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Critiques de Doris Lessing (528)
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Les Grand-mères

Le court roman par lequel j'ai découvert la prix Nobel (2007) Doris Lessing il y a maintenant un moment ... et qui m'a tout de suite placée sous le charme de cet auteur fabuleuse.



"Elle avait été amoureuse de Tom, et puis de Ian, puis de nouveau de Tom, pour leur beauté, leur aisance, et quelque chose de plus, un air comblé, comme s'ils avaient baigné toute leur vie dans un plaisir qui s'exprimait à présent sous forme d'ondes invisibles de contentement"



Lil et Roz sont depuis toujours inséparables ; grands-mères aujourd'hui, elles sont toujours de balles femmes, et chacune s'est vaguement éprise du fils de son amie. Un "rectangle amoureux" troublant, dans lequel interviennent aussi les belles-filles, débouchant sur une ambiance sulfureuse.



"Elle nourrissait des pensées hostiles à l'encontre de Mary, qui avait épousé l'un des fils, mais elle savait que c'était par jalousie. Elle se justifiait ainsi : " Si elle était assez bonne pour eux, je n'aurais rien contre elle. Simplement elle ne leur arrive pas à la cheville. "



Une finesse psychologique à peine croyable et franchement séduisante, sous une écriture fluide et d'une simplicité apparente, où la légèreté d'une après-midi en terrasse vire à la critique décapante des relations familiales. Il n'y pas à dire, c'est du grand talent ! A compléter, pour ceux qui ont la chance de ne pas l'avoir encore lu, par le très beau Un enfant de l'amour.
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Un enfant de l'amour

James "Jimmy" Reid est un homme sensible et romantique. Il ne se sent jamais à sa place ou plutôt il ne vit pas la vie qu'il aurait aimé vivre..... Entre un père ouvrier, assidu au pub et une mère aimante mais effacée face à son époux, lui épris d'idéal ne trouve pas sa place.



Durant ses études Donald un ami mais surtout son modèle,  lui prête des livres dans lesquels il va se trouver, être dans son élément et verra dans la famille de cet ami la famille idéale : chaleureuse, instruite, vivante.



Le problème avec James c'est qu'il rêve sa vie mais il ne la vit pas.



En 1939 ils s'engagent ensemble dans la guerre avec une volonté de combattre, de réduire à néant les ambitions ennemies mais se trouveront séparer. James embarquera pour un long et périlleux voyage devant le conduire en Inde avec escale au Cap où il rencontrera l'Amour. Les femmes d'officier font leur devoir de guerre en accueillant les soldats qui font escale, les remettent sur pied et leur offrent un peu de distraction.



Il vivra avec Daphné, son hôtesse 4 jours d'amour fou, sans condition, sans question, dans un décor paradisiaque, sachant qu'elle est mariée et que lui la guerre l'attend.



C'est l'histoire d'un homme qui ne vit que dans le rêve, le fantasme, faisant fit des obstacles : guerre, femme mariée, distance etc... Il refuse de voir la réalité, d'envisager d'autres issues que celle qu'il espère. Rien ne l'arrêtera dans sa quête : ni le temps, ni son propre mariage.....



Court roman qui nous plonge dans l'univers de cet homme épris d'absolu. Romantisme confronté à la réalité de la vie symbolisée par la guerre, ses horreurs, ses douleurs, croyant avoir trouvé avec Daphné un idéal immortel et réciproque, il survolera son existence sans autre désir, sans ambition que celle de retrouver les instants de bonheur ou du moins le fruit de cet amour.



Il y est beaucoup question de la guerre mais surtout des conditions effroyables réservées aux simples soldats (en contraste avec le statut d'officiers), aux pays qu'ils traversent : la beauté des paysages mais aussi le colonialisme anglais, les climats contrastés (chaleur, mousson) comme la vie de James : romantisme vs guerre.



Se lit très vite, histoire fluide en un seul chapitre,sur un amour absolu, idéalisé, charnel. Quelques longueurs surtout dans les scènes décrivant les conditions de voyage mais peut être nécessaires pour contraster entre ces longs moments où James rêve, se projette, ses observations sur les gens qui l'entourent et qu'il envie de temps en temps par leur culture et les courts moments où il sera heureux.



