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Critiques de Bernard Chambaz (152)
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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

36 auteurs pour autant de nouvelles, illustrés par les dessins de Mako.

36 auteurs engagés, car cet ouvrage polyphonique n'a qu'une seule ligne éditoriale : celle de défendre les services publics, un certain « idéal de solidarité »

concrétisé ici par le train dans la tourmente de cette nouvelle « bataille du rail ».



36 pierres apportées à l'édifice d'une lutte, puisque les droits d'auteurs sont entièrement reversées aux caisses des grévistes contre cette réforme ferroviaire 2018.

À chacun d'en juger la nécessité bien sûr, mais il fallait le préciser, car il ne s'agit pas ici d'un don seulement caritatif, mais profondément politique.



Bien sûr, ces nouvelles sont très différentes, et parfois inégales, mais toutes réussissent la gageure de parler à nous tous, qui avons en commun cet « imaginaire du rail».

Comme Didier Daenincks dont « le sang noir du monde ferroviaire coule dans [s]es veines. »



Lu en juillet 2018.
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Un autre Eden

°°° Rentrée littéraire 2019 #29 °°°



Le point de départ de ce récit est puissant.



Janvier 2016. Martin, le fils de l'auteur, disparu dans un accident de voiture à 16 ans, aurait eu 40 ans … âge auquel Jack London est décédé. Tous deux sont nés en janvier 76, à un siècle de distance. Avec son amoureuse, Bernard Chambaz trace la route à vélo dans les pas du grand Jack, 5000 km de périple entre Etats-Unis et Canada. Mais ils ne sont pas seuls, Martin et Jack, tels deux anges tutélaires, les accompagnent.



Les admirateurs de Jack London ( j'en suis, Martin Eden est mon roman préféré de tous les temps ) plussoieront cette proposition qui s'affranchit des codes poussiéreux de la biographie avec une liberté jouissive tout en offrant mille anecdotes pertinentes pour comprendre ce grand humaniste, ce grand révolté, ce grand aventurier qu'a été Jack London. Quel plaisir de plonger dans les coulisses de la rédaction de Radieuse Aurore, du Talon de fer, de Martin Eden and co !



Les autres seront emportés dans le tourbillon des mille vies de Jack London en plus que celle d'écrivain :  balayeur de jardins publics, menuisier, agriculteur, éleveur de poulets, chasseur de, pilleur d'huîtres, patrouilleur maritimes, blanchisseur, chercheur d'or au Klondike !



Et puis, il y a ces passages où Martin et Jack cheminent ensemble en potes complices : cette amitié imaginaire est solaire, empreinte de poésie, bourrée de tendresse. Qu'elle est belle cette littérature lorsqu'elle devient un autre Eden. Qu'elle est belle cette littérature lorsqu'elle pousse des personnages vers l'assomption. Plus forte que le paradis ! avec elle le deuil s'efface devant la pulsion de vie, même si elle se teinte d'une douce mélancolie. Plus de conditionnel, plus de « si », la littérature comme une aventure où tout est réel, où le fils de l'auteur campe avec Jack et s'amuse à faire des ricochets avec lui.



« Aux morts pour qu'ils vivent. Aux vivants pour qu'ils aiment » nous dit la citation en exergue de Joseph Delteil. Bernard Chambaz ne pouvait pas mieux choisir tant ce récit surprenant, entre introspection et biographie, est perfusé à l'amour et à la vie.



Lu dans le cadre de la Masse critique Babelio de septembre 2019 ( merci ! )
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Vladimir Vladimirovitch

Merci au groupe Flammarion et à Babelio de m’avoir sélectionnée pour cette opération masse critique où je découvre un auteur et un livre qui m’ont beaucoup plu.

.

De mémoire involontaire, deux images m’accompagnent en préambule de lecture. Le bon général Dourakine à l’évocation de l’oncle Andrei, un conteur qui se réfère à l’enfance et le Docteur Jivago pour l’ambiance russe et le manteau neigeux.

Puis cette phrase : « il n’y a pas de raison que les phoques ne récitent pas de prières, mais pas les renoncules ». Est-ce à dire que je doive m’émouvoir des yeux de phoques de Poutine buvant l’échec de l’équipe de hockey à Sotchi lors des jeux olympiques de 2014 plutôt qu’à considérer l’âme vide des essences végétales ? Mais considérer que l’âme de Poutine, même tsariste, née de l’histoire et de la sienne propre n’en fait pas moins celle d’un enfant du pays.

