AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Michel Tremblay (476)


Mais j’eus le temps d’élaborer le plan suivant (c’est dire combien j’étais concentré pendant la dernière heure de Roméo et Juliette !) avant que le rideau tombe sur l’une des soirées de théâtre les plus souffrantes de toute mon existence : je sortirais pendant les applaudissements en piétinant Violettes Impériales et son mari s’il le fallait (elle continuait à se pâmer, peut-être avec un peu trop d’ostentation désormais, sur ce qu’il y avait de plus vilain sur scène pendant que lui s’était rendormi du sommeil du juste), je me précipiterais dans le hall où j’attendrais mes deux Irlandais qui ne manqueraient pas de passer devant moi, je saurais d’un seul coup d’œil si je pouvais aborder Perrette ou, en tout cas, répondre à la question qu’il m’avait posée à la fin de l’entracte, je… je… je prendrais son numéro de téléphone s’il voulait me revoir (mais sa mère n’était pas sourde, elle était aveugle, elle se rendrait compte de tout ! en tout cas, je m’arrangerais…), je courrais ensuite à l’entrée des artistes où Perruque ne pourrait que tomber foudroyé d’amour en me voyant lui sourire, moi, son premier admirateur, son premier fan. Nous irions prendre un verre quelque part, il m’inviterait chez lui – je ne pouvais tout de même pas l’emmener chez moi pour le présenter à ma mère ! – et, de fil en aiguille, la nature étant primaire et prévisible et nos besoins d’affection, les miens, en tout cas, étant ce qu’ils étaient…
C’était un plain particulièrement ridicule, je le savais, mais je me berçais d’illusions parce que j’avais absolument besoin de croire que deux aventures se présentaient à moi : je n’arrivais pas à choisir entre Perrette et Perruque, alors je louvoyais de l’un à l’autre en pensée, rêvant, comme toujours, à des choses impossibles plutôt que d’essayer d’imaginer un plan réalisable.
J’étais vierge et pourtant déjà polygame.
Commenter  J’apprécie          70
Ma mère disait toujours : "Vieillis! Vieillir, c'est comprendre..."
Je me rends compte aujourd'hui que vieillir c'est comprendre qu'on ne changera rien, même avec les meilleures intentions du monde.
Commenter  J’apprécie          70
ce petit bout d'homme à qui il pouvait parler, qui l'écoutait calmement et qui, ô miracle, lui répondait dans sa propre langue de chat errant.
Commenter  J’apprécie          70
Y'a rien qui est assez important pour remplacer le seul show gratis que le bon Dieu nous a donné. Si t'as des problèmes au coucher du soleil, laisse-les tomber pis va te pâmer devant l'orgie de couleurs que ton créateur se paye tou'es soirs, ça console, ça lave, ça purifie.
Commenter  J’apprécie          70
Quand il était petit, sa mère, Victoire, lui disait : «La nuit, la neige est bleue parce qu’elle aussi elle a frette. »
Commenter  J’apprécie          60
Mais qu'est-ce que j'ai à raconter des anecdotes ? Ma visite à la galerie d'art, les rognons de veau, l'orage ! Ce n'est pas à ça que doit servir un journal personnel, il me semble ! On doit y mettre nos peurs, nos hantises, on doit s'arracher la peau du coeur en confidences, en confessions qu'on ne pourrait faire ailleurs. (p. 55)
Commenter  J’apprécie          60
Je suis passé devant le grand bâtiment de pierre
[ancien hôpital psychiatrique ] comme chaque fois que je dois me rendre au village et je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux gens qui habitent maintenant les lieux où tant de cris de désespoir se sont fait entendre pendant si longtemps. Le savent-ils ? Ou ont-ils choisi de l'ignorer ? (...) L'argent qu'on a dépensé pour transformer un lieu qui avait toujours été tenu dans une honteuse pauvreté parce qu'il abritait des têtes malades dont on voulait cacher l'existence, les efforts qu'on a déployés pour essayer d'effacer toute trace de malheur. Mais est-ce que les traces du malheur ça s'efface ? (p. 45)
Commenter  J’apprécie          60
Mais comment accueillir la solitude comme une récompense? Parce qu'on a connu trop de monde? Intimement? Pendant trop longtemps? Parce qu'on a voulu être la dame aux gardénias? Parce qu'on a réussi? Et qu'on en a assez?
Commenter  J’apprécie          60
L’orgueil, Teena, ça nous tient en vie quand on est jeune, mais ça finit par nous tuer en vieillissant.


