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Critiques de Jean-Christophe Bailly (57)
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42,87 km2 sous le ciel

J'avais vu l'exposition en son temps à l'Hôtel des Arts de Toulon que j'avais trouvée très riche et variée. Ce fut donc un plaisir de la retrouver dans ce livre très réussi tant par la qualité des photographies, que leurs commentaires, particulièrement ceux relatifs aux portraits.



Jacqueline Salmon a photographié un grand nombre de personnes, très différentes, de tous univers, enfants, étudiants, commerçants, sportifs, ingénieurs, enseignants, aventuriers, homeless et les quelques mots sur chacun d'eux donnent envie de les connaître. Donc, une réussite totale.

Les textes de Jean-Christophe Bailly apportent de nombreux détails sur l'organisation architecturale de la ville, ses ruelles, placettes, marchés, ouvertures sur la Méditerranée.



Un livre recommandé pour tous les toulonnais et pour tous ceux qui voudraient découvrir cette ville atypique qui mérite que l'on aille chercher son âme au coeur du dédale de ses rues et à travers les rencontres très différentes qui les y attendent.

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Couler de source

Je découvre cette collection éditée chez Bayard avec ce petit bijou de JC Bailly. J'avoue que mon avis est biaisé car je suis fan de ce monsieur.

Le livre est fait du texte d'une 'petite' conférence donnée en deux occasions par Bailly à l'automne 2017, auquel se rajoutent les questions-réponses posées-données lors de ces conférences.

Le principe de la 'petite' conférence, concept mise en oeuvre par Gilberte Tsaï, est de donner la parole à des experts en leur demandant de respecter une règle du jeu : que leur discours s'adresse aux enfants de plus de 10 ans comme à ceux qui les accompagnent.

JC Bailly s'exprime ici sur les rivières et les fleuves. C'est magnifique de simplicité et de pertinence. Il dose avec bonheur les informations techniques que l'on attend d'un cours de géographie avec des pensées philosophiques, et des images poétiques et littéraires qui font toute la différence.

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Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne, t..

Reçu, un peu en avance, en guise de cadeau pour la fête des mères, parce que je suis une inconditionnelle de Linda Lê.



Ce court ouvrage collectif, dont chaque texte est précédé par une (si belle !) photo de l'autrice ou de l'auteur, est un livre qu'on peut qualifier de livre de commande. En effet, « depuis 2017, la Maison des écrivains et de la littérature invite des autrices et des auteurs à jouer au « Livre en question », en écrivant un texte librement inspiré par la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS) ».

Dans la préface, Laurence Bobis, rappelle la force de ces textes rédigés entre 2020 et 2021 : « Malgré les circonstances, ces cinq textes sont des messages d'espoir ou des invitations à ne pas désespérer. » (p. 8), tandis que Sylvie Gouttebaron, nous propose une définition ludique de la bibliothèque : « La bibliothèque est un jeu de patience, mais aussi un jeu de l'oie – sans puits ni prison –, une marelle, un labyrinthe (c'est connu) – sans autre destination ou issue que la satisfaction d'un désir de savoir, de connaître toujours recommencé, jamais exaucé –, tous jeux aussi tentants que le diable gisant dans chaque détail insoupçonné de ses méandres en relief, véritablement habités. » (p. 11)

C'est Linda Lê qui a eu l'honneur d'ouvrir le bal, avec « La langue de l'éternel questionnement » (pp. 15-30). Pour elle, les livres s'enchaînent les uns aux autres et elle extirpe de l'oubli et de la BIS, grâce à Iouri Tynianov, un certain Alexandre Griboïedov, auteur malheureux d'un pièce de théâtre intitulée « Le Malheur d'avoir trop d'esprit ». Linda Lê fait remarquer que : « Le fil qui relie Nadejda Mandelstam à Iouri Tynianov, puis à Pouchkine et à Griboïedov, c'est l'évocation des temps troublés. » (p. 25). Elle mentionne « à la BIS, deux thèses consacrées à Griboïedov, en 1907 et en 1965 » (p. 26). Selon elle, « Chez Griboïedov, la langue de l'éternel questionnement oscille entre le cynisme des uns et l'effacement des autres » (p. 29), car « il ne reste aux « purs » qu'à battre en retraite » (p. 28). Ainsi, pour elle, « La question demeure : le livre en question serait-il une énigme à résoudre, l'objet d'une enquête qui mène à un autre livre ? » (p. 30)

