AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean-Christophe Bailly (57)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le parti pris des animaux

Tiens toi le pour dit, je ne parle ni de religion ni de politique sur les réseaux sociaux. La seule cause pour laquelle je m’engage et que je défends publiquement, est celle des animaux !



Pour Christian Bourgeois éditeur, j’ai lu “Le parti pris des animaux” de Jean-Christophe Bailly. Sorti au début de ce mois-ci dans la collection Satellites, ce livre maintenant disponible en poche, me faisait de l'œil depuis un moment.



Composé de huit textes, cette approche philosophique n’a rien de comparable avec un roman. J’ai lu certaines phrases plusieurs fois pour bien saisir toutes les subtilités et les références artistiques, ici présentes. Cette lecture précise, assez rapide m’a demandé quelques efforts pour centrer mon attention sur la compréhension.



Je suis mécontente d’avoir lu cet ouvrage de référence sans m’arrêter ! En y réfléchissant, il aurait mieux valu en picorer les idées et y revenir souvent. Tant pis.



Je ne lis que trop rarement des essais. Celui-ci est intéressant parce qu’il est très bien écrit et qu’il met en avant le point de vue d’une faune variée. Il a pour objectif de pousser à reconsidérer notre comportement, notre place dans le monde avant l’extinction des animaux.

Commenter  J’apprécie          20
Temps réel

Temps réel résonne de cet air de fuite, ou de fugue : quelque chose se prolonge ici, en dépit du discontinu des pièces, qui semble suivre les lignes conjointes du texte et du paysage, et nous inviter à filer dans une sorte de voyage du divers, un mouvement pour lequel « il n’y aurait pas de commencement,/ pas d’autre solution que de prendre le train/ (micheline ou TGV) en marche… », comme disent les premiers mots du premier poème.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          00
Le dépaysement : Voyages en France

Très subtilement jean Christophe Bailly sait faire émerger des paysages et lieux parcourus des idées qui nous rassemblent et constituent « une France ». À l’heure pour les idées identitaires font rage chez nous mais aussi dans toute l’Europe, l’auteur nous propose un autre point de vue sur nous-mêmes et sur les autres. Les balades, toutes non convenues, sont d’une finesse extraordinaire.
Commenter  J’apprécie          00
Le propre du langage

Comme chaque livre de JC Bailly que j'ai lu, celui-ci est une merveille. Au sens concret du reste, je suis émerveillé par ces apparitions délicates et précises où chaque mot (le texte est une sorte d'abécédaire qui va tisser la question du langage avec des motifs comme la "Fumée", les "Fleurs", l'eau, etc) fait surgir, éclore, une réflexion et une sensation. Car là où le cheminement de Bailly est vraiment merveilleux (oui, insister) c'est sa capacité à frayer sa voie entre l'essai et la poésie. A lire ces textes assez brefs, l'intelligence apparait (un sens est élaboré) mais sans renoncer à s'entremêler à une écriture sensuelle, ondulante, je ne sais comment dire. Enfin, c'est un livre à la fois simple et profond dont on finirait presque par souligner chaque phrase et corner chaque page.
Commenter  J’apprécie          10
Le dépaysement : Voyages en France

Il est difficile de parler de ce livre car c'est un étrange objet. Ce n'est pas un récit de voyage, mais une succession de considérations d'ordres variés à propos d'une abondante série de lieux divers, en France. On ne cherchera donc ni un itinéraire, ni même une unité.

L'ensemble a un certain intérêt, mais l'on sent que l'auteur hésite: freiné par son idéologie personnelle, il s'interdit la nostalgie, tout autant que la critique de la modernité. On sent toutefois de l'amertume, des déceptions, des regrets face aux évolutions qu'il constate. Comme beaucoup de ceux qui ouvrent les yeux et qui écrivent, quand il parle de beauté, elle vient soit de la nature, soit du passé.

Il restera pudique sur le présent, avec pour travers une certaine condescendance: on a le droit de dire qu'une construction, une rue, une bourgade, sont tristes ou laides. Mais en est-on sûr? Si l'on est entré dans un village dans la brume opaque de janvier, ce village ne sera-t-il pas riant, en juin?

