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Critiques de Alain Mabanckou (762)
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Verre cassé

Babéliens, vous oubliez Frédéric Dard (26 critiques et pas une mention)! Alain Mabanckou lui ne l'oubliait pas. Avant de lire ce nom dans Verre Cassé, j'étais déjà persuadé de lui avoir trouvé un héritier superlatif, pour qui l'entrée à l'Académie français ne serait pas une plaisanterie récurrente mais une évidence.

Une verve, une virtuosité dans la langue, une manière de titiller notre mémoire par mille jeux sur l'usure des mots, par mille allusions littéraires : un livre magnifique, et qui ne manque pas de sujets majeurs : le sexe, la mort, la déchéance.
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Les cigognes sont immortelles

Lire un Manbanckou, c'est comme retrouver un vieux pote de fac qui serait resté dans son univers tout en éclairant le nôtre avec une malice imparable. Dans cet opus, le conteur nous parle de la "révolution" du Congo en 77, par les yeux d'un enfant (pas si naïf). Son analyse factuelle, mêlée à tout ce que le quotidien apporte comme lot de choses à penser, est très forte. On voit concrètement comment la petite histoire est liée à la grande et réciproquement. Il saisit des détails truculents, nous rattrape avec des runnings gags, nous brosse le paysage d'un environnement en couleur, autant par l'humour que par les tensions entre les personnages. Certes, le contenu est lourd et grave, mais conté de cette manière, cela prend un tout autre chemin, d'autant plus prenant. Bravo l'artiste !
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African Psycho

Une version humoristique du mauvais vent des yankees qui a sévit à une certaine période la ville de Pointe-Noire. Certains noms des grandes figures de ces gangs ont fait parler d'eux par leurs actes criminels.

Dans African Psycho, Alain Mabankou nous peint le paysage d'un milieu sadique, cruel avec une légèreté qui rend la lecture plus facile, moins émotionnelle mais beaucoup captivante...

Sur ces faits criminels assez réels, l'auteur fait vivre un personnage beaucoup divergent, très controversé avec lui-même . En effet, Gregory veut devenir , se fait passer ou est simplement un criminel.... Il s'inspire de son maître déjà mort, le grand maître Angoualima vers qui il implore bénédiction et inspiration afin de devenir un grand criminel...
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Black Bazar

Après la rupture avec couleur d'origine, le jeune ''bon congolais'' se laisse consoler par l'écriture. Black Bazar nous révèle le quotidien des immigrés congolais avec un langage léger et très marrant. J'ai eu du mal à composer avec des reprises que j'ai trouvé très ennuyeuses au début puis je me suis fondu dans ce style, qui m'a paru très amusant au fil de ma lecture, en plus on l'associe à coup sûr à l'état perturbé du personnage, qui se fait appelé le fessologue, un grand observateur des fesses rebondies des femmes africaines, et il vit à sa manière ses chagrins d'amour. On retrouve les mêmes thèmes chers à l'auteur: la sape, la vengeance sur la colonisation (des africains qui se vengent de l'histoire coloniale en couchant avec des femmes blanches), la lecture, l'immigration, la relation des politiques nord-sud...

Un petit moment amusant!

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Verre cassé

Alain Mabanckou régale à chaque fois. Petit Piment, si j'ose dire, avait été un délice. Lorsque Lecteurs.com a demandé qui voulait tenter sa chance pour lire Verre cassé, j'ai postulé et j'ai eu le grand plaisir de recevoir cet autre roman, antérieur à Petit Piment mais publié cette année par les éditions Points que je remercie.



D'emblée, il faut se laisser emporter par l'auteur qui nous emmène dans ce bar au nom improbable : le Crédit a voyagé, tenu par un propriétaire au nom tout aussi étonnant : L'Escargot entêté. Cela peut gêner ou on peut très bien ne pas s'en rendre compte tout de suite, mais il n'y a pas de point, pas de majuscule dans tout le livre.



Verre Cassé tient un journal et raconte tout ce qu'il voit dans ce bar, ce que quelques clients lui racontent tout en évoquant sa propre vie, ses déboires familiaux extraordinaires et les habitudes du pays.

