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Critiques de Doris Lessing (528)
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L'amour, encore

Voilà longtemps que je voulais découvrir l’œuvre de Doris Lessing. J’ai emprunté L'amour, encore car c’était le seul livre disponible de l’emblématique féministe, lauréate du prix Nobel de Littérature, dans la bibliothèque de mon village.

Cette première expérience s’est révélée très décevante pour moi.

Le style manque de fluidité et l’histoire traine en longueurs, je me suis tout simplement ennuyée. Ensuite, l’amertume et la tristesse qui habitent Sarah, une femme d’âge mur confrontée pour la dernière fois aux ravages de l’amour et du désir, m’a laissée complètement indifférente. Je n’ai éprouvé aucune empathie envers elle, tout est trop sec, distancié. Pourtant quel beau sujet, celui d’une femme au crépuscule de sa vie, encore belle, qui monte un spectacle sur une artiste méconnue du début du siècle dernier, Julie. Le parallèle entre la vie de ces deux femmes était une bonne idée de départ mais je me suis finalement plus intéressée à Julie qu’à Sarah.

Doris Lessing analyse avec finesse les rapports amoureux ou sociaux et surtout la manière dont les comportements amoureux des femmes sont modelés à travers les âges par la société, mais un roman ne doit pas être une longue démonstration et porter dans un souffle ses personnages.



L'amour, encore, oui, mais pas comme ça.

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Le cinquième enfant

Banlieue de Londres, David et Harriet, jeune couple désirant plein d'enfants. Ils achètent une maison un peu trop grande (mais le père de David va les aider), une maison que la famille et les cousins investissent pendant les vacances (mais Dorothy, la mère d'Harriet vient aider).



L'atroce cinquième grossesse annonce la naissance du monstre, chromosome néandertalien, Ben au regard glacial mais pour qui se battra sa mère, quitte à menacer la vie de la famille.



Passionnante écriture de Doris Lessing qui donnerait presque l'impression que ça sent le vécu.

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Le cinquième enfant

Superbe lecture ! Le sujet n'en est pas moins difficile.

Harriet et David vont se rencontrer à une fête d'entreprise. Très rapidement, ils vont décider de se marier et d'avoir beaucoup d'enfants. Dans un premier temps, ils vont acheter une très grande maison. Mais Harriet devra arrêter de travailler très rapidement car elle va tomber enceinte de leur premier enfant. Ne pouvant subvenir en totalité à leurs besoins, ils seront aidés financièrement par James, le père de David. Les grossesses s'enchaînent et la maison devient la maison du bonheur. La famille et les amis prennent l'habitude de venir plusieurs fois par an, pendant de nombreuses semaines. Harriet, épuisée par ses grossesses, se fait aider par sa mère. Après la quatrième grossesse, Harriet et David souhaitent faire une pause. Cependant, Harriet va tomber enceinte une nouvelle fois, sans l'avoir voulu. Très vite, elle va se rendre compte que cela ne se passe pas comme d'habitude. Le fœtus est très actif et lui fait mal en permanence. Elle va se prendre d'aversion envers cet intrus. La naissance n'améliorera pas les choses. Le bébé est difficile, associal et ressemble à un troll. Le médecin ne lui trouve pourtant rien d'anormal. La famille, les amis, vont se détourner rapidement de Ben lorsqu'il leur aura été présenté. Les visites vont s'espacer et les relations au sein de la famille vont se dégrader.

Doris Lessing aborde le sujet de l'arrivée d'un enfant différent avec tous les problèmes que cela engendre : rejet, culpabilité, manque d'attention vis à vis des aînés, absence d'établissements adaptés pour ces cas...

Je vais maintenant m'empresser d'essayer de trouver la suite...
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Les Grand-mères

Les grand-mères est un roman que je voulais lire depuis un petit moment et je ne suis pas déçue. C'est l'histoire de deux femmes Roz et Lil qui sont amies depuis l'enfance et on toute deux un fils. A l'adolescence de ces derniers, chacune va avoir des relations sexuelles avec le fils de l'autre. Un peu tordu comme scénario, mais très efficace car on se laisse vite prendre au jeu, on se demande jusqu'où vont-elle aller.



Doris Lessing écrit ce roman avec beaucoup de légèreté et au final le lecteur n'est jamais choqué, jamais outré. Tout est écrit avec pudeur et puis au final avec humour.



