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Critiques de Alain Mabanckou (762)
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Le monde est mon langage





Né au Congo, partageant son temps entre la Californie où il enseigne comme professeur de littérature à UCLA (University of California – Los Angeles), Paris où il a fini ses études, et le monde qu’il parcourt pour présenter ses livres, Alain Mabanckou est un auteur en langue française pour qui sa langue n’est pas enfermée dans le carré français.



"Le monde est mon langage" se présente ainsi selon les mots de l'auteur comme " un tour du monde de la pensée et des émotions telles que la langue française les véhicule", par les gens les plus divers, célèbres ou inconnus, qui ont ces mots en commun et comment ils les transmettent aux autres



Une galerie de portraits d'auteurs qui nous embarque pour un tour du monde littéraire où pensées et sentiments se croisent.



Un texte habilement construit, parfois un peu érudit, qui crée des ponts entre les auteurs qui sous, le regard bienveillant d'Alain Mabanckou donne forcément envie de découvrir ces auteurs.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Lumières de Pointe-Noire

J'ai bien aimé ce retour aux origines de l'auteur, plus de 20 ans après son départ d'Afrique. On ressent toute l'émotion d'un homme qui retrouve ses racines , son enfance, des conditions de vie qui lui sont devenues étrangères, le fantôme de sa mère, le dénuement omniprésent. Il n'appartient plus vraiment à ce pays, et pourtant... il se retrouve dans ces gamins qui sont heureux de jouer en tongs avec un pneu dans la poussière.

Un beau récit sur l'enfance et le deuil ainsi qu'une description haute en couleurs de Pointe-Noire.
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Les petit-fils nègres de Vercingétorix

La République du Viétongo, pays imaginaire qui ressemble au Congo natal d’Alain Mabanckou, est minée par l’affrontement entre Nordistes et Sudistes. Le régime du président Lebou Kabouya, d’origine Sudiste, vient d’être renversé par un coup d’état des Nordistes. Le chef rebelle sudiste, qui utilise le nom et la mythologie, tronquée de sa défaite finale, du héros de la Gaule, résiste au nouveau régime avec ses partisans, les petits-fils nègres de Vercingétorix.



Sans légèreté ni truculence, la sobriété de ce troisième roman d’Alain Mabanckou, publié en 2002, souligne la violence, et les dégâts combinés de la colonisation et des luttes tribales.



Sous la forme du manuscrit d’Hortense Iloki, en chapitres très brefs, le roman retrace par flashbacks l’histoire de cette femme, originaire du Nord et mariée à un homme du Sud, un professeur cultivé devenu après le coup d’état un fervent partisan de Vercingétorix. Face au danger qui enfle, elle va s’enfuir à pied, en compagnie de sa fille Maribé, de leur village de Batalélé, dans le Sud du pays.



La barbarie du nettoyage ethnique se dévoile peu à peu, dans un récit bouleversant aux accents de Coetzee (En attendant les barbares), une histoire ponctuée d’un hommage à la littérature, qui n’est malheureusement pas un obstacle à la sauvagerie.

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Le sanglot de l'homme noir

Voici un essai qui ne va pas passer inaperçu dans la littérature africaine.En effet, il met à plat les relations de l'homme noir avec son passé et part du principe qu'il faut se construire par soi-même et non en référence à un passé de sueur et de sang. Il ne faut pas restreindre le passé de l'Afrique à l'esclavage et au colonialisme, et vivre dans l'esprit de vengeance.



La reflexion de l'écrivain se construit au fil de ses rencontres multiples, tant en France qu'aux Etats-Unis, et il profite de ces occasions pour analyser les relations de ses interlocuteurs avec cette histoire avec laquelle tous prétendent se coltiner.



Le livre est de lecture facile, agréable. Nous suivons très clairement la pensée de l'auteur, au fil de chapitres faisant allusion à différents auteurs ou textes fondateurs.

Il convoque Pascal Bruckner et la culpabilité des occidentaux envers leur passé colonial.

Dans le passage intitulé ''L'esprit des lois'', il fait référence à la Constitution de la République française qui assure l'égalité de tous devant la loi sans distinction d'origine. Mais s'il faut effectivement dénoncer les dérives racistes et les injustices envers la population noire (je ne dis pas la population africaine, car il faut penser à ceux qui sont nés en France et qui n'ont de l'Afrique qu'une idée parfois mythologique), cette population doit aussi veiller elle-même à ne pas se marginaliser en mettant en avant "des instincts grégaires" anticonstitutionel.

