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Critiques de Alain Mabanckou (762)
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Ma Soeur-Étoile

Dans cet album grand format présenté comme un récit autobiographique, le narrateur replonge dans son enfance et partage avec le lecteur un souvenir précieux. Alors qu'il est âgé de dix ans, il se livre chaque nuit au même manège : il quitte son lit, se dirige vers la cour de sa maison où il s'assoit et lève la tête dans l'espoir d'apercevoir, quelque part dans le ciel, sa soeur aînée, disparue deux ans avant sa naissance. Il raconte à cette « Soeur-Etoile » des anecdotes familiales et lui livre quelques réflexions sur ses lectures, lui qui aime le Petit Prince au point de l'avoir lu plus de dix fois. En guise de réponse, elle dessine dans le ciel. Un jour, l'enfant n'y tient plus et se confie sur ses conversations nocturnes à un camarade de classe, Nestor, qui ne le croit pas et le traite de menteur…

C'est un très bel album qui aborde avec beaucoup de simplicité et de poésie le difficile sujet du deuil. Il pose également la question de l'amitié et des liens invisibles qui unissent les êtres. le texte est convaincant et la chute, qui suit l'arrivée de Nestor, très émouvante. Les illustrations sont magnifiques : colorées, oniriques, elles font vivre le texte et nous conduisent au Congo où l'auteur a passé son enfance.


Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Le commerce des Allongés

Liwa Ikimakingaï était encore un jeune homme quand il réveille mort au cimetière du Frère-Lachaise de Pointe-Noire, au Congo. Comment cela est-il arrivé ? Il vivait sans histoires avec sa grand-mère Mâ Lembé, travaillait à l'hôtel Victory Palace.

J'étais curieuse de ce nouveau roman d'Alain mabanckou et pourtant, je n'avais lu que Verre cassé, il y a de cela quelques années. Le titre est surprenant et même si je préfère ne lire que le début du résumé pour garder un peu de découverte dans ma lecture, j'ai tout de suite accroché à l'histoire. J'ai lu des histoires qui retracent la vie de leurs héros au crépuscule de leur vie mais ici, c'est l'esprit du jeune Liwa qui se "réveille" après sa mort. Mais de quoi est-il mort alors qu'il fêtait tout juste avec les autres ponténégrains la fête nationale congolaise ? Le roman retrace brièvement sa vie en alternant celle-ci avec ses grandioses rencontres post-mortems qui lui racontent une Afrique très supersticieuse qui n'hésitent pas à sacrifier ses semblables pour accéder au pouvoir. J'ai aimé la façon originale utilisée par Mabanckou pour montrer la corruption dans la ville congolaise, d'utiilser sa langue colorée pour plus bas instincts humains. C'est juste dommage que le héros défunt soit un peu effacé dans ce commerce des morts. Une belle critique sociale de ce Congo contemporain, qui me restera longtemps en tête. (surtout quand elle m'est narrée directement par l'auteur !)
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Le commerce des Allongés

Alain Mabanckou donne un aperçu du tableau sociopolitique du Congo-Brazzaville avec ce roman.



De longues journées de funérailles sous la plume ponctuée d’humour et d’autodérision de l’auteur.



La rencontre de plusieurs personnages hauts en couleurs pour le défunt Liwa Ekimakingaï.

Un héros qui n’est pas prêt de se coucher car il est fin prêt à nous en raconter.

Découvrons, avec lui, Pointe-Noire et son cimetière dit Frère-Lachaise, en revenant à un soir de 15 août, jour de fête de l’indépendance du pays, qui lui fut fatal.



Des allures de conte pour ce roman social où je lis une première fois l’auteur, découvrant ainsi quelques aspects de la culture africaine autour de la mort. Rituels et usages, croyances … et fantaisies, etc.

Une approche aussi sur la lutte des classes, des plus nantis aux plus pauvres de la société, et sur les injustices pointées du doigt.

*

J’avais apprécié le passage de l’auteur à La Grande Librairie, il a capté mon attention, pourtant je n’ai pas accroché avec ce roman, je n’ai pas réussi à rentrer dans l’histoire, bien qu’original ça m’a semblé trop confus et j’ai terminé ma lecture en diagonale.