C'est un roman court, qui se lit en une heure. Il a fait l'objet d'une adaptation au cinéma et je suis curieuse de voir ce que ça peut donner sur grand écran.


Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Filles impertinentes

Dans ce récit autobiographique très sensible, Doris Lessing évoque sa jeunesse dans une famille de la « middle class » britannique du début du 20 ème siècle.

Son père a survécu à la guerre de 1914, mais y a perdu une jambe.

Sa mère est obsédée par le maintien de son statut social et n’a qu’une crainte, qu’elle ou ses enfants vivent une forme de déclassement.

La famille habite d’abord en Perse où le père a un poste important dans le secteur du pétrole ; ensuite direction l’Afrique Australe où Doris va découvrir un monde fabuleux et sera passionnée par la nature africaine.

Le récit est court mais très dense, c’est une évocation très intéressante de la société britannique du début du 20 ème siècle avec ses préjugés, ses duretés et ses hypocrisies.

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Le cinquième enfant

ce roman fait partie de ceux qu'on n'oublie pas; la présence d'un enfant différent au sein d'une famille jusque là sans histoire va faire exploser le cadre des relations. Une mère affectueuse devient pleine d'angoisse et de haine, un père exemplaire traite son fils comme une bête sauvage, un enfant devient violent, asocial et criminel.

Et pourtant nous sommes fascinés par le destin de cette créature souffrante, qui ne trouve sa place nulle part. Il ne trouve que la mort, après des années d'exclusion et d'exil

"Frères humains qui après nous vivez, N'ayez les coeurs contre nous endurcis.....De notre mal, personne ne s'en rie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!"
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Le cinquième enfant

Henriette et David travaillent les deux dans la même société. Même personnalité un peu insipide, même valeurs, même désirs pour l'avenir. Leur histoire avance vite. Ils aménagent ensemble et très rapidement Henriette tombe enceinte. C'est parfait : c'est qu'ils en veulent des enfants, au moins 6. Mais ils s'arrêteront au 5e enfant. Et pour cause. Ce 5e enfant est loin d'être un poupon gentil et doux. Il est à la limite de la sociopathie. Lessing dresse un portrait judicieux d'une lente descente aux Enfers. Un court roman, mais qui frappe l'esprit et qui est très dense, malgré le peu de pages. Une lecture marquante, troublante.
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Victoria et les Staveney

Il s'agit d'un roman très court (150 "petites" pages rédigées en assez gros caractères) qui se lit d'autant plus vite que le style de Doris Lessing est fluide et efficace. Elle nous raconte l'histoire de Victoria, une jeune femme noire qui a eu une enfance difficile et qui se voit "dérober" sa fille par la famille du père, un homme blanc : la fillette est accueillie à bras ouverts par cette famille d'artistes aisés qui lui offre des opportunités que sa mère ne pourrait jamais lui offrir (cadre de vie, études, culture, etc). Le roman se termine sur Victoria qui se résigne à voir sa fille s'éloigner d'elle peu à peu, pour son bien.





A travers Victoria et les Staveney, l'auteur dénonce le racisme persistant d'une société qui se veut pourtant tolérante et égalitaire, mais si le message du roman est extrêmement touchant, le texte en lui même ne m'a pas enthousiasmée plus que ça car tout se passe trop vite à mon goût et les années filent en quelques pages...
Lien : http://lecturesdestephanie.b..
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Alfred et Emily

Dans la première partie du livre, Doris Lessing choisit de détourner la vie de ses parents, de la rendre plus belle, plus normale. C'est une idée originale. Elle veut leur rendre une jeunesse qui n'a pas été abîmée par la grande guerre.

C'est ainsi qu'Alfred ne se verra pas affublé d'une jambe de bois et qu'Emily, après avoir vécu une vie d'infirmière, épousera un grand chirurgien sans pour cela éprouver un grand bonheur.

Dans la deuxième partie du livre, on retrouve les vrais personnages avec leur vraie vie, très dure.

J'ai été quelque peu déçue par la froideur de la deuxième partie comme si l'auteure se parait d'un bouclier, se réfugiait derrière des faits.

Pour le style, dans la partie romancée, il est en effet remarquable pour ses répétitions de paragraphes, sans doute, pour nous le faire entrer dans la tête.