Cet ouvrage pose de multiples questions et essaie d'apporter des éléments de réponse: la place de l'immigration, des immigrés, leurs perceptions dans les différentes politiques, la place de la diversité dans la création des identités nationales.

Alain Mabanckou est écrivain et se pose alors la question du français comme langue d'écriture. Ce français, langue des Blancs, des dominateurs, pourtant toujours parlée dans de nombreux pays d'Afrique, peut-il être la langue de l'expression de l'identité africaine? Le combat fait rage et la réponse n'est pas la même pour tous.



Mais pour nous, lecteurs cherchant l'ouverture culturelle, la découverte de nouvelles identités, que doit-on penser? Lire un livre de littérature africaine en VO en français, ou lire une traduction du wolof ou du peul, que doit-on choisir pour promouvoir ces oeuvres? Qu'est-ce qui aura la plus grande diffusion, un plus grand impact?
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Le commerce des Allongés

C’est un roman bien étrange pour l’occidentale que je suis, que Le commerce des allongés. En effet, nous sommes dans la peau de Liwa Ekimakingaï, tout juste mort mais pour autant bien « vivant » au cimetière du Frère Lachaise à Pointe Noire, en République du Congo (Congo-Brazzaville, ancien Congo français).



Nous allons doucement remonter le temps pour assister à ses funérailles, sa veillée funèbre et sa mort ..



Le roman est rempli de rites, de croyances africaines, certaines plus spécifiques à une population, voir même à un village, concernant les morts, les « sortilèges », les sacrifices en vu d’avoir plus de réussite ou de pouvoir.



Avec la notion de pouvoir, l’auteur aborde la corruption des élites congolaises, qui gangrène toute la vie politique. L’opposition riches/pauvres a également une place particulière puisque le récit nous rappelle que les 2 classes sont inégales et ce jusque dans la mort.



Passé quelques chapitres pendant lesquels je n’accrochais pas du tout à ce personnage, habillé en mode disco des années 80 et sortant de sa tombe, j’ai finalement beaucoup apprécié. Les rencontres que Lewi fait au cimetière sont toutes l’occasions de raconter une nouvelle histoire plus ou moins dramatique, plus ou moins drôle.



La critique sociale et politique vient ajouter de la profondeur à ce récit savamment dosé.
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Le commerce des Allongés

Liwa Ekimakingaï a 25 ans, peu ou prou. Il est commis de cuisine à Pointe-Noire , au Congo. Il porte une veste orange vif, une chemise vert fluo, des chaussures Salamander vernies et rouges, il pue le parfum libanais .

Et surtout, Liwa est mort.

Il vient de s'en rendre compte, lorsqu'un tourbillon d'énergie le propulse hors de sa tombe du Frère-Lachaise et le laisse là, pantelant, la vision troublée, les idées en bataille.

Comment en est-il arrivé là ? Il ne le sait plus trop bien; tout ce qu'il sait, c'est que sa position est particulièrement malcommode, que ses vêtements sont ridicules et qu'il voudrait rentrer chez lui. Auprès de Mâ Lembé, sa grand-mère, celle qui l'a élevé tant bien que mal pour qu'il devienne un Monsieur. La femme de sa vie, qui a mené une existence de misère au marché mais a gagné le respect de la communauté entière.

Et c'est pourquoi, dans la parcelle de Mâ Lembé, on organise quatre jours de funérailles princières pour Liwa, le cadavre. Sous les yeux de Liwa, l'esprit. Quatre jours qui font ressurgir un à un ses souvenirs d'enfance, d'adolescence. Quatre jours de quête qui l'amènent à discuter avec d'autres défunts, qui effeuillent un à un les souvenirs naïfs de Liwa mais aussi ceux d'un pays malmené par les puissants, les sorciers et les féticheurs. Un pays violent et sensuel, un Congo qu'on n'imagine pas depuis nos brumes européennes, un pays plein d'une féroce ironie, dont on dit parfois qu'elle est la politesse du désespoir.

Au terme du deuil qu'il accomplit, de ce deuil de lui-même, Liwa Ekimakingaï trouvera une raison de vivre sa nouvelle vie dans l'au-delà. Et chacun de ses lecteurs portera lui aussi , un peu, le deuil de ce personnage attachant.