*

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Verre cassé

Truculent est le premier adjectif qui me vient à l'esprit pour qualifier ce roman; érudit serait le deuxième car le propos est émaillé de citations et d'allusions à la littérature. D'un côté on a donc la culture populaire de la langue parlée à Brazzaville mais le revers de la médaille est cette intertexualité qui trahit le bagage intellectuel de l'auteur. Et dans l'ensemble, je dirais que ce mariage a priori contre nature marche bien; mais je ne sais pas pourquoi je ne suis pas tombée sous le charme de l'écriture. J'ai eu du mal à entrer dans cette lecture qui m'amenait sur un registre dont je n'avais pas l'habitude et je suis toujours restée un peu en dehors, peut-être justement parce que je n'ai baigné dans aucune de ces deux cultures. Je sors du roman avec l'impression d'être passé à côté de quelque chose qui me dépasse…
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Verre cassé

Un récit très fluide. Il se démaille aussi facilement comme coule un cours d'eau avec des personnages burlesques, Verre Cassé en tête d'affiche. L'homme semble avoir fini en toute carrière, il n'a plus que sa bouteille de bière comme compagnon de tous les jours et l'expression ''je m'en fous'' en toute circonstance. Que même son ménage devient de plus en plus déséquilibré, quoi qu'il arrive à sa femme, il n'hésite pas de déclarer tout haut ''je m'en fous''.

Mais dans cet esprit un peu bouffon de l’histoire, Verre cassé nous émeut quelque peu par certains événements tragiques qui ont brisé et flétri la vie de ses personnages. L'homme à la couche, le parisien refoulé...leur histoire reproduite fidèlement dans le cahier de Verre cassé expose les traitements inhumains que l'on peut subir dans les prisons, comme aussi l'expulsion d'un Africain de Paris...

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Lettres noires : des ténèbres à la lumière

J'ai découvert Alain Mabanckou grâce à La Grande Librairie, il y a quelques années. J'ai été séduite par ce bel homme au look stylé, aux belles lunettes et, surtout, aux propos passionnants et posés. Depuis j'ai eu l'occasion de l'entendre ou de le lire en entrevue sur divers supports. Ce qui a confirmé ma première impression : il faut que je lise ses livres, romans, poésie ou essais.



J'ai commencé avec Le sanglot de l'homme noir. Puis Lettres noires, des ténèbres à la lumière. Cet opuscule est le texte de la leçon inaugurale qu'il donna pour la Chaire annuelle de Création Artistique 2015-2016.

Discours oblige, le texte a un côté plus formaliste que ce que j'ai pu lire dans ma précédente lecture.



Dans un condensé des thèmes qu'il abordera cette année-là, Alain Mabanckou traite des littératures issues ou touchant à l'Afrique. Récits d'explorateurs, carnets de voyage, romans d'aventures ou exotiques, littérature coloniale, signée par des colonisateurs ou par des autochtones acculturés, textes de la fierté noire et de la négritude, de la décolonisation, des premiers temps de la liberté puis œuvres de la migration - ou "migritude" - il donne ici le parcours littéraire de l'Afrique du XXème siècle et des presque deux décennies du suivant.



Les propos sont concis et survolent dans ce discours cent vingt années d'Histoire, de bouleversements, de vie et conditions sociales, à travers les lettres, avec toute la subjectivité et les principes sous-jacents qu'elles comportent. On se rend compte à la lecture de cette leçon de la grande diversité, y compris dans un même "camp" (bien que je n'aime guère ce terme), des propos et de l'immense richesse de la littérature africaine. En humaniste qu'il est, Alain Mabanckou rappelle la nécessité de regarder au-delà de la couleur de peau, de l'origine et même au-delà des héritages et cicatrices du passé pour construire, grâce aux lettres notamment, un vouloir-vivre mieux ensemble. Sans tomber dans un esprit de revanche, pas plus que suprématiste. Au contraire, en se découvrant et en comprenant que la diversité n'est pas renoncement à un socle (fantasmé) culturel originel mais enrichissement des cultures et ouverture.



Monsieur Mabanckou, merci pour cette leçon... dans tous les sens du terme.
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Mémoires de porc-épic

En sortant du bar "Le crédit a voyagé", lieu d'histoires loufoques racontées dans "Verre cassé", le lecteur curieux de la suite se retrouve dans un village africain où le fantastique se lie avec la réalité.

Dans ce contexte, les animaux parlent entre eux, aux humains et aux arbres.



Le porc-épic du récit a cette faculté extraordinaire et se présente aussi comme le double d'un alter égo humain du nom de Kibandi. Lequel est un être peu recommandable puisqu'il ordonne de tuer les gens qui ne lui plaisent pas. Charge que doit exécuter le porc épic.



