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Critiques de Henry de Montherlant (208)
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La reine morte

Je croyais trouver une sorte de Roméo et Juliette , tragédie de l'amour fou, impossible. C'est plutôt le Roi Lear!



Pedro et Inès ne sont pas les héros de la pièce.



Montherlant a campé la figure du roi Ferrante - roi vieillissant - qui impose un mariage politique avec l'Infante de Navarre à son fils qui ne peut le conclure puisqu'il est déjà secrètement uni à Inès de Castro. Ferrante est le personnage principal de la pièce, monarque, il incarne l'Etat et la raison d'Etat. La raison d'Etat s'opposant à l'amour, c'est classique dans la tragédie. Il ne s'agit pas uniquement de cela. Ferrante, vieillissant délire, il signe un pacte avec Aragon, sachant que ce traité lui sera défavorable, il convoque ses conseillers, courtisans flatteurs ou félons auxquels il n'accorde aucun crédit. Il exerce son pouvoir absolu et capricieux plus par le goût du pouvoir que par souci de l’intérêt du Portugal. Il se grise de son pouvoir, il méprise aussi bien son fils que ses courtisans. Il a pouvoir de vie et de mort sur l'évêque de Guarda, sur Lourenço Payva, sur Inès. S'il épargne l'évêque par politique vis-à-vis du Pape, il est seul maître du destin des deux derniers. Pourquoi ordonnera-t-il l'exécution d'Inès? Pour prouver qu'il est le roi? Parce qu'il a été défié par son conseiller? Parce qu'enceinte, elle porte la vie alors qu'il est au seuil du trépas?



L'infante de Navarre est l'autre personnage fort de la pièce qui commence par ses stances. Personnalité royale, elle aussi. Offensée par le refus de Pedro, elle ne cherche pas à nuire à sa rivale. Au contraire! Elle cherche à l'attirer à elle en Navarre. Elle en tombe amoureuse.



Inès est autant mère qu'amoureuse. Amoureuse, certes quand elle va voir Pedro en prison, mais c'est en tant que mère qu'elle irrite Ferrante. C'est l'évocation de l'enfant à venir qui cèlera son arrêt de mort.



La Reine morte m'a donc réservé des surprises!



J'ai été très intéressée par les présentations de la pièce de l'édition Folio THEATRE, imaginer Madeleine Renaud dans le rôle d'Inès, imaginer aussi l'impatience des spectateurs en 1943 sachant que le métro passait à 11h20 à Palais Royal. Allusion du film de Truffaut! J'ai hâte de voir la pièce en entier!


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Les jeunes filles, tome 1

Déçu par ce roman, qui n'est en fait qu'un échange de lettres entre Pierre Costals, écrivain et des filles, amoureuses de lui. Je n'ai pas aimé, et ne le conseillerai pas.
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Le Maître de Santiago

A Avila, en 1519, l'austère don Alvaro est reconnu par ses pairs comme mâitre de l'ordre de Santiago.

Depuis 25 ans, il s'est retiré avec sa fille dans une pauvre demeure. Seules comptent pour lui l'âme, la pureté, la méditation.

Les autres chevaliers se disposent à partir pour le Nouveau Monde ou l'on conquiert la fortune et les honneurs.

Alvaro n'a quant à lui soif que d'un immense retirement et d'ailleurs il aurait horreur de s'associer à cette prétendue croisade ou les Espagnols se déshonorent par leur cruauté et leur cupidité.

Durant les trois actes l'action reste suspendue à cette décision dont dépendent pour Alvaro le salut de son âme et pour sa fille le bonheur terrestre.
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Les jeunes filles, tome 4: Les lépreuses

Dans ce quatrième et dernier volume, Costals va-t-il épouser Solange ? En goujat qui se respecte, Costals cumule les avanies, les insolences et les petites trahisons auprès de sa donzelle, laquelle, naguère si naïve, apprend la séduction et la manipulation pour se faire épouser.



La mère, en connaisseuse du genre hippogriffal, va à la rencontre de l’écrivain et négocie : ma fille, voyez-vous, vous sera d’une aide indispensable ! Par exemple, elle entretiendra la maison et tapera vos textes à la machine…



Montherlant montre du doigt : voilà comment le mariage devient un outil d’intégration sociale, au détriment des sentiments amoureux. À force de s’obstiner, Solange en fait une fixation dénuée de sens. Mais sans cesse prise et rejetée par Costals comme une poupée, elle dépérit.



