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Critiques de Fiodor Dostoïevski (1684)
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Crime et Châtiment

Un long et intense moment de lecture, qui m'aura frappé tour à tour au cerveau, au coeur, aux tripes. Crime et châtiment est un ouvrage exigeant, roboratif, éprouvant, dont j'ai terminé la lecture à bout de souffle, mais tellement fasciné que m'y replongerais volontiers à l'instant.



Rien à voir avec les vagues souvenirs que je gardais d'une première lecture trop rapide, il y a trente ou quarante ans, probablement agacé par la lenteur des développements, perdu dans les patronymes et la psychologie des personnages, perturbé de surcroît par le style inapproprié d'une ancienne traduction. Car encore faut-il choisir la bonne traduction. (Voir mon article à ce sujet, sur mon blog, rubrique « Et moi, et moi... émoi ! »).



Ecrit il y a un siècle et demi, Crime et châtiment est en fait de la littérature policière tout ce qu'il y a de plus moderne, un roman noir à suspense, du genre de ceux où l'on connaît l'assassin dès le début, mais où l'on ne sait pas quand et comment sa culpabilité sera finalement établie. En l'occurrence, l'attitude de Raskolnikov, l'assassin, est exaspérante, mais l'on est submergé par son angoisse d'être confondu, par sa détresse devant les doutes de ses proches – et ce n'est que le début de son châtiment ! –. L'affaire traine en longueur, la police tâtonne sur de fausses pistes, mais progresse lentement, inexorablement. Je ne serai pas le premier à évoquer l'analogie avec une série télévisée policière archi-célèbre. Laquelle ? Observez le juge d'instruction tournicoter mine de rien, en ami, autour de Raskolnikov en l'enserrant insensiblement dans son filet. On croirait presque entendre certain lieutenant : « Veuillez m'excuser, M'sieur, encore une p'tite question et je vous laisse… »



Dostoïevski n'a jamais vu Columbo à la télé, mais il admirait Shakespeare et Schiller. Crime et châtiment est conçu comme le scénario détaillé d'une immense pièce de théâtre, d'une tragédie géante dont un narrateur décrirait les décors, façonnerait l'âme des personnages pour modeler leurs pensées, et assisterait clandestinement à leurs rencontres pour en rapporter les dialogues, comme en voix off.



L'ouvrage se présente aussi comme une vaste fresque sociale dans le Saint-Petersbourg de l'époque. L'action se situe en plein été, dans un quartier miséreux. Chaleur, saleté, puanteur, poussière, l'air est irrespirable. On titube et l'on s'invective dans les rues, au sortir de cabarets où l'on s'est enivré jusqu'au dernier kopeck. Des cages d'escalier sinistres desservent des taudis crasseux à peine meublés, loués par ce qu'on appellerait aujourd'hui des marchands de sommeil. Là s'entassent des familles loqueteuses : des hommes ayant éclusé dans l'alcool toute la honte de leurs échecs, des femmes au bout du rouleau criant après leur marmaille, des jeunes filles qui se prostituent, des gamins qui mendient… enfin, ceux qui ne sont pas malades !... Une petite élite émerge : ils sont ou ont été étudiants, fonctionnaires, commerçants, militaires. Ils tentent de tisser un semblant de solidarité, même s'il faut se méfier des profiteurs et des débauchés.



Dans les grandes tragédies, les intrigues secondaires sont souvent captivantes. Dans Crime et châtiment, elles percutent notre sensibilité. Compassion pour les malheurs sans fin de la famille Marmeladov. Émotion pendant les échanges empreints de non-dits entre Raskolnikov et ses proches, sa mère, sa soeur Dounia, son ami Razoumikhine. Indignation et dégoût lors des offensives tentées sur la très belle Dounia, par des types pas nets comme Loujine et Svidrigaïlov.



Venons-en à l'événement majeur du roman, le crime, et à son auteur, Raskolnikov. le personnage inspire des sentiments contrastés. C'est un jeune homme en perdition, qui peut susciter de l'indulgence, de la bienveillance, mais les motifs qu'il confesse pour son geste sont insupportables.



Parce qu'il s'imagine d'une essence supérieure, parce qu'il lui faut trois mille roubles pour sortir du dénuement et terminer ses études, Raskolnikov, vingt-deux ans, ne trouve ni anormal ni immoral de trucider à la hache une vieille usurière – un être ignoble et inférieur, un « pou », prétend-il – pour la dévaliser. Un avis dont il ne se départira pas, même quand il se sentira contraint d'aller se livrer, même encore lorsqu'il purgera sa peine au bagne. Finalement, dans les toutes dernières pages du récit, Sonia, la petite prostituée qui, pour ne pas l'abandonner, l'aura suivi jusque là-bas, en Sibérie, obtiendra la reconnaissance de sa faute et son repentir. Une double rédemption, par la foi et par l'amour, afin de pouvoir ouvrir les yeux sur un avenir d'espérance.



Mais ne faut-il pas chercher plus en profondeur la motivation réelle du crime ? Alors que sa mère et sa soeur le portent aux nues et se sacrifient pour ses études, Raskolnikov a tout lâché. Il passe ses journées allongé sur son lit à ne rien faire, si ce n'est à ressasser des frustrations délirantes. Ne pouvant assumer cette forme de trahison à l'égard des personnes qui lui sont le plus cher, il se laisse dériver dans une spirale de déchéance devenue irréversible. Lui apparaît sa médiocrité, aux antipodes de l'être supérieur qu'il aurait voulu être. C'est intolérable et cela le conduit à commettre l'irréparable, à franchir le point de non-retour vers une damnation totale et définitive, que ses proches pourront toujours expliquer par un coup de folie.



L'élimination d'un être vil et malfaisant aurait été ainsi le seul et unique acte d'homme supérieur de Raskolnikov. L'acte et la pensée qui le sous-tend restent ignobles, mais en nous plaçant dans le contexte d'aujourd'hui, notons que son crime le distingue du terroriste qui, dans le même état d'esprit, aura cherché à commettre un attentat massif et aveugle.




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Les pauvres gens

Ce roman nous propose la correspondance entre les deux héros, qui s’étale sur quelques mois, du 8 avril au 30 septembre de la même année.



D’un côté, Makar Dievouchkine, un fonctionnaire d’un certain âge, qui recopie (calligraphie plutôt) des lettres officielles et vit chichement en colocation.



Il échange des lettres avec une voisine plus jeune que lui : Varvara Alexéievna, qu’il appelle Varinka. Ils sont parents éloignés et se racontent leurs misères, la vie n’étant pas tendre avec eux. Leurs appartements aussi délabrés l’un que l’autre se font face et il peut voir bouger le rideau ou regarder ses fleurs.



Varinka est nostalgique de son enfance à la campagne et ne s’habitue pas à la vie à Saint-Pétersbourg, où elle dit avoir été grugée par une cousine et vit de quelques travaux de couture.



Avec ce fonctionnaire zélé, perfectionniste qui sombre peu à peu, Dostoïevski livre un tableau touchant de la décrépitude de cet homme qui redoute la honte de la misère, sa crainte de ne plus pouvoir payer son loyer, et d’être mis à la rue, le comble de la déchéance et en même temps qui s’accroche pour rester digne le plus longtemps possible et se rend chaque jour à son travail en dépit de sa tenue vestimentaire.