L'histoire ne manque pas de références sur la culture africaine et Mabanckou, en professeur malicieux, s'amuse à la parodier en la tournant en dérision.



De l'humour, des apports culturels et des crimes à élucider. Tout cela aurait du me plaire, mais je n'ai pas éprouvé d'émotion. La première centaine de page m'a paru ennuyeuse et ce ne fut donc une déception même si la fin est plus relevée.



Peut-être une question de rythme. Même si l'auteur manie la langue sans les points avec brio, ce récit manque étonnamment de rythme.
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Tais-toi et meurs

Julien Makambo est un jeune homme naïf originaire du Congo Brazzaville détenu à Fresnes car inculpé du meurtre par défenestration d' une jeune femme.Par flashbacks successifs , il nous narre son arrivée à Paris, la promiscuité dans le studio qu' il doit partager avec six de ses compatriotes, les activités mafieuses auxquelles il se livre sous la direction de son mentor et accessoirement beau-frère Pedro, la vie nocturne , l' alcool, les filles et le monde frivole de la Sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes)...Un style accrocheur, beaucoup d' humour et un suspense maintenu jusqu' au bout : ce n' est, en effet, que dans les dernières pages que l' on découvre comment le jeune Julien "les ennuis", alias José Montfort au vu de ses faux papiers , s' est fait impitoyablement piéger par les caïds de sa tribu parisienne.
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Verre cassé

« … il a commandé une bière Flag… »



La Flag… il m’en faut pas plus pour transporter mon esprit de l’autre côté de la Méditerranée, mais n’essayez pas de la goûtez dans notre contrée froide, elle ne paraîtra que trop fade car pour bien apprécier cette bière, il faut avoir pris la bateau, sentir la moiteur du port de débarquement, respirer cette air moite et cette chaleur qui vous colle à la tunique, transpirer et suer à grosses gouttes et surtout avoir en bouche ce goût âcre de la latérite, poussière rouge qui vous assèche le gosier, à ce moment-là, le bonheur n’est qu’à une capsule de Flag, et qui dit bonheur, dit jubilation



« … il a commencé par critiquer les pays européens qui nous avaient bien bernés avec le soleil des indépendances alors que nous restons toujours dépendants d’eux, puisqu’il y a encore des avenues du Général-de-Gaulle, du Général-Leclerc, du Président-Coti, du Président-Pompidou, mais il n’y a toujours pas en Europe des avenues Mobutu-Sese Seko, Idi-Amin-Dada, Jean-Bedel-Bokassa et bien d’autres illustres hommes qu’il avait connus et appréciés pour leur loyauté, leur humanisme et leur respect des droits de l’homme, donc nous sommes toujours dépendants d’eux parce qu’ils exploitent notre pétrole et nous cachent leurs idées, parce qu’ils exploitent notre bois pour bien passer l’hiver chez eux, parce qu’ils forment nos cadres à l’ENA et à Polytechnique, ils les transforment en petits Nègres blancs… »



je jubile, tu jubiles, nous jubilons tous ensemble avec Alain Mabanckou et surtout ce « Verre Cassé », l’âme africaine, l’écrivain qui écrit sur ce bar que je fréquentes assidûment depuis les premières pages depuis que j’ai soif depuis que j’ai envie ce besoin de boire une Flag depuis que je veux voir du monde, des comiques et de belles gazelles noires, des gazelles avec des nichons énormes et un cul encore plus



« … j’avais croisé Céline au Timis, c’est une boite de nuit black très connue et qui se situe vers Pigalle là-bas, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, je ne sais pas ce qu’elle foutait au milieu de cette forêt de Nègres en rut et sans manières même si on dénombrait quelques autres Blanches dedans, mais ces autres Blanches se coltinaient des fesses si plates qu’on pouvait repasser sa chemise dessus, or Céline m’avait flashé avec son derrière, sa taille, ses deux énormes pastèques greffées à la poitrine… »



j’aime les pastèques, ça rafraichit, ça désaltère, j’aime les filles fraiches, ça désaltère aussi quand je m’accroche à leurs pastèques, je suis comme ça, un obsédé de la pastèque, grosse et mure car j’ai toujours soif, une soif sans fin et sans faim, jamais rassasié, j’en veux toujours plus et ces filles qui fréquentent le « Crédit a voyagé », ce bar malfamé de Brazzaville sur lequel j’écris mes quelques chroniques me font bander, à mon âge, faut me comprendre, je suis seul, vieux et sale et j’ai plus que le sexe et la flag pour me faire passer quelques frissons à mon âme grisonnante



