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Critiques de Knut Hamsun (232)
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La Faim

Ce livre est un récit de la déchéance d'un homme qui déambule dans la ville de Kristiana (Oslo), habite de misérables taudis et tente tant bien que mal de vendre ses articles trop complexes à un journal. Déchéance d'abord physiologique en raison des conséquences de l'extrême inanition qui frappe le narrateur (ou se l'inflige-t-elle lui-même?) Puis, déchéance morale qui l'amène à une folle excentricité autodestructrice.



Trop orgueilleux, il refuse et lance au visage d'une dame qui l'hebergeait gratuitement un billet de dix couronnes avec lequel il aurait pu manger autre chose que des morceaux de bois et des petits cailloux. Trop impulsif et irrationnel, il ne peut entretenir de relation avec les rares personnes qui lui veulent du bien.



Est-ce que son état pathologique est dû au manque grandissant de nourriture ou est-il antérieur à sa condition d'homme pauvre et affamé? Comme Gide le souligne dans sa préface du livre, le narrateur est fasciné par l'abîme qu'il cultive et《reste sans cesse sur le point de s'y précipiter à coeur perdu.》Hamsun avec une écriture incisive explore les bas-fonds de la conscience humaine et la souffrance de la faim.

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Sous l'étoile d'automne

Norvège , début du XXème siècle .Un homme décide de quitter son univers citadin pour retrouver la paix du cœur dans la proximité de la nature et la liberté du vagabondage. Seul d’abord puis avec un compagnon il va de ferme en ferme , offrant sa force de travail en échange du gîte et du couvert. Mais les « intermittences du cœur » , les silhouettes féminines qu’il croise transforment son voyage en quête de l’amour parfait . Ce texte m’a rappelé « Les grands chemins » de Giono par l’omniprésence de la nature , le texte est cependant plus doux , plus idéaliste .
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La Faim

Après avoir terminé ce livre, j’ai un doute sur le contenu de ce récit. Est-ce la faim, conséquence d’une pauvreté absolue, qui fait qu’un homme finit par perdre la raison ? Ou bien est-ce le récit d’un homme déjà fou mais dont les délires sont exacerbés par la faim et par la solitude?

J’opterai pour cette seconde option. Le narrateur, dont nous ne connaîtrons jamais exactement le nom, vit de petits articles vendus à des journaux. Hélas, il n’arrive pas à vivre de son art et se retrouve régulièrement sans le moindre sou en poche. Rien pour acheter ne serait-ce qu’un quignon de pain pour se nourrir !

Pendant des jours, il va errer dans la ville, taraudé par une faim atroce. De temps en temps sa situation financière s’améliore mais la plupart du temps, il tire le diable par la queue et se retrouve le ventre vide, le corps affaibli par la faim et engourdi par le froid, l’esprit perdu en proie au délire et aux hallucinations. Il harangue certains passants, suit avec indécence des jeunes femmes dans la rue et se comporte d’une manière énigmatique. L’auteur restitue avec brio ce personnage solitaire assez atypique, complexe et susceptible.

Le style d’écriture est riche, détaillé mais avec un ton assez froid. Certaines scènes se répètent mais l’auteur a quand même réussi à titiller ma curiosité pour que je termine cette histoire. Va-t-il survivre à cette situation? Ou bien sombrera-t-il définitivement dans la folie ?

Je vous laisse le soin de découvrir mais pour ma part, cette histoire m’a laissé un arrière-goût amer dans la bouche, notamment la fin que j’ai trouvé inachevée et décevante. Ce livre ne m’a pas plu en dépit de ces qualités littéraires. Dommage !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Mystères

Un livre qui surprend par son personnage étrange et fascinant qui apporte avec lui un épais voile de mystères et d'intrigues dans le village norvégien où il débarque un jour.

Une personnalité multiple qui endosse tour à tour des rôles variés et manipule à sa guise les habitants intrigués. On ne sait jamais à quoi s'attendre dans ses discours où il est capable de se dévaloriser pour séduire, passer pour nuisible tout en distribuant de l'argent aux nécessiteux. Un caméléon, un magicien du verbe, ou plus simplement un fou? Très original!

