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Critiques de Doris Lessing (528)
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Le cinquième enfant

La famille revue et corrigée par la grande Doris Lessing.



Harriet et David Lovatt forment le couple parfait. Envie d'une grande maison, ils achètent une grande maison. Envie d'être entourés de leurs proches, pas de problème on les réunit à Noël, Pâques et les vacances d'été dans la grande maison. Envie d'une grande famille, allez zou, on enchaîne les gosses, et un, et deux, et trois, et quatre.

Purée, mais ça demande du boulot tout ça quand même. Heureusement grand-mère Dorothy est là pour faire la nounou et grand-père James pour subvenir aux besoins.

Alors? Mais on continue pardi. Et hop, de cinq. Ben. L'enfant de trop... flûte, pas comme les autres celui-là. Laid, brutal, asocial, limite sociopathe. Et la théorie du bonheur vient de prendre un sacré coup dans sa face. 



La quiétude du foyer s'effrite, les rires s'éteignent, l'enthousiasme des premières années laisse place aux doutes et aux tensions, la famille explose. Boum.



Doris Lessing, par sa plume magique, nous entraîne dans la descente aux enfers de ce couple. Pas de grand discours, pas de jugement, juste un regard précurseur sur la place de la différence dans la société. Les liens sociaux et familiaux sont decortiqués jusqu'à la moëlle, les relations humaines apparaissent dans toute leur complexité.

Véritable tour de force en si peu de pages.

Et le personnage de Harriet, tiraillé entre amour et devoir maternels et son profond dégoût de ce cinquième enfant, est tout simplement une perle de la littérature contemporaine.



Famille digne de Confessions Intimes: au secours, notre foyer est en péril.

Mais surtout auteur digne d'une reconnaissance internationale. Genre un prix Nobel tiens. Ah c'est déjà fait?

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Les Carnets de Jane Somers, Tome 1 : Journa..

Je dirai : ceci est un livre exceptionnel et essentiel. Une expérience de lecture rare, donc. Que Doris Lessing fasse partie du cercle restreint des prix Nobels littéraires, je m'en fous bien. Une relecture, chose que dans une vie mes dix doigts suffisent amplement à compter (hors BDs et mangas), nous touchons bien à l'exception. Essentiel, pourquoi ? Je qualifie ainsi les livres qui bousculent, irritent, révoltent à faire vaciller, tanguer, basculer les certitudes, principes, croyances... jusqu'au déni, ... jusqu'aux larmes ; quand leurs mots "m'obligent à l'intensité, terrestre et charnelle" disait Marcel Moreau. Essentiels, les livres qui décantent et remontent au fil des années pour éclairer, il suffit d'un événement (Le mystère de la patience*) ou parfois le regard qui change après une longue macération. L'insoutenable légèreté de l'être*, Les bienveillantes, L'audace de vivre* (égaré.e par Maman) sont essentiels. le petit prince pour moi, exceptionnel et essentiel, celui-ci aussi, autrement.





A ma première lecture, j'étais pleinement impliqué dans mon métier à l'instar de la narratrice Janna Somers, au point pour elle de passer à côté de l'agonie de sa mère et ensuite de celle de son mari, et moi de me raccrocher à des détails comme sa sagacité à décrypter les structures informelles et à identifier la "belle" personne, qui indépendamment de la hiérarchie officielle, fait effectivement aboutir les projets. J'aurais accordé 3 étoiles en m'interrogeant à l'époque comment cette amie avait pu m'offrir cette déprimante histoire de fin de vie. Pourtant mon intime conviction déjà me soufflait que je lui devrais une relecture, au temps approprié.





Lorsque je l'ai encodé dans ma bibliothèque virtuelle, je lui ai accordé 4 étoiles, Papa s'était déjà cassé la clavicule en chutant à vélo, son lien social venait d'être rompu, son monde rétrécit. C'était l'époque où je chroniquai les "Psaumes balbutiés. Livre d'heure de ma mère"*. Qui aurait pu deviner combien il s'appliquerait à Maman ? 2015, Papa toute sa tête, Maman toute dynamique, quelle équipe ! 2016, pas question de passer ma convalescence après cette opération au genou ailleurs que chez eux, précurseur sans le savoir à dormir au bureau du rez-de-chaussée, trop chouchouté. 2017, ils prennent le taxi senior pour me rendre visite à l'hôpital, Papa ne conduit plus, nouvelle convalescence pour cette opération au cerveau, réouverture très temporaire de ce lit d'appoint, je cuisine deux à trois fois par semaine pour soulager Maman. 2018, apparitions sporadiques de taches sur les vêtements, je houspille Maman, Papa "décroche" des tâches ménagères, Maman laisse faire, je suis révolté, j'y passe les WE et fais chef à domicile. 2019, tout d'un coup Maman panique à mettre en route sa machine à laver, puis elle décrète ne plus utiliser le four, le bureau est transformé en chambre permanente pour Papa, infirmières au lever, les "choses" s'accumulent. 2020, Maman tourne en rond comme une toupie sur angoissée mais sans direction, rien à voir avec la covid, au contraire le moral de Papa remonte à se sentir normal dans ce confinement imposé à tous, avec mes frères nous les poussons à commander des repas à domicile, nous relayons pour leur apporter des plats, Maman ne jette plus aucun emballage le garage en est rempli, une chambre d'ami condamnée depuis des années en débarras ne suffit plus, la douche n'est plus accessible... la maison autrefois si bien tenue n'est plus qu'un immense bric-à-brac d'entassements divers.