C’est ce que retrace son homonyme, Vladimir Vladimirovitch qui, dans ses cahiers d’école retourne en enfance, justement. Même si la place Répine du nom du peintre a été débaptisée pour cause d’obscures préférences politiques, il n’en demeure pas moins que les Bateliers de la Volga retentissent d’un chant célèbre. Que Vladimir et Vladimir dans cet effet miroir, reflètent l’amour d’un homme pour la Russie.

Mais qui est qui dans ce modèle interchangeable ? De l’ouvrier, du paysan, de l’espion, du Président, et Poutine de revêtir tous les faciès.

On a ici une vue sur la perspective Nevski où l’on circule fenêtres grandes ouvertes et sur l’île Vassilievski où se situe la prestigieuse Université impériale Pierre le Grand. Institution que doit rejoindre Poutine pour y faire des études de droit s’il veut rentrer au KGB et pour réaliser la deuxième condition, il devra aussi se marier.

En attendant, il part l’été pour travailler sur un chantier du Grand Nord, quand on sait que les zeks qui étaient condamnés à construire le Belomorkanal y moururent de faim. On entend les grelots de la troïka, songeant au lourd tribut des serfs mâles et aux Âmes mortes de Gogol.

Vladimir Vladimirovitch, c’est une histoire dans l’histoire, avec des images saisissantes, terrifiantes, que l’archet de Serguei Roldouguine temporise sous l’impulsion des suites de Bach, la une pour Volodka, à moins que Tchaïkovsky, mais de façon certaine l’écriture poétique et captivante de Bernard Chambaz.

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Un autre Eden

Bernard Chambaz fréquente le jardin d’Eden pour composer des herbiers littéraires qui entretiennent, livre après livre, le souvenir de Martin, son fils disparu à l’âge de 16 ans dans un accident de voiture.

Martin Eden, c’est aussi le chef d’œuvre absolu de Jack London, le grand aventurier à l’âme révolutionnaire, auteur de Croc blanc, du Talon de Fer ou de l’Appel de la forêt, mort en 1916, à l’âge de 40 ans.

Deux homonymes poétiques, nés en janvier 76… à un siècle d’intervalle.

A défaut de pouvoir réunir ces destins séparés par plusieurs générations, Bernard Chambaz joue l’entremetteur de mémoires.

Dans « Un autre Eden », il retrace les milles vies de Jack London et glisse des intermèdes imaginaires qui permettent aux deux Martin de faire un peu de covoiturage entre les nuages.

Jack London a toujours eu la bougeotte et pour retrouver sa trace, l’écrivain, accompagné de celle qu’il appelle avec beaucoup de tendresse pendant tout le roman "son amoureuse", se lance dans un voyage en vélo entre les Etats-Unis et le Canada.

Bernard Chambaz nous raconte l’enfance de London et la floraison de ses passions : la lecture, la mer, les bateaux et les voyages.

Le jeune Jack doit très jeune aider sa famille à vivre et il découvre à 13 ans l'usine et les injustices sociales. Privé de paradis, il soufflera toute sa vie sur les braises de la révolte des damnés.

A l’adolescence, il embarque sur des bateaux de pêche et découvre le monde. A ses premiers écrits succèdent des reportages en zone de guerre ou dans les bas-fonds londoniens. Autant de paysages et de rencontres qui inspireront son œuvre.

La gloire littéraire ne tarde pas mais Jack London aura toujours des trous dans les poches. L’aventure est une maîtresse égoïste et il ne sera ni un bon mari, ni le meilleur des pères. Ses rêves de tour du monde en voilier ou de ranch engloutiront son argent et sa vie de famille.

« Un autre Eden » est un voyage romancé et assaisonné par le personnage lui-même, car l’écrivain sut enjoliver sa biographie. On y croise aussi d’autres personnages aux vies iconoclastes: Charmian, écrivain et seconde femme de Jack qui l’accompagna dans ses projets les plus fous, le boxeur Jack Johnson qui fut le premier champion du monde poids lourds noir, ou encore le marathonien de l’espoir contre le cancer, Terry Fox.

Si les chapitres sont aussi courts que l’existence de Jack et de Martin, deux émotions traversent le livre comme Jack London les océans : le deuil en longitude, la liberté en toute latitude.

Une écriture pudique bouleversante accompagne chaque apparition de Martin dans ce roman ainsi que les retrouvailles post-mortem de Jack avec ses deux filles, pour solde de tout compte.

J’ai pris enfin beaucoup de plaisir à parcourir les passerelles construites par l’auteur entre la vie de Jack London et ses romans. Un guide des sources de son inspiration.