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La Faim

L'errance tragique d'un personnage curieux, pauvre et affamé dans les rues de Christiania. Inspiré par sa propre expérience avant qu'il ne rencontre le succès, Knut Hamsun livre une histoire aux multiples registres. Considéré comme le premier "roman moderne" par son écriture, ce roman ne laisse pas intact. Modèle de toute une génération de romanciers, un classique à lire et à voir (L'adaptation d'Henning Carlsen est particulièrement réussie, très fidèle au livre et la performance de Per Oscarsson bluffante... prix d'interprétation à Cannes en 1966).
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La Faim

Knut Hamsun dans La Faim, en s'inspirant de sa propre histoire, raconte le quotidien d'un écrivain errant dans les rues, tenaillé par la faim, allant de galère en galère et subissant la folie, la colère et les hallucinations liées à son état.

Par ses galères, ses aspirations à l'écriture, sa confiance en son talent, et parfois ses doutes, le personnage de La Faim peut rappeler le personnage d'écrivain de John Fante, dans quelques un de ces livres. (certes plus contemporains).
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Pan

J'ai été moyennement convaincue par ce roman. Le Narrateur écrit "pour s'amuser", des événements qui ont eu lieu deux ans plus tôt. L'expression revient au moins trois fois, mais on comprend rapidement que ce passé n'est pas très gai à plusieurs signes : les conditions de vie difficiles d'un point de vue matériel, la mort du chien présenté comme son premier interlocuteur et même seul ami. Cependant, ce pacte de lecture est en partie rompu, puisque les derniers chapitres sont racontés par un autre narrateur, qui nous explique la fin du premier, les raisons de sa mort. Le décor change complétement, du Grand nord norvégien on se retrouve dans les Indes britanniques, ce que j'ai trouvé à la fois inutile - je préférai la première fin du roman, lorsque le Narrateur a perdu par sa faute tout ce qu'il aimait et tout ce qui comptait - les deux femmes de sa vie, son chien, son honneur... Cette dernière partie est comme une reprise de la première, avec un aspect redondant.

Si mon impression est si mitigée, c'est que je n'ai pas apprécié le personnage principal. On sait peu de choses sur lui finalement, car lui-même s'analyse peu. Ainsi, certaines de ses réactions peuvent sembler incongrues, illogiques, à tel point qu'il ne les comprend pas lui-même, car il n'a pas réfléchi à ses propres sentiments. Souffrant en amour à cause d'Evardna, il réplique ce schéma d'une relation que l'on pourrait qualifier aujourd'hui de relation perverse narcissique envers Eva, qui, en d'autres termes, ne semble être là que pour satisfaire ses désirs physiques. Ces deux relations m'ont mis mal à l'aise, d'autant plus avec ce qui peut être qualifié de viol sur une fille jeune, pauvre, inexpérimentée, alors que lui est un homme adulte, un lieutenant, un bourgeois.

Là où le personnage est plus intéressant et qu'il suscite vraiment l'empathie, c'est dans sa description de la nature. C'est ce qui fait la force et la beauté du texte, cette évocation poétique du paysage, avec son évolution selon le passage des saisons.
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La Faim

Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=eK6TsWp9SI0



De quoi parle La faim ?



On y suit le narrateur dans la ville de Christiana, qu’on pourrait qualifier de pigiste, puisqu’il est payé à l’article, en proie à sa faim, tout simplement. Il déambule dans la ville à la recherche de moyen d’oublier les grondements de son estomac, ou de les calmer comme en mâchant des copeaux. Et ce livre à la trame assez simple va brasser beaucoup de thématiques, autant à la surface qu’en profondeur. Thématique qu’on voir ensemble dès à présent.



La crise de l’individu, et peut-être aussi la crise du masculin.



C’est un livre sur la solitude, le rejet social. Notre narrateur n’a pas de nom, pas de famille, il n’est personne, il fait partie de ceux qui ne sont rien, comme dirait une grande lumière. Il a beau écrire, et écrire beaucoup visiblement, ça ne lui permet pas de manger à sa faim, et sa faim, comme une entité qui sort de lui, va finir par le contrôler, un peu comme une version réaliste du Horla de Maupassant.