Le récit déborde d'humour dès le début avec le Président de la République, Adrien Lokouta Eleki Mingi, qui veut à tout prix répondre au discours du ministre Zou Loukia diffusé sur Radio Trottoir FM. Pour cela, il fait travailler ses nègres toute la nuit, en appelle à l'Académie Française. Il veut à tout prix une formule qui marque mais sans l'emprunter à un autre : « …les gens oublient malheureusement qui en ont été les vrais auteurs et ne rendent plus à Césaire ce qui est à Césaire. »

Finalement, pour répondre au « j'accuse » de son ministre, le président choisit : « je vous ai compris » et Verre Cassé note : « le ministre accuse, le président comprend. » le récit est bien lancé car Verre Cassé est volubile, truculent, critique et il note bien que, dans son pays, la pire insulte est d'être traité de… capitaliste !

L'Imprimeur, personnage rencontré au Crédit a voyagé, nous ramène en France car il raconte le sort des Africains installés chez nous. Il parle de nos hommes politiques condamnés ou mis en examen qui sont tous dans Paris-Match. Je note au passage qu'il est possible de manger un poulet-télévision (au micro-ondes) ou un poulet-bicyclette (sur des braises).



La mort de sa mère taraude Verre Cassé qui boit de plus en plus du vin rouge de la Sovinco tout en écoutant L'Escargot entêté qui fait un magnifique éloge de la littérature et des écrivains...
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Petit Piment

Les fidèles d'Alain Mabanckou, en particulier ceux qui ont apprécié Verre cassé ou Mémoires de porc-épic, retrouveront dans Petit piment le "réalisme magique" de l'écrivain congolais. Tout du moins dans les deux premier tiers du livre qui content tout d'abord le quotidien dans un orphelinat des années 60, où la vie est encore relativement supportable grâce à l'enseignement d'un religieux bienveillant mais beaucoup moins agréable quand sont appliquées les règles contraignantes et rigides de la révolution socialiste. Petit piment s'enfuit alors et devient un gosse des rues de Pointe-Noire que Maman Fiat 500 (comprenez une tenancière de bordel) prend sous son aile. Mais notre héros ne sera pas heureux longtemps ... Sans devenir académique, le style de Mabanckou s'est affiné au fil des livres et cela permet au récit picaresque de donner toute sa sève tout en restant réaliste et un peu moins "magique" que dans les deux romans cités plus haut. Le livre est dans sa presque globalité un vrai délice avec ses anecdotes rocambolesques mais il dresse aussi un portrait imagé d'un pays divisé par les ethnies et rongé par la corruption. Mais quand Petit piment finit par dériver aux frontières de la folie (aux 2/3 du livre, donc), la rupture de ton est radicale et la narration, jusqu'alors limpide, devient heurtée et s'égare quelque peu. Une impression qui va hélas en grandissant vers le dénouement du roman. Ce sentiment est forcément subjectif et certains lecteurs y trouveront peut-être leur compte. Quoi qu'il en soit, 2/3 de bon Mabanckou c'est un bonheur que l'on retrouve pas dans beaucoup de livres. Loin de là.
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Verre cassé

Un bonheur de lecture, Alain Mabanckou est devenu en quelques années une voix incontournable de l'Afrique francophone. Verre Cassé est un personnage haut en couleur, porté sévère sur le goulot. Le patron du bar "Le crédit a voyagé" surnommé l'Escargot entêté demande à l'ancien instituteur d'écrire la vie du bar au jour le jour. Et la accrochez vous car Mabanckou le bien nommé nous embarque pour un déluge verbal génialissime. Car, il sent dit des choses chez l'ami l'Escargot entétê. Une sorte de "brèves de comptoir "cher à Jean-Marie Gourio à la mode africaine. C'est inventif, truculent, drôlissime, Mabanckou tord le cou aux idées reçues, aux traditions. La force du texte vient aussi de son oralité, et puis de ces innombrables références que Mabanckou sème tout au long de son texte. Ce roman qui a reçu notamment le prix Ouest-France Etonnants Voyageurs, affirmait un auteur devenu incontournable.
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Demain j'aurai vingt ans

Michel est une jeune garçon qui vit dans un quartier populaire de Pointe Noire, au Congo, dans les années 70. Il vit tranquillement avec sa maman Pauline, et plus occasionnellement avec son père, réceptionniste d'un grand hôtel touristique, qui ramène à la maison un transistor avec une cassette de Georges Brassens. C'est l'occasion pour toute la famille d'écouter les informations, notamment Roger Guy Folly, journaliste à la Voix de l'Amérique.