Nous sommes là face à un curieux mélange. Aussi chaque lecteur se fera son idée.
Commenter  J’apprécie          30
Paris quand même

Le livre de Jean-Christophe Bailly, malicieusement intitulé « Paris quand même » est un régal. L’auteur partage sa vision de la capitale, ville qu’il adore par dessus tout. Il promène le lecteur dans les quartiers qu’il connaît bien, parfois méconnus du grand public, constate les évolutions récentes en terme d’architecture, d’aménagement… Quelques coups de griffes parsèment le livre (à l’encontre de la mairie, d’hommes d’affaires connus qui s’accaparent le patrimoine) mais cet essai très personnel est surtout, à mes yeux, une déclaration d’amour érudite et passionnée qui permet de voir Paris sous un autre oeil.
Lien : https://inthemoodfor.home.blog
Commenter  J’apprécie          40
Paris quand même

J'ai acheté ce livre sur une erreur de casting, confondant Jean Christophe avec ..Jean Louis..bref ! Après un début étonné, donc (tiens, il s'est embourgeoisé ou c'est moi ?), j'ai très vite accroché car ces coups de coeur (et souvent de gueule ) sont d'un amoureux de Paris, celui de Brassaï et des surréalistes..livre très érudit que j'ai lu avec Google earth à portée demain..en attendant de me faire une opinion sur place lors d'un séjour à Paris.

Le style est cependant quand même assez alambiqué, on a même parfois l'impression que l'auteur s'est perdu dans sa phrase.. finalement à la troisième relecture, non, ça colle, mais c'est parfois un peu indigeste..
Commenter  J’apprécie          00
Paris quand même

Très remonté Jean Christophe Bailly ; les dossiers fâcheux dénaturant ce qu'il nomme le « texte parisien » sont trop nombreux pour être tous énumérés ici et les habitués des rues et du ciel de Paris lecteurs de ce petit essai d'humeur y trouveront au-delà du verbe parfois polémique les éléments d'une réflexion critique intéressante sur la ville développée ailleurs (La phrase urbaine, Seuil, 2013). Colère de l'auteur (à laquelle on s'accorde) quand il constate qu'à la brutalité des années soixante - refonte destructrice des Halles (dont la dernière mouture n'est pas mieux réussie que les précédentes), des berges de la Seine, de la Place des fêtes pour ne citer que ces trois exemples -, succèdent de nouvelles formes d'atteintes à l'espace parisien d'aujourd'hui qu'il dénonce en les répertoriant au fil de haltes en courts chapitres (37 en tout) à travers les rues, les monuments et les arrondissements de la capitale. S'arrêtant devant la Samaritaine dont la façade a été conservée mais le bâtiment complètement évidé au profit d'un hôtel de luxe, regrettant l'ambiance perdue du passage Véro-Dodat ou imaginant voir scié en deux le Panthéon par son milieu comme l'avait proposé jadis T. Tzara, racontant la démolition du théâtre de l'Ambigu, la métamorphose ratée de la bourse du commerce, ancienne halle aux grains, jusqu'à sa dévolution actuelle à la collection d'art du richissime collectionneur que l'on sait. Exemples emblématiques de dénaturation du patrimoine par effacement et dévitalisation de bâtiments, voire d'ilots entiers, ou par restauration abusive à des fins privées gommant toute imprégnation du passé. Formes destructrices plus récentes, coups bas ou coups tordus (tours Duo ou Triangle), mais plus insidieuses qu'auparavant, selon lui, confiscatoires de lieux autrefois ouverts ou dédiés à tous (l'ancien hôpital Laennec).