(p. 21)
Commenter  J’apprécie          60
- ben rassure-toi, j'me souvenais de toi...T'étais tellement pas là que j'pensais même rien qu'à toi !
Commenter  J’apprécie          60
- Maudite vie! J’peux même pas avoir une p’tite joie, y faut toujours que quelqu’un vienne tout gâter ! Vas-y aux vues Linda, vas-y, sors à soir, fais à ta tête ! Maudit verrat de bâtard que chus donc tannée ! (p.8)
Commenter  J’apprécie          60
Son rire au moment où on s’y attendait le moins parce qu’il venait de trouver une faille chez quelqu’un qu’il n’aimait pas ou de découvrir le moyen de se moquer d’une situation délicate. Sa façon de raconter – il n’était pas menteur mais, en bon conteur, exagérait et embellissait les choses –, son animation quand il était inspiré, sa façon de ponctuer la fin de ses phrases avec un ricanement, savourant encore ce qu’il venait de dire.
Commenter  J’apprécie          60
Il ne fallait surtout pas que je reste seul, la solitude était l’ennemie des solitaires et mon salut se situait au cœur de leur désormais éternelle amitié.
Commenter  J’apprécie          60
Les pitoyables pitreries d’Eddie Murphy, son rire niais qu’il trimballe depuis une longue décennie et qui finit par nous faire croire que l’acteur joue toujours le même personnage – le sien –, son sourire aux dents trop courtes comme s’il se les était fait limer pour dissimuler son évidente rapacité n’arrivèrent pas à détourner mon attention du malheur que je vivais.
Commenter  J’apprécie          60
J’aimais assez Mathieu pour laisser cette situation s’étirer, ou plutôt, ma peur d’une explication définitive, d’une rupture due à autre chose que la perte du sentiment était telle que j’aurais laissé les choses s’éterniser si Mathieu, plus jeune que moi de quinze ans, n’avait pas fini par trouver une autre passion, un autre corps à aimer. C’était prévisible, je l’avais vu venir, j’avais su à l’avance ce que je ressentirais ; je l’avais même à ce point senti que j’avais l’impression de le vivre pour la deuxième fois : même sensation de vide, le cœur qui vient d’éclater, l’absence de larmes parce que je suis incapable de pleurer depuis trop longtemps, la prostration qui tue toute envie, surtout celle de survivre…
Commenter  J’apprécie          60
Mais tout ça, Claude, se fait dans le silence. C'est ça ma force. Ça a toujours été ça. Le silence. J'connais rien au théâtre mais chus sûre que ça serait pas mal difficile de faire ça, une tempête dans une tête.

J'ai toujours tout enduré en silence parce que j'ai toujours su qu'au bout du compte ça payerait plus.

Ta femme, là, dans la pièce, là, qui porte mon nom pis qui est habillée comme moi, que c'est qu'a va faire, le lendemain matin ? Hein ? Après avoir joué l'héroïne ? On sait ben, ça t'intéresse pas, toi ! Quand a'l'ouvre la porte pis qu'a sort d'la scène, a' l'arrête d'exister pour toi pis tu t'en sacres, d'abord que t'as écrit des belles scènes !

Mais moi faut que je vive demain, pis après-demain, pis les autres jours !


Si t'as jamais entendu le vacarme que fait mon silence, Claude, t'es pas un vrai écrivain !
Commenter  J’apprécie          60
Édouard et Thérèse s’étaient levés en même temps. Leurs chambres se faisaient face, aussi étaient-ils tombés nez-à-nez en ouvrant leur porte. «Vous vous levez ben de bonne heure, à matin, mon oncle Édouard ? C’est pourtant samedi !» «Les envies de pipi ont pas de jours, ma p’tite fille !» Ils avaient tous deux couru jusqu’à la salle de bains qui se trouvaient tout à fait à l’arrière de la maison, après la salle à manger et la cuisine. Thérèse était arrivée la première mais elle avait cédé la place au frère de sa mère. Marcel, le frère de Thérèse, tellement petit pour ses quatre ans qu’on lui en donnait à peine deux ans et demi ou trois, avait entendu la course et lorsque Thérèse et Édouard étaient passés près de lui il avait zézayé un timide bonjour mais les deux coureurs ne l’avaient pas entendu. Marcel couchait dans la salle à manger dans un lit qu’on déguisait le jour en sofa, beaucoup trop grand pour lui et qu’il détestait. Il était donc témoin de toutes les allées et venues de la maison et Dieu sait s’il y en avait. Quand son oncle Gabriel, qui travaillait le soir, arrivait vers les deux heures du matin, Marcel lui envoyait la main. Mais Gabriel, absorbé, fatigué, la tête basse, regardait rarement dans la direction de l’enfant. Il entrait en hâte dans sa chambre qui donnait sur la salle à manger, où l’attendait la grosse femme enceinte, sa femme. Quand Albertine, la mère de Marcel et de Thérèse, se levait la nuit pour se faire un thé pour calmer ses nerfs, Marcel se glissait hors de son lit et la suivait à la cuisine. Elle le prenait dans ses bras en attendant que l’eau bouille et Marcel, immanquablement, s’endormait, la tête appuyée contre l’épaule grasse de sa mère. Albertine berçait son petit dernier en fixant le canard d’eau chaude. Parfois elle s’endormait debout, appuyée contre le poêle…
Commenter  J’apprécie          60
Gabrielle Jodoin - En tout cas , les vues françaises, moé, j'aime ça! Eh! qu'