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Critiques de Benoît Duteurtre (288)
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Je me rappelle que j'avais beaucoup aimé le livre "tout doit disparaître" de Duteurtre quand il est sorti en 1992. C'était drôle, spirituel, très vif et je connaissais bien le milieu dont l'auteur parlait avec un sens de l'humour aiguisé et une ironie percutante. 30 ans après, je reviens à cet auteur en m'attaquant à ce livre que j'ai trouvé ennuyeux. Si l'écriture est toujours alerte et pleine d'esprit, on peut dire que les idées - dans le domaine du dystopique - ne vont pas très loin et ne sont guère originales. Ce récit d'anticipation m'a paru tellement évident, léger, facile, sans profondeur qu'il ne m'en reste quasiment rien alors que je l'ai lu il y a à peine trois mois.
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L'ordinateur du paradis

J'ai beaucoup aimé ce petit roman plein d'humour. le récit d'un homme qui découvre les portes du paradis entrecroise le récit de Simon un haut fonctionnaire qui découvre l'enfer dans sa vie publique et privée. Un roman qui parle de thèmes d'aujourd'hui : la confidentialité sur internet, l'image publique, l'opposition hommes/femmes, le féminisme dans la société... Une forme originale pour traiter de ces sujets d'actualité. J'ai beaucoup aimé la vision du cloud et sa représentation parodique.

Je découvre l'auteur avec ce roman choisi pour un challenge, je vais aller voir de plus près sa bibliographie.
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Le voyage en France

David, un jeune Étasunien, part en France à la recherche de l'esprit début XXe siècle, celui traduit dans l'art de Monet. En chemin, il croise un Français dans la quarantaine (sans nom, mais également protagoniste et narrateur du roman), rédacteur de presse d'entreprise. Outre les péripéties amoureuses des deux protagonistes - métaphores qui renchérissent les conclusions du roman -, on prend part à la déception de David qui ne trouve pas la France recherchée qu'il accuse de prendre des "modèles dans un nouveau style, très banal, qui se répand comme un champignon sur les ruines". Quant au Français, en séjour à New York à la toute fin du roman, ses premières impressions de la ville qui "pousse dans tous les sens au hasard" sont positives, lui font tout de suite aimer "ce foutoir".



Véritable apologie de l'éclectisme américain, ce roman compare l'Amérique à la France avec un parti pris douteux. Ainsi le centre du monde étant passé de Paris à New York en un siècle, la France peut être heureuse d'évoquer une certaine nostalgie, de retrouver Monet dans un grand musée d'art moderne à New York comme si la France avait enfanter l'Amérique et que la modernité ne pouvait pas être du ressort de la France, cette malheureuse au passé trop lourd.



Benoît Duteurtre, dans sa simplicité et ses stéréotypes, a réussi à m'agacer, voire me provoquer en douceur et pour cette subtilité, voulue ou non par l'auteur, je lui donne deux étoiles.
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La petite fille et la cigarette

Nous sommes dans un futur pas très lointain, dans un monde identique au nôtre à deux exceptions près : la cigarette est devenu le mal absolu, sa consommation est bannie de tous les espaces publiques ; et les enfants sont devenus les rois. Rien n'est trop bien pour les satisfaire : les bâtiments publics sont transformés en garderie, les vieillards leur cèdent la place dans le bus, leur parole est évangile.



Un employé municipal vit très mal dans ce monde, et pour cause : il aime fumer, et il déteste les enfants. Aussi, quand il est pris en train de fumer dans les toilettes par une petite fille, après avoir oublier de verrouiller la porte, les choses vont très mal aller pour lui. Il est rapidement accusé de pédophilie, puisqu'après tout, il avait son pantalon baissé quand il a été surpris.



Dans le même temps, dans une prison, un directeur s'arrache les cheveux devant un dilemme : son devoir est de satisfaire la dernière demande du condamné à mort qu'il a dans son établissement. Pour son plus grand malheur, le seul souhait de cet homme est... de griller une dernière cigarette, ce qui heurte de plein fouet la loi sur la bannissement du tabac dans tout espace public.