On retrouve l’amour pur selon la conception de l’auteur : amour filial, vue la différence d’âge ? platonique ? en tout cas asymétrique car Varinka profite de lui, souffle le chaud et le froid, le manipule, mais l’auteur lui laisse-t-il vraiment une place ? elle reste un être humain face au petit homme intègre, dévoué, soumis, plein de compassion, presque christique.



On voit la bienveillance de Makar qui dépense son argent, emprunte pour apporter un peu de confort à sa « petite mère », il donne alors qu’il est encore plus dans le besoin qu’elle…



Dostoïevski nous décrit dans le détail les vêtements usés aux coudes, parfois jusqu’à la trame, les chaussures en miettes, semelles béantes, un tableau sans concession de la misère mais avec une certaine dignité de l’âme, donnant de grands coups de griffes au passage à la description du fonctionnaire que fait Gogol dans « Le manteau » : il est inconvenant de tourner ainsi en dérision un fonctionnaire… mais c’est sa façon de lui rendre hommage, en creusant davantage son héros.



Dostoïevski dénonce aussi l’importance des cancans, des moqueries, Makar est très sensible au « qu’en dira-t-on » et personne ne l’épargne. Parmi les autres pauvres gens, j’ai bien aimé Pokrovski, alcoolique qui cherche la rédemption dans ses rapports avec son fils, étudiant colocataire de Makar.



« Pokrovski était un jeune homme pauvre, extrêmement pauvre. Sa santé ne lui permettait pas de suivre régulièrement les cours, et c’est plutôt par une sorte d’habitude qu’on continuait à le qualifier d’étudiant. »



Beau roman, (le premier) écrit en 1845, l’auteur ayant à peine plus de vingt ans, nous offre un bel échange épistolaire où les deux héros retracent leur situation, leurs émotions sans tabou mais avec beaucoup de pudeur. On retrouve déjà l’auteur torturé qui nous proposera plus tard des chefs-d’œuvre…



Je continue donc mon histoire d’amour avec l’ami Fiodor (ô Honoré, je te suis infidèle !!!) et dire qu’il m’aura fallu quarante ans pour le découvrir réellement alors que j’ai beaucoup aimé « Crime et châtiment » à l’époque… Je crois qu’il y un moment dans notre vie où l’on est prêt à rencontrer une œuvre, un auteur, les lectures précédentes et les évènements de nos vies ayant préparé le terrain…



Challenge XIXe siècle 2017
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Le crocodile

UN ÉVÉNEMENT EXTRAORDINAIRE OU LE RÉCIT VÉRIDIQUE RAPPORTANT COMMENT UN MONSIEUR D’UN CERTAIN ÂGE ET D’UNE GRANDE RESPECTABILITÉ FUT AVALÉ TOUT VIF PAR LE CROCODILE DU « PASSAGE » ET CE QU’IL EN ADVINT.

C'est en ces termes que Dostoïevski lui-même présente la nouvelle " Le crocodile " en 1865, date de sa parution, ce qui m'a tout de suite fait penser à une manchette de journal à sensations. J'ajouterai volontiers : ou comment un événement dramatique devient presque un canevas de vaudeville.



Il faut dire que l'événement est surprenant, absurde et le récit est franchement drôle, enlevé, flirtant avec le fantastique. Cela fait indubitablement penser aux nouvelles de Gogol, comme Le Nez, où un événement absurde commence par perturber la société pour finir par habitude par devenir la nouvelle norme. Dostoïevski est captivant avec cette histoire farfelue qui tranche radicalement avec ses grands romans célèbres et son style habituel - un joyeux divertissement où pointe néanmoins une critique sociale et politique de la société pétersbourgeoise de son époque.

J'ai particulièrement apprécié la façon dont Dostoïevski réussit à donner la parole à chacun des protagonistes de cette nouvelle, défendant leur point de vue sur les suites à donner à cette situation hors norme, avec une absence totale de bon-sens ce qui bien sûr renforce l'effet absurde et risible. Mais je ne veux pas en dire davantage. C'est court et caustique à souhait, il serait dommage de se priver de découvrir cette facette inhabituelle du talent de Dostoïevski, d'autant que la nouvelle est disponible en lecture gratuite sur internet.

Du vaudeville par Dostoïevski, incroyable non ?
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Souvenirs de la maison des morts (Les carne..

Bienvenue dans l'univers carcéral russe du XIXème siècle !



Certes c'est un livre pas franchement, franchement feel good. Mais bon c'est peut-être aussi le moment idéal de le lire, entre les vacances insouciantes et les jours trop courts trop gris, la Toussaint et les réveillons ...



Lecture difficile mais nécessaire. Dostoïevski est un excellent observateur et nous décrit parfaitement ses compagnons de bagne, tant sur le plan physique que sur le plan psychologique, leurs conditions de vie et les travaux forcés. Il nous parle des coups de verge et autres punitions corporelles, des chaines portées pendant cinq ou dix ans, de la corruption des gardiens, des vols entre détenus et des trafics en tout genre dans le camp, de la malnutrition, du manque d'hygiène (épisode mémorable de la chemise de nuit qui passe de malade en malade à l'hôpital du camp, sans jamais être lessivée, accumulant sueur et autres sécrétions corporelles – pour rester décente). Mais aussi il évoque les moments plus légers, comme la représentation de théâtre au moment des fêtes, moment privilégié où « on avait permis à ces pauvres gens de vivre, ne fût-ce que quelques instants, à leur guise, de s'amuser, de passer une heure autrement qu'en galériens – et ces brèves minutes les avaient moralement transfigurés ». Ou encore le très touchant partage des croissants donnés en aumône par les habitants du village.



C'est un témoignage historique aussi, bien sûr. Mais surtout une expérience grandeur nature de sociologie et de psychologie. Dostoïevski décrit admirablement le crétinisme des petits chefs qui appliquent le règlement à la lettre, la perversion de certains individus qui s'enivrent de leur pouvoir de vie ou de mort sur les bagnards. Mais surtout je trouve qu'il parle excessivement bien de la misère morale des hommes voués à effectuer une tâche qui n'a pas de sens, de la soif insensée parfois de liberté que chacun de nous porte au plus profond de ses entrailles, du pouvoir effrayant de l'argent dans ces lieux où il permet d'acheter un semblant de liberté, celle de le dépenser comme bon nous semble. Et il rappelle fort justement que « aucun homme ne peut vivre sans un but qu'il s'efforce d'atteindre ; s'il n'a plus ni but ni espoir, sa détresse fait de lui un monstre ».



Un livre essentiel. Pour essayer de comprendre l'Homme. Et méditer sur notre époque.

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Le Joueur

J'adore le caractère de la Babouchka, une de ces femmes directes qui démasquent le mensonge et l'obséquiosité des gens à leurs pieds parce qu'elle est riche et qu'elle devrait bientôt mourir ! Ahh l'héritage ! Ahh, l'Avidité !...

L'action se déroule au XIXè siècle, à Roulettenbourg, une ville d'eau imaginaire d'Allemagne, dont le casino attire de nombreux touristes. Le général russe mène grand train en attendant le télégramme venant de Moscou annonçant la mort de la riche comtesse Antonine Vassilievna, sa tante. Il est entouré de sa nièce Pauline Alexandrovna, et les petits dont Alexis Ivanovitch est l'outchitel, le précepteur. Celui-ci est amoureux de Pauline qui, hautaine et arrogante, en profite pour lui faire exécuter des caprices, comme d'insulter un baron allemand.