Il ne me reste plus qu'à relire pour la cinquième fois Martin Eden.

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Vladimir Vladimirovitch

Lorsqu'on a le même patronyme qu'une personnalité publique, certain noms sont plus difficile à porter que d'autre. Bernard Chambaz en fait le point de départ de ce livre mi fiction, mi biographie. Il choisit de nous présenter une double image de l'Urss et de la Russie à travers deux personnages. Alternant la petite histoire celle de Vladimir Vladimirovitch avec la grande, celle de son célèbre homonyme Poutine, un récit passionnant qui nous plonge dans un pays complexe, en proie à ces éternels démons que Chambaz revisite avec un talent certain. C'est à la fois édifiant mais aussi terriblement passionnant.

Merci chaleureux à Babelio et aux éditions Flammarion pour ce bon moment de lecture.
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Vladimir Vladimirovitch



C’est l’histoire de Vladimir Vladimirovich qui, comble de malchance est l’homonyme de… Vladimir Vladimirovich Poutine qui joue les tsars dans le monde et se répand sur nos écrans, torse-nu à cheval, ou après un éblouissant papillon dans l’eau glacée, vient de pêcher un saumon énorme (que l’on a accroché loin des caméras, au bout de la ligne) quand il ne terrasse pas un adversaire au judo ou plonge en remontant des amphores de l’épave d’un navire échoué depuis longtemps (on remarque au passage qu’elles sont très propres, pas de coquillages accrochés…)



Son dernier exploit, Poutine en deltaplane qui montre aux grues le chemin pour effectuer leur migration saisonnière. Comment faisaient-elles dans les siècles précédents, on ne sait plus, toujours est-il que le Tsar s’est trouvé là à point nommé pour les remettre dans le droit chemin.



En regardant le match de hockey des jeux olympiques de Sotchi, que les Russes perdent alors qu’il était impensable qu’il ne soit pas en finale, Vladimir Vladimirovich est frappé par le regard triste de Poutine, ses yeux de phoque…



Une image de trop ? En tout cas notre Vladimir Vladimirovich Poutine, commun des mortels, machiniste de son métier, commence à ne plus trop supporter cet homonyme et décide de récolter toutes les informations qu’il peut, pour écrire une pseudo-biographie du grand homme.



On connait tous les diminutifs de Vladimir, notre héros va choisir de l’appeler Volodka, en ironisant parfois avec Volodka 1er et cela donne un roman surprenant dans lequel on se laisse entraîner avec plaisir…



Ce que j’en pense :



Il s’agit en fait, de l’histoire de deux destins qui s’entremêlent, à tel point qu’on pourrait se demander qui est qui ? Qui est le double de l’autre ?

L’auteur alterne ainsi les chapitres consacrés à la vie de Vladimir Vladimirovich qui note dans ses petits carnets rouge, noir tout ce qu’il trouve sur le président, collectionnant au passage les coupures de journaux qu’il trouve et les chapitres consacrés à Volodka, avec en toile de fond la nostalgie de l’ex URSS, et ses grandes figures : Staline et ses purges, ses colères, son intolérance à la contradiction qui voit des espions partout et les élimine, le NKVD, qui deviendra KGB rebaptisé FSB (ça fait moins peur), la conquête de l’espace, Gagarine, Eltsine et tant d’autres, les affaires : le Koursk, la prise d’otages dans l’école, dans l’opéra de Moscou.



J’ai bien aimé ce chassé croisé entre les deux destins sur fond de jeux olympiques qui devaient montrer au monde la puissance de la Russie. C’est drôle, cela fait penser aux JO de Berlin à la gloire d’un autre maître du monde en 1936…



Au passage, on trouve des allusions à Gogol qui occupe une place importante dans le roman, et à son manteau « Gogol me tire par la manche » à Pouchkine… ce livre fait montre d’une grande sensibilité vis-à-vis de la Russie, de l’âme Russe, sa culture…



J’ai beaucoup de choses à dire sur ce roman, mais je laisse les lecteurs le découvrir, car il fourmille d’anecdotes, il brocarde l’interprétation des évènements d’Ukraine… et tant d’autres, mais j’avoue que j’ai un peu décroché, du moins mon enthousiasme s’est ralenti, quand Vladimir Vladimirovich évoque Kim Jong-Un qui recherche tous ses homonymes dans son pays en les priant instamment de changer de nom car il ne peut y avoir qu’un Kim…



