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Citations de Bernard Clavel (753)


Ce paysage est beaucoup plus qu'un paysage ; il est un monde où nous trouvons autant à lire dans ce qui est invisible que dans ce qui est écrit clairement.
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Ils avaient atteint une partie de la forêt plus clairsemée, juste avant la limite où elle mordait sur le replat. Ici, dominaient les charmes et les chênes encore feuillés, et le charretier fit quelques pas le long de l’arête pour gagner une roche nue d’où il pouvait voir vers le bas. Cette étendue de brume l’attirait.
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Je suis fille de Comté Franche
Dans ma clairière chante l'oiseau
L'oiseau fait s'incliner la branche...
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La charrette franchit le pont du Doubs et commença de monter le chemin de la Bedugue. A mi-hauteur, la bête ralentit et repris d'elle-même le pas. Le bruit des roues se fit moins fort. La terre battue aux ornières profondes avait succédé aux pavés du pont et à l'empierrage de ce début de chemin.
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-- Fais comme tu veux, maudit chien ! Tu
nous feras crever, dans ton aventure de fous !

-- Gueule donc ! ça réchauffe !
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Il faut beaucoup de temps pour effacer les laideurs apportées par les hommes. Les blancs viennent certainement des contrées où l'on a oublié que la terre est la mère de tout et que sans elle les hommes comme les animaux vont mourir. Ce qui est important, ce n'est pas que la terre contienne des richesses au fond de sa nuit, ce qui compte, c'est qu'elle nourrisse et abreuve les plantes, c'est qu'elle porte les bêtes nécessaires à la vie des hommes. Ce qui est essentiel, ce sont les rivières où coule le sang de la taïga. Ces rivières que les hommes du Sud voudraient enfermer dans les prisons de ciment. Comme si on pouvait enfermer le vent. Comme si on pouvait enfermer l'âme de la terre.
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La mort dans la taïga est douce à ceux dont les os s'enfoncent lentement dans son sol spongieux. Ils nourriront les mousses et les lichens. Leur âme montera dans le coeur des épinettes où ils vivront la vraie vie. Celle du silence. Celle dont rien ne vient troubler la nuit.
Et les étoiles du ciel d'hiver s'accrochent aux branches où luisent les larmes pétrifiées des âmes mortes.
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[...] ... - "Vous êtes des fumiers !" grogne Serge. "Tirez-vous et bouclez-la, sinon ça pourrait faire mal aussi !"

Sa main droite vient de sortir de de derrière son dos. Il descend les deux marches. Quelque chose brille. Le couteau. Il lève le bras. Robert recule. Le goût amer est dans sa bouche. Serge passe devant lui et lui montre la lame, puis il marche vers Gilberte qui recule à son tour.

- "Tu entends," dit-il. "Toi aussi, la pécore. Occupe-toi de tes vaches et de ton fumier, et boucle-la, sinon gare à tes tripes."

Sa voix est lointaine à cause du bâillon. Elle fait mal pourtant.

Robert est demeuré interdit quelques secondes. Le goût, le goût amer dans sa bouche ... sa gorge qui se noue.

Et puis, soudain, il ne se commande plus. Son corps lui échappe. Il se met à agir sans lui ... C'est effrayant : il est un autre ... il se regarde agir.

Il s'est baissé, sa main a trouvé tout de suite l'objet que le pied de Gilberte a heurté tout à l'heure. Il se redresse, son bras se lève et il marche sur Serge. Serge fait un pas de côté et lui aussi lève le bras. La lune éclaire tout le coteau derrière lui. La lame brille. Elle tremble un peu.

- "Laissez tomber ! Laissez tomber !" crie Robert. "Vous êtes des salauds !

- Tais-toi, je te plante !"

Serge s'avance lentement.

Le bras de Robert tourne. Il y a comme un sifflement pareil à celui du vent qui se déchire sur le pignon de la ferme.

- "Vous êtes fous !" hurle Christophe qui se précipite et s'arrête net, à un pas de Serge.

Le bras de Robert a achevé son cercle. Au bout du sifflement, il y a eu un choc, pas très fort, comme un coup de pioche dans une terre dure.

Serge est saoul, il est debout, ses genoux fléchissent. Il va tomber en arrière ... non, il penche en avant ... son corps se casse et il tombe lourdement, puis il roule sur le côté et ne bouge plus

Personne ne bouge.