Il y a deux ou trois autres parasites comme Blanche, 25 ans et sa mère, le marquis français prétentieux Des Grieux, et l'Anglais Astley dans l'entourage du général. Certains sont riches, d'autres ruinés, et d'autres pauvres.

Mais au lieu d'un télégramme annonçant la mort de la babouchka et donc son héritage, la voila qui débarque sans tambour ne trompette, et en pleine forme. Elle a vite fait de mesurer le caractère de chacun, et de le lui dire sans filtre : j'adore !

Mais elle se met à jouer. La première fois, tout va bien, elle gagne... Mais elle s'entête, et le deuxième jour, elle perd tout. Catastrophe : l'héritage est perdu... Que va faire ce petit groupe avide ?

Enfin, il y a trois exceptions que d'ailleurs Antonine aime bien : Astley, Pauline avec son fichu caractère, et Aleixis, qui sont tous les trois désintéressés.

.

Pour moi, Dosto est l'écrivain russe dont je me sens le plus proche. Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est la peinture des caractères ;

l'hypocrisie ou la franchise qui vont avec ;

les personnages cyclothymiques comme Pauline ou le général ;

la caricature, vue par un Russe du Français élégant, de l'Anglais compassé, ou du Russe "ours";

les manigances et les dépendances des uns par rapport aux autres.

On s'y perd dans les différentes monnaies européennes qui ont cours au casino, et j'ai constaté qu'un Anglais et un Russe essayaient de s'exprimer en français pour se comprendre : c'est à croire que, comme l'anglais domine le monde actuellement, le français dominait l'Europe au XIXè siècle.

Il y a bien sûr le jeu, avec les yeux qui brillent et les mains qui tremblent, ce qui n'est pas sans rappeler le joueur de Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, de Stefan Zweig !

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Enfin, il y a la Grand-Mère ! Une Mahaut d'Artois, un personnage haut en couleurs qui donne son second souffle au roman : )

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Souvenirs de la maison des morts (Les carne..

Peut-être au fond ‘Souvenirs de la maison des morts' est-il le roman russe le plus intéressant de la fin du XIXème. Un paradoxe pour ce texte froid et austère, souvent dédaigné au profit des grands romans. Mais il y a deux arguments à faire valoir.



Le premier est lié au caractère autobiographique, mais pas pour celui-ci en tant que telle. Des livres évoquant la misère des étudiants et de jeunes artistes, les dettes et les jours sans pain, on en trouve à foison et on reconnait bien vite quand ils ne sont pas le fruit de l'imagination. Mais même dans la pauvreté, l'homme instruit ne se mêle pas à l'ouvrier. le jeune homme pauvre reste dans son galetas humide, ressassant ses échecs et relisant ses précieux livres. Il fréquente d'autres jeunes déclassés, parfois quelques grisettes. Il ne manie pas les outils de ses mains trop blanches, ne partage pas le pain noir et la piquette avec l'ouvrier. Qu'on se rappelle Vallés, Vallés le communard, essayant de s'embaucher dans une imprimerie ; Tolstoï jouant les paysans…



Mais Dostoievski, lui, l'a vécu au bagne. Subi. Lui a vécu à leur côté, les a observé, a touché du doigt son inutilité quand il s'agissait d'aider de ses mains. Il décrit nombre d'entre eux – le petit juif d'une endurance insurpassable au sauna, le vieux-croyant banquier… Mais aussi leurs interactions, leurs habitudes, leurs rares distractions. Un témoignage unique sur la Russie des tsars, loin des palais de Saint-Pétersbourg et des babouchkas dans les isbas.



Mon second argument découle du premier, car il s'agit du constat implacable qu'il fait alors : même en prison, les barines et les gens du peuples ne vivent pas dans le même monde. Que les premiers puissent se dire leurs camarades n'engendre que l'incrédulité et le dédain chez les seconds. Un mur invisible et infranchissable les sépare, que Dostoïevski contemple avec tristesse et impuissance, quand Tolstoï se cogne dedans avec obstination.



C'est donc l'un des rares romans russes où se montre le point de vue du peuple. Et la profondeur de la fracture sociale, à bien des égards, permet de mieux comprendre l'incroyable déchainement de violence de la révolution russe.
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Crime et châtiment, tome 1

Lu, à l'aube de mes jeunes 17ans, c'est avec plaisir que je me replonge aujourd'hui, dans l'univers torturé et fantastique de Dostoïevski.

En préambule, je dois dire que j'ai lu ce premier tome dans l'édition Babel par le traducteur André Markowicz, rencontré deux fois lors de soirées littéraires.

Je n'ai pas de compétence pour juger d'une traduction, néanmoins, j'apprécie beaucoup l'homme qu'est André Markowicz et la sensibilité à fleur de peau qu'il dégage me semble aller de pair avec l'univers de Dostoïevski.

Crime et Châtiment, les deux mots si forts et résonants constitue à merveille l'articulation de ce roman.

D'abord, il y a ce crime commis par cet étudiant qui n'a plus les moyens de l'être. Raskolnikov est jeté dans les rouages de la misère et du désespoir.

Il conçoit sans vraiment imaginer ce que cela engendre de tuer une usurière vile et détestable.

Ce qui est passionnant dans l'écriture de Dostoïevski, c'est les méandres qu'il utilise et parcourt pour nous décrire la psychologie du personnage.

Très intéressant comment il note qu'il y avait une sorte de prédestination du sort de notre étudiant.



" Il entra dans sa chambre comme condamné à mort. Il ne réfléchissait plus à rien du tout, il était incapable de réfléchir, il avait ressenti soudain par tout son être qu'il n'avait plus, aucune liberté de jugement, aucune volonté et que, soudain, tout était décidé définitivement. "

C'est peut-être l'un des nœuds essentiels du roman. L'homme possède-t-il son libre arbitre ?

De succroit, quand il est acculé et dans la misère.



Après le crime, c'est la deuxième phase du roman, Raskonilkov essaie de comprendre ce qu'il lui est arrivé, ce qu'il a fait, pourquoi.

Il tombe malade, délire, veut se tuer, veut vivre.

Nous assistons à tous ses états d'âme que Dostoïevski magnifie par sa plume.

Tous ses rêves évanouis, son impuissance à arracher sa sœur d'un mariage forcé.

Des pages et des pages qui expriment tous ses tourments dont nous ne nous laissons pas.

Mais, au contraire, un attachement se crée envers Raskonilkov, alors même qu'il a commis l'effroyable : Tuer.
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L'Idiot

La dernière page fut tournée il y a de cela plus de six mois, mais j'ai beaucoup de difficultés à me résoudre à rédiger une critique, qui met un point final à cette lecture.

Il n'est pas aisé de rompre avec un tel Idiot, brillant de tous ses mots (maux).

Depuis des années, je souhaitais le lire, mais j'en reculais sans cesse la lecture, comme l'on savoure l'attente du dessert, un oeil humide sur le gâteau au chocolat qui diffuse un parfum envoûtant (je sais, nous ne sommes pas sur un site de pâtisserie, mais les gourmands/gourmets comprendront ;) ).

Bref, je n'avais qu'une hâte, attendre LE moment idéal pour déguster celui que j'espérais être mon meilleur Dostoevski. Je sortais de deux de ses romans, plutôt indigestes (le Joueur , pas des plus savoureux, et le Double, loin d'être le plat signature de ce grand Chef du mot).