Là, Volodka commençait franchement à m’énerver, avec ses yeux de phoques et son côté pervers de plus en plus évident et je me suis plus intéressée à la vie de Vladimir Vladimirovich… certains passages m’ont, d’ailleurs, rappelé une anecdote dont on a peu parler dans les médias : lors d’une rencontre au sommet avec Angela Merkel et Hollande pour un éventuel cessez-le-feu en Ukraine, sachant pertinemment que la chancelière avait une peur bleue de chiens, il est arrivé avec molosses en laisse, histoire de la déstabiliser…



Bon moment garanti. Si on cherche une biographie de Poutine, cela met en appétit mais comme le dit le héros avec humour, c’est une pseudo-biographie…



J’aime la Russie, sa littérature, sa culture en général, son histoire (et l’Histoire en général). Je suis russophone, même si j’ai beaucoup oublié, par absence de pratique. Dans ce roman, j’ai retrouvé tout cela et surtout l’envie de découvrir les auteurs russes actuels que je connais très peu, je me suis arrêtée à Soljenitsyne…



Note : 7,6/10




Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Vladimir Vladimirovitch

Je viens de refermer une poupée Russe.

C'est à ça que m'a fait penser ce livre où Bernard Chambaz raconte Vladmir Vladimirovitch Poutine le machiniste qui raconte, lui, Vladimir Vladimirovitch Poutine le Président Russe.

En théâtre ou au cinéma, je qualifierai cette lecture de "comédie dramatique" pour le coté léger et sérieux de cet ouvrage.

L'auteur passe en revu l'histoire de la Russie, et parfois,la Grande Histoire à travers les grands hommes qui ont fait ce pays.

Chambaz nous raconte Vladimir l'homme du peuple, veuf bientôt retraité qui convoite la mystérieuse Galina et qui tient, depuis son arrivée au pouvoir, des cahiers rouge, gris ou noirs qu'il remplit de son écriture et de coupures de presses consacrées à son célèbre homonyme.

Coté "Léger", c'est l'écrivain qui raconte. La petite histoire des gens du peuple, ou la grande par la vision qu'en a le machiniste, au travers d’anecdotes, la conquête spatiale et ses héros avec parfois, la aussi des homonymes anonymes... les jeux de Sotchi avec le récit amusant du parcours de la flamme.

Coté "sombre", là, c'est Vladimir Vladimirovitch qui expose son homonyme, de sa naissance à son ascension au KGB, jusqu'au pouvoir suprême.

Nous faisant découvrir les facettes de ce personnage à travers l'actualité. Du Sous marin Koursk au conflit Ukrainien en passant par les prises d'otages par les Tchétchènes ou l'affaire des Pussy riots...

L'originalité de ce livre est donc dans la narration à deux voix.

Réticent au départ, j'ai finalement beaucoup aimé ce livre et la façon dont il est écrit n'y est certainement pas étrangère.

Je mettrai un petit bémol sur la fin de ce roman, et le dernier chapitre que je serai tenté de relire. Allez savoir pourquoi, je n'ai pas saisi la métaphore exposée... Quelque chose m'aurait-il échappé ?

Et si l'on vient me demander ce que j'en pense me direz-vous ?

Et bien... Lisez... sans hésitations. Lisez, ce livre n'est pas une biographie comme les autres. Le personnage principal peut rebuter, mais Bernard Chambaz à su trouver la manière de nous y intéresser.

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Zoner

Petite promenade historique hors du temps au cœur des bâtiments et rues parisiennes.

L'auteur nous propose ici un tour des boulevards des maréchaux dans le sens antihoraire (sens trigonométrique pour les scientifiques). Et c'est l'impression qui se dégage à la lecture : on remonte le temps, voire on le nie lorsque les quelques rares personnes croisées se parlent sans masque apparemment et que l'on finit cette promenade en choisissant la terrasse d'un café.

Tout cela sent la volonté de préparer un retour à la vocation touristique "normale" de cette métropole mondialisée, même si je pense que nos amis Chinois, Qatari Russes ou Étasuniens préféreront des guides virtuels sur smartphone.

Mais il est vrai que pour un provincial souhaitant se rendre à l'étranger (Paris l'est devenu au fil du temps : voiture quasi interdite, pass ceci, pass cela et bientôt passe-passe sanitaire), cela constitue une jolie plongée historique bon ton et bien écrite.

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Un autre Eden

**acquis à sa publication, en septembre 2019- Lu par étapes jusqu ‘à ce 21 juin 2020 ! J'ai fait, sans le vouloir, le bon choix du temps et de la lenteur, pour savourer toute la qualité de ce très beau

texte. Livre dense et prodigue en informations et en émotions !



