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Critiques de Honoré de Balzac (3264)
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La Femme de trente ans

Collages artificiels versus liaisons dangereuses...



Si l'on parle de l'objet "la femme de trente ans" en tant juste que roman, c'est un total raté. de part l'histoire de la construction du texte : un collage au forceps de nouvelles de différentes époques (l'auteur se sentait il à ce point obligé de produire du roman qu'il était prêt à tous les stratagèmes, quit à faire du mauvais ? Question financière ? D'égo d'écrivain prolifique ?)

Si au début du roman ça fonctionne (et plus encore : ces "sauts dans le temps" à différentes époques de la vie de l'héroïne donnent à l'ensemble un résultat particulièrement appréciable au lecteur) quand vient le temps des histoires de pirates façon Walter Scott ou Dumas, on se demande ce que ça vient foutre ici : absolument aucun rapport entre l'étude sociologique, psychologique d'une femme de cette époque et des aventures pour gamins sans aucun soucis. de crédibilité : du n'importe quoi !

Comme ces histoires ne peuvent arriver au personnage central du roman, on a qu'à dire que ça arrive à sa fille !!!! Et de pondre des ponts totalement foireux pour tenter de lier à minima tout ce bordel.

Côté matière à retenir : Balzac a choisi ici de faire le portrait d'une femme à travers la thématique la plus ennuyeuse et la plus tendancieusement cul-cul : l'amour. Et via -une facette des plus con-conne de l'amour. Cette femme se résume à ses amours : elle se refuse par conscience sociétale et quand l'amoureux n'est plus là, elle cesse d'exister.

"Ce fut l'entente de deux belles âmes, séparées par tout ce qui est loi, réunies par tout ce qui est séduction dans la nature. "

Soit : on s'aime mais on ne baise pas.

Comme pour les couillons qui regardent d'autres qu'eux faire du sport (!!) je n'ai jamais compris l'intérêt que certains pouvaient trouver d'intérêt au spectacle de l'amour chez d'autres qu'eux.

Reste que c'est du Balzac : de la belle écriture, des textes fourmillants, de l'observation acérée...
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Le Lys dans la vallée

Roman qui chez Balzac sort un peu du lot. Ici l'argent, sujet toujours si brûlant et préoccupant pour l'auteur, n'est abordé à aucun moment. En revanche, nous avons là de magnifiques descriptions poétiques des paysages de la Touraine, mais ce ne sont pas des descriptions pour faire joli ; ces paysages sont à l'unisson des âmes tourmentées des personnages qui habitent ces contrées.



Comme Heathcliff et Cathy Earnshaw sont inconcevables ailleurs que dans les Highlands des Hauts de Hurlevent, Mme de Mortsauf et Félix de Vandenesse ne peuvent s'aimer et désespérer ailleurs que dans la belle et mélancolique vallée de l'Indre. Dans tout autre lieu ces personnages n'auraient pu s'épanouir, s'exprimer et souffrir de la même façon.



Là où reposent les restes mortels d'Henriette (Mme de Mortsauf), au fond du petit cimetière de Saché, là l'âme de Félix est condamnée à errer toute sa vie, bien qu'il soit banni des lieux par la fille d'Henriette et le comte de Mortsauf, qui avait vu d'un mauvais œil la passion dévorante et fatale de sa mère pour le jeune Félix.



Était-il trop lâche ou trop respectueux vis-à-vis de son Lys, symbole de pureté et de féminité, pour n'avoir pas su la rendre sa maîtresse ? Était-elle trop réticente, avait-elle trop peur de compromettre sa vie conjugale, de voir s'enlever ses enfants pour toujours ? Nous l'ignorons. Mais ce qu'on sait, c'est que cette vie avec le comte de Mortsauf, en proie à de terribles crises de schizophrénie et d'hypochondrie, était trop éprouvante pour Henriette, et que l'arrivée de Félix dans sa vie lui a fait voir tout ce qui lui manquait jusque-là ; contre ce choc émotionnel, son corps n'était pas paré.



Quant à Félix, il a fini par préférer côtoyer les souvenirs et les fantômes du passé, et s'est condamné à se traîner seul dans la vie.



Roman poignant, où sous chaque mot et chaque geste murmure l'âme d'un paysage, et tout ce qui nous attire vers la terre, d'où émane et retourne la vie.