Re-bref, assez de digression, mes deux chou(chou)x à venir, semblaient être l'Idiot, et les Démons ( pas encore dans mon "four à lire"euh, ma PAL).

L'Idiot s'avère une véritable pièce-montée, tous les ingrédients de la crème dostoevskienne sont présents : des pages et des pages imprégnées de psychologie sucrée-salée, des rebondissements bien relevées, de l'émotion en guimauve onctueuse, de la philosophie imprégnée de sociologie, des personnages croustillants, recouverts de drame battu en larmes, le tout (dé-) glacé à la mode russe (donc à la vodka).

Rien que d'en parler (écrire), je salive, j'en reprendrais bien une petite relecture, moi ! Un grand (et long ;) ) moment de plaisir intellectuel ! A consommer avec immodération !!!

NB : Ne pouvant concurrencer les magnifiques critiques, argumentées et littéraires (passionnantes et instructives, je vous les recommande !), j'ai opté pour un ton plus léger, que Fedor me pardonne... et vous aussi..
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Les Frères Karamazov

Deuxième lecture de ce fabuleux monument de la littérature et je suis toujours aussi impressionnée par ce roman riche, complexe et tentaculaire.

Mille pages, ce n'est pas simple à résumer, tant mieux je n'en ai pas envie et je pense, que tout le monde connait ! Si vous répondez… non ! Alors lisez donc ce chef d'oeuvre !

L'intrigue n'est pas très compliquée et dès la première partie Dostoïevski nous la révèle. La première partie est consacrée à la présentation des personnages et quels personnages ! Dostoïevski les dissèque, sa plume acérée n'épargne rien, ni personne, ainsi, Fiodor Pavlovitch est dépeint comme un individu dépravé, corrompu, un alcoolique violent, un abjecte libertin et un père indigne pour ses trois fils : Aliocha, Dmitri et Ivan… Ça fait beaucoup pour un seul homme !

Dmitri, l'aîné est un éternel amoureux, il aime les femmes, toutes les femmes. C'est un être toujours à court d'argent qui est plein de rancune envers son père pour une vilaine histoire de « gros sous » ! Ces deux là ne s'aiment pas.

Ivan est quant à lui brillant, de caractère plutôt doux il est doué pour les études mais son père lui fait honte !

Aliocha paraît sans défense, il aime profondément les autres, croyant en Dieu et il recherche la Vérité, il est rentré dans un monastère et admire Zosime le starets, son directeur de conscience.

Tous ces personnages ont des relations mouvementées, difficiles et leur vie gravite autour des femmes (Lise et sa mère, Catherina et Grouchenka…) qu'ils se jalousent. Tout ce monde et bien d'autres vont se retrouver au coeur d'une intrigue policière, qui a tué Fiodor Pavlovitch ?

Dans ce roman foisonnant, Dostoïevski aborde de multiples problèmes, d'ordre politique, religieux, moral et philosophique. Les sentiments, amour, honneur, haine, et culpabilité sont au coeur des relations. Ces personnages sont souvent excessifs, parfois violents mais restent véridiques.

Ce grand génie véhicule des idées nouvelles pour la Russie XIX siècle, notamment il voit poindre une modification des comportements, d'ordres religieux, sociaux et politiques.

On sort ébloui et enrichi de cette lecture flamboyante crée par une intelligence brillantissime !

Sigmund Freud a dit : « Les Frères Karamazov sont le roman le plus imposant qui ait jamais été écrit et on ne saurait surestimer l'épisode du Grand Inquisiteur, une des plus hautes performances de littérature mondiale. »







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L'éternel mari

L'Éternel Mari est un vaudeville burlesque

où les dialogues pittoresques prêtent souvent à sourire, tant par l'inconvenance des situations et les nombreux déboires qui en découlent.



Veltchaninov est un homme rempli de spleen, hypocondriaque, il s'est retiré depuis peu de la société des hommes. Les apparitions successives d'un homme au chapeau garni de crêpe vont le plonger dans une certaine irritation. Comme dans le Double, c'est la manifestation d'un autre qui va déclencher le point de départ de cette histoire. Aléxeï va finir par apprendre que cet homme qui semble le suivre n'est tout autre que le mari d'une femme qu'il a aimée profondément jadis. Veuf depuis peu, Pavel Pavlovitch, l'Éternel Mari, n'est pas venu sans une certaine idée derrière la tête, et la rencontre du mari et l'amant vont faire des étincelles.



Dostoïevski, fin analyste, nous trimballe avec lui dans les rues de Pétersbourg, décrivant les questionnements et les angoisses de son personnage principal avec finesse et précision.
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Les nuits blanches

C’est l’histoire d’une rencontre improbable qui se déroule sur 3 nuits, et l’auteur décrit la manière dont ils font connaissance : elle est en larmes et il ose l’aborder malgré sa timidité. Chacun va raconter son histoire : en fait, elle pleure car elle est amoureuse d’un homme dont elle n’a pas de nouvelles et en l’écoutant. Il est seul, sa vie n’est pas très gaie.



Au fur et à mesure qu’ils se parlent, se racontent, il tombe amoureux d’elle. Amour ? amitié amoureuse ?



J’aime beaucoup l’incipit : « La nuit était merveilleuse – une de ces nuits comme notre jeunesse en connu, cher lecteur. Un firmament si étoilé, si calme ; qu’en le regardant on se demandait involontairement : peut-il vraiment exister des méchants sous un si beau ciel ? – et cette pensée est encore une pensée de jeunesse. Mais puissiez-vous avoir le cœur bien longtemps jeune. »



Dostoïevski parle aussi de son amour pour la ville de Saint-Pétersbourg, pour les maisons, leur architecture ou leur rénovation pas forcément de bon goût.



On retrouve l’hypersensibilité de l’auteur, toujours torturé, se posant inlassablement des questions sur l’amour, sur sa solitude, sur la vie.



Dostoïevski est toujours fasciné par les rêves et il rêve sa vie à défaut de la vivre, d’où l’exaltation lors de la rencontre : il ne pouvait que tomber amoureux de Nastenka qui lui était inaccessible.



J’ai retrouvé, dans cette nouvelle, écrite en 1848, cette sensibilité et ce sens du détail, ces descriptions des gens, des maisons, et l’atmosphère de la ville qui m’avaient plu dans « L’idiot » publié vingt ans plus tard.



Donc, cette œuvre de jeunesse propose au lecteur (qu’il interpelle parfois) une belle histoire romantique, parfois même lyrique, entre deux héros exaltés… Et bien-sûr l’envie de continuer l’aventure avec cet auteur que j’apprécie beaucoup et dont j’ai toujours du mal à parler par crainte peut-être d’être en deçà (serais-je encore plus perfectionniste que lui?) …
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Crime et Châtiment

Le début du roman de Dostoïevski est étrange, un peu démentiel, un

étudiant, Raskolnikov, un intellectuel fier de sa condition, un être supérieur, pense qu’il est au dessus des lois qui sont faites pour les petites gens. Avec cette idée folle, il s’apprête à tuer une vieille usurière pour la dépouiller mais rendre aussi service à la société. Il ne pense pas commettre un crime ! Enfin quoi, y a-t-il des crimes qui n’en sont pas ?