Pendant toutes ces années, bien souvent j'ai repensé aux étapes de ce lent abandon si minutieusement décrit dans Journal d'une voisine, offert par cette amie bien nommée Sophie. 2021, la situation se détériore, la chaise roulante a remplacé le déambulateur, les infirmières ont demandé un lit médicalisé, installé cette fois dans la salle à manger, elles passent deux fois par jour, le kiné une fois et une aide sociale deux fois pour les repas, en plus d'une garde de nuit. Déjà, la chaise percée, à peine arrivée, n'est plus d'actualité. Ah si seulement en ultime cadeau, nous pouvons leur offrir ce petit réconfort de mourir chez eux ! Je n'apporte plus le journal du vendredi avec le programme TV, il y a 6 mois si par malheur j'en loupais un, c'était encore un drame. "C'est fou le nombre d'erreurs que je commets en essayant de bien faire." p.43 le moment était venu pour cette relecture car je n'arrive à rien leur apporter qu'une bien gauche gentillesse.





Je voudrais cesser de les challenger, il ne faudrait pas, ce n'est rien d'autre au fond que leur en vouloir de flétrir l'image idéalisée que je m'étais construite d'eux. Je ne sais pas d'où j'arrive à sortir cela, car Janna Somers ne semble pas s'être rendue compte de cette différence fondamentale avec les tout proches. Il n'empêche que son dévouement soit en tous points admirable dans cette histoire d'amitié improbable déclenchée par une rencontre fortuite à la pharmacie de cette nonagénaire encore coriace. Maudie ne voulait pas mourir. J'avais oublié le passage avec Annie qui a décroché.



Il serait cependant erroné de penser qu'il s'agit d'un roman sur la fin de vie et d'amitié profonde ou même d'expiation par le dévouement. Oui, bien sûr il y a cela mais il y a plus essentiel. Doris Lessing nous offre ici les clés de cette porte s'ouvrant sur notre condition humaine par son interpellation à poser un regard attentif sur les personnes très âgées telles qu'elles nous devancent au lieu de le détourner dans la fuite de nos propres vieux jours à venir.





Heureuses les personnes qui n'ont pas besoin de la catharsis de cette lecture car elles sont naturellement dotées de l'empathie génératrice du geste attendu, de la parole juste, de la préscience du moment propice. Quant à moi il me reste Brel, essentiel et exceptionnel, exceptionnel, exceptionnel. Brel en cataplasme.



Les vieux

https://www.youtube.com/watch?v=OMxvAY54_Vg

Vieillir

https://www.youtube.com/watch?v=¤££¤26L'insoutenable33¤££¤

J'arrive

https://www.youtube.com/watch?v=cLgZUmbDFo4



*cf. critique
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Le carnet d'or







Ce roman n'est pas un roman au sens classique du terme, car pour Doris Lessing, la littérature doit avoir une portée sociale : il ne s'agit pas seulement de raconter une histoire, mais de transmettre une expérience. Ce roman a donc une structure très particulière. D'un côté, Le carnet d'or raconte une histoire intitulée "Femmes libres" qui met en scène deux amies, Anna et Molly, vivant à Londres dans les années cinquante et qui ont des vies très semblables : toutes deux sont artistes, communistes et élèvent seules un enfant, ce qui, à l'époque, en fait des marginales.



L'histoire commence comme une pièce de théâtre et montre les deux amies préoccupées par Tommy, le fils de Molly, un adolescent sans désir et sans volonté qui ne sait que faire de sa vie. Par ailleurs, l'auteur nous donne à lire les carnets d'Anna. Car Anna, écrivaine, a renoncé à écrire des romans mais couche sa vie et ses expériences dans quatre carnets, chacun étant réservé à une facette de sa personnalité : l'écrivain, la communiste, la femme amoureuse, l'Anna intime.