« Aux morts pour qu'ils vivent. Aux vivants pour qu'ils aiment « …



Un récit doublement émotionnant car Bernard Chambaz, tout en exprimant tout son attachement admiratif, inconditionnel pour l'écrivain-voyageur, casse-cou rebelle, Jack London , associe son

jeune fils perdu prématurément à 19 ans, qu'il n'a évidemment pas nommé par hasard , Martin [cf. Martin Eden ]

Il n'y a plus d'absents ni de morts, il n'existe que les gens aimés, adorés, « vénérés »… tel ce couple insolite qui va de pair, côte à côte,formé par Jack London et le fils cadet de Bernard Chambaz, Martin…



"Après cette traversée, je me suis senti encore plus proche de Jack London grâce au patronage de Martin, qui aura été notre go-between.

Ils m'auront démontré l'amplitude du monde. J'ai marché à leur côté, légèrement en retrait, j'ai tenté d'accorder mon pas au leur, avec

l'illusion d'être à l'unisson de Jack, un peu au large, comme si je flottais dans sa robe de feuilles de cocotier. Je les ai suivis avec passion.



Il est temps de leur adresser un ultime salut. Et je voudrais leur dire à mon tour que j'aime beaucoup "la tendresse timide de [leur ] coeur forcené." (p. 338)



Un roman intimiste, impression renforcée par le choix narratif de

Bernard Chambaz qui narre les doubles parcours de London et de son

fils, en s'adressant à eux en les tutoyant…



« Faute de mieux, elle se tourne vers le spiritisme. Flora [la mère ] est persuadée qu'elle a le don de communiquer avec les morts et elle aura l'intuition que, somme toute, Jack ne fait pas autre chose avec les histoires qu'il écrit. « (p. 26)



Premier texte lu de cet auteur, écrit précieux à plus d'un titre, nous offrant , en noyau central, une Re-visite personnelle et détaillée de

l'oeuvre et du parcours humain, social, intellectuel de Jack London ;

écrivain engagé, jusqu'au-boutiste, me laissant chaque fois , tout aussi captivée et « époustouflée »…En lignes parallèles, de vibrants souvenirs

et évocations du fils cadet de Bernard Chambaz, Martin, décédé dans sa 19e année… Cela aurait pu être larmoyant, mais l'ensemble possède une grâce, une lumière, une sorte d'harmonie…



Je ne rentrerai pas dans les détails, tant l'existence de J. London déborde de partout !!!

J'ai toutefois appris qu'Emma Goldman, féministe libertaire, fera connaître à son ami, Jack London, l'oeuvre de la poétesse d'Emily Dickinson….



Le récit de B. Chambaz nous rappelle à quel point London était visionnaire en tout, et ne supportait pas la misère et les iniquités criantes induites par le système capitaliste…



« Comme d'habitude Jack apprend vite. Il participe aux débats, il n'a pas peur des mots, il écoute, il intervient, il prend la plume, c'est son truc, il pourfend un système qui génère des gagnants et des perdants. Tant qu'à faire, il prône des mesures évidentes : diminuer la durée de la semaine de travail, dégager des moyens pour l'éducation, interdire le travail des enfants et, voyant son père affaibli, les poumons ratatinés, instaurer une retraite pour les vieux. (p. 99)”



***Cela ravive mon envie de revoir, admirer un autre talent indéniable de

l'écrivain- reporter: ses photographies....

Merci à Bernard Chambaz pour ce texte plein de sensibilité, de richesses humaines et littéraires !!



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Cent ans passent comme un jour : Cinquante-..

J'ai trouvé ce recueil ( publié en 1997) dans une boutique de livres d'occasion. le titre est bien sûr une citation d'Aragon, puisqu'il s'agit, Marie Etienne nous l'explique dans la préface, d'écrire autour de lui: " Jouons avec vos mots, faisons les nôtres ". Je pense que cette démarche aurait plu au poète, qui dédiait souvent ses textes à d'autres auteurs. Et c'est aussi un clin d'oeil à ce centenaire écoulé depuis sa naissance, en 1897.



Cinquante-six poètes ont donc participé à cet écho collectif aux mots d'Aragon, qui apparaissent en italiques, mais ne sont pas toujours utilisés, chacun faisant ricocher à sa façon son ressenti aragonien.



Le mien est mitigé : certains textes, notamment ceux de Xavier Bordes , de Martine Broda, de Nedim Gürsel ( un auteur turc que je ne connaissais pas, une biographie est heureusement donnée à la fin), m'ont beaucoup plu. Par contre, pour d'autres, soit je les ai trouvés hermétiques, soit ils m'ont paru bien éloignés du sujet, ou sans intérêt.