De son côté Costals, habile jongleur des sentiments et des femmes, cumule les aventures, souvent risquées, avec d’autres femmes. À trente-cinq ans, il vit intensément, frénétiquement, et sent une menace sourdre. C’est l’heure de faire des comptes, et pour Costals, ils sont vite faits : la littérature prime sur tout le reste ; s’il avait juste le temps d’achever la suite logique de son œuvre, il serait heureux. On filtre, à travers Costals, l’inquiétude de Montherlant qui, au faîte de son œuvre, se voit dépassé par la postérité. En homme inquiet, plus grave qu’à l’accoutumée, Costals se consacre à son journal intime – diversifiant encore le mode de narration. En quatre volumes, son portrait est remarquablement fouillé ; sa personnalité changeante et complexe ressort avec vivacité bien après avoir refermé le livre.



C’est ici que Montherlant, toujours prompt à s’immiscer dans les actions et les mensonges de ses personnages, jette tout ce qu’il a à dire des hommes et des femmes. Au résultat, aucun des deux n’échappe à son œil connaisseur.



Sûr de son talent, il s’amuse, il taquine : quel écrivain barbant aurait pu consacrer une œuvre sur les jeunes filles et leurs relations sans ennuyer le lecteur ? Montherlant l’a fait, et avec brio. Au détour, il règle quelques détails avec ses détracteurs : le roman est-il un genre périmé ?



Si la vision du couple est négative, l’autre apparaissant comme une entrave à l’épanouissement, elle comporte certaines vérités sur le « chimérisme féminin ». Montherlant l’oublié, la victime d’une injustice littéraire, dissèque les comportements sociaux, les préjugés, les goûts, le rapport à l’autre sexe, à la famille, à l’amour. Des succédanés se font passer pour des dépeceurs de mœurs, mais lui, il n’a pas d’égal.



La critique et les citations sur mon blog :

http://www.bibliolingus.fr/les-lepreuses-4-4-henry-de-montherlant-a80136600
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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Le chaos et la nuit

Don Celestino Marcilla Hernandez, Espagnol qui a lutté au temps de la guerre civile dans les rangs des républicains, vit en réfugié politique avec sa fille. Eprouvant après de longues années d'exil une profonde nostalgie de son pays, il veut absolument le revoir et retourne à Madrid. Mais l'Espagne qu'il retrouve, perdue dans l'abjection de son régime, ne ressemble en rien à celle pour laquelle il avait consenti à donner sa vie, et dont il ne peut même retrouver le souvenir. Découvert par la police et sur le point d'être arrêté dans son hôtel, il met fin à ses jours. Il a le temps, avant de mourir, de se formuler une ultime conception de la vérité : il y avait le chaos, qui était la vie, et la nuit, qui était ce qu'il y a avant la vie et après la vie. Et encore : "Rien n'a d'existence, puisque tout cesse d'exister quand je cesse d'exister". Et rien n'a d'importance. Telle est la conclusion de ce roman dont le héros n'est pas un homme engagé mais un être "perpétuellement en marge" et cultivant sa singularité.
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Les jeunes filles, tome 1

Paraît-il que ce livre est l’œuvre d'un misogyne. Mais un roman d'amour écrit en 1936 peut-il être autre chose que le reflet d'une société virile? Bref, laissons de côté ces questionnements politiques pour ne retenir que la prose de Montherlant.

Au départ, un échange épistolaire à sens unique et puis finalement une réponse puis deux et enfin une rencontre. Le sujet est l'amour dans tous ses états: comment se faire aimer, comment fuir l'amour, comment n'aimer que soi, comment faire l'amour...etc

J'ai découvert un auteur et une œuvre littéraire exceptionnelle. Les rouages du cœur et du corps sont finement décortiqués, brillamment analysés, selon la quête de l'une ou la cause de l'autre. Formidablement intelligent.
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Les Célibataires

S'il fallait conseiller un roman par lequel aborder l'œuvre romanesque de Montherlant, ce serait celui-là.

Les personnages y sont traités avec drôlerie et Montherlant nous offre des descriptions superbes du Paris des années 1930.

Ce roman a obtenu le grand prix du roman de l'Académie française en 1934 et un prix anglais en 1935, le prix Northcliffe.
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Demain il fera jour

Sans nul doute, les lendemains s'avèrent résolument équivoques tant il est vrai qu'ils peuvent inverser radicalement le présent témoin le jeune homme dont le sacrifice lui fera honneur.