J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire, ou plutôt dans les histoires, puisque les anecdotes se succèdent, chacune avec son atmosphère particulière, et on se demande sans cesse : "Où cela va-t-il nous mener ?". Et puis, sans vraiment m'en rendre compte, je me suis laissée embarquer dans la vaste toile que tissent toutes les vies d'Anna. Anna a une écriture très analytique : elle se regarde vivre et interroge chacun de ses comportements. C'est parfois très fastidieux de la lire.



On finit par comprendre qu'Anna traverse une période de sa vie qui est cruciale, pleine de bouleversements. Et ces bouleversements sont à l'image de la société dans laquelle elle vit, où tous les repères changent, où le statut de la femme est en pleine mutation. Anna est une mère célibataire, qui crée un rapport nouveau avec les hommes. Ce n'est pas une situation facile. Elle aimerait se marier, "comme toutes les femmes", dit-elle. Elle voudrait être aimée. Elle vit très mal d'avoir été abandonnée par son amant. Elle pense qu'il est important d'être engagé dans la vie politique, d'avoir un regard critique sur le monde, mais elle se rend compte que le communisme n'est plus la solution. Elle a écrit un roman qui est devenu un best-seller et lui a rapporté beaucoup d'argent, ce dont elle éprouve une telle culpabilité qu'elle ne peut plus écrire. Elle se rend compte par l'intermédiaire de la réflexion qu'elle mène sur elle dans ses carnets qu'elle a échoué dans tous les domaines de sa vie, ce qui cause chez elle une grave dépression.



En fait, Anna traverse ce que les américains appellent la « middle-life crisis », cette période de la vie, où il faut renoncer à pas mal de ses illusions de jeunesse. Anna finira par s’en sortir, mais le lecteur en sort physiquement épuisé tant cette écriture analytique est déroutante et semble tourner dans un cercle infernal.



Est-ce qu’il faut vraiment s’approcher si près de la folie pour devenir soi-même ? Je n’en suis pas convaincue.



Ouf !! c'est le premier livre que je trouve aussi ardu, compliqué mais quel bonheur on retire de cette lecture aussi intéressante qu'initiative.







































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Le cinquième enfant

L'enfer de cette femme et mère est très bien décrit par l'Auteure. Pourtant Harriet et David énerve tout leur entourage. Ils veulent être heureux, habiter une grande maison et avoir beaucoup d'enfants. Un conte de fée moderne ou l'antichambre de l'enfer ? Tout commence bien : les grossesses d'Harriet se succèdent, grâce à l'aide financière de leurs parents, ils réussissent à acheter leur maison grandiose et cette dernière sert de maison familiale de vacances pour les cousins et la famille. Ils sont critiqués ouvertement et l'annonce de la cinquième grossesse d'Harriet n'arrange rien. Malheureusement après une gestation horriblement douloureuse et cauchemardesque, Harriet met au monde un enfant différent. Les médecins le trouveront normal année après année, il mange bien, grandit bien, est fort et vigoureux et le fait qu'il ne parle pas ne veut rien dire. L'aide qu'ils refuseront à cette femme décuplera son sentiment de culpabilité. Bon inutile de vous dire que la famille s'est détournée d'eux, la différence fait peur, et même les autres enfants feront tout pour quitter la maison. La cellule familiale va éclater après bien des aventures et malgré les années. J'ai souffert pour Harriet mais pas une seule page ne m'a donné l'envie de fermer le livre, bien au contraire. Je voulais savoir si, à un moment ou un autre quelqu'un tendrait la main à cette femme.





Challenge prix Nobel 7/12
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C'est ainsi qu'un jeune noir du Zimbabwe a ..

"Les bibliothèques! ce mot disparaît petit à petit du langage courant : A présent, on les appelle des médiathèques, ça fait plus moderne, plus technophile. A la place des livres, on a des ordinateurs, des connexions internet, des podcasts et ... éventuellement quelques bouquins !

Pourtant, il reste de nombreux pays dans le monde et notamment en Afrique où les besoins en livres sont encore énormes (Voir article du Monde du 5 août 2019 « En Afrique, lire doit être la norme et non l’exception » . https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/05/en-afrique-lire-doit-etre-la-norme-et-non-l-exception_5496821_3212.html

Ce livre écrit par la brillante Doris Lessing en 2009 est un plaidoyer pour la création de davantage de bibliothèques bien équipées dans l'ensembles des pays d'Afrique. Dans une deuxième partie, l'écrivaine fait part de ses craintes de voir disparaître dans notre civilisation, le monde des livres au profit du monde des écrans avec pour conséquence un appauvrissement culturel des humains en général :

"Les bibliothèques, comme nous le savons tous, sont menacées. Des générations qui ont grandi avec pour ressource les biliothèques de quartier, les voient disparaître.