Roman assez court, absurde et kafkaïen, mais qui tourne un peu trop à l'exagération à mon goût sur la fin.
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Dénoncez-vous les uns les autres

Un petit texte que j’imaginerais bien comme scénario d’une pièce de café-théâtre. La satire est d’actualité. C’est agréablement humoristique, sans prétention et distrayant. Reste que c’est un peu court, me laissant l’impression que j’en aurais eu plus pour mon argent au café-théâtre.
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Tout doit disparaître

Un bon sujet, un auteur sincère, spirituel, un milieu peu connu (la petite coterie des critiques musicaux et l'entre-soi horripilant de ces experts et spécialistesqui décident et écrivent ce que nous devons aimer, ressentir et penser en matière de musique) et un bouquin raté. La faute à la paresse, Benoît. Arrête les livres mal finis, dont on voit encore les fils de bâti. Arrête de juxtaposer des morceaux qui tiennent avec des bouts de ficelle. Je trouve que tu décris si bien le monde où nous entrons à marche forcée. Tu es si drôle et si percutant. Avec une poésie que tu combats (pourquoi ?) Peut-être devrais-tu choisir un registre par ouvrage. Quoi qu'il en soit, je t'ai trouvé ici aussi ennuyeux que ceux que tu dépeins.
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Les pieds dans l'eau

Dans ce roman clairement autobiographique, Benoît Duteurtre évoque ses souvenirs d'enfance et d' adolescence sur la côte normande, entre le Havre et la plage d'Etretat. Arrière petit-fils de René Coty – dernier Président de la IV ème République, de 1954 à 1959 – , ses réminescences sont indéfectiblement liées à l'histoire familiale ; défilent ainsi ses cousines, ses tantes et ses oncles, sa grand-mère, sa mère... et on sent la figure de l'arrière-grand-père planer de page en page...

À travers des images, des sensations, des lieux, des odeurs, des visages, des saveurs, des bruits, l'auteur retrace des instants d'une époque aujourd'hui révolue avec des sentiments différents : tantôt avec son regard d'enfant empreint de candeur tantôt avec ses yeux d'adulte, lucide et volontiers ironique.

Conjointement, Benoît Duteurtre profite de l'évocation de la deuxième partie du XX ème siècle pour faire une sorte d'étude sur l'évolution de la société durant ces années-là (consumérisme, addiction – casino, drogues – Mai 68...) à travers le microcosme d'Etretat et de sa plage : le comportement des parisiens, des touristes, des autochtones, des jeunes des cités du Havre...

L'écriture est pleine de charme lorsqu'il entre en contemplation. Ses descriptions de la mer et de ses baigneurs sont très belles. Une atmophère un brin désuète avec le luxe des villas de la station balnéaire et les cabines du bord de mer, le poids de l'Histoire et l'influence d'un homme sur l'existence d'une famille entière de génération en génération, les falaises abruptes et les traces laissées par les impressionnistes, de jolis portraits de femmes, l'apprentissage d'un homme devenu écrivain... Une agréable promenade.
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Paris aquarelles

J’ai acheté ce livre dans la boutique souvenir du Musée d’Orsay lors de ma dernière visite !

Il nous permet de découvrir Paris, et tout particulièrement ses bâtiments et quartiers, grâce à de très belles aquarelles, accompagnées de légendes et de textes. Le tout est divisé en 4 parties : « Au fil de la Seine » ; « L’air de Paris » ; « Rive Gauche » ; « Rive droite ». Et pour moi, qui fais énormément d’aquarelles et qui adore l’architecture de Paris, c’était parfait ! Puis, je me suis dit qu’en plus des infos et du plaisir pour les yeux, je pourrais me servir de cet ouvrage comme d’un modèle :)



Si les textes sont un peu trop hyperboliques à mon goût, les dessins sont incroyables. Alliant précision et douceur, Fabrice Moireau sublime merveilleusement Paris. Et que dire des couleurs… ! Je me demande si tous les dessins sont numériques ou fait avec un pinceau et de l’eau (et dans ce cas, comment c’est numérisé…).

Les illustrations sont accompagnées de légendes, faites par l’illustrateur. J’ai trouvé que ces petits textes étaient vraiment très instructifs, bien qu’ils restent dans un style très « descriptif ».