D'où sa charge à l'encontre de la nouvelle « smart city » qu'il voit poindre grâce à l'alliance d'édiles paresseux, de mécènes trop voraces (seul le baron Taylor échappe à son ire) et d'architectes narcissiques. Mais à côté des endroits qu'il ne fréquente jamais ou plus, de ceux qu'il évite, ce que je préfère retenir de ma lecture sont les lieux qui restent nombreux où ses pas le ramènent toujours. C'est « L'intact ou le sauf » du « texte parisien », façon J. C. Bailly et la qualité d'un « livre errant » célébrant un Paris de toujours avec ce que ses pages délivrent d'infinie poésie, de mémoire, de liens anciens noués entre la ville et la littérature, avec Villon, Rousseau, et De Balzac à Modiano. L'envolée du génie dans le ciel de la Bastille, les dames de pierres qu'il affectionne au Luxembourg, le silence hors du temps de la rue des Archives au milieu du fracas de la guerre en Ukraine, le souvenir de quelques livres (« le Murmure de Paris », A. M. Ortese ; « Les tours de Notre Dame », H. Thomas), ou de lieux délaissés, ces charbonniers et marchands de glace qu'il fait revivre lâchant leurs charges sur le pavé des cours maintenant interdites par les digicodes, une petite place oubliée (Hébert), le Paris des boulevards, des romantiques, celui de Baudelaire puis des Surréalistes et son épicentre de la Porte Saint-Martin (Paris surréaliste qu'il estime volontairement effacé de la mémoire parisienne). Millefeuille littéraire et archéologique, avec juste ce qu'il faut de nostalgie, qui s'inscrit, des toits aux comptoirs des cafés (de moins en moins nombreux malheureusement), à la liste d'un patrimoine inaliénable, indissociable du zinc et de la couleur de la ville, gris-bleu, dont J. C. Bailly parle très bien.





Commenter  J’apprécie          275
La ville à l'oeuvre

Un petit livre pas facile à classer. Normal, il s'agit d'une compilation d'articles écrits pour différentes revues tout au long de la décennie 80. Au moment donc où l'insouciance et la confiance des trente glorieuses sombrent dans les duretés du libéralisme.



Une petite partie du livre est consacrée à une visite impressionniste de quelques villes: Salzbourg, Sienne, ou Lisbonne. Chacune illustre une déambulation dans un monde préservé, une sorte de négation du temps, et pourtant bien vivant.



Mais ce que j'ai trouvé de plus intéressant dans les propos de l'auteur concerne ses tentatives imparfaites, comme il le reconnaît lui-même, d'analyser ce qui fait l'essence d'une ville, ce qui fait que l'on s'y sent bien ou pas. L'échec des grands ensembles par exemple, ces machins conçus pendant les années fastes, délibérément construits à l'écart, pour parquer des habitants destinés à travailler ailleurs et, s'ils voulaient se distraire, à gagner le centre de Paris, ville-musée ainsi préservée.



Il convient ici de réfléchir à ce qu'est vraiment la ville: où est le Paris véritable? Provocateur, il soutient qu'ici, la vraie ville, est constituée par la banlieue. Après tout, ne concentre-t'elle pas 80% des "parisiens"? Et même si Paris intra-muros présente une façade homogène, une rupture très marquée avec ses banlieues avec la saignée du périph', Neuilly ou Boulogne lui ressemblent beaucoup, alors que certains arrondissements plus populaires, seraient tout à fait à leur place à Montreuil ou à Arcueil...



Mais la banlieue n'a pas de visage uniforme. Saint Denis par exemple peut être qualifiée de ville, Aubervilliers beaucoup moins, et Sarcelles pas du tout.



La question des frontières, de la répartition des fonctions (dormir, travailler, se divertir) entre ville-centre, banlieues, et zones périphériques, devrait être au centre de l'aménagement urbain. Cette frontière est de plus en plus floue, au point que l'on arrivera peut-être un jour à ce cauchemar: le monde réduite à une ville unique.



En attendant, on a droit à des projets mégalos de type NEOM en Arabie Saoudite, ou alors, le metaverse qui nous permettra d'habiter virtuellement n'importe où, sans avoir besoin de sortir de nos petites boîtes standardisées?
Commenter  J’apprécie          00
Description d'Olonne

Minutieuse description d’une grande ville française entièrement fictive, entre Loire et Garonne : une expérience géographique, historique et humaine particulièrement spectaculaire et troublante, par un grand philosophe du paysage.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/09/10/note-de-lecture-description-dolonne-jean-christophe-bailly/



Quelque part entre Nantes et Bordeaux, la grande ville d’Olonne médite peut-être sur son histoire et actualise sa complexe géographie portuaire et fluviale, jouant de ses couches architecturales et de ses lieux éventuellement ambigus. Pour la découvrir, un narrateur qui a dû la quitter précipitamment il y a quelques années, mais qui en garde un fort et agréable souvenir, nous en détaille patiemment les charmes, les surprises et les pièges, au filtre de son appréciation intime et de sa mémoire de bibliothécaire en rupture de ban.