Le nom de la ville, Christiana, ne me semble pas choisi par hasard, je pense que ça fait écho à la religion, et plus précisément à la charité chrétienne, charité qui n’apparait presque jamais dans le livre, et quand elle apparait, en général, le narrateur la refuse par orgueil. C’est une ville dans laquelle chacun essaie de survivre, de gérer sa propre faim, finalement, ce qui fait qu’ils ne sont pas dans l’entraide, ou la solidarité, mais dans le contraire de la charité, dans l’avarice, que les péchés ressortent pour déformer les visages, vicier les relations entre les gens.



Notre narrateur, on voit qu’il ne correspond pas à la forme classique du masculin de l’époque, qu’il sort des cases. Car cet idéal, c’est lui de fonder une famille, et d’y subvenir. Or lui n’arrive pas à se subvenir à lui-même. On se demande d’ailleurs à plusieurs reprises où est sa famille, ses parents, pourquoi personne ne peut l’aider. Cette solitude, cet isolement, vont finir par le rendre amer, on le voit dans sa vision des femmes, la colère qui exsude quand il ne peut pas payer une prostituée et que le fait que les autres le peuvent l’indignent :



« Je crachais au loin sur le trottoir sans me soucier si cela pouvait atteindre quelqu’un, j’étais furieux, plein de mépris pour ces gens qui se frottaient l’un contre l’autre et s’appariaient en plein sous mes yeux. Je levais la tête et goûtais à part moi la bénédiction de pouvoir conserver pur mon propre sentier ».





Dans ce sens, ce livre m’a fait penser à Taxi driver, dans cette relation étrange aux femmes, comment la misère sexuelle rend aigri, et même un poil puritain, mais aussi le traitement de la ville, la déambulation d’un marginal qui ne voit sa ville que sous le prisme du péché, peut-être pas un péché à purger comme dans le film mais au moins à quitter.



Pourtant, le fait de ne pas correspondre à l’homme de l’époque lui confère aussi une certaine sensibilité, une certaine empathie pour les plus faibles, comme si ces faibles lui renvoyaient son image, une image à protéger. Le vieillard que tout le monde traite comme un meuble, l’enfant qui se fait cracher dessus, c’est à chaque fois quelqu’un qui n’est pas encore dans l’âge d’homme, et quelqu’un qu’on bafoue dans sa dignité. C’est donc, on peut légitimement le penser, lui-même qu’il a envie de sauver, lui-même en tant qu’homme.



La folie de la faim



Notre narrateur a la folie des grandeurs, quand il se met à écrire, il n’écrit pas à moitié, (j’écris comme un possédé ») de plus en plus furieusement, dans un élan presque maniaque. Le problème, c’est que c’est de moins en moins lisible en tant qu’article de journal, raison pour laquelle il décide d’écrire un roman vers le milieu du livre. Mais ces désirs sont fugaces, décousus, comme la satieté. Et la raison s’étiole de plus en plus. Parfois, la faim le rend paranoïaque « Et la pensée m’effleura d’un traité secret d’une conspiration » Parfois, elle le rend blasphémateur.



Parallèlement, y a aussi une mélancolie morbide, une dépression presque au stade terminal dans ce texte, on constate par exemple que le narrateur trouve calme et quiétude que dans les cimetières,



« J’arrivai ainsi au cimetière du Christ. Je m’assis, les coudes sur les genoux et la tête dans les mains. Dans cette position ramassée je me trouvais bien et je ne sentais plus ce grignotement dans ma poitrine ».



La matinée, il se retire du monde, de la ville, du brouhaha, du peuple, de la pitié de la ville, comme un vampire, un vampire épuisé, qui ne sort qu’au crépuscule, l’action se déroulant surtout en fin de journée. Le crépuscule, c’est l’heure du fantasme, de la perte de contrôle. De l’hybris, il refuse la pitié, jette des billets au visage de ses ennemis, autophagique aussi, on pense à la scène où il se mord la main jusqu’au sang. La folie alimente la faim, qui alimente la folie dans un cercle vicieux qui n’en finit pas.