C'était prévisible car confier à tant d'auteurs ce " jeu" donne forcément un résultat hétéroclite. On trouve un extrait de pièce de théâtre, de la prose qui ressemble à un journal intime, mais évidemment surtout des poèmes. C'est original, déroutant car manquant d'unité. A tenter, peut-être...



Je conclurai avec ces mots d'Andrée Chedid:



" Des incendies de l'Histoire

de l'absence enténébrée

Emerge la voix d'Aragon

Sacre de l'avenir et de la parole

Evoquant Paris son Paris

Notre ville

Sa poésie"
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Le pardon aux oiseaux

Dans cette seconde moitié du XIXe siècle, Marius et son pote sont partis tenter leur chance en Australie, un peu aussi pour vérifier que là-bas on ne marche pas la tête en bas. Mais hélas la mère est morte, le père consent alors a envoyé ses deux fils dans l'hémisphère sud prévenir l'aîné. Un grand voyage ou se produira bien des rencontres, ou le cheminement intérieur est tout aussi important que le trajet.

Même si c'est un livre dans lequel je suis rentré facilement, je ne peux pas dire que celui-ci m'ait intéressé particulièrement. L'écriture m'a gardé à distance, comme si j'observais la scène de loin.

J’ai pris bien peu de plaisir lors de cette lecture … Et puis c'est vraiment j'avoue : je venais d'aller chercher le tome deux de "la fraternité du Panca" de Pierre Bordage et je n'avais qu'une hâte : le commencer.

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La peau du dos

Auguste Renoir peint tandis que le journaliste Raoul Rigault fuit la police de Napoléon III. Une rencontre de hasard et d'entraide. Les ingrédients étaient pourtant là : Renoir, la commune, la belle écriture de Chambaz. Eh bien je suis restée en lisière tout le long de la lecture. Je mets la faute sur mon état d'esprit du moment et non sur la qualité du texte.
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Vladimir Vladimirovitch

Vladimir Vladimirovitch, c'est le prénom du president russe. C'est aussi celui du double fictionnel imaginé par Bernard Chambaz. Un quidam russe qui vit plutôt mal la sulfureuse célébrité de son homonyme, sorti de l'anonymat fin 1999 pour remplacer un Boris Eltsine vieillissant et alcoolique.

Sur cette base deux voies s'ouvraient au romancier qu'il a le tort de vouloir explorer l'une et l'autre.

La première est celle du "double". Comment vit-on la soudaine célébrité de son homonyme ? J'avais au collège parmi mes camarades un Patrick Sabatier et je me souviens les blagues méchantes et repetitives dont il était victime. J'ai parmi mes élèves un Ayrault que je n'arrive pas à ne pas appeler Jean-Marc. On s'étonne que le sujet n'ait guère été exploité par le cinéma ou par la litterature - à l'exception peut être du Patrick Chirac de "Camping".

La seconde voie est celle de la biographie romancée du président russe. Comment un obscur KGBiste devient-il brusquement premier ministre puis Tsar de toutes les russies ? C'est ce roman là que Bernard Chambaz réussit le mieux. Décrivant le regard triste et les yeux de phoque du président Poutine, il nous le rend proche. Très bien documenté, comme le sont les livres de Emmanuel Carrere, "Vladimir Vladimirovitch" est tissé de mille et une anecdotes instructives sur le président.

Hélas Chambaz échoue totalement à nous rendre sympathique l'autre Vladimir Vladimirovitch. Si bien que la lecture des pages qui lui sont consacrés devient vite pénible. Et le lecteur de regretter de ne pas passer plus de temps avec le président Poutine.
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Une histoire vivante des ouvriers

Redonner un visage sinon la parole aux ouvrières et aux ouvriers, valoriser les ateliers, les usines, les gestes, les outils, les machines, revenir sur les temps forts et les temps faibles, tel est le propos d'Une histoire vivante des ouvriers de Bernard Chambaz.

Ce beau livre réactive nos souvenirs que ce soit à travers des noms associés à jamais à des luttes ouvrières, à travers des films ou des livres et en s'appuyant sur les photos du fonds Gamma/Rapho.

L'ambition de l'auteur est aussi de démontrer que les ouvriers sont bel et bien là dans la société actuelle et que leur effacement n'est pas une disparition. Ce sont les formes du travail qui ont changé.