Le monde de James est peuplé de poésies (nombreuses citations ou références). Lui, malgré des compétences, n'a aucune ambition, aucun désir sauf l'obsession de retrouver le fruit de son amour pour cette femme.
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Le cinquième enfant

Terrible roman, je ne le relirai pas car il m'a trop effrayé. Il m'a tellement dérangé dans mes convictions qu'il ne peut être qu'excellent!
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Les Carnets de Jane Somers, Tome 1 : Journa..

Janna est à l’apogée de sa carrière de rédactrice en chef d’un magazine féminin. C’est une femme autonome et aisée, habituée au confort. Elle vient de perdre successivement sa mère et son mari et se sent coupable de ne pas les avoir accompagnés pendant leur maladie : elle n'a jamais pu se résoudre à côtoyer la maladie et la vieillesse et est restée tout au long assez détachée et autocentrée, en se réfugiant dans son travail qu'elle adore.

Mais la maladie et la vieillesse vont la rattraper de plein fouet quand elle fera la connaissance, fortuite, de Mrs Fowler, le genre de très vieille dame, pauvre et pas très propre, quasi abandonnée, qui d’ordinaire lui serait restée invisible. Mais Mrs Fowler, ce jour-là, n’est pas invisible et va prendre très vite une importance incompréhensible à ses yeux et à ceux de son entourage.

Insensiblement, une lente conversion va s'opérer chez Jana, qui va l'amener à modifier radicalement son train-train confortable afin d'accompagner cette vieille dame dans sa fin de vie. Une analyse très fine, magistrale !

Je me suis sentie très concernée, probablement parce que mes parents on peu ou prou l'âge de Mrs Fowler et j'ai trouvé cette "conversion" assez bouleversante.

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Le monde de Ben

Ce roman est la suite de Le Cinquième Enfant que je n’ai pas lu mais qui peut se lire séparément.



Ben, c’est ce cinquième enfant, on comprend qu’il a été rejeté par sa famille et qu’il erre maintenant dans la ville de Londres. Ben est un être différent, vraiment différent, de par sa taille et sa carrure d’abord, c’est un costaud avec des épaules impressionnantes. De plus, il a un système pileux très développé qui intrigue et répugne, mais surtout Ben a l’âge mental et les réactions d’un enfant. Il a un esprit d’enfant dans le corps d’un homme qui a l’air d’avoir 35 ans. Ben perçoit différemment le monde, il le comprend de façon très partielle et tout l’effraie.

Comme il semble seul, perdu, abandonné des siens et des institutions, il tombe souvent aux mains de gens qui n’ont pas toujours des intentions honnêtes ou bienveillantes.



Le point fort de Doris Lessing dans ce roman est de nous faire ressentir le monde tel que Ben le perçoit avec son syndrome qui pourrait ressembler à une forme d’autisme. On comprend l’angoisse de ne pas comprendre ce qui l’entoure et la peur que cela génère, la sensation d’être agressé en permanence par le bruit, la lumière, les gens et les machines. Un monde violent où les autres le rejettent ou espèrent l’exploiter.



C’est bien sûr un roman sur la différence et son accueil dans la société en général, mais je dois dire qu’il m’a laissée sur ma faim. Ce n’est vraiment pas ce que Doris Lessing a écrit de mieux et le côté un peu manichéen du livre fait qu’on a du mal à y adhérer vraiment.

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Le monde de Ben

Ben est un être différent, une âme d'enfant coincée dans un corps qui impose et effraie, un jeune homme de 18 ans dans le corps d'un homme de 35. Ben n'est pas idiot. Doté d'une forte sensibilité il n'est pas adapté à un monde cruel qui ne sait pas intégrer ceux qui ne se fondent pas dans la masse. A moins que ce ne soit le monde qui ne soit pas adapté aux êtres différents. Pourtant Ben ne souhaite qu'une seule chose : ne pas se faire remarquer, être accepté.



Abandonné par sa famille Ben essaie de se faire une place dans une société rude prompte à profiter de celui qui ne sait pas se défendre. Ben pourrait se défendre, pourrait utiliser cette force, cette puissance physique qui en tient certains à distance, mais sa conscience le lui interdit et il fait preuve d'une capacité de maîtrise étonnante. Sa fragilité intérieure, son âme d'enfant, son intelligence différente, sa sensibilité, son contrôle de cette force qui est en lui, tout fait qu'il est à l'opposé de l'animal que certains voient en lui.



