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Citations de Antoine Choplin (343)


Vous parlez d’une histoire, elle ironise. Vous n’avez pas mieux ? Comment dire, un peu plus romantique ?
Bien sûr, je fais, on peut imaginer d’autres hypothèses. A l’infini. Comme aux échecs.
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J'ai photographié la bicyclette, aussi.
Quelle bicyclette ?
Celle qu'on voit là-bas, couchée par terre au milieu de la place.
C'est une drôle d'idée, dit le père Eusebio en regardant vers la bicyclette.
Les avions ça suffit pas pour raconter ce qui se passe ici, dit Basilio. Dès que tu te mets la tête sous le drap noir et l’œil dans le viseur, tu te rends compte que ça suffit pas.
Si on peut voir les bombardiers juste là, au-dessus des toits, c'est déjà beaucoup, non ?
Sur la photographie, on verra les bombardiers.
Ben oui, bien sûr, Basilio. Les bombardiers. Le front lissé, le regard inquiet du père Eusebio.
Je veux dire, continue Basilio, on verra que les bombardiers. Ils prendront toute la place, sur la photographie. Surtout que ça occupe beaucoup de place, un bombardier.
C'est bien ce qu'il nous faut, bredouille le curé.
C'est pas comme une bicyclette.
Je ne comprends pas ce que tu veux dire.
Rien que ça, une bicyclette qui repose à terre, au milieu d'une place déserte. Je crois que c'est pas mal pour donner à deviner tout ce qu'on voit pas sur l'image. Toutes ces choses qui flottent dans l'air et qui fabriquent notre peur de maintenant. Qu'on peut pas graver sur du papier mais qui nous empêchent presque de respirer, par moments. Tu vois ce que je veux dire ?
Oui.
Alors je trouve que cette image de bicyclette, elle fait la place à tout ça et c'est dans ce sens qu'elle vaut bien une photographie de bombardier.

p.108
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Ça oui, en regardant la photo de Paulina au verre de vin, j’avais longtemps retrouvé le bruit des colombes sur le toit. Et maintenant, j’avais beau me coller le nez dessus tous les jours, je voyais bien comme tout cela s’effaçait doucement. Ce n’était pas le souvenir qui s’effaçait, mais plutôt ce qui fait du souvenir un espace qui peut encore se remplir de réalité. Bien sûr que je me rappelais les colombes, mais le cliquetis des colombes marchant sur le toit, ça, j’arrivais plus à l’entendre pour de bon. Ça me rendait ni triste ni joyeux, c’était juste comme ça.
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J’ai observé la grande courbe des plages et la ligne d’écume qui l’épousait. Au-dessus des vagues qui déferlaient, l’air était un peu brouillé et c’était comme un léger coup de gomme sur le bleu argent de la mer.
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Juste derrière les deux ormes passe la clôture de fils de fer barbelés, quatre ou cinq lignes noires et parallèle rythmées par les poteaux équidistants. drôle de portée avec ses barres de mesure, vide de toute mélodie, et contre laquelle, à bien y regarder, semble se disloquer la promesse des choses.
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Quand il regarde les deux arbres de la place, il pense à tous les arbres du monde.
incipit
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Dans ce parcours doux et débridé du crayon sur la feuille matinale, et par ce regard tendre épousant le trait à la suite de la main à l’œuvre, il y a comme un contentement pour Bedrich, et c'est peu dire. Une joie presque, secrète et immobile, surplombant les parois du ghetto, réduisant à néant, le temps d'une seconde, les tragédies. Tiens, comme ce soleil de maintenant peut-être, touchant au front ; que l'on sait pourtant partagé par les autres et qui ne saurait donc, aussi bien que le trait du crayon, nous en tenir a l'écart.
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Alors je comprends pas, avait dit Basilio.
Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
Je comprends pas comment il peut peindre sur les évènements de Guernica, s'il n'y était pas quand cela s'est produit.
Les artistes peuvent faire ça, avait dit le curé. Tu ne finis pas ta soupe ?
Non.
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A vrai dire, il y a peu de temps que l'écriture s'est immiscée pour de bon dans la vie de Tomas.
Cela remonte au début du second emprisonnement de Váckav (Havel).Depuis lors, et durant les quatre années de sa captivité, il lui a envoyé des lettres, une par semaine,sans jamais faillir à cette cadence.
Il se souvient de la peine qu'il a éprouvée à écrire les premières d'entre elles. À cause de la situation, bien sûr, et de cette empathie maladroite qui le submergeait chaque fois qu'il prenait la plume.
Mais encore plus à cause de la seule tâche d'écrire, en raison de son manque de pratique, de son ignorance des règles de la syntaxe et de l'orthographe.Il s'en était ouvert d'emblée à Václav, lui faisant part de la honte qu'il ressentait à adresser à un écrivain des lignes aussi pauvres et certainement truffées de fautes.
Les mots utilisés par Václav pour lui répondre lui avaient donné confiance.
Après, il s'est mis à lui écrire avec un peu plus d'aisance, de précision aussi.Au sujet de Hradecek, de la vie des arbres, des menus travaux.Il a raconté les ruches et les nichées d'oiseaux, le flair des chiens récupérés par Olga auprès d'un fermier voisin.Il a décrit, en toute saison,les conditions climatiques, températures, brumes et vents, humidité.
Václav a aimé ça.
Avec le temps, il lui a semblé que l'écriture se laissait apprivoiser.