Egoutiers, mineurs, ramoneurs, cheminots, ouvriers chez Citroën, dédiés aux travaux de décontamination, ils sont représentés sur leurs lieux de travail mais aussi en dehors dans un parc d'attraction en Angleterre, dans un camping l'été, dans un match de foot.

Aux moments de légèreté, succèdent les moments de colère (avec les grèves) et d'abattement (démantèlement d'usine), le tout peignant une histoire vivante des ouvriers de 1900 à nos jours.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ma plus-que-reine

tu es" ma-plus-que-reine à tout jamais"...



Voilà une anthologie établie par l'auteur lui-même , qui réunit les poèmes d'amour dédiés a sa femme, Anne. Les derniers textes, extraits du recueil " Coda" , sont particulièrement touchants, car ils évoquent la maladie et la mort de celle qu'il aime.



Mais n'allez pas croire que Bernard Chambaz donne une dimension élégiaque à ce livre. Non, il célèbre au contraire la merveille de toutes ces années ensemble, la sensualité solaire de leur relation, l'étonnement aussi de cet amour intact, préservé, malgré la vieillesse qui arrive:



" ta peau sous mes mains mes lèvres ma peau

et c'est merveilleux qu'à notre âge

on ait toujours autant de plaisir

et de fureur"



Les textes sont variés par la forme: courts, longs, en prose mais ont tous en commun une fantaisie, un charme uniques. Qu'il convoque Desnos ou Apollinaire , il sait nous émouvoir et nous faire sourire à la fois:



" nous n'avons plus qu'à lui tirer

notre chapeau lui dire

qu'il n'a pas aimé

pour rien

qu'on l'a lu le lit le lira

longtemps longtemps

même à chwal

et pas seulement en prose

lui dire que son fouet on s'en fout

qu'il est plus grand-lui-Apollinaire -que ses fantômes

ou ses lubies"



Les mots roulent et se goûtent, témoins d'un amour intense et flambant, libre. Je conclurai avec ceux-ci, si sensuels et inspirés :



" Tu me donnes un amour d'immortelle: intuition de soleil, saveur de groseille sucrée, vagabonder, rouler dans les prairies d'eldeweiss, aimer, sous une voûte où les nuages sont des herbes fleuries ( herboriser).













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Un autre Eden

Un autre Éden est le premier livre de Bernard Chambaz que je lis.

Quel coup de coeur !

Tout au long de ce roman tenant de l'introspection, de la biographie et de la fiction, il règne une empathie, une douce mélancolie , un chaloupement des émotions qui nous emmènent sur les chemins de la planète avec Jack London.Mais le tour de force de Bernard Chambaz est de faire plus qu'une biographie. Il va convoquer à cette biographie son fils Martin , son amoureuse et lui même.

Et la biographie ( le voyage ?) va se dérouler à trois voix :

La voix de Bernard Chambaz et de son amoureuse. Lui en vélo, elle en voiture se lancent dans la traversée du Canada d'Ouest en Est dans certains pas de Jack London.

La voix de Martin , le fils décédé accidentellement en 1976

La voix de Jack London nous racontant ses voyages , ses amours, ses combats, sa littérature .

La disparition de son fils Martin hante l'oeuvre de Bernard Chambaz.

Le verbe hanter n'est pas le bon . La disparition de Martin accompagne les livres de Bernard Chambaz. Qu'aurait était Martin aujourd'hui alors qu'il aurait 40 ans.

Ce fils , ce garçon disparu à 16 ans et qu'il appelle plus qu'affectueusement "Martin pêcheur Ce fils , Martin né en janvier 1976, cent ans mois pour mois après Jack London... et Jack London qui écrit l'un de ses plus beaux livre de voyage :Martin Éden

Le lien, le fil qui relie Bernard Chambaz, Martin, Jack London est là.

Ce fil qui va unir tous les chapitres du livre.

A premier abord le roman est destructuré. On passe volontiers de la ballade à vélo au Canada, à un discours imaginaire entre Jack London et Martin,pour terminer en 1910 à Klondike avec les chercheurs d'or.

J'ai eu la tentation au début de la lecture , d'aller sur Internet pour en apprendre plus sur Jack London.

Puis j'ai abandonné et je me suis laissé bercer par le rythme du roman de Bernard Chambaz.

Je suis rentré dans ce labyrinthe des 3 voix qui a donné vie à un puzzle entre réalité et imaginaire.

C'est dans ces interstices entre la réalité et l'imaginaire qu'Un autre Éden apparaît.

Et comme le dit Bernard Chambaz en parlant de Jack et Martin :Je voudrais leur dire à mon tour que j'aime beaucoup la tendresse timide de leur coeur forcené .