Renoncement de l’écriture

La faim, c’est peut-être aussi l’appétit d’écrire quelque chose de grand. Dès le départ, c’est une des préoccupations du narrateur. Il ne voit pas son travail comme un simple gagne-pain qu’on peut bâcler, non, dès le départ, on sent qu’il a le souci de bien écrire, de faire de la littérature. Cette conscience-là m’a fait penser au dernier Céline, celle de savoir qu’on fait de l’art avec la boue. D’ailleurs ceux qui aiment l’un devraient lire l’autre, je crois que c’est Knausgaard qui les compare, pas dans le style car je trouve à Hamsun un côté encore dix-neuvième, mais dans le bouillonnement, la dégueulade de colère brute ; quand il profère des banalités par exemple :



« — Hem ! Oui, répondis-je, on dirait que c’est l’hiver qui vient. Ça en a tout l’air. » Et un peu après j’ajoute : « Bah ! ce n’est pas trop tôt. Mais ça en a vraiment tout l’air. Du reste, ce n’est pas trop tôt non plus. »



Il s’autocommentera :



« Je m’entendis proférer ces insanités, mais je percevais chaque mot que je disait comme s’il venait d’une autre personne »



Ça m’a fait penser au « rarement vu quelque chose d’aussi dégueulasse que mes parents » que Céline écrit quand ils parlent de la pluie et du beau temps.



Bref, parenthèse pour dire qu’il sait qu’il écrit, qu’il écrit bien, qu’il écrit comme un possédé, comme on a vu plus tôt, et la littérature, qu’est-ce que c’est si ce n’est une possession. Et pourtant, cet appétit d’écrire est contrarié, par les contraintes matérielles, mais aussi par l’état psychique qui suit le dépérissement de son corps. Si bien que la faim le pousse à s’exiler sur un bateau, en tant que marin, à renoncer à ce qu’il est, un écrivain.



Donc voilà, vous l’aurez compris, un livre qui m’a beaucoup plu et que je vous recommande.








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La Faim

Avez-vous connu la faim ? C'est extraordinaire de faire connaitre ce manque de façon physique avec des mots. Faites l'expérience après la lecture de cette œuvre majeure, vint-quatre ou quarante huit heures de jeûne. C'est juste ça. Bien sur, il est facile pour nous de mettre fin à l'expérience et on ne parviendra pas à la perte des envies, au renoncement total. Mais ce livre vous fera toucher du corps ce que vivent des millions de personnes au quotidien.
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La Faim

Un livre étrange à bien des égards et qui ouvre la réflexion sur la condition humaine et à ce qui nous tient sur terre.



Pendant 300 pages on suit ce héros qui se bat contre la faim de nourriture au sens propre. Il n’est pas si rare de trouver des passages de roman où le héros se retrouve dans une telle détresse de nourriture mais dans « La Faim » c’est le fil rouge ; il ne doit pas y avoir une seule page où on n’en parle pas. Et pourtant ce n’est pas ce qui préoccupe le plus notre héros. Lui, c’est écrire qu’il veut par-dessus tout (c’est d’ailleurs son moyen de subsistance) et puis il y a cette dignité, cette générosité, ce côté grand seigneur qu’il souhaite conserver et montrer à ses contemporains alors qu’il n’en a pas les moyens. A peine a-t-il gagné quelques couronnes qu’il s’empresse de les distribuer à plus malheureux que lui (pense-t-il seulement) ; il provoque ainsi sa propre misère et son désespoir.



Roman psychologique par excellence (et apparemment semi-autobiographique) on a donc ici un homme naviguant dans les méandres de sa pauvre condition humaine, bataillant parfois contre lui-même pour survivre. Ce sont plusieurs facettes d’un même homme que Knut Hamsun raconte. Bataillant pour rester l’homme honnête, brave, vaillant, fier qu’il souhaite être malgré se détresse et sa misère, parfois lucide, séduisant (à deux doigts de conclure), inspiré (notre héros est capable d’écrire des articles de presse à 10 couronnes - apparemment c’était top en 1890 en Norvège), le héros a parfois des moments d’égarements, de folie, où il perd tout ce qu’il a gagné de vitalité, de subside pour vivre et pourquoi, on ne comprend pas réellement ; n’est-ce pas la définition même de la folie.



Cette multiplicité, finalement propre à la condition humaine, c’est ce qui nous fait parfois plaindre cet homme (à en avoir des larmes et du sang plein les doigts, plein le cœur, écrit André Gide dans la préface – il annonçait la couleur). Et c’est aussi ce qui nous fait parfois rejeter cette façon inconséquente de « gérer » sa vie. Le dénouement n’est pas aussi tragique qu’on pourrait s’y attendre, on soupire de soulagement. Finalement… n’avez-nous pas tous nos moments de faiblesse ?
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La Faim

" La faim" de Knut Hamsun ( 258p)

Ed. Le livre de Poche



Bonjour les fous de lectures....



