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Critiques de Knut Hamsun (232)
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Mystères

Mystère n°1 : Nagel arrive dans une petite ville de la côte norvégienne au beau milieu de l’été. Personne ne connaît la raison de sa venue, sa ville d’origine, sa situation familiale ni même professionnelle. Normal, pour un étranger parvenu en territoire inconnu. Sauf que…





Mystère n°2 : Nagel ne se dévoile pas facilement. Pas qu’il refuse de parler, au contraire : son discours est intarissable et c’est en usant d’une abondance de mots qu’il parvient le mieux à se cacher. Changeant d’identité à chaque fois qu’il rencontre un nouvel habitant, il s’amuse à devenir antiquaire, amant, protecteur des faibles, intellectuel et espion…





Mystère n°3 : … car la ville possède elle aussi ses mystères. Ainsi, dès les premiers jours, Nagel est informé d’une nouvelle qui a bouleversé ses habitants. Un jeune homme a été retrouvé mort dans les bois mais la scène laisse songer au suicide, plus encore lorsque Nagel apprend que ce jeune homme avait été repoussé par Dagny Kielland. Peut-on mourir pour cette femme ? Nagel désire vivre à son tour cette expérience.





Mystère n°4 : Cette expérience de vie par procuration n’est qu’un signe parmi tant d’autres du masochisme latent de Nagel. Comme dans La faim, qui nous présentait un personnage se laissant mourir de faim non seulement par pauvreté mais aussi par plaisir –pour rabaisser l’avarice des autres et souligner la supériorité de son âme aimante-, Nagel endosse à chaque fois les rôles qui lui seront les plus défavorables. Il se fait le défenseur du pauvre Minute face au Commandant, figure respectée du village, avant de couvrir celui-ci de dons inespérés au point où la générosité devient domination ; il joue l’exécrable lors des soirées mondaines pour les animer et sortir les invités de leur torpeur ; il se fait passer pour un antiquaire afin d’acheter une vieille chaise à une pauvre femme esseulée en échange d’un pactole si élevé qu’elle refuse l’offre ; ou bien il joue à l’amant éploré qui espère connaître les plus cruelles désillusions de l’amour.





« Elle est délicieuse, oui, et cela doit être délicieux de se faire piétiner par elle, et je finirais peut-être bien par le lui demander un jour… »





La désillusion est d’ailleurs le mot d’ordre de Nagel. On ne connaît pas les raisons qui l’ont poussé à se couper de toutes attaches pour venir s’installer dans cette ville inconnue, mais on soupçonne une lassitude, une insatisfaction chronique qui le poussera bientôt à quitter ce nouveau lieu de résidence pour un autre, toujours aussi seul et solitaire. Nagel est un personnage complexe qui se laisse perdre par des idées dont la force le dépassent. Il passe de l’enthousiasme à la dépression en moins d’une phrase, du poétique au pragmatique en autant de temps, cherchant à atteindre les cimes du poétique sans jamais pouvoir être épargné par son insensibilité.





« Sachez que j’ai une oreille très fine. Lorsque je parle avec quelqu’un, je n’ai pas besoin de le regarder pour savoir s’il essaie de me faire marcher. La voix est un instrument dangereux. Comprenez-moi bien : je n’entends pas le son matériel qui peut être haut ou bas, aigu ou profond, je ne veux pas dire la tessiture de la voix, sa tonalité, mais j’entends le mystère qui est derrière, le monde qui s’y cache… Au diable tout ça ! Toujours un monde derrière ! Qu’est-ce que ça peut bien me foutre ! »





Max Frisch sommeille déjà en germes dans ces Mystères. La philosophie est rejetée, non pas seulement en tant qu’opposée des sciences techniques, mais aussi en tant que miettes inaptes à assouvir l’appétit intellectuel d’un homme qui aurait découvert des forêts vierges plus denses à défricher. Cette fois, Jack London n’est pas loin…





Ainsi, Nagel passe, endosse des rôles, part dans des élucubrations incessantes, tantôt passionnantes, tantôt ennuyeuses, en vertu de l’égale insignifiance de toutes choses. Et nous suivons, tantôt intrigués, tantôt lassés, mais rarement passionnés. Et pourtant, c’est le désespoir suprême qui se tapit sous ces lignes : celui de ne jamais pouvoir connaître autrui et de devoir rester éternellement seul. La parade trouvée par Nagel est celle du travestissement ; elle ne réussit pas toujours à lui épargner la cruelle lucidité de ses visions, mais elle y parvient la majeure partie du temps et c’est pourquoi ces Mystères, pour inquiétants qu’ils soient, ne sont jamais totalement troublants.