C'est cette même tendresse timide qui irrigue ce roman et nous dit l'amour que porte Bernard Chambaz à son petit martin- pêcheur qui s'est envolé.

Et avant de refermer ce roman, revenons à son exergue : Aux morts pour qu'ils vivent. Aux vivants pour qu'ils aiment.

Définitivement sous le charme!
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À tombeau ouvert



Dans son nouveau roman, Bernard Chambaz nous livre une réflexion sur la vitesse autour de l'exression "rouler à tombeau ouvert". à travers la vie et la carrière 'd’Ayrton Senna, et sonde le lien étroit entre la. mort et vitesse, sur la mort.



Mais Chambaz ne s'arrête pas seulement à la vie de Senna : l'auteur mêle souvenirs personnels- son fils est mort à deux ans dans un accident de la route et rencontre posthumes convoque les témoignages d’un Juan Manuel Fangio ou d’un Jules Bianchi qu'il imagine avec d'autres coureurs automobiles sacrifiés sous l'autel de la vitesse.



Un propos interessant sur ces pilotes qui ont payé tribut de leur passion, mais si pour les fans de F1 ce livre doit être passionnant, les autres- comme moi pourront traiter l'ensemble restant trop à la surface des choses..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un autre Eden

Un homme se trouve aux États-Unis, avec son amoureuse comme il l’a nomme, sur les traces de son fils décédé et qui est né, à quelques jours près avec 100 ans d’écart, le même jour que Jack London. Ils les imagine se côtoyant. Pas toujours facile de savoir de qui parle le narrateur. C’est froid, sans émotion. Un Jack London aventurier, certes, mais aussi ses déboires amoureux et ses maladies. Après cette lecture, il me paraît moins sympathique que dans mon imaginaire. J’avais adoré Dernières nouvelles du martin-pêcheur qui, aussi, décrivait la disparition de son fils.
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Un autre Eden

Bernard Chambaz nous propose un bon roman d’aventure avec pour compagnons de route deux Martin, tous deux nés en janvier à quelques jours près et à cent ans d’intervalle. L’un son fils Martin qui aurait 40 ans et l’autre Jack London qui est mort à 40 ans.

L’auteur vous fait une place sur son porte bagage, car c’est en vélo qu’il nous emporte sur la vie de Jack London. Attention la route peut être longue car au fil de la lecture, l’envie de se replonger dans les écrits de London est présente, mais j’ai résisté car la vie de Jack London a elle seule est un roman d’aventure.

J’ai passé un très bon moment malgré quelques longueurs, c’est un très bon livre pour découvrir la vie et l’œuvre de Jack London et l’écriture, le goût de l’aventure de Bernard Chambaz.

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Petite philosophie du vélo

Après m'être mise dans la roue d'Eben Weiss pour "Bike Snob", j'ai changé de braquet pour suivre Bernard Chambaz, à l'assaut des sommets de la pensée cyclo-philosophique.



Une différence fondamentale sépare ces deux auteurs: pour l'un,c'est John Kemp Starley, (neveu de James Starley, inventeur du Grand-Bi) qui inventa la première bicyclette de sécurité, avec transmission par chaine, en 1887.



Pour l'autre, le génie s'appelle Pierre Michaux, serrurier et inventeur du pédalier en 1861, et c'est lui qui créa un engouement populaire pour les déplacements vélocipédiques avec ses Michaudines.



Mais là n'est pas la vraie question. La vraie question est: "faites vous de la bicyclette ou du vélo?"

Pour ma part, je suis 100% à bicyclette, sans cuissardes, ni compteur, ni maillot fluo, rebutée par les pelotons, la compétition, les chronos et la caravane du Tour de France.



Je suis pédaleuse de ville ou de campagne, de bois, de chemins, de plage, de shopping, de marchés, de départementales. De randonnée aussi, longeant les côtes du Finistère ou grimpant l'inaccessible Connor Pass pour découvrir Dingle au soleil couchant.



De ces deux lectures, il ressort que le cycliste avance dans la vie à une allure différente, qu'il doit s'attendre à tout moment à se casser la figure, qu'il doit rester stoïque quand il découvre que seule sa roue avant est restée accrochée avec l'antivol au lampadaire, et que pédaler ne rend ni plus beau ni plus intelligent, mais qu'à défaut de pouvoir décoller, la bécane peut nous conduire sur les chemins ardus de la philosophie.



La philo par le vélo, vous pouvez commencer les révisions du bac, c'est de saison!
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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