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Citations de Antonio Tabucchi (283)


En ce beau jour d’été, avec la brise atlantique qui caressait la cime des arbres, avec le soleil qui resplendissait, et une ville qui scintillait, oui, qui scintillait littéralement sous sa fenêtre, et un ciel bleu, un ciel d’un bleu jamais vu, prétend Pereira, d’une netteté qui blessait presque les yeux, il se mit à songer à la mort. Pourquoi ? Cela, Pereira ne saurait le dire. Peut-être parce que, dans son enfance, son père avait eu une agence de pompes funèbres qui s’appelait "Pereira La Douloureuse", ou peut-être parce que sa femme était morte de phtisie quelques années auparavant, ou encore parce qu’il était gros, souffrait du cœur, avait une pression artérielle trop haute, et que le médecin lui avait dit que s’il continuait comme ça il ne lui resterait plus longtemps à vivre, le fait est que Pereira se mit à songer à la mort, prétend-il. Et par hasard, par pur hasard, il commença de feuilleter une revue. C’était une revue littéraire, qui avait cependant aussi une section de philosophie. Peut-être une revue d’avant-garde, Pereira n’en est pas sûr, mais qui avait beaucoup de collaborateurs catholiques. Et Pereira était catholique, ou du moins se sentait-il catholique à ce moment-là, un bon catholique, quoiqu’il y eût une chose à laquelle il ne pouvait pas croire : à la résurrection de la chair. À l’âme oui, certainement, car il était sûr d’avoir une âme ; mais la chair, toute cette viande qui entourait son âme, ah ! non, ça n’allait pas ressusciter, et pourquoi aurait-il fallu que cela ressuscite ? se demandait Pereira. Toute cette graisse qui l’accompagnait quotidiennement, et la sueur, et l’essoufflement à monter les escaliers, pourquoi tout cela devrait-il ressusciter ? Non, de ça, dans une autre vie, pour l’éternité, il n’en voulait plus, Pereira, et il ne voulait pas croire à la résurrection de la chair.

(p. 9-10 de la collection Folio)
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Ma compagnie vous a-t-elle déplu ? demanda-t-il. Non, elle a été très importante, mais elle m’a troublé, disons qu’elle a troublé ma tranquillité. Eh oui, confirma-t-il, cela se passe toujours comme cela avec moi, mais écoutez, ne croyez-vous pas que c’est justement ce que doit faire la littérature, provoquer une certaine intranquilité ? En ce qui me concerne, je ne fais pas confiance à la littérature qui tranquillise les consciences. Moi non plus, approuvai-je, mais vous comprenez, de moi-même je suis déjà assez tourmenté, votre intranquilité est venue s’ajouter à la mienne et a produit de l’angoisse. Je préfère l’angoisse à une paix pourrissante, affirma-t-il, entre les deux je préfère l’angoisse.
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la gentillesse, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse faire à quelqu’un qu’on ne connaît pas.
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Je préfère l'angoisse à une paix pourissante, affirma-t-il, entre les deux je préfère l'angoisse.
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Certes, dit Peirera, mais ici non plus les choses ne vont pas bien, la police fait ce qu'elle veut, elle tue les gens, il y a des perquisitions, des censures, il s'agit d'un État autoritaire, les gens comptent pour du beurre, l'opinion publique compte pour du beurre.
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Arrêtez de fréquenter le passé, chercher à fréquenter l'avenir.
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“Alt”, disse lei, “non si approfitti della notte tropicale e di questo albergo fra le palme.. Sono vulnerabile ai complimenti e mi lacerei corteggiare senza resistenza, non sarebbe leale di parte sua”. Alzò il bicchiere anche lei e ridemmo ancora.