Malgré le climat tourmenté de l'Afrique des années 70, entre l'exil du Shah d'Iran et les diamants de Bokassa, Michel s'intéresse aux sujets de son âge : la tristesse de sa maman qui n'a pas d'autre enfant, les séjours chez l'autre femme de son père et sa fratrie, l'école où les maitres punissent les élèves pas uniquement en leur donnant de mauvais points, la musique, l'amitié et bien sur, les yeux rieurs de la belle Caroline.



J'ai trouvé beaucoup d'amusement, de fraicheur et de naïveté à ce livre d'Alain Mabanckou. Si l'écriture m'a d'abord un peu désarçonnée (les formulations et le vocabulaire sont empruntés à ceux d'un enfant de 10 ans), elle participe au final au parti pris de l'auteur de laisser s’exprimer son malicieux petit protagoniste.

Le microcosme qui gravite autour du jeune héros est très réussi : les personnages décrits semblent plus vrais que nature (j'ai adoré le tonton René, terrible oncle richissime et communiste), les centres d'intérêts sont vraisemblables (les amis, la nourriture, l'amour, la poésie, les ... moustiques aussi !), les amalgames sur la situation politique ou les difficultés de compréhension de la chanson de Brassens sont drôles, quant aux coutumes locales et façons de vivre évoquées, elles m'ont fait voyager !

Alain Mabanckou nous invite à observer ce jeune garçon en train de grandir (et oui, demain, il aura vingt ans... ou après-demain plutôt !). La bienveillance qu'il manifeste envers lui est contagieuse, et même si, au final, j'ai trouvé que l'ouvrage manquait un peu de profondeur, j'ai apprécié l'espoir et l'optimisme qui se dégageaient de cette lecture.
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Verre cassé

Verre cassé, ou le surnom donné à un homme étrange qui fréquente un café dénommé « Crédit a voyagé ». Tout le monde le connaît là-bas, tous les clients, mais aussi et surtout L’Escargot entêté, le patron. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs si ce dernier a demandé à son plus fidèle habitué de comptoir d’écrire la chronique du bistrot, parce qu’il sait de quoi est capable cet ancien prof de littérature.

Il est vrai qu’il est cultivé Verre cassé, même s’il n’a pas fait de grandes études ; doué d’une belle capacité d’écoute, il s’exprime également bien, du moins, quand il est à jeun... Il a eu une belle vie cet homme-là, jusqu’à ce qu’il cède aux attraits fatals de sa maîtresse, l’irrésistible bouteille. Que s’est-il donc passé pour que sa destinée se délite ainsi, jusqu’à perdre son travail, sa femme, son orgueil, sa dignité ?

Ce sera au travers de son cahier, dans lequel il consigne les histoires de chacun (de ce qu’ils veulent bien lui raconter) qu’il se dévoilera lui-même, page après page…



Quel roman étrange et surprenant…

Il est à la fois un hymne à la littérature, avec sa foison de clins d’œil aux titres de romans cultes, et un récit déjanté, haut en couleurs et en anecdotes plus ou moins scabreuses.

Un livre à l’image de son protagoniste principal, un ivrogne et un raté mais aussi un auteur en devenir, un véritable écorché vif.

Cette galerie de portraits nous dresse un constat assez triste de cette partie de la société africaine du Congo. Dans ce bar traînassent en partie de pauvres gens, abîmés par la vie, des hommes malmenés par leurs femmes, des femmes maltraitées, avec tous en point commun, le refuge dans l’alcool.

Derrière la truculence du propos, les situations burlesques ou les dialogues absurdes, se dissimulent de véritables tragédies humaines, que la bonté, la bienveillance ou la meilleure volonté du monde ne peuvent apaiser.



Même si le style adopté par Alain Mabanckou m’a été difficile à suivre, même si les allusions scatologiques m’ont parfois été pénibles tout comme la déconsidération de la sexualité, j’ai malgré tout le sentiment que ce roman singulier m’a remuée de par sa nature transgressive et ses fulgurances poétiques.



Mémoires de porc-épic à suivre ?
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Verre cassé

