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Critiques de Honoré de Balzac (3265)
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La Duchesse de Langeais

Je me souviens d'avoir apprécié adolescente la lecture des trois récits composant cet ouvrage (Ferragus, La Duchesse de Langeais et La fille aux yeux d'or).

Il y est question de franc-maçonnerie (les Treize), d'une mystérieuse engeance, d'adultère, de fuite, de tentative d'enlèvement, d'empoisonnement (Ferragus), de vengeance amoureuse (La duchesse de Langeais), de retrouvailles passionnées, mais aussi d'amour entre femmes (La fille aux yeux d'or)...
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La Peau de chagrin

Je n'étais pas une grande "fan" de Balzac adolescente, mais La peau de chagrin est l'un de ces romans dont l'intrigue et le style fantastique m'avaient captivée.

L'on pourrait assez bien mettre cet ouvrage en parallèle avec Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, au regard des thèmes centraux traités.

L'inexorabilité du temps qui passe, la beauté qui se fane un jour, l'imminence du bonheur, de l'amour et de la mort... (dès la 4e)
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Le Père Goriot

L'un des rares Balzac ayant eu mes faveurs à l'adolescence.

Le portrait de ce père est forcément touchant. Prêt à tout sacrifier pour le bonheur de ses (pestes de) filles, il se verra honni et finalement dépouillé par sa propre progéniture... (dès la niveau 4e)
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Jésus-Christ en Flandre

Habitant cet endroit, me voilà sauvé ! :‐)))



D'après son éditeur, Alexandre Houssiaux, Charles Furne (1794-1859) de son vrai nom, Honoré de Balzac a décidé, en 1845, de mettre l'ensemble de ses écrits sous le titre : "La Comédie Humaine".



Lorsque ce géant de la littérature française et mondiale mourut soudainement le 18 août 1950 à Paris, à seulement 51 ans, il restait 3 de ses 91 oeuvres à préparer pour la superbe collection de 20 bandes en cuir magnifique. Et il restait encore une cinquantaine de projets inachevés.



Et parmi ces projets, "Jésus Christ en Flandre". Une nouvelle écrite probablement en 1831 et envoyée en 1846 à la poétesse Marceline Desbordes‐Valmore (1766-1859).



Pour être honnête, lorsque j'ai écrit, le 12 juin 2018, mon billet de la biographie De Balzac par Stefan Zweig "Balzac ; le roman de sa vie", j'ignorais totalement la visite du Christ au plat pays qui est mien que chantait un certain Brel.



Je n'entends pas résumer cette nouvelle de 40 pages bien sûr, mais je suis incapable de ne pas en distraire quelques éléments isolés.



Ainsi, j'apprends que la ville d'Ostende était "peuplée par quelques pêcheurs, par de pauvres négociants et par des corsaires impunis". Qui régnait vraiment la Belgique à cette époque est pour Balzac un mystère.

Maintenant, on a un Roi, une Constitution, 4 gouvernements (Fédéral, Flamand, Wallon et Bruxellois), toutes sortes d'assemblées et où réside le réel pouvoir reste toujours aussi mystérieux.



Ce qui est étrange, ce sont les circonstances dans lesquelles Balzac transforma en un panégyrique de l'Église une rêverie fantastique qui exprimait une conception très désenchantée de la religion, comme cette nouvelle a été parfaitement caractérisée sur le site "Balzac dans l'histoire".



À lire, pas pour la Belgique, mais pour Honoré de Balzac. Évidemment !



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Gobseck - Une double famille

Gobseck est une nouvelle de Balzac, complexe dans l'imbrication des récits.

Une lecture sur laquelle il faut se concentrer car nous suivons plusieurs histoires de mariage sur lesquelles repose une morale.

La période se situe en 1820, pendant la période de la Restauration.



Dans un récit enchâssé, Derville, l'avoué de Monsieur Gobseck raconte à Mme de Granlieue comment il a pu travaillé avec cet usurier et comment il peut prouver aujourd'hui que Ernest de Restaud est un comte bien fortuné, sur lequel la famille Granlieue peut compter pour préserver leur rang social d'aristocrate, en l'unissant avec Camille de Granlieue.



Selon moi, le personnage le plus intéressant est bien évidemment Gobseck. Il est dépeint comme un usurier cynique, froid, impitoyable, capitaliste avide de l'or et de l'argent mais sous sa forme la plus dématérialisée. Les transactions financières, de compte à compte, lui donnent beaucoup de jouissance, plus que de posséder matériellement de l'or dans ses mains.