« Stop », dit-elle, « ne profitez pas de la nuit tropicale et de cet hôtel au milieu des palmiers. Je suis vulnérable aux compliments et je me laisserai faire la cour sans opposer de résistance, ce ne serait pas loyal de votre part ». Elle leva son verre elle aussi et nous rîmes encore.
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Pereira se leva et lui tendit la main en lui disant au revoir. Pourquoi lui dit-il ces choses alors qu'il aurait voulu lui dire le contraire, alors qu'il aurait voulu le réprimander, peut-être même le licencier ? Pereira ne sait le dire. Peut-être parce que le restaurant était désert, qu'il n'avait vu aucun lettré, qu'il se sentait seul dans cette ville et qu'il avait besoin d'un complice et d'un ami ? Peut-être pour toutes ces raisons et pour d'autres encore qu'il ne saurait expliquer. Il est difficile d'avoir une conviction précise quand on parle des raisons du cœur, prétend Pereira.
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Pour aimer son pays, vous savez ce qu'il faut ?...Il faut la haine. La haine pour défendre notre civilisation et notre race. Et vous savez comment on reconnait une vraie civilisation et une vraie race ? On la reconnait au fait qu'elle sait dominer une autre race.
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Cela me fit une impression bizarre de voir cet enfant tout seul avec son singe, bien qu'il soit fréquent en Inde de rencontrer des enfants accompagnés seulement d'un animal; et tout de suite, je pensai à un enfant qui m'était cher et à sa façon de serrer un poupon dans ses bras avant de s'endormir. Ce fut peut-être ce rapprochement qui me poussa vers lui, et je m'assis à côté de lui.
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(...)il pensa que quand on est vraiment seul, c'est le moment de se mesurer au propre moi hégémonique qui veut s'imposer à la cohorte des âmes. Mais même en pensant cela, il ne se sentit pas rassuré, il éprouva au contraire une grande nostalgie, de quoi il ne saurait le dire, mais c'était une grande nostalgie d'une vie passée et d'une vie future, prétend-il.
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Ai-je donc l'air si mauvais ?, pensa Maïakovski, et il sourit à la petite vieille. Puis il lui dit : n'ayez pas peur, je ne suis qu'un nuage et je ne demande rien d'autre que descendre de ce train.
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Il faut lutter contre le rachitisme de certaines journées, quand la source semble tarie, car le courant peut tout à coup revenir, tu ne t'y attendais plus et alors quelle beauté, un jet d'eau fraîche arrive, qui t'inonde, te revigore, t'entraîne, d'où vient ce fleuve souterrain, alors que la plaine semblait si sèche, quels méandres cachés a-t-il suivis pour arriver jusqu'à toi, et pour te dire que demain est un autre jour ?
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Tu sais ce qui arriva à la vérité ? Elle mourut sans trouver de mari.
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N'accordez pas trop de crédit à ce qu'affirment les écrivains : ils mentent la plupart du temps. Mario Vargas Llosa, un auteur de langue espagnole que vous connaissez peut-être a dit qu'écrire un roman est une cérémonie semblable au strip-tease. À l’instar de la jeune femme qui sous l'œil impudique d'un réflecteur se dépouille de ses vêtements et montre ses grâces secrètes, ainsi l'écrivain dévoile en public son intimité à travers ses récits. Il y a, évidemment, des différences. Ce que l'écrivain exhibe de lui-même ne sont pas ses grâces secrètes, comme la désinvolte jeune fille, mais les fantômes qui l'assiègent, la part la plus laide de lui-même : ses nostalgies, ses fautes et ses rancunes. Une autre différence existe : alors que dans son spectacle la jeune fille commence vêtue et termine nue, dans le cas du récit la trajectoire est inverse : l'écrivain commence par être nu et finit par se rhabiller.
(La phrase qui suit est fausse – La phrase qui précède est vraie)
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Pourquoi lui-dit-il ( au revoir) alors qu’il aurait voulu lui dire le contraire, alors qu’il aurait voulu le réprimander, peut-être même le licencier ?
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L’événement est quelque chose de concret qui arrive dans notre vie et qui bouleverse ou qui trouble nos convictions et notre équilibre, en bref, on peut dire que l’événement est un fait qui se produit dans la vie réelle et qui exerce une influence sur la vie psychique.
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Il se sentit seul, vraiment seul, et il pensa que, quand on est vraiment seul, c’est le moment de se mesurer au propre moi hégémonique qui s’imposer à la cohorte des âmes. Mais même en pensant cela, il ne se sentit pas rassuré, il éprouva au contraire une grande nostalgie, de quoi il ne saurait le dire, mais c’était une grande nostalgie d’une vie passée et d’une vie future. prétend-il
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Écoute, me dit la vieille, tu ne peux pas vivre des deux côtés à la fois, du côté du rêve et du côté de la réalité, cela provoque des hallucinations, tu es comme un somnambule qui traverse un paysage, les bras tendus, et tout ce que tu touches commence à faire partie de ton rêve.
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La littérature, comme l'a dit le poète, est la démonstration que la vie ne suffit pas . Parce que là littérature est une forme de connaissance en plus.












La littérature, comme l'a dit le poète,est la démonstration que la vie ne suffit pas. Parce que la littérature une forme de connaissance en plus .
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