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Critiques de Knut Hamsun (232)
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Pan

J’ai découvert Knut Hamsun par hasard, juste sur le titre d’un livre de poche qui n’avait ni résumé ni présentation de l’auteur, mais un livre qui s’appelle Vagabonds et qui coûte à peine un euro, je ne pouvais pas être déçue. Et j’ai été comblée au-delà de mes espérances.

Depuis, j’ai fait quelques autres incursions dans l’œuvre de Hamsun, mais je n’ai jamais retrouvé ce coup de foudre initial. Je pensais qu’avec Pan, un de ses livres les plus connus, je pourrais retrouver un peu de mon engouement d’autrefois. Mais non, c’est probablement le pire livre d’Hamsun que j’ai lu (bon, il n’y en a pas tant que cela, j’ai encore quelques œuvres à découvrir, je ne désespère pas de retrouver quelque chose à mon goût).



Pour en venir aux faits, Pan est l’histoire d’un jeune lieutenant en congé dans le nord giboyeux de la Norvège. Louant une petite cabane, il passe ses après-midi à chasser et à arpenter les bois, ne demandant pas plus à la vie que d’être libre dans cette nature où il se sent plus à l’aise que dans la société. Mais il ne peut s’extraire tout à fait du commerce avec les hommes, et surtout du commerce avec les femmes. Il séduit, il est séduit, dans des jeux qui se révèlent plus dangereux et surtout plus malsains qu’ils ne paraissent au premier abord.

Et c’est ce côté malsain qui m’a dérangée tout au long de ce livre, que j’ai fini seulement parce que je me suis engagée à en faire la relecture pour une publication gratuite. Bien que ce roman puisse apparaître comme une exaltation de la nature et de la vie simple et en autarcie dans les grands espaces sauvages de Norvège, tout est vicié, peu agréable, et ce Thomas Glahn est vraiment antipathique (au même degré que son amour principale, la prude et manipulatrice Edvarda).

L’épilogue, conté par une tierce personne alors que le roman est écrit à la première personne, et situé dans la moiteur de l’Inde, tranche avec le corps principal du roman et lui donne une autre perspective, mais cela n’a pas racheté cette lecture à mes yeux, qui est donc un cuisant échec.
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Vagabonds

Un village presque autarcique en Norvège à la fin du 19e siècle. Se rendre dans la vallée voisine ou débarquer au port d’une autre ville de la côte représentait déjà une expédition en soi. Il suffisait de prendre le bateau et de faire colportage de marchandises d’un bourg à l’autre pour se voir désigné : explorateur. Ramener un morceau d’étoffe à ses proches égayait durablement le cœur. Posséder trois vaches et un cheval constituait la certitude d’une vie confortable.





Parmi les vies paisibles qui se consacraient à la transmission de la flamme vitale d’une génération à l’autre, les vagabonds tenaient le rôle indispensable du marginal vivant d’expédients dans l’errance investie d’âme, semblant vivre plus intensément que les autres mais accusant le coup de l’âge sans famille, sans possessions et les projets se raréfiant. Knut Hamsum décrit le destin du vagabondage à travers les histoires d’Edevart et August à l’époque où le vagabondage s’enchaîne à la fatalité du progrès : le vagabond se sent désormais pressé de s’exiler jusqu’aux États-Unis.





Edevart, vagabond selon l’ancienne loi, ressent le poids de cette nouvelle angoisse. Quoi que ses quêtes l’amenassent à trouver de formidables trésors et à s’enivrer de captivants amours, chacun de ses triomphes paraît obscurci par l’ombre d’un doute nouveau : ces merveilles n’auraient-elles pas plus de valeur si elles étaient américaines ? Les norvégiens de retour des États-Unis l’affirment d’un air entendu : les richesses qui attendent les européens sur le nouveau continent sont inimaginables. La Norvège est un pays arriéré. Pour la première fois peut-être, les villageois se demandent : serions-nous pauvres ?





Les vagabonds ne sont que le premier volume d’une trilogie.

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Mystères

Un roman incroyable avec un personnage étrange qui nous fait vivre des moments très saisissants, pleins d'émotions, pour ne pas dire qu'il nous engage précautionneusement dans une confusion de sentiments! ! D'une générosité débordante, Nage gagne vite la confiance de presque toute la ville en arrivant à une petite ville côtière norvégienne, car ses poches semblent pleinement remplies et sa bouche ne manquent pas d'histoires effrayantes et insolites à raconter. Vouloir le cerner s'avère une épreuve difficile aussi bien pour cette ville côtière que pour le lecteur. On s'étonne par moments de l'ingéniosité de l'auteur d'avoir su rendre accessible ce personnage si complexe. par une plume très agréable à lire...
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La Faim

Une déambulation hallucinée, une description "clinique" de ce mécanisme de défense de l'organisme au milieu d'une ville indifférente. Un siècle plus tard, on retrouvera cette errance désespérée, marcher, marcher encore pour combattre le froid - et aggraver la faim - dans "Ripley Boggle" de Robert McLiam Wilson. Si les personnages sont très différents les souffrances sont les mêmes. L'actualité en est toujours brûlante puisque, dans un monde repu, des centaines de millions d'êtres humains vont, tous les jours, le ventre vide. Après avoir fermé ces deux livres vous ne regarderez plus jamais votre assiette du même oeil.
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La Faim