Voici un roman autobiographique lu dans le cadre du défi " je noirci mon planisphère"



Knut Hamsun est un auteur norvégien qui a reçu le prix Nobel en 1920 et qui est un des auteurs nordiques le plus lu au monde.



Le narrateur, homme de lettre ayant connu des jours meilleurs, raconte son errance dans les rues de Christiana (actuelle Oslo).

Son but journalier: trouver quelques pièces qui lui permettront d'acheter un peu de nourriture et de survivre un jour de plus.

Peu de ses articles sont acceptés par les journaux locaux.

Il se voit mis à la porte de la pension misérable qu'il occupe.

Commence une descente aux enfers où la vie est de plus en plus précaire.

La faim de plus en plus présente affaiblit ses pensées. Il délire de plus en plus.

Lors de ses multiples errances, tour à tour, il se souvient, il sombre, il espère. Il passe de la joie au désespoir, de la colère à l'abattement.

Sous une coque de respectabilité, la déchéance mentale et physique guettent.

L'autodestruction est en place.



Portrait d'un homme au bout du rouleau dans la solitude des grandes villes où on ne trouve personne vers qui se tourner pour trouver un peu de réconfort et d'espoir.

Cette situation, l'auteur la bien connue avant d'en être délivrée par l'arrivée du succès.



Bien que répétitif, ce récit n'est pas pour autant lassant et n'a rien perdu de son actualité dans la jungle de nos mégapoles.



Histoire digne de celles de Kafka, je la recommande vivement.

Vous ne verrez plus jamais votre assiette de la même façon.
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Mystères

C'est Le Livre qui m'a fait découvrir le plaisir de la lecture, j'ai eu un coup de foudre pour cette histoire. Je l'ai acheté plusieurs fois, chaque fois que je le prête on oublie de me le rendre alors je le rachète ...
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Rosa

Publiés en 1908, « Benoni » et « Rosa » composent un diptyque qui marque l’entrée de Knut Hamsun dans la sphère socio-politique.



Nous retrouvons, dans cette suite de « Benoni », l'étrange et pittoresque Benoni Hartvigsen, alias B. Hartwich, toujours et plus encore, habité par cette exécration de l'argent, né de la prétendue civilisation urbaine et qui tue lentement les ancestrales valeurs humaines de la culture rurale. Nous retrouvons également l’ineffable Mack, toujours aussi libidineux… et Rosa ...

Et pour couronner le tout, voilà qu’interviennent, l'étudiant Parelius, le rédacteur du roman et la « baronne », en fait, la fille de Mack, fantasque et volontiers machiavélique dans la gestion des débordements de son cœur volcanique. Elle vit dans la hantise du souvenir d’un certain lieutenant Glahn, l'ami de Parelius, Munken Vendt ne manque pas de lui rappeler.



« Benoni » et « Rosa », deux ouvrages à la puissance douce amère sur la « cruauté » de l’amour et sur l’insoutenable lourdeur du temps qui passe ; sur fond de face à face entre valeurs rurales ancestrales et puissance urbaine tout droit issue de la puissance que confère l’argent.

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Victoria

Dans le cadre de Masse critique, j’ai reçu ce petit roman de Knut Hamsun que les Editions Gaïa viennent de rééditer. D’autres romans du grand écrivain norvégien doivent bientôt paraître aux mêmes éditions. C’est toujours avec un grand plaisir que je lis cet auteur que j’avais découvert grâce à un autre écrivain, Henry Miller, qui l’admirait.



L’œuvre de Knut Hamsun tourne sans cesse autour de cette dualité : la société des hommes est corruptrice et cruelle aux âmes pures, la nature est le refuge de ces mêmes âmes, consolatrice et sans faux-semblant. La nature est présente dans « Victoria », comme élément de décor, et n’a pas cette place centrale qu’elle occupe dans d’autres romans, comme « Pan » par exemple. Hamsun axe son histoire sur cet autre thème récurrent dans son œuvre : l’amour, ce fruit de la nature souvent contrarié par la volonté des hommes.