Sur sa route il y a ceux nombreux, qui se moquent de lui voyant en cet homme une bête, ceux, parfois les mêmes, qui abusent de son esprit simple pour le voler, le manipuler, ceux et celles qui le craignent et le fuient, et enfin celles (parce que ce ne sont que des femmes) qui sont touchées par ce sourire triste et qui vont tenter de l'aider sans rien en attendre en retour. Une vieille dame, une prostituée, une Brésilienne qui s'est sortie des favelas : des femmes qui connaissent la pauvreté, qui savent ce que c'est que se battre pour survivre.



La plume de Doris Lessing est magnifique. Elle nous fait ressentir chacune des émotions qui animent Ben, en faisant un être extrêmement attachant, doué d'une intelligence émotionnelle. Dans la seconde partie le récit est porté par son entourage. On partage alors aussi les pensées de quelques personnages qui vont marquer son parcours, leurs interrogations sur cet être hors norme.



Un court roman qui nous parle de la différence, de la difficulté d'être pour celui ou celle qui en souffre. Doris Lessing réussit à nous faire partager le mal-être de Ben, à nous faire ressentir au plus profond de nous toute l'étendue de son désarroi. Au travers de l'histoire de Ben elle nous amène à réfléchir à la façon dont notre société se comporte vis-à-vis de la différence, quelle que soit la forme qu'elle prend, et sur le regard que chacun d'entre nous porte sur elle.

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Les Grand-mères

Avoir su que ce roman de Doris Lessing avait inspiré la réalisatrice Anne Fontaine, je ne l'aurais pas lu. C'est bien là le problème car j'ai vu le film Adore. J'avais plus ou moins aimé. Mais de toute manière, je ne lis jamais un livre qui a servi de scénario à un film, apprécié ou pas. J'aime mieux passer par l'écriture avant d'aborder les images.

Ce n'est pas le meilleur de Doris Lessing. Heureusement, c'est bref. Beaucoup trop bref cependant pour fouiller les personnages et leurs motivations.

Deux mères amies depuis l'enfance se partagent l'amour de leurs fils respectifs jusque dans les zones les plus interdites de la moralité. Explosif? Ça aurait pu l'être. Pour moi, l'histoire n'a jamais vraiment décollée, engluée dans la superficialité, sans profondeur réelle. Je n'abandonne pas pour autant l'oeuvre de cette auteure, appréciée antérieurement dans d'autres romans.

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The Grass is Singing

Je ne vais pas raconter l’histoire, mais simplement me remémorer quelques thèmes principaux. L’apartheid tout d’abord : le meurtre est celui d’un Noir qui défie les colonisateurs anglais dans sa liaison avec Mary. Le féminisme ensuite, celui du début du roman, où la romancière se demande pourquoi un homme peut vivre seul et pas une femme. L’ostracisme, celui de la communauté, à l’instar de Charlie Slatter à l’égard des Turners. La sexualité, réprimée par Mary dans son enfance, a priori éveillée par un Noir. Tony parle de la supériorité sexuelle des Noirs, qui est à l’origine de la colonisation. L’argent est essentiel, la ségrégation se faisant aussi sur la fortune. La nature exerce une étrange oppression sur Mary (la brousse, les chiens, le soleil).

Après tant d’années, il m’en reste un beau souvenir de lecture et un dictionnaire anglais -français avec les stigmates de nombreuses recherches.
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Filles impertinentes

Ce récit autobiographique de Doris Lessing qui paraît pour la première fois en France a été écrit au début des années quatre-vingt. De sa naissance en Perse (Iran) en 1919 à la parution de son livre Vaincue par la brousse en 1950, l'auteure raconte trente ans de sa vie ; la rencontre de ses parents, leur origine sociale (sous l'ère Victorienne), les relations conflictuelles qu'elle a toujours entrenues avec sa mère, son impertinence envers le puritanisme, sa liberté, son anticonformisme, son anticolonialisme, ses engagements politiques (adhésion au parti communiste)...

On entrevoit dans ce récit le grand écrivain que sera Doris Lessing, on comprend son cheminement vers l'écriture, son combat contre l'injustice et l'intolérance.

Son père, mutilé de guerre (amputé d'une jambe) rencontre sa future femme sur le front. Issue de la bourgeoisie, elle était devenue infirmière pour s'occuper des autres et surtout pour être aimée, ayant reçue une éducation rigide sans affection. À la fin des hostilités, lui n'a qu'un désir : quitter l'Angleterre au plus vite. Affaibli physiquement, touché moralement, il en veut terriblement au gouvernement anglais. Le couple part en Perse où l'attend un poste de directeur dans un grand établissement bancaire. Sa femme est ravie, elle emporte avec elle une malle emplie de robes de soirée.