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Un prince de la bohème

Bien embêté pour faire une critique ; je n'ai pas la moindre idée de quoi parle cette nouvelle après l'avoir lue. J'ai pourtant lu deux ou trois analyses et résumés. Mais même en lisant ce que les autres en ont compris, je ne vois toujours aucun rapport avec ce que j'ai lu.



Balzac est très inégal. Quelques chef d'œuvres et beaucoup de textes un peu bâclés. Mais enfin d'habitude on comprend toujours de quoi il parle (même si ça lui prend généralement 100 pages de digression avant d'arriver enfin au sujet).
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Béatrix

Guérande, 19 e s . Une famille de fidèles à la royauté dont le père , du Guenic , est parti en exil pendant le premier empire. Revenu avec une jeune épouse irlandaise , désargentés mais désormais père de Calyste , c’est un retour à la vie quasi féodale qui se déroule pendant quelques 20 années .

Hélas le jeune Calyste se le être tombés dans les filets d’une « dépravée » qui joue au théâtre ! Au grand dam de sa mère , de sa tante et du curé qui le croient perdu à jamais …

Ah les portraits si bien ciselés de Balzac au début du roman , c’est toujours très agréable à lire .

Cependant , l’intrigue est un brin compliquée et je l’ai trouvée un peu lassante .

La dernière partie concernant le mariage et les jeunes femmes de l’époque relance un peu l’intérêt du lecteur .

Je ne suis pas très emballée au final par ce roman .

« Un point c’est tout. »
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La Cousine Bette

Ayant été saisi d'une fringale De Balzac voilà quelque vingt-cinq ans, j'avais lu à peu près toute La Comédie humaine à l'exception des "parents pauvres" (La Cousine Bette et le Cousin Pons) et des Paysans. Je comble à présent mon retard.



Que penser de la Cousine Bette? J'y ai retrouvé beaucoup du Balzac dont je me souvenais: le sens de la formule, le point de vue nostalgique ou parfois réactionnaire sur la société, le goût pour les histoires de belles ambitieuses qui ruinent des fortunes énormes, parfois détenues par des avares, le thème de l'argent (avec ses lettres de change, ses rentes sur le "Grand Livre", etc.), l'humour (en particulier dans le personnage de Crevel qui se "met en position" le plus souvent possible pour paraître à son avantage). Un trait, critiqué par Proust dans Contre Sainte-Beuve, est aussi là, avec ces multiples retours en arrière explicatifs dans les premiers chapitres (la formule "Et voici pourquoi" revient d'ailleurs avec une grande fréquence).



Deux aspects de ce roman m'avaient moins marqué dans les œuvres que j'avais déjà lues, mais peut-être est-ce un simple effet de ma mémoire: le côté vaudevillesque, avec la situation de Mme Merneffe jouant de cinq amants ou maris simultanément, et la dimension mélodramatique, accentuée à la fin du roman: l'on croirait lire du Dumas ou même de l'Eugène Sue, en particulier quand se présente une mystérieuse et implacable vieille qui propose au fils du baron Hulot un moyen radical de tout "arranger".



Quant à la cousine Bette, si elle tient parfois un rôle de second plan, sa psychologie a quelque chose de fascinant et c'est une bonne idée à mon sens de faire de cet être, aussi effacé que brûlant d'une volonté intérieure très puissante, le personnage éponyme.



Bref, à nouveau une lecture très agréable, les chapitres courts donnant encore plus envie de poursuivre la lecture, mais je n'ai pas trouvé ici la profondeur de la Peau de chagrin ou des Illusions perdues/Splendeurs et misères…, ni la légèreté d'Ursule Miroite, ni le charme du Cabinet des antiques, mes romans favoris de la fresque tracée par Balzac. La fin ne m'a pas tout à fait satisfait, curieusement trop angélique et trop noire à la fois.
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Les Comédiens sans le savoir

Patron d’une manufacture dans les Pyrénées, Sylvestre Gazonal est à Paris à cause d’un procès qui le retient à propos de son entreprise. Il y apprend l’existence de son cousin, le célèbre peintre Léon de Lora qu’il croyait mort depuis longtemps. Les deux hommes reprennent contact et avec l’aide de Bixiou, un caricaturiste à la mode, les deux parisiens décident de montrer au provincial l’autre facette de Paris : celle où tout le monde joue un rôle et où les apparences sont trompeuses. Une façon pour Balzac de moquer le monde parisien.