Doris Lessing me laissera un sentiment mitigé.



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Victoria et les Staveney

Victoria est un jeune fille de neuf ans. Elle est hébergée par sa tante malade, c'est sa seule famille. Un jour, sa tante doit se rendre d'urgence à l'hôpital pour des soins durant quelques jours. C'est là qu'elle fera la connaissance d'une riche famille, les Staveney. Le souvenir de cette rencontre restera intacte tout au long de sa vie.

C'est ainsi que devenue une jeune femme, elle fréquente le plus jeune des Staveney. De leur relation naîtra une fille métisse, Mary. Mais Victoria n'a pas souhaité en informer le père pour l'instant.

Elle reprend le cours de sa vie et fait bientôt la rencontre de son futur mari, Sam avec qui elle aura un fils. Sam meurt tragiquement dans un accident de voiture.

Victoria en vient à se poser des questions quant à l'avenir de sa fille. Elle a envie qu'elle ne suive pas le même chemin qu'elle par le passé dans ce quartier difficile. Est-il temps qu'elle rencontre son père? Pourra-t-il lui fournir une éducation plus convenable? La différence de couleur de peau et de classe social ne sera-t-il pas un obstacle?



J'ai retrouvé dans ce court roman la force d'écriture de l'auteur que j'avais découvert dans le roman "Les Grand-Mères". Doris Lessing sait analyser la psychologie des personnages et retransmettre toutes les émotions. Elle ne mâche pas ses mots, elle entre dans le vif du sujet sans passer par des détours et c'est appréciable. Les thèmes abordés sont le racisme, l'ambition, la différence de classe social.

A découvrir.
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Mémoires d'une survivante

Il s’agit d’un roman futuriste, situé dans un avenir étrange, avec des phénomènes surnaturels. Le mur et le nouveau monde sont parfois considérés comme la métaphore d’un livre. La violence y est dénoncée, principalement celle associée à des enfants très jeunes, la vision de l’avenir selon la romancière qui s’intéresse à cet aspect social, en lien direct avec la délinquance des plus jeunes.
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Nouvelles africaines, tome 1 : Le soleil se..

Chaque nouvelle de ce premier recueil, publié en 1950, est magnifique. Doris Lessing y décrit la vie de ces colons britanniques venus s'installer en Rhodésie du Sud - actuellement le Zimbabwe - pour y faire fortune.

Une étrange solitude et impermanence se dégage de l'existence de ces Blancs qui occupent ses terres rouges et sauvages entourés de velds (prairies, larges espaces) et de kopjes (petites collines). Ils se rencontrent, se fréquentent bien sûr, et pourtant, ils forment un microcosme mal adapté en son sein même.

Le personnage récurrent d'une jeune fille confrontée au monde des adultes permet à Doris Lessing de jeter un regard critique et acerbe sur ce monde d'apparences et de mépris pour les peuples autochtones qu'ils exploitent et considèrent, paternellement, à peine humains.



Ces nouvelles peignent de manière très réaliste l'époque de la colonisation, mais au-delà de ce constat, Doris Lessing a l'art de décrire les paysages africains avec une émouvante sensibilité tout comme elle plonge avec finesse dans la psychologie de ses personnages.

Ce recueil est suivi de deux autres tomes que j'espère pouvoir trouver bientôt.
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Un enfant de l'amour

1939, James, jeune anglais, est enrôlé pour l’Inde. Lors d’une escale au Cap, il rencontre Daphné.

La vie militaire occupe une large place dans ce roman. La partie passionnelle n’est pas assez approfondie pour que naisse l’émotion.

James, assez particulier, passe à côté de tout dans sa vie. A côté de ses parents, de sa jeunesse, du grand amour de sa vie, de sa carrière, de son fils, de sa vie de couple….

Ma première rencontre avec Doris Lessing est assez décevante.

Est-ce l’esprit et le style anglais, aves lesquels j’ai un peu de mal ? Ou est-ce ce roman là ?

Je tenterai un autre pour me faire une opinion sur l’auteur.