Mais rapidement, les désillusions de sa mère vont émerger : la déception tout d'abord de donner naissance à une fille, et la toquade de son mari de partir pour l'Afrique... Les voilà dans une ferme (culture de mais et tabac) en pleine brousse entourés par une faune sauvage, vivant dans une ferme décrépite, isolés (les premiers voisins sont à dix kilomètres)... Endettés au bout de cinq ans, lui n'est plus que l'ombre de lui-même – avec une occupation pourtant : la recherche d'or – elle, qui aimait tant parader s'ennuie mortellement. Elle envoie sa fille en pension, que celle-ci quitte de son plein gré à quinze ans, commence à écrire, enchaîne plusieurs petits métiers (qui font honte à sa mère), se marie, a des enfants, divorce, se remarie, donne naissance à un autre enfant, devient communiste,... Inutile de dire que sa mère est outrée de la vie dissolue de sa fille...

Le regard que pose Doris Lessing sur son histoire et sur sa mère en particulier est empli de sincérité, ce qui rend ce livre très émouvant. Au commencement du récit, elle utilise les mots de « colère » et « pitié » quand elle parle de sa mère. Au fur et à mesure, au gré des souvenirs d'enfance, et avec ses yeux d'adultes, elle apporte des nuances, elle comprend que celle-ci avait eu une vie douloureuse. Cet affrontement mère-fille est d'autant plus poignant que l'oeuvre de l'auteure sera marquée par cette relation tumultueuse.


Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Le monde de Ben

C'est ma première incursion dans l’œuvre de Doris Lessing et je dois avouer que je suis un peu déçue.

Ce n'est sans doute pas son meilleur livre et il est sans doute préférable d'avoir lu "Le 5ème enfant" avant. Mais quoi qu'il en soit, le livre devrait se suffire à lui-même et il m'a laissé sur ma faim.

Je ne me suis pas ennuyée mais je n'ai pas été emportée non plus. Le personnage de Ben, dont le destin tragique devrait émouvoir, m'a laissé indifférente. Quant aux personnages qui gravitent autour de Ben, ils manquent de subtilité et sont très caricaturaux. Je pense que c'est une volonté de l'auteure d'utiliser des personnages-archétypes, le récit prenant la forme d'une sorte de fable. Mais j'ai trouvé que la caractérisation des protagonistes était tout de même trop simpliste et le récit un peu prévisible.

Bref, je ne suis pas rentrée dans le livre, le style et les personnages ayant mis trop de distance entre moi et l'histoire.
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Les Grand-mères

Selon moi, les courts romans sont comme les aventures d'un soir: quelles que soient leurs qualités, impossible des les apprécier pleinement et encore moins de s'y attacher.



Malheureusement, ce roman fait partie de la catégorie des poids plume: 94 pages en version poche.



Compte tenu de ce désavantage, l'écriture de Doris Lessing fait des merveilles, rien à reprocher à ce sujet.

Toutefois, je reste dubitative quant à l'intrigue.

Lil et Roz sont deux amies inséparables depuis l'enfance. Devenues mères, puis grands- mères, elles ont gardé toute la beauté et la grâce de leur jeunesse. Mais derrière cette belle façade, c'est en réalité d'un quatuor amoureux un peu malsain qu'il s'agit.



Je n'ai pas forcément compris la cohérence de ce livre. Parlait-on de la peur de vieillir ? du poids des convenances sociales ? de la liberté des femmes vis à vis des ces convenances ? Probablement un peu de tout ça. Mais alors, on en revient à mon propos préliminaire, ce roman est trop court, trop superficiel. J'aurais voulu mieux comprendre les personnages, qu'ils soient plus fouillés. Au lieu de ça, je n'ai vu que des personnages très égoïstes, infantiles, sans réelle épaisseur et une histoire qui, de ce fait, m'est apparue très glauque.



C'était mon premier roman de Doris Lessing. Je ne suis pas sûre d'avoir commencé par le bon. Le fait qu'il ait été adapté au cinéma avec Naomi Watts et Robin Wright m'avait semblé gage de qualité: c'est une petite déception.
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Les Grand-mères

Installés à la terrasse d'un café en bord de mer, deux familles se prélassent au soleil. Il y a là deux grand-mères, Liz et Roz, amies d'enfance et toutes deux encore très belles, Ian et Tom leurs fils respectifs et leurs deux ravissantes petites filles pour parfaire ce tableau idyllique. Pourtant, quand la femme de Tom se dirige vers le petit groupe, hors d'elle, on sent brusquement la tension monter de plusieurs crans et l'ambiance se plomber.