« … c’est vrai que j’aime les filles du quartier Rex, oui, j’aime le goût des jeunes filles du Rex, de vraies belles du Seigneur, elles savent manier la chose en soi, elles sont nées avec ça autour des reins, jamais un homme ne vivra de telles stupeurs, de tels tremblements sous son toit conjugal, et puis les petites-là sont terribles, je te dis, Verre Cassé, c’est des volcans, ces petites, elle tes promettent le ciel et te l’offrent enroulé dans du papier cadeau alors que nos femmes de la maison ne réalisent plus aucune promesse, or les petites du quartier Rex, c’est tout chaud, c’est à la fois du caoutchouc et de l’élastique, c’est tout piquant, tout sucré, c’est fiévreux, elles te parlent à l’oreille, elles accompagnent ton érection au millimètre près, elles savent où te toucher pour réveiller l’alternateur endormi, elles savent comment ne pas te faire caler au rond-point, elles savent faire tourner la turbine, passer les vitesses, accélérer, on est heureux, on a la vie devant soi… »



un proverbe congolais dit qu’il ne faut pas mettre la turbine avant les bœufs, c’est ça l’Afrique, prendre son temps, se faire plaisir et sentir la fièvre monter en toi, sentir ce mélange de musc et de sueur, sentir ton sexe se gonfler, renifler son sexe, entendre le bruit des gamins dans la rue, le bruit des ivrognes traînant leurs loques, le bruit d’un Fanta orange qu’on décapsule, le bruit d’une Mama aguicheuse aves ses grosses fesses et son pagne autour, et le bruit de Robinnette, sacrée Robinette, qui pisse des litres et des litres de bières



« … Robinette boit plus que moi, elle boit comme les tonneaux d’Adélaïde que les Libanais vendent au Grand Marché, Robinette boit, boit encore sans même se soûler, et quand elle boit comme ça elle va pisser derrière le bar au lieu d’aller aux toilettes comme tout le monde, et quand elle pisse derrière le bar elle met au moins dix minutes à uriner sans s’arrêter, ça coule et coule encore comme si on avait ouvert une fontaine publique, c’est pas du bluff, c’est incroyable mais vrai, tous les gars qui ont essayé de la concurrencer en matière de pisse à durée indéterminée ont fait l’adieu aux armes, ils ont été vaincus, écrasés, laminés, ridiculisés, roulés dans la poussière, dans la farine de maïs… »



je l’aime cette Robinette, faut pas lui tchatcher ces paroles, mais putain quel effet elle me fait cette gazelle, avec son derrière de mammifère périssodactyle, c’est peut-être la femme de ma vie, allez savoir, qui sait, personne, pas même moi, ni même le bon Dieu qui me regarde pisser de là-haut, parce que après tout la Flag, ça fait quand même sacrément pisser et je sens qu’il va falloir que je me soulage bientôt, faut que je trouve un arbre



« … et donc Robinette a d’abord ôté sa chemise en pagne, il faut dire honnêtement que ce spectacle était loin de celui d’une Margot qui dégrafait son corsage, elle a ensuite soulevé son pagne jusqu’à la naissance de ses reins, et on a vu son derrière de mammifère périssodactyle, ses grosses cuisses potelées de personnage féminin de peinture naïve haïtienne, on a vu ses mollets de bouteille de bière Primus, elle ne portait pas de slip, la garce, c’est peut-être parce qu’il n’existe pas de slip qui puisse domestiquer sa montagne de fesses, et donc elle a poussé un long rot qui nous a rebutés, et elle a dit à haute voix « au plaisir de Dieu, la vérité va se voir à la lueur de l’aube, en avoir ou pas, c’est ce que nous allons vérifier, mes amis », et puis on a vu son sexe lorsqu’elle a écarté les tours jumelles qui lui servent de fesses, tout le monde a applaudi, et curieusement, j’ai même bandé à mort comme les autres témoins, faut être honnête et ne pas cacher la vérité, oui j’ai bandé parce qu’un derrière de femme c’est toujours un derrière de femme, qu’il soit petit, gros, plat, potelé, avec des zébrures, avec des pigments qui vous causent des névralgies, avec des tâches de vin de palme, on bande d’abord et on décide ensuite si on y va ou si on n’y va pas… »



