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Des écrivains à la bibliothèque de la ... tome 4 sur 1
EAN : 9791035106720
130 pages
Ed Sorbonne (27/01/2022)
5/5   1 notes
Résumé :
Depuis 2017, dans le cadre du « Livre en question », la Maison des écrivains et de la littérature (Mél) commande à des hommes et des femmes de lettres un texte librement inspiré par la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS). Pour la quatrième saison, ce sont Linda Lê, Arno Bertina, Muriel Pic, Jean-Christophe Bailly et Jean-Marie Gleize qui font le récit de leur déambulation dans les espaces de la bibliothèque, des sous-sols insolites aux s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Reçu, un peu en avance, en guise de cadeau pour la fête des mères, parce que je suis une inconditionnelle de Linda Lê.

Ce court ouvrage collectif, dont chaque texte est précédé par une (si belle !) photo de l'autrice ou de l'auteur, est un livre qu'on peut qualifier de livre de commande. En effet, « depuis 2017, la Maison des écrivains et de la littérature invite des autrices et des auteurs à jouer au « Livre en question », en écrivant un texte librement inspiré par la bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS) ».
Dans la préface, Laurence Bobis, rappelle la force de ces textes rédigés entre 2020 et 2021 : « Malgré les circonstances, ces cinq textes sont des messages d'espoir ou des invitations à ne pas désespérer. » (p. 8), tandis que Sylvie Gouttebaron, nous propose une définition ludique de la bibliothèque : « La bibliothèque est un jeu de patience, mais aussi un jeu de l'oie – sans puits ni prison –, une marelle, un labyrinthe (c'est connu) – sans autre destination ou issue que la satisfaction d'un désir de savoir, de connaître toujours recommencé, jamais exaucé –, tous jeux aussi tentants que le diable gisant dans chaque détail insoupçonné de ses méandres en relief, véritablement habités. » (p. 11)
C'est Linda Lê qui a eu l'honneur d'ouvrir le bal, avec « La langue de l'éternel questionnement » (pp. 15-30). Pour elle, les livres s'enchaînent les uns aux autres et elle extirpe de l'oubli et de la BIS, grâce à Iouri Tynianov, un certain Alexandre Griboïedov, auteur malheureux d'un pièce de théâtre intitulée « Le Malheur d'avoir trop d'esprit ». Linda Lê fait remarquer que : « Le fil qui relie Nadejda Mandelstam à Iouri Tynianov, puis à Pouchkine et à Griboïedov, c'est l'évocation des temps troublés. » (p. 25). Elle mentionne « à la BIS, deux thèses consacrées à Griboïedov, en 1907 et en 1965 » (p. 26). Selon elle, « Chez Griboïedov, la langue de l'éternel questionnement oscille entre le cynisme des uns et l'effacement des autres » (p. 29), car « il ne reste aux « purs » qu'à battre en retraite » (p. 28). Ainsi, pour elle, « La question demeure : le livre en question serait-il une énigme à résoudre, l'objet d'une enquête qui mène à un autre livre ? » (p. 30)
Arno Bertina, s'est penché (pp. 31-46), quant à lui, à la BIS, sur la question « Des tracts et des affiches ». D'entrée de jeu il affirme que : « Mondialement célèbre, ce lieu est éminemment labyrinthique, insaisissable » (p. 31), et constate que le rôle de conservation d'une bibliothèque est « d'opérer un tri drastique entre ce qui relève du savoir, de la culture et ce qui est pauvre, circonstanciel, non autorisé » (p. 34).
Muriel Pic, dédie son «  Manicules (à la BIS) » à la mémoire de Jacques le Brun. Elle relate sa longue expérience de lectrice en s'intéressant notamment à l'ensemble des annotations et plus particulièrement aux stigmates laissés par certains lecteurs. Pour la définition des manicules on peut retenir le passage suivant : « La manicule est une petite main que dessinaient jadis les lecteurs sur les joues pâles des livres, à distance de l'axe vertical des textes qui va du blanc de tête au blanc de pied, et distribue les mots de gauche à droite sur toute la surface du rectangle d'empagement. C'est un geste de lecture pour indiquer ce qui a retenu l'attention, doit être gardé en mémoire ou sera commenté plus tard. La manicule est une trace en forme de petite main que l'on trouve dans les marges des manuscrits et des incunables à partir du neuvième siècle. Elle a l'index pointé sur une phrase articulée par une bouche imaginaire, dont les deux hémi-lèvres se touchent en forme d'arc de cupidon. Tout texte a son propre visage, ses propres mimiques, sa propre tache de naissance. Grâce à elle, on comprend qu'un livre a été pris en main. Un lecteur fait signe sur la surface diaphane du parchemin. Une motion intérieure affleure sur la peau animale, chèvre, mouton, veau » (pp. 50-51), tandis que pour les stigmates, on retiendra surtout ceci : « Il est remarquable que les ouvrages portant les marques de lecture les plus sauvages aient trait à des sujets politiquement délicats. C'est en tout cas le constat que l'on peut faire si on ouvre l'armoire des livres détérioré de la Sorbonne, sachant qu'il n'y a pas de limite à la fantaisie dans le domaine de la destruction des livres. le plus frappant a été pour moi d'y trouver l'ouvrage d'Annette Wieviorka littéralement dévoré sur les bords par je ne sais quel animal anonyme soudain doué d'une haine qu'ignorent en temps normal les bêtes » (pp. 87-88).
On se souviendra que les fantômes sont aussi des « revenants » avec le magnifique texte de Jean-Christophe Bailly (pp. 101-118).
Dans le dernier texte « Comme un cygne » (pp. 119-130), Jean-Marie Gleize nous parle de poésie, et plus amplement d'Alphonse de Lamartine.
La dernière phrase est sublime : « Il pourrait n'être pas absurde de dire qu'il s'agit, dans cette « Mort de Socrate », de quelque chose comme le suicide de la philosophie par absorption d'un poison qui n'est autre que le chant romantique, le chant des cygnes ou des signes, la très suave ciguë de l'harmonie poétique et religieuse. » (pp. 129-130)