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Le monde de Ben

Le monde de Ben ou, ce serait mieux de reprendre mot à mot le titre anglais: Ben in the world, Ben dans le monde. Ben, un monstre pour certains, un homme différent pour d’autres, parcourant le monde, un monde qu’il ne comprend pas vraiment, mais qu’il ressent profondément et émotionnellement, et qui trouvera sur sa route quelques personnes secourables, toujours des femmes.



Je me suis aperçu que ce roman est la suite du roman « Le cinquième enfant », que je n’ai pas lu et qui raconte l’enfance de Ben, dernier enfant terriblement différent des autres, et toutes les réactions que suscite cette différence.



L’incipit de ce roman éclaire le lecteur sur l’histoire qui va lui être racontée.

« Pendant des milliers d’années, nous nous sommes toujours raconté des légendes et des histoires, et il y a toujours eu des analogies et des métaphores, des paraboles et des allégories; elles étaient insaisissables, équivoques; elles suggéraient et égrenaient des allusions, elles s’enfuyaient dans un miroir obscur. Mais après trois siècles de roman réaliste, chez beaucoup de gens, cette partie du cerveau s’est atrophiée. »



Même si on ne partage pas cette assertion, on comprend que le propos de Doris Lessing dans ce roman n’est pas de faire « vrai », mais de faire une fable où la vraisemblance n’est pas la règle.

Et Ben, cette sorte de yéti abandonné par sa famille, homme velu et gigantesque, d’une force incroyable, amateur de viande, croquant à pleines dents les petits animaux qu’il attrape, c’est l’allégorie de l’être différent, qui fait peur à certains, mais dont la crédulité est exploitée par d’autres.

Mais Ben, c’est aussi l’être qui, malgré ces déficiences, comprend instinctivement qui est bon ou méchant, et réussit à s’en sortir surtout grâce à l’aide de femmes compatissantes, qui voient en lui l’homme et non le monstre, et de quelques hommes.

J’ai été touché par son périple de l’Angleterre à la France, puis au Brésil, de sa recherche d’amour, et de ce peuple d’humains qui « seraient comme lui », et de sa fin tragique.



L’auteure arrive parfaitement à nous rendre les sentiments de Ben et son intelligence émotionnelle. Et à nous faire comprendre l’importance qu’il y a d’accepter les êtres différents, handicapés dans la vie.

Le style est vif, alerte, ne s’embarrasse pas de digressions, mais manque un peu, à mon goût, de dimension poétique.



Je m’aperçois que j’ai lu peu de romans de cette grande écrivaine engagée, féministe tout en s’opposant à l’évolution sectaire du mouvement féministe, nobelisée bien tardivement (à 88 ans!). Et surtout peu de ses œuvres majeures comme Le carnet d’or, Les enfants de la violence, ou de ses œuvres de science-fiction.

La lecture de ce beau livre m’incite à explorer plus avant son œuvre.







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C'est ainsi qu'un jeune noir du Zimbabwe a ..

Donnez-nous-des-livres ! Donnez-nous-des-livres ! Des-liiiiiivres ! S’il vous plaît !

C’est beau, non ?

C’est l’appel qu’entend Doris Lessing partout au Zimbabwé, dans le moindre village où la bibliothèque publique se résume à une étagère dégarnie. Elle conte l’anecdote d’où est issu le titre : "Je voulais avoir un livre à moi, avoua le malfaiteur [âgé de 6 ans] dans un sanglot."

L’association à laquelle elle contribue, "Des livres dans les villages", a demandé à la population lesquels seraient les plus appréciés.

Alors non, on ne veut plus de "Cours de littérature comparée de troisième cycle" (rebuts de bibliothèques occidentales) ni de "Comment soigner sa chèvre" (ce que les bonnes âmes pensent utile). Non, on ne veut plus de vieux numéros de National Geographic. Tout cela, elle l’a vu au Zimbabwé, ainsi qu’une rangée de manuels scolaires neufs avec un panneau "interdit de toucher" - l’instituteur confesse que les enfants n’ont pas toujours les mains propres, surtout quand la pompe est en panne et qu’il n’y a pas d’eau...

Alors quels livres sont désirés ?

De la littérature, des romans, des histoires : on adore Jane Eyre, par exemple, ou Robinson Crusoé.

Touchée par tant de ferveur littéraire, Doris Lessing mène une réflexion sur la transmission des histoires, dans une culture orale, mais aussi sur la place des grands textes dans la culture du 21ème siècle au Royaume-Uni, déplorant qu’ils aient disparu de l’éducation des jeunes Britanniques des générations XYZ...