Mais la réalité va être bien différente notre assassin n’assume pas ! Obsédé, il perd le sommeil, déambule, revient sur les lieux du crime, son esprit vagabonde, il ressasse et délire. Petit à petit il lui vient l’idée de se dénoncer et c’est Sonia la douce, la pure qui va lui donner ce courage et finalement le sauver.



Une profonde et très forte description de l’âme humaine, de ce criminel repentant nous entraine dans les tourments physiques et psychiques de la déraison et du délire de Raskolnikov. Dostoïevski nous harcèle avec cette analyse détaillée, troublante, qui nous « étripe » et nous happe dans l’âme du criminel, c’est la grande force de Dostoïevski. Son écriture est saccadée, les mots forts et choquants s’adaptent aux personnages qu’ils habillent à merveille tels les miséreux, les ivrognes, l’obsédé Raskolnikov et les cœurs purs comme Sonia.

Dostoïevski aborde les thèmes de culpabilité, châtiment et rédemption par la souffrance, il nous renvoie face à nous même.

J’ai aimé la force de ce roman, même si j’ai déploré, à mon humble avis, quelques longueurs.







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Crime et Châtiment

Преступление и наказание


Traduction : George Philippenko, Nicolas Berdiaeff et Elisabeth Guertik





Si vous n’avez pas encore lu « Crime et Châtiment » et que vous vous en inquiétez, conservez votre sang-froid et demeurez optimiste : je ne l'ai moi-même achevé que quelques jours après mon entrée officielle dans ma quarante-sixième année.


Il faut dire que, avec son image à la fois mystique et sensuelle, dans la droite ligne de la tradition slave, Fédor Dostoievski a de quoi faire peur. Qui pis est, le malheureux avait, tout comme notre Victor Hugo national, une faiblesse accentuée pour les développements et digressions philosopho-religieuses qui atteignent leur summum dans « Les Frères Karamazov. » Ca et les patronymes russes si pittoresques mais dotés de rallonges multiples ont fait fuir plus d’un lecteur pourtant bien résolu à « aller jusqu’au bout » de Dostoievski. La voie du succès littéraire est jalonnée d'injustices ineptes.


Je parle d'injustice car, si l’on observe « Crime et Châtiment » d’un point de vue purement technique, on ne peut que s’incliner devant l’impeccable rigueur de la construction. Aucun détail n’y est superflu, un personnage qui nous apparaît « de trop » dans la première partie s’avère en fait essentiel au bon fonctionnement de la troisième, le discours à la fois philosophique et social de Raskolnikov est tout, sauf fumeux, en un mot, si disparates qu’elles se présentent parfois, toutes les pièces du puzzle s’imbriquent au millimètre près.


Certes, on peut tiquer devant le goût mélodramatique de l’époque dont Dostoievski, qui publiait en feuilleton, était évidemment tributaire. Mais la nécessité de pousser le lecteur à acheter « la suite au prochain numéro » est aussi l’une des forces du roman : sans ce besoin, le romancier n’aurait sans doute pas organisé ses scènes de façon à laisser presque toujours le lecteur sur sa faim.


L’épilogue et la « rédemption » du héros laissent aussi à désirer – enfin, c’est mon avis. Mais l’idéologie religieuse de Dostoievski s’inspirant bien entendu du principe chrétien : « Souffrez et il vous sera pardonné » me rend sur ce plan fort peu objective, voire facilement exaspérée, je tenais à le préciser.


L’intrigue est à la fois très simple et très complexe. Raskolnikov, jeune étudiant d’une intelligence certaine et même brillante mais de complexion indéniablement caractérielle, se détache de ses études et, au lieu de chercher à les payer en travaillant en parallèle en tant que précepteur ou traducteur occasionnel, comme son ami Razoumikhine, s’enferme peu à peu dans son monde et se pose la question suivante : le meurtre d’un être mauvais, pervers, fourbe, parasite et inutile peut-il se justifier par les bienfaits éventuels que la disparition de cette personne apporterait à plus malheureux qu’elle ? Et, par extension, tout est-il permis en ce bas monde si l'intention est bonne ?


Pendant ce temps, Raskolnikov apprend que sa sœur, Dounia, se décide à épouser un homme qu’elle n’aime pas, Piotr Petrovitch Loujine, afin d’échapper à une situation de gouvernante chez autrui et de garantir du même coup l’avenir de sa mère et aussi les études de son frère.


Dans la fièvre de ses idées et dans la rage de son orgueil, il se rend chez une vieille usurière chez qui il avait déjà déposé un « gage » afin de reconnaître les lieux et l’assassine à coups de hache. Le hasard – encore lui – le force à tuer également la sœur de sa victime, Elisabeth, qu’il prétendait pourtant délivrer la première de la tyrannie de la vieille femme.


De fil en aiguille et même si Raskolnikov, par une chance inouïe (on serait tenté d’écrire la chance du débutant), échappe aux recherches de la Police, la mécanique s’emballe. Bien loin de se sentir délivré et heureux, bien loin de se sentir l’un des ces hommes « extraordinaires » qui, selon lui, ont le droit de tuer pour le bien de l’Humanité, Raskolnikov s’enfonce de plus en plus dans la détresse morale et l’insatisfaction.


En arrière-plan apparaissent une foule de personnages : l’ivrogne et père indigne, l'ancien fonctionnaire Marmeladov, qui a laissé sa fille, Sonia, se prostituer et se mettre « en carte » pour que mange toute sa famille ; Catherine Ivanovna, seconde épouse, puis veuve de Marmeladov (lequel se suicide en se jetant sous les pas d’un cheval de fiacre), qui finit par perdre la raison après l’enterrement mémorable de son époux ; le prétendant de Dounia, Pierre Petrovitch Loujine, l’un des « salauds » les plus terribles et les plus tartuffards de toutes la littérature ; l’exubérant et intègre Razoumikhine, ami et condisciple de Raskolnikov, qui finira pas épouser Dounia ; l'énigmatique Porphyre Petrovitch, juge d’instruction très tôt persuadé de la culpabilité de Raskolnikov et à qui Harry Baur prêta jadis sa silhouette monolithique dans le film de Pierre Chenal ; Lebeziatnikov, le socialiste utopiste, exaspérant mais foncièrement honnête et qui aime en secret Sonia Marmeladov ; et Sophie Semionovna, justement, la fille de Marmeladov, la « fille perdue » qui tombera amoureuse du héros si tourmenté de Dostoievski et le suivra au bagne. Sans oublier le personnage d’Arcady Svridigailov, ex-escroc, ex-tricheur professionnel, propriétaire terrien qui avait failli « perdre de réputation » la sœur de Raskolnikov et qui, toujours amoureux d’elle, se suicide tout à la fin du roman lorsqu’il comprend qu’elle ne l’aime pas et ne l’aimera jamais.


Oui, on se suicide beaucoup chez Dostoievski. Mais cela passe à peine pour une marque de faiblesse. C'est plutôt l'aboutissement d'une quête quasi mystique - en tous cas, je l'ai ressenti comme tel.


Quand on sait que Dostoievski travaillait sans plan pré-établi, conservant les grandes lignes de son intrigue uniquement dans sa tête et avançant à coups de petits dialogues griffonnés sur ses carnets, on ne peut que rester ébloui par le résultat ainsi obtenu. Par sa concision, par l’ampleur des questions qu’il soulève cependant et par la puissance des personnages, « Crime et Châtiment » est un grand livre. Et si vous ne deviez lire qu’un seul roman de Dostoievski, ce serait lui qu’il faudrait choisir. Sans hésitation. ;o)
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Les Démons (Les Possédés)

Bien que j'ai lu plusieurs livres de Dosteiveiski, je suis toujours assez déconcertée par ces romans.