Magnifique et dans une éthique épurée et très sobre l'auteur nous délivre là des témoignages d'une époque qui nous regardent encore présentement preuves que les destinées humaines se retrouvent toujours face aux mêmes, éternelles questions.

Ici même une tentative de réponse un essai de nous interroger sur un demain qui est déjà en place et se prépare dès aujourd'hui...

Les réponses sont en marche .inscrites dans un temps qui peut accélérer le cours du destin ou s'arrêter

Même repartir en arrière au fi des époques pour nous mettre en face

Et de lui et de nous de notre devenir
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La reine morte

J'ai retrouvé dans ma bibliothèque de théâtre cet exemplaire défraichi de cette pièce , lue en 1965 . J'avais trouvé ce drame en trois actes ,suranné mais non exempt d'une certaine grandeur .Plus tard j'ai lu "Les jeunes filles" et l'auteur m'est devenu violemment antipathique ( un type qui a écrit " Nausée de la femme ! Que ne peut-on supprimer ce sexe de la terre, et puisqu’il faut avoir des enfants que ne peut-on en avoir par des moyens chimiques ou par une opération. "). Et ne parlons pas d'autres aspects peu reluisants.
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Celles qu'on prend dans ses bras

Petit bouquin délicieux, qui se lit les yeux fermés ou presque à cause de sa simplicité, son accessibilité et son sujet intemporel; l'amour.

Comme toujours l'ami Montherlant est sur de ce qu'il écrit, on sent l'expérience et toujours une phrase assassine au détour des pages(pour laquelle on rigole ou l'on se fâche, mais on ne reste jamais insensible).

Il est préférable d'avoir lu "Les jeunes filles" mais ce n'est pas une obligation, cela peut aussi servir d'amuse-rétine avant "Les jeunes filles".

C'est une pièce de théâtre, comme quoi l'ancien n'est pas un amateur du genre littéraire.

Le style est un régal c'est un Oscar Wilde Parisien( je n'y avais jamais pensé cela m'est venu en l'écrivant et je trouve la comparaison assez juste, non?).

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Les jeunes filles, tome 1

Avec « Les jeunes filles », Henry de Montherlant débute un cycle composé de quatre ouvrages retraçant avec cynisme le parcours amoureux de Pierre Costals.



Ecrivain célèbre et jeune bourgeois parisien, Pierre Costals reçoit des correspondances de plusieurs admiratrices vouant une véritable adoration pour sa personne. Pourtant, ce cruel personnage construit avec ces jeunes femmes des relations malsaines.



Thérèse Pantevin, une jeune fille pieuse, verra sa foi entravée par sa terrible passion pour l’écrivain. Pour sa part, Andrée Hacquebaut est cultivée mais n’a aucune clairvoyance dès qu’il s’agit de Pierre Costals. Dans l’espoir de le voir, elle se rend fréquemment à Paris et n’aura de cesse d’être déçue par ces fugaces rencontres.



Ces deux admiratrices sont complètement dépendantes de l’auteur à succès et lui adressent des tirades amoureuses. Il leur répond par un profond silence ou par les pires infamies. D’une terrible cruauté il sait manier le verbe pour les mettre sous sa coupe mais aussi pour les maintenir à distance.



Terriblement misogyne, Pierre Costals a tout pour déplaire. D’une drôlerie remarquable ce court roman épistolaire, nous interroge sur les relations dépendantes et les rapports amoureux. Un écrit cynique qui désarçonne !
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Les Célibataires

Le premier roman de Montherland où l'on voit déjà poindre ce qui fera l'oeuvre future à venir:Le style est déjà là, l'histoire est bien structurée et cette peinture de société garde encore sa saveur de nos jours: a découvrir pour connaitre l'univers de l'auteur !
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Le songe

Un roman de guerre magnifique situé pendant la première guerre mondiale avec un parti pris de réalisme de l'auteur qui nous offre une description de la vie dans les tranchées sans faux semblants :Le style est superbe rappellant Proust et Flaubert par moment et prouve que cet auteur injustement oublié mérite la (re) découverte au plus vite !
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La Ville dont le prince est un enfant

Dans un collège, l’amitié trouble entre deux jeunes élèves dérange un abbé. Car lui même est sous le charme du plus jeune des deux enfants...



Ma première critique est venu tout naturellement ; trop court. Trois actes trop maigres dans lesquels je ne suis pas complètement parvenu à m'imprégner de ce drame.

Une ambiguité ampoulée.

Je m’explique : rien n’est dit clairement. Surtout concernant les sentiments de l’abbé envers Souplier.