Et moi qui ai lu, gamine, Jane Eyre dans l’édition de poche de ma grande sœur, cachée sous les draps avec une pile et incapable de fermer le livre pour dormir, j’ai été profondément touchée moi aussi par ce besoin d’histoires, ce besoin universel de lectures qui ouvrent au monde.

Impeccablement traduit par Isabelle Reinharez.

Challenge ABC

Challenge Globe-Trotter (Zimbabwé)

Challenge Nobel

LC thématique de novembre 2022 : "Videz vos PAL !"
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Les Grand-mères

Roz et Lil les mamies, Tom et Ian leurs rejetons, puis Mary et Hannah leurs belles-filles, sans parler de Shirley et Alice leurs petites-filles, tout semble arriver par paire d'humains dans ce court récit de Doris Lessing. Ou par couple devrait-on plutôt dire.



Roz et Lil sont amies d'enfance, enracinées à une baie de Baxter's Teeth aux allures de paradis, dont l'image dentée ne manque pas de s'inscrire en filigrane comme une ironie mordante face aux bonnes moeurs. Car les paires/couples ne restent pas toujours parallèles à Baxter's Teeth, ils en viennent vite à se croiser.



Une fois les pères éloignés, reste un quatuor si intime que les mères se muent vite en femmes couguars, et se chargent mutuellement de l'éducation sexuelle des fistons- entre copines d'enfance on peut bien se rendre ce genre de services - transformant Tom et Ian leurs fils, ces magnifiques éphèbes, en jeunes premiers affolant les coeurs des demoiselles.



(là je masque un peu, au cas où l'intrigue serait trop dévoilée, ce dont je doute quand même)





Au final, il m'a semblé que Doris Lessing nous parle de choses vieilles comme le monde, en l'occurrence de l'amour que les jeunes hommes peuvent porter à des dames plus âgées, figures maternelles de transition avant une vie sentimentale adulte. Mais là où cela change par rapport à l'habitude vis à vis de ce sujet, c'est peut-être dans le contexte de connivence entre ces deux copines -femmes avant d'être mères - créé par Doris Lessing, rendant le sujet habituellement tabou assumé entre elles.

De ce roman je ne regrette qu'une chose, qu'il ait été si court.
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Le carnet d'or

Cette fois c'est fait, j'ai lu "le carnet d'or". Des jours, des semaines qu'il accompagne mes moments lecture. Pas n'importe lesquels, les rigoureux, les concentrés. Et je reste perplexe. Que dire de ce roman de plus de 600 pages dense, foisonnant et exigeant?

Ai-je aimé? Oui, aucune hésitation. Et pourtant il y a eu des interruptions, d'autres romans se sont intercalés, pauses nécessaires, respirations. Mais il y a eu aussi les jours d'immersion, les longs partages, la connivence, la jubilation et tout ces moments sans lecture mais avec dans la tête des réflexions, des questions. En fait je crois que je suis surtout admirative.





Je suis bluffée par ce portrait de femme dans l'Angleterre des années 50 qui nous propose une multiplicité de thématiques politiques et sociales ancrées dans le contexte historique de l'aprè guerre.

Anna écrivaine vit à Londres, elle élève seule sa fille. Indépendante, engagée, elle a soif de liberté. Elle est en plein bouleversement comme l'est la société dans laquelle elle est plongée. Anna écrit, Anna questionne le monde, remet en cause le communisme auquel elle adhère, Anna vit sa sexualité de manière assumée et libre, Anna aime, Anna perd la raison.





Mais surtout je suis bluffée par ce travail de construction, cette réflexion sur la fiction, l'écriture. Le carnet d'or est un récit fragmenté qui par petites touches construit une réalité, un portrait sensible et profond d'une femme, d'une époque, d'une societé. Le roman se structure en différents écrits:

un roman "femmes libres" scindé en cinq parties entrecoupées de carnets: "un noir qui concernera Anna Wulf l'écrivain, un rouge pour la politique, un jaune où j'écrirai des histoires à partir de mon expérience et un bleu où j'essaierai de tenir mon journal".