Arno Bertina, s'est penché (pp. 31-46), quant à lui, à la BIS, sur la question « Des tracts et des affiches ». D'entrée de jeu il affirme que : « Mondialement célèbre, ce lieu est éminemment labyrinthique, insaisissable » (p. 31), et constate que le rôle de conservation d'une bibliothèque est « d'opérer un tri drastique entre ce qui relève du savoir, de la culture et ce qui est pauvre, circonstanciel, non autorisé » (p. 34).

Muriel Pic, dédie son «  Manicules (à la BIS) » à la mémoire de Jacques le Brun. Elle relate sa longue expérience de lectrice en s'intéressant notamment à l'ensemble des annotations et plus particulièrement aux stigmates laissés par certains lecteurs. Pour la définition des manicules on peut retenir le passage suivant : « La manicule est une petite main que dessinaient jadis les lecteurs sur les joues pâles des livres, à distance de l'axe vertical des textes qui va du blanc de tête au blanc de pied, et distribue les mots de gauche à droite sur toute la surface du rectangle d'empagement. C'est un geste de lecture pour indiquer ce qui a retenu l'attention, doit être gardé en mémoire ou sera commenté plus tard. La manicule est une trace en forme de petite main que l'on trouve dans les marges des manuscrits et des incunables à partir du neuvième siècle. Elle a l'index pointé sur une phrase articulée par une bouche imaginaire, dont les deux hémi-lèvres se touchent en forme d'arc de cupidon. Tout texte a son propre visage, ses propres mimiques, sa propre tache de naissance. Grâce à elle, on comprend qu'un livre a été pris en main. Un lecteur fait signe sur la surface diaphane du parchemin. Une motion intérieure affleure sur la peau animale, chèvre, mouton, veau » (pp. 50-51), tandis que pour les stigmates, on retiendra surtout ceci : « Il est remarquable que les ouvrages portant les marques de lecture les plus sauvages aient trait à des sujets politiquement délicats. C'est en tout cas le constat que l'on peut faire si on ouvre l'armoire des livres détérioré de la Sorbonne, sachant qu'il n'y a pas de limite à la fantaisie dans le domaine de la destruction des livres. le plus frappant a été pour moi d'y trouver l'ouvrage d'Annette Wieviorka littéralement dévoré sur les bords par je ne sais quel animal anonyme soudain doué d'une haine qu'ignorent en temps normal les bêtes » (pp. 87-88).

On se souviendra que les fantômes sont aussi des « revenants » avec le magnifique texte de Jean-Christophe Bailly (pp. 101-118).

Dans le dernier texte « Comme un cygne » (pp. 119-130), Jean-Marie Gleize nous parle de poésie, et plus amplement d'Alphonse de Lamartine.

La dernière phrase est sublime : « Il pourrait n'être pas absurde de dire qu'il s'agit, dans cette « Mort de Socrate », de quelque chose comme le suicide de la philosophie par absorption d'un poison qui n'est autre que le chant romantique, le chant des cygnes ou des signes, la très suave ciguë de l'harmonie poétique et religieuse. » (pp. 129-130)



Un court recueil donc avec des auteurs (à l'exception de Linda Lê) inconnus pour moi qui a été aussi l'occasion de garnir généreusement de futures listes de livres à lire. Un bel hommage à ce lieu d'exception qu'est la BIS !
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Description d'Olonne