Ce texte est suivi d'un petit postface écrit par Alberto Manguel : "Doris Lessing en Afrique"

Edifiant!

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Les Grand-mères

Première rencontre avec cette auteure nobélisée et malgré un style que j'ai jugé assez distant, je suis plutôt satisfaite.



"Les grands-mères" est un récit solaire, non seulement parce qu'il se passe intégralement en été même s'il s'étend sur plusieurs décennies - l'auteure ayant visiblement tenu à donner à son récit la lumière naturelle et poétique que seul le soleil fournit - mais aussi parce que ses personnages rayonnent d'une intensité affective assez extraordinaire.



Roz et Lil sont amies depuis l'enfance. Aussi proches et complices que si elles avaient été jumelles, elles ont pris l'habitude de tout partager : bonheurs et soucis de la vie. Leurs parcours sont différents et pourtant parallèles. Avec le temps, viennent l'expérience et la maturité ; ces femmes sont devenues épouses puis mères. Des mères que le hasard des circonstances - ou la perversité du destin - va inciter à partager leur "bien" le plus précieux : leurs fils.



Il s'agit d'un roman qui parvient à être poétique sans lyrisme. Figuratif : les descriptions sobres brossent en quelques traits fins décors et caractères. J'ai été heureuse de ne pas être engluée dans des envolées emphatiques, mais dans le même temps, je ne me suis jamais sentie proche voire identifiée à aucun des personnages. Le texte a donc coulé sur moi avec la pureté d'une eau limpide et transparente mais sans laisser de traces. La tension sexuelle et affective qui lie les quatre personnages principaux ne m'a pas réellement séduite, sans pourtant me mettre mal à l'aise ; je dirais plutôt que l'incongruité de leurs relations est si atypique et déplacée qu'elle n'a pas suscité en moi de réelle implication dans le récit. C'est un récit qui parle d'amour mais j'ai eu du mal à nommer "amour" les sentiments décrits.





Challenge PLUMES FEMININES 2021

Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge NOBEL

Challenge RIQUIQUI 2021

Challenge ATOUT PRIX 2021

Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2021
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Descente aux enfers

Au vu des billets sinon négatifs, du moins dubitatifs sur ce roman, j'ai failli reculer pour cette première approche de Doris Lessing. Et puis finalement j'ai décidé d'essayer d'appliquer la bonne vieille méthode du lâcher prise : tu te lances, tu lis, tu coules, tant pis, respire. Et ça a marché!



Traverser ce roman est en effet une véritable aventure, et pour cause: nous sommes au coeur de la "folie" (ou tout au moins de ce que la société rationnelle considère comme telle), dans l'esprit d'un homme trouvé dans la rue, amnésique, conduit à l'hôpital, et qui entre deux tentatives de contact de la part du corps médical divague, se remémore, témoigne, raconte ses pérégrinations de marin errant dans un courant tournant sans fin sur un radeau dans l'Atlantique, sa découverte d'une ville abandonnée des hommes, et puis sa guerre, et puis ses amours dans la guerre...

Comprendre qui est cet homme est malaisé, il n'offre aucun point d'appui; les médecins se relaient sans succès à son chevet, même les dieux interviennent et chacun a ses raisons. Et notre homme continue de tourner, de parler parler parler...



On est perdu et pourtant à un moment, à défaut d'explication, des éléments se mettent en place sous la plume limpide et d'une rare intelligence de Doris Lessing, ils s'agencent en des sens qui défient la raison, et vous laissent à la fin du voyage un peu moins rationnel que vous ne l'étiez en y entrant, ce qui est une bonne chose.



Doris Lessing et moi, on va se revoir.









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Descente aux enfers

Après une pause de presque deux ans, je me suis enfin décidée à reprendre ma 'Descente aux enfers' commencée dans le cadre du Challenge Nobel. Une descente un enfers, c'est bien de cela qu'il s'agit puisqu'on passe 400 pages dans la tête d'un homme dérangé et obsessionnel enfermé en hôpital psychiatrique. Mais aussi, plus prosaïquement, parce que la lecture peut se révéler un vrai calvaire, bizarre, dérangeante et ennuyeuse...



