titre de cette note est inspiré d'une phrase de l'auteur.

Les critiques du « management moderne », celles qui viennent des gestionnaires elleux-mêmes. Danièle Linhart insiste sur « « des solutions » qui risquent d'aggraver encore plus la situation des travailleurs et travailleuses sur le plan du travail comme de l'emploi », l'approche « toyotiste », le salariat « de confiance », les formes de « libertariat » combinant maintien de l'arbitraire patronal (définition unilatérales des orientations) et impression d'autonomie laissée aux collectifs de travail, la promotion des emplois « indépendants » et des auto-entrepreneurs niant les liens de subordination, une remise en cause libertarienne des formes de relation apparente sans remise en cause radicale des rapports sociaux de production eux-mêmes…

Je reste plus que dubitatif sur l'« invention d'une entreprise capable de prendre en compte les véritables enjeux que véhicule le travail ».
Gaëlle Differ revient sur le système de domination masculine, un système basé sur une différenciation et une hiérarchisation des hommes et des femmes (en tant que groupes sociaux) et analyse le sexisme et les violences faites aux femmes au travail. Elle aborde, entre autres, le sexisme au quotidien, la souffrance et l'amenuisement de la confiance en soi, le dénigrement et la dévalorisation, la négation des compétences et de la légitimité à être « là où elles se trouvent », les liens entre sexisme au travail et violences faites aux femmes, le laxisme des employeurs et l'impunité construite des agresseurs, les environnements professionnels ou les situations plus propices aux violences, la nécessité de reconnaître et de distinguer les violences, l'impact de ces violences sur la santé des femmes, « le cerveau de la victime est colonisé par les mots, par les attitudes de l'agresseur, laissant peu de répit au corps et à l'esprit pour souffler », la consommation d'antidépresseurs/tranquillisants/somnifères. L'autrice souligne le travail syndical nécessaire sur ce sujet, les partenariats possibles avec l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), les tolérances (ou les comportements virilistes) au sein même des organisations syndicales. La lutte contre les violences faites aux femmes n'est pas une lutte de second ordre et doit être une priorité pour l'ensemble du mouvement syndical…
Parmi les autres textes, je souligne les articles sur la « tragédie de Givors », sur « Nutré-Triskalia », Azf-Total : AZF/Total responsable et coupable. Histoires d'un combat collectif, crimes-industriels-et-refus-de-limpunite-des-responsables-donneurs-dordre/) et ceux sur « La Marseille ». Sans oublier le beau texte d'Emmanuel Dror : « Soixante-dix ans de chansons pour la Palestine »

« Il est grand temps de rallumer les étoiles » Guillaume Apollinaire cité par Sidi Mohamed Barkat
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Sommaire
Alain Bihr : Une première mondialisation
Dossier Travail : Changer tout
Michèle Rault : Femmes au travail – L’invisible qui fait mal
François Marchive : Organisation du travail, renouer les fils brisés de notre histoire
Danièle Linhardt : Tout changer, oui ! Mais pas selon les seules aspirations patronales
Alain Chartier, Bernard Bouché : Quelles formations syndicales ?
Gaëlle Differ : Sexisme et violences faites aux femmes au travail
Pascal Marichalar : Quelques leçons de la tragédie de Givors
Serge Le Quéau, Eric Beynel : Nutréa-Triskalia Saint-Brieuc : Un combat exemplaire !
Philippe Saunier : Azf-Total, coupables et responsables
Lucie Goussard, Guillaume Tiffon : Désindividualiser, Reconflictualiser, Repolitiser
Claire Robert, Pascal Vitte : Tract dessiné
Sid Mohamed Barkat : Le sens du combat à l’époque de l’emprise totale du capital
Frédéric Lordon : Sortir les parasols
Alain Damassio : Welcome on board
Norbert Merjagnan : Espace C – Syndicats du futur
Emmanuel Dror : 70 ans de chansons pour la Palestine
Bernard Girard : Marseillaise à l’école : Une trop longue histoire commune
Jean-Pierre Anselme : La Marseillaise, c’est la guerre (pas le foot)
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sur le terrain des conditions de travail, les inégalités entre les femmes et les hommes restent encore trop peu investies par les syndicalistes. A l’origine de cette situation, il y a une représentation implicite de la division sexuelle du travail, avec une approche des conditions de travail et des expositions professionnelles sous un seul angle, celui du travail masculin
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L’observation des situations de travail, la conduite d’entretiens avec les salarié.es vont permettre d’interroger, dans le détail, les conditions de travail, l’organisation du travail, les relations de travail, les moyens mis à disposition, et de révéler des dysfonctionnements et des contraintes qui vont peser différemment sur les personnes
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Le cerveau de la victime est colonisé par les mots, par les attitudes de l’agresseur, laissant peu de répit au corps et à l’esprit pour souffler
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