Un court recueil donc avec des auteurs (à l'exception de Linda Lê) inconnus pour moi qui a été aussi l'occasion de garnir généreusement de futures listes de livres à lire. Un bel hommage à ce lieu d'exception qu'est la BIS !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La bibliothèque est un jeu de patience, mais aussi un jeu de l’oie – sans puits ni prison –, une marelle, un labyrinthe (c'est connu) – sans autre destination ou issue que la satisfaction d'un désir de savoir, de connaître toujours recommencé, jamais exaucé –, tous jeux aussi tentants que le diable gisant dans chaque détail insoupçonné de ses méandres en relief, véritablement habités. Sans cette fascination d'un retour constant à une forme inédite d’origine, le jeu du lecteur serait différent.

(p. 11, extrait de l'introduction de Sylvie Gouttebaron, directrice de la Maison des écrivains et de la littérature)
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Un livre qu'on vient de lire entre aussitôt dans un compartiment de la mémoire que l'on peut assimiler à une sorte de salle d'attente. Pas encore vraiment rangé, pas encore installé dans le lent processus d'oubli qui va malgré tout le gagner, soit il s'éclipse très vite, soit il prolonge et densifie le réseau d'associations que sa lecture a fait surgir.

(Jean-Christophe Bailly, p. 101)
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Malgré les circonstances, ces cinq textes sont des messages d’espoir ou des invitations à ne pas désespérer. Ils puisent dans la bibliothèque, cet « antre aux livres », dit Linda Lê, des sujets vastes et minuscules, en explorent les marges, les résistances, les constellations, les processus profonds qui œuvrent à son enrichissement ou au contraire la pousse à mettre fin à la vie des livres. Ils portent la trace de la volonté obstinée de traverser les périls, sans déni, mais en quête d'un avenir désirable. Ils semblent convoquer une communauté de lectrices et de lecteurs à venir, comme l'a fait la bibliothèque, qui, la crise durant, a continué à rassembler des œuvres et des documents du passé ou du présent pour les rendre accessibles aux étudiants et aux chercheurs d’aujourd’hui et de demain ; et qui, de nouveau, bruit joyeusement des silences de celles et ceux qui ont retrouvé le chemin de ces salles et de ses livres.

(pp. 8-9, extrait de la préface de Laurence Bobis, directrice de la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne)
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Dans l’humour la colère n’est pas annulée ou allégée mais transfigurée ; il donne à la colère une forme souveraine, ce n’est plus une passion.

(Arno Bertina, p. 46)
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Doué d'une sorte de puissance occulte, aussi irrésistible que troublante, le livre, dans nos rêveries, est ce qui envoûte, nous jette hors de nous-mêmes. Il y a ainsi deux catégories de lecteurs : ceux qui se laissent charmer, au sens fort, par le livre, et ceux qui lui oppose un regard ironique, de manière à se ranger du côté des défiants, pour ne jamais se prosterner, comme Bruno Schultz, devant le « livre idolâtre ».

(Linda Lê, p. 16)
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