Une lecture surprenante, dérangeante par bien des aspects, mais assurément enrichissante.
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Verre cassé

Grignotant sur son vélo du poulet, Verre cassé - le narrateur éponyme - nous raconte l'histoire du bar qu'il fréquente : le Credit a voyagé, propriété de son ami, l'Escargot Têtu, qui a servi Verre Brisé avec un carnet pour relater les allées et venues.

Verre cassé, comme son surnom l'indique, n'est pas le plus heureux des individus, et la soif de réconfort en bouteille de cet ancien enseignant est égalée par plusieurs autres clients en détresse et en disgrâce du bar. Verre cassé est une aventure comique qui libère le sens de l'humour de Mabanckou, subtilement retenu dans son précédent roman African Psycho - raconté, comme vous pouvez le deviner, par un tueur en série potentiel..

Mabanckou connaît sa littérature française. Verre cassé est un tour d'horizon de la littérature et de la civilisation française, et si vous ne connaissez pas votre Marivaux, votre Chateaubriand, vos ENA et chaussures Weston, vous manquerez beaucoup de gags (« une querelle de Brest », ça vous dit ?) - mais ne vous inquiétez pas, il en reste encore beaucoup.

Il n'y a pas que les écrivains français qui font leur apparition. Cet archi nombriliste Holden Caulfield (ou quelqu'un prétendant être lui) a un rôle de figurant, et Verre cassé se termine "nous nous reverrons, dans l'autre monde, Holden, nous prendrons un verre ensemble ... Je vais vous dire ce qu'ils font des pauvres petits canards dans les pays froids pendant l'hiver."

Bien que ses réflexions culturelles et intertextuelles puissent alimenter d'innombrables doctorats, la vraie matière de Verre cassé est son brio comique, et les blagues de Mabanckou exploitent tout le spectre de l'humour. Prenez ces lignes, qui pourraient provenir d'une des dépêches d'Idi Amin dans les années 1970 : "Le Premier ministre a promis lors du prochain remaniement que le ministre de l'Agriculture se verrait confier le portefeuille de la Culture, il suffisait de biffer les quatre premiers lettres de 'l'agriculture'."

y a un concours de pisse dont Rabelais serait fier. Il y a aussi nombre de personnages qui sillonnent la frontière entre tragédie et comédie : l'Imprimeur, par exemple, qui se vante d'avoir "j'ai fait la France", d'avoir épousé une Blanche et d'avoir joui d'une confortable position de direction dans l'imprimerie qui a produit Paris -Match. Délavé et sans le sou, il siège désormais au Crédit a voyagé relatant à toute oreille qui entendra comment sa femme a eu une liaison avec son fils et refilant des exemplaires de Paris-Match à ses interlocuteurs comme s'il en était l'éditeur fondateur et propriétaire.

Les thèmes de l'auto-illusion et de la conscience de soi sont centraux, et Mabanckou nous invite à nous demander si le narrateur colporte une histoire alternative, tout comme semblent le faire d'autres clients du bar. Il arrive un moment où un narrateur peu fiable est si peu fiable que vous pouvez vous demander s'il est vraiment peu fiable.




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Les cigognes sont immortelles

1977 au Congo-Brazzaville. Plus précisément les 19,20 et 21 Mars.

On retrouve Michel déjà rencontré dans « Demain j’aurais vingt ans », sortant de son certificat d’étude. Il semble tête en l’air mais observe son monde, le questionne, l’écoute à travers les actualités internationales que diffuse la radio Grundig, comparant et critiquant du haut de son jeune âge le pendant propagandiste martelé par les ondes de l’état.

Il habite toujours Pointe-Noire avec maman Pauline et Papa Roger.

Maman Pauline est une redoutable mais respectée commerçante de banane mais soumise aux lacunes d’un état naissant, omnipotent mais en même temps dépassé par le manque de formation de sa population pour faire tourner les reliques industrielles comme le chemin de fer par exemple.

Élevant la scolarité en point d’orgue de son éducation « poli », il se nourri également des voisins qui distillent les codes sociaux et entraide tel Mâ Moudoubi la marchande du quartier et ressent les affres post coloniaux des nantis qu’il appelle « les capitalistes noirs », petit nombre s’enrichissant au détriment du reste de la population.

Le récit alterne entre candide géopolitique, descriptions du régime communiste, la décolonisation récemment débutée et le portrait du chef suprême de la révolution congolaise Marien Ngouabi.