Cette Olonne est entièrement fictive (elle n’a qu’un fort lointain rapport, notamment, avec l’Olonne devenue Olonne-sur-Mer en 1927, ancienne commune littorale de Vendée, fusionnée en 2019 au sein de la sous-préfecture locale, Les Sables-d’Olonne), même si elle emprunte vraisemblablement quelques-uns de ses traits distinctifs à d’autres villes, françaises ou étrangères. La description minutieuse, objective et subjective, douce ou acérée selon les moments, que nous en offre le narrateur, guide touristique, artistique et littéraire, improvisé à distance physique et mémorielle, n’en est que plus saisissante, inattendue et profondément troublante.



C’est grâce à Hélène Gaudy (elle-même l’une des autrices contemporaines les plus à même de saisir ou de ré-imaginer l’âme de certains lieux-limites : son « Un monde sans rivage » ou son « Grands lieux » sont des lectures indispensables), venue jouer les libraires d’un soir (une performance à écouter intégralement ici) à la librairie Charybde le 25 octobre 2018, à l’invitation de ma collègue et amie Marianne (lisez, sur ce même blog, ses chronique de « Plein hiver », ici, et de « Une île, une forteresse », là), que j’ai découvert cet objet littéraire hors normes et profondément réjouissant.



Publié en 1992 chez Christian Bourgois, ce troisième texte de fiction de Jean-Christophe Bailly, philosophe, longtemps éditeur de romans et de livres d’art, enseignant à l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois, jusqu’alors connu essentiellement pour ses essais et récits à portée esthétique et philosophique, entretient aisément un dense tissu de résonances avec des oeuvres contemporaines et moins contemporaines, évoluant à la croisée d’un certain type de littérature voyageuse, d’une poésie de la précision et de l’énumération imaginative et d’une capacité de compréhension et de reconstruction urbaine (ou parfois rurbaine) : en dehors d’Hélène Gaudy elle-même, on pensera sûrement, par exemple, au Jérôme Lafargue de « L’ami Butler », au Fabien Clouette de « Une épidémie », voire à Claire Duvivier et à Guillaume Chamanadjian lorsqu’ils élaborent leur Dehaven et leur Gemina dans « Citadins de demain » et dans « Le sang de la cité ». Dans l’amont d’Olonne, on trouverait bien entendu Julien Gracq, dont « La forme d’une ville » est ici omniprésente à bien plus d’un titre, comme, discrètement et joueusement, Italo Calvino et ses « Villes invisibles » – d’où l’écho aval, aussi, en direction d’un autre géographe d’origine, Emmanuel Ruben, avec son « Dans les ruines de la carte » (Olonne ne surgit-elle pas après tout d’abord d’un tracé – comme le rappelait Clément Willer dans son article « L’énigme démocratique d’Olonne », dans la revue Captures ?), et avec, par exemple, ses toutes récentes « Méditerranéennes » (songeons à la place particulière qu’y tient la ville de Constantine « de mémoire »), qui seront chroniquées très prochainement sur ce même blog, et, peut-être plus curieusement, d’un poète aussi furieusement atypique que Patrick Beurard-Valdoye, dont aussi bien le Kurt Schwitters (« Le narré des îles Schwitters », 2007) que la ville de Liège (« Gadjo-Migrandt », 2014) pourraient aisément s’immiscer ici. Relativement secrète, « Description d’Olonne » a pourtant tout, ainsi, d’un creuset et d’une matrice. Ce qui n’est peut-être pas si surprenant, irradiant d’une telle mise en abîme multiple de la mémoire, historique et intime, d’une ville qui, selon le mot d’Hélène Gaudy lors de son intervention déjà citée, « nous permet à toutes et à tous de retrouver des fragments insaisissables de villes que l’on a connues, sans pouvoir les identifier directement ».


Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Une éclosion continue

L’écrivain – essayiste, poète, dramaturge… – est depuis longtemps fasciné par la photographie. Ainsi, le recueil « Une éclosion continue » le voit s’emparer de ces images fixes pour les faire entrer dans le grand mouvement du temps et du langage.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          00
Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne, t..