Minutieuse description d’une grande ville française entièrement fictive, entre Loire et Garonne : une expérience géographique, historique et humaine particulièrement spectaculaire et troublante, par un grand philosophe du paysage.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/09/10/note-de-lecture-description-dolonne-jean-christophe-bailly/



Quelque part entre Nantes et Bordeaux, la grande ville d’Olonne médite peut-être sur son histoire et actualise sa complexe géographie portuaire et fluviale, jouant de ses couches architecturales et de ses lieux éventuellement ambigus. Pour la découvrir, un narrateur qui a dû la quitter précipitamment il y a quelques années, mais qui en garde un fort et agréable souvenir, nous en détaille patiemment les charmes, les surprises et les pièges, au filtre de son appréciation intime et de sa mémoire de bibliothécaire en rupture de ban.



Cette Olonne est entièrement fictive (elle n’a qu’un fort lointain rapport, notamment, avec l’Olonne devenue Olonne-sur-Mer en 1927, ancienne commune littorale de Vendée, fusionnée en 2019 au sein de la sous-préfecture locale, Les Sables-d’Olonne), même si elle emprunte vraisemblablement quelques-uns de ses traits distinctifs à d’autres villes, françaises ou étrangères. La description minutieuse, objective et subjective, douce ou acérée selon les moments, que nous en offre le narrateur, guide touristique, artistique et littéraire, improvisé à distance physique et mémorielle, n’en est que plus saisissante, inattendue et profondément troublante.



C’est grâce à Hélène Gaudy (elle-même l’une des autrices contemporaines les plus à même de saisir ou de ré-imaginer l’âme de certains lieux-limites : son « Un monde sans rivage » ou son « Grands lieux » sont des lectures indispensables), venue jouer les libraires d’un soir (une performance à écouter intégralement ici) à la librairie Charybde le 25 octobre 2018, à l’invitation de ma collègue et amie Marianne (lisez, sur ce même blog, ses chronique de « Plein hiver », ici, et de « Une île, une forteresse », là), que j’ai découvert cet objet littéraire hors normes et profondément réjouissant.



Publié en 1992 chez Christian Bourgois, ce troisième texte de fiction de Jean-Christophe Bailly, philosophe, longtemps éditeur de romans et de livres d’art, enseignant à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois, jusqu’alors connu essentiellement pour ses essais et récits à portée esthétique et philosophique, entretient aisément un dense tissu de résonances avec des oeuvres contemporaines et moins contemporaines, évoluant à la croisée d’un certain type de littérature voyageuse, d’une poésie de la précision et de l’énumération imaginative et d’une capacité de compréhension et de reconstruction urbaine (ou parfois rurbaine) : en dehors d’Hélène Gaudy elle-même, on pensera sûrement, par exemple, au Jérôme Lafargue de « L’ami Butler », au Fabien Clouette de « Une épidémie », voire à Claire Duvivier et à Guillaume Chamanadjian lorsqu’ils élaborent leur Dehaven et leur Gemina dans « Citadins de demain » et dans « Le sang de la cité ». Dans l’amont d’Olonne, on trouverait bien entendu Julien Gracq, dont « La forme d’une ville » est ici omniprésente à bien plus d’un titre, comme, discrètement et joueusement, Italo Calvino et ses « Villes invisibles » – d’où l’écho aval, aussi, en direction d’un autre géographe d’origine, Emmanuel Ruben, avec son « Dans les ruines de la carte » (Olonne ne surgit-elle pas après tout d’abord d’un tracé – comme le rappelait Clément Willer dans son article « L’énigme démocratique d’Olonne », dans la revue Captures ?), et avec, par exemple, ses toutes récentes « Méditerranéennes » (songeons à la place particulière qu’y tient la ville de Constantine « de mémoire »), qui seront chroniquées très prochainement sur ce même blog, et, peut-être plus curieusement, d’un poète aussi furieusement atypique que Patrick Beurard-Valdoye, dont aussi bien le Kurt Schwitters (« Le narré des îles Schwitters », 2007) que la ville de Liège (« Gadjo-Migrandt », 2014) pourraient aisément s’immiscer ici. Relativement secrète, « Description d’Olonne » a pourtant tout, ainsi, d’un creuset et d’une matrice. Ce qui n’est peut-être pas si surprenant, irradiant d’une telle mise en abîme multiple de la mémoire, historique et intime, d’une ville qui, selon le mot d’Hélène Gaudy lors de son intervention déjà citée, « nous permet à toutes et à tous de retrouver des fragments insaisissables de villes que l’on a connues, sans pouvoir les identifier directement ».