Donc en ce 17 Mars 1977, la Grundig annonce l’assassinat du chef de la révolution et c’est l’occasion pour Michel de voir débarquer de la capitale Brazzaville, trois oncles venant colporter la peur et le malheur sur la famille parce qu’un frère par alliance de Mama Pauline s’est trouvé accusé et condamné pour contestation du pouvoir.

S’en suit un dilemme pour respecter le mort et les rites funéraires sans risquer de mettre en danger la famille élargie forcément coupable de traitrise aux yeux du régime despotique cherchant des bouc-émissaires à un coup d’état déguisé.

Alain Mabanckou romance sa jeunesse et dépeint les enjeux de la décolonisation dans un contexte de guerre froide. Il dénonce le rôle joué par les médias non-indépendants d’un état vacillant et fragile.

Il nous expose un condensé d’Histoire de son pays à hauteur d’enfant, la violence qui se déchaine à la mort du camarade président.

Plane sur ce récit un fatalisme de rigueur devant l’Histoire se répétant et nous permet d’ouvrir la porte de ses familles congolaises sur qui se répercute un événement politique dans une construction postcoloniale chaotique faite d’instabilité ethnique.

Plus intimement, c’est aussi l’apprentissage du mensonge salvateur pour un enfant, régissant désormais sa vie et l’observation violente des mécanismes du deuil par le personnage de Mama Pauline.

Difficile de savoir s’il y a des éléments autobiographiques dans ce roman mais certainement une part de vérité sur la nostalgie de la jeunesse de l’auteur toujours persona non grata dans son pays, dirigé autocratiquement par Sassou-Nguesso depuis ces événements de 1977.

Quel dommage pour ce peuple d’être privé d’une voix qui porte l’étendard de la liberté à mon humble avis.

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Tais-toi et meurs

Un vendredi 13 c'est selon, soit tout bon, soit tout pourri. Eh bien là, c'est une journée comme on n'aimerait pas imaginer.



Dans le monde de la sape congolaise de Paris, le jeune Julien, alias José, va, de fil en aiguille, se faire une place auprès de Pédro. Jusqu'au fameux vendredi 13 où il se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Et comme il est noir et vêtu d'un costume vert bien criard, son sort est jeté !



Alain Mabanckou nous ballade dans Paris, loin du Paris bourgeois ou du Paris pour touriste américain. Et au détour des endroits visités on fait connaissance d'un milieu organisé autour de personnalités pittoresques, vivant de trafics divers de billets de métro et de faux papiers.



Avec humour et dérision, l'auteur nous ballade au gré des mésaventures de notre héros. Un bon bouquin qui se lit vite sans être vraiment le thriller annoncé sur la couverture.
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African Psycho



Grégoire Nakobomayo veut assassiner quelqu'un pour se rapprocher de son idole, le plus célèbre serial killer de son quartier de celui-qui-boit-de-l-eau-est-un-idiot. Mais devenir un assassin, ça ne s'improvise pas.



Si le pitch parait bien sympa au premier abord, cette lecture fut pour moi bien laborieuse. Toute la première partie consacrée à la vision idéalisée de Angoualima, un serial killer qui s'est récemment suicidé et que le personnage principal du roman considère comme son Grand Maître s'apparente presque à ces légendes qui s'échangent au coin du feu, les soirs de pleine lune.

Dans la suite, quand notre héros commence à organiser son premier meurtre, il semble qu'il tombe dans une espèce de transe. Je ne suis pas parvenue à adhérer au style de l'auteur qui a réussi l'exploit de nous servir une phrase longue de presque 10 pages !



Bref, je suis passée à côté.
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Les cigognes sont immortelles

Alain Mabanckou situe son aventure dans les années 70, le jour de l’assassinat du camarade président Marien Ngouabi, et par conséquent celui du bouleversement de tout le système du pays. Il nous entraîne dans la tête de Michel, un narrateur de 14 ans. Celui-ci nous dépeint avec précision son quotidien. Il nous fait visiter son village, son foyer, les magasins… On y croise ses parents, ses proches, ses camarades… Il nous fait part de ses pensées les plus intimes, de ses petits tracas de tous les jours et de ses petits plaisirs d’enfant. Il décrit tout et aucun détail ne nous est épargné. Grâce à ses précisions indiscrètes, inhérentes à son âge, on comprend parfaitement comment vivaient ses gens dans cette région à cette époque. Le réalisme est saisissant parce que raconté sans filtre. Le lecteur est transporté dans cet espace et dans ce temps et le dépaysement est total.