Cependant, les textes, écrits par Benoît Duteurtre, comme je l’ai dit aux dessus, idéalisent trop la ville et n’apportent pas des informations très intéressantes. Ces textes ne sont pas présents sur toutes les pages, mais c’est sur cet aspect que je suis un peu déçu.



Enfin, rien que pour les aquarelles, cet album vaut le coup ! Et je vais certainement m’en inspirer pour préparer ma prochaine virée dans la capitale 😉.
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Le retour du Général

Une idée géniale, une fable très réussie, une histoire jubilatoire. Comme pour toute fable, la morale nous replonge dans la réalité, mais on a bien ri quand même.
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Livre pour Adultes

Dans le genre nostalgie et souvenirs désenchantés, c'est pas mal.

Mais juste avant, je venais de terminer "Les Champs d'honneur" dont le thème est assez proche mais écrit avec un talent et une délicatesse incomparables.

Bref, Rouaud fait de la dentelle d'Alençon et Duteurtre du patchwork.

Mais on peut apprécier les deux.
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Livre pour Adultes



Merci infiniment à Babelio et Masse critique d'avoir anticipé mes choix de lectures de la rentrée littéraire de Septembre. J'ai retrouvé avec plaisir les lieux de prédilection de Benoît Duteurtre, l'admirateur de Marcel Aymé, «  l'optimiste désenchanté » qui possède le talent de passer notre époque au scalpel et de capturer l'extinction d'un monde de manière subtile.







Benoît Duteurtre Livre pour adultes nrf Gallimard



( 243 pages – 19,50€)



Benoît Duteurtre consacre ce récit à sa mère, et égrène une mosaïque de souvenirs.

L'auteur reprend le chemin de son enfance et dresse un portrait touchant de la figure maternelle. Il évoque avec délicatesse la période de la maladie et témoigne de son admiration devant l'abnégation et le dévouement du personnel soignant. Cette mère, à «  l'optimisme résolu » lui a inculqué ce précepte, «  aux vertus apaisantes » : «  Ne regrette jamais les choses auxquelles tu ne peux plus rien ».



Qui se souvient de la famille Coty ? Question qui taraude Benoît Duteurtre, faisant le triste constat qu ' «  en deux générations, cette famille avait retrouvé l'anonymat ».

Il reste la littérature pour combler cette béance : parler d'eux pour les faire durer.

N'est-ce donc pas à lui de la ressusciter ?

Évoquer ses grand-parents, oncle , c'est aborder la vieillesse avec son lot de souffrances, la déliquescence des corps, les maisons de retraites et thanatos, thème déjà abordé dans L'ordinateur du paradis, mais aussi revivre des moments forts.



Il dresse, avec nostalgie, l'inventaire de tout ce qui a disparu : le moulin, la scierie, une maison de repos, le bar épicerie qu'il a tenté de sauver, les fermes (qui ne répondent plus aux normes à cause des directives draconiennes de Bruxelles, des contraintes d'hygiène en vigueur qui génèrent des suicides), les ponts de pierre.

Il pourfend « l'agriculture industrielle, l'élevage intensif », cause de « pandémies ».

Et il dépeint une galerie de portraits des villageois, des sagards, honore la mémoire de certains, égrenant un émouvant chapelet de nécrologies.





Dans le chapitre III, on retrouve L'auteur de Polémiques, «  mamanphobe, bébéphobe, familophe, poussettophobe » ! C'est le même ton satirique qu 'il adopte. Installé sur une plage d' Etretat, son fief estival, l'auteur des Pieds dans l'eau croque, tel un dessin de Sempé, ses contemporains d'un ton satirique.

Il devise même sur leurs destinées. Il ne cache pas ses opinions sur ces parents désireux de «  fonder une famille », de quoi s'attirer leurs foudres. Son esprit malicieux suggère même un «  examen » préalable afin qu'ils pèsent bien la charge qui leur incombera. Il se plaît à rappeler que donner la vie, c'est aussi donner la mort.





Il n'est donc pas surprenant que ses amis «  constituent sa véritable famille », suivant l'exemple de sa mère qui «  affirmait cette primauté des amis sur la famille ».