sacrée Robinette, elle m’émeut cette gazelle, elle a tout pour me plaire, faudra qu’un jour je l’invite à boire une flag autour d’un poulet Maffé peut-être qu’après elle me laissera caresser ses cuisses, je lui proposerai une nouvelle Flag qu’elle s’empressera d’accepter alors j’irai lui ploter les nichons, une autre flag, oui, bien sur, et là j’irai même jusqu’à lui passer la main dans sa culotte humide et qui sait avec une dernière flag elle se mettra nue devant moi, mon bangala fera le fier, il se redressera au garde-à-vous prêt à fusiller prêt à libérer sa décharge, oui je crois que je l’aime cette Robinette



« … et moi je dis que je n’ai pas encore bu, que depuis ce matin j’ai pas bu une seule goutte d’alcool, et je ris en débitant ce mensonge gros comme une résidence secondaire d’un dictateur africain… »



des paroles, paroles, paroles, pas de mensonge, une vérité crue, celle de mon âme, celle de ma bouteille, celle de l’Afrique, de ses gens, de son peuple, noir, fidèle, perdue, amoureux, ivre, heureux, l’Afrique sous toutes ses coutures dans un bar et moi qui l’observe, la dissèque, oui j’ai tant adoré ce Verre Cassé que je l’amènerai avec moi si je devais partir là-bas et je garderai toujours une pensée pour ce livre tant il m’a marqué lorsque je sentirai les gorgées de Flag venues désaltérer mon gosier rougi par la sècheresse et la poussière de latérite, oui ce livre est un chef d’œuvre à déguster et à puiser comme un bon Bukowski



« … « Verre Cassé, sors-moi cette rage qui est en toi, explose, vomis, crache, toussote ou éjacule, je m’en fous mes ponds-moi quelque chose sur ce bar, sur quelques gars d’ici, et surtout sur toi-même », ces paroles m’avaient cloué un moment le bec, j’avais failli verser des larmes, je ne me souvenais plus de quel écrivain ivrogne nous avions discuté, de toutes les façons y en avaient plusieurs qui buvaient, et y en a qui boivent à mort parmi les contemporains… »



je suis essoufflé, point.
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Black Bazar

Weston, le héros de Black bazar traine régulièrement au "Jip" un bar du 1er arrondissement de Paris, sa compagne vient de le quitter pour un joueur de tam-tam. Il décide de mettre sur papier ces sentiments.Bien évidemment ce point de départ est l'occasion pour Mabanckou de dresser le portrait de personnages truculents, drôles, pathétiques, touchants mais aussi pour parler du racisme ordinaire, d'exclusion, de communitarisme. Mabanckou ne juge pas, il laisse le lecteur apprécier suivant ces convictions les idées émises.

L écriture est joyeuse, volubile, enjouée et l'on retrouve le même plaisir qu'a la lecture de "Verre cassé" le roman qui révéla Mabanckou.
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Petit Piment

"Tokumisa Nzambe po Mose yamoyindo abotami namboka ya Bakoko" peut se vanter d’avoir le nom le plus long de toute la création !



Afin de vous coucher moins bête ce soir, cela signifie "Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres".



À l’orphelinat de Loango (République du Congo) où il a été placé depuis sa naissance, on le nomme Moïse. C’est plus facile. Ensuite, on le connaîtra sous le surnom de Petit Piment.



Tout allait plus au moins bien à l’orphelinat, Moïse était satisfait, il adorait Papa Moupelo qui leur donnait catéchisme toutes les semaines et qui était très gentil avec les orphelins, qui les respectaient. Hélas, vint la Révolution socialiste et tout changea du jour au lendemain, passant de « pas trop mal » à « horrible ».



Dieudonné Ngoulmoumako est le directeur de l’orphelinat, est corrompu jusqu’au trognon, c’est un lécheur de bottes, il est cruel, autoritaire, despotique, raciste envers les autres ethnies et comme tout bon magouilleur qui se respecte, il a placé à ses côtés les membres de sa famille. Son socialisme est fait de caviar.



Moïse, lui, est un garçon auquel on s’attache assez vite. Il est notre narrateur et se fera un plaisir de vous raconter ce qu’il sait de son pays, de l’orphelinat, de la société congolaise, avec ses ethnies, son racisme (qui n’est pas l’apanage des Blancs), ses codes, ses superstitions, ses croyances… Il en sait peu, n’ayant jamais mis les pieds dehors, mais son témoignage est éclairant et l’on en saura plus sur la société congolaise des années 60/70.