Par les yeux innocents et naïfs, on assiste aussi à des moments importants de l’Histoire du pays. Michel observe sans comprendre les dialogues des adultes. Ceux-ci découlent des évènements tragiques dont les conséquences auront une importance capitale dans le destin de la nation. Par son intermédiaire, l’auteur rend compte des incidents qui ont emmaillé son enfance et qui ont bouleversé le cours de sa vie.



Le texte est original dans sa structure. En effet, la tournure des phrases est volontairement enfantine et répétitive pour coller au mieux aux pensées de l’adolescent. La narration part dans tous les sens au gré de ses réflexions. Cela crée une lecture foisonnante, souvent drôle que certains/es pourront trouver fastidieuse sur la longueur. Pour ma part, j’ai adhéré au concept. A travers cette aventure, Alain Mabanckou se raconte et raconte son pays d’origine. Il mélange sa petite histoire intime à la grande Histoire pour créer un miroir de son passé et le partager avec le monde. C’était ma première expérience avec cet écrivain. J’ai beaucoup aimé cette découverte, qui sous ses airs de conte candide, m’a éclairé sur les conditions de ce coin du globe que je ne connaissais pas.
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Mémoires de porc-épic

Mabanckou, avec tendresse, se moque et amuse ; si le début est un peu difficile, on finit par se laisser prendre et on n'interrompt plus sa lecture, captivé par ce conte oral. Quelques énormités nous indiquent que le texte n'a d'innocence que l'apparence et il faudra bien un jour où l'autre le relire pour le comprendre mieux. En attendant, c'est une échappatoire plaisante et un enchaînement de sourires enchanteurs.
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Le monde est mon langage

Cet essai, écrit par un amoureux de la langue française, débute par une carte...celle de tous les lieux dont il va nous parler dans son livre avec une mention spéciale pour trois endroits, le Congo où il est né et qui est le "lieu du cordon ombilical", la France où il a étudié qui est la "patrie d'adoption de ses rêves" et les USA et en particulier la Californie, "un coin depuis lequel je regarde les empreintes de mon errance", un lieu où il enseigne la littérature en faisant salle comble à chacune de ses interventions...

Dans ce livre qui se lit comme un roman, Alain Mabanckou nous fait voyager d'un pays à l'autre, d'un lieu à l'autre et d'une rencontre à une autre, tout en nous contant comme il sait si bien le faire mille anecdotes toutes plus émouvantes, amusantes, surprenantes les unes que les autres.



Que ce soit dans un colloque, une conférence, une table ronde, un avion ou lors d'un festival...et même dans la rue, il nous fait part de ces rencontres qui l'ont marqué, lui ont parfois apporté des réponses ou ont été source d'inspiration pour ses romans.

Ainsi il lui est arrivé de s'endormir en pleine conférence alors qu'il attendait depuis longtemps d'écouter la parole de Le Clézio sur les peuplades oubliées dans le monde, d'interviewer dans l'avion de retour, Edouardo Manet, de partager des recettes de cuisine avec Dany Laferrière rencontré à Montréal ou de discuter dans la rue, de sa descendance africaine avec un clochard de La Nouvelle-Orléans.



Ce livre est un véritable hommage à la langue française, cette langue qu'il aime tant. Il nous prouve que le français n'appartient pas qu'à la France (c'est la seconde langue parlée dans le monde après l'anglais) et que la poésie est toujours vivante même si elle connaît une désaffection évidente. Elle apparaît aussi dans les romans que nous aimons, les contes que nous lisons à nos enfants, les pièces de théâtre que nous allons voir... "c'est le parfum qui enveloppe notre inspiration" dit-il dans la vidéo que je vous ai mis en bas de page.

Mais au-delà de la langue c'est de culture qu'il nous parle...car la langue véhicule des pensées et des émotions différentes selon l'endroit, l'âge, ou le métier des personnes croisées.

Nous rencontrons avec lui des gens célèbres : Le Clézio, Edouard Glissant, Gary Victor, Dany Laferrière, Henri Lopes, Camara Laye, Mongo Beti, Bessora, Jean-Joseph Rabearivelo, Jacques Rabemananjara, Rachid O., Ernesto Sabato, Léonardo Padura, Jean Métellus et plein d'autres comme par exemple Sony Labou Tansi (Marcel Sony), un professeur d'anglais qui écrit en français dans son cahier à spirales...