Impossible d'en dire plus sans en dire trop et enlever tout le plaisir de la lecture de ce court roman écrit, il faut le signaler, par une mamie de plus de quatre-vingts ans ayant reçu le prix Nobel de littérature. Doris Lessing soulève ici la permanente question de l'égalité homme-femme, en ce qui concerne la moralité, et laisse chacun se faire sa propre opinion.

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Le cinquième enfant

Un roman au style ciselé, efficace, vif et percutant. Mais un roman sans aucun doute dérangeant. Si vous rêvez de la famille idéale, passez votre chemin car ce livre met au jour les failles dissimulées des rapports familiaux.

Un couple heureux en apparence décide de s'installer (trop) rapidement dans une (trop) grande maison bourgeoise de la banlieue, et d'assouvir leur besoin (égoïste) d'avoir beaucoup d'enfants. Pour cela, ils n'hésitent pas à se servir des autres, et à étaler aux yeux de tous leur bonheur factice et artificiel.

Mais le cliché est entaché par l'arrivée du cinquième enfant. Harriett sent déjà la présence de plus en plus violente de ce monstre que son corps et son âme rejettent. C'est une présence différente et étrangère qui va bientôt envahir le cercle idéal de sa famille. Au fil du temps, cet enfant engendre le désordre et le chaos. Il est laid et brutal, c'est une créature dangereuse, « presque d'un autre âge, d'un autre monde » selon Harriett, et qui broie l'image d'Epinal que la famille s'était évertuée à construire.

Quasiment parabole fantastique, ce roman met en scène la fragilité et les failles de l'âme humaine et de la famille. Le lecteur éprouve tour à tour du dégoût, de la peur, de la pitié ; il est bouleversé et déstabilisé par ce tourbillon de sensations et de sentiments, et reste étourdi par ce qu'il révèle de ses propres pensées cachées. Cet être différent a ce pouvoir presque surnaturel de révéler au monde les vérités masquées de chacun.
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Le cinquième enfant

Un couple, de la famille, des amis, une grande maison, le mari travaille. Bref, leur vie se déroule comme celui-ci l'a souhaitée au début de leur rencontre. Un enfant, deux enfants, trois enfants, quatre enfants et arrive le dernier, le cinquième.

L'équilibre tant voulu par cette mère et ce père va vaciller avec ce dernier bébé. Leur vie va complètement être chamboulée, mais pourquoi ? L'enfer commence...



Avis : livre qui change de l'ordinaire que l'on dévore d'une traite.

Collection : Le Livre de Poche / Prix : 5,60 euros.
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Les Grand-mères

Curieux petit roman sur un quatuor amoureux improbable... Qui sont donc ces grands-mères, deux amies depuis l'enfance, qui ont suivi des trajets de vie parallèles, puis perpendiculaires ? Une ambiance lourde, un secret qui se dévoile, beaucoup de talent dans cette histoire qui laisse une impression d'inconfort, ce qui montre que c'est assez réussi. Un peu trop court pour me laisser un souvenir inoubliable, mais une lecture agréable et dérangeante à souhait !
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Le carnet d'or

Note de contexte : Ce livre m'a été proposé dans le cadre d'un challenge du Club de Lecture de ma bibliothèque. L'objectif était de me trouver un défi "long et écrit petit" (sic) : cela ne me fait pas peur, au contraire. En découvrant la quatrième de couverture, j'étais ravie : je n'ai jamais lu de Doris Lessing (prix Nobel tout de même !) et les thèmes sont très alléchants pour moi (Féminisme, émancipation, année 1960, politique populaire, création artistique, écriture...)



L'ouvrage s'ouvre sur un dialogue qui dure, dure, dure... La scène entre l'héroïne, sa meilleure amie revenue après une année d'absence et l'ex-mari de cette amie puis l'apparition furtive de leur fils, dure une soixantaine de pages, que j'ai fini par trouver interminables. J'aurais préféré que cette partie soit sous forme de morceau de théâtre je pense... J'avais déjà décroché avant l'arrivée du fils...

Le début du premier carnet m'a vaguement fait penser à Ulysse de James Joyce : c'est à ce moment-là que j'ai décidé de parcourir quelques pages de chaque carnet et d'abandonner...page 84...
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Mémoires d'une survivante

Avez-vous entendu parler de collapsologie ? De décroissance ? Des termes dans l'air du temps, depuis quelques années. C'est ce dont parle ce roman... écrit il y a presque 50 ans.