S’ensuit une galerie facétieuse de portraits puisque les trois hommes visitent tour à tour une danseuse de l’opéra, un chapelier, une usurière, un portier d’immeuble, une autre usurière (très à la mode à l’époque), un coiffeur à la mode, un peintre académique (et pompier), une diseuse de bonne aventure, une pédicure révolutionnaire, un ministre à la Chambre des députés (un certain Rastignac, excusez du peu !), une actrice et enfin une carabine (courtisane).

Une suite de sketchs qui permet de montrer au naïf Gazonal que le pouvoir et l’argent ne sont pas forcément là où on croit les trouver. Les deux compères en profitent pour l’aider à se sortir de ses problèmes juridiques. Un court récit drôle et enlevé, quoique un peu répétitif, qui nous montre l’arrière-cour du Tout-Paris où chacun, finalement, est un comédien sans le savoir.
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Le Père Goriot

Dans ce premier volume de la Comédie Humaine, les bases sont posées avec force.

Nous sentons le dégoût de Balzac tant pour le petit peuple cherchant par tout moyen à s’élever comme bourgeois que pour la noblesse et la haute bourgeoisie. La nature humaine y est laide, même sous la dorure des somptueux apparats.

Le roman est difficile à lire : l’on se demande où s’arrêtera la bêtise, l’âpreté et le cynisme des personnages face au drame du père Goriot, un ancien commerçant prospère vivant dans la plus sombre misère après avoir offert sa fortune à ses deux filles.

Avec Eugène de Rastignac, jeune étudiant provincial encore vierge de la souillure du genre humain, nous entamons un voyage initiatique dans les différentes couches de la société parisienne. Il évolue sans arrêt entre l’obscure pension où il vit et les plus grands salons parisiens dont Balzac se plaît à décrire le luxe pour mieux y faire contraster la pauvreté morale de ses habitants.

En pénétrant la haute société, Eugène perd sa candeur et y découvre l’arrivisme, le jeu, l’appât du gain, le calcul, la tromperie. Il apprend que les plus riches palais ne renferment pas plus de noblesse de cœur que la sombre cuisine de sa pension.

Glaçant et toujours d'actualité.

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Les Employés ou la Femme supérieure

A regret et en même temps sans regret, j'abandonne ! Quand on tombe sur les romans "méconnus" d'un auteur qu'on adore, c'est quitte ou double. Vais je tomber sur un manuscrit oublié flamboyant ? Ou bien, s'il n'est pas connu, c'est qu'il y a une bonne raison ? Ici, c'est l'option 2 qu'on retiendra ! Dès le début, on attaque par une révision complète du système d'imposition et d'organisation des fonctionnaires de France, voilà de quoi refroidir les ardeurs des lecteurs venus passer un bon moment. S'ensuit la mort du grand chef et les luttes intestines qui font surface pour nommer le successeur. Tout ceci assisté de l'épouse qui tient salon pour l'avancée de son mari. Peut-être était ce trop actuel pour moi ? Trop technique, pas assez romancé, je n'ai pas du tout accroché !
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La Cousine Bette

Guérit-on de l'état de « coureur de jupons » ?

Au bout de 150 pages, l'envie de commencer ma critique me démange.

Car, comme d'habitude, Balzac plante merveilleusement le décor et les faiblesses des personnages : tout est là pour que le drame se déroule.

A 42 ans, la Vosgienne Bette, montée à Paris, est laide. C'est une vieille fille. Elle est obligée de travailler alors que sa jolie cousine Adeline est belle, et mariée au baron Hulot qui a pignon sur rue !

Bette est jalouse, mais rentre son envie. Et rentrer son envie, c'est terrible ! Elle sublime ce défaut en aidant un pauvre réfugié polonais, Wenceslas, à développer son art : la sculpture miniature. Wenceslas est doué. Il devient « sa chose » !

C'est alors que la jolie Hortense, 22 ans, fille d'Adeline et confidente de Bette, rencontre Wenceslas : c'est le coup de foudre !

Attention : Bette, qui est une sorte d'ancêtre de Tatie Danielle, celle d'Etienne Chatiliez, va réagir : elle ne peut pas perdre le seul « bien » qu'elle possède : son Polonais !

Vengeance !



Comme souvent, Balzac dénonce le pouvoir corrupteur de l'argent.