En même temps, ce prêteur calculateur au taux d'intérêt incroyablement mortifère, est un homme lucide et intelligent. Un "homme modèle" dira Balzac à son propos.



Au delà des apparences, seul Derville comprendra qui se cache derrière Gobseck car il existe deux hommes en lui : "il est avare et philosophe, petit et grand". Un personnage mystérieux capable de faire et défaire des vies.



La nouvelle est à découvrir pour comprendre les enjeux matrimoniaux et la condition humaine des femmes au 19ème siècle. Entre l'amour passion, l'amour honnête et l'amour d'intérêt, Gobseck finira peut-être par vous surprendre pour son sens de l'humanité.
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La maison du Chat-qui-pelote - Le bal de Sc..

Habituellement, j’aime bien lire du Balzac, plonger sans surprise dans la description d’une demeure et s’ouvrir peu à peu à l’intrigue qui lie les personnages. Mais « La Maison du Chat-qui-pelote » n’a pas eu cet effet. Peut-être parce que c’était trop semblable à d’autres incipit balzaciens ? En plus, je ne me suis attachée ni à l’histoire ni aux personnages. Il y avait un côté trop mélo qui ne m’a pas parlé.

Dans « Le bal des Sceaux », le début est aussi un raté pour moi. Très politique, j’ai eu énormément de difficulté à suivre (à moins que ce soit dû à la fièvre ?). La suite est plus intéressante. J’ai été touchée par cette jeune femme trop gâtée qui gâche elle-même son bonheur.

« La Vendetta » est une tragédie, une histoire de Roméo et Juliette. Moins mélo que « La Maison du Chat-qui-pelote », moins politique que « Le bal des Sceaux », je me suis plus attachée aux personnages et à leur histoire.

Enfin, « La bourse » est une nouvelle gentillette, une rencontre amoureuse sur fond de (fausse) misère.

A lire si l'on aime Balzac et si l'on envisage, comme moi, de lire toute "La Comédie humaine".
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L'enfant maudit

Cette longue nouvelle, historique car elle se déroule au temps de la troisième guerre de religion et s'achève en 1617, fait partie des études philosophiques, mais cela se sent peut-être moins, du fait de la nature quelque peu gothique de la nouvelle, genre assez surprenant chez Balzac.



Tout commence au moment de l'accouchement de la comtesse Jeanne d'Hérouville, un accouchement prématuré à sept mois de grossesse, qui la jette en butte à la brutalité de son mari, un soudard haineux et violent. La vie même de la comtesse est menacée, mais grâce à l'intervention du bon docteur Beauvouloir, savant médecin qu'on dit "rebouteur", elle est sauvée et son fils, Étienne, est épargné, moyennant qu'il vive dans une maisonnette sur la plage en contrebas du château et que le comte ne le revoie plus.



Ainsi, le jeune et toujours fragile Étienne vit caché de tous, mais parvient à profiter de la compagnie de sa mère. D'ailleurs, celle-ci a donné un autre fils au comte, fils en tout point semblable à ce dernier, fort et brutal. Assuré d'une descendance, le comte ne se soucie plus de son aîné et l'a complètement oublié. Ce sont des années heureuses pour Étienne qui, aussi faible et supra-sensible qu'il soit, a un don pour la musique et une âme splendide, capable d'occuper son extrême solitude sans jamais se lasser, avec la mer et la nature.



Mais à la mort de la comtesse, puis à celle de son second fils, il faut bien un héritier au vieux comte, qui retrouve alors son fils aîné et décide de le réhabiliter au château. Beauvouloir, qui a lui-même une fille très semblable au jeune homme, est chargé de trouver une issue heureuse à ce besoin de perpétuer la lignée d'Hérouville. Il met tout en œuvre pour rapprocher les deux jeunes gens, extrêmement candides et innocents - penser à la chose leur prendra cinq mois. Si le destin lui prête la main, les menées du comte d'Hérouville et du baron d'Artagnon, viennent contrarier violemment ces amours débutantes.



J'ai apprécié la lecture de cette nouvelle, toutefois un peu longue dans ses développements et parfois confuse, comme si Balzac s'était décidé à suivre une piste narrative pour l'abandonner ensuite. La nouvelle se déroule sur un long temps, d'où sa longueur, sans réellement se décider pour des ellipses. J'ai eu l'impression que Balzac se livrait à un roman expérimental, pour voir jusqu'où pousser son présupposé : que se passerait-il si un jeune homme d'une grande science rencontrait une jeune fille totalement ignorante ? Quelle sorte d'amour parfait pourraient-ils connaître ? Et surtout, en quoi l'éloignement du monde favoriserait-il l'émergence de ces deux belles âmes ? Peut-on empêcher le destin, qui a uni leurs routes par toutes les similitudes de vie qu'ils ont eues, et si oui, avec quelles conséquences ?