“Quelqu’un demande ce qu’est l’amour. On répond : « L’amour, c’est un vent qui murmure dans les rosiers avant de tomber. Mais il peut être aussi un sceau inviolable jusqu’à la mort. Dieu a créé plusieurs types d’amour, ceux qui durent et ceux qui s’évanouissent. » ”. Johannes aime Victoria. Ils se connaissent depuis l’enfance. Il est fils de meunier, elle est fille d’un châtelain désargenté. Johannes part vivre en ville, où il publie des poèmes qui lui apportent une petite célébrité grâce à laquelle il espère gagner le cœur de Victoria. Un jour, il rencontre Victoria de passage pour quelques jours en ville. Il apprend alorsque la jeune fille est fiancée à Otto, riche jeune homme, mais que c’est lui, Johannes, qu’elle aime. Elle le pousse cependant dans les bras de Camilla, une jeune fille de bonne famille qu’il a sauvée de la noyade quelques années auparavant, et amoureuse de son sauveur.



On est plus proche avec Hamsun de la tragédie antique que de la bluette sentimentale. Le chassé-croisé amoureux mènera tout droit au drame. Victoria confesse son amour à Johannes mais, poussée par son devoir envers sa famille, le repousse. D’espoir en rebuffades, Johannes navigue constamment entre exaltation, révolte et résignation. Camilla incarne quant à elle le côté solaire de l’amour, jeune fille portée par ses envies, innocente et insouciante, légère et versatile. L’amour chez Knut Hamsun est loin d’être un chemin pavé de roses.



Ce qui frappe chez Hamsun est ce style d’une grande pureté, presque élégiaque, tout en retenue comme le sont les personnages alors que s’agitent en eux des sentiments violents et exacerbés. Derrière les attitudes froides et compassées dictées par une société puritaine et socialement figée se dissimulent souvent des désirs contrariés. Les personnages d’Hamsun sont fragiles, au bord de la rupture, désabusés, d’une sensibilité maladive et, pour ne rien arranger, ravagés par l’orgueil. Cette faille existentielle les conduit inexorablement à la révolte, plutôt sous la forme du repli sur soi que de la confrontation avec autrui. Une grande tension sourd entre les lignes, mais également beaucoup d’émotion, à l’image des dernières pages bouleversantes de « Victoria ».



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L'homme secret : Une histoire d'amour du No..

Ce très court roman est considéré comme le premier récit publié de son auteur, en 1877. Sa traduction en français date de 2005. Une préface met en garde le lecteur pour bien lui rappeler de ne prendre ce texte que pour ce qu'il est : une brève œuvre de jeunesse que même son auteur semble avoir reniée puisqu'il ne la mentionne jamais.

Le roman est court, c'est presque une longue nouvelle et le sujet en est limpide : l'amour de deux jeunes gens qui n'appartiennent pas à la même classe sociale. Rolf est le fils d'un métayer, quand Ronnaug est la fille du propriétaire des terres. Les joues qui rougissent et les mains qui tremblent ne desservent pourtant jamais le propos, et le décor de l'arrière-plan, presque merveilleux étoffe le relief de ce petit texte. Difficile de dire qu'on lit l'émergence d'un prix Nobel, mais la plume trace déjà des éléments qui attendent leur heure.
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La Faim

Avez-vous déjà eu faim?

Sans doute. Un petit creux à l’heure du diner. L’estomac qui gargouille sur les coups de onze heures d’un interminable matin. Une légère hypoglycémie lors d’une balade trop longue.

Mais la faim, la vraie. Celle qui affecte au-delà du physiologique. Une faim qui vous donne le vertige, la nausée. La faim à ne plus pouvoir ingurgiter le moindre aliment au risque de le rejeter aussitôt. La faim qui s’empare de votre personnalité même. La faim qui rend fou.

Le héros (je me rends compte en l’écrivant qu’on ne sait jamais son nom puisque la seule fois où il apparait, c’est un faux nom qu’il se donne) traverse une mauvaise passe. Nous sommes à Christiana (devenue Oslo) à la fin du XIXème mais nous pourrions être n’importe où, n’importe quand.

Qu’il est difficile d’écrire quand on erre de rues en ruelles. Car notre personnage est journaliste, vivant de quelques piges. Survivant plus exactement.