Lien : http://colimasson.over-blog...
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La Faim

A plus de 30 ans, en 1890, Knut Hamsun (Alias Knut Pedersen) publie son premier opus : « La Faim ».

Ce travail que la vie même de l’auteur permet de penser très largement autobiographique décrit l’errance de son narrateur dans les rues de Kristiania - en fait Oslo - avant qu'il n'embarque sur un bateau et ne quitte la Norvège pour l’Amérique.



On découvre un personnage, vivant de petits articles dans les journaux, jusqu’à ce que les commandes viennent à manquer.

Il découvrira alors, sans le sou et sans toit, l’âpreté des rues pluvieuses de Kristiana, les nuits humiliantes passées dehors et celles non moins humiliantes mais néanmoins réparatrices au poste de Police… Mais plus qu’à toute autre déchéance, il fera l’expérience de la faim qui le conduira à sucer un morceau de bois ou un os quémandé chez le boucher…

La faim qui le mène à la destruction physique et à la folie…



On peu cependant se poser la question : n’y a-t-il pas plus ou moins consentement de sa part à cette situation qu’à plusieurs reprises il peut briser, tout au moins temporairement : comme une autodestruction ?... On peut le croire quand on le voit donner cinq Couronnes à un mendiant, qu’on vient de lui rendre par erreur, au prétexte de l’honnêteté à retrouver…où de sa dignité elle aussi à retrouver quand il jette ses dix dernières Couronnes au visage de sa logeuse qui vient de l’expulser…



Selon l’expression consacrée en pareil cas : un livre dont on ne sort pas indemne et que, pour ma part, j’élève au même niveau que les meilleurs Zweig.



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La Faim

La faim, c'est celle qui tenaille le Narrateur. Pas une fringale intermittente entre deux repas, pas l'appétit devant un plat, pas le petit creux au ventre. Non, la faim qui dure, plusieurs longues heures, plusieurs jours, et qui revient de façon régulière. La faim qui tord les entrailles, qui donne la fièvre et le délire, qui fait perdre les cheveux, qui creuse les côtes. Cette faim vient d'une pauvreté massive, où tout devient problématique : il faut trouver de quoi manger, où dormir et comment pour être à l'abri du froid et de la pluie, de la lumière aussi pour s'éclairer et continuer à travailler... A ce point, tout peut être une ressource, de l'erreur de l'épicier qui rend trop de monnaie, à des boutons de gilets à vendre pour quelques centimes, à une nuit en cellule pour dormir au chaud quelques heures, ou à la générosité de certaines personnes.

La lecture est éprouvante, on sent et on ressent dans notre chair les souffrances du Narrateur, on partage ses pensées, ses délires et ses souffrances.

J'ai parfois pensé à Jack London. Le Narrateur du Peuple de l'abîme "expérimente" la pauvreté, c'est un journaliste qui passe quelques nuits dehors, mais retourne ensuite chez lui, retrouver une vie plus confortable. Ici, le Narrateur aimerait certes être un écrivain, mais ne peut se dévouer à l'écriture quand sa vie même est menacée. Il pourrait être Martin Eden, il ne peut qu'être qu'un ventre.

Un texte fort, une belle découverte.
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La Faim

Le narrateur n'a pas de nom. Il est pauvre, très pauvre. Il erre dans les rues de Christiana (Oslo), à la recherche d'un toit pour la nuit ou d'un morceau à avaler, fait quelques rencontres, observe le monde qui l'entoure. Tenaillé par la faim, son état frôle parfois la folie et pourtant il ne connaît qu'un impératif : écrire.