Et puis, c'est Balzac, alors ne nous attendons pas à une brûlante romance ici, mais bien plutôt à un essai sur les correspondances entre le destin, la musique, la religion, l'amour, en un vaste et sublime fondu enchaîné, une réflexion toujours plus pointue sur les facultés insoupçonnées de l'âme. Quant au style, c'est encore Balzac, même s'il écrit ici en une veine subtilement baroque, toute d'antithèses entre douceur et violence, jour et nuit, bonheur et mélancolie, mais toujours avec de puissantes formules et ce sens maîtrisé du détail qui fait vie, de la peinture minutieuse et contrastée des émotions qui fait art.
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Modeste Mignon

Avec Modeste Mignon, on est en plein dans l'époque romantique, avec les envolées que cela suppose.

Et pourtant, un amour qui commence par une correspondance, finalement, c'est plutôt actuel. Une surprise, mauvaise, peut-être, lors de la rencontre, plutôt actuel aussi.

Les trafficotages pour savoir combien de millions a la mignonne Mignon m'ont beaucoup fait rire. Il y a d'ailleurs des passages bien amusants, et aussi quelques longueurs (Mon Dieu, ces lettres interminables....)

Mais tout cela fait entrevoir un monde disparu, avec ses codes bien particuliers, une "bonne " société au train de vie qui laisse pantois. Ce train de vie, justement, qu'il s'agit bien au moins de garder sinon d'améliorer par le mariage, et si la fiancée a un titre, c'est encore mieux, et si elle plaît...c'est la cerise sur le gâteau, mais est ce vraiment indispensable, au fond? Oui...tout un monde.... Et je ne regrette pas le temps passé à la lecture de ce roman si romantique.
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Splendeurs et misères des courtisanes

Il y a quelques semaines j’avais entrepris la lecture de « Le Père Goriot » et de « Illusions perdues ». Lectures enthousiasmantes. Aussi me fallait-il conclure avec Splendeurs…

On abandonne alors quelque peu le monde des parvenus pour un monde plus glauque: celui des brigands et des prostituées, élégamment nommées courtisanes.

« Une peinture des moeurs » de l’époque comme se plait à le souligner Balzac lui-même.

Cette facette de « La Comédie Humaine » est pour ce qui me concerne moins intéressante. Je n’ai pas retrouvé toute la puissance et l’élégance des précédents récits. Ici, on a tendance à se perdre rapidement dans le fouillis d’une intrigue aux ressorts rocambolesques et dans une foison de personnages aux noms multiples. Un polar du XIXème siècle.

C’est bien sûr toujours le monde du paraître et des parvenus, mais surtout le monde du faux: fausses dettes, faux évènements, faux témoignages, faux personnages; mais vrais tourments pour Lucien…Tout est manipulation orchestrée par le bagnard Collin alias Vautrin alias Carlos Herrera, personnage central du roman.

La portée politique de ce volet est nettement moins évidente que les récits précédents; on assiste plutôt à une chronique de faits divers et judiciaires. Les cibles désignées de Balzac sont cette fois les aristocrates qui ne sont nobles que par le nom et les bonnes âmes philanthropiques.

Voilà pour mon appréciation, cette fois tempérée, au premier degré de ce roman. Reste inégalables le style de Balzac et son art de la description de toutes choses.
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Le Père Goriot

Balzac est un de mes auteurs favoris. Depuis l'adolescence, il y a donc plus de cinquante. Je ne me souviens plus si le Père Goriot fut le premier. Disons qu'il fut un des premiers de la longue liste des romans de Balzac que j'ai lus et relus. Un de ceux qui m'avaient subjugué. C'est pourquoi, il me parait normal de commencer par ce roman.



En effet, dans la fameuse et tentaculaire "Comédie Humaine", le roman "le père Goriot" me semble tenir une place un peu plus centrale dans la mesure où on retrouvera la plupart des personnages dans d'autres romans dont l'action est parfois antérieure, parfois postérieure ou même contemporaine au roman.

De plus, la description minutieuse de la pension Vauquer traitée avec un certain second degré, une certaine impertinence et un luxe de détails rendant la description vivante y compris de nos jours est une merveille.