Le début est à cet égard particulièrement frappant : pendant plus de 70 pages, on est sur un radeau au milieu de l'océan, seul. Et tourne et tourne et tourne. Et rien d'autre que tourne et tourne. Puis on se retrouve sur une terre, peuplée d'hommes à tête de chiens qui se battent et vivent des orgies. Pendant à nouveau 70 pages.



Et là s'était arrêtée ma première rencontre infernale, me laissant un vrai malaise et pas du tout envie de découvrir la suite ! Pourtant, j'en ai gardé un souvenir très précis, bien plus que pour certains autres livres lus à la même période et appréciés. Puis je m'étais promis d'aller au bout, ne serait-ce que pour comprendre (ou pour voir s'il y avait quelque chose à comprendre). Alors je l'ai repris.



La suite immédiate est tout aussi hypnotique et pénible : par associations d'idées, le héros passe de la terre à un mystérieux cristal qui l'envoie dans l'espace et lui fait rencontrer les dieux de la mythologie, notamment Mercure et Minerve qui deviennent bientôt les chefs de guerre Merk Ury et Minna Erve. Vous l'aurez compris, à ce moment-là le héros est toujours aussi atteint, la lecture aussi ardue et j'avoue que j'ai sauté des passages et lu en diagonale.



Puis ça s'améliore un peu, on sort des délires pour en venir aux échanges, avec les médecins, les autres malades ou son entourage d'avant. la lecture devient plus fluide et on arrive au bout sans trop souffrir (mais sans forcément tout comprendre, en tout cas pour moi).



Plus qu'une histoire, c'est donc à mon sens une expérience littéraire que Doris Lessing nous livre ici, un peu comme celles des surréalistes ou de l'écriture automatique... à moins que ce ne soit carrément un trip sous acide ! Si je peux comprendre l'intérêt pour l'auteure elle-même, je suis nettement plus dubitative sur l'intérêt pour des lecteurs, sauf à vouloir devenir fous d'angoisse ou d'ennui !
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Un enfant de l'amour

A quoi rime une vie lorsqu'on passe à côté à force de rêves et d'ennui? Cette question, James Reid peut se la poser.



Étudiant en comptabilité, réservé, féru de poésie, il est enrôlé dans l'armée britannique dès 1939. Service colonial, des semaines insupportables sur un navire, à vomir ses tripes, souffrir du soleil implacable, du rata militaire, du manque d'eau douce, ..., avant d'arriver à destination. Au milieu, une parenthèse folle et désespérément fantasmatique au Cap, en Afrique du Sud.



Doris Lessing dresse dans Un enfant de l'amour un portrait en demi-teinte d'un jeune homme dont la vie se situe hors de la réalité, accroché à un rêve qu'il a vraiment vécu, avant de repartir à côté du chemin de sa propre existence.



Triste constat que cette vie. Il y a une mélancolie amère dans ce récit. Pourtant, il ne m'a pas touchée ni émue et je crois que la romancière l'a écrit en ce sens. Un avertissement peut-être.



"Vivez, n'attendez à demain

Cueillez dès aujourd'hui

Les roses de la vie" OK mais ne restez pas à la regarder se déssècher!
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Victoria et les Staveney

J'ai lu presque d'une traite ce livre assez mince et j'aurais volontiers attribué la note de 4+ si elle existait.

Doris Lessing nous raconte la vie d'une jeune femme noire marquée par un épisode de son enfance dans lequel elle découvre fortuitement la vie d'une famille de riches blancs londoniens.

A mots couverts, très finement, deux mondes sont évoqués, avec double langage et racisme latent.

Sa fille métisse, pour laquelle Victoria souhaite le meilleur, devra choisir entre ces deux mondes que tout oppose.
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Le Rêve le plus doux

Une grande maison pleine d'ado. Un orphelinat, un foyer ? Non, la grande maison de Julia Lennox, vieille dame distinguée, qui partage son habitation avec l'ex-femme de son fils et leurs deux garçons. Et leurs camarades, tous plus ou moins à la recherche d'un foyer chaleureux, de liberté et d'amour... De passage ou à demeure, il emplissent la maison de leurs cris, larmes, rires... Y découvrent la politique (le communisme), l'amitié, l'amour, la vie.

Le lecteur suit la première génération des occupants, des enfants de la guerre qui aspirent à une autre vie que celle de leurs parents.

Ils seront de tous les bouleversements, manifestations, engagements. Ils représenteront le pire et le meilleur de cette génération ado dans les années 1960, bercée par les utopies, les idéalismes puis par l'argent facile, l'endoctrinement des trente années suivantes. Chute du communisme, capitalisme triomphant, libération sexuelle, sida, émancipation féminine, ils auront la "chance" d'être aux premières loges.