La Faim raconte l’histoire d’un homme qui crève littéralement de faim. Un homme qui, au moment où le texte commence, est chassé de la chambre de bonne qu’il ne peut plus payer. Cet homme parvient de temps en temps à placer un article dans le journal pour gagner quelques couronnes. Survient alors un court moment d’espoir, une nuit à l’abri et quelques repas. Mais très vite la misère et la faim reviennent. Comme un leitmotiv, une douleur sourde qui vous dévore physiquement et surtout moralement.



Orgueilleux et solitaire, l’homme refuse toute aide et n’accable en rien la société. Résigné, il réserve ses protestations à Dieu. La faim n’est donc pas un roman social. C’est un roman purement psychologique proposant une analyse minutieuse des effets du manque de nourriture sur l’organisme. Seul résultat possible, la folie. Le lecteur, devant une telle description clinique, pourrait sortir du livre aussi accablé que le héros mais il est au contraire tenu en haleine par la succession de moments d’espoir et d’abattement. L’écriture d’Hamsun y est pour beaucoup, notamment grâce à l’alternance entre des passages lyriques et d’autres plus mélancoliques.



Roman de l’exploration du subconscient, La Faim montre un homme seul dont la raison ne parvient plus à contrôler les mouvements de l’âme. Publié une première fois en France en 1895, le texte est réédité dans une version définitive en 1926 avec une introduction d’Octave Mirbeau et une préface d’André Gide. Entre temps, Knut Hamsun aura obtenu le prix Nobel de littérature en 1920 pour L’éveil de la glèbe.




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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La Faim

Livre lu en Norvège, histoire de faire local, et choisi au hasard dans une liste proposée par Babelio.

Et bien le hasard m'a comblé, car j'ai été séduit par cet ouvrage écrit fin 19ème, d'une finesse et d'une justesse incroyables.

L'histoire raconte la déchéance d'un homme qui sombre dans la misère et s'enfonce dans la folie. Les mots sont tellement bien choisis que l'on ressent ce que vit le personnage de l'intérieur, à tel point que l'on se surprend à entrevoir rétrospectivement ce que pouvait bien raconter tel SDF croisé dans la rue et qui dansait, ou criait, ou tenait des propos incohérents.

Paradoxalement, il ne se passe presque rien dans ce livre, on suit le quotidien fait de petits riens de quelqu'un qui ne possède rien. Et ça marche, l'écriture nous emporte le long de ces pages jusqu'au final plein d'espoir.

Une vraie découverte inattendu.

NB : la traduction est celle de Georges Sautreau, qui, sans préjuger des autres, est de belle qualité.
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La Faim

Un petit roman en partie autobiographique d'un auteur intéressant par le ton qu'il emploie dans sa narration. Nous suivons son personnage sans le sou, dans la ville de Kristiania (devenu Oslo, en Suède), cherchant à se sustenter et à survivre professionnellement en écrivant pour un magazine. Nous suivons le cheminement de ses pensées, son introspection, ses rencontres, son sens extrême de l’honnêteté, ses questions adressées à Dieu...et surtout la façon dont la faim le tenaille et l'amène aux portes de la folie.

Plusieurs fois j'ai trouvé des points communs avec une oeuvre de Jack London nommée Martin Eden.

J'ai apprécié ce récit et je ne me suis pas ennuyé une seconde, ce qui arrive pourtant assez souvent lorsqu'il s'agit d'un récit du 19e siècle car les auteurs de cette époque se sentaient probablement obligés de détailler sur plusieurs pages chaque situation, ce qui engendre quelques longueurs. Mais ici, ce n'est pas le cas.
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Pan

Le lieutenant Thomas Glahn vit dans le Nordland, une des contrées les plus septentrionales de la Norvège où Knut Hamsun, lui-même passa une grande partie de son enfance. Un jour, une forte averse propulse pour s’abriter dans sa petite hutte, M. Mack, sa fille Edvarda et le Docteur.



Dès lors, la vie du Lieutenant Glahn, un ermite chasseur et pêcheur pour sa nourriture, amateur de forêt et de paysages, va se trouver bouleversée. Sous le charme d’Edvarda, il n’aura de cesse que de la séduire ; alors qu’Eva, la femme du forgeron lui voue un amour simple et sincère.

Edvarda s’avérera beaucoup plus calculatrice que sa gaucherie pouvait le laisser prévoir : mythomane, elle se joue des hommes pour les séduire et les abandonner. Il sera très tard quand Glahn le comprendra à ses dépends… Glahn, beaucoup plus adapté à la vie « d’homme des bois » qu’à la vie en société.