Peut-on acheter l'amour de ses enfants avec de l'argent au point de n'avoir plus rien ? ... est ma question dans son magnifique « Le Père Goriot » ?

Ici, le baron Hulot peut-il acheter sa passion pour la belle Valérie Marneffe, alors que celle-ci fait cracher au bassinet trois autres amants, et exige que son mari passe chef de bureau ? …

Et ceci au point de s'endetter, d'endetter sa femme et ses enfants ?

C'est l'éternel drame de la passion de l'homme pour la belle femme.

Mais la passion est une attitude lâche, nous signale Honoré de Balzac, car un homme doit d'abord penser à sa famille.



Cet acte de «  La Comédie Humaine », je le connais bien :

à La Réunion, la belle créole épouse un beau zorey (métropolitain venu travailler au soleil), et lui fait acheter la case et l'auto pour elle : le zorey est son « pied de riz » !

Heureusement, en métropole, les femmes travaillent, revendiquent fièrement leur indépendance, et n'ont pas besoin de pied de riz ...

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La Rabouilleuse (Un ménage de garçon)

Ce roman est intéressant à plusieurs titres. D'abord, il relate ce qu'on appellerait aujourd'hui une saga familiale. L'action commence vers 1792 en pleine Révolution, se poursuit sous l'Empire pour s'achever vers 1835. Ensuite, c'est un roman sur la question épineuse des successions. Comment certains s'emploient à déshériter une personne en toute légalité et comment faire pour détourner une succession. Et puis, c'est un roman qui s'intègre parfaitement dans la Comédie Humaine par les nombreuses interactions avec "le colonel Chabert", "le père Goriot" ou "Illusions Perdues".



Mais je commencerais bien par une anecdote personnelle sur Issoudun, sous-préfecture de l'Indre, où se déroule une partie du roman. J'avais lu et beaucoup apprécié ce roman vers l'adolescence. En particulier j'avais bien aimé la description de la ville d'Issoudun d'un point de vue historique et humain. Mais ne me souvenais plus de certains détails. Il y a peut-être une quinzaine d'années, j'avais rencontré des gens, qui étaient originaires d'Issoudun. Et je m'étais écrié : "ah, mais je connais Issoudun à cause du roman de Balzac" ! Et ma remarque avait fait un flop magistral qui m'avait un peu surpris. Et en relisant le roman, j'ai bien rigolé car je ne me souvenais plus, en fait, de la férocité de Balzac en décrivant les habitants (pas arriérés mais presque, pas avares mais pas loin) d'Issoudun …



Comme très souvent chez Balzac, on voit l'écrivain louvoyer entre son attachement à la royauté restaurée (avait-il bien le choix s'il voulait satisfaire quelques petites ambitions ou simplement réussir à être publié ?) et une admiration sinon un respect pour l'Empire et les personnages issus de cette période. En effet, ici, Balzac nous décrit diverses personnes parmi les anciennes gloires des campagnes de Napoléon qui ont refusé d'intégrer les armées royales et qui vivotent avec une demi-solde. Ceux-là complotent entre eux ou traficotent pour s'en sortir. C'est le cas de Philippe, le fils de la famille Bridau à Paris mais aussi de Max à Issoudun. Mais, d'autres personnages issus de cette période ne manquent pas d'intérêt comme le père de Philippe qui fut un fonctionnaire dévoué de l'administration mise en place par Napoléon.



Le cœur du roman, c'est le tableau familial centré sur la mère, Agathe Bridau née Rouget, d'origine issoldunoise, que le père Rouget avait déshéritée en l'expédiant à Paris. Agathe et ses deux fils Philippe et Joseph. Philippe est son préféré malgré son ingratitude, son cynisme et ses habitudes de soudard. Joseph est le personnage que Balzac bichonne. Il respecte sa mère et lui porte assistance. Il a du cœur. Surtout, c'est un travailleur forcené et cherche douloureusement à percer à travers son métier de peintre. Il y parvient peu à peu à la force du poignet grâce à des amis fidèles et à une reconnaissance de son talent : Balzac est en train de parler de lui-même…



Et la Rabouilleuse alors ? Eh bien, c'est le fil rouge du roman. Il s'agit d'une fillette récupérée par le grand-père Rouget dans les marais en train de "rabouiller" l'eau du marais pour faire sortir le poisson de son gîte. Avare, il la prend à son service pour une poignée d'écus. Il se trouve qu'elle devient belle en grandissant ; elle prendra peu à peu conscience de son ascendant, se rendant ainsi indispensable aux vieux grigous qui l'emploient. Elle devient surtout un enjeu dans le débat des successions qui agite la famille sous le regard intéressé et narquois de la bonne bourgeoisie d'Issoudun. De Rabouilleuse elle deviendra même comtesse, mais là, je ne veux pas en dire plus.