Peut-être encore plus avec " Les possédés" alias les démons. André Markowicz à qui j'accorde beaucoup de respect, l'a rebaptisé ainsi et visiblement ce vocable est le plus proche du russe.

C'est souvent dans un univers clos qu'évolue une poignée de personnages, ayant souvent des liens de parenté lointains. Les Démons ne déroge pas à la règle.

Le narrateur nous propose une chronique d'un personnage dans une petite ville de province, lié à d'autres. La plupart des personnages sont médiocres, obscurs. La trame commune aux livres de Dosteiveiski semble bien être la folie qui habite la plupart des protagonistes. De cette simple nervosité exceptionnelle à la folie complète.

C'est assez saisissant et fascinant à lire. Néanmoins, on a souvent l'impression de tomber dans une pièce de théâtre qui épuise le lecteur ou même les acteurs de ce drame. Beaucoup de tumulte, beaucoup de bruit, de confusion pour somme toute des histoires assez languissantes.

Une des grandes préoccupations, me semble-t-il chez Dosteiveiski est de connaître, d'identifier ce qu'est le peuple russe, ce qui définit l'âme russe ?

C'est certainement ce qui m'attache à le lire depuis si longtemps.







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Crime et Châtiment

« Raskolnikov, à bout de force, tomba sur le divan, mais il ne pouvait plus fermer les yeux. Il resta couché une bonne demi-heure, dans cette souffrance, dans cette insupportable sensation d’épouvante sans borne qu’il n’avait jamais encore éprouvée. »



L’argument de ce vaste roman, paru en 1866, est connu : un étudiant, Rodion Raskolnikov, commet un meurtre avec préméditation sur la personne d’une vieille prêteuse sur gage qu’il connaissait. S’il avait longuement préparé ce crime, l’arrivée de la sœur de la victime, le pousse à en commettre un second… Il réussit à fuir la scène de crime sans se faire remarquer.



Il s’agit là d’un acte quasiment « gratuit ». Depuis quelques mois Raskolnikov n’a plus les moyens nécessaires pour poursuivre ses études de droit. Il est en délicatesse avec sa logeuse. Et il ne sort guère plus de son placard miteux. Mentalement, il a perdu pied. Mais il reste conscient de ses actes.



Il fera tout pour ne pas avouer ces crimes, alors que de grandes difficultés familiales (sa mère et sa sœur) compliquent encore sa situation…



J’ai été constamment étonné et séduit par ce roman, proprement incroyable de maîtrise. C’est avant tout un véritable roman policier, une sorte de prototype du genre. On peut y trouver, entre autres, un véritable jeu du chat et de la souris entre le juge d’instruction Porphyre Petrovitch et Raskolnikov, pas si éloigné de ce qu’aurait pu tirer Simenon d’une intrigue pareille. D’ailleurs Simenon avait lu les auteurs russes dans sa jeunesse et reconnaissait l’influence qu’ils avaient eu sur sa vision assez sombre de l’humanité, vraiment présente dans ses romans « durs ».



En grande partie dialoguée, l’intrigue laisse toute sa place à un suspense insoutenable : Raskolnikov craquera-t-il ? Tout semble se liguer contre lui. Et le lecteur, loin de le considérer comme la fripouille qu’il est, tremble pour lui et avec lui.



Il y a en plus, bien évidemment puisqu’on est tout de même dans le domaine russe du 19ème siècle, une dimension philosophique, métaphysique et même religieuse. La critique sociale est aigue. On touche du doigt les difficultés des pauvres gens, particulièrement les enfants, et les grandes violences qu’ils subissent.



Je n’en reviens pas.

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Le crocodile

le crocodile est une nouvelle de Fiodor Dostoieveski .Elle fut publiée en 1865.Il s 'agit du sieur , Ivan Matveitch qui doit se rendre à l 'étranger, en Allemagne .Mais , avant de partir , il décide , lui, son épouse, Elena Ivanovna et son ami, Sémione Séminitch ( le narrateur) de se rendre à la Galerie le Passage pour observer un crocodile exposé dans une baignoire .Le saurien est taquiné par Ivan à deux ou trois reprises .L animal agacé va prendre l 'homme et l'avaler .La foule est en émoi ! Que faut-il faire pour sauver Ivan .

Ce dernier , une fois bien installé à l 'intérieur du saurien va brocarder les tares dont souffrent la Russie .Il va tirer à boulets rouges sur l'ensemble des institutions : administration , le capitalisme , le socialisme, l Allemagne...La crainte de voir son pays perdre son indépendance .Le risque des convoitises des étrangers .On doit signaler aussi l 'abolition du servage par Alexandre II

l''auteur expose ce qu 'est l 'état de la Russie en cette fin du XIX e Siècle et expose cet état en usant du burlesque et de l 'absurde !







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Au pied du sapin : Contes de Noël de Pirandel..

Bientôt Noël, et cela m'a donné envie, pour la modique somme de 2 euros, de replonger un peu dans cette ambiance si particulière...



Le livre se présente en trois parties, pas forcément très logiques: des réveillons inattendus, des Noëls de rêve, des Noëls peu traditionnels.



L'ensemble est assez inégal. Certains textes ne m'ont pas tellement plu, m'ont ennuyée comme " Les santons" de Jean Giono et " Noël quand nous prenons de l'âge "de Dickens, d'autres sont trop cruels et impitoyables , comme " Nuit de Noël "de Maupassant. Même si j'ai apprécié le cynisme de l'auteur...



Par contre, mention spéciale à deux d'entre eux, subtils et bien écrits, émouvants: " Le réveillon du colonel Jerkof " de Joseph Kessel et " Un arbre de Noël et un mariage" de Dostoïevski.



Et j'ai beaucoup aimé la version fantaisiste et écologique du Petit Poucet , de Michel Tournier!



A tous, je souhaite une très belle fête de Noël, dans la chaleur familiale ou amicale . Et au pied du sapin...plein de belles découvertes livresques !

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Les Carnets du sous-sol (Notes d'un sous-te..

DE PROFUNDIS CLAMAVI



Quelle est donc cette voix qui nous parle du fond de la nuit ?

Elle nous semble si familière que nous hésitons à croire qu'elle n'est pas sortie de notre propre bouche fiévreuse, un soir de cauchemar, le petit matin suintant lentement dans notre conscience, chargé des paroles terribles.

Il parle, il parle, il parle, nous dit Dostoïevski de son personnage, enfermé dans une cave pendant quarante années et, lorsqu'il en sort, pour quelque virée nocturne avec des soudards qui se terminera auprès d'une jeune prostituée qu'il souillera dans sa touchante pureté, c'est encore précédé des ténèbres de l'humiliation volontaire, de la soif de l'abaissement (1), de mille paroles bruissantes et rampantes, comme si l'homme du souterrain avait donné un coup de pied dans un nid de vipères dont il ne pouvait plus se débarrasser.

Pour Pietro Citati, cette ivresse de la haine et du mépris qu'un homme peut retourner contre lui-même bien plus que contre les autres est une des caractéristiques du Mal absolu sur lequel Francis Marmande, auteur d'une postface sans intérêt (pour la collection Babel) citant Guibert, Bataille, Leiris et même Duras, n'écrit pas un seul mot. Inexistence de ces pré et postfaciers qui semblent ne point savoir lire.