Dans une deuxième partie, on le retrouvera chassant en Inde, alors qu’il est porté disparu et recherché par sa famille, en compagnie d’un chasseur de qui il détournera la compagne indigène…



Un ouvrage remarquable ; et tellement teinté de l’ambiance fin XIX ème siècle…

Une écriture, lyrique dans la description de la nature et une action menée le plus souvent au passé simple qui amène dans le texte des tournures verbales un peu désuètes, mais si agréables à l’oreille.



Un personnage, le lieutenant Glahn, inadapté à la vie sociale, complexe, imprévisible et tellement romantique… Edvarda, la venimeuse…



Une nature décrite sous la lumière tellement particulière de grand nord scandinave. Combien de fois, à la lecture de ces pages magnifiques, m’est-il venu à l’esprit la toile de Caspar David Friedrich, « Le voyageur au-dessus de la mer de nuages » ?...



Ajoutez à cela, une édition, celle de Calmann-Lévy 1994, agrémentée de peintures étranges et dures dues à Haakon Gullvaag … Obsédantes …



On l’aura compris. Je ne me lasse pas de ce genre de texte. Même si l’homme, Knut Pedersen (c’est le véritable nom de l’auteur, Prix Nobel 1920) mérite quelque mépris par son soutien indéfectible à l’Allemagne nazie, l’écrivain Knut Hamsun reste un écrivain majeur de la fin XIX ème, début XX ème.

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La Faim

L'histoire d'un écrivain, qui ne parvient pas à gagner suffisamment d'argent pour subsister. Il peine à conserver un toit au dessus de sa tête, et il souffre régulièrement atrocement de la faim. Ce personnage, au caractère singulier, met un point d'honneur à préserver sa dignité, et essaye de conserver un statut honorable dans la société ; ce qui le conduit parfois à des comportements et décisions incohérents avec sa condition. Un roman triste et poignant dans lequel on voit s'opérer le glissement d'un être singulier, qui s'isole, se marginalise dans la spirale de la misère. Je trouve qu'il y a quelque chose dans l'écriture de K. Hamsun qui tient à la fois de Kafka et de Walser, très beau.
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Un air si pur

Un vieux livre, d’abord parce qu’il a été publié pour la première fois en 1923 sous le titre « Le dernier chapitre ». Ensuite parce que la version que j’ai lue est un livre de poche de 1997, paru sous le nom d’ « un air si pur ».



Je ne sais pourquoi l’éditeur a choisi de changer le titre. En effet il est fait mention du dernier chapitre dans une partie du roman que j’ai mise en citation. Mais « un air si pur » est également bien choisi en termes de référence à un air, pur, puisque nous sommes dans les montagnes Norvégiennes mais l’ambiance est, elle, beaucoup moins pure, avec des personnages qui se donnent des airs tout en étant d’une hypocrisie et d’une bassesse mentale, assez flagrante.



C’est un livre qui se lit aisément. Pas de grands mots, un style simple et efficace. Pas de situations très complexes. L’intérêt de ce roman, ce sont les attitudes en contradiction avec les discours.



Dans ce sanatorium, une multitude de personnages se rencontrent. Il y a d’un coté les malades, plus ou moins imaginaires. Avec des maladies qui datent des siècles passés (tuberculose, lèpre, …) et des traitements à l’avenant (un traitement aux comprimés à l’arsenic p.55).



Mais surtout des gens qui se côtoient avec leurs problèmes, leurs aprioris. De l’autre côté, il y a les gérants et les voisins du sanatorium. Tout ce petit monde se mélange ou pas…

Les apparences et le qu’en-dira-t-on jouent un rôle essentiel. Et si cela est flagrant dans le cas de Julie (Une femme qui doit absolument se marier car elle est enceinte), c’est également le cas pour certains des personnages masculins, comme Daniel.



J’ai lu que Hamsun se moquait de Maupassant comme étant superficiel et bien j’ai trouvé que le roman Mont Oriol de Maupassant qui traite en partie de sujets semblables (la fabrication d’une cure thermale,… ) est beaucoup plus puissant.



En effet dans le roman de Hamsun, l’accumulation de morts (maladie, accident, empoisonnement par la nourriture, crise cardiaque (ou pas), finit par lasser. La dernière partie est franchement théâtrale et caricaturale. C'est dommage.



Il y a des choses à la fois intemporelles et d’autres très datées. Finalement c’est ce qui fait l’intérêt de ces lectures de Nobel.

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Auguste le marin

Deuxième volet de la trilogie qui s’est ouverte avec les Vagabonds, August le marin nous donne l’occasion de retrouver les mêmes personnages, quelques vingt ans plus tard, après qu’August, parti aux États-Unis pour découvrir le nouveau monde, a ramené de ses voyages pléthore d’histoires fantasques qui peuplent désormais ses conversations, un esprit bouillonnant à la recherche de toutes les meilleures combines et une dépendance pour cette forme d’émulation des sens qui s’appelle le progrès technologique et social. Les rares autochtones revenus comme August des États-Unis jusque dans leur pays natal semblent désormais déracinés. Ils ne sont pas américains mais ils ne peuvent plus vivre comme ceux dont ils se sont durablement séparés. Ils flottent dans un irréel composé de rêveries fantasques, de déceptions réelles, d’espoirs capricieux. August est devenu « léger comme l’argent, la mécanique, le commerce, l’industrie, toute l’évolution. »