La Rabouilleuse est un excellent roman, bien balzacien, où ce n'est pas souvent les gens honnêtes qui remportent la mise. Il se lit d'autant plus agréablement que Balzac laisse éclater une belle ironie tout au long de l'histoire. D'ailleurs je terminerai bien par une des dernières phrases du roman qui témoignent d'un (léger mais certain) persifflage de l'ami Balzac.



"Les bons comtes ont les bons habits"
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Eugénie Grandet

Encore un livre lu il y a longtemps et qui m'avait alors passionné. Je viens de le relire avec un toujours aussi grand plaisir …



Balzac jette, ici, son regard acéré sur une petite ville de province, Saumur. Le genre de petite ville, à l'écart des grandes villes et loin de Paris, où la vie semble assoupie. Délicatement, il nous fait pénétrer dans les vieux quartiers en contrebas du château qui domine la ville puis dans une maison "de faible rapport" où vit la famille Grandet. Et d'ailleurs, cela s'explique bien par le fait que le père Grandet n'est qu'un tonnelier au départ. Il va s'enrichir à la suite de successions opportunes, de placements opportunistes et d'un flair peu commun. Mais, dans nos provinces, on garde l'argent et on ne le dépense pas. On n'en parle pas non plus. Donc pas de raison de changer de maison ou de standing. Quitte au petit monde de Saumur de supputer, estimer, envier, exagérer peut-être la vraie fortune du bonhomme. Mais le regard de Balzac poursuit sa route et nous laisse découvrir les capacités financières et surtout la passion avaricieuse de Grandet pour l'or.



"Financièrement parlant, M. Grandet tenait du tigre et du boa".



Dans l'ordre d'apparition dans le roman, Balzac commence par les relations de la famille Grandet, Cruchot (le notaire et le droit), De Grassins (la finance), puis Madame Grandet, puis Nanon la servante et termine enfin par Eugénie. Une fleur en bouton.



Ainsi se met en place le roman dont on comprend peu à peu les ressorts et modes de fonctionnement de tous ces gens. Eugénie devient un enjeu familial entre Grandet, Cruchot et De Grassins qui ont, comme par hasard, un garçon à marier. Enjeu dont on parle, qu'on laisse miroiter, qui est envisageable sous réserve que…



Arrive le cousin Charles, jeune gandin en provenance de la Capitale et voilà qu'il agit comme un révélateur de l'avarice et du comportement de Grandet, de la peur à laquelle il soumet sa famille et du cœur d'Eugénie qui se met soudain à battre. Le roman prend alors une dimension presque tragique.



On se rend compte que la vie de province telle que décrite par Balzac, qu'on retrouvera dans bien d'autres romans, est très contraignante notamment pour les femmes qui n'ont guère d'horizon et qui n'ont pas ou peu d'occasions de s'épanouir par elles-mêmes. Ce qui doit bien correspondre à une réalité corsetée par le "paraître", les exigences de la religion et le "qu'en dira-t-on". Rares sont les romans de Balzac où comme dans la Rabouilleuse, une femme parvient à fuir et à se faire une situation par elle-même. Eugénie était une fleur en bouton ; à l'arrivée de Charles, elle vient d'éclore puis se met à attendre comme une jeune fille de la bourgeoisie saumuroise se doit d'être.



Si au début du roman, Eugénie est naïve et crédule, elle mûrira sans pour autant pouvoir ou vouloir s'émanciper. On retiendra du personnage d'Eugénie Grandet une force de caractère se traduisant par un équilibre entre son côté romanesque et son côté réaliste qui la rend très crédible voire admirable aux yeux du lecteur. Par exemple, elle trouvera les moyens pour convaincre sa mère et Nanon, terrorisées, de passer outre les contraintes et l'avarice de son père sans oublier, évidemment, son comportement plein de dignité et même de grandeur lorsque Grandet découvre qu'elle a fait don de ses louis d'or.