malgré l'absence de point final, je crois que je peux dire que j'ai terminé ce livre, que j'ai apprécié pour ses personnages-piliers de bar (même si je me serais volontiers passée de certaines de leurs anecdotes, trop salaces à mon goût, même Céline est moins crade, je vous jure), je l'ai apprécié aussi ce bouquin pour les critiques politiques qu'il y a dedans, qui nous rappellent que dans n'importe quel PMU, ça parle mieux politique que dans la bouche d'un enarque, après j'ai bien aimé ce livre aussi parce qu'il y a plein de références littéraires dedans du coup c'est rigolo de faire marcher sa mémoire en lisant quoi, et puis je crois bien que celui qui est le plus cité, c'est Brassens, comme quoi l'auteur a bon goût (mais je crois qu'il cite ni le Bistrot ni le Vin alors que le sujet s'y prêtait bien vu que tout s'écrit dans un bistrot dans ce bouquin, c'est dommage m'enfin que voulez-vous ma bonne dame, sinon j'ai bien aimé aussi la manière de s'exprimer de l'auteur qui me rappelle deux trois auteurs que j'aime bien et qui parlent pareil comme quoi ça doit être ça la littérature contemporaine), et j'ai bien aimé surtout le fait qu'il dise Nègre sans vergogne dans son bouquin et plein de fois en plus et du coup je me demande s'il va être censuré pour son vocabulaire ou pour ses critiques de la politique du Congo ou de la politique de la France parce que la France en prend pour son grade là-dedans mais ça ne m'étonne qu'à moitié, enfin je dois dire pour finir que j'ai été amusée par la fin parce qu'enfin je l'attendais de pied ferme ce point final, et non pas moyen, l'auteur a pas voulu, mais c'est marrant parce qu'il en a dissémine un dans le dialogue de quelqu'un dans le bouquin, je me demande si c'est voulu ou si c'est un erratum, mais bon, il est possible que cette question ne soit jamais résolue
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Le commerce des Allongés

Derrière ses abords de fable fantastique où les morts reviennent pour terminer leurs affaires inachevées, ce récit acquiert la profondeur d’un véritable roman social. Prenant place dans la ville de Pointe-Noire, sur la côte congolaise, il s’attache à décrire le tissu d’une société vérolée par le conflit des classes, les superstitions meurtrières et la corruption des élites politiques. L’histoire est racontée à la seconde personne du singulier, ce qui est assez inhabituel dans la mécanique narrative, mais qui a le mérite de mettre en regard du lecteur, vivant cela va de soi, le personnage principal nommé Liwa Ekimakingaï, qui lui est mort et enterré.



Le jeune homme se réveille pourtant au Frère-Lachaise, le cimetière des pauvres. Sorti de sa tombe, il a conservé les habits de soirée bariolés qu’il portait au moment de son décès. Le voici dans le monde à l’envers, celui où marchent les trépassés capables, quand volonté ou nécessité se manifeste, de prendre forme dans le monde des vivants. « Les images se bousculent dans ce rêve le plus long de ta mort. » Pourquoi Liwa est-il mort et que doit-il faire dans cette nouvelle existence parallèle qui s’offre à lui avec son cortège de souvenirs et d’interrogations ? Les images de son enfance et de son adolescence ressurgissent, ses pensées vont vers sa grand-mère Mâ Lembé qui l’a élevé. Puis viennent les rencontres avec les curieux habitants du Frère-Lachaise, ces morts qui lui parlent et le guident : DRH homosexuel, artiste bossu, ou encore ce vieil homme au livre que l’on nomme Mamba Noir, le patron des lieux.



Au fil des chapitres courts, presque des nouvelles emboitées dans cette histoire gigogne, on découvre les croyances et les travers des Ponténégrins, leurs habitudes de vie, l’environnement de cette ville avec ses quartiers riches et pauvres, ses cimetières où la ségrégation se poursuit jusque dans la mort, son port où se nouent les ficelles économiques de la cité. Si je n’avais pas reçu ce livre en service presse, je ne serais pas allé spontanément vers lui, mais je le referme aujourd’hui avec la satisfaction d’avoir fait une agréable découverte.
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Le commerce des Allongés

Pointe Noire, République du Congo, cimetière du Frère-Lachaise.



Liwa Ekimakingaï, nom qui signifie "la mort qui a eu peur de moi", revient d'entre les morts, sortant de sa tombe, quelques jours après son inhumation. Un enterré qui refait surface, c'est peu commun. Mais avec Mabanckou aux commandes, tout est possible.



A travers 3 parties, on revisite la vie abrégée trop tôt du défunt. Dans la première partie, "le rêve le plus long de ta mort", le narrateur revient sur quelques épisodes de la vie de Liwa. Dans la seconde partie, "au Frère-Lachaise", on assiste à la rencontre de Liwa avec d'autres défunts qui lui racontent une partie de leur vie et de leur mort. Puis dans la dernière partie, "au cérémonial", le narrateur revient sur les derniers jours sur terre de Liwa et ce qui a provoqué sa mort.