L'auteur confie son attachement irrémédiable à Victor, cet ami comédien surnommé «  le chat », car il aime « ronronner » devant « le feu qui crépite ».

Il confesse éprouver à son égard un « besoin vital ». Ensemble jusqu'à l'au - delà.



Les mélomanes retrouveront tout au long du roman l'animateur de France Musique,

Benoît, qui a «  cette obsession des destins perdus » et nous étonne à débusquer des artistes oubliés. Les airs se déroulent : Stravinsky, Mozart, Schubert, André Roussel.

Benoît Duteurtre n'est pas un sédentaire même si les Vosges sont son refuge et la côte normande sa destination immuable d'août. Étretat, «  bonheur d'été » à contempler le soleil qui «  commence à dorer la falaise » ou les vagues « qui déroulent leurs torsades, dans un bouillonnement d'écume où passent les goélands argentés. »



C'est en tant que conférencier qu'il nous embarque à bord de l'Amadeus, pour une croisière musicale sur «  le beau Danube bleu » qu'il voit plutôt vert. Benoît Duteurtre,qui excelle dans la satire de la modernité, compare dans ce chapitre les croisières de luxe du temps du Normandie à celles à bas prix où « le service fait défaut ». Pour le critique musical de renom, Vienne évoque le Concert du Nouvel An, qu'il présente en direct à la télévision.Mais pour les «  tour-operators », c'est un autre orchestre, « spécialisé pour les groupes » qui a exaspéré Victor au point de partir à l'entracte. «  Le style d'interprétation » ressemblait trop aux «  danses du balai » « dans les mariages ». Il souligne avec ironie la frénésie de ceux qui ne regardent qu'à travers le prisme de leurs iPhones les fresques du plafond!



Avec autodérision, il relate sa galère pour trouver des chaussures en Slovaquie.

Et de constater la suprématie de l'anglais, lui, dont les parents avaient «  eu la fâcheuse idée de lui faire étudier l'allemand », aussi bien à Bratislava qu'à Prague

Il pointe le fossé des classes ( rentier germain/ seniors) selon le luxe du bateau.

Il voit avec amertume la fin des croisières autour de la musique classique faute d'une clientèle aisée et mélomane.Il décline ce qui l'insupporte dans ces voyages : «  rester groupés », préférant arpenter les ruelles à son gré.



Benoît Duteurte nous déboussole en relatant la découverte inouïe d'une tribu, ce qui enflamma les réseaux. La deuxième expédition constituée de l'équipe de scientifiques,de la journaliste et du stagiaire( dont le professeur conférencier occulte le nom, bien que le premier à avoir établi le contact) nous conduit dans un territoire hostile ( ronces, cascade à traverser avant d'arriver à la caverne). Dès la parution du premier volet du feuilleton, les médias s'emballent, les réactions fusent sur la toile,des idées se concrétisent par une charte pour protéger cette civilisation, une sénatrice écologiste, féministe , «  militante du droit des minorités » outrée, choquée, démissionne du «  comité d'éthique ».Le narrateur a réussi son coup, le lecteur tenu en haleine, devant ce déchaînement, guette l 'épisode suivant, mais il est privilégié, il n'a pas à attendre une semaine ! Si l'escale viennoise s' achève en apothéose avec le concert, le feuilleton La tribu atteint un climax à couper le souffle ! A travers l' épilogue surprenant et incroyable, amené comme la chute dans une nouvelle, l'auteur souligne les travers de notre société corsetée par les interdictions et pointe comment une information relayée à grande échelle peut berner une large audience.



Le retentissant succès de la journaliste Daisy Bruno pour le reportage ci-dessus lui facilite l'accès à l'île grecque de Michael Works. Que penser de ce milliardaire qui a imposé la vidéosurveillance, l'absence de voitures ? Est-il un prophète, un gourou ?

Ne dévoilons rien de son projet pilote ambitieux pour mieux savourer cette truculente sotie.



Benoît Duteurtre, parisien depuis 1988 passe en revue toutes les transformations de

son quartier, s'adaptant «  aux normes du pittoresque organisé ». Il ironise sur le Paris plage et « la pollution renforcée ».