Dans les deux premiers volumes de cette trilogie, nous voyons évoluer non seulement des individus et des familles mais également une culture et une économie. Ici, plus encore que dans les Vagabonds, devient flagrante la grande misère morale et spirituelle qui s’empare de ce peuple lorsque les transactions bancaires commencent à remplacer les échanges traditionnels. Le travail et les besoins en deviennent plus abstraits, les rêveries plus mécaniques. La lassitude s’abat sur le village de Polden-sur-Mer à mesure qu’il devient pourtant sans cesse plus rutilant. August, propagateur des rêves de progrès, disparaît une fois de plus mais, des États-Unis, c’est la peste qu’il a amenée avec lui.

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La Faim

Comment savoir si toutes ces rencontres bien souvent vouées à l'échec n'entretiennent pas uniquement l'envergure d'un même schéma ?



Une même journée inlassablement répétée, le ventre vide dans une ville étrange ne formatant que des comportements douteux.



Ce ne sont que des portes closes de la logeuse intransigeante au boutiquier inflexible en passant par la belle inconnue aux propos déconcertants dont les prestations n'alimentent que le doute et le désarroi d'un esprit à la dérive, maudissant son créateur de l'avoir abandonné désirant coute que coute subsister par son écriture dans un contexte ne fonctionnant que pas l'approche manuelle des choses.



Des impacts linéaires plus fantasmagoriques que réels désagrégeant lentement la clairvoyance d'un sous alimenté qui tout en étant lucide de son dénuement n'hésite pas à le réinventer en l'insérant dans ses propres ressentis.



Glanant dans les grands froids une pitance incertaine n'étant qu'une perpétuelle récurrence épuisant une conscience temporairement régénérée le temps d'un maigre repas.



Sisyphe à l'allure élimée arpentant les fragments d'une ville impitoyable ou tout ne fait que disparaitre pour mieux ressurgir, de la légère digestion à la malnutrition la plus vive.



Entretenant le parcours chaotique d'un être saccagé par les privations encore debout grâce à la mise en page de ses hallucinations.
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La Faim

Le hasard a fait qu'après Maeterlinck, prix Nobel 1911, je lise Knut Hamsun, prix Nobel 1920. Je n'ai pas d'affection particulière pour les auteurs ayant obtenu un prix littéraire, mais il faut bien admettre que ceux-ci sont généralement attribués à des écrivains au talent indéniable.



 Knut Hamsun (1859-1952) est un homme de lettres norvégien d'origine modeste. Il raconte dans une autobiographie romancée ses débuts littéraires où, dans la misère et la solitude, il vagabonde dans Christiana (Oslo) cherchant à vendre ses articles pour gagner de quoi manger. Ce roman est étrange par bien des aspects. On ne connaît pas le passé ni le devenir de ce personnage tourmenté dont l'amour-propre exacerbé alterne avec des moments d'extrême humilité. Il refuse la providence qui lui permettrait de mettre un terme au moins temporairement à ses souffrances ou partage le peu qu'il a avec d'autres malheureux. Il va jusqu'à déposer au mont-de-piété ses seuls biens, successivement ; un gilet, des boutons, sa paire de lunettes, pour venir en aide à des inconnus qu'il a rencontrés dans la rue. Il garde une faible part de ses revenus pour acheter de quoi ne pas mourir de faim. Parfois, il regrette son attitude et va réclamer de la nourriture à une marchande de gâteau à qui, quelques jours plus tôt, il a donné sans contrepartie l'argent qu'il venait de gagner. Il se montre même parfois agressif et violent verbalement, attitude qu'il regrette ensuite. Il prononce à haute voix à des moments d'intense émotion un nom inventé "Ylajali" qui semble personnifier à ses yeux l'amour idéal, l'équilibre parfait, la solution à tous ses maux. On pense à tout moment que le personnage va sombrer dans la folie ou mourir de faim dans un ruisseau. Il veut rester honnête malgré sa misère tout en prenant conscience que sa patience à des limites et qu'il peut sans doute un jour faire n'importe quoi pour mettre un terme à sa détresse. À chaque fois un évènement fortuit lui redonne le minimum de vitalité nécessaire pour poursuivre sa route dignement. C'est un roman sur la misère, la solitude, l'indifférence et les contradictions de la condition humaine.



 En le lisant, j'ai pensé à plusieurs ouvrages, très différents les uns des autres, mais qui présentent quelques points communs : "Scènes de la vie de bohême" de Murger qui raconte les déboires d'un groupe d'artistes pauvres qui tentent de se faire un nom, "Vie et aventures de Salavin" de Georges Duhamel, où un anti-héros en marge de la société cherche à se construire un destin emprunt de mysticisme, "l'idiot" de Doestoievski dont le personnage principal, le prince Mychkine, est un personnage complexe, tourmenté, maladif prenant parti pour les causes désespérées, sa bonté et sa naïveté extrême le font passer pour un simple d'esprit. A ces références je pourrais rajouter "Le maître et marguerite" de Boulgakov pour son ambiance étrange et parfois surréaliste. Il faut aussi souligner un point de convergence avec le roman Russe du XIXe siècle qui expose la sombre trajectoire de personnages tourmentés.