Le narrateur s'adresse tout le long du livre au défunt, le héros bien malgré lui de cette aventure. Il le tutoie, le prend parfois à parti. J'ai trouvé cette façon de raconter l'histoire originale et dynamique.



C'est un roman aux couleurs africaines. Des morts plus vivants que jamais ; il faut se laisser embarquer sans résistance dans l'imagination de l'auteur qui côtoie le fantastique, l'onirique, le folklore congolais. Entre le cimetière des riches et celui du Frère-Lachaise, la lutte des classes bien présente dans la vie se poursuit dans la mort. Il y est aussi question de corruption, de pouvoir bien ou, le plus souvent, mal acquis, de sorcellerie, de tradition, de croyance. Un conte original, surnaturel aux couleurs chatoyantes de l'Afrique sous la plume bien identifiable d'Alain Mabanckou.



Ce qui a atténué mon enthousiasme est le fait qu'il m'a fallu un peu trop de temps pour m'acclimater à l'histoire. De plus, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, morts ou vivants.

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Petit Piment

Les première pages du livre, nous donnent un peu l'impression qu'Alain Mabanckou a souhaité écrire un roman léger, une farce pour faire sourire le lecteur....

Moïse est le surnom qui a été donné à ce gamin orphelin abandonné bébé, à la porte de l'orphelinat congolais par sa mère, surnom donné par ses copains parce que son nom trop long pour tenir sur un seul bracelet d'identification, est imprononçable, trop long à dire. Son nom traduit veut dire : "Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres" Alors Moïse est le seul gamin à porter deux bracelets sur lesquels son nom est partagé. Il aime le prêtre qui anime l'orphelinat, jusqu'au jour où ce dernier disparaît, éloigné de son orphelinat par la révolution socialiste. Là encore nous sourirons à la lecture de ces discours, des situations, des portraits. Plus tard, devenu héros de l'orphelinat Moïse deviendra "Petit piment" à la suite de l'un de ses méfaits.

Si Petit Piment avait été écrit par un auteur non africain, celui-ci aurait été certainement montré du doigt pour racisme, tant le trait aurait pu paraître parfois exagéré aux bien-pensants, tous les poncifs sur l'Afrique étant mis en avant. Mais on ne peut pas accuser Alain Mabanckou de cette tare, ni le soupçonner d'avoir souhaité écrire seulement une farce.

Non, ce livre est avant tout un livre témoignage, fait pour mettre en évidence, autour de la vie de Moïse, les faiblesses de l'Afrique, son passé, les tares de certains, celles issues du colonialisme, mais aussi le potentiel de l'Afrique noire. Et écrit par un auteur africain, ce témoignage en devient plus fort, plus dérangeant. Une Afrique tiraillée entre ses traditions ancestrales et le désir d'être un continent comme un autre, adoptant les règles et le mode de fonctionnement des autres.

Oui, il était traditionnel d'abandonner les enfants illégitimes, de connaitre des luttes ethniques, des luttes tribales. Oui, le racisme entre noirs existait, l'esclavage n'est pas le seul fait des blancs, il préexistait à leur arrivée. Oui, la religion occidentale, catholique peut causer des troubles, quand on est crédule et qu'on croit à la lettre les Écritures. Alors il ne faut pas s'étonner de cette violence, de ces nettoyages, de ces charniers camouflés derrière le discours de lutte contre la prostitution, de cet appauvrissement de certains, et de l'enrichissement d'autres.

Et derrière Moïse, gamin attachant malgré ses écarts, puis homme qui cherche sa voie, qui cherche à se faire une place dans sa petite ville, dans la société de son pays, un Moïse mal parti dans sa ville et dans la vie, ne faut-il pas y voir une certaine image de l'Afrique dans notre monde?

Une Afrique qui perd sa mémoire et en devient folle!

Plaisant et agréable, mais dérangeant aussi.

À lire en tout cas !


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Petit Piment

Petit Piment est un roman initiatique de Alain Mabanckou, l'éveil du jeune Moïse est émouvante dans cet orphelinat où le petit enfant abandonné à sa naissance doit trouver sa place découvrir son identité de jeune Congolais et peu à peu son histoire.



Le livre débute par l'étape heureuse, celle du pasteur Papa Moupelo qui veille sur lui, l'entoure d'une chaleur humaine, lui ouvre l'esprit et le cœur, le fait danser.

Mais arrive le mirage Révolutionnaire Communiste et Scientifique ,"les orphelinats sont des laboratoires de la Révolution, et vous autres les cobayes sur lesquels ils font leurs expériences " !

le renvoie de Papa Moupelo signe son deuxième abandon.