Même si le narrateur a dû dire adieu au rituel de la fenaison, au royaume enchanté du grenier à foin, au pot de lait tiède, il a conservé des plaisirs enfantins : «  mettre les pieds dans l'eau », s'allonger «  parmi les fougères odorantes » ou «  plus rustres » : couper son bois , ramasser du petit bois pour cette maison, « surplombée par la cime dentelée des sapins », que les lecteurs de Chemins de fer reconnaîtront.





Si le temps est assassin, la mémoire est la seule revanche, pour faire durer. L'auteur rend hommage à tous ces disparus qu'il a connus, dédie son roman à David Rochline.

Benoît Duteurtre livre un roman plus intimiste, à la veine autobiographique, plein de larmes rentrées, hanté par la mort, la fuite du temps, notre finitude, où se côtoient un cortège d'émotions, d'anecdotes et fables. Le ton grave du début laisse place à une plume roborative, poétique : « grelots de la rivière » et pétrie d'humour.



Le roman se clôt par une liste des « enchantements » de l' écrivain, un hymne poétique et nostalgique aux Vosges, à cette chère vallée, son « paradis » où il vient se ressourcer et écrire. Savoir s'émerveiller devant les beautés de la nature, la splendeur des paysages, n'est-ce pas un viatique de jouvence ?

Sachons gré à Benoît Duteurtre qui, lui, ne «  garde pas ses souvenirs » mais les partage et nous réjouit d'étincelles de bonheur. On prendrait volontiers un verre de gentiane en compagnie de l'auteur pour prolonger la conversation.
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Le Grand Rafraichissement

L'idée était bonne, j avais opté pour ce livre de Benoît Duteurtre que je connais pas, le propos de " Le grand rafraîchissement" m 'intéressait MAIS...d'abord désolé mais ce type ne sait pas écrire ! Après avoir lu Joyce Carole Oates et Nicolas Mathieu dont les plumes sont des plus subtiles, on tombe ici dans la bassesse littéraire. Concernant le fond, je pensais, et j en étais réjoui, être tombé sur une oeuvre humoristique afin de prendre un peu de légèreté avec le réchauffement climatique anxiogène et....je suis tombé sur un propos lourdingue qui frôle souvent avec un racisme ambient...Livre pourtant recommandé par les critiques littéraire du Figaro et de Marianne...l' ont-ils seulement lu???
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Pourquoi je préfère rester chez moi: Polémiques..

Benoît Duteurtre

Pourquoi je préfère rester chez moi.



Encore un livre « réactionnaire » et réjouissant. Décidément, il va falloir que je me fasse à l’idée que les essais qui me séduisent sont ceux qui pensent « mal » !

Voici donc de petites chroniques acides qui décrivent une société qui change, pas toujours pour le mieux, selon Benoît Duteurtre. Avec ironie, l’auteur nous parle de son neveu qui ne s’exprime qu’en anglais pour faire « style » et qui n’a plus de chaussures mais des « shoes » branchées, à la mode des USA. Moins drôle mais plus absurde est la situation de ces représentants de l’Europe, francophones ou germanophones qui pour communiquer emploient l’anglais, d’autant plus ridiculement que la Grande-Bretagne vient de claquer la porte à l’Europe. L’emploi de l’anglais dans les institutions qui nous gouvernent ne serait pas si grave si cet usage n’appauvrissait les nuances des idées et la complexité des relations qui seraient à défendre.

Voici donc un homme qui regrette de temps en temps le monde passé et le raconte avec nostalgie : les hôtels perdent peu à peu leur charme en essayant de copier les motels américains dans lesquels le buffet « brunch » remplace -sans qu’on y gagne rien- le petit-déjeuner au lit auquel on avait droit dans le monde d’ « avant ». Cela ne l’incite plus à sortir de chez lui, d’où le titre « Pourquoi je préfère rester chez moi ».

C’est aussi un livre politique qui fustige les politiques de nos deux derniers quinquennats, qui s’alignent bêtement sur la politique américaine, sans recul ni réflexion : politiques de mauvais choix sur la scène internationale qui entraînent le chaos dans tout le Moyen-Orient.