 Cette oeuvre, dont j'avais souvent entendu parler, ne peut laisser indifférent aucun lecteur, elle marque l'esprit par son originalité, sa force et s'inscrira comme un jalon littéraire qui balisera désormais mon cheminement de lecteur.



La Faim, Knut Hamsun, le livre de poche, PUF 2016.



Mots rares :



Enchifrené : Enrhumé.



Pariade : Période d'accouplement des oiseaux.



Maritorne : Femme laide et malpropre.
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La Faim

Il faut le challenge solidaire pour décider d'aller au bout de ce livre !



On ne sait pas trop si le type est fou, et cela se trouve amplifié par le fait qu'il est pauvre et qu'il ne peut pas subvenir à ses besoins ? Ou si la faim le rend fou et provoque chez lui des hallucinations puis ensuite le pousse à donner l'argent qu'il gagne au lieu de s'acheter à manger...



J'aurais eu envie d'appeler ça l'orgueil du pauvre plutôt que la faim, car le héros s'appuie dessus tout au long du roman, et cela donne des scènes surréalistes.

Il y a toutefois une part de justesse, mais c'était trop exagéré.



En tout cas, la plume est belle, mais je n'ai pas adhéré à cette histoire.
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La Faim

C'est un bien curieux livre, qui mérite d'être découvert. On reste tout le long collé au personnage principal, qui déambule dans la ville, changeant régulièrement de foyer. L'histoire en soit est assez simple, et assez triste : le personnage a faim, car il est très pauvre, et peine à gagner suffisamment d'argent au travers des piges qu'il obtient çà et là contre quelques articles, tantôt de moyenne facture, tantôt de très bonne qualité.



Le temps passant, il plonge chaque jour un peu plus dans une misère et une indigence qui le conduisent progressivement à une souffrance physique puis morale. Il marche ainsi dans les rues, lutte contre la faim, croit tenir l'article génial qui va lui procurer l'argent dont il a tant besoin, pour repartir du bon pied en commençant par assouvir sa faim.

Il fait quelques rencontres étranges, et s'essaye même maladroitement à l'amour.



Un roman d'une écriture (traduction) peu commune, et soignée. L'auteur aborde, dans ce qui semble a priori un récit autobiographique, la misère du quotidien dans un monde si dur, lorsque la faim tenaille et oppresse jusqu'à manger n'importe quoi, ou encore vomir à la première bouchée censée pourtant assouvir cette faim.

Folie, tourment, étrange, frontières avec le réel, souffrance par la faim et le froid, voilà ce que livre ce roman intriguant, et touchant, écrit dans une langue vive et pugnace.
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La Faim

Andreas Tangen est un écrivain qui tente de vivre en proposant des articles, des feuilletons aux rédacteurs en chef des journaux de Kristiana -ancien nom d'Oslo...Un écrivain qui cherche le succès.

Un succès qui tarde à venir....presque tous ses articles "sur les choses les plus diverses, idées étranges, caprices fantaisies nées de mon cerveau agité" sont refusés. Ses ressources sont si faibles qu'il se prive de tout, et qu'il a faim... au fur et à mesure des pages il quittera sa chambre sans payer sa logeuse, et portera au clou, chez les prêteurs sur gages, ses couvertures, ses vêtements et pourquoi pas ses boutons.

Faim et froid agissent ensemble sur son comportement, sur ses pensées, sur son moral.

Il en devient fou, victime d'hallucinations, fou et incohérent dans ses relations avec les autres, avec les femmes. Incohérent dans ses pensées et dans ses actes, il mâche même des copeaux de bois pour tromper cette faim qui le tenaille.

Son amour propre et son orgueil le font retomber dans une misère plus profonde chaque fois que l'occasion de s'en sortir se présente. Rares sont les rentrées d'argent, et quand il en reçoit, il se hâte de le distribuer. Alors il écrit, écrit, certain que cette fois-ci il tient le bon article, le bon feuilleton...

Mendier pourquoi pas, mais sa fierté lui l'interdit. Pourtant ses "joues étaient comme deux écuelles, le fond à l'intérieur...

Il est écrivain...chez le boucher cependant il mendiera un os pour son chien...un chien qu'il n'a pas et un os qu'il rongera. 

Sans une seule couronne, et sans toit, il erre dans les rues froides et humides regardant les passants en quête de l'inspiration, les imaginant le soir chez eux, ce qui nous donne des passages remarquables de vérité et de réalisme. Après les nuits sous les portes cochères, il connaîtra celles au poste de police. Il revendique une honnêteté, qui sera pourtant mise à mal.   

Il pourrait faire autre chose, quitter Kristiana, tenter de se sortir de cette pauvreté, et de cette crasse que lui impose son manque de succès auprès des rédacteurs en chefs ou des éditeurs.... Et quand il s'y résoudra ce sera "pour cette fois"...