Cette description est longue, certes, mais il faut imaginer le cheminement d'une caméra qui passe d'une pièce à l'autre, de la cour à la salle à manger, d'un personnage à l'autre, qui s'attarde sur un détail, passe à autre chose puis revient en arrière pour capter une autre impression : un régal.

On sent presque les mauvaises odeurs de la crasse ...

Je suis certain qu'il existe encore des pensions de ce type où les gens un temps désargentés peuvent s'y réfugier pour y trouver un gite et un couvert, peut-être pas ragoûtant mais toujours mieux que la rue.

Outre Madame Vauquer, accorte cinquantenaire, patronne de la pension, on y trouvera donc des étudiants d'origine provinciale qui n'ont pas le sou mais ont l'ambition de réussir (Rastignac, Bianchon) , des gens qui sont là par souci de discrétion (Vautrin), une jeune fille mise à la rue par son frère pour une sordide histoire de droits de succession (Victorine Taillefer) et bien entendu le Père Goriot.

Ce mélange détonant va évidemment conduire à des jalousies, des amourettes (ou des tentatives de), des discussions enflammées, des suspicions, bref tout ce qu'un petit monde en vase-clos peut produire.

Mais il est temps de parler du personnage principal. Monsieur Goriot est veuf, avait fait fortune dans la fabrication de vermicelle et a deux filles qu'il adore sans concession et sans limite, Delphine et Anastasie. Son unique objectif dans la vie, sa seule vraie ambition, son bonheur ont été de bien marier ses deux filles dans des familles aristocratiques (Restaud) ou bourgeoises (Nucingen) sans rien demander en échange qu'un mot gentil, une visite, un retour de l'adoration qu'il leur porte :

"Je n'ai point froid si elles ont chaud, je ne m'ennuie jamais si elles rient. Je n'ai de chagrins que les leurs"

Mais les deux filles ne connaissent plus leur père que pour lui soutirer de l'argent de façon à tenir le rang, à assouvir des "besoins", des "fantaisies", payer des dettes. Tout ceci sous l'œil avide ou perplexe de la mère Vauquer qui avait des vues sur Goriot tant qu'il semblait y avoir de l'argent mais aussi des autres pensionnaires dont notamment l'ambitieux Rastignac. Et la fortune de Goriot s'effiloche peu à peu et lorsqu'on raclera les fonds de tiroir, les filles dédaigneront leur père et les visites se feront de plus en plus rares. Seul, Rastignac, écœuré par toute cette noirceur et qui commence à connaître les milieux où évoluent les filles Goriot, le soutiendra jusqu'au bout bien qu'il ait, lui aussi son côté sombre en ce qui concerne sa propre famille...

Comme tout le monde le sait, le roman se termine magnifiquement par un "à nous deux, maintenant" de Rastignac qui part ainsi à la conquête de Paris et de ses salons. Mais ce sera le sujet de bien d'autres romans.

Il y a de tout dans ce roman,

- de l'émotion (très forte et poignante), on l'a déjà deviné

- du suspense avec cette histoire de forçat en rupture de ban qui se cache dans la pension Vauquer et qui se fera pincer mais qu'on retrouvera sous bien des noms dans d'autres romans

- et même de l'aventure et de l'amour ! Parce que, quand même, les filles de Goriot sont certes bien mariées à de hautes personnalités mais ça ne les empêche nullement de draguer le petit jeune (de préférence étudiant plein d'avenir), de l'entretenir (il faut bien que l'argent de Goriot serve à quelque chose) et d'avoir des amants, comme toutes les autres femmes de la haute société (là, on parle des femmes mais les hommes de la haute ne s'en laissent pas non plus conter pour entretenir des grisettes, bien sûr)…

- et de l'argent, car sans lui, le monde ne serait plus monde ...

Bref, nous sommes bien chez Balzac avec de très beaux personnages mais aussi de moins beaux dans un roman qu'on prend et qu'on ne lâche plus.
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Eugénie Grandet

C'est mon premier Balzac, à 60 ans ! J'ai sauté les lectures obligatoires à l'école.



Le livre est long, austère, difficile de progresser dans la lecture quand il n'y a pas de chapitres, pas de respiration. Un texte en continu. Cette lecture demande un réel effort.

L'histoire tient dans quatre ou cinq phrases. L'essentiel est dans la description des caractères, mais surtout des lieux, des habitats, des régions.

A l'époque, la photographie n'existait pas ; c'est sans doute ce qui explique ces longues descriptions de lieux, des costumes aussi, des intérieurs de maison.