Une attraction, une envie de le protéger ? Pour moi c’est un adulte amoureux d’un enfant. De la pédophilie. Chaste certes. Néanmoins c’est démontré de façon tellement brouillon que je n’arrive pas à retrouver le caractère de cette oeuvre qui pourtant possède un potentiel non négligeable.



Je ne peut m'empêcher de faire le parallèle avec le film.

Plus étoffé que la pièce de théâtre mais qui lui aussi laisse un gout, amer, d’inachevé.

Dommage.
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Port-Royal

La pièce est riche de références historiques mais également religieuses. Une pièce intéressante mais complexe à aborder compte tenu du sujet.

Montherlant est un auteur remarquable, avec une écriture travaillée et soignée. Appréciable à lire.
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Les jeunes filles, tome 1

Rien de plus cruel n’a été écrit sur les jeunes filles, leurs doutes, et leurs amours déçues. Dans ce roman mi-épistolaire (certains passages sont des instants de narration), premier tome de son cycle « les jeunes filles », Henry de Montherlant met en scène Pierre Costals, écrivain à succès, courtisé par plusieurs admiratrices trentenaires célibataires (à l’époque davantage « vieilles filles », que « jeunes filles ») dont il ne cesse de se jouer ou de rejeter. Parfois abjecte, parfois cinglant, un roman dérangeant mais savoureux des années 30, dont la trame de fond reste finalement très moderne sur certains aspects des rapports amoureux, de ceux qui aiment et de ceux qui rejettent.

Hâte de lire les tomes suivants…!



Retrouvez mes critiques littéraires sur mon compte Instagram @la_librayrie
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La reine morte

La reine morte /Henry de Montherlant



Drame en trois actes écrit en 1942 et présenté la même année à la Comédie Française, cette pièce développe le thème classique de l’amour contrarié par la raison d’État. Elle est inspirée de l’histoire des rois du Portugal Alphonse IV et Pierre Ier d’après un drame espagnol de Guevara.

Un mariage est prévu entre l’Infante de Navarre et le Prince Pedro, fils de Ferrante roi du Portugal. Il s’agit de fonder une alliance politique entre la Navarre et le Portugal pour contrer la Castille. Mais Pedro refuse ce mariage malgré la requête de son père pour lui rappeler ses devoirs de prince. Il fait savoir que son affection pour Inès de Castro l’empêche de se marier avec l’Infante. Il n’ose pas avouer qu’il s’est marié en secret avec Inès et qu’elle attend un enfant de lui. C’est Inès qui va annoncer la nouvelle à Ferrante.

Pedro est arrêté. Ferrante conseillé par son entourage politique ne voit d’autre option que de faire supprimer Inès de Castro au nom de la raison d’État.

Dans un style sobre, Montherlant nous emmène quelques siècles en arrière pour exposer une histoire d’un autre temps. Un roi un peu sadique et désabusé est prêt à toutes les bassesses pour faire une alliance, au détriment des sentiments de son fils qui préfère l’amour d’Inès, une bâtarde éduquée et femme de caractère.

En bref, une pièce sombre et dramatique.

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La petite infante de Castille

Édifiant. Si on veut savoir comment un pédophile justifie ses choix de vie…

Dans le récit, l'auteur-narrateur, attiré par une enfant (10-12 ans maximum), analyse son désir brut tempéré par des considérations sur les femmes empreintes de misogynie, dans un clair rapport de domination.

La femme n'est guère plus qu'une bête :

« Ce qui est agaçant chez les femmes, c'est leur prétention à la raison » p23

Et il ne se prive pas d'analyser comment elle deviendra sa proie : « Comment elle succombera, tel un sorbet dont on coupe les tranches »

« On a le même sentiment que devant le cheval, devant le taureau qu'on va aborder : quelle sera ma domination sur elle ? La même incertitude et le même gout. » p 57.



Il a recours aussi à des référents, les Orientaux, qu'il assimile aux Espagnols et qu'il qualifie pour la circonstance de races nobles !

« J'avoue un faible pour la grande jeunesse. Ibn ail Ouardi dit qu'un garçon est désirable à partir de douze, une fille à partir de dix. On lit dans al Mostrataf : « les montures de la volupté sont celles qui ont un peu plus de dix ans, et qui ne dépassent pas vingt ; passé cet âge, mets-les au rebut.»