C'est encore Pietro Citati qui écrit que le héros, ou plutôt l'anti-héros absolu peint par Dostoïevski est un exemple, le premier sans doute, d'homme creux. L'image est facile et en partie fausse. C'est peut-être, en effet, ne pas tenir compte d'un certain nombre d'indices allant contre l'opinion de Citati, indices pour le moins insistants, le premier d'entre eux étant que Dostoïevski n'a pas voulu imaginer un homme qui fut complètement médiocre. le bavard des Carnets du sous-sol n'est certainement pas le minable Peredonov de Sologoub, un personnage absolument grotesque qui semble, décidément, hors de portée du plus puissant des bons samaritains, comme s'il se tenait, ainsi que Monsieur Ouine, hors de toute atteinte. Ne se révolte-t-il pas, même, contre le cartésianisme qui, à ses yeux, paraît avoir aplani le monde ?

L'homme médiocre est plat. Il refuse le risque de la profondeur, celle de l'amour ou celle du Mal volontaire.

Le médiocre est l'homme qui ne veut point du secours des autres hommes. Il est l'idiot, au sens étymologique du terme, celui qui ne veut point être relié à la communauté des vivants, l'îlot de perdition.

Notre médiocre, lui, même s'il appartient peut-être à cette catégorie, plus maudite que celle des «âmes perverties», des «âmes habituées» selon Charles Péguy, est tiraillé par la pureté, qu'il flaire d'ailleurs, comme un démon véritable, dans le coeur de la jeune prostituée venant chez lui après leur première rencontre, avec laquelle il couchera et qu'il humiliera en lui glissant un billet dans la main au moment de sa fuite, entièrement provoquée par les lamentables propos qu'il tient contre elle. Ne pouvant accomplir le bien, il lui reste à devenir vil. Comprenant que cette femme pourrait le sauver dans son infernale misère, le personnage de Dostoïevski tentera par tous les moyens de la blesser, de salir la petite flamme claire qui danse dans son coeur. Cette haine de la lumière n'est que la forme extrême de la conscience de sa propre misère, lorsque l'angoisse est la conséquence d'une certitude aussi douloureuse qu'aveuglante, ramassée en peu de mots par le grand Pascal lorsqu'il écrivit misère de l'homme : «Je sentais quelque chose qui refusait de mourir au fond de moi, dans le fond de mon coeur, de ma conscience, qui s'obstinait à ne pas mourir, qui se traduisait en angoisse brûlante» (p. 139).

Comme un véritable démon écrivais-je, car lui seul, comprenant que le bien qu'il ne peut toucher et qui brûle son regard est l'unique réalité, n'a de cesse de s'enfoncer dans le désespoir qu'il creuse, par l'action de sa propre volonté. En clair, il se dévore : «Plus je prenais conscience du bien, de tout ce «beau» et ce «sublime», écrit ainsi Dostoïevski, plus je m'engluais dans mon marais, et plus j'étais capable de m'y noyer complètement» (2).

C'est que l'homme creux tel que nous le peint l'écrivain russe n'est pas, à proprement parler, un médiocre ou alors il s'agit d'un médiocre d'un type particulier, parfaitement moderne, fruit de «notre époque négative» (p. 31), au savoir purement livresque et qui joue la comédie, devant les autres, en récitant les grandes phrases qu'il a lues et qui remplissent sa boursouflure d'un mauvais rêve éternellement bavard : «Que je vous explique : cette jouissance-là provient d'une conscience trop claire de votre abaissement; du fait que vous sentez vous-même que vous en êtes au dernier stade; et que c'est moche, et qu'il n'y a pas moyen de se sentir mieux; qu'il ne vous reste aucune issue, que plus jamais vous ne serez un autre; que, même s'il vous restait du temps et de la foi pour devenir quelque chose d'autre, vous ne voudriez plus vous-même, sans doute, vous transformer; et que, si vous vouliez, vous ne pourriez rien faire de toute façon, parce qu'il est vrai, peut-être, que vous n'avez plus rien en quoi vous transformer» (pp. 16-7).

Notre homme du souterrain tourne en rond, sa volonté porte à vide, n'a plus de poids, n'a plus la moindre importance dans un monde qui se moque des vieilles grandeurs antagonistes que sont le bien et le mal : «Parce que je suis coupable, enfin du fait que même si j'étais doué d'une quelconque grandeur d'âme, je n'en éprouverais qu'une douleur plus grande à la conscience de son inutilité» (p. 18).

L'homme creux, ce surgeon maléfique né dans la littérature du XIXe siècle et qui ne cessera de réapparaître au travers de centaines de masques (Folantin, Monsieur du Paur, Roquentin, Monsieur Ouine, etc.), veut faire le bien mais ne comprend guère quel hypothétique intérêt il va pouvoir en tirer. Faire le mal, alors, ne sera pas tant le résultat d'une décision mûrement réfléchie que la pente suivie d'une torturante facilité.

Le médiocre se laisse aller, comme on dit.

Tel un démon écrivais-je, ce qui signifie encore que le diable n'existe pas réellement dans Les Carnets du sous-sol en tant que personnage, mais bel et bien en tant que volonté maligne, de la part de l'écrivain, de conduire jusqu'à ses ultimes limites la conscience d'un homme qui ne s'aime pas. Peut-être est-ce ainsi que nous pouvons comprendre le jugement de Charles du Bos qui écrit : «Pour ma part, je n'éprouve son action [celle de Satan] sans cesse présente que dans l'oeuvre de Dostoïevsky (sic). Son action comme facteur, car nous vivons ici un phénomène qui se situe en une zone autrement profonde que celle d'où relève l'apparition ou au moins l'abstention d'un personnage. Ce n'est pas parce que Dostoïevski fait intervenir le diable dans ses romans, mais bien à cause de l'espèce fuligineuse de son génie, des procédés de son art d'une casuistique d'autant plus retorse que fallacieusement ingénue, de certains traits de la nature de l'homme […] que je le tiens pour démoniaque; — et, si je le tiens pour démoniaque, il va de soi que c'est parce que je me rallie de tous points à cette vue de Gide le concernant : «Je crois que nous atteignons avec [les Notes d'un souterrain] le sommet de la carrière de Dostoïevski. Je considère ce livre (et je ne suis pas le seul) comme la clef de voûte de son oeuvre entière». Or, [cette oeuvre] figure, à mon gré, le chef-d'oeuvre du démon dans l'ordre littéraire. Il le figure non seulement en fonction de «la rumination du cerveau», mais davantage encore pour le caractère du cheminement, tout ensemble par le labeur de la sape et par le dédale des boyaux. le démon est avant tout souterrain […]» (3).

Souterrain et incroyablement bavard, aussi, l'anti-héros de l'écrivain russe étant finalement le père, dont l'esprit est accablé de lectures (4), des personnages de Camus (le Jean-Baptiste Clamence de la Chute) et de Louis-René des Forêts (dans le Bavard) : «[…] je ne suis qu'un bavard inoffensif, rien qu'un bavard inoffensif et contrariant, comme tout le monde. Mais qu'est-ce que je peux faire quand la fonction unique et évidente de tout homme intelligent reste le bavardage, c'est-à-dire d'agiter les bras pour faire du vent ?» (p. 29).