Par ailleurs, l’auteur est mélomane, mais il n’aime pas tellement la musique de Pierre Boulez. On ne le lui pardonne pas. Il raconte avec finesse les mécanismes qui président à l’exclusion des intellectuels qui n’encensent pas les artistes qu’il « faut » aimer. Même logique dans les autres arts : peinture, littérature, théâtre. Et il dénonce avec amertume les polices de la pensée bienséante.

Pas toujours très nouveau comme observations sur le monde moderne, mais souvent saisissant, joliment écrit, léger mais grave.



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En marche !

Voilà un livre bien intéressant, et parfaitement réac comme je les aime. Duteurtre règle de manière jouissive le compte de la mondialisation heureuse, du libéralisme économique, de l'écologie politique hors-sol et montre à quel point tout ceci est lié,les écologistes politiques étant les complices et/ou les idiots utiles de la logique capitaliste et de la destruction du tissu industriel, de la protection sociale et des classes populaires, dans un climat politiquement correct. Dans ce roman à clef que je ne donnerai pas pour éviter le lynchage, un certain nombre de personnalités politiques et intellectuelles en prennent pour leur grade.. Il y a aussi certaines choses qui peuvent évoquer certains événements actuels. Mais je n'en dirai pas plus. Ce qu'on ne peut pas dire, il faut le taire (ni Céline ni Wittgenstein).

Donc parlons aussi de l'hommage appuyé au Candide de Voltaire, où notre Candide finit par aller cultiver le jardin de Pangloss. Mais où est Cunégonde ?

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Les malentendus

Dans ce roman les personnages se croisent, discutent, s'aiment et se haïssent, s'agressent autour de sujets toujours d'actualité, même si l'action se situe en 1999, juste avant le passage à l'an 2000.

L'auteur met en scène un étudiant de gauche: Martin, qui affiche son non racisme, voire sa grande tolérance à l'immigration mais se fait agresser par un trio venu de la banlieue proche.

Une jeune femme de droite, un immigré clandestin et son cousin, un handicapé homosexuel... Voilà les protagonistes de cette fable, entre rires et colère, mais que j'ai trouvée juste et plutôt cocasse.

L'écriture de Benoît Duteurtre est efficace. Les malentendus sont nombreux et on pourrait bien imaginer une pièce de théâtre ou un film à partir de ce roman...
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Les pieds dans l'eau

Maupassant introduit le roman de Benoît Duteurtre, Les pieds dans l’eau, avec une description d’Etretat mise en exergue. Il souffle aussi à l’auteur le titre de son 1er chapitre, Sur l’eau mais l’histoire de Benoît Duteurtre démarre au début des années soixante et retourne volontiers en arrière, lors de l’acquisition de la « Villa Cheu Nous » rebaptisée « La Ramée » par son arrière-grand-père René Coty, en 1948. Par petites touches discrètes et dans un style fluide, l’auteur retrace ses villégiatures à Etretat et dépeint les us et coutumes d’une bourgade aux rituels indéboulonnables. L’ancienneté de l’implantation de l’estivant lui procure des lettres de noblesse au sein d’un cénacle à cheval sur ses principes : « A l’ombre des falaises normandes, chaque sortie à la plage ressemble à une lutte, recouvrant une infinité de plaisirs cachés. Imperceptibles au premier abord, ces plaisirs minuscules sont l’un des attraits de l’existence du Parisien à Etretat. […] mettre les pieds dans l’eau glacée, prendre un bain de soleil sur les cailloux, résister à la bise du nord en plein mois d’août, se baigner sous la pluie, accomplir inlassablement la même promenade entre deux pans de falaise. » Il suffit de relire la chronique de Maupassant, « Etretat », rédigée en 1880 pour le journal Le Gaulois. On y retrouve des rituels identiques à ceux décrits par Benoît Duteurtre. Le monde pourrait s’être figé pour toujours dans la station balnéaire normande mais il n’en est rien. L’auteur parle de menues choses qui s’évanouissent définitivement. Quand on les a connues, on peut les regretter. Il y avait un vrai bonheur à goûter aux délicieux Brésiliens meringués, nimbés de « Béné » de la pâtisserie fine Lecœur, rue Alphonse Karr, à Etretat, juste avant d’entreprendre la balade des falaises d’aval en suivant les indications données par Maupassant dans sa correspondance avec Flaubert. Lecœur a fermé. L’itinéraire a perdu en sauvagerie ce qu’il a gagné en aménagements. Par son écriture déliée, Benoît Duteurtre réveille des souvenirs pâlis, ravive des regards embrumés, rallume des sensations enfouies, tout cela avec beaucoup de délicatesse. Il y a de la bonté d’âme dans cette écriture, une manière naturelle d’être à la bonne distance du sujet, sans pathos, sans mépris, avec une réelle compassion : « Je ne trouvais pas le passé préférable en soi ; mais je le trouvais irrésistible au moment de disparaître, quand il se réduisait à quelques personnes, quelques conversations, quelques souvenirs ». Les pieds dans l’eau est un bon titre et un bon livre.
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Livre pour Adultes

