AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Olivia Orlandi (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070556090
134 pages
Gallimard Jeunesse (15/09/2003)
3.85/5   10 notes
Résumé :

Un citadin nostalgique de la campagne fait installer un tracteur rutilant au beau milieu de son salon. Sa femme est horrifiée, mais des amis venus leur rendre visite trouvent l'idée du dernier chic ! Un thème toujours actuel, un sens du dialogue et du pastiche particulièrement savoureux

Que lire après Le MinotaureVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Déjà en 1967 l'art contemporain était un sujet d'amusement et de moqueries, car tel est le prétexte de cette farce de Marcel Aymé écrite cette année-là. Il est à parier que ce sujet n'a pas fini de fournir de bonnes occasions de rigolades tant les égos et les ridicules sont exacerbés dans le milieu artistique : de quelque domaine qu'il s'agisse. Il est à parier que dès le paléolithique le contemporain artistique faisait déjà les gorges chaudes des quelques drôles réunis autour du feu dans les cavernes recouvertes de peintures rupestres. Néanmoins il ne faudrait pas réduire cette farce à n'être qu'une charge contre les courants artistiques de la fin des années 60, car Marcel Aymé a écrit un joli divertissement en un acte dans lequel le burlesque le dispute à l'échevelé.

Un paisible bourgeois avec femme, bel appartement parisien et domestiques se prend de nostalgie pour sa jeunesse paysanne. Un jour saisi d'une impulsion irrépressible il s'achète un tracteur. Attention pas n'importe lequel : un beau, un puissant, un robuste tracteur. Un Minotaure ! À peine est-il installé au milieu du salon familial, que voilà notre homme juché sur l'engin interpellant son entourage avec un accent campagnard, si longtemps refoulé. À force de persuasion il parvient à ce que le mécano et la jeune femme de ménage se prêtent au jeu d'une saynète champêtre improvisée. Seulement tout ceci n'est pas du tout du goût de l'épouse qui exige que la machine agricole retrouve sa place naturelle au milieu des champs. Toutefois le coup de théâtre avec renversement va être donné par un couple d'amis (en fait il s'agit d'une mère et de son fils) excessivement snob qui découvrant le tracteur est saisi par la beauté intrinsèque de cette installation inédite. Lorsque ces deux-là apprennent le nom de l'engin, c'est le délire. Dès lors c'est au tour du mythe grec d'imposer le ton, dans le style de la parodie de tragédie antique. Tout le monde, sous les directives du fils, trouve sa place dans le poème dramatico-lyrique. Les protagonistes semblent complètement possédés ; ils profèrent de manière impromptue des répliques inspirées dont certaines sont en vers. En outre la distribution ne respecte absolument pas le sexe des personnages, ainsi les femmes tiennent des rôles d'homme, inversement et réciproquement, accentuant par-là encore un peu plus la joyeuse cacophonie. le recours à la mythologie et le mélange des genres (sexuels) est aussi une occasion de se moquer de la psychanalyse. Enfin, comme dans toutes bonnes farces dignes de ce nom des allusions gaillardes sont lâchées, en l'occurrence il s'agit de zoophilie bovine.