Lien : https://charybde2.wordpress...
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Description d'Olonne

Dans ce livre qui a obtenu le prix France Culture en 1992, Jean-Christophe Bailly nous décrit dans le moindre détail la ville d’Olonne. Avec une grande précision, il nous livre chaque lieu, chaque rue, et même des anecdotes liées aux personnages célèbres originaires d’Olonne ou y ayant vécu. Lui-même semble porter un amour immense à cette ville qu’il connaît sur le bout des doigts. Amour qu’il s’attache à transmettre au lecteur.



La suite sur mon blog...
Lien : http://tassedethe.unblog.fr/..
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L'apostrophe muette

Absolument passionnant....
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L'apostrophe muette

Un essai admirable qui va à pas feutrés dans le monde du silence, celui du regard, celui de l'au-delà, pour déceler le plus sensible, le plus mystérieux, le plus simple, le plus vrai. Le regard de Jean-Christophe Bailly émouvant et d'une érudition sans pareil crée des liens on ne peut plus touchants entre le vivant, l'éphémère et l'éternel. L'éphémère devient éternel.

"population énigmatique et silencieuses qui, parce qu'elle ne demande rien et ne répond pas, nous semble à la fois si fraternelle et si lointaine et, dans sa discrétion théologique, si délicatement humaine."

Les portraits de Fayoum nous regardent depuis plus de 2000 ans d'histoire devenue muette. Ils "sont dans ce savoir de la mort accompagnant la vie, ils nous disent "ce que c'était que d'être, d'être vivant en ces temps-là, en ces lieux-là... sans anecdotes, sans détails, sans mise en scène."

Portraits, mimesis, reproductions du vivant, du périssable dans ce qu'il a de naturel, d'unique, de très touchant.

La richesse des connaissance de Jean-Christophe Bailly est impressionnante, en vrai archéologue il entre dans un passé très lointain et s'arrête devant des visages, des portraits et la relation qu'ils ont créée entre la vie et la mort. Période historique, L'Egypte romaine, art sublime du portrait qui rend au regard cette part de mystère et de vérité, d'interrogation sur soi-même et de découverte de soi-même, sans affect, sans désir, en silence.

L'exposition organisée par le Musée du Louvre à l'automne 1998 fut comme l'amont d'une rivière dont les riches portraits-éclats exposés accompagneront toujours l'essai de Jean-Christophe Bailly.

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L'apostrophe muette

L'apostrophe muette. Dans cet essai, Jean-Christophe Bailly analyse les sidérants portraits du Fayoum. Dans une langue soutenue et presque poétique, il réussit à rendre quasiment tangible un moment d'humanité que ces peintures semblent avoir capté pour l'éternité.
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La colonie des enfants d'Izieu 1943-1944

L'approche partielle de l’histoire d'un refuge pour enfants juifs durant l’Occupation devenu lieu de mémoire à travers des photographies prises par certains enfants et adultes durant la période de son activité entre 1943 et 1944. En 2002 les survivants, venus de divers points de l’hexagone, d’Israël et de l’Amérique du nord sont réunis et identifient les enfants sur les photographies et les commentent. L’essentiel du livre est consacré à présenter ces photos et à proposer des informations sur les jeunes et personnes majeurs liés à ces évènements. Une chronologie partant de 1925 à 2002 situe des faits individuels et collectifs qui ont pesé sur cette histoire. Jean-Christophe Bailly explique dans un long texte que c’est le sentiment d’absence qui l’a marqué lors de la visite de la Maison d’Izieu. La Maison d’Izieu située dans l’Ain a connu une rafle conduite par Klaus Barbie.
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La colonie des enfants d'Izieu 1943-1944