Reçu, un peu en avance, en guise de cadeau pour la fête des mères, parce que je suis une inconditionnelle de Linda Lê.



Ce court ouvrage collectif, dont chaque texte est précédé par une (si belle !) photo de l'autrice ou de l'auteur, est un livre qu'on peut qualifier de livre de commande. En effet, « depuis 2017, la Maison des écrivains et de la littérature invite des autrices et des auteurs à jouer au « Livre en question », en écrivant un texte librement inspiré par la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS) ».

Dans la préface, Laurence Bobis, rappelle la force de ces textes rédigés entre 2020 et 2021 : « Malgré les circonstances, ces cinq textes sont des messages d'espoir ou des invitations à ne pas désespérer. » (p. 8), tandis que Sylvie Gouttebaron, nous propose une définition ludique de la bibliothèque : « La bibliothèque est un jeu de patience, mais aussi un jeu de l'oie – sans puits ni prison –, une marelle, un labyrinthe (c'est connu) – sans autre destination ou issue que la satisfaction d'un désir de savoir, de connaître toujours recommencé, jamais exaucé –, tous jeux aussi tentants que le diable gisant dans chaque détail insoupçonné de ses méandres en relief, véritablement habités. » (p. 11)

C'est Linda Lê qui a eu l'honneur d'ouvrir le bal, avec « La langue de l'éternel questionnement » (pp. 15-30). Pour elle, les livres s'enchaînent les uns aux autres et elle extirpe de l'oubli et de la BIS, grâce à Iouri Tynianov, un certain Alexandre Griboïedov, auteur malheureux d'un pièce de théâtre intitulée « Le Malheur d'avoir trop d'esprit ». Linda Lê fait remarquer que : « Le fil qui relie Nadejda Mandelstam à Iouri Tynianov, puis à Pouchkine et à Griboïedov, c'est l'évocation des temps troublés. » (p. 25). Elle mentionne « à la BIS, deux thèses consacrées à Griboïedov, en 1907 et en 1965 » (p. 26). Selon elle, « Chez Griboïedov, la langue de l'éternel questionnement oscille entre le cynisme des uns et l'effacement des autres » (p. 29), car « il ne reste aux « purs » qu'à battre en retraite » (p. 28). Ainsi, pour elle, « La question demeure : le livre en question serait-il une énigme à résoudre, l'objet d'une enquête qui mène à un autre livre ? » (p. 30)

Arno Bertina, s'est penché (pp. 31-46), quant à lui, à la BIS, sur la question « Des tracts et des affiches ». D'entrée de jeu il affirme que : « Mondialement célèbre, ce lieu est éminemment labyrinthique, insaisissable » (p. 31), et constate que le rôle de conservation d'une bibliothèque est « d'opérer un tri drastique entre ce qui relève du savoir, de la culture et ce qui est pauvre, circonstanciel, non autorisé » (p. 34).

Muriel Pic, dédie son «  Manicules (à la BIS) » à la mémoire de Jacques le Brun. Elle relate sa longue expérience de lectrice en s'intéressant notamment à l'ensemble des annotations et plus particulièrement aux stigmates laissés par certains lecteurs. Pour la définition des manicules on peut retenir le passage suivant : « La manicule est une petite main que dessinaient jadis les lecteurs sur les joues pâles des livres, à distance de l'axe vertical des textes qui va du blanc de tête au blanc de pied, et distribue les mots de gauche à droite sur toute la surface du rectangle d'empagement. C'est un geste de lecture pour indiquer ce qui a retenu l'attention, doit être gardé en mémoire ou sera commenté plus tard. La manicule est une trace en forme de petite main que l'on trouve dans les marges des manuscrits et des incunables à partir du neuvième siècle. Elle a l'index pointé sur une phrase articulée par une bouche imaginaire, dont les deux hémi-lèvres se touchent en forme d'arc de cupidon. Tout texte a son propre visage, ses propres mimiques, sa propre tache de naissance. Grâce à elle, on comprend qu'un livre a été pris en main. Un lecteur fait signe sur la surface diaphane du parchemin. Une motion intérieure affleure sur la peau animale, chèvre, mouton, veau » (pp. 50-51), tandis que pour les stigmates, on retiendra surtout ceci : « Il est remarquable que les ouvrages portant les marques de lecture les plus sauvages aient trait à des sujets politiquement délicats. C'est en tout cas le constat que l'on peut faire si on ouvre l'armoire des livres détérioré de la Sorbonne, sachant qu'il n'y a pas de limite à la fantaisie dans le domaine de la destruction des livres. le plus frappant a été pour moi d'y trouver l'ouvrage d'Annette Wieviorka littéralement dévoré sur les bords par je ne sais quel animal anonyme soudain doué d'une haine qu'ignorent en temps normal les bêtes » (pp. 87-88).