Une radiographie de notre fin de siècle, vécue par des êtres ordinaires qui se construisent parfois un destin extraordinaire mais qui ont aussi les névroses de notre temps. Tous, pour se soutenir, garderont le souvenir des repas et de la chaleur de la grande maison. Parfois avec l'espoir de pouvoir les reproduire, quelque part.
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Les Grand-mères

Lorsque j'achète un livre couronné par un prix littéraire j'en attends toujours le meilleur. Alors lorsque j'ai entre les mains un roman d'un auteur qui a obtenu un Prix Nobel de Littérature, j'espère vraiment être conquise au point de ne plus toucher le sol, mais de m'élever dans des sphères où l'on n'accède que très rarement. Le Prix Nobel étant la "Rolls" des prix littéraires... Mais trop souvent je connais une déconvenue. Avec ce roman de Doris Lessing, la déception est de taille! Je ne suis pas conquise par l'écriture, peut-être la traductrice est-elle en partie responsable? Mais pis encore sans doute, je suis heurtée par l'histoire. Ces "grand-mères" ne correspondent pas du tout à l'idée que je peux me faire d'une "grand-mère"! Peut-être ai-je un esprit étroit et suis-je très vieux jeu, mais ces femmes sont malsaines.

Grosse déception qui me prouve une fois de plus qu'un prix n'est pas toujours une garantie de qualité. Un roman lu rapidement et qui sera très vite oublié.
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Victoria et les Staveney

Ouvrage encore une fois piochée au hasard sur les étalages de la médiathèque, parce qu'il se trouvait à côté d'un autre que j'étais en train de ranger, je l'ai emprunté car je me suis laissée séduire par la couverture, n'ayant pas fait le rapprochement avec le fait qu'il s'agissait d'une auteur qui avait reçue le Nobel il y a exactement onze ans de cela.



Ici, plongée au cour de deux mondes que tout oppose et ce, à plus d'un titre : d'un côté le monde des blancs et de leur côté bourgeois, de l'autre celui des noirs et de leur condition de vies misérables (cela fait un peu cliché, je vous l'accorde mais l'on a trop tendance à oublier que cela fut tellement vrai et durant de longues années). Les exemples de ces oppositions sont admirablement sont de la famille Staveney, un couple divorcé avec deux enfants et bien qu'extrêmement riches, ces derniers fréquentent l'école municipale du quartier - volonté de monsieur le père bien que ce dernier soit rarement à la maison - et non pas une école huppée dans laquelle ils n'auraient pas été confrontés à la dure réalité de la vie. de l'autre côté des barreaux, effectivement, il y a Victoria. Ayant perdu sa mère très tôt, celle-ci a toujours vécu avec sa tante et comme elle, celle-ci est de couleur noire. Suite à l'annonce de la maladie de cette dernière, Victoria, en tant qu'adorable petite fille de neuf ans, a toujours pris soin de sa tante mais, entre temps, elle a pu côtoyer l'espace d'une nuit, l'univers du luxe et de l'opulence en dormant dans la maison des Staveney. Elle a vu ce que c'était et s'est toujours jurée de passer de l'autre côté, surtout depuis le jour où , suite au décès de sa tante, elle a été recueillie par l'une de ses amies et n'a jamais eu sa propre chambre à elle. Quel luxe ce serait alors, se disait-elle. Oui, un jour, elle aurait sa propre chambre...De plus, elle n'a jamais oublié Edward, l'aîné des Staveney, ce garçon qui était venu la chercher à l'école ce tragique soir, qui l'avait prise sur ses genoux afin de la réconforter et de lui raconter des histoires comme si elle était encore un bébé. CE soir-là d'ailleurs, elle n'a jamais autant apprécié ce faire passer pour tel mais lorsque les années se seront écoulées, se souviendra-t-il encore d'elle, petit fille noire insignifiante recueillie dans cette maison comme tant d'autres avant elle ? Rien n'est moins sûr mais ce qui est certain, c'est qu'elle, ne l'oubliera jamais...