Le Musée mémorial des enfants d’Izieu a été inauguré le 24 avril 1994 par François Mitterrand. Il est appelé aujourd’hui « La Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés ». La maison d’enfants fait partie avec l’ancien camp d’internement de Gurs et le Vel d’Hiv à Paris des trois lieux de mémoire nationale des victimes des persécutions racistes et antisémites de l’État français reconnus par le décret présidentiel du 3 février 1993.



Rachetée au début des années 1990, la maison est restée telle qu’elle était lorsque les enfants ont été raflés le 6 avril 1944. Dans une grange voisine un espace muséographique a été crée.



Ce livre documentaire est en fait le catalogue d’une exposition organisée entre juillet 2011 et septembre 2012 à la maison d’enfants. L’ouvrage comporte six parties : une Préface de la présidente de l’association, Rendre Présent, Photographies d’archives et témoignages, Habiter le temps, Les membres de la colonie d’Izieu mai 1943- 6 avril 1944, Repères chronologiques.

Photographies d’archives et témoignages est le cœur de l’ouvrage, puisqu’il regroupe la quasi-totalité des photos disponibles sur les enfants et les adultes qui ont habité cette maison entre mai 1943 et le 6 avril 1944 assorties de témoignages de ceux qui survécus (la plupart ayant quitté la maison avant la rafle, une seule adulte est rescapée des camps de concentration).

Habiter le temps est un texte de Jean-Christophe Bailly qui explore les méandres du Temps et de la Mémoire et insiste sur l’importance du Souvenir et des Histoires. Histoires collectives et individuelles, tragiques et émouvantes qui donnent à ces personnes (enfants et adultes) la possibilité d’une inscription dans une réalité tangible, durable, profondément évocatrice et universelle.

Ensuite sont présentés tous les membres de la colonie en des portraits individuels, un astérisque mentionnant ceux qui furent déportés ; puis des repères chronologiques restituent cette aventure et le drame qui s’en suivit dans leur contexte historique.

Il va sans dire que la lecture de cet ouvrage est émouvante. Les photos et les textes redonnent vie aux enfants et montrent combien, cette parenthèse fut pour la plupart, une pause dans la traque sans fin que les nazis et l’État français avait imposé aux juifs. Une pause heureuse. Une parenthèse humaniste dépourvue de toute considération religieuse. Un espace et un temps qui ont donné aux enfants la possibilité de s’asseoir à nouveau sur les bancs de l’école, de construire des espérances et d’envisager des relations humaines susceptibles d’offrir une place à l’amitié et peut-être aussi à l’amour. Izieu fut un repère où les mots Confiance et Respect ont été autre chose que des concepts creux. Tout cela apparaît sans le recours aux mots : des visages, des sourires, des postures, des accolades traduisent ces sentiments. Mais il est aussi aisé d’apercevoir des inquiétudes, des traumatismes, des blessures, des angoisses latentes, des peurs camouflées, blottis au fond de certains regards.

Combien il est important aujourd’hui de rappeler que tout cela s’est produit en Europe. Et que la création de l’Union Européenne a été voulue pour éviter qu’à nouveau de telles horreurs se produisent… et combien aussi le Front national (ou le Rassemblement Bleu Marine) puise ses racines dans les mouvements qui en France, comme ailleurs en Europe, ont contribué à l’avènement de ces horreurs.
Lien : http://legenepietlargousier...
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La légende dispersée : anthologie du romantisme..

Le romantisme allemand est un moment de notre civilisation, une célébration de la nature et du sentiment à l'état pur. C'est une réaction négative à l'élan conquérant des Lumières françaises et à l'Aufklarung. C'est également un écho à la philosophie confiante en la nature humaine de Kant et Hegel et à la Révolution française, qui avait charrié d'immenses espoirs de libération.