Le changement interviendra lorsqu’il sortira de l’orphelinat, passant d’un monde semi-protégé à celui de la délinquance juvénile, dans les bas-fonds de Pointe-Noire où le roman prendra un tour plus sombre, plus noir, plus social, avec ses prostituées, la politique du maire, les différentes bandes de gamins des rues, voleurs, chapardeurs et autres.



Jusqu’à son incorporation dans la maison close de Maman Fiat 500, le récit me plaisait, le plume d’Alain Mabanckou m’enchantait (je la découvrais) et c’était un réel plaisir de parfaire mes connaissances sur l’Afrique.



L’auteur ne se voile jamais la face, il dit les choses telles qu’elles sont, sans tourner autour du pot. Le récit de Moïse/Petit Piment est empreint d’un mélange de naïveté et de grande lucidité. Les deux étant équilibrés.



Petit Piment (qui ne se prénomme plus Moïse) évoluait dans le bon sens, son parcours de vie était toujours instructif à suivre et l’auteur avait glissé habillement la politique dans le récit de notre gamin devenu adulte. Aucun ennui ne pointait son nez à l’horizon de cette lecture, même si le rythme est assez lent dans certaines parties.



Là où le bât a blessé, c’est après l’opération « Pointe-Noire sans putes zaïroises » où notre narrateur va péter un câble voyant qu’il a perdu ses derniers repères, son dernier giron et à partir de ce moment-là, le récit ne m’a plus emballé du tout, je m’y suis ennuyée, ne me retrouvant plus dans les élucubrations de Petit Piment.



La sensation d’un récit d’embourbant, tournant en rond, ne m’a plus quitté. Cela devenait lourd et j’ai terminé le récit en sautant quelques passages, notamment dans le cabinet du psy.



Dommage, plus des trois-quarts du roman m’avait emballé et la panne s’essence a surgi dans les derniers kilomètres. Bien que je comprenne la folie qui prend Petit Piment, bien que je comprenne qu’il ne veuille pas en sortir, cette partie-là ne m’a pas enchanté.



Malgré ce bémol de fin de voyage, je garderai les bons côtés du roman, particulièrement l’apprentissage de la vie de Moïse, ses errances, ses erreurs et tout ce que j’ai appris sur la société africaine, en particulier celle de la République du Congo, avec ses règles, ses magouilles, ses problèmes entre ethnies.


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Les petit-fils nègres de Vercingétorix

Hortense est assaillie par une peur dévorante, aussi bien pour sa vie que pour celle de sa fille. Elle tient un journal où elle remet en question son mariage. Sombré dans une guerre civile, le pays est divisé. Le nord se bat contre le sud. Alors seules les lois tribales s'appliquent de part et d'autre...mais Hortense est prise au piège. Là-bas dans le sud alors qu'elle est du nord. Ni elle, ni son mari, ni sa fille, ni qui que ce soit ne peut rien contre les nouvelles lois qui régissent la pays. Pourtant, il faut sortir de cette région, son plus gros souci est sa fille, car les enfants au sang mêlé sont menacés d'extermination....

Un livre bien écrit, des chapitres sont courts et très vivants! On sent respirer dans chaque mot, chaque phrase, chaque paragraphe, chaque page la peine de cette femme en fuite!
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Lumières de Pointe-Noire

Pointe-Noire Congo vingt -trois ans qu'il est parti! Invité par le centre culturel français à Pointe-Noire Alain Mabanckou revient au Congo; sa mère Maman Pauline est décédée en 1995, son père adoptif Papa Roger 10 ans plus tard.

Il va brutalement reprendre contact avec la ville de son enfance, avec sa famille les 8 enfants de Papa Roger et leurs cousins et descendance. Il arpente les rues essayant de retrouver souvenirs et fragrances enfouis au fin fond de sa mémoire.

Un récit intimiste , un chant d'amour, un effort de mémoire et de transmission.Je ne sais si découvrir l’œuvre d'Alain Mabanckou à travers ces lignes était le mieux mais j'ai été subjuguée par son écriture et je me suis promise de partir bien vite à la découverte des romans précédents..
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Tais-toi et meurs

C'est mon premier roman de cet auteur que j'ai connu à travers ses différentes interventions télévisuelles ou radiophoniques. J'avais très envie de le découvrir, également, pour son écriture sachant bien que je devrai sortir de ma zone de confort.