Il attend l’inspiration qui pourra lui permettre de finir une pièce, un feuilleton, un essai. Le tout serait bouclé en moins d’une demi-heure. Mais pour cela, il faudrait qu’il soit un rien tranquille. Seulement il y a toujours un policier qui rôde. On pense aux films muets de Chaplin. Sauf qu’ici on n’a pas envie de rire. Il y a encore la menace de devoir quitter un meublé, une chambre parce que le terme n’est pas payé depuis trois semaines. Continuellement à la recherche d’une bougie pour pouvoir rédiger encore quelques lignes. Et puis toujours cette faim qui l’affecte psychologiquement.

Ses effets sont si proches d’une drogue. Une drogue dure qui se serait emparée de votre conscience. Délires, hallucinations, égarements, troubles de toutes sortes, une misanthropie bien vite effacée par un relativisme dont il est lui-même la victime. Pourtant il ne se plaint jamais, ne revendique rien et n’a pas d’autre combat que celui qu’il mène contre lui-même. Ses rapports avec les autres est entaché d’une fierté oppressante qui lui interdit d’accepter la plus petite aumône, la moindre aide. C’est justement le contraire. Dès qu’il obtient quelque monnaie pour ses travaux ou par erreur d’un commerçant lui rendant le change sur un billet qu’il n’a pas présenté, c’est pour la donner, s’en débarrasser à la façon de son estomac qui ne peut tenir quelque nourriture (« essayez le lait chaud » lui recommande-t-on). Ce n’est pas du gaspillage, juste une propension à ne pouvoir conserver quoique que ce soit lorsque toutes ses possessions (jusqu’à son gilet et ses boutons) finissent chez « ma tante », le prêteur sur gage. Il ira jusqu’à tentation de se manger lui-même. Quand je vous disais que la faim rend fou.

On ne rend bien compte dès le début que tout cela va mal finir. Hamsun tient son personnage sur 270 pages parce que le destin lui permet à chaque moment crucial de pouvoir rebondir. Une semaine ou deux. Et puis l’engrenage reprend.

Il croise une jeune fille. On se prend à espérer. Mais, non. Ce n’est pas possible. Cela ne doit pas bien finir. Il est d’ailleurs intéressant de constater qu’elle avait davantage pitié de lui quand elle le prenait pour un ivrogne. La misère, la faim font peur. Elle s’éloignera de lui. Non, décidément, il n’y a pas d’issue. Cependant, là encore, Hamsun va nous surprendre.

Renseignements pris, ce fut le premier roman de cet écrivain Norvégien qui a vécu ce que son personnage vit. On ne peut raisonnablement transcrire avec tant de lucidité que ce qu’on a soi même vécu.

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La Faim

Je me suis lancée dans la lecture de La Faim, du Norvégien Knut Hamsun, sans la moindre connaissance préalable. Moi qui pensais me plonger dans un livre traitant de la pauvreté et des inégalités sociales de la Norvège à la fin du XIXè, je me suis vue projetée aux confins de la folie. Oscillant savamment entre humour grinçant et tragédie existentielle, Knut Hamsun livre un récit inclassable devenu culte pour bon nombre d’écrivains. D’André Gide à Bukowski, de Mirbeau à Paul Auster, nombreux sont ceux qui revendiquent l’influence du Prix Nobel de Littérature, de sa plume pétillante et de ses personnages torturés.



Hamsun n’a pas encore trente ans lorsqu’il publie la Faim, un récit semi-autobiographique qui retrace les vagabondages d’un écrivain en mal de publications à travers les rues de Christiania (qui deviendra Oslo en 1925). Affamé, décharné, rongé par une folie latente, le narrateur erre de bancs publics en taudis précaires ; habité d’un amour-propre démesuré, il harangue les âmes charitables qui voudraient lui tendre la main, comme pour s’enfoncer encore un peu plus dans la misère. A mesure que la faim lui retourne le ventre et qu’il met en gage le peu de biens qu’il lui reste, le protagoniste de Knut Hamsun sombre dans une orgueilleuse folie, qui l’entraîne peu à peu aux confins de l’entendement.