Les caractères sont longuement décrits ; ils sont cernés, jugés sans émotion et sans indulgence. Les descriptions des femmes ne sont franchement pas féministes, bien au contraire !

Je ne sais pas si j'aime ou pas. J'ai l'impression d'être entrée dans un musée. Je vais poursuivre l'exploration (à petites doses ...).
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Sarrasine

Dans ce récit cadre et enchâssé (procédé cher à Balzac), il nous introduit chez la mystérieuse famille de Lanty. Personne ne sait d'où vient leur opulence. Un vieillard élancé, d'une nature anthropomorphe, que d'aucuns disent être Cagliostro ou le comte de Saint-Germain, surgit parfois parmi les invités lors des soirées données par la famille. Il y est traité avec une grande déférence.



Qui est-ce ? Que veut ce spectre d'un autre siècle ? Les rumeurs vont bon train.



Le narrateur révèle à la marquise de Rochefide, intriguée par le vétuste personnage, l'histoire de cet homme suranné.



Cette révélation nous ramène au siècle révolu des perruques et des paniers, du monde flamboyant de l'Opéra italien à Rome, et du terrible secret de ce vieillard qui chantait alors les plus beaux airs de soprano dans l'éclat de sa jeunesse, au nom de Zambinella.
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La vieille fille

D'où cette préoccupation de Balzac avec les femmes d'un certain âge ?



Femmes de trente ans, vieilles filles, on les côtoie bon gré mal gré dans La comédie humaine. Tantôt on s'apitoie sur leur sort, tantôt on se lasse d'elles.



À l'époque de Balzac, la position sociale de la femme dépendait pratiquement entièrement de l'homme, d'abord en tant que fille, puis en tant qu'épouse. Si on tardait trop à se marier, les chances s'amoindrissaient rapidement.



Le titre de la vieille fille vient de loin, comme le dit Pierre Barbéris dans la postface du livre de poche. Les premières ébauches datent de 1832, la version finale allait être insérée fin 1836 sous forme de feuilleton dans un nouveau journal créé par Emile de Girardin, au concept ultra moderne : "La Presse", qui était entièrement financé par de la publicité, sans abonnés. Cela n'allait pas sans influencer la forme du récit, qui est plus décousu que Le Père Goriot ou Le Lys dans la Vallée ; réflexions historiques et politiques, et une bonne dose de mélodrame se succèdent.



La petite ville d'Alençon au début de la Restauration (1816) forme le cadre de ce récit. Mademoiselle Cormon, vieille fille de quarante ans, ne parvient pas à faire un choix pour se marier. Des prétendants il y en a (l'aristocrate chevalier de Valois, le républicain du Bousquier, le jeune Athanase), mais elle hésite, voulant l'impossible, et puis elle s'est tellement conformée à sa vie réglée comme une pendule qu'elle remet toutes les décisions importantes au lendemain.



L'arrivée du vicomte de Troisville à Alençon et la gêne que cela lui occasionera, la précipite à faire un choix. Comme Balzac l'écrit, c'est la fatalité du hasard qui en décidait, avec le chevalier de Valois qui s'attardait à mettre son rouge. Vous découvrirez le dénouement dans La vieille fille...
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Ta main dans ma main, personne ne nous écoute..

J'ai déjà cette correspondance que Balzac a échangé avec sa sœur dans une autre édition plus ancienne où elle est publiée ensemble avec les lettres écrites à d'autres membres de sa famille, mais la voilà récemment éditée par les Editions de La Part Commune.



Adorables lettres que celles écrites par le jeune Honoré à vingt ans, en train de se débrouiller le mieux qu'il pouvait dans sa mansarde, 9 rue Lesdiguières ; seul dans cette cruelle capitale de Paris, portant déjà en lui la Comédie humaine en gestation et observant d'un œil pénétrant le monde des apparences et ce qui se cache derrière.



Lisez cette jolie lettre dans laquelle le jeune Balzac présente Moi-même, son domestique toujours fidèle au poste, ou quand il se balade au cimetière du Père-Lachaise en écrivant à sa sœur qu'il a puisé de bonnes grosses réflexions inspiratrices près des tombes de Molière, Masséna et La Fontaine, ignorant bien sûr que plus tard sa propre tombe allait à son tour devenir une source d'inspiration pour d'autres auteurs. Ayons aussi avec sa sœur Laure la primeur de lire la première ébauche de sa pièce de théâtre Cromwell à laquelle il travaillait dur comme fer mais qui échouerait sur le rivage théâtral.