Mais j'ai trouvé ce roman, qui est un vrai polar, et qui m'a finalement permis de découvrir cet auteur sans trop m'éloigner de mon style de prédilection.

Et, Je dois avouer que je n'ai pas été déçu, Ce récit se déroule à Paris dans le milieu des Congolais Brazzaville. On est plongé dans la vie d'une communauté immigrée du Congo qui vit en communauté dans un petit studio. Ils assurent leur quotidien à coup de petites rapines. Ils sont organisés avec une hiérarchie bien établie. Mais, l'appât du gain peut parfois changer les choses.

Ainsi, on partage leur quotidien, les hauts et les bas, leurs environnement et on finit presque par s'y trouver bien, même si c'est loin d'être tout rose. Ce roman est bourré d'humanité, de solidarité voire de fraternité mais on en verra vite les limites.

Pour ma part, j'ai beaucoup aimé la plume de l'auteur. Ce récit est empreint d'une très grande humanité. Ça fait chaud au cœur. Les personnages sont particulièrement attachants et pour ne rien gâcher, une vrai intrigue est développée avec ses rebondissements et son petit suspens.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce court roman bien mené . Je suis convaincu par la plume de l'auteur qui m'a aussi permis de découvrir la littérature africaine que je lis très peu par manque d'occasion.

N'hésitez pas, vous devriez passer un bon moment.
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Le commerce des Allongés

J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque municipale car c'était leur coup de coeur accompagné de commentaires " de la gouaille , des couleurs, une atmosphère , des revenants, des personnages truculents"

Au début, j'ai eu des difficultés à rentrer dans l'histoire car je m'éloigne de ma zone de confort avec ce livre.

Finalement, je ne fus pas déçue car cela m'a apporté des connaissances sur la culture et les modes de vie africains.

C'est avant tout un roman social où la lutte des classes de poursuit après la mort. Ce qui est étonnant dans ce livre c'est que les personnages morts sont beaucoup plus vivants que les vivants eux mêmes.
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Les cigognes sont immortelles

J'ai de loin préféré "Verre cassé" à cet opus-ci.

Trois jours qui se situent autour de la mort du président de la république racontés par un enfant. Il y a des effets de style un peu trop répétitifs. C'est intéressant indéniablement. Mais la dynamique romanesque ne fonctionne pas à plein régime.
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Enfant, je me souviens...



Encore une belle initiative solidaire: pour un livre acheté 5 euros, 1euro 50 reversé à l'UNICEF...



Les souvenirs d'enfance comme dénominateur commun: 17 nouvelles et autant de styles, de ressentis , d'épisodes différents.



J'aimerais d'abord mettre l'accent sur la très intéressante introduction de Catherine Dolto.Elle nos explique que les souvenirs sont en fait des " impostures" car ils sont reconstruits, réinventés par notre système nerveux, souvent grâce aux sens.Ils sont en tout cas constitutifs de notre identité.Et elle conclut avec cette très belle phrase: " Nous nous accrochons à nos souvenirs comme à des phares dans la nuit, parce qu'ils sont des repères qui donnent du sens à notre vie telle que nous voulons qu'elle soit ou croyons qu'elle est.Alors, vrais ou faux, quelle importance ?"



Quant aux nouvelles, je n'en ferai pas l'inventaire, ce serait peu intéressant.Evidemment, certaines se détachent très nettement pour moi, par leur poésie ( " Je me souviens...d'Isabelle Autissier, très bel éloge de l'enfant qu'elle était à la mer) ou leur aspect sociologique ( " Frontière" de Laurent Binet qui révèle une conscience de classes précoce) ou leur originalité ( " Les racines de l'Hêtre" de Matthieu Chedid où l'on retrouve sa fantaisie , ses jeux de mots et son humanité). D'autres m'ont moins marquée.C'est le propre de ce " méli-mélo" d'auteurs réunis.



Mais je m'arrêterai là.Découvrez vous-mêmes ces nouvelles variées, piquantes ou nostalgiques, et faites surtout une bonne action pour tous les enfants du monde...
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Rumeurs d'Amérique

L'auteur, depuis son balcon d'un quartier de Los Angeles qu'il habite depuis peu, ayant passé plus d'une dizaine d'année à Santa Monica, ville qu'il adore mais qui sans doute manque de métissage, écrit sur son Amérique.