Y a-t-il une intrigue ? Oui, en quelque sorte. C'est l'effondrement de la société, décrit par une femme âgée qui a pris en charge une petite fille avec son chien.

L'écriture est incroyablement riche, exigeante, ne cédant à aucune facilité (et impeccablement traduite par Marianne Véron).

Chaque plan de l'histoire recèle plusieurs dimensions.

La femme âgée est la narratrice passive de l'effondrement, du fond de son appartement où semble régner encore une sorte d'ordre. Mais par moments, le mur de son salon s'évanouit pour lui donner accès à un univers onirique où elle se promène dans des maisons vides, des jardins accueillants, et dans les souvenirs d'autres personnes.

L'enfant dont la responsabilité lui est échue, Emily, au fil de ces deux cents pages très denses, semble un condensé d'une vie de femme : elle grandit, passe par l'adolescence et un premier amour, se révèle dans l'effondrement une personne pleine de compétences : bricolage, botanique, cuisine... Survie, en un mot.

Et à son tour elle prend en charge une flopée d'enfants perdus, telle une Wendy de cauchemar.

Le troisième personnage principal, c'est le chien, victime sacrificielle et muette, forcément, mais dont la présence constitue l'un des fils de l'intrigue.

Une œuvre écologiste et féministe, perturbante par sa force, par la clairvoyance avec laquelle elle dénonce le monde à venir.
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Un enfant de l'amour

Pour ma deuxième tentative de lire l'auteure j'ai choisi un tout petit livre (190 pages)

En effet j'avais tenté de lire l'auteur quand j'avais 15 ans et cela avait été un cuisant abandon (rare pour moi, je me souviens d'un ennui profond mais pas du titre commencé alors )

Ce roman est intéressant et se lit d'une traite : il raconte l'histoire principalement du point de vie de James. Né en 1918, il est mobilisé par l'armée Britannique en 1939.

Le début de la seconde guerre mondiale est, pour son régiment, très calme, puis celui-ci part sur un navire vers une destination inconnue (pour déjouer les espions et éviter que le navire ne se fasse couler par les allemands)

Ce huis clos sur le navire est très réaliste et marquant. Au Cap, en Afrique du Sud, il rencontre une jeune femme, britannique comme lui...une escale dans sa vie de soldat qui le marquera à jamais ...



Ce livre m'a réconciliée avec l'auteure finalement très accessible, j'ai vraiment eu l'impression d'embarquer sur ce navire avec tous ces troufions... ces jeunes hommes envoyés à 20 ans à la guerre ...

Le sentiment le plus vif après avoir refermé ce livre est que nous ne sommes que des fétus de paille ballottés par l'océan ...
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Canopus dans Argo 01 - Archives : Shikasta

Mon Avis : J’avoue, je me suis laissé tenter par ce roman il y a un an environ, c’était lors des Utopiales 2017. En effet le roman était mis en avant dans la librairie du festival et il avait attiré mon regard. Je me suis rapidement retrouvé intriguer par l’idée de voir ce que pouvait proposer une autrice, Prix Nobel nobel de littérature en 2007, en offrant ici un roman annoncé comme de Science-Fiction. Surtout que Wikipédia l’annonçait comme une « conteuse épique qui scrute une civilisation divisée » si avec cela il n’y a pas de quoi faire quelque-chose en SF. Par curiosité j’ai donc décidé de le faire entrer dans ma PAL et, il y a peu, de lui laisser enfin sa chance pour me faire mon avis. Concernant la couverture, elle est très sobre, loin de ce qui se fait généralement dans l’Imaginaire.



Ce roman est en fait, d’une certaine façon, l’ancien testament écrit et imaginé par Doris Lessing. On découvre ainsi qu’il existe plusieurs civilisations dans l’espace, certaines qui sont vouées au bien tandis que d’autres sont vouées au mal. Canopus et Sirius se sont ainsi lancés dans le projet scientifique de suivre, aider et influer sur l’évolution d’une planète aux ressources exceptionnelles : Shikasta. Bien entendu Shikasta est la représentation fictive notre planète Terre et rapidement on va se rendre compte que tout ne va pas se passer comme prévu, qu’une influence néfaste va obliger à modifier les plans mis en place. En effet un désalignement des planètes a permis à Shammat, le Mal, d’accroitre son ascendance sur la Planète Shikasta. Ainsi, l’Humanité se retrouve chassé de l’Eden mis en place et va devoir apprendre à se débrouiller. Franchement il y avait un certain potentiel dans l’idée de départ, de vouloir construire quelque-chose de vaste, mélangeant les différents genres de l’Imaginaire pour y apporter une réflexion sur notre monde, notre évolution, notre société. Certes le genre qui sert comme base les textes religieux pour y amener un background plus SF a déjà été vu plusieurs fois, mais il y avait du potentiel.