Jean-Christophe Bailly, qui a publié ce recueil en 1976, nous offre un accès direct à un choix de textes qui passe à travers les différentes périodes de ce romantisme: l' "avant" (Jean-Paul, Fichte, Hölderlin,...), Iena (Novalis, Tieck, Schelling, Schleiermacher,...), Heildelberg-Berlin-Greifswald (von Günderode, Brentano, Arnim, Kleist, Hoffman,...) et l' "après" (Eichendorff, Grabbe, Lenau,...).

Ce recueil nous permet de prendre connaissance et de sentir cette période importante à travers une multitude de cours textes soigneusement traduits et présentés.
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La magie du livre

Petit texte sensible sur le livre, sa matérialité et les espaces-mondes qu'il nous ouvre. Voulez-vous un dispositif de réalité augmentée ? Ouvrez un livre puis lisez.

Il s'agit de la retranscription d'un conférence donnée par l'auteur devant des enfants. Les mots de Jean-Christophe Bailly restent simples mais touchent toujours une réalité profonde.

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La Main, carnet de dessins

Un livre qui ne m' a guère enthousiasmée... La petite préface traduite également en allemand et en anglais montre l' importande de la main, ses différentes fonctions, la valeur que certaines sociétés lui confèrent et la difficulté pour les artistes de la représenter sous toutes ses formes... Je m' attendais à trouver des explications, des exemples de croquis plus schématiques pour apprendre à dessiner les mains en particulier, puisque c' était le sujet.



Je n' ai trouvé que des dessins certes jolis à regarder, mais au final cela ne m' a rien apporté de plus...



Heureusement qu' il m' a été offert, j' en suis bien déçue...

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La phrase urbaine

À travers une approche sensible et personnelle de la ville, Jean-Christophe Bailly offre quelques réflexions pour penser différemment l’avenir de la ville.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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La phrase urbaine

Critique de Sébastien Lapaque pour le Magazine Littéraire



Ce livre, qui rend compte de trente années de réflexions et d'analyses sur l'esprit des villes et leur destin, ne peut pas être placé parmi les récits, les romans et les textes qui ressortent à la fiction. Rien n'est feint dans ce livre écrit en prose. Mais le classer parmi les catalogues d'architectes, les manuels d'urbanistes et les traités de paysagistes serait une erreur, même si Jean-Christophe Bailly, qui enseigne à l'École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois, ne craint pas la confrontation avec les travaux de ses collègues. Auteur de récits sensibles, poète et dramaturge, il témoigne d'un refus possible du divorce entre la littérature et le savoir, « une plaie de notre époque et un aspect caractéristique de la barbarie moderne où, la plupart du temps, on voit des écrivains incultes tourner le dos à des savants qui écrivent en charabia », ainsi que s'en désespérait Simon Leys dans L'Ange et le Cachalot.

Si les observations pratiques et les analyses théoriques de La Phrase urbaine l'imposent parmi les lectures obligatoires des étudiants blésois de Bailly, ce livre qui mêle « l'intervention publique ou critique à la simple caractérisation, voire à la notation et à la rêverie » n'en appartient pas moins à la littérature, c'est-à-dire à une créatrice mise du monde en mots. Sa mélancolie tendue est contenue jusqu'aux « Trois visions » qui le concluent : « [...] un monde meilleur souvent bien sûr j'y ai pensé mais maintenant c'est plutôt à un monde pire, à ce monde-ci empiré que je pense et d'ailleurs c'est facile, il n'y a qu'à suivre le mouvement, la pente où celui-ci (de monde) s'est engagé. »

Qui croira qu'un texte qui remue une matière si sérieuse et si fondamentale puisse être également poétique et sentimental ? À la fois doctes et déliés, les dix-neuf essais qui composent La Phrase urbaine rendent compte de l'histoire d'un amour. Paris, capitale du XIXe siècle de Walter Benjamin est la référence tutélaire de Bailly. C'est en mettant ses pas dans ceux des promeneurs romantiques et de leurs héritiers modernes que l'écrivain s'est pris de passion pour la grande ville. C'était il y a bien longtemps et il n'en est pas revenu. Mais sa passion n'a rien d'éthéré. Charnel, son amour fou s'attache aux passages et aux intérieurs, caresse les structures et les matériaux, jouit des contours ornements. « Il se trouve que, familier des chantiers dès l'enfance (mon père était entrepreneur), j'ai toujours porté aux formes et aux matières du bâti, comme passant et comme voyageur, une attention soutenue », veut-il se souvenir.