Knut Hamson, prix Nobel de littérature a publié ce roman pour la première fois en 1890, roman qui semble-t-il serait en partie autobiographique. Ce roman psychologique, qui par bien des aspects rappelle des écrits de Dostoïevski, ou de Balzac, est fascinant et troublant. Fascinant par l'écriture pas toujours facile de Knut Hamsun, troublant parce que le personnage semble se complaire dans cette faim qui le tenaille, dans cette folie qui altère ses comportements avec les autres. Sa fierté due à son rang d'écrivain est toujours présente dans ses actes.

Troublant aussi parce que Knut Hamsun, par l'intermédiaire de son personnage porte un regard acerbe sur une société aux côtés de notre homme, une société superficielle, une société qui ne le voit pas, préoccupée par des futilités, par des rencontres de passage, par le sexe...

Immanquablement on pense à ces SDF que chacun de nous croise dans nos villes, assis sous les portes cochères, sur les trottoirs, et qui ne mendient plus. Destins brisés..

Quel est l'auteur contemporain qui portera un regard, comparable et aussi fort que celui porté par Knut Hamsun, sur ces SDF ?

Un regard et un auteur dérangeants !



Très dérangeants
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Pan

Le climat et l'ambiance crée par l'auteur sont envoûtant. Nous sommes dans le "Nordland" en Norvège, pour y rencontrer le lieutenant Thomas Glahn, homme solitaire qui vit au contact de la nature et s'en nourrit. C'est une histoire d'amour contrarié, raconté comme dans un rêve. Le récit de Knut Hamsun est hypnotique. Malgré tout, il m'a manqué le coté émotionnel, que je n'ai pas ressenti durant ma lecture.

Encore un petit mot sur la traduction qui semble laborieuse par moments.
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La Faim



Trois niveaux de lecture.



Knut Hamsun avait un peu plus de 30 ans lorsque parut, en 1890, son premier roman publié, Faim. C’est approximativement l’âge que l’on peut supposer à son narrateur. Celui-ci qui vit à Kristiania (Oslo) en exerçant différents petits métiers, comme l’avait fait l’auteur, consacre l’essentiel de son temps à écrire des articles et des essais qu’il espère vendre à un journal pour quelques couronnes. Puis un jour, malgré toutes ses démarches, le travail vient à manquer : "Tous ces refus, ces demi-promesses, ces « non » purs et simples, ces espoirs entretenus puis déçus, ces nouvelles tentatives qui, chaque fois, n’aboutissaient à rien avaient eu raison de mon courage "(p. 2). Commence alors une longue déchéance matérielle et morale dont le roman nous relate, à la 1ère personne, l’inéluctable processus : "Comme j’avais descendu uniment, régulièrement, tout le temps ! Pour finir, je me trouvais étrangement dépourvu de tout, il ne me restait pas même un peigne ou un livre à lire quand tout devenait trop triste" (p. 3). Ayant dû renoncer même à la chambre sordide où il trouvait refuge pour écrire, ce ne seront plus que d’interminables déambulations dans les rues pluvieuses et glaciales de Kristiania, des sommeils sporadiques sur les bancs des jardins publics, l’humiliation des nuits passées au poste de police, de vaines et honteuses tentatives de mendicité comme lorsqu’il se résout à demander une petite pièce à l’employé d’une mercerie : "Je me retirai, malade de faim et brûlant de honte. Je m’étais transformé en chien pour avoir le plus minable des os et je ne l’avais pas eu !" (p. 84).



C’est peu dire qu’il connaît la misère car il fait aussi l’expérience de la vraie faim, celle qui le pousse, après avoir mis au clou tout ce qu’il possède – son gilet, son unique couverture que lui avait prêtée un ami –, à mâchonner des copeaux de bois ramassés dans la rue, des cailloux, une poche arrachée à son manteau, à ronger, malgré les vomissements que cela provoque, un os pour les chiens quémandé chez le boucher.



Ce premier niveau de lecture suffirait déjà à faire de ce livre un poignant roman social, témoignage d’un réalisme cru, aux limites parfois du supportable, dont l’écho demeure encore malheureusement trop actuel. Mais on soupçonne très vite chez ce personnage une sorte de fascination pour l’abîme où il sombre, comme un vertige pour sa propre déchéance. Car il s’agit aussi, à un second niveau, de la minutieuse relation d’un processus psychologique d’autodestruction. Chaque fois en effet qu’une occasion se présente pour lui de sortir enfin la tête hors de l’eau, d’enrayer l’inexorable déterminisme social qui l’enfonce, il s’arrange, avec une exaltation presque masochiste ou au nom de quelque mystique de la pureté, pour ne pas la saisir, y renoncer fièrement.