Seul petit bémol : les trois dernières lettres sont toutes datées en juin 1849, mais elles ont bien été écrites en 1850, peu de temps avant le retour de Balzac à Paris.
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Le Lys dans la vallée

Un roman dont l'histoire est à la fois simple et complexe, un roman dont la lecture peut être laborieuse et délicieuse.



Tels sont les paradoxes de ma deuxième lecture (dont une en audio, est-ce une lecture?) de ce classique de Balzac.

C'est finalement un roman difficilement classable et c'est tant mieux. Le début fait penser à un roman épistolaire et se conclut de la sorte. Entre les deux, une longue recension des idylles passionnées, charnelles et chastes de Félix dont les pulsions sexuelles ponctues un récit qui semble à première lecture furieusement plat et pudibond, où serpentent des langueurs interminables.



Enfant maltraité, mal considéré, mal aimé, Félix se jette littéralement sur Blanche de Mortsauf lors d'un bal guindé. Il rend compte de ce et événement et de sa suite à une certaine Nathalie, personnage absent du roman et pourtant central.



Félix parvient à se faire une situation grâce aux péripéties politiques qui secouent la France en ce début de 19ème siècle et se construit une position très supérieure aux autres membres de sa famille. Commence alors cette idylle chaste avec la Comtesse de Mortsauf (patronyme évocateur d'ailleurs). Aux pulsions et inconvenances premières succède une conquête guère libidineuse faite de bouquets, d'épanchements sentimentaux et de sacrifices.

Basculement ensuite lorsque Félix s'éprend d'une aristocrate entreprenante. Les passions chastes cèdent le pas aux actes charnels. Une autre amoureuse se construit alors.



Deux personnages féminins, deux idylles dissemblables que Félix dispose en parallèle et confronte. Surtout, on se demande dans quelles mesures ces liaisons ne sont-elles pas factices. Comme des mises en scène destinées à conquérir le coeur, l'âme et le corps de Nathalie.



La lettre de cette dernière à la fin du roman fut pour moi un électrochoc, une sorte de twist final me faisant repenser l'entièreté du roman et envisager les amours de Félix comme des artifices de séduction.



Un chef d'oeuvre mais qui ne manque pas de certaines langueurs.

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La Cousine Bette

Que reste-t-il à dire sur La Cousine Bette, après tous ceux qui, ici et ailleurs, se sont penché sur cet ouvrage, et en ont parlé sans doute mieux que moi ?

Rien, sinon peut-être un ressenti personnel ; ce qui m'a toujours frappé dans ce livre, c'est que son sujet principal est l'érotisme, et plus précisément l'obsession érotique, qu'on retrouve d'ailleurs dans bon nombre d'ouvrages classiques, sous leurs airs compassés et convenables, et avec leur façon de dire les choses en ne le disant pas.

Car quel est le moteur des actions insensées de Hulot, qui se ruine pour une intrigante, à la limite de la prostitution, qu'il n'aime pas et dont il connait sans doute la véritable nature, si ce n'est des talents, disons amoureux pour rester convenable, et pour ne l'être pas, le fait que que c'est apparemment un coup exceptionnel ?

On retrouve d'ailleurs ce même moteur d'actions insensées dans au moins un autre roman de Balzac, Splendeur et Misère des Courtisanes, où Rubempré se montre en effet tellement doué en la matière que Mesdames de Sérisy et de Maufrigneuse, et Mademoiselle de Granlieu en sont littéralement folles au point de lui écrire des lettres où ses talents sont exposés de manière tellement crue que Vautrin s'en servira pour faire chanter leurs maris et père, ce qui fera sa fortune

Et chez d'autres auteurs aussi, Stendhal dans Le rouge et le noir par exemple, ou évidemment, Zola dans Nana (le pauvre Zola, qui, malgré sa réputation sulfureuse, était en fait l'un des plus pudiques, peut-être en accord avec sa vie personnelle très régulière malgré ses deux ménages)

Mais je m'égare, et que conclure ? Peut-être que, comme le dit Freud qui pour une fois semble avoir raison, que le refoulé finit toujours par ressortir sous les formes les plus extrêmes, qu'on ne retrouverait peut-être pas de nos jours avec la même intensité.

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Illusions perdues

De ce roman, j'ai une nette préférence pour la deuxième partie des Illusions perdues, au titre d'Un grand homme de province à Paris, publiée séparément en 1839.



Comme Balzac s'occupait de mille projets d'écriture en même temps, obligé d'honorer différentes promesses pour une publication dans tel journal pour tel éditeur, ses plus grandes productions littéraires s'étalent souvent sur plusieurs années.