Textes multiples, écritures multiples: récits, dialogues, pensées, analyses, descriptions, notes qui s'entrelacent, se répondent, se questionnent. Anna (Doris Lessing ?) aborde la politique, le racisme, les relations parents/enfant, la sexualité, les relations, homme/ femme, la folie...

Cette forme interrroge le travail de l'écrivain. D'une réalité, d'une expérience à la fiction par le travail d'écriture. Comment rendre compte de la complexité du réel et de l'être humain sans fragmenter, sans compartimenter? Comment ne pas trahir ce réel, ne pas le rendre fade?



Il faudrait plusieurs lecture pour être sûre de ne pas trahir, pour construire une analyse. Ces quelques phrases sont mon ressenti immédiat, sans trop de recul. Tentez l'expérience, c'est rude mais impressionnant!



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Les Grand-mères

MILF : "Mother I'd Like to Fuck". C'est un fantasme que beaucoup de jeunes hommes ont. Est-ce naturel d'avoir ce fantasme là ou n'est-ce pas dû à la culture, au contenu plus que sulfureux qu'on offre de plus en plus aux spectacteurs et aux lecteurs, à la TV, dans les livres, sur Internet, etc etc ? Moi, je me demande si ce fantasme ne serait pas de plus en plus banalisé ... Il suffit de se promener sur des sites porno pour se rendre compte à quel point certaines catégories sont choquantes ... Oui, je vous le dis pour vous éviter d'aller voir par vous-mêmes (ne me remerciez pas) qu'on trouve de plus en plus de contenus de ce genre sur les plateformes, des mises en situation où il s'agit de coucher avec la belle-famille, par exemple ... Mais ça peut aller plus loin, et on frôle de plus en plus le tabou ultime : l'inceste ...

Car je pense que Doris Lessing nous parle de ça quelque part dans les Grands-mères, de l'inceste. Car les grands-mères, alors qu'elles n'étaient que des mères, ont séduit les jeunes hommes qu'ils considéraient jusqu'alors comme leur deuxième mère ... Et Doris Lessing insiste plusieurs fois dans le texte pour dire qu'il s'agit d'une grande Famille, que les grands-mères sont comme des soeurs, que les hommes sont comme deux frères ... Ce qui rend leur carré amoureux quelque peu complexe ...



Doris Lessing signe à 86 ans un texte sulfureux où les grands-mères au lieu de faire du tricot, prennent du bon temps. Dis comme ça, pourquoi, n'est-ce pas ? Franchement, si ça s'était arrêté là, ce texte aurait pu être féministe, allez. Elles pourraient plaire à tous ceux qui ont l'esprit ouvert ces grands-mères ... Sauf que voilà, c'est plus compliqué que ça ; car elles ne se contentent pas d'être des femmes libres les Grands-mères de Lessing et ce qui choque pas mal de lecteurs, je pense que c'est que cette histoire d'amour ou de désir est intra-familial ...



Bon, du coup j'hésite sur la note parce que si l'intention de Doris Lessing est de faire un texte féministe qui prône l'amour libre et les amours scandaleuses, moi je lui collerais une sale note en criant : "Shocking ! "d'un air dégoûté très tréâtral. Mais si son intention à Doris, c'est d'illustrer sa prise de distance "avec un certain féminisme qu'elle considère comme « dogmatique », manquant d'humour, « horrible avec les hommes » ... " , je dis qu'elle a réussi son coup peut-être, en créant justement le scandale et en dénonçant justement de tels comportements ... Mais le texte en lui-même reste ambigu ce qui crée en moi un certain malaise ... Bon après, c'est mon avis. Là je me pose en moralisatrice parce que j'aime bien faire ça, ok j'avoue, mais sinon libre à vous de vous sentir libérés lorsque vous corromprez la jeunesse en repensant avec délices aux Grands-Mères de Doris Lessing. Car oui, je reste persuadée que beaucoup trouveront ce texte sensuel, sexy, mais ouais non, ce n'est pas pour moi, car je ne m'appelle pas Brigitte.
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Le carnet d'or

Il ne va pas être facile de parler de cette lecture car c'est une œuvre qui tient à la fois du roman, d'un journal, d'un essai à la fois politique, sociétal, mais également sur le travail d'écrivaine et en filigrane une biographie.