Si les affres de la faim sont décrites avec une minutie qui relève d’un naturalisme acerbe, elles deviennent sous la plume de Knut Hamsun un prisme à travers lequel l’écrivain explore la complexité intrinsèque de la condition humaine. Le sujet principal de ce roman n’est en effet pas tant la décrépitude que la folie, la folie silencieuse et consciente qui se terre en chaque homme et qui ne demande qu’à éclore. Pendant que son anti-héros se perd à délirer dans les bas-fonds de Christiania, aveuglé par une faim tenace, Hamsun dissèque les contradictions qui fondent l’absurdité de notre humanité. De coups de grâce en accès de colère inexpliqués, son personnage traverse le spectre des passions virulentes qui nous guettent tous, tapies dans l’ombre.



De par son rythme effréné, qui ne laisse que peu de répit au lecteur, La Faim s’apparente à un flux de conscience intense et mouvementé, à un monologue intérieur théâtral, au sens premier du terme. Croustillant, fin et intelligent, ce roman qui met en scène les éclats d’un protagoniste mythomane n’ayant plus que son amour-propre à chérir est bien plus qu’une succession de pérégrinations hallucinées et de déambulations nocturnes. C’est le récit absurde et tragique d’un homme tantôt touchant, tantôt détestable. Livré à lui-même, rageusement fier et dramatiquement misérable, il est surtout fondamentalement humain.


Lien : https://lesopuscules.fr/avis..
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Rêveurs

Les lecteurs inconditionnels de Knut Hamsun ne trouveront rien à redire à ce roman. Taillé dans la même veine que Benoni et que Rosa, ils reconnaitront avec la même joie et impatience les personnages si chers au cœur de l’auteur.

Ici il s’agit de Ove Rolandsen, télégraphiste de son état, porté sur les femmes, la boisson et l’invention. Bien décidé à breveter et à produire sa recette de colle, il doit surmonter deux obstacles pour réaliser son entreprise : le manque d’argent et l’influence de Mack. Ce dernier, victime d’un cambriolage, offre une compensation à celui qui voudra bien se dénoncer. Je vous laisse deviner ce qui va s’ensuivre.

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé ce personnage récurrent qu’est le marchand Mack, toujours fidèle à sa réputation d’homme respectable en apparence, vieux requin malin et roublard en privé. Ici il est en opposition avec Ove, d’apparence peu recommandable, en proie à une forte lutte intérieure. La raison l’emporte, comme souvent dans les romans de Hamsun.

Les femmes tiennent évidement une place de premier choix, elles sont au centre des pensées, elles insufflent l’élan qui pousse à l’action : on rencontre Mademoiselle Van Loos (la fiancée), Elise (la fille de Mack), la femme du pasteur…

C’est un petit roman que je recommande, agréable à lire, qui ne sort pas des sentiers battus de Hamsun, mais c’est aussi à cause de cela que j’ai aimé !
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Rosa

Nous retrouvons dans Rosa, les personnages principaux de Benoni, par la plume de l'étudiant Parelius, auxquels s'ajoute la Baronne, fille de Mack.

Le tableau se dresse à nouveau sur la petite ville rurale du nord au prise avec son évolution vers la civilisation urbaine.

L'amour reste malgré tout le fil conducteur de chaque vie, il est le moteur de ces romans où il gouverne la société du plus pauvre au plus riche.

L'argent, quant à lui, détient le pouvoir de hisser à hauteur des plus puissants et d'obtenir cet amour convoité, qu'il soit physique ou sentimental.

Un fond de cynisme et de rudesse, un soupçon de sauvagerie et de bienveillance, sont les ingrédients naturels de ce classique norvégien.
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Victoria

Parfois, lorsque je me rends à la bibliothèque, il m'arrive de choisir des livres au hasard sur les rayonnages, l'occasion ainsi de faire de nouvelles découvertes. C'est donc comme cela que j'ai choisi Victoria de Knut Hamsun, un auteur norvégien que je ne connaissais pas, qui fut d'ailleurs prix Nobel de littérature en 1920.

Avec Victoria, on découvre la Norvège au XIXe siècle avec une histoire d'amour assez classique : Johannes, le fils du meunier aime Victoria, la fille du châtelain qui l'aime également. Cependant difficile de faire fi des conventions sociales de l'époque, pour le plus grand malheur de nos deux personnages.

On est transporté par l'écriture de Knut Hamsun, par ses descriptions du sentiment amoureux mais aussi de la nature, très présente dans ce roman.

Une agréable découverte donc, que je ne regrette pas d'avoir pioché !
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