Il comprend qu'il faut être hypocrite pour survivre, face à l 'autorité, et fort face à ses camarades, son jeune ami Bonaventure Kokolo restera prisonnier de ses rêves.

La douloureuse confession de la femme de ménage Sabine Niangui qui la recueilli bébé, celle qui lui a donné un nom si difficile à retenir, tellement long qu'il vous échappe, lui raconte sa vie, celle au delà des murs, une vie qu' il n'a pas appris à affronter, un testament que sa mère aurait pu lui laisser, un doute " est- ce ma vrai mère qui me parle ?"

Ce seront leurs derniers mots ensemble, elle aussi est mise à pied, il y avait urgence à se dire, avant de poser ses pas vers un autre destin.

Son troisième abandon signe une fracture, il doit partir, lui aussi ?



Il ne va pas croiser le bon chemin, très vite il devient l'un des piliers du gang des" 4 moustiquaires " sous le nom de Petit Piment, ils vont écumer le marché de Pointe Noire jusqu'à campagne de Maire pour éradiquer la vermine qui rançonne les marchands.

Il est réélu .

Ses errances le mène un jour vers Maman Fiat 500 on les appelle parfois les Nana Benz, il va retrouver la joie de vivre entre Maman Fiat 500 et ses dix filles de joie. Sa première vraie adoption, et un beau cadeau un terrain vers le front de mer.

Maman Fiat 500 est zaïroise, et le maire cherche un moyen de se faire réélire, le combat est lancé contre les " putes Zaïroises". Le combat de trop pour Petit Piment.

Maman Fiat 500 a disparu sa maison est rasée aucune trace de ses filles !

L'abandon de trop ! Petit piment retrouvera t-il la paix ?



Ce livre avec le recul est un superbe témoignage de ce que ressent, vit, éprouve un orphelin, et la fin n'est pas si singulière, le récit si poignant de sa quête d'identité, est peut être montré d'une façon qui fait rire ou sourire, mais combien perdent les pédales !



La langue de Mabanckou est si géniale, on croirait entendre la verve radiophonique ivoirienne ou gabonaise, unique, dans un français si inventif.

L'art de faire passer des messages très cinglants, il aborde des tabous aussi, sur la corruption, la ridicule utilisation d'idéologies dépassées, la traite des noires et l'implication de certains africains.



Je me suis vu arpenter les rivages africains, entendre leurs voix, ce français si fleuri à travers leurs rires.

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Mémoires de porc-épic

Explorant avec bonheur la noirceur des contes de la brousse, un porc-épic au service d'un sorcier.



Publié en 2006, couronné par le prix Renaudot, le sixième roman d'Alain Mabanckou se présentait malicieusement, dans un drôlatique prière d'insérer final, comme un "complément" du précédent, "Verre cassé", deuxième manuscrit communiqué à l'éditeur par L'escargot entêté, mythique patron du bar négropontain "Le crédit a voyagé", exécuteur testamentaire du défunt poète ivrogne Verre cassé.



Entièrement raconté, dans une longue phrase ponctuée uniquement de virgules, adressée sans reprendre son souffle à un baobab obstinément muet, par un porc-épic, ce roman est un flamboyant hommage au conte congolais, à l'imaginaire de la sorcellerie de la brousse, désertant les territoires urbains jusqu'alors chers à l'auteur pour ceux du mythe, des animaux "doubles nuisibles" affectés dès leur naissance à un petit d'homme destiné à la magie noire, aux querelles de sang, de lignée, de terrain ou de prestige qui dégénèrent alors en crimes, le sorcier "mangeant" ses adversaires avc l'aide de son tueur animal familier. Un rythme étonnant et curieusement enchanteur pour dire la noirceur de l'âme, fût-ce dans l'univers du conte traditionnel africain, et pour apprendre entre autres les mille moyens utilisés par un sorcier pour s'affranchir des lois humaines, et même de certains féticheurs bénéfiques, véritables enquêteurs du surnaturel aux pouvoirs parapsychiques surdéveloppés, qu'une simple noix de cola judicieusement placée peut toutefois suffire à berner...