Il s'en excuse d'ailleurs dans la préface d'Un grand homme de province à Paris. Préface dans laquelle il s'emporte aussi contre la Belgique et les contrefaçons de ses oeuvres.



Et, honte à moi, je me suis procuré la contrefaçon d'Un grand homme de province à Paris, éditée chez Jamar à Bruxelles en 1839. De toute façon, les premières éditions parisiennes sont hors de prix.



Je préfère cette partie des Illusions perdues car c'est ici où nous assistons à la gloire et la chute de Lucien de Rubempré (ou Chardon, pour ceux et celles qui sont jaloux de son sex-appeal) dans Paris où tous les élans poétiques se meurent ; nous assistons à son initiation au monde corrompu de la presse et à la volupté sexuelle grâce à Coralie, comédienne qui s'offre toute entière au beau Lucien. Elle sera entraînée avec lui dans la chute impitoyable du poète d'Angoulême. Chute dont seul Lucien se relèvera, en tout cas dans ce livre-ci...
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La fille aux yeux d'or

La fille aux yeux d'or clôt l'Histoire des treize, triptyque qui commence avec Ferragus et se poursuit par La duchesse de Langeais.

Balzac avait déjà commencé à rédiger la nouvelle de La fille aux yeux d'or en 1834, mais elle ne sera publiée que fin 1835.



Impossible de garder un teint frais et pimpant à Paris, selon l'auteur. Dans cette ville où tout est ambition, calcul, bassesse, où tout le monde se dépêche, se bouscule, rampe, on lit sur les visages des parisiens le livre noir et éreintant de leur vie.



De cette description cynique de Paris par catégorie sociale, nous arrivons aux deux personnages principaux qui se démarquent nettement de cette vision impure, cet enfer dantesque : le beau dandy Henri de Marsay, supérieur dans ses goûts et son attitude, et la mystérieuse fille aux yeux d'or, Paquita Valdès.

Tel un Dorian Gray, malgré sa débauche, Henri sait préserver sa fraicheur juvénile, sa beauté presque féminine. C'est peut-être pour cette raison que Paquita, en apercevant Henri dans le jardin des Tuileries, a eu comme un coup de foudre pour lui.



Dans ce conte qui vire vers le fantastique, un rêve oriental en plein Paris avec au cœur du récit l'hôtel mystérieux du marquis de San-Real, Henri apprend à ses dépens que Paquita n'est pas la fille candide de ses fantasmes.

Le premier soir où il arrive chez Paquita, les yeux bandés, n'est-ce pas étrange qu'elle lui met une robe ? Aurait-elle remarqué que son admirateur ressemble beaucoup celle qui garde Paquita jalousement comme sa possession, et qui n'est pas prête à la partager avec qui que ce soit ?



Ambiguïté sexuelle, ambiguïté du monde parisien où tout se fait et se défait aussi rapidement qu'un orage en plein jour.
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N'ayez pas d'amitié pour moi, j'en veux trop

Cette jolie édition de la collection Folio Sagesses (2018) reprend les lettres que Balzac avait adressées en 1836 et 1837 à une femme qui signait ses lettres par le prénom Louise. Le mystère autour de cette correspondante n'a jamais été élucidé. Ces missives étaient déjà reprises dans la Correspondance complète établie par les éditions Garnier, mais les voici donc rassemblées dans un livre de poche.



En 1851 le journal La Mode annonçait avoir obtenu cette correspondance et qu'elle serait incessamment publiée. Ève de Balzac en a eu vent et s'est hâtée d'entamer un procès contre La Mode pour en empêcher la publication.



Que trouvons-nous dans ces lettres ? Des secrets, des confidences ? Rien de succulent, ne vous emballez pas...



Balzac, lui, s'emballe pourtant rapidement, vu son engouement pour les femmes mystère. Il s'épanche dans ses réponses sur ses luttes, ses rêves et ses illusions. Bien vite il doit toutefois se rendre à l'évidence qu'une amitié qui reste virtuelle a ses limites, qu'une véritable compréhension entre deux êtres ne saura s'établir sous ce voile du mystère. Ainsi, il écrit dans sa dernière missive à Louise : "Voilà donc où aboutissent ces amitiés sans nourriture, pas un mot, pas un brin de branche sur laquelle les pieds de ce bel oiseau bleu qu'on nomme l'espérance puissent se prendre."
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La Peau de chagrin

La peau de chagrin / Balzac

Raphaël de Valentin vient de perdre son dernier napoléon au casino du Palais-Royal et, ruiné, songe au suicide. Chemin faisant le long de la Seine, il entre chez un antiquaire qui lui montre une « peau de chagrin ». Il faut savoir que le chagrin est un cuir très spécial utilisé en reliure, tiré d’une peau de chèvre. Selon le vieil antiquaire, cette peau aurait le pouvoir d’exaucer tous les vœux de son propriétaire. Mais le vieillard met Raphaël en garde : chaque désir exaucé fera diminuer la taille de cette peau, symbole de sa vie.