J'aime bien ce roman où Balzac nous laisse entrevoir à la fin une Eugénie qui ne tombe pas dans le vice de son père, qui paraitrait "parcimonieuse si elle ne démentait la médisance par un noble emploi de sa fortune". Et puis j'aime la fin ouverte que Balzac nous propose où l'histoire d'Eugénie n'est pas forcément terminée…



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La Maison du Chat-qui-pelote

Voilà bien longtemps que je ne m'étais pas plongée dans l'univers De Balzac. le challenge Riquiqui 2024 vient de m'en donner l'occasion avec cette longue nouvelle. Quel plaisir de redécouvrir l'écriture riche et élégante du célèbre écrivain, son talent pour nous introduire dans la société parisienne du 19ème siècle, pleine de contrastes.



La maison du chat qui pelote… Un titre énigmatique et imagé ! Il s'agit juste de l'enseigne désuète d'un magasin, celui de Monsieur Guillaume, marchand drapier dans la rue Saint-Denis. Maisons à colombages, vieux bâtiments pittoresques, artisans, commerces plutôt prospères, tel est le décor que Honoré de Balzac prend plaisir à peindre puisqu'il a lui-même vécu plusieurs années dans ce quartier peuplé de petits bourgeois besogneux. Monsieur Guillaume dirige son affaire avec rigueur et paternalisme, il mène une vie austère et règne en maître sur son personnel et sa famille. Respectant la tradition, il souhaite marier ses deux filles Virginie (28 ans) et Augustine (18 ans) dans l'ordre de naissance, ce qui apparemment n'est pas chose aisée puisque Virginie, en dépit de son âge plutôt avancé, n'a pas encore reçu de proposition. Elle fera donc un mariage de raison avec Joseph Lebas, le premier commis appelé à succéder au père à la tête du magasin. Elle s'en accommodera.



Quant à Augustine, elle est tombée follement amoureuse de Théodore de Sommervieux, un jeune artiste peintre, issu de l'aristocratie, lui-même sous le charme de cette ravissante jeune fille discrète et innocente. A son insu il en a fait un portrait magistral. le père Guillaume, malgré ses réticences consentira à ce mariage d'amour qui hélas s'avérera malheureux. Une union vouée à l'échec, une mésalliance à la fois sociale et intellectuelle. Elevée dans un univers étriqué et rigide, Augustine, perdue dans un monde qui n'est pas le sien est incapable de s'adapter aux mondanités et au milieu artistique de son mari. Petite bourgeoisie et aristocratie ne font pas bon ménage ; passés les premiers mois de fol amour, Theodore sera rendra vite compte de l'ignorance de sa jeune épouse qui ne comprend ni son art ni les codes de la société dans laquelle il évolue depuis sa naissance. Il se tournera vers d'autres cieux. Et, moralité : l'histoire se terminera dramatiquement.



Ecrit en 1829 La maison du chat qui pelote fait partie des Scènes de la vie privée et inaugure La Comédie humaine. Etude de moeurs, satire sociale, opposition des différentes couches de la société parisienne, descriptions fines et sobres, tous les ingrédients sont là, tout comme certains personnages que nous retrouverons par la suite.

Une lecture agréable, riche et pleine d'enseignement, qui me donne envie de retourner de temps en temps dans l'univers balzacien.





#Challenge Riquiqui 2024

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Pathologie de la vie sociale

Balzac dépeint la société de son temps : 3 catégories. Les travailleurs, les artistes et les élégants, et plus particulièrement ces derniers. Ceux qu'on ne peut rencontrer qu'à paris et qui n'ont pas besoin de travailler...

Beaucoup de cynisme. Les axiomes sont très agréables à lire.
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Madame Firmiani

Madame Firmiani est une courte nouvelle, qu'on devine calibrée tout exprès pour une publication dans une revue, et c'est bien le cas. Le récit fait des circonvolutions autour du personnage d'une femme en vue, belle et mystérieuse, dont la perfection même fait jaser dans le monde.