Au centre figure Anna, écrivaine qui vit seule avec sa fille depuis sa séparation d'avec le père de celle-ci et elle est à la fois déstabilisée dans sa vie de femme mais également en panne d'inspiration pour l'écriture de son prochain livre, qui va succéder à un premier roman qui a eu du succès et qui lui a permis de vivre avec les droits reçus. Elle a une amie, Molly, actrice, divorcée et mère de Tommy, jeune adulte qui se cherche entre une mère artiste et un père, homme d'affaires.



La structure du récit est assez complexe et je vais tenter de faire simple. Anna a besoin de structurer son travail afin à la fois de bâtir son prochain roman mais également de poser les bases de sa nouvelle vie. Elle tient pour cela quatre carnets : un noir, une sorte de biographie de sa vie, de ses souvenirs et en particulier dans la première partie ceux d'Afrique du Sud touchant au colonialisme et au racisme, un rouge qui concerne ce qui se rattache à la politique car communiste désabusée des révélations sur le parti dans les années 1950/60, un jaune où elle ébauche des histoires à partir de ses expériences et un bleu qui tient lieu de journal intime. Autour de ces quatre carnets il y a la transcription de sa relation avec Molly sous le titre "Femmes libres", de leurs échanges sur leurs vies, leurs enfants et leurs relations aux hommes. Tous ces carnets mènent au Carnet d'Or, celui qui sera la quintessence des carnets, l'œuvre ultime.



Alors disons-le tout de suite, ce n'est pas une lecture facile ou alors soyons plus précise, une lecture par moment laborieuse  et parfois fluide, suivant les thèmes abordés et que de thèmes abordés ! Quand je parle de l'œuvre d'une vie c'est pour moi cela, l'auteure revenant et regroupant nombre de ses souvenirs, des ses sentiments, de ses préoccupations, qu'elles soient de l'ordre amoureux, maternel, amical, sociétal, politique ou organisationnel dans son quotidien de femme romancière.



J'ai abordé deux romans par le passé de cette auteure : Un enfant de l'amour, un court roman mais également  Le rêve le plus doux  que j'avais abandonné car je n'arrivais par voir où elle voulait en venir, mais dans Le carnet d'or j'y ai retrouvé justement cette construction, ce mélange d'idées, de sujets avec il me semble me souvenir des thèmes de l'amitié, de la cohabitation dans un logement (ici elle loue une chambre de son appartement), des engagements amoureux et sociétal



"(...) et puis le manque d'homme ne me réussit guère



-J'aimerais bien savoir à qui cela réussit, rétorqua Julia, mais je ne pense pas que n'importe quel homme vaille mieux que pas d'homme (p192)"



C'est un roman (puisqu'il est classé comme tel) à la fois sur le travail d'écrivain, sur la manière d'élaborer un roman, comment les idées, la source peut jaillir, qu'il s'agisse du passé de l'auteure, des ses positions vis-à-vis de la politique, de sa vie de femme mais sans que cela ne tombe dans le féminisme avec parfois une élucubration frôlant presque la folie, la frénésie qui habite Anna. Elle se voudrait indépendante et sûre d'elle, mais elle a plusieurs visages et devient parfois une amoureuse jalouse, exclusive sans oublier d'exposer sa relation aux hommes, pas contre les hommes, mais avec les hommes, défendant sa place de femme, son désir, le revendiquant, et les rapports entre les deux sexes.



"-Tu devrais te soigner davantage, Anna, tu parais dix ans de plus que tu ne devrais. - tu vieillis. Alors je lui ai répondu : Richard, si je t'avais dit : Oh oui, viens dans mon lit, tu serais en train de me dire comme tu me trouves belle ! la vérité doit être quelque part à mi-chemin ...? (p66)"



Ses carnets lui servent à tenir, à tracer son chemin de création et deviennent ses piliers, ses fondements,  composés parfois d'articles de presse, de détails intimes, de pensées ou de réflexions. Je n'ai pu m'empêcher de la rapprocher de Virginia Woolf (d'ailleurs Anna porte le nom de Wulf....) par l'importance de trouver son lieu d'écriture, la recherche d'indépendance, sa faculté d'observation de ce qui l'entoure mais également de faire le corollaire entre les idées, son besoin à la fois de s'isoler et rechercher le contact avec l'autre. Le carnet d'or est également une sorte de psychanalyse personnelle, Anna étant elle-même en analyse depuis des années avec celle qu'elle nomme Madame Sucre, en appliquant les conseils de celle-ci ou en cherchant des pistes, des techniques, pour s'apaiser et pouvoir calmer son esprit et parfois son corps pour laisser place à l'écriture.