Roman atypique chez Mabanckou, pourrait-on croire, il explore pourtant avec tendresse une autre facette de l'espace des mythes et des clichés - comme toujours discrètement subvertis - entourant son "petit Congo" natal.
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Verre cassé

Avec Verre cassé, on entre rapidement dans un récit qu’il est très difficile d’abandonner pour deux raisons. La première, c’est que l’on est facilement emporté par le pouvoir narratif de Mabanckou, un style fort en répliques comiques, en histoires grotesques mais aussi en moments d’intenses émotions. La deuxième raison, J’ai beau chercher, je n’ai pas trouvé de points dans ce roman, donc obligé de la lire d’une traite ou presque. Enfin essoufflé, au bout de 250 pages, on en ressort heureux.



Verre cassé est un habitué du bar Le Crédit a voyagé, il passe son temps à boire et à écouter les histoires des autres. Un jour, l’Escargot entêté, le patron du bar, propose à Verre cassé d’écrire un livre de ceux qui fréquentent son établissement. Verre cassé se prend au jeu et recueille des fragments de vie tragiques ou comiques dans un langage pour le moins truculent. On est au début des années 2000, au Congo, et les histoires sont des plus rocambolesques.



Ces histoires racontées par Verre cassé sont aussi prétexte à des clins d’œil à la littérature française et internationale tels qu’Amadou Hampâté Bâ, John Kennedy Toole, Gao Xingjian, David Foenkinos, Anna Gavalda, Marcel Proust, Le Clézio, Albert Cohen, Michel Houellebecq, Mitterrand, Dino Buzzati, Céline, et surement d’autres à côté des quels je suis passé. Il faut noter, une dédicace spéciale à un certain Holden de L'attrape-cœurs de JD Salinger, pour une question existentielle sur les canards. Pendant qu'un professeur interroge l'Holden Caulfield de "L'attrape-cœurs" sur son renvoi de l'école, l'esprit du jeune élève vagabonde et se pose une question essentielle: "Je me demandais où allaient les canards quand le bassin était tout gelé, tout couvert de glace. Je me demandai tout à coup si un type venait avec un camion et les emmenait au zoo ou je ne sais quoi. Ou s'ils s'envolaient tout simplement."



❓Donnez-moi le titre d’un roman d’Alain Mabanckou qui vous a particulièrement plu ?


Lien : https://jmgruissan.wixsite.c..
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Mémoires de porc-épic

Mémoires de porc-épic est une véritable plongée dans des secrets de pratiques initiatiques africaines, pour ne pas des pratiques de sorcellerie, d'envoûtement et de domination à la fois nocturne et spirituelle ! Un sujet difficile à appréhender mais que l'écriture fluide et habile d'Alain Mabanckou rend accessible, on saisit la complicité de cette intrigue qui nous révèle la relation mystique qui peut exister entre un homme et un animal, ce qu'on pourrait appeler totem. Et ici, il s'agit du porc-epic...d'ailleurs c'est dans la mémoire du porc-épic, ce dont il se souvient que l'auteur va chercher son histoire...
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Mémoires de porc-épic

S'appuyant sur une légende, Mabanckou livre une fable vivante, drôle et malicieuse. Kibandi charge son son double animal d'éliminer les villageois qui se mettent sur sa route grâce à ces épines mortelles. Avec la verve qu'on lui connait, déjà présente dans l'excellent "Verre cassé", l'auteur s'amuse avec jubilation pour nous redonner le plaisir du conte, bourré d'imagination, d'humour, Alain Mabanckou confirme si besoin était, un talent de narration inventif et épatant. Une des grande voix de la littérature africaine, justement récompensé par le Prix Renaudot.



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Ma Soeur-Étoile

L’enfant de dix ans qui nous raconte cette histoire a un secret : chaque nuit, il sort pour regarder le ciel et parler avec sa sœur-étoile. C’est ainsi qu’il nomme celle qui est morte deux ans avant sa naissance, cette grande sœur qu’il n’a pas connue.

Alain Mabanckou sait à merveille mêler le réel au fantastique. Il y a la vie quotidienne, bien sûr, qui n’est pas toujours rose quand on est pauvre et que le toit de sa cabane laisse passer l’eau. Mais on s’habitue à tout lorsqu’on a un rêve, et ce rêve ressemble à celui du petit Prince lorsqu’il y a le dessin d’un mouton dans le ciel. L’enfant, qui se laisse prendre ses billes par les plus forts, apprendra à s’imposer en grandissant.

C’est un beau récit initiatique qui mêle le rêve aux aléas de la vie. On y parle de la mort avec beaucoup de douceur et aussi de l’amitié qu’il n’est pas facile de gagner. On découvre aussi les rites et superstitions avec fantômes et malédictions de sorciers.