Dans ce livre, je me suis sentie comme une abeille qui butine ici ou là ou une poule qui picore par ci par là. Je me suis promenée dans l'Amérique de Mabanckou. Au gré des chapitres, on croise, entre autre, le boxeur Mohamed Ali, les écrivains James Baldwin et Ernest J. Gaine, le basketteur Kobe Bryant, ou encore des rappeurs. Un chapitre est consacré à une discussion qu'il a avec son fils Boris autour du rap. Un autre nous fait rencontrer son amie Pia Petersen, écrivaine danoise et un peu plus loin, ce sera Rokaya Diallo qui lui rend visite et dont il retranscrit certains souvenirs.

Beaucoup de sujets sont abordés, notamment l'alimentation, la politique, la condition physique, Hallowen (qu'il déteste), le Boston terrier, la mode vestimentaire et les Sapeurs, le rap, le sport où à défaut de suivre les matchs de football non retransmis aux Etats-Unis, il s'est rabattu sur le basket et supporte ardemment l'équipe des Lakers. Puis à la fin, le coronavirus fait son entrée, of course, ainsi que Dany Laferrière, qui clôt ce roman, non, ces rumeurs (dixit l'auteur).



Souvent, j'ai eu l'impression qu'Alain Mabanckou cherchait à rééquilibrer la balance raciale qui penche encore significativement du côté blanc en mentionnant et mettant en exergue un grand nombre de personnalités noires, connues ou non. Il évoque également les rapports quelquefois nuageux entre les Noirs Américains et les Noirs Africains, comme en témoigne cette phrase prononcée par le père d'une ex petite amie "Non seulement ils nous ont vendus, mais en plus ils veulent épouser nos filles !".



Au final, j'ai passé un agréable moment de lecture en compagnie de Mabanckou qui au fil de courts chapitres et avec un regard quelque peu décalé, son regard, m'a fait pénétrer, sur la pointe des pieds, son Amérique tantôt à travers des anecdotes privées, tantôt au travers de l'actualité du moment ou d'évènements passés. Un patchwork de situations oscillant entre le sérieux, le futile et la légèreté, toujours avec élégance. Merci à Babelio et aux éditions Plon pour ces rumeurs reçues dans le cadre d'une opération masse critique.
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Le monde est mon langage

Alain Mabanckou , professeur de littérature française est né au Congo et a fait une partie de ses études à Paris.



Aujourd'hui, il enseigne la langue française et la littérature africaine en français à l'université de Californie .



En toute modestie, il avoue que ses cours font salle comble et observe l'engouement évident pour la langue et la culture françaises en Californie.



Il se veut porteur d'espoir, refusant le pessimisme et se donne pour tâche la mise en lumière de la culture française: " je veux inscrire la France que j'aime dans le monde"



En véritable militant, il se décrit aussi comme étant "...l'amant le plus séducteur de la langue française "



Son livre, il le décrit comme étant " un tour du monde de la pensée et des émotions telles que la langue française les véhicule ".

Ainsi, nous invite t-il à cheminer au gré de rencontres très diverses avec des célébrités ( comme Le Clézio , Edouard Glissant ou Denis Laferrière entre autres ) ou avec de parfaits inconnus amoureux de la langue française ,nous livrant ainsi de passionnants portraits parfois bien émouvants.



Un ouvrage salutaire, optimiste dicté par la passion.

Une véritable déclaration d'amour à notre culture et notre langue .



Très belle rencontre donc.





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Petit Piment

Excellent et bien pimenté ! Enfant congolais de 13 ans et orphelin, Petit Piment n’a jamais quitté l’institution dans lequel il vit. Trois lieux pour trois parties. La première sera la vie en collectivité, ses codes, la séparation des êtres que l’on aime sans s’occuper des sentiments des mômes. Deuxième partie : il vivra chez Fiat 500, tenancière d’une maison clause. 3ème partie : la perte de mémoire avec des dialogues chez le psy très drôle. Il aura des obsessions comme vouloir à tout prix voir le nombril d’une femme d’agent de police. Comme Georges Brassens ?

LE NOMBRIL DES FEMMES D'AGENTS

Ainsi gémissait en public

Cet honnête homme vénérable,

Quand la légitime d'un flic,

Tendant son nombril secourable,

Lui dit: "Je m'en vais mettre fin

A votre pénible supplice,

Vous fair' voir le nombril enfin

D'la femm' d'un agent de police..."

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