Pour autant, et ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux le savent déjà, j’ai finalement abandonné ce livre à un peu plus de la moitié, ce qui ne m’était pas arrivé depuis des années. Je n’ai tout simplement jamais pu franchement entrer dans le récit. Alors, je vais tenter de vous expliquer pourquoi, mais tout d’abord je voulais aussi rajouter un point. Avant je poussais jusqu’au bout ma lecture, je lisais tout car de rares fois la fin pouvait rattraper un début qui ne m’a pas accroché. J’ai même lu dans dans nombreuses chroniques US, après avoir abandonné, que le dernier tiers de Shikasta était meilleur, mais voilà je pense ne plus avoir la patience pour terminer un livre qui ne m’accroche pas. Ici, clairement, au bout de la moitié je n’y arrivais pas, c’était trop laborieux et je m’ennuyais. Je ne noterai pas non plus ma chronique, n’ayant pas terminé ma lecture je ne me vois pas de mettre une note. Même si c’est vrai la note est un ressenti, plus une valeur de plaisir de lecture que de chiffrer la valeur d’un livre, je ne me vois pas pour autant de noter ce roman non terminé.



Surtout que, je ne le nie pas il y a de bonnes idées dans ce roman, principalement dans les nombreuses réflexions que soulève Doris Lessing. Il est dur de parler des point que cherchent à soulever l’autrice tant ils sont nombreux, mais d’une certaine façon elle cherche à soulever un miroir sur nous-même, sur note histoire pour nous rappeler, nous dévoiler le meilleur de nous mais aussi, surtout le pire. Ainsi que ce soit dans la haine, le colonialisme, la capacité que l’on a à s’entredéchirer, se détruire, à vouloir nous trouver des différences pour nous attaquer, faire la guerre, elle brasse de nombreux sujets. J’y ait ainsi retrouvé le côté qui scrute une civilisation divisée. Alors après, on pourrait lui reprocher un côté très moralisateur, principalement dans la vision donné, mais franchement dans la façon dont est construit le récit il y a une certaine logique à ce que ce soit présenté d’une telle façon. Cela amène aussi, d’une certaine façon un sentiment de coup de poing qui peut marcher. Ainsi il y a certains passages qui sont vraiment prenants et marquants et qui se dégagent tout de même de ce livre. Pour autant ces passages sont rares et surtout l’idée du regard extérieur neutre a très vite ses limites, je trouve, et entrave certaines réflexions, pire donne l’impression d’être l’inverse de ce que cherche l’autrice.



Ainsi, en reprenant la bible comme base de son roman, on se retrouve avec certains passages ou « tuer » pour le bien en devient limite nécessaire. Attention on ne parait pas être dans des situations ou il n’y a pas d’autres choix possible ou autres explications qui pourraient tenter d’amener une justification. Simplement les fameuses forces extra-terrestres, vu qu’elles sont supérieures et savent ce qui doit être fait, ont le droit d’anéantir à coup de vaisseaux des gens. Je doute que Doris Lessing voulait laisser transparaitre une telle idée, ou peut-être que par la suite il y avait une tentative d’explication, mais voilà le manque de développement à ce moment-là du récit rend l’ensemble dérangeant. Ensuite, il parait se dégager une sorte de binarité dans le récit et les idées développées, comme si tout devait obligatoirement être manichéen ce qui est quand même dommage. J’avais ainsi par moment clairement l’impression de relire justement la bible, ou Dieu est simplement remplacé par des puissances extra-terrestres, avec son manque de complexité, son besoin par cela de vouloir accentuer la morale du récit, nous rappeler que nous sommes jugés par une force supérieure ce qui, désolé de le dire, de mon côté me bloque. Je ne dis pas que le bien est le mal sont des concepts inintéressants, mais tout réduire à de tels concepts devient vite perturbant, car comment classer des meurtres au nom du bien.