Depuis un an ou deux, je vois passer ce titre régulièrement, mais il ne me tentait pas vraiment. le thème de l'indigence, sans doute, me rebutait. Et puis, Knausgaard, un autre auteur norvégien, a aiguisé ma curiosité. Il parle beaucoup de Hamsun et de la faim dans Fin de combat (une de mes lectures en cours). Après, j'ai réalisé que L'art de la faim d'Auster analyse aussi l'oeuvre de Hamsun. J'ai adoré ce roman qui nous conduit dans les méandres de la pensée, dans un style annonciateur du flux de conscience, et nous montre la misère de l'intérieur, paradoxalement sans misérabilisme. J'avais du mal à le lâcher et je crois qu'il laissera sur moi une trace durable.
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Victoria

Une belle déclaration d'amour entre la fille d'un châtelain, Victoria et le fils d'un meunier, Johannes. Tout au long de l'histoire, la passion des jeunes amoureux est présente mais l'on sait pertinemment que la condition sociale de l'époque ne pourra leur laisser la possibilité de vivre pleinement cet amour.

Le père de la jeune fille ne la laissera pas se marier avec un garçon de cette classe. On est au XIXe siècle en Norvège, les moeurs ne sont pas établies dans ce sens.

Une écriture très fluide, simple avec une histoire prévisible ce qui me fait grandement douter quant au prix Nobel que cet auteur à reçu pour ses oeuvres et quand je me dis que d'autres n'ont rien reçu à cette époque alors là je m'en pose des questions...
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La Faim

La Faim est un récit à la fois terrible et poignant dans lequel un homme doit faire face, tout en tentant de préserver sa dignité et son honnêteté, à une implacable déchéance. Il doit constamment lutter, en errant dans les rues de Christiana, pour sa nourriture et son logis, le plus souvent en proie à la fièvre et au délire, à des extravagances qui l’isolent de plus en plus et qui donnent à tout ce qu’il vit un aspect d’étrangeté.
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La Faim

Voilà un roman bien étrange qui a tout pour me plaire à l'exception des dérives de son auteur car vers la fin de sa vie Knut Hamsun a cautionné honteusement le nazisme. Il est mort dans un hôpital psychiatrique et ceci explique peut-être cela. Mais je ne ferai pas le procès de l'auteur (il en a eu un) puisqu'il n'est pas question d'idéologie dans son premier roman qui date de 1890 et que j'ai beaucoup aimé.

Son titre a changé dans la dernière traduction de Régis Boyer qui considère que "Faim" est plus juste que "La faim". Effectivement, ce n'est pas la même chose. Il faut dire que je pensais avant d'ouvrir le livre qu'il s'agissait d'un essai sur la faim mais pas du tout, il est question d'un jeune norvégien famélique errant dans les rues de Kristiania, une ville qu'il connaît bien.



Il n'y a pas d'intrigue à proprement parler, on navigue dans l'esprit torturé du narrateur qui pourrait ne pas être sans cesse sur le point de mourir de faim. Mais il a probablement besoin d'être dans un état de manque, affamé, pour trouver l'inspiration, cherchant à écrire pour vendre ses textes aux journaux afin de gagner quelques sous pour vivre.

Je l'ai pris pour un fou m'attendant au pire mais non, il est juste différent de son entourage.

C'est comme s'il cherchait volontairement à dépouiller son âme et sa raison semble vaciller. Il est borderline même en amour alors que tout semble possible dans sa vie s'il n'avait pas d'absurdes sursauts d'orgueil. Il déborde même de générosité par moments, préférant donner que recevoir quitte à rester plusieurs jours sans manger.



Expérience vécue ou pas, Knut Hamsun explore la psychologie tortueuse du narrateur de façon surprenante avec un langage très moderne pour l'époque comme quand il écrit "Mon cerveau nerveux sorti ses antennes" expression amusante que j'aime bien.

Une deuxième lecture du lauréat du prix Nobel de littérature 1920 va s'imposer rapidement.