Nous croisons aussi de parfaits inconnus qui ont en commun avec nous, d'aimer la langue française, ou des francophiles comme Douglas Kennedy qui prendra des cours de français pendant des mois, pour maîtriser la langue et pouvoir la parler avec les francophones rencontrés lors de ses voyages.



Mais c'est avant tout, une sorte d'autobiographie où Alain Mabanckou nous raconte sa vie à travers les autres...

On retrouve avec plaisir sa bienveillance, le ton non dénué d'humour, où la tolérance et le plaisir de la découverte de l'autre priment.

Vous l'aurez compris c'est un livre empli de fraternité et d'humanité à lire que vous soyez amoureux de la littérature et de notre langue ou pas.

Il se lit comme une longue confidence et tout au long de sa lecture vous aurez l'impression que c'est un ami qui nous parle de ses passions, de ses espoirs, et de ses découvertes.

De plus, il nous donne envie de faire connaissance avec les auteurs que nous ne connaissons pas...


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Verre cassé

« Verre Cassé, sors-moi cette rage qui est en toi, explose, vomis, crache, toussote ou éjacule, je m'en fous, mais ponds-moi quelque chose sur ce bar, sur quelques gars d'ici, et surtout sur toi-même »

 

Le "Crédit a voyagé", un bar congolais crasseux, accueille chaque jour ses habitués, une bande d'alcooliques blasés de la vie. Son proprio, l'Escargot entêté, en a bavé dur avant d'ouvrir ses portes. Et l'auteur prendra un plaisir démesuré à nous en raconter toutes les polémiques. D'abord, il y eut un coup de force du syndicat des cocufiés du week-end, suivi de près par les intimidations d'une association d'anciens alcoolos reconvertis en buveurs de flotte et une action mystique des gardiens de la morale traditionnelle. le gouvernement s'en est mêlé, en a discuté avec ses ministres, un brainstorming collectif s'en est suivi et « l'affaire » a divisé le pays. Ces quelques pages sont un régal, un bonbon qui fond dans la bouche, c'est grotesque, absurde, risible, et on en redemande ! Même les touristes débarquent pour visiter ce lieu « touristique ». J'en ris encore… 

 

C'est alors que l'Escargot entêté confie à son ami et plus fidèle client, Verre Cassé, d'écrire sur la vie de certains clients. Jouant au fin psychologue, il note tout dans un cahier, les histoires, les impressions. Il y a ce père de famille chassé de chez lui, un imprimeur en peine d'amour, un escroc sans génie qui se prétend descendant des grands sorciers et un homme préoccupé par le sort des canards en hiver. Ici, au Crédit a voyagé, on trouve de tout et surtout, chacun croit sa vie un peu plus importante que celle des autres. Verre Cassé ne manquera pas non plus de raconter sa propre histoire, son poste d'enseignant, l'alcool qui a tout détruit et puis Angélique. 

 

« J'ai marché nuit et jour, c'est comme ça que tu me vois ici, le dos voûté comme un vieil homme, je longe la mer, je discute avec les ombres qui me pourchassent, et l'après-midi je viens ici, tu vois le problème, mais dis-moi clairement Verre Cassé, est-ce que toi aussi, dans ton for intérieur, tu crois que je suis un fou, un demeuré, est-ce que quand je te parle là c'est comme un fou qui discute avec la mauvaise foi des hommes, dis-moi la vérité, hein, promets-moi que tu vas mettre ce que je viens de te raconter dans ton cahier… sinon ce cahier il ne vaudra rien »

 

Si vous pensez lire ce livre à petites doses vous vous trompez. Enfin, je le pense… parce que le roman de 250 pages de Mabanckou est présenté sans point ni ponctuation. C'est une longue suite de pensées vagabondes et spontanées sorties de l'âme humaine de quelques personnages qui ont bien voulu nous raconter leur histoire. le dépaysement culturel est exquis, d'autant plus que l'auteur est né au Congo-Brazzaville. J'y ai vu déferler à plusieurs reprises le fameux poulet bicyclette, jusqu'à ce que la curiosité me pousse à en savoir plus long sur ce plat… (Surprise ! Voir la photo ci-bas…). Mabanckou en profite également pour mettre en valeur certains auteurs qu'il chérit, à travers de petits clins d'oeil nous référant aux titres de leurs oeuvres. On s'amuse presque à les trouver comme on jouerait à « Trouver Charlie ». Dany Laferrière (« L'odeur du café », « Comment faire l'amour à un nègre sans se fatiguer »), Martin Page (« Comment je suis devenu stupide »), Mishima (« Le marin rejeté par la mer »), Hemingway (« L'adieu aux armes »), et plein d'autres encore. J'ai vraiment été ravie par ce petit livre tout simple, mais d'une belle intelligence qui effleure les sentiments à fleur de peau. Je retournerai, c'est certain, vers cet auteur fabuleux. Peut-être en compagne de « Black Bazar » ou encore de « Mémoires de porc-épic »…  