( p.177)
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C'est un drôle de sang qui a bondi par les allées de chez nous /à l'encontre des roses et des haleines fraîches de femmes / c'est un sable assassin qui pour toujours grimpe aux écorces / et avance comme une langue jusqu'aux portes des maisons
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Basilio fait quelques pas jusqu'à la souche. Elle est encore humide à cette heure matinale. Il s'y assoit quand même, délasse ses souliers détrempés, vide l'eau qui s'y est accumulée. Ses orteils nus reposent sur le sol moussu.
Il commence à sortir son matériel. Il scrute les alentours. Vers le ciel aussi, les yeux plissés. Il entend le cri d'une mouette avant de la voir virevolter au-dessus du marais.
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S’y entrelacent en lisière de cette désolation, l’élan et la contrainte, la vérité et l’illusion, le vivant et le mort.
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Autant boire un coup, pas vrai, fait Bolin. T'en veux ?
Non, merci. Je ne veux rien.
Allez, ça te fera passer un peu la trouille. T'as la trouille, Basilio ?
Plutôt, oui.
Alors tiens, bois un coup.
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La bête n'a pas d'odeur
Et ses griffes muettes zèbrent l'inconnu de nos ventres
D'entre ses mâchoires de guivre
Jaillissent des hurlements
Des venins de silence
Qui s'élancent vers les étoiles
Et ouvrent des plaies dans le noir des nuits
Nous voilà pareils à la ramure des arbres
Dignes et ne bruissant qu'à peine
Transpercés pourtant de mille épées
A la secrète incandescence.
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Marya a attrapé la carte des vins.
Vous voulez bien me laisse choisir ? elle demande
Oui, je dis. Vous vous y connaissez ?
Elle étudie la carte en silence. Ca dure un moment. Après quoi, elle se redresse, pose ses deux coudes sur la table, son menton sur ses deux poings refermés. Son regard brûlant plonge dans le mien.
C'est mon métier, elle dit avec nonchalance.
(...)
Alors, quand vous goûtez un vin, vous savez dire ces poèmes qui parlent de nez, de tanins, de cuisse, de charpente ?
Ses sourcils se relèvent.
Vous savez, la poésie c'est d'abord l'affaire du vin avant d'être celle de l'œnologue. L'œnologue n'est rien d'autre qu'un commentateur, plus ou moins habile
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Vous parlez de nos premiers pas comme si nous allions en faire beaucoup d’autres ensemble...
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Avant même qu'il n'y ait porté le regard, il devine les blessures de la ville. La béance de ses plaies, ses amputations.
Des morceaux de poussière claire recouvrent toute chose et procurent partout à la semelle un support plus moelleux qu'à l'accoutumée.
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Je me souviens du premier jour continua Iakov comme si Gouri n'avait rien dit. On nous a emmenés dans un champ vers ces coins-là, près du village de Tchestoganivka. On était une douzaine, peut-être un peu plus. Le chef a expliqué ce qu'on avait à faire. Il a dit, et je te jure que c'est exactement ce qu'il a dit : les gars, on va enterrer ce champ. On l'a regardé sans comprendre, et il a répété les mêmes mots. Enterrer le champ. Alors, ce qu'il faut faire, a fini par demander l'un d'entre nous, c'est ni plus ni moins qu'enterrer la terre. Et le chef a dit que c'était exactement ça. Enterrer la terre. Autrement dit, enlever la couche supérieure du champ et l'enfouir profondément. Et après, répandre partout, à la place du sable de dolomie, un truc d'un blanc tel que tu te serais cru sur la lune. Voilà, c'était ça le boulot. Et c'est ce qu'on a fait.
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« Bedrich pense que Johanna elle aussi construit en elle-même un petit monde autour de la maison. Parfois il est tenté de l’interroger sur ce qu’elle imagine là-bas et de s’installer un moment avec elle dans ce lointain confortable. Mais il éprouve aussitôt l’impudeur du premier mot qui serait prononcé et qui sonnerait avant tout la promesse d’une douleur, celle d’avoir à revenir se poser dans le réel d’ici. » (p. 85-86)
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Dans le silence de ces premiers kilomètres, il plane comme du bonheur à prendre, parmi les campagnes de coquelicots et de bleuets, arrosés par la lumière du matin. Ce sera une belle journée, chaude.
Elle se déchausse, pose ses pieds nus et orteils sur ses sandales. Louis se dit qu'on pourrait la trainer dans la boue, cette fille, sans lui ôter sa grâce.
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