Le jeune homme qui a vingt-cinq ans, accepte ce pacte diabolique, pensant n’avoir plus rien à perdre et se lance dans des folies sans fin en oubliant la mise en garde. Devenu riche grâce à un héritage avunculaire généré par le pouvoir de la peau, il mène grand train et connait la gloire au cours de soirées mondaines. La soirée chez Taillefer, l’amphitryon du jour qui a promis à Raphaël de surpasser les étroites saturnales des petits Lucullus modernes, est un haut moment du récit. Accompagné de son ami Émile, un journaliste qui avait conquis plus de gloire à ne rien faire que les autres n’en recueillent de leurs succès, il participe à une véritable orgie culinaire et bacchique où les convives se roulent au sein de limbes délicieuses quand les lumières de l’esprit s’éteignent et que le corps s’abandonne aux joies délirantes de la liberté. Mais soudain les jouissances excessives du festin pâlissent devant le chatouillant spectacle que l’amphitryon offre au plus voluptueux de leurs sens : un groupe de femmes aux tuniques modestement provocantes s’avance, de frêles jeunes filles, vierges factices aux jolies chevelures lascivement bouclées et les convives s’abandonnent aux délices d’une voluptueuse extase… S’approchent alors d’Émile et Raphaël, nos deux poètes, deux belles naïades. Elles ont nom Aquilina et Euphrasie, l’air innocent, jolies et gentilles petites créatures. Seize ans peut-être ! Mais souvent ces créatures au visage candide cachent la dépravation la plus profonde, les vices les plus raffinés. L’une est l’âme du vice, l’autre le vice dans l’âme !

La boisson faisant, Raphaël se confie à Émile et lui raconte sa vie avant d’entrer en possession de la peau de chagrin, ses amours vains avec la belle comtesse Foedora dont le fantôme brillant et moqueur le hante encore, et son amitié avec la toute jeunette Pauline, la fille de sa logeuse. C’est alors qu’il envia les anachorètes de la Thébaïde, solitaires dans le désert.

Alors que Raphaël finit de conter ses heurs et malheurs en une orgie de paroles, la nuit enveloppe peu à peu d’un crêpe les longues saturnales de cette soirée.

Il retrouve Pauline qui a toujours été amoureuse de lui et il découvre en elle à présent une femme et il l’aime. Il commence une nouvelle vie en l’épousant Mais pendant ce temps-là, la peau de chagrin rétrécit... de même que le nombre des jours lui restant à vivre.

Emporté par ses passions, Raphaël a le projet d’écrire une grande œuvre, mais il est rattrapé par la décrépitude, le vieillissement et la maladie. Dès lors il ne songe plus qu’à sa survie, vivant en reclus…

Publié en 1831, ce roman qui fait partie de la Comédie humaine, a donc pour thème central le conflit entre le désir et la longévité, l’opposition entre une vie fulgurante consumée par le désir et la longévité morne que donne le renoncement à tout plaisir. Ainsi la peau de chagrin magique représente la force vitale de son propriétaire et se racornit à chaque satisfaction de son désir. Ne tenant pas compte de la mise en garde de l’antiquaire qui lui offre ce morceau de cuir, le héros s’entoure de richesse mais va se retrouver dans la pire des misères à la fin du roman.

Ce roman fantastique retrouve le thème classique du pacte avec le Diable, dans lequel est offerte au jeune homme la réalisation de tous ses désirs contre sa vie ou son âme. Toute chose a un prix et le bonheur perpétuel n’existe pas. Vivre plus intensément moins longtemps ou moins intensément plus longtemps : il faut choisir ! En somme une réflexion sur le désir : faut-il chercher à satisfaire tous ses désirs pour être heureux ? Une grande question !

Certes l’écriture est riche et ce roman reste aux dires des spécialistes une œuvre phare de la littérature française. Mais j’ai quand même souffert des longueurs infinies et des digressions multiples qui ont de fait tempéré au fil des pages l’enthousiasme initial du lecteur que je suis.





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