Le dernier Duteurtre est un mélange de souvenirs, d'essai, de fiction, teinté de nostalgie et de désenchantement. On y retrouve les thèmes de prédilection de l'auteur de "L'été 76" et des "Pieds dans l'eau" (la famille, la musique, les lieux de villégiature, la critique du monde moderne...). C'est surtout l'œuvre d'un auteur qui est à un stade de sa vie où il observe et analyse la vieillesse, la déchéance et la mort, avec une grande lucidité d'adulte (d'où le titre du livre). Tant il est vrai qu'il n'y a qu'un sujet sur lequel s'attarder: le temps qui passe... Livre sombre et crépusculaire ? Pas seulement. Il y a également des moments drôles, comme cette histoire du "fou de musique" ou celle de la découverte d'une pseudo tribu primitive. Dans sa liste des plaisirs qu'il déroule dans un chapitre, Duteurtre met au plus haut la nostalgie qu'il juge "un fruit délicieux". On le suit volontiers sur ce terrain-là.
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Livre pour Adultes

Adultes, nous prenons la mesure du temps passé, enfui à jamais et enfoui en nous, en sursis. Adultes, nous percevons l'écoulement vers la chute contre lequel nous ne pouvons rien. Enfance et adolescence s'estompent, en accord avec le monde d'alors, un monde qui s'est écroulé et renaît de ses cendres, un autre monde, une autre façon de vivre, une campagne qui se modernise sous le poids écrasant du béton, des fermes qui se transforment en laboratoires, même le temps semble courir plus vite grâce aux réseaux de communication, la rumeur se déploie promptement, la langue se détériore elle aussi, galvaudée, le tourisme de masse altère et abîme, les normes envahissent notre espace vital, oppressantes...

La mère du narrateur s'est éteinte. Elle, qui était la joie de vivre incarnée, s'est consumée doucement perdant peu à peu sa mémoire, ses repères, son enthousiasme. Ses souvenirs et son optimisme lui furent ôtés, avec violence par la maladie d'Alzheimer. La perte d'une mère, la perte d'un monde.

Réminescences personnelles et histoires inventées se chevauchent au fil de ce livre « pour adultes ».

Réflexions et observations sur la vie, la vieillesse et la mort. Un souffle de nostalgie mêlé d'humour et de satire. Les vibrations de la musique, de la poésie et de la nature. Une pointe de polémique, une dose d'ironie et ici et là des absurdités qui jalonnent les existences. Une galerie de personnages tour à tour touchants, drôles, admirables, désenchantés. De la tendresse, de l'autodérision, de la mélancolie.

Un roman où les genres se mélangent, les histoires résonnent entre elles et la vie des gens se fait volontiers miroir. Un roman à l'image de la vie, sinueux, ombreux, lumineux, heureux, facétieux, tumultueux.
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Livre pour Adultes

Benoit Duteurtre dont j’avais bien aimé le dernier livre assez fantaisiste « L’ordinateur du paradis » nous livre ici un texte beaucoup plus intime. Il ne faut pas se fier à son titre qui pourrait évoquer un livre un peu coquin...