Dans un premier temps, il renoncera uniquement par crainte de l'ennui qui en résulterait, préférant garder son désir intact, mais ce ne sera que partie remise puisque par la suite, il ira dans une ile s'adonner à ses plaisirs sans autre limite que la satiété.

Et là, il faut qu'il aille au bout de sa logique perverse et qu'il justifie ses choix en prônant un épicurisme de bas étage, au mépris de toute éthique taxée d'idéalisme.

« En réalisant ses désirs, autrement dit en se réalisant soi-même, l'homme réalise l'absolu ». P118.

Dans cette optique, même l'art est secondaire, l'art est « un art refuge » en opposition avec la vie. L'acte d'écrire et la satisfaction qu'il en tire s'apparentent au rire du démiurge qui se délivre de sa création.

Une étoile... c'est uniquement pour le style.

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Les jeunes filles, tome 1

Pierre Costals est un homme de lettres parisien, au mitan de la trentaine, qui a un certain succès galant. Il revendique une lucidité blasée sur les lubies du beau sexe. Aime-t-il les femmes ? Il a du goût pour elles comme on en a pour les desserts trop sucrés ou les pâtisseries traditionnelles à la crème au beurre : cela flatte le palais, mais ça écœure vite. Il est le destinataire - difficile de dire qu'il entretient une correspondance, de lettres de deux de ses lectrices. La première, confite en génuflexion, assez insignifiante en vérité, pas sûr qu'il y ait la lumière à tous les étages, ne l'oublie pas dans ses nombreuses oraisons. La seconde, une provinciale du Loiret, vieille fille, assez cultivée pour son rang social, se fait bien plus importune pour l'écrivain. Pierre Costal, souvent méchant par les pointes de l'esprit mais pas mauvais, qui a eu la faiblesse de lui accorder quelques entrevues - en tout bien tout honneur, alors qu'il la trouve franchement laide tout en reconnaissant qu'elle n'est pas totalement dénuée d'intelligence, devient l'objet du comportement obsessionnel de cette personne, une hystérique qui le poursuit de ses assiduités sans trêve, et qui se révèle être au fil du temps une horrible érotomane.



Montherlant illustre les relations homme-femme par l'intermédiaire d'un écrivain cynique et d'adulatrices désaxées. Les attentes sont fatalement différentes entre deux conceptions de la rencontre aussi divergentes. Entre celui qui cherche à assouvir un désir dans un commerce agréable et celles qui poursuivent le bonheur à travers l'amour, les attentes ne peuvent qu'être déçues. Forcément avec un tel parti pris dans le choix des personnages l'œuvre se veut polémique, ce qui est somme toute salutaire. Mais ça n'a pas plu, mais pas du tout, à l'épouse de Jean-Paul Sartre, qui s'en est émue dans le Deuxième Sexe, et il est fort à parier que ce roman qui est le premier volet d'une tétralogie éponyme ne sera pas dans la PAL des thuriféraires de l'écriture inclusive. En revanche, pour les hommes blancs hétérosexuel de quarante ans et pour quelques autres lecteurs (lectrices ?) fourvoyés, les Jeunes filles sera une lecture réjouissante et profitable.





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Un assassin est mon maître

L'excellent Montherlant de l'académie française a écrit ce livre avec force documentation, c'est une étude de cas plus qu'un roman.

Il nous plonge dans notre subconscient de manière directe, on est obligé de s'introspecter pour se dire: non je ne suis pas comme Exupère.

Et pourtant par certains côtés nous le sommes tous à un moment ou un autre de notre vie, ou lors d'une situation embarrassante.

C'est une étude éthologique et psychologique, de la psychiatrie amusante, dirais-je, ou plutôt des prolégomènes de psychiatrie, racontés de manière réaliste, pas de la fiction, non, non, plutôt un cas clinique, comme souvent avec l'excellent Montherlant de l'académie française.

Nombre de fois dans plusieurs de ces ouvrages je me suis dit mais c'est pas possible de lire un cas de figure que j'ai moi-même vécu, voilà ce qui est prenant avec M. Montherlant, la réalité de ce qu'il écrit, c'est pareil avec M. Proust, ou Mme De Beauvoir, pas de fiction du réel.

A lire pour qui veut s'instruire, ce n'est pas de la lecture détente, c'est un premier pas vers la psychologie, romancé certes mais documenté, ce qui facilite la compréhension et l'attrait pour le lecteur.

Attention: il nous met face à nos contradictions et ne s'épargne pas lui-même, je pense que c'est cela la signature des grands, ce mettre en défaut, pas de leçon, mais plutôt de la raison.

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