Un épicier lui rend-il par mégarde la monnaie qu’il devait à une cliente, il s’empresse de faire l’aumône de ces cinq couronnes, qui lui auraient pourtant permis de subsister plusieurs jours, à une pauvre vieille marchande de gâteaux à la sauvette : "Quel goût merveilleux cela avait d’être redevenu un homme honnête ! Mes poches vides ne pesaient plus, ce m’était une jouissance que de me retrouver sans un sou" (p. 114). Ulayali, une jeune femme avec qui il a connu une brève aventure - à laquelle d’ailleurs il a volontairement mis fin - lui fait-elle parvenir un billet de 10 couronnes qu’il le jette dédaigneusement au visage de sa logeuse qui vient de l’expulser : "Alors je remis le billet dans l’enveloppe, fis soigneusement une boule du tout, rebroussai chemin et allai jusqu’à la logeuse qui me guettait encore depuis le portail, et lui jetait le billet à la figure. (…) Voilà ce qu’on pouvait appeler se conduire dignement" (pp. 172-173).



Un tel type de comportement, qui devient répétitif chez le narrateur, n’a évidemment rien de rationnel dans la condition de dénuement extrême où il se débat ; tout se passe comme s’il se cherchait toujours de bonnes raisons de ne pas s’en sortir. Force est bien de voir là une forme de fascination pour l’échec et une certaine complaisance dans sa propre souffrance. Un échec dont il se tient de surcroît pour responsable et n’aura de cesse de s’auto-punir comme lorsqu’il s’enfuit, honteux d’avoir osé mendier une couronne auprès de l’employé du journal où il pensait placer un article : "Je me mis à courir pour me punir, parcourant au galop une rue après l’autre, m’excitant à progresser par des exclamations bien senties, m’interpellant en silence et furieux envers moi-même lorsque je voulais m’arrêter" (p. 74). Et quand il s’autorise, épuisé, un répit au pied d’un escalier, c’est encore pour s’auto-flageller : "Pour me tourmenter comme il faut, je me relevai et me forçai à rester debout, et je me moquais de moi-même, je me délectais de ma propre prostration. Enfin, au bout de quelques minutes, je me donnai, d’un signe de tête, la permission de m’asseoir. Même alors, je choisis l’endroit le plus inconfortable de l’escalier" (idem). Une souffrance qu’il va jusqu’à s’infliger à lui-même et qui, dans certaines crises de rage, dues peut-être aux affres de la faim, confinerait presque à de l‘automutilation : "Je recommençai à me martyriser, à me cogner volontairement le front contre les réverbères, à m’enfoncer profondément les ongles dans le dos de la main, à me mordre la langue, dans ma démence, lorsqu’elle ne parlait pas distinctement, et je riais furieusement chaque fois que cela faisait très mal" (p. 81).



Auto-destruction, auto-punition, auto-mutilation, ironie amère à l’égard de soi-même, on voit combien le fonctionnement de ce personnage relève d’une conscience réflexive – c’est-à-dire bien sûr d’une conscience malheureuse – et ce second niveau de lecture, psychologique et non plus seulement social, doit beaucoup sans doute à l’admiration qu’Hamsun portait alors à Dostoïevski. C’est ce qui confère à ce texte sa portée universelle car si nous, lecteurs, ne sommes pas tous SDF, nous sommes tous plus ou moins concernés par cette exploration des souterrains de nos enfers personnels. Là réside la force exceptionnelle de ce livre : à nous aussi cela fait mal.



Par ailleurs, si le narrateur met autant de complaisance à entretenir son état de déréliction et sa faim, ce n’est pas seulement parce qu’il frôle le cas pathologique. La faim, on le comprend peu à peu, prend surtout ici valeur de métaphore. Ce que confirme le titre lui-même : « Faim » et non pas « La faim » comme cela figurait sur les traductions antérieures. Il ne s’agit pas seulement de la faim de nourriture, faim du corps, faim contingente, une faim qu’il serait malgré tout possible d’apaiser. L’absence de l’article suggère bien que l’on passe à un autre registre, à une faim supérieure, absolue, pour ainsi dire métaphysique.



A ce troisième niveau de lecture, il y aurait deux façons d’interpréter cette métaphore. Lorsqu’on connaît la difficulté qu’avait Knut Hamsun dans la gestation de ses livres, les affres que lui imposait l’écriture, il est tentant de voir dans la faim la condition physiologique qu’il s’impose, une sorte d’ascèse, pour accéder à cet état second, douloureux et extra-lucide, qui non seulement accompagne mais de surcroît favorise le processus de création. On comprend mieux alors la complaisance de son personnage pour une situation à laquelle d’autres s’efforceraient d’échapper : écrire, oui, cela implique une souffrance ; mais une souffrance nécessaire dont aucun véritable écrivain n’accepterait de se passer. Ce n’est donc pas pour rien que Knut Hamsun fait de son héros ce graphomane invétéré, trimballant partout avec lui les feuillets qu’il griffonne dans les conditions les plus inconfortables – dans sa chambre glaciale, sur un banc public, sous la pluie. C’est que son dénuement et sa faim ne constituent qu’une métaphore de la passion de l’écriture.