En deuil de sa mère, il égrène ses souvenirs d’enfance dans ce livre qui tient à la fois de l’autobiographie quand il évoque sa mère, petite fille du président Coty, femme à l'optimisme forcené, son meilleur ami et beaucoup de ses chers disparus mais qui contient aussi de belles réflexions sur la vieillesse, la déchéance, l’amitié, la mort, l’évolution du monde rural… Autobiographie et réflexions auxquelles sont mêlées des fictions sous la forme de nouvelles qui reprennent souvent les thèmes abordés sous l’angle de la réflexion. Une construction intéressante et originale.



Pour moi, les plus beaux passages concernent son village d’enfance dans les Vosges, il nous livre des chapitres empreints de nostalgie où il évoque l’évolution du monde, le déclin voire l’extinction du monde rural. Il fustige les pouvoirs publics qui se désintéressent de l’agriculture et les hygiénistes avec leurs normes.



Il interroge la normalisation, l’hygiènisme obsessionnel qui conduit à considérer tout produit naturel comme potentiellement dangereux, les normes européennes, le fameux principe de précaution...



Le ton est tour à tour tendre, par exemple quand il parle des personnes vieillissantes, nostalgique et même parfois assez sombre au sujet de la disparition du monde rural et de la normalisation de notre société. Mais il peut aussi être drôle comme lorsqu’il raconte la découverte d’une tribu primitive. Il inscrit joliment la nostalgie dans la liste de ses plaisirs en la qualifiant de « fruit délicieux ».



Selon lui, ce roman est un livre pour adultes car l’adulte est à un âge où il commence à s’intéresser autant à ce qui est derrière lui qu’à ce qui est devant. Jolie définition... "Quand nous arrivons à la moitié de notre existence, le balancier s’inverse et la vie antérieure prend plus d’intérêt que le monde à venir."



J’ai trouvé Benoit Duteurtre habile dans ses va-et-vient entre monde de consommation moderne à la communication tout azimut et monde plus authentique et j'ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman qui aborde beaucoup de thèmes essentiels.




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Polémiques

Polemos signifie guerre. Duteurtre s'en va-t-en guerre contre un certain nombre de phénomènes récents-d'aucuns diraient modernes- qui pourissent la vie des citoyens lambda que nous sommes tous. Ainsi Le cycliste envahisseur de tout l'espace public, arrogant ou hargneux, il intimide et oblige à le fuir en lui laissant le passage. Pire il continue son chemin , masqué d'un sourire qui ravale votre protestation de survivant ,face à ses zizags erratiques, au rang d'une attaque incivique,rétrograde et hostile à la planète, contre le seul moyen de transport ou de déplacement qui va partout et n'importe comment, en toute impunité. Pan dans le mille.

Dans le collimateur du piéton militant qu'est Duteurtre, il y a encore les poussettes, qui semblent avoir aussi gagné cette bataille-là en devenant de plus en plus volumineuses et dotées d'accessoires tout terrain. Il faut dire que l'interdiction de fumer dans les lieux publics a beaucoup fait monter la densité de poussettes au mètre carré dans les bars cafés et autres restaurants, sans parler des concerts et vernissages. Les poussettes étant généralement dotées d'occupants égocentriques et brailleurs, le fond sonore de ces lieux de rencontres s'en trouve considérablement modifié.

Un sujet encore chaud est longuement traité: le mariage pour tous. Je n'en déflore pas les détails, pas plus que ne dévoilerai les aspérités du discours duteurtrien dans le concert d'opinions concernant l'énergie nucléaire.

J'avoue:sans être d'accord sur tout, je partage sa réactivité à tout ce qui , au nom du changement, ou du progrès, ou de la nécessaire harmonisation avec le reste du monde américanisé, vient restreindre l'autonomie de penser, ou interdire l'usage tempéré de la raison, ainsi que la possibilité de continuer à jouir d'un certain art de vivre. Et je n'aime pas les impostures ni les escroqueries, ni qu'on nous refile du vieux et du faisandé comme étant du nouveau et du flambant neuf. Alors polémiquons, sans trop en abuser. Réagir à ce qui sort de la radio chaque matin c'est "vitupérer l'époque" comme disait Aragon, ou faire des "considérations intempestives", comme disait Nietzsche.Ou polémiquer, comme dit Duteurtre.
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