Je dois avouer que par moment j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer sur ce pavé très dense mais également très riche d'idées, chaque lecteur peut trouver dans l'un ou l'autre des carnets une préférence mais les quatre carnets + la narration Femmes libres sont nécessaires pour la compréhension de l'ensemble, même si je n'en ai pas tout saisi, si parfois mon esprit s'égarait ou se perdait. C'est une lecture exigeante où Anna/Doris Lessing se livre, nous livre ce qu'elle a de plus personnel, que ce soit dans les moyens utilisés pour écrire, de sa vie personnelle, la manière de cloisonner sa vie afin d'y trouver l'armature de base de ce qui pourra être un roman et qui plus est, comme elle le note à la toute fin, un roman qui aura du succès.



J'ai aimé mais j'ai admiré le travail de l'avoir lu, dans sa totalité, d'avoir ouvert certaines portes sur un thème, le travail d'écrivain qui me passionne et c'est le genre de lecture qui reste gravée en vous pour longtemps par son originalité, son contenu et l'objectif de son auteure.
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Mara et Dann

Un monde ravagé par la sécheresse. Des petites hordes humaines qui marchent des jours entiers dans des terres désertiques, allant de flaques de boue en flaque de boue pour tenter d’étancher leur soif. Toujours vers le Nord, où on raconte que les fleuves coulent toujours, que la pluie tombe encore, et que les récoltes sont assez bonnes pour permettre à tout le monde de vivre correctement.



La plongée dans ce monde dévasté est assez brutal, surtout qu’on a peu de données sur lui. Il se situe en Afrique central, on le comprend rapidement. À quelle époque ? Difficile à dire, car la connaissance a été aussi dévastée que les terres. Les anciens ne se rappellent que de quelques bribes de tradition orale. On parle d’une ancienne civilisation éclairée, qui a accompli des miracles. Sauf que le merveilleux matériau incassable, c’est notre plastique, et les « pièges à soleil », des bêtes panneaux solaires.



Cet étrange sentiment nous accompagne tout le long du livre : on a à la fois l’impression d’évoluer dans un lointain univers fantastique, et d’un autre côté, que les décisions politiques qu’on entend à la radio le jour même sont en train de créer sous nos yeux cet avenir potentiellement proche.



Tout a dérapé, mais le récit reste relativement silencieux sur les causes. Le changement climatique est visible, mais à quoi est-il dû ? Cause naturelle ou humaine ? Le savoir s’est littéralement effondré. Les survivants utilisent de vieux objets sans les comprendre et sont incapables de les réparer une fois qu’ils tombent en panne ; l’histoire du monde n’est plus constituée que de vagues légendes, on ne connaît de la planète que les quelques villes survivantes autour de soi ; les humains sont même devenus totalement ignorants des mécanismes de procréation. Ce qui les angoisse particulièrement, car la stérilité s’est également répandue dans la population, là encore sans cause précise. On croit reconnaître des essais de clonage pour sauver ce qui pouvait l’être dans certaines populations particulières, composées d’êtres tous identiques et légèrement abrutis, mais là encore sans certitude.



Le livre a un écho particulier aujourd’hui, où les grands déplacements de population, et les changements climatiques occupent une bonne part de l’actualité. Cet univers aux accents quasiment post-apocalyptiques est assez angoissant, et donne pas mal à réfléchir.



Une seule critique à faire, la capacité de Mara à éviter tous les dangers, et à devenir immédiatement amie avec les hauts personnages qui peuvent la protéger (à l’inverse de son frère, qui se prend tous les dangers imaginables de ce monde hostile dans les dents). Un peu plus d’équilibre entre les deux héros aurait sans doute permis d’éviter le sentiment de longueur à la fin du roman.



Malgré tout, je me suis imprégné pendant 15 jours de l’histoire de Mara et Dann, qui ne m’ont pas lâché un seul instant, et qui vont certainement un bon moment dans ma tête. Ce premier roman de l’année met décidément la barre très haut !
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