Challenge Riquiqui 2024

Challenge Solidaire 2024

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La Faim

Knut Hamsun ( Pedersen dans le roman ) parle des affres de la faim, de sa souffrance, de sa pauvreté et de la déchéance qui le menace !

Il y a deux aspects importants dans ce soliloque :

***la part clinique liée au jeûne : les crampes, les nausées la nervosité, les étourdissements, les vomissements après l'ingestion d'eau, de salive ou d'aliments et les troubles intellectuels, physiques, psychologiques .

Il est obligé de manger des copeaux, la viande d'un os donné par le boucher pour un chien !

*** l'aspect pathologique : car Kurt est orgueilleux, fier , ne supporte pas son état de pauvreté et, quand il a quelques couronnes : il les donne aux autres, il est heureux d'écrire des articles pour un journal mais il passe sans cesse de l'exaltation au doute, de la joie ou aux larmes ! Il questionne Dieu avant ou après ses actes pour savoir s'ils sont dignes ou pas. Il refuse la charité en inventant des mensonges, refuse l'amour d'une demoiselle réelle ou imaginaire ?

On peut se demander s'il avait des prédispositions à la " folie" ou, si c'est sa lutte contre la faim qui a altéré ses facultés mentales et, si c'est cette introspection permanente qui a alimenté son autodestruction !

Comme le dit André Gide en préface : on a des larmes plein les doigts, plein le coeur..

Kurt Hamsun est considéré comme le "Dostoïevsky " norvégien, et a obtenu le prix Nobel de littérature en 1920...

L.C thématique d'octobre 2021 : Cap au Nord.
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Victoria

Je viens de terminer "Victoria" de Knut Hamsun, auteur norvégien du XXème siècle. Je ne peux dire que du bien de ce livre absolument magnifique ! C'est l'histoire de Johannes, le fils du meunier et de Victoria, la fille du châtelain qui s'aiment depuis l'enfance...Ces deux êtres - touchants - vont surpasser les épreuves sans jamais cesser de s'aimer.



Ce roman émouvant nous livre une réflexion sur le temps qui passe et bien évidemment sur l'amour !! Je garde une impression positive de ce livre et, je l'avoue, la fin m'a particulièrement marquée (la lettre de Victoria est sincère et révèle tout ce qu'elle ressent depuis le début...)



Pour conclure, BRAVO pour ce livre que j'ai adoré et dévoré, un gros coup de coeur ;)



A lire !
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Pan

Dans la Faim, je me souviens d'un homme qui se met dans tous ses états non seulement parce qu'il est en galère économiquement parlant mais aussi et surtout parce qu'il se complaît à se tirer vers le bas et parce qu'il se laisse vider, consumer, par la faim, qui le nourrit, paradoxalement ...

Dans Pan, on a un chasseur, un lieutenant, un homme un peu brute, un peu brusque, un peu bourru, animal, un faune, qui passe son temps entre ses tours dans la forêt pour ses parties de chasse, et son temps en dehors de sa hutte, à chasser une ou deux femmes et il agit avec elles non en prédateur mais en homme incorrigible, il fait avec elles sa brute, son bourru, son animal et ça le tire vers le bas, il devient de plus en plus incorrigible, autodestructeur, comme le personnage de la Faim et on constate qu'il est prêt à aller loin, très loin, pour une femme qui ne l'aime pas tant que ça, qu'il n'aime pas tant que ça ?
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La Faim

Étrange, déconcertant, angoissant et hypnotique .

Un personnage ,dont on ne connait pas le nom ,ni le prénom va nous faire déambuler dans une ville triste de la norvège:Christiana.(Actuellement Oslo)

La déambulation ,pour tromper une faim tenace qui le ronge et exacerbe ses sens .Il est écrivain et si parfois il arrive à noircir quelques pages ,l'éditeur d'un journal lui achète et il est sauvé pour quelques jours ; mais c'est un cercle infernal et il nous emmène avec lui dans une spirale d'impressions difficilement soutenable au fur et à mesure de cette faim grandissante.Une descente en enfer une lecture presqu'hypnotique ,une lecture très originale car déroutante, à conseiller pour les curieux qui aiment à sortir de temps à autre des " sentiers battus" .Je recommande chaleureusement,cet écrivain norvégien. ⭐⭐⭐⭐⭐