La barre de fer est très lourde au bout du bras de Robert. Sa main s'ouvre. La barre tombe, la pointe en avant. ... [...]
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La vieillesse et la maladie s'entendent à merveille pour faire de nous des ombres de ce que nous avons été.
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- Mais nom de Dieu, quand est-ce que les ouvriers comprendront qu'il faut tordre le cou au paternalisme! Quand est-ce qu'ils comprendront que le plus dangereux pour eux c'est le patron bon enfant, le patron qui paye l'apéro de temps en temps et qui blague avec vous. Et ils s'y laissent prendre, et ils marchent comme des benêts. Ils ne comprendront donc jamais qu'ils est impossible d'être copain avec un patron sans finir par être sa victime!
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Le vent avait élimé par endroits le rideau gris du ciel. Un soleil tamisé désignait d’un rayon hésitant un point lointain sur la masse sombre de la forêt.
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Ils ont mangé tous les trois et le patron s'est attardé une bonne demi-heure devant son café arrosé. Il est parti à regret en déclarant :
- Toi, mon gars, t'as foutu la révolution dans le veux Lyon. C'est temps que tu t'en ailles, sinon, on va tous boulotter des briques d'ici peu. Personne fout plus rien !

L'après-midi a filé très vite. Tous les habitués sont arrivés de bonne heure pour se lancer dans de grandes discussions. Le boulanger a apporté son atlas. Ils se sont longuement penchés sur les cartes. D'un doigt qui connaît, Freddy leur a montré le chemin.
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Il avait lu, dans une revue, que lorsqu'un rossignol chante, les hommes ne perçoivent pas les plus belles notes de son chant. Et bien, lui, Antoine, chef tambour de la Marinière, il était comme les rossignols ; ce qu'il avait de plus beau à dire, les hommes ne pouvaient pas l'entendre. Alors, il se le disait à lui tout seul, dans sa tête. Ou bien il le confiait à Suzette, sa chienne, lorsqu'il se trouvait seul avec elle.
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Quatre jours passent encore après la fin de la bourrasque. Le froid a serré d'un coup. Il tient le Royaume du Nord sous sa griffe d'acier. Il est d'un bleu très pur avec des reflets presque émeraude, avec des aubes et des crépuscules de sang, avec de la cendre violette partout sur la taïga où le blanc ne domine pas. Dans les nuits, il serre encore plus fort. Il devient noir et argent. Même sa voix est métallique. Il est d'une terrible solidité et pourtant, tellement tendu, tellement effilé qu'on le croirait constamment prêt à se rompre.
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Il y eut encore des hésitations, des reculs du soleil, mais, très vite, ce fut le triomphe de la lumière. Plus rouge de minute en minute, le ciel s'éleva, haussant ses nuages comme si le soleil eût soudain décidé d'imiter le vent et de rebrousser chemin.
Jacques dut lutter contre une envie soudaine de courir à travers près et vignobles à la rencontre de la lumière. Il se vit d'un coup immense, écartant les bras et embrassant tout cet immense horizon. Il se vit couché sur cette terre, et la prenant à bras-le-corps, l'étreignant comme une femme.
Face à cette averse de feu, face à ce vent qui arrivait enfin jusqu'à lui, il respira profondément. Ce soir était comme un matin d'espoir, comme l'aube d'un jour qui promettait monts et merveilles. Il y avait, dans cet instant, la manifestation d'une force secrète, mystérieuse, dispensant à la fois l'angoisse et l'espérance.
Il avait suffi de ce retour du vent pour que la journée se métamorphose au seuil de la nuit. Et le monde soulagé respirait. On le sentait en observant la plaine où tout recommençait de vivre. On l'entendait en écoutant la forêt qui chantait comme jamais Jacques ne l'avait entendue chanter.
Car derrière lui aussi cette aube du soir continuait son chemin. Et le vent s'engouffrait dans la reculée. Il l'emplissait de sa vie tumultueuse. Il débordait enfin sur le plateau où on l'entendait reprendre sa course et chercher son souffle avant de s'élancer à l'assaut des montagnes.
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La ville dort, et la lune ronde, énorme dans un ciel clouté d'or, la contemple du même regard glacé qu'elle pose sur le reste du monde.
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Deux chats se vautrent sur la table. Assis à côté d'eux, Tosca regarde sa maîtresse comme si elle buvait ses paroles. Une larme qu'elle ne peut retenir roule sur la joue de la Guinguette :
- Toi, ma toute noire, tu sens ce qui vient....Mais t'as treize ans passés. T'es plus pour longtemps sur cette terre de chien !
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Les hommes qui arrivent sont trois, dans la trentaine. Ils parlent haut. Ce sont des chapeliers. Ceux qu'on nomme approprieurs. Ils prennent les peaux de castor quand elles arrivent du Canada, les lavent à grande eau, les pétrissent et les brossent jusqu'à les rendre aussi souples que du velours. Besogne très dure.
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L'odeur ici est particulière. Les ateliers, qu'on évite d'aérer pour préserver les soieries des variations de température et d'humidité, puent un mélange d'huile mécanique, de cire, de teinture, de soie, de cuisine pauvre et de sueur.
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Se tournant vers le commandant, le calfat dit simplement :

-- Du papier... Le fond, c'est du papier, commandant.

-- Est-ce qu'on peut calfater ?

-- On peut essayer, mais ça ne tiendra pas.

Le commandant se redressa lentement. Une masse énorme courbait ses épaules. Une masse invisible, mais dont chacun pouvait sentir qu'elle l'écrasait.
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