Dans une construction osée, Balzac présente la jeune femme, dont on ignore l'âge exact - a-t-elle seulement 25 ans ? 28 ans ? - de l'extérieur, par les propos que ses fréquentations pourraient émettre à son sujet. Il nous offre une vision goguenarde de cette société où tout est racontars, plus ou moins malveillants, mais toujours indiscrets, et s'offre le luxe de caractériser par le contenu de ces paroles rapportées le locuteur ou la locutrice, selon différentes catégories psycho-sociologiques. On ne peut qu'en rire ou admirer la puissance d'observation de l'auteur, et partager avec lui son amusement. C'est qu'il est drôle, le bougre !



Mais comme toujours, la sensibilité De Balzac combat son ironie, car c'est une histoire d'amour touchante qu'il nous conte, de celles qui devraient rester secrètes, et que nous ne connaîtrons qu'à cause de l'indiscrétion de tous, qui force presque la jeune femme à se justifier : non, elle n'a pas ruiné Octave du Camps, au contraire ; elle lui a permis de garder la tête haute et de s'en sortir par ses propres moyens, dans la gestion de la fortune douteuse de son père. Madame Firmiani, que tous condamnent par désoeuvrement et pur esprit de médisance, nous donne haut la main une leçon d'amour et de probité.



J'ai passé un excellent moment avec Balzac, dans une complicité inaccoutumée, au travers d'un récit marqué par la finesse de l'exploration psychologique, toujours servie par cette plume virtuose, qu'on n'imagine pas caler ni manquer de carburant. Balzac s'y montre autant à l'aise comme conteur que comme moraliste.
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Petites Misères de la Vie conjugale

La première partie : on donne la parole à Monsieur. Il s'est fait avoir ! Sa femme est impossible et il a honte d'elle en société.

Seconde partie : parole à Madame. Son mari, à qui elle a tout donné, n'est pas le meilleur des hommes.

Plein d'humour et de cynisme. Une belle écriture.
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Le Père Goriot

Goriot est pensionnaire dans une pension au coeur de Paris, régulièrement il reçoit la visite de jeunes femmes très belles, à se côtés il y a également Rastignac tout juste débarqué en ville et qui tente de s'y faire une place.



Alors si j'ai adoré le décor parisien et la description des mœurs de l'époque, j'avoue que ce fut quand même une lecture bien compliquée pour moi, je me suis perdue plusieurs fois dans ses pages interminables de réflexions, les noms des personnages, les ambitions des uns, les trahisons des autres. La situation de Rastignac et ses relations m'importaient peu. J'ai par contre hyper bien accroché sur la dernière partie après la vérité sur Vautrin et le final assez explosif concernant Goriot et ses proches. Une lecture en demi-teinte.
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Le Lys dans la vallée

Aïe aïe aïe ! Cette toute première approche de Balzac fut douloureuse pour moi (lu en fin de collège).

Le jeu du chat et de la souris entre Blanche et le jeune Félix aurait pu m'émouvoir, que nenni. Blanche, à la fois mère universelle et sainte Nitouche, déplorera que son soupirant console ses frustrations dans les bras d'une autre, mais trop tard pour les atermoiements, les larmes et les regrets...
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Le Colonel Chabert

Lu en 2017. Je ne l'avais jamais étudié au collège (ni vu l'adaptation avec Gérard Depardieu, Fanny Ardant et Fabrice Lucchini).

J'avoue avoir été plutôt captivée par l'intrigue et touchée par la figure du Colonel Chabert, même si déçue par l'issue de cette comédie humaine. J'ai également particulièrement apprécié le personnage de l'avoué, au-delà de sa rectitude professionnelle.
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Eugénie Grandet

Ce Balzac qui ne m'avait pas trop ennuyée à l'époque (fin de collège), malgré une intrigue un tantinet déprimante, c'est le côté réaliste et la psychologie des personnages qui ont retenu mon attention.

Eugénie et sa mère sont prises en otage par un "Arpagon" plus vrai que nature. Le père Grandet soumet sa famille à un régime drastique et autres économies de bout de chandelle (c'est vraiment le cas de le dire !)...
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La Duchesse de Langeais

Je me souviens d'avoir apprécié adolescente la lecture des trois récits composant cet ouvrage (Ferragus, La Duchesse de Langeais et La fille aux yeux d'or).

Il y est question de franc-maçonnerie (les Treize), d'une mystérieuse engeance, d'adultère, de fuite, de tentative d'enlèvement, d'empoisonnement (Ferragus), de vengeance amoureuse (La duchesse de Langeais), de retrouvailles passionnées, mais aussi d'amour entre femmes (La fille aux yeux d'or)...
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