On se souviendra que les fantômes sont aussi des « revenants » avec le magnifique texte de Jean-Christophe Bailly (pp. 101-118).

Dans le dernier texte « Comme un cygne » (pp. 119-130), Jean-Marie Gleize nous parle de poésie, et plus amplement d'Alphonse de Lamartine.

La dernière phrase est sublime : « Il pourrait n'être pas absurde de dire qu'il s'agit, dans cette « Mort de Socrate », de quelque chose comme le suicide de la philosophie par absorption d'un poison qui n'est autre que le chant romantique, le chant des cygnes ou des signes, la très suave ciguë de l'harmonie poétique et religieuse. » (pp. 129-130)



Un court recueil donc avec des auteurs (à l'exception de Linda Lê) inconnus pour moi qui a été aussi l'occasion de garnir généreusement de futures listes de livres à lire. Un bel hommage à ce lieu d'exception qu'est la BIS !
Commenter  J’apprécie          720
42,87 km2 sous le ciel

J'avais vu l'exposition en son temps à l'Hôtel des Arts de Toulon que j'avais trouvée très riche et variée. Ce fut donc un plaisir de la retrouver dans ce livre très réussi tant par la qualité des photographies, que leurs commentaires, particulièrement ceux relatifs aux portraits.



Jacqueline Salmon a photographié un grand nombre de personnes, très différentes, de tous univers, enfants, étudiants, commerçants, sportifs, ingénieurs, enseignants, aventuriers, homeless et les quelques mots sur chacun d'eux donnent envie de les connaître. Donc, une réussite totale.

Les textes de Jean-Christophe Bailly apportent de nombreux détails sur l'organisation architecturale de la ville, ses ruelles, placettes, marchés, ouvertures sur la Méditerranée.



Un livre recommandé pour tous les toulonnais et pour tous ceux qui voudraient découvrir cette ville atypique qui mérite que l'on aille chercher son âme au coeur du dédale de ses rues et à travers les rencontres très différentes qui les y attendent.

Commenter  J’apprécie          810
La légende dispersée : anthologie du romantisme..

Le romantisme allemand est un moment de notre civilisation, une célébration de la nature et du sentiment à l'état pur. C'est une réaction négative à l'élan conquérant des Lumières françaises et à l'Aufklarung. C'est également un écho à la philosophie confiante en la nature humaine de Kant et Hegel et à la Révolution française, qui avait charrié d'immenses espoirs de libération.

Jean-Christophe Bailly, qui a publié ce recueil en 1976, nous offre un accès direct à un choix de textes qui passe à travers les différentes périodes de ce romantisme: l' "avant" (Jean-Paul, Fichte, Hölderlin,...), Iena (Novalis, Tieck, Schelling, Schleiermacher,...), Heildelberg-Berlin-Greifswald (von Günderode, Brentano, Arnim, Kleist, Hoffman,...) et l' "après" (Eichendorff, Grabbe, Lenau,...).

Ce recueil nous permet de prendre connaissance et de sentir cette période importante à travers une multitude de cours textes soigneusement traduits et présentés.
Commenter  J’apprécie          31
Couler de source

Je découvre cette collection éditée chez Bayard avec ce petit bijou de JC Bailly. J'avoue que mon avis est biaisé car je suis fan de ce monsieur.

Le livre est fait du texte d'une 'petite' conférence donnée en deux occasions par Bailly à l'automne 2017, auquel se rajoutent les questions-réponses posées-données lors de ces conférences.