 

« Tout cela c'est que du rêve, mais le rêve nous permet de nous raccrocher à cette vie scélérate, moi je rêve encore la vie même si je la vis désormais en rêve, je n'ai jamais été aussi lucide dans mon existence »
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Verre cassé

Bon, un peu dur le voyage des yeux sur les carnets de vie de ce bar. des paragraphes long, long, long, qui font leurs effets: faire passer ce carnet dans sa phase de création par la tradition orale, je suppose.



L'histoire de la composition d'un carnet par le protagoniste "verre cassé" à l'aide de verres bien pleins fait virevolter le lecteur dans un arc-en-ciel troublant des trublions de la vie de ces bourgades.



De grandes vérités, faites, comme beaucoup et fort justement, de petits rien,



et une fois que les yeux s'accoutument au format. Bon, moi, j'en sors un peu confus car je l'ai lu, je retiens moins ce que j'ai lu.



bref, un autre style.
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Le commerce des Allongés

A la fois peinture sociale et extraordinaire fable africaine, « Le Commerce des Allongés » nous projette dans un monde stupéfiant où la mort est une nouvelle vie et où les esprits ont encore des histoires envoûtantes à nous conter. Pointe-noire au cimetière du Frère-Lachaise, Liwa dont le nom signifie ironiquement « la mort a peur de toi » se réveille « du rêve le plus le long de sa mort » dans cet univers singulier, vêtu encore de ses plus beaux atours. Veillée, procession funéraire, danses et chants en son honneur, il n’a rien manqué. Il remonte le fil de son existence et se souvient de ses amis avec qui il a fait les 400 coups mais surtout de sa grand-mère bien-aimée, Mâ Lembé qui l’a élevé avec bienveillance suite au décès de sa mère et qui le veille encore aujourd’hui au moment de sa mort. Mais Liwa n’en a pas finit avec les vivants. Il sent qu’il a encore quelque chose à régler.

Un récit fantastique et émouvant où se mêlent la satire sociale et la sorcellerie et qui nous dépeint avec justesse les traditions africaines dans la vie comme dans la mort. On se laisse tout doucement bercer par la parole des esprits qui se révèlent bien plus vivants et sages que les vivants eux-mêmes. Une magnifique découverte!
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Lettre à Jimmy

Lettre à l’écrivain James Baldwin, noir et homosexuel. Trop intello, sans chaleur. La sensation de lire un compte-rendu. Vite lu et déjà oublié.
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Lumières de Pointe-Noire

Il a bien cru qu'il n'y retournerait jamais. Mais après 23 ans d'absence, il est revenu, pendant un mois, sur les terres de son enfance et de sa jeunesse. Toute l'oeuvre d'Alain Mabanckou est en grande partie autobiographique mais Lumières de Pointe-Noire l'est encore davantage. Un vrai récit sur les racines qui, cette fois, ne se pare pas des artifices de la fiction. Quoique. Avec l'écrivain d'origine congolaise, toute scène s'évade peu ou prou du réalisme et semble appartenir plus au registre du roman que du documentaire. Il est donc de retour, l'auteur de Verre cassé et il revoit les personnages, certains ont inspiré ses livres, et les lieux qui l'ont formé à la vie. Tout a changé et pourtant il retrouve des atmosphères qui lui sont familières comme s'il n'était jamais parti. C'est un film qui se déroule sous les yeux de l'auteur, chaque chapitre en porte un titre, avec des flashbacks qui remontent à loin, quand Mabanckou était un petit africain. Les portraits se succèdent, celui de la mère, dont il n'a pas assisté aux obsèques et dont il ne visitera pas la tombe, en premier lieu. Les morts et les vivants se côtoient naturellement et apparaissent tour à tour dans ce livre cocasse, nostalgique, ironique et généreux. L'émotion est là, bien sûr, mais l'auteur la tient en laisse dans un style plus sobre et moins concassé que d'habitude. C'est son livre le plus personnel, celui des souvenirs enfouis et de la constante fuite du temps.
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Le commerce des Allongés

Encore un écrivain découvert grâce à Lizzie, via NetGalley, vers lequel je reviendrai tant son écriture m’a emportée… Il s’agit d’Alain Mabanckou, d’origine congolaise, professeur de littérature francophone aux Etats-Unis, auteurs de nombreux romans.