C'est donc en connaisseur qu'il passe d'une ville à l'autre, non plus seulement à travers l'Europe, comme ses vénérables prédécesseurs, mais dans le monde entier. Il débarque à Carthagène des Indes, file de New York à Boston, arpente les boulevards populaires de Moscou. Et, s'il lui plaît de rendre compte de la splendeur de Barcelone, il aime tendre l'oreille pour entendre le murmure de Roubaix, « loin de l'histoire monumentale ». Ici la ville dort, là-bas elle claironne. Cette opposition lui permet de comprendre certaines choses. Partout où il passe, le voyageur aux manières de cinéaste en repérage est plutôt placide, mais il lui arrive de faire entendre une colère d'amoureux contrarié par les outrages faits à la chair brûlante des villes : « des maisons qui ne sont pas des maisons, des rues qui ne sont pas des rues, des espaces qui n'ont rien tenté d'autre dans l'espace que son occupation ».

Sûr de son fait, l'écrivain ne goûte ni les concepts « fourre-tout » ni les idées trop usées. Avec « la vulgate de la dérive et de l'errance », il révoque Guy Debord, qui n'est pas son genre. Et, s'il observe la « dépossession généralisée », il ne s'attarde guère à commenter la notion de « non-lieu » forgée par Marc Augé. Son corpus ne doit rien à l'air du temps et tout à de longues décennies occupées à se glisser seul dans les plis sinueux des vieilles capitales. L'écrivain revendique les privilèges de cet « échange solitaire ». Prêtant le bras à « tous les passants singuliers des villes innombrables : Baudelaire, Poe et De Quincey, Nerval et Apollinaire, Benjamin et Kafka, Joyce et Pessoa, Musil et Boulgakov, Harms et Svevo, Onetti et Chandler », le lecteur de La Phrase urbaine est invité à devenir à son tour un promeneur libéré « de la simple routine ou des pratiques du tourisme ». Il apprendra à connaître la forme d'une ville, à savoir retrouver les contours de sa symphonie derrière les cris des hommes et les bruits de la vie, ainsi que le suggère le texte qui donne son titre au livre. « La ville, ce serait d'abord, quant aux bruits, une rumeur constante, une sorte d'épaisseur où, bien sûr, le strident ou le très bruyant se détachent, mais où tout semble malgré tout noyé dans un bain unificateur aux mouvements aléatoires mais permanents. »

Tendrement, sans lenteur, Bailly nous permet de comprendre qu'il n'y a pas seulement de la ville dans une ville : « L'espace urbain contient de la ville et aussi quelque chose d'autre qui n'en est pas. » L'art de la ville n'est pas un art perdu : « Si une telle idée est vérifiée par les manques les plus criants de l'urbanisme, elle comporte pourtant quelque chose de facile, de hautain et de passéiste. » De ce point de vue, son approche est autant politique que littéraire. Malgré les malédictions divines recensées par Jacques Ellul dans Sans feu ni lieu. Signification biblique de la Grande Ville - équilibrées par la promesse d'une nouvelle Jérusalem dont l'édification est promise « sur la terre comme au ciel » -, la cité a été imaginée par les hommes pour trouver des raisons de vivre ensemble. Partant, l'architecture urbaine est « celui des arts pour lequel [la] relation au politique est la plus directe et la plus contraignante ». Cela dit, Bailly n'a pas envie de regarder la ville dans le rétroviseur, persuadé qu'elle se réinvente sans fin depuis la nuit des temps. Son amour de la grande ville n'a rien d'une nostalgie, c'est un bonheur en actes : quitter sa chambre, retrouver la rue et mettre un pas devant l'autre.