Le principe de la 'petite' conférence, concept mise en oeuvre par Gilberte Tsaï, est de donner la parole à des experts en leur demandant de respecter une règle du jeu : que leur discours s'adresse aux enfants de plus de 10 ans comme à ceux qui les accompagnent.

JC Bailly s'exprime ici sur les rivières et les fleuves. C'est magnifique de simplicité et de pertinence. Il dose avec bonheur les informations techniques que l'on attend d'un cours de géographie avec des pensées philosophiques, et des images poétiques et littéraires qui font toute la différence.

Commenter  J’apprécie          60
L'apostrophe muette

Un essai admirable qui va à pas feutrés dans le monde du silence, celui du regard, celui de l'au-delà, pour déceler le plus sensible, le plus mystérieux, le plus simple, le plus vrai. Le regard de Jean-Christophe Bailly émouvant et d'une érudition sans pareil crée des liens on ne peut plus touchants entre le vivant, l'éphémère et l'éternel. L'éphémère devient éternel.

"population énigmatique et silencieuses qui, parce qu'elle ne demande rien et ne répond pas, nous semble à la fois si fraternelle et si lointaine et, dans sa discrétion théologique, si délicatement humaine."

Les portraits de Fayoum nous regardent depuis plus de 2000 ans d'histoire devenue muette. Ils "sont dans ce savoir de la mort accompagnant la vie, ils nous disent "ce que c'était que d'être, d'être vivant en ces temps-là, en ces lieux-là... sans anecdotes, sans détails, sans mise en scène."

Portraits, mimesis, reproductions du vivant, du périssable dans ce qu'il a de naturel, d'unique, de très touchant.

La richesse des connaissance de Jean-Christophe Bailly est impressionnante, en vrai archéologue il entre dans un passé très lointain et s'arrête devant des visages, des portraits et la relation qu'ils ont créée entre la vie et la mort. Période historique, L'Egypte romaine, art sublime du portrait qui rend au regard cette part de mystère et de vérité, d'interrogation sur soi-même et de découverte de soi-même, sans affect, sans désir, en silence.

L'exposition organisée par le Musée du Louvre à l'automne 1998 fut comme l'amont d'une rivière dont les riches portraits-éclats exposés accompagneront toujours l'essai de Jean-Christophe Bailly.

Commenter  J’apprécie          203
Le parti pris des animaux

L'un des très rares livres autour du théâtre et des animaux que je ne quitte jamais . D'une beauté à pleurer parce que l'on sait désormais condamné le vivant qui crée cette splendeur du monde .Qui rend hommage à ce peintre et scénographe des bêtes et des cages que fut l'exceptionnel Gilles Aillaud. Dans une langue sublime, où les animaux conjuguent les verbes en silence, où ils insufflent du sens sur le vif, où ils apportent la visibilité du caché (la physis présocratique). "Une hirondelle vaut ici une pensée ou est exactement comme une pensée qu nous devrions avoir" JCB : les hirondelles sont en voie d'extinction... et la pensée les accompagne.
Commenter  J’apprécie          71
La magie du livre

Petit texte sensible sur le livre, sa matérialité et les espaces-mondes qu'il nous ouvre. Voulez-vous un dispositif de réalité augmentée ? Ouvrez un livre puis lisez.

Il s'agit de la retranscription d'un conférence donnée par l'auteur devant des enfants. Les mots de Jean-Christophe Bailly restent simples mais touchent toujours une réalité profonde.

Commenter  J’apprécie          110
Un arbre en mai

Dans ce texte écrit en 2004 et publié en 2018, Jean-Christophe Bailly donne sa vision - limitée bien sûr- des événements qu'il a vécus depuis Nanterre. Domine dans ses lignes la sensation de jeunesse, de vitalité et d'improvisation.

Commenter  J’apprécie          10
Un arbre en mai

Dans cette collection de souvenirs qui ne s’organisent pas chronologiquement, Jean-Christophe Bailly part aussi à la recherche de l’écrivain qu’il est devenu.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Christophe Bailly (280)Voir plus

Quiz Voir plus

LHNI-22653: cinéma - les films d'Alfred Hitchcock

Les ..#.. marches

19
39
59

12 questions
44 lecteurs ont répondu
Thèmes : hitchcock , Films noirs , cinéma americainCréer un quiz sur cet auteur

{* *}