J’ai commencé par Le Commerce des allongés.



Les allongés, ce sont les morts, surtout celles et ceux qui sont enterrés dans le cimetière des pauvres de Pointe-Noire, que l’on appelle avec humour et dérision « Frère-Lachaise » et l’allusion à leur commerce renvoie aux rapports qu’ils entretiennent entre eux, à la façon dont ils communiquent, échangent, trafiquent, interagissent aussi avec les vivants…

Le personnage principal, Liwa Ekimakingaï, est jeune, attachant, sympathique ; il a passé son enfance et continue d'habiter chez sa grand-mère, Mâ Lembé, car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Il a trouvé la mort le jour de la fête de l’indépendance du Congo. Aussitôt enseveli au Frère-Lachaise, il ressort de sa tombe et entreprend d’essayer de comprendre ce qui lui est arrivé : il travaillait comme cuisinier à l'hôtel Victory Palace de Pointe-Noire, il rêvait du grand amour et venait de rencontrer la belle Adeline dans une boite de nuit...



À travers un récit à rebours, Alain Mabanckou, nous entraîne dans un récit de vengeance, véritable thriller, à la fois loufoque et déjanté et pourtant transposé dans une certaine réalité politico-socio-économique. C’est satirique, savoureux, vivant, imagé avec, en toile de fond les cimetières de Pointe-Noire, illustration du clivage entre riches et pauvres, image illusoire une fois la mort venue.



J’ai adoré l’ambiance, les personnages, le style, la manière dont Alain Mabanckou nous balade… Dans la version audio, la voix de l’auteur, donne vraiment une belle sonorité à cette histoire douce-amère, où l’émotion et l’humour se mêlent avec brio.



Une réussite !



#LecommercedesAllongés #NetGalleyFrance


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Verre cassé

Alain MABANCKOU. Verre cassé.



Celui qui s’appelle « l’Escargot entêté » tient un bar dans une ville d’Afrique, un boui-boui ouvert jour et nuit, qui s’appelle « le Crédit à voyagé»… Et les gens défilent. Les histoires circulent, allègres, tristes, redondantes, tragiques, animées, etc. Un jour ce tenancier, demande à un de ses plus fidèles clients de transcrire ces histoires de comptoir afin de les pérennisées et de les porter à la connaissance de tous ; c’est ainsi que « Verre cassé », ancien instituteur, destitué de l’éducation nationale en raison de son amour pour la divine bouteille, se voit confier un cahier et doit rapporter toutes ces anecdotes.



Nous allons donc faire la connaissance de personnages haut en couleur : Mouyeké, un escroc féticheur, Robinette, la plus grande pisseuse, Casimir le Géographe qui défie cette dernière, Pampers, un père de famille chassé par son épouse, l’Imprimeur qui a participé en France à l’impression de Paris-Match et tous les autres…



Du burlesque, du tragique, du grotesque, du fantastique, de l’invraisemblable, beaucoup de sourire, de rire… Ce récit me fait penser à Rabelais et son célèbre Gargantua. Alain MABANCKOU nous plonge dans une banlieue déshéritée d’une grande ville africaine, sans doute sa ville natale. Il est impossible de ne pas se mêler à tous ses éclopés, de frayer en leur compagnie, de boire et trinquer avec eux et de compatir à leurs malheurs. L’écriture ressemble à un long monologue. Pas de point. De longues phrases hachées par de nombreuses virgules. Cet auteur a une grande culture et fait de nombreuses allusions, soit au domaine des arts, la peinture, la littérature, soit à des évènements politiques mondiaux. Nous avons des citations littéraires mais également des faits politiques réels cités, ainsi que les dirigeants politiques qui ont laissé quelques marques dans l'Histoire. Je ne peux que vous inviter à vous approcher du troquet « Crédit à voyagé » et partager le verre de l’amitié, avec les clients de passage ou les piliers de bar. Bonne lecture.

(01/12/2022).


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