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La phrase urbaine

Pour le poète Jean-Christophe Bailly, l’espace urbain d’aujourd’hui, qu’il soit patrimonial ou fonctionnel, ne se prête plus à la flânerie et à la promenade. À la mémoire imposée par les musées, ou aux chantiers des villes nouvelles, il oppose la mémoire en acte du passant, pensive et seule porteuse d’utopie.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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La véridicition sur Philippe Lacoue-Labarthe

La modestie de ce texte, comme toujours chez Bailly, cache une méditation sur l'expérience de la pensée, sur la venue de la voix, sur la possibilité, aujourd'hui, d'une existence poétique. Cet "insondable" est l'essentiel. Ce qui se joue depuis plusieurs décennies sous le nom de Bailly comme sous celui de Lacoue-Labarthe relève à mes yeux de ce qu'il y a de plus décisif : l'existence de la littérature.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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La ville à l'oeuvre

Un petit livre pas facile à classer. Normal, il s'agit d'une compilation d'articles écrits pour différentes revues tout au long de la décennie 80. Au moment donc où l'insouciance et la confiance des trente glorieuses sombrent dans les duretés du libéralisme.



Une petite partie du livre est consacrée à une visite impressionniste de quelques villes: Salzbourg, Sienne, ou Lisbonne. Chacune illustre une déambulation dans un monde préservé, une sorte de négation du temps, et pourtant bien vivant.



Mais ce que j'ai trouvé de plus intéressant dans les propos de l'auteur concerne ses tentatives imparfaites, comme il le reconnaît lui-même, d'analyser ce qui fait l'essence d'une ville, ce qui fait que l'on s'y sent bien ou pas. L'échec des grands ensembles par exemple, ces machins conçus pendant les années fastes, délibérément construits à l'écart, pour parquer des habitants destinés à travailler ailleurs et, s'ils voulaient se distraire, à gagner le centre de Paris, ville-musée ainsi préservée.



Il convient ici de réfléchir à ce qu'est vraiment la ville: où est le Paris véritable? Provocateur, il soutient qu'ici, la vraie ville, est constituée par la banlieue. Après tout, ne concentre-t'elle pas 80% des "parisiens"? Et même si Paris intra-muros présente une façade homogène, une rupture très marquée avec ses banlieues avec la saignée du périph', Neuilly ou Boulogne lui ressemblent beaucoup, alors que certains arrondissements plus populaires, seraient tout à fait à leur place à Montreuil ou à Arcueil...



Mais la banlieue n'a pas de visage uniforme. Saint Denis par exemple peut être qualifiée de ville, Aubervilliers beaucoup moins, et Sarcelles pas du tout.



La question des frontières, de la répartition des fonctions (dormir, travailler, se divertir) entre ville-centre, banlieues, et zones périphériques, devrait être au centre de l'aménagement urbain. Cette frontière est de plus en plus floue, au point que l'on arrivera peut-être un jour à ce cauchemar: le monde réduite à une ville unique.



En attendant, on a droit à des projets mégalos de type NEOM en Arabie Saoudite, ou alors, le metaverse qui nous permettra d'habiter virtuellement n'importe où, sans avoir besoin de sortir de nos petites boîtes standardisées?
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Le dépaysement : Voyages en France

Inlassablement, Bailly laboure les pays et les gens. Ses Voyages en France sont les carnets d'un voyageur en liberté, d'une curiosité insatiable et contagieuse. On se laisse guider avec bonheur.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Le dépaysement : Voyages en France

Un remarquable essai sur cette France dont on parle peu: celle des villages, des coteaux, des géosynclinaux et des bassins versants. L'histoire sociale du pays vu par le côté géographique de la lorgnette. Remarquable!
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