Ce Minotaure est une joyeuse fantaisie dans laquelle les identités des divers personnages s'enchâssent les unes dans les autres. D'une certaine manière c'est un drame en poupée russe. Nous pensions avoir un bourgeois en fait c'est un paysan qui s'avère être le roi Minos. C'est une petite pièce tout à fait jouable si ce n'est qu'il faut régler le problème technique de la présence d'un tracteur sur scène. Pour le reste le Minotaure, sans doute grâce au recours aux fondamentaux mythologiques, mérite d'être lu, joué et vu.
Commenter  J’apprécie          70
"Le Minotaure" est une étude de moeurs drôle jusqu'au cocasse. Dans cette pièce en un acte, on retrouve les caractéristiques du "style" Marcel Aymé : humour caustique, regard acéré mais enjoué sur les travers de l'humanité, intrusion d'un élément/événement perturbateur - souvent fantastique - dans le quotidien.
Ici, l'auteur du "Passe-Muraille" et de "La Jument verte" écrit pour la scène. Ce n'est pas la première fois, son "Clérambart" est désormais un classique du théâtre. Dans "Le Minotaure", le fantastique est subtil, dilué. Marcel Aymé joue sur les illusions et les faux-semblants. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'auteur insiste, dans sa didascalie de départ, sur le besoin d'une toile de fond pour créer le décor : un salon parisien bourgeois.
Au centre de ce salon, le Minotaure, ou plutôt un tracteur de la marque Minotaure, qui a pris la place de la console Empire de Madame Forestier... Gérard Forestier a eu un coup de coeur pour cette machine qui lui rappelle ses origines paysannes, trop longtemps réprimées à son goût afin de répondre aux ambitions d'ascension sociale et de standing de sa femme. La dispute éclate entre les époux. Une dispute dans laquelle des éclats de vérité fracturent le vernis d'un couple mal-assorti... Et le dramaturge joue avec nous en faisant jouer ses personnages : voilà que Gérard Forestier se pique de jouer au paysan avec le livreur du tracteur ; ils entraînent la bonne dans leur délire... Comme si, par un glissement du monde, ils avaient été envoûtés par ce tracteur qui devient alors une sorte de totem aux pouvoirs magiques... Mais Madame Forestier ne se laisse pas prendre à ce jeu de rôle, elle... Mais ça ne tarde pas ! En effet, voilà que Rirette et son fils Michou passent dire bonjour. Là, Marcel Aymé entre dans le fond du sujet et explore le jeu des conventions sociales. A la vue du Minotaure, leur extase ne connaît plus de bornes et Madame Forestier est contrainte de revoir son jugement sur le tracteur par simple besoin de sauver les apparences et de montrer sa modernité et son goût artistique. Ce tracteur au milieu du salon devient à leurs yeux une oeuvre d'art atypique, la plus belle expression de "l'en-soi" !!! Marcel Aymé révèle la vraie nature des relations bourgeoises, on le sent qui se régale à fustiger le snobisme, la prétention des pseudo-amateurs d'art...
La lecture de cette pièce m'a beaucoup amusé !
Commenter  J’apprécie          30
Un auteur que j'aime de plus en plus : tous les genres lui vont bien. Il passe de l'un à l'autre sans aucune difficulté, avec maestria. Il nous offre ici une comédie désopilante, farfelue, où se côtoient trois histoires en une et donc trois lectures différentes de cette pièce : d'un côté, la « réalité » : la dispute de Gérard avec sa femme, Irène, à propos du tracteur qu'elle refuse de voir dans son salon, dans un premier temps puis, lorsqu'il décide de l'enlever et après la visite de Rirette et Michou, ses amis, son combat pour qu'il garde sa place. Un couple mal assorti, qui n'ont pas grand-chose en commun : lui a renoncé à ses rêves par bienveillance et amour envers sa femme et souhaite aujourd'hui se retrouver. Elle est une citadine type, bourgeoise, aimant être à la pointe de la mode et des tendances du moment. Pour lui, le tracteur représente la campagne, le bon air et la simplicité. Pour elle, c'est un objet d'art, une nouvelle tendance qui fera le tour du tout Paris. A côté de ça, Gérard s'est inventé une comédie dans laquelle il est fermier, en compagnie de son ami Mourlon / Philibert et de Marguerite/ Léontine pendant que sa femme joue une tragédie, celle de Pasiphaé (Michou), du Minotaure (le tracteur) et de Minos (Rirette). C'est vraiment très drôle et cet enchevêtrement de pièces dans la pièce lui donne presque un petit côté absurde, qui accentue encore l'effet comique. Une parenthèse bien agréable dans ma lecture en cours, beaucoup moins réjouissante et passionnante ! Un moment de fraicheur et de légèreté bienvenu !
Lien : http://lecturesdalexielle.ov..
Commenter  J’apprécie          80
Gérard est diplomate. Il habite au troisième étage d'un immeuble parisien et rêve de vivre à la campagne. Un jour, il fait installer un tracteur de la marque Minotaure dans son appartement. Aucun rapport, donc, avec la terrible créature de la mythologie grecque ? Pas sûr… Lorsque Irène, l’élégante et bourgeoise épouse de Gérard, découvre un tracteur à la place de sa table Directoire, elle est aussi horrifiée que si elle avait vu un monstre ! Le texte de la pièce (dont la première représentation a été donnée à Paris en 1963) est suivi d’un Petit carnet de mise en scène réalisé par la comédienne Olivia Orlandi : on y trouve une biographie de Marcel Aymé, une présentation de la pièce et des personnages, et des conseils pour la mettre en scène et l’interpréter (choix des décors, des costumes, attribution des rôles, organisation des répétitions…).

L'avis de Lucas, 12 ans : L'histoire est assez bizarre. le carnet de mise en scène, à la fin, c'est bien.

L'avis de la rédaction : Une pièce cocasse, suivie du mode d'emploi pour la mettre en scène et la jouer : j'aime !
Commenter  J’apprécie          30
J'ai découvert Marcel Aymé avec ce texte. C'est une pièce de théâtre étonnamment plutôt sociale sur un mode satyrique. Elle parle avant tout de la fracture entre la ville et la campagne. Assez surprenant pour un texte jeunesse ! Néanmoins, je la trouve ni bonne, ni mauvaise, juste moyenne.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
IREN : Meuh ! Que la reine est belle ! ( Piétinant) Meuh ! Meuh ! Meuh !

MICHOU : Et moi, Pasiphaé, de ton mufle charmant
Je baise la peau nue et rêve à mon amant
Qui mourut emporté par une fièvre aphteuse
Dans un long meuglement de détresse amoureuse.

IREN : Meuh ! Pauvre cher taureau, il ne pouvait plus parler, mais son dernier regard disait Pasiphaé. Meuh !

[ Vers le dernier tiers de la pièce ]
Commenter  J’apprécie          40
Michou :
Cher enfant, tu me vois en mortelles alarmes
Depuis que délaissant et le jambon de Parme
Et le miel de l'Hymette et la soupe à l'oseille
A mon esclave indien tu broutas une oreille.
[...]
A mon esclave indien tu broutas une oreille.
Moi, de ta gourmandise, au lieu de te châtier,
Je t'ai donné l'esclave à manger tout entier.
Ô faiblesse fatale ! Ô funeste trépas !"
Commenter  J’apprécie          20
Gérard : A cause de toi, je me suis orienté vers la carrière diplomatique et enlisé au Quai d'Orsay dans un faux métier, au lieu de suivre ma vocation et de me lancer dans la napoculture. Ah ! tu n'aimais pas la campagne. Tu ne supportais pas la campagne. Et mon tracteur, que tu ne supportes pas non plus, tu vas peut-être me dire qu'il te donne le rhume des foins ?
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Marcel Aymé (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Aymé
Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
+ Lire la suite
Dans la catégorie : Littérature dramatiqueVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Littérature dramatique (842)
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Jeunesse Voir plus


Lecteurs (28) Voir plus



Quiz Voir plus

Marcel Aymé

En quelle année est né Marcel Aymé?

1880
1897
1902
1910

10 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel AyméCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..