Une histoire qui donne à réfléchir sur une autre culture que la nôtre et sur les difficultés d’une famille pauvre dans un village congolais.

Les illustrations pleine page de Judith Gueyfier apportent une note de couleur et de poésie au récit.

Une belle découverte pour laquelle je remercie les éditions Seuil jeunesse et Lecteur. Com.



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Les cigognes sont immortelles

Après le succès de " Petit Piment " en 2015, Alain Mabanckou, écrivain franco-congolais, revient à Pointe-Noire, trois jours dans l'histoire post coloniale du Congo. Avec un fort goût autobiographique, son nouveau roman " Les cigognes sont immortelles " est paru en cette rentrée littéraire 2018 aux éditions du Seuil.

p. 14 : " On va encore dire que moi Michel j'exagère toujours et que parfois je suis impoli sans le savoir. "

C'est par la voix de Michel, jeune adolescent, que cette histoire est narrée. Fils unique de papa Roger - employé à l'hôtel Victory Palace - et maman Pauline - grossiste en bananes, il est le spectateur des bouleversements politiques du Congo.

p. 83 : " - Dans ce pays on a tout connu, Michel... Et le voilà qui commence à parler de l'époque ancienne, quand les Français nous ont colonisés, puis quand ces mêmes Français ont décidé que ce serait un abbé polygame, Fulbert Youlo, un Lari, donc un Sudiste, qui serait notre Premier Ministre. "

Dans le pays les différentes ethnies vivent ensemble : les sudistes et les nordistes. Mais c'est avec les capitalistes noirs que la cohabitation est plus compliquée.

Papa Roger, maman Pauline et leur fils Michel habitent le quartier Voungou, dans des "maisons en attendant", rêvant d'un avenir meilleur...

p. 195 : " - Mon fils, avant de se lancer dans les grandes batailles, il faut déjà gagner les petites... "

L'histoire se déroule sur trois jours, dont l'élément déclencheur est l'assassinat du président congolais Marien Ngouabi, le 18 mars 1977, à Brazzaville.

p. 41 : " [...] vient par l'entremise d'un commando-suicide d'attenter lâchement à la vie du dynamique chef de la Révolution congolaise, le camarade Marien Ngouabi, qui a trouvé la mort au combat, l'arme à la main, le vendredi 18 mars 1977, à 14H30. "

Au pied d'un manguier et en compagnie de papa Roger, il prend des nouvelles de la situation du pays, aux sons de la radio Grundig par la Voix de la Révolution Congolaise.

p. 33 : " Cet arbre est un peu mon autre école, et mon père s'amuse parfois à l'appeler "l'arbre à palabres". Il écoute toujours la radio ici lorsqu'il revient de l'Hotel Victory Palace. Comme son travail est très fatiguant, les week-ends il se repose là du matin jusqu'au coucher du soleil, assis dans sa chaise en lianes avec sa radio à zéro mètre."

Et c'est au plus profond de la violence après la décolonisation du Congo et de l'Afrique, via les nouvelles transmises à la radio, et les habitants du quartier que Michel offre au lecteur le témoignage d'une enfance passée dans un pays instable politiquement.

Michel a la réputation d'être un rêveur, toujours un peu maladroit.

p. 171 : " Je m'en fous que dans la cours de récréation les élèves me surnomment maintenant "le rêveur". Ils ne savent pas que sur un de ses bouts de papier où elle me félicitait, Louise avait écrit, avec sa belle écriture : "Fais-moi rêver". Et elle avait aussi dessiné deux cœurs, avec une ligne qui les traverse. Ça voulait dire que, lorsqu'on est amoureux, les cœurs font du cheval sur l'équateur, et c'est pour ça que ceux qui ne savent pas chevaucher tombent et se font très mal... "

Il se définit comme une cigogne blanche de la Révolution socialiste congolaise, en référence au chant soviétique qu'il entonnait au collège "Quand passent les cigognes".

Alain Mabanckou nous conte l'Afrique, dans une écriture très poétique et exotique, par les yeux d'un adolescent, dont le discours paraît naïf, mais qui est  finalement très perspicace. Alliant majestueusement la légèreté et l'humour à la gravité du contexte, la plume de cet auteur est inimitable ! Une belle découverte en cette rentrée littéraire !

p. 139 : " Ce sont les Nordistes qui l'ont tué, mais il est devenu une cigogne, et moi je sais que les cigognes sont immortelles. "
Lien : https://missbook85.wordpress..
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