Un ouvrage poignant, bien écrit et vite lu dans lequel le racisme, l'inégalité entre les hommes et tant d'autres sont dénoncés entre les lignes. Un ouvrage qui n'est ni trop larmoyant mais devant lequel on ne peut que s'émouvoir et être indigné face à cette dure réalité de la vie. A découvrir et à faire découvrir !
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Le cinquième enfant

Un roman dérangeant mais qui m’a laissé une impression fort mitigée. La description de la rencontre de David et Harriet qui forment un couple peu banal tant ils ne sont pas dans l’air du temps est remarquable, de même que la peinture extraordinaire de la formation d’une famille, naissance après naissance, jusqu’à l’arrivée de son cinquième enfant. Le lecteur se sent immergé dans cette famille un peu hors de son temps. La peinture sociétale sonne juste. Le passage où Harriet part chercher Ben, la peinture de l’horrible institution où il végète et le retour à Londres sont aussi très réussis et effarants. Mais à partir de là j’ai un peu décroché, j’ai eu l’impression de ne plus comprendre du tout où Doris Lessing voulait en venir. Harriet a-t-elle fait une dépression du post-partum ? Mais dans ce cas, quand une femme est bien entourée (et c’est le cas d’Harriet !), il y a quelqu’un dans l’entourage pour remplacer la figure maternelle. L’attitude des personnes extérieures à la famille (corps médical, enseignants) m’a paru bizarre et aurait pu, en soi, être un sujet, mais cela n’occupe pas assez l’espace du roman, et finalement ne sert qu’à souligner le peu d’aide de la société. Et puis cette mère qui n’a développé aucun attachement pour cet enfant devient une mère quasi fusionnelle qui défend son petit bec et ongle, au détriment de la famille qu’elle avait construit. Je n’ai pas trouvé cela psychologiquement très crédible. Heureusement il y a une belle peinture du délitement de cette famille. Bref, chaque partie de ce roman m’a paru bien écrite, bien vue, mais mal articulée à la précédente et à la suivante. C’est mon premier roman de Doris Lessing, sa plume me donne envie de lire d’autres textes d’elle, mais je ne conseillerais pas celui-là, en tout cas pas pour la découvrir.
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Les Grand-mères

CHALLENGE NOBEL 2013/2014 (3/15)



Ce challenge aura au moins eu un mérite, celui de me faire connaître des auteurs que je ne lis pas habituellement. Avec "Les grand-mères", je découvre donc Doris Lessing et ma lecture finie, une réflexion me vient à l'esprit : j'espère que sa nobellisation ne repose pas uniquement sur ce titre et qu'elle a dans son œuvre d'autres arguments plus solides. En effet, ce petit roman ou cette grosse nouvelle, comme vous voulez, n'est pas très consistant, que ce soit au point de vue du nombre de pages ou de son contenu que je qualifierais de très superficiel.

Déjà, pour moi, le titre ne s'accorde pas avec l'histoire puisqu'on y parle essentiellement de relations mère-fils ; je lui préfère celui du film qui en a été tiré "Perfect Mothers" même si, je me dis que ce dernier doit être prodigieusement ennuyeux vu la faiblesse du scénario.

Au début du livre, le lecteur est spectateur de ces deux familles aisées (trois générations), bien sous tout rapport, qui passent la journée à se dorer la pilule sur une plage sélecte. Mais voilà que l'arrivée d'une des belles-filles va jeter un pavé dans la mare et rompre le charme. Peu à peu, il va découvrir que derrière les apparences se cachent des relations que la morale pourrait réprouver et les non-dits vont faire exploser ce bonheur de façade.

Envie de faire scandale ou fantasme inassouvi de grand-mère (Doris Lessing a écrit ce roman à 86 ans), j'ai du mal à comprendre la motivation de l'auteure. Ce livre restera pour moi une histoire futile, sans profondeur, animée par des personnages peu attachants.
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Les chats en particulier

Un roman autobiographique écrit pour tous les amoureux des petits félins. Très agréable à lire. Belle écriture limpide.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Filles impertinentes

Publié en deux parties en 1984 et 1985 , ce texte est aussi court qu'intense . Doris Lessing se penche "honnêtement" sur le rapport chien-chat qu'elle a entretenu sa vie durant, avec une mère qui ne l'a jamais aimée ou si mal, une mère qui ne rêvait que de vivre selon les statuts imposés par la bourgeoisie victorienne, réceptions, partys, fréquentations sélectes et conversations raffinées...



La vie dans le veld rhodésien entre un mari dépressif , des enfants indisciplinés, n'a guère été à sa convenance. Alors avoir une fille aux moeurs dissolues à ces yeux, divorcée 2 fois, mère de famille, fréquentant des cafres, des étrangers de toutes nationalités, écrivant des livres fort embarrassants et injustes pour les sujets blancs de sa Majesté et refusant son aide poliment et fermement , quelle calamité .....



Si Doris Lessing admet ce que son attitude avait d'agressif, avec le recul elle ne voit pas comment elle aurait pu agir différemment sans se faire "vampiriser" par cette femme certes brillante et courageuse mais d'un autoritarisme redoutable.