Ainsi, parce qu'il s'est réfugié dans un anti-monde qui a de moins en moins de liens avec le monde véritable et la vie réelle, la bouche d'ombre du souterrain est décrite par Dostoïevski comme une espèce de chimère, la création véritablement malade d'une époque ayant perdu, pour employer une expression de Kierkegaard, le sens de la verte primitivité, une civilisation dont l'unique but, semble-t-il, est d'accroître une sensibilité privée d'objet (5), tout entière dévorée par une intelligence qui est condamnée à un monologue perpétuel, un ressassement infini : «Car raconter, par exemple, de longs récits sur la façon dont j'ai gâché ma vie dans mon trou, la désagrégation morale, l'absence de milieu, la perte du vivant et ma méchanceté vaniteuse dans mon sous-sol, je vous jure, cela n'a pas d'intérêt; le roman a besoin d'un héros et là, exprès, sont réunies toutes les caractéristiques d'un anti-héros et puis, surtout, cela fera une impression des plus désagréables, parce que nous avons tous perdu l'habitude de la vie, nous sommes tous plus ou moins boiteux. Nous en avons tellement perdu l'habitude, même, qu'il nous arrive parfois de ressentir une sorte de répulsion envers la «vie vivante», et c'est pourquoi nous ne pouvons pas supporter qu'on nous rappelle qu'elle existe. Car où en sommes-nous arrivés ?» (p. 164).

Nous en sommes arrivés à un monde qui, comme s'il s'agissait d'une réunion de sabbat, hurle autour du feu en ravageant la création et en brûlant les pauvres, dont les cendres alimentent l'immense machine dont le rêve ultime est de prendre notre place et puis, peut-être, de s'élancer dans les gouffres de l'espace pour y retrouver son créateur, dont elle gardera la très lointaine nostalgie.

«Nous sommes tous morts-nés, conclut Dostoïevski, et depuis bien longtemps, les pères qui nous engendrent, ils sont des morts eux-mêmes, et tout cela nous plaît de plus en plus. On y prend goût. Bientôt nous inventerons un moyen pour naître d'une idée» (p. 165).

En attendant ce jour qui, à vrai dire, est déjà le nôtre, annonçant le long monologue de l'homme ayant trébuché ou plutôt chuté comme l'imaginera Albert Camus, faux-pas et chute qui lui apprendront qu'il n'est plus rien de vivant puisqu'il a failli à sa tâche, Dostoïevski aura tendu à notre apocalypse festive et légère un miroir où grimace sa face de démon, son plus fidèle portrait sans doute (6).

L'enregistrement aussi, effrayant dans sa monotonie, d'une voix d'outre-tombe, la voix de la nuit évoquée par Marcel Beyer.



Notes

(1) «Oui, est-ce possible, enfin, est-ce possible que l'on s'estime encore un tant soit peu si l'on a essayé de chercher du plaisir même dans la sensation de son propre abaissement ?» (Fédor Dostoïevski, Les carnets du sous-sol [1864], Éditions Actes Sud, coll. Babel, traduction d'André Markowicz, lecture de Francis Marmande, 1993), p. 26.

(2) Op. cit., p. 16.

(3) Charles du Bos, Qu'est-ce que la littérature ? (Plon, coll. Présences, 1946), pp. 308-9.

(4) «[…] et une idylle, encore, de poudre aux yeux, livresque, inventée […]» (p. 141).

(5) «Qu'est-ce donc qu'elle adoucit en nous, la civilisation ? Tout ce que fait la civilisation, c'est qu'elle amène à une plus grande complexité de sensations… absolument rien d'autre» (p. 35).

(6) «Car s'il est une conviction chez Dostoïevski, c'est bien l'irrémissible rupture, à partir des Lumières, que provoque l'autodéification de l'homme, fêlure ontologique qui excède le cours des révolutions et par laquelle l'homme, singeant l'Absent, se fuit, précipite sa perte et rencontre l'échec en affirmant une impossible liberté, d'abord tragi-comique, puis proprement infernale. Loin de réécrire les mythes anciens du vol solaire ou du feu dérobé, c'est à une descente dans les basses-fosses de la modernité, là où s'élabore la fiction du sujet autonome, qu'il s'emploie», in Jean-François Colosimo, L'Apocalypse russe. Dieu au pays de Dostoïevski (Fayard, 2008), p. 177.



Cette très acérée chronique fut - lamentablement - captée, et illico reproduite ici par votre humble chroniqueur (paresseux), sur le blog de Juan Asensio qu'il a intitulé Stalker (en référence au célèbre film de Tarkovski).



Le lien pour ceux qui chercheraient à en savoir plus sur cette plume très accrocheuse, c'est ici : http://www.juanasensio.com/archive/2010/09/20/les-carnets-du-sous-sol-dostoievski-zapiski-iz-podpolia.html



Un autre point de vue sur ce texte incroyable du grand romancier russe, avec un angle d'attaque vraiment intéressant, se trouve ici : http://revuepostures.com/fr/articles/leguerrier-18
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Les pauvres gens

L'ouvrage m' a surpris, du moins en début de lecture.

Et puis j'ai retrouvé cette ambiance si particulière de ces maisons russes où s'entassent cette pauvreté, comme pour mieux se tenir chaud.

Au reste, la gêne et les relations décrites entre ces chiches fonctionnaires et ces intérieurs domestiques modestes et dénudés, ne différent pas sensiblement du Royaume Uni ou Paris au dix-neuvième siècle. cela sent l'odeur de la précarité contées par Balzac, Zola, Maupassant, Dickens et consorts.

Par contre, les deux personnages principaux qui échangent leurs missives, ressortent d'un registre à la fois touchant et agaçant: touchant pour la jeune fille et agaçant pour le vieux fonctionnaires pleins de préjugés et d'une bonté (alliée à sa prose) tellement dégoulinante et qui le met dans une précarité extrême... mais qui vient en aide à une famille encore plus miséreuse que lui.

Dostoïevski, génie de l'âme et des évocations, nous fait partager St Pétersbourg, sa grisaille hivernale et ses illumination fragiles au printemps.

Les cœurs sont tourmentés, chauffés puis apaisés dans des situations qui se détendent... Et, derrière ce récit épistolaire, il me semble que résonnent ces chœurs russes qui chantent à l'unisson.
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Le Joueur

Lorsque Dostoïevski perd toute sa fortune à la roulette, l'idée lui vient d'écrire un livre sur l'enfer du jeu. L'histoire se passe à Roulettenbourg en Allemagne. Nous suivons un jeune homme nommé Alexis Ivanovitch qui exerce le métier de "outchitel" (précepteur) pour les enfants d'un général. La psychologie est fortement présente dans ce roman. Alexis est amoureux de la belle-fille de son employeur et décide de gagner de l'argent pour la séduire. Malheureusement, il tombe peu à peu dans la passion folle du jeu. Paulina est au premier abord méprisante, étrange et ingrate mais se cache au fond une belle âme effrayée par la vie. Le général attend désespérément la mort de sa tante Baboulinka pour pouvoir épouser Blanche, une jeune et belle française à l'affût de l'héritage du général. L'auteur nous offre une peinture de la société bourgeoise de son temps tout en nous plongeant dans un univers palpitant. Le Joueur a été une belle première découverte du monde russe, le domaine du jeu est traité avec brio.
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