Métaphore à double-fond, pourrait-on dire ; puisque cette faim évoque aussi une soif, soif de connaissance et surtout soif de sens. Soif ou faim – c’est-à-dire frustration – de ne pouvoir donner sens à la vie, à la « misère de l’homme sans Dieu », pour reprendre des termes pascaliens. D’où cet unique sursaut blasphématoire contre la divinité, qui prend des accents de révolte à la Maldoror : "Je te le dis, à dater de cet instant, je renoncerai à toutes tes œuvres et à tout ton être, je maudirai ma pensée si elle pense encore à toi, et m’arracherai les lèvres si elles recommencent à prononcer ton nom" (p. 126).



Donner un sens à notre misérable condition humaine, n’est-ce pas précisément cela, écrire ?

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La Faim

Comme son titre l'indique, "La Faim" de Knut Hamsun relate l'histoire d'un homme prêt à tout pour devenir écrivain. le combat de cet homme, qui refuse de renoncer à son rêve de devenir écrivain, contre sa propre misère est remarquable. Trop fier, trop digne, il refuse d'accepter l'aide de quiconque et se laisse en proie à une faim qui le pousse aux limites de la folie. La lecture de ce roman n'a pas été sans me rappeler le célèbre poème de Jacques Prévert, "La grasse matinée". J'ai grandement apprécié ce roman qui dépeint un véritable tableau de la misère humaine mais aussi, il me semble, la grande complexité de l'être humain.
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Vagabonds

C'est un type de roman "allers-retours": le héros ne cesse de se déplacer entre 2 ou 3 points, toujours les mêmes, un peu comme dans l'Éducation sentimentale. Edevart passe son temps à quitter son village pour Doppen ou le comptoir de Knoff, puis il revient et repart. A la longue, je perdais un peu mes repères temporels.



J'ai trouvé le style original, comme un conte raconté à la veillée avec des interventions personnelles du conteur.



Parmi les thèmes évoqués, c'est la vie d'un village de la côte nord, perdu et pauvre qui m'a le plus intéressé. Et puis, la mentalité de tous ces gens: Le créancier ne réclame presque jamais son argent, il attend et fait confiance. On ne se touche pas, on ne pleure pas, on ne demande rien.. Tous ces comportements rappellent bien évidemment ceux de l'Europe du 19ème, mais ici, il y a peut-être encore plus de rigidité et paradoxalement, plus de liberté amoureuse voire sexuelle. Il suffit de se rappeler comment les marins sortent facilement avec les filles pendant le bal donné par SKaaro, ou comment Skaaro se comporte avec la femme du Maire, sans que cela provoque de scandale.



En parlant de comportements, celui de presque toutes les femmes est remarquable: Ane-Maria, Lovise Magrete, la gouvernante Ellingsen, Mattea. Menteuses, hypocrites ou calculatrices et utilisant habilement leurs charmes. On ne trouve pas d'hommes (sauf le Juif) aussi retors dans le récit. On a envie de prévenir Edevart, sans cesse..

Mais tu ne vois donc pas qu'elle va t'avoir ?



Le cadre de l'histoire est d'une grande force: la côte nord de la Norvège, sous des cieux couverts, dans le brouillard. Des paysages froids et déserts. Quand je repense à ce livre, l'image qui me revient aussitôt est celle d'Edevart sur sa ferme de Doppen, vivant de rien avec Lovise Magrete, dans une masure de pierre, basse, sombre, que j'imagine peu chauffée et entourée de landes humides et vertes, avec un vent marin glacial et les vagues sur la grève, plus bas.



A partir de la moitié du récit, j'ai commencé à mieux voir le fil conducteur: le vagabondage n'est pas seulement géographique, mais professionnel, sentimental. Et il concerne les 2 garçons, mais également Lovise et le commis du magasin qui n'arrivent plus à se fixer en Norvège.

J'ai trouvé qu'il y avait une morale qui pointait son nez derrière certains événements secondaires: Knoff est trop ambitieux et va râter son projet d'attirer les bateaux sur son quai, parce-qu'il s'est ruiné en voyant trop grand. Ezra, par contre, le jeune homme qui se marie avec une des soeurs d'Edevart, réussira parce-qu'il fait les choses peu à peu..



August m'a agacé dès le début par ses affabulations et l'influence qu'il exerce sur Edevart. Après coup, je me demande si August n'est pas seulement un artifice littéraire plutôt qu'un personnage réel. Ses réactions auto-destructrices, ses suggestions de construction toujours visionnaires, presque prophétiques, son passé en Inde, en Russie, en Amérique, brumeux et invraisemblable. C'est d'ailleurs ce que suggère Joakim, dans les dernières pages du livre: ne serait-ce pas un envoyé ?



Une autre option serait que August et Edevart seraient les 2 faces d'un même personnage de vagabond, donc 2 personnages aussi abstraits l'un que l'autre.. Juste des concepts. Mais je ne creuserai pas dans ce sens.. Trop fatigant.

En fait, le résumé de l'éditeur met l'accent sur August, mais pour moi c'était surtout le livre de l'initiation d'Edevart.



Enfin, le portrait du colporteur Juif est peut-être un peu caricatural et semble prédire l'adhésion de Hamsun au Nazisme mais je lui trouve beaucoup de points communs avec ceux que fait Albert Londres dans "le juif errant est arrivé".
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