J'aurais aimé découvrir ce texte avant de me plonger il y a fort longtemps dans le carnet d'or.
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L'Ecclésiaste

Livre de l'Ancien Testament écrit vers l'an 400 avant notre ère, traditionnellement attribué au roi Salomon, L'Ecclésiaste est un texte biblique qui, de prime abord, peut sembler curieux, voire paradoxal: son thème central, en effet, est résumé par les premiers versets, bien connus, de l'œuvre: "Vanité des vanités, tout n'est que vanité."



Partant de là, l'auteur va développer une vision radicalement sombre et pessimiste de la vie humaine: tout ce qui existe est promis à une mort inéluctable, l'homme étant sur un pied d'égalité avec l'animal - et, parmi les hommes, le sage et le fou, le bon et le méchant... Tout, en ce monde, est futile, fragile, éphémère, illusoire, évanescent. Il n'y a, par ailleurs, "rien de nouveau sous le soleil": hier, aujourd'hui, demain, tout est pareil - depuis toujours et pour toujours. Et il ne sert à rien de chercher un sens à l'existence! Il faut se résigner à ne rien comprendre, à ne rien savoir. Seuls, les petits plaisirs basiques de la vie ont quelque chose de positif: boire, manger, prendre femme. (On n'est pas loin, ici, de la philosophie épicurienne et de son célèbre "carpe diem".)

Et Dieu? dira-t-on. L'auteur, malgré son apparent nihilisme, est profondément croyant: il ne met pas en doute sa Providence - mais constate seulement que notre intelligence limitée ne nous permet pas de comprendre ses desseins ni de connaître le jugement qui nous attend. Aussi, donne-t-il à son fils, en fin de livre, le seul enseignement qui vaille à ses yeux: "Crains Dieu et observe ses commandements, car c'est le devoir de tout homme."
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Filles impertinentes

Livre autobiographique sur les relations de l'auteure avec sa mère, relations qui n'ont jamais été formidables. Pourtant Doris, adulte, va essayer de comprendre les réactions de sa mère vis à vis d'elle.

Doris n'était pas une enfant facile et s'est révélée être une adolescente tout en rébellion et ce ne sont pas ses deux mariages et ses deux divorces qui ont amélioré le point de vue de sa mère sur sa fille.

Pour cela Doris remonte aux origines de sa famille, une famille bourgeoise emplie de tous les codes de la bourgeoisie anglaise, une façon d'être, de penser, de se comporter, des conventions que sa mère s'évertue à appliquer au fin fond de la Rhodesie du sud (actuel Zimbabwe ), car Doris a grandi dans ce pays loin de son Angleterre natale.

Ses parents emportent dans ce voyage des blessures physiques et psychologiques liées à la première guerre avec un père soldat et une mère infirmière.

Un livre intéressant sur une mère représentant l'empire britannique déclinant et une jeune fille rebelle, libre, représentant une nouvelle génération qui aspire à tout autre chose.

Un rendez vous mère fille manqué, un livre très instructif et très pertinent.
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Victoria et les Staveney

"Le garçon rougit violemment. Il semblait ne plus savoir où se mettre. C'était ce point précis qu'il se reprochait amèrement. il avait bien vu une fillette noire, mais on lui avait dit d'aller chercher une petite fille et il n'avait tout simplement pas imaginé qu'il pût s'agir d'elle."



L'histoire de Victoria, et des Staveney ne commence pas sous les meilleures auspices.

En effet, aussi loin que remonte sa mémoire, Victoria se sent de trop, jamais à sa place, petite orpheline à la charge de tous, hébergée sur des canapés. Elle abrège sa scolarité pour aller très vite travailler.

De son aventure avec le plus jeune fils des Staveney, nait Mary, une petite fille métisse, qui n'a pas de mal à s'intégrer dans cette famille blanche et riche, dans laquelle Victoria se sent écartée.

Doris Lessing, écrivain britannique engagé, prix Nobel de littérature en 2007, nous raconte dans ce court roman, une histoire simple et touchante. Elle met en scène, sans porter de jugement, juste en posant sous nos yeux les éléments d'un sobre récit, les préjugés sociaux et raciaux d'un monde policé, qui se prétend tolérant. Avec délicatesse, sans effet spectaculaire, elle nous fait percevoir la déchirure de Victoria, et la terrible inconscience des Staveney.

Un petit chef-d'œuvre tout en nuance, que j'ai eu plaisir à lire pour découvrir une grande dame de la littérature.
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