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La Faim

Un ver solitaire se promène dans le corps d'un parasite et le parasite se promène dans les rues de Christiania (Oslo). Notre charmant ténia est invité à consommer du pain, du beurre, un bifteck, du fromage, des gâteaux, tout ce qu'ingurgite son hôte et l'hôte, du coup, meurt de faim. Cependant, il se nourrit de sa faim, en tant qu'observateur, en tant qu'écrivain qui n'écrit que lorsqu'il a faim. Je citerai enfin Artaud : "S'il nous importe à tous de manger tout de suite, il nous importe encore plus de ne pas gaspiller dans l'unique souci de manger tout de suite notre simple force d'avoir faim."
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Au pays des contes

Challenge Nobel 2013-2014

13/15



Norvégien, Hamsun a parcouru le monde. Sans doute pour fuir la pauvreté, il émigra aux États-Unis où il exerça nombre de métiers. Il voyagea également à travers l'Europe. Il s'agit ici d'un voyage d'agrément à travers le Caucase du début du 20è siècle. En train ou en voiture à chevaux, rien n'échappe à son regard : les costumes, les coutumes, les activités des peuplades rencontrées. Il en admire le clame, la pondération, loin de la fébrilité des foules des grandes villes gagnées par la fièvre de l'argent. Un voyage difficile qui se mérite, dans une nature tour à tour hostile et généreuse (il a contracté une fièvre : certains passages, certaines scènes semblent être dictés par celle-ci...) Néanmoins, un certain antisémitisme latent et une sorte de mépris, celui de l'homme blanc "civilisé" ont parfois gêné ma lecture. Cela mis à part, le découverte de cette Europe asiatique est plaisante, les descriptions des hommes et de l'artisanat donnent vraiment envie d'y aller. La paix y règne encore...
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Victoria

Mais qu'est-ce que Knut Hamsun a voulu faire en écrivant ce roman? C'est en tout cas une déception pour moi, après avoir adoré Vagabonds et La Faim...

Hamsun aborde ici le thème de l'amour contrarié avec tous les poncifs: différences de classe, mauvais timing, orgueil mis à mal... Johannes, le fils du meunier, tombe amoureux de Victoria, la fille du châtelain, dès qu'il la voit. Il a alors 14 ans et elle 8. Les années passent, ils se rencontrent fréquemment, sans jamais vraiment oser avouer leur attirance réciproque. Johannes s'installe en ville, devient poète, Victoria grandit et devient une jeune femme promise à Otto, jeune homme vaniteux et riche.

J'ai suivi ainsi les va-et-vient de cet amour inavoué d'abord avec une certaine tendresse pour les personnages, jusqu'à ce que je m'avoue que Victoria est décidément vraiment trop inconstante, hameçonant Johannes de ses demi-aveux avant de le remballer froidement de manière quasi-systématique.

Knut Hamsun fait quelques disgressions maladroites sur ce qu'est l'amour à plusieurs points du récit, et le tout laisse un petit goût d'inachevé.

Bref, c'est une déception pour moi qui avait jusqu'ici aimé la fraîcheur de son écriture. Mauvaise pioche!





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Rêveurs

Je poursuis la découverte de Knut Hamsun, prix Nobel de 1920 avec ce roman « Rêveurs ».

Dans un village de Norvège, un nouveau pasteur arrive avec son épouse et compte bien faire régner la parole de dieu. Ainsi débute l’histoire de Ove Rolansen, télégraphiste dont la réputation n’est pas très auréolée. En effet, son côté rêveur, beau parleur et coureur de jupons le desservent lorsqu’il veut faire reconnaitre le brevet de son invention : une colle aux indéniables vertus.

Malgré ses apparences volages, Ove est ambitieux et compte faire valoir sa découverte. Il s’opposera à Mack puissant et influant dans la contrée. Fiancé à Marie Van Loos, gouvernante du presbytère, il ne se gênera pas de courtiser Élise la fille du marchand Mack.

Les femmes sont très présentes dans ce roman et ont indirectement énormément d’impact sur le déroulement des événements.

Un roman agréable à lire.

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Au pays des contes

Le sous-titre est "Choses rêvées et choses vécues en Caucasie". Il devrait plutôt être : "Raciste, antisémite et homophobe, en joyeux voyage d'agrément parmi les peuplades inférieures".

Quel torchon !

Comment on a pu, même en 1903, publier, lire et apprécier ce truc, ça me dépasse. Comment le jury Nobel a pu estimer en 1920 qu'Hamsun faisait preuve d'un "puissant idéal", c'est encore pire.

Deux passages :

"Son visage est désagréable, du type juif."

"Un ou deux de ces Juifs sont de très beaux hommes ; mais cet éphèbe qu'ils emmènent a un visage d'eunuque et il en a la mollesse de galbe. L'impression est nettement répugnante de le voir traiter en femme par ses compagnons de voyage."

Et non, je ne veux pas entendre l'argument : "C'est l'époque qui veut ça". Même en 1920 ce gars devait être imbuvable, suffisant, arrogant, d'un narcissisme outrancier, quand il ne se confondait pas en amabilités devant les puissants. le seul intérêt de cette lecture est de comprendre par quel cheminement de pensée, une partie non négligeable des Européens a contemplé Hitler avec les yeux de Chimène.

Le nom de l'auteur·e de la traduction n'est pas cité, qui donc est responsable de tous ces "malgré que" ?

J'ai mis une demi-étoile non pas parce qu'il la vaut, mais parce que c'est le minimum possible.

Challenge Nobel

Challenge Globe-trotter (Norvège)
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Mystères

Mais quel roman "mystère" on est un peu étourdi voire la têt remplie face à un personnage tel que celui de Hamsun dans son histoire.

On ne sait pas d'où il sort, ce qu'il va faire, ce qu'il va dire et tout cela à n'importe quel moment. Ce personnage de Nagel est plus que particulier, bourré de personnalités, trouve une nouvelle parade avec chaque personne qu'il rencontre et s'adapte comme un caméléon avec ses alter ego.

Il faut vraiment suivre le fil de l'histoire et l'on se demande tout au long du roman où l'auteur a voulu en venir... malgré tout l'écriture est très fluide et l'on ne se rend pas compte que ce livre a été écrit il y a fort longtemps.

Encore un prix Nobel pour lequel je suis étonnamment perplexe.
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Pan

Traduit du norvégien par Georges Sautreau

Panique au Nordland ! Ce n'est pas le roman d 'un amour, mais celui de la folie. C'est le livre du désir, de la possession, de la jalousie, de la frustration. La légende dit que celui qui rencontrera Pan deviendra fou. Hamsun nous en donne la démonstration. Paradoxe que ce livre. Alors qu'à travers le regard de Glahn, le personnage principal, on en vient à se laisser bercer par la poétique de l'espace et par la déclamation des émotions qui le saisissent, et que l'on se voit porter vers un sentiment de liberté, d'indépendance, de dépassement, d'amour et de respect pour la nature sauvage qui l'entoure, nous sommes constamment rappelés au désordre par un sentiment d'enfermement, d'emprise, de désœuvrement, de rancœur, et de haine.

La caresse et la gifle. La glace et le feu. La pureté et le mensonge. La comédie et la vérité.

Hydre bicéphale sous l'emprise de la destruction.

Étrangeté du récit qui provoque le malaise de cette lecture. « Bénis soient la vie et la terre et le ciel, bénis soient mes ennemis, je veux en ce moment faire grâce à mon pire ennemi et nouer les cordons de ses souliers »...Oui mais voilà que ce chantre du « tout amour » balance à l'eau sans aucune raison le soulier de son espérée...voilà qu'il crache dans l'oreille d'un baron, voilà qu'il tue « accidentellement » son aimée en faisant exploser le pan d'une montagne ( l'image d'ailleurs est assez intéressante je trouve) , voilà qu'il se tire une balle dans le pied, et voilà qu'il abat son chien, voilà qu'il tire à coups de fusil sur tous les oiseaux...

Devenu un classique de la littérature norvégienne, Pan fut écrit par Knut Hamsun en 1894. En 1920, celui-ci se voit couronner par un prix Nobel de littérature. Parcours chaotique que celui de cet auteur dont l'enfance n'a pas été des plus heureuse ( ceci a valeur de tentative de compréhension et non d'excuse) . Peut être est ce là qu'il convient de rechercher le venin de la folie injecté dans ce roman, et la vision de l'auteur sur la société humaine ? Sa recherche pathologique de la pureté est apparente dans ce livre. Ce qui est considéré comme « impure » chez Hamsun est sous sa plume frappé de laideur. La notion de pureté et, surtout, la recherche et la glorification constante de celle-ci a toujours quelque chose de sulfureux, de nauséabond.

Il n'est pas possible d'ignorer les choix injustifiables de Hamsun lors de la seconde guerre mondiale qui l'on poussé à soutenir le 3e Reich jusqu'à en venir à écrire l'éloge funeste du monstre de Berchtesgaden. Henry Miller le voyait comme un aristocrate de l'esprit. Nombreux furent ceux qui saluèrent sa plume : Thomas Mann , André Gide, Maxime Gorki, Bertolt Brecht, H.G. Wells. Nombreux, oui, mais en 1929…

Il peut paraître pour certains quelque peu facile et même tendancieux aujourd'hui de rechercher les traces dans les écrits d'Hamsun des indices d'une appétence pour le nazisme, puisque nous connaissons le passé. Mais je prends ce risque.

Hamsun lui même savait le désordre qui le hantait, seulement il en avait sous estimé l'ampleur.

« Dieu avait fourré le doigt dans mon réseau nerveux et modérément, très superficiellement, il avait mis un peu de désordre dans les fils.".



Astrid Shriqui Garain

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Sous l'étoile d'automne

En quête d'une vie plus calme, d'une paix intérieure, d'une identité particulière et aussi des hommes intègres, notre narrateur abandonne tout derrière lui pour s'adonner à une vie d'aventurier. Il se laisse emporter par une obsession qui devient presque une hantise, jouir de sa solitude et laisser libre court à son esprit. Mais il ne sera pas seul longtemps! Il rencontre un ami dans son premier refuge, dans un hôtel, puis ils feront le chemin ensemble, ils ont un atout commun: ils savent tout faire, même quand la science ne s'y prête pas, ce sont de grands débrouillards...mais ce que l'on fuit, on le retrouve toujours au détour du chemin...

Un magnifique roman qui prône l’errance mais une errance où l'ennui ne se fait pas sentir au contraire, on prend un petit plaisir à côtoyer les moments de vagabondage de ce personnage qui n'est que l'incarnation de l'auteur. Sous l'étoile d'automne est une errance qui interroge le sens même de la vie, comme quoi, les grands esprits se forgent dans la solitude ...





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Vagabonds

Edevart décide de quitter son village, un port au nord de la Norvège où les hommes entre quelques campagnes de pêche au Lofoten tentent de cultiver un peu de terre, et de partir avec August, un aventurier sans attaches, souvent hâbleur, à qui on prête mille voyages, toujours en quête d’un gain, qu’il dépense parfois aussitôt lors d’ « une bordée » en compagnie de filles peu scrupuleuses, attachant bien qu’il manigance à l’occasion quelques forfaits voire quelques crimes. A une époque où l’Amérique exerce une attraction de plus en plus forte, dans des contrées où la misère s’abat volontiers sur les hommes et où nombreux sont ceux qui cherchent à sortir de leur condition. Edevart , qui commença avec August une vie errante, fut déjà près de partir , avec la femme qui lui fit découvrir l’amour. Mais celle-ci partit seule. Il retourna dans son village sans pour autant pouvoir se résigner à y vivre la vie d’un commerçant ou d’un simple paysan, toujours aiguillonné par le même esprit de liberté, la même insatisfaction qui se transforme en une sorte de tourment.
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