Surtout, ce qui m’a le plus bloqué avec ce livre c’est tout simplement la plume ainsi que sa construction. Doris Lessing sait manier les mots, je n’en doute pas, comme je l’ai dit il y a parfois de très bons passages, mais j’ai trouvé qu’ici elle en faisait trop. Franchement je me suis clairement ennuyé durant plus des trois quarts de ce que j’ai lu. Elle parait ainsi aligner les mots les uns derrières les autres sans jamais arriver, tout du moins pour moins, à créer une image, un ressenti. J’avais l’impression d’avancer de façon laborieuse, ennuyeuse dans un univers qui peinait à se dévoiler. À l’inverse d’autres auteurs qui oublient le précepte « montre, ne le dit pas », ici l’autrice cherche tellement à montrer, sans que personne ne lui dise à un moment STOP, qu’elle étouffe le lecteur d’informations pas toujours utiles et le perd. Car oui, j’ai aussi eu l’impression que de nombreux passages n’apportaient rien et donnaient l’impression d’être présents que pour montrer qu’elle sait écrire. Ensuite je me suis senti perdu dans une construction qui donne l’impression d’une certaine incohérence, présenté comme des chroniques qui n’en sont pas et mélangeant différentes constructions. Enfin autre point, vous devez le savoir, je suis un lecteur de SF qui aime une certaine cohérence, ainsi ici on parle de fluide, de voyages spatiaux, de zones et autres sauf que tout ce background de SF n’a d’autres intérêts que de soutenir le récit. Alors, comme je l’ai dit avec Chroniques Martiennes de Bradbury, parfois ça fonctionne, mais ici ce ne fut pas le cas, maintenant cela peut venir aussi du fait que le reste m’ait laissé de marbre.



Voilà les différentes raisons qui ont fait que j’ai préféré abandonné ce roman à un peu plus de la moitié. Je me doute qu’il doit exister un lectorat pour ce genre de récit, je n’en faisait tout simplement pas parti. Maintenant à vous de voir si vous vous laissez tenter ou pas.
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Vaincue par la brousse

L'histoire commence par la mort de Mary. Moïse, le domestique noir se dénonce, nous sommes en 1940 en Rhodésie. Un domestique noir qui tue sa maîtresse pour ses bijoux c'est un peu simpliste mais cela convient à tous. Pourquoi ce dénouement tragique ? nous allons découvrir au fil du récit que l'histoire n'est pas si simple. Avec Mary Turner nous entrons dans un roman noir où les personnages sont broyés par leurs démons.

Mary est élevée dans une famille pauvre avec un père alcoolique. Après la mort de ses parents, Mary s'installe en ville, elle est libre, travaille et a beaucoup d'amis, mais il a suffit d'une réflexion de l'un des ses amis pour qu'elle se marie car une femme d'une trentaine d'années toujours célibataire c'est bizarre et choquant pour l'époque. Elle épouse "le premier venu", un fermier qui s'appelle Dick Turner. Elle le suit dans la brousse, elle s'isole dans cette ferme, son mari est incapable de la faire vivre décemment, il est couvert de dettes. Elle souffre de la solitude, de la chaleur, de l'incapacité de son mari, elle renonce, elle ne se bat plus, elle n'en est plus capable. De plus, Mary exècre les noirs, elle reporte son mal être sur ses serviteurs. Son mari finit par lui imposer un jeune noir, Moïse comme domestique, car il ne supporte plus les sautes d'humeur de celle-ci. Mais Moïse n'est pas comme les autres, très rapidement les rôles s'inversent, de dominé il devient le dominant. Moïse s'occupe d'elle, l'habille, la coiffe, la touche. On n'en saura pas plus sur leurs relations mais on se doute qu'ils ont des relations inavouables. Le physique de Moïse fascine Mary... Puis Mary sombre peu à peu dans la folie elle est hantée par ses démons. Comment en est-elle arrivée là ? en fait Mary a toujours été soumise, soumise au regard des autres, soumise à son mari, puis soumise à son domestique, elle est soumise à son destin et elle se laissera vaincre par la brousse.

Ce livre décrit magnifiquement bien le système colonisateur où tous les hommes souffrent car celui qui ne veut pas être dominé, doit dominer. ¨Moïse souffre aussi car il ne supporte pas que Mary lui échappe, il veut Mary pour lui seul. La domination doit être totale.

Doris Lessing sait merveilleusement bien décrire la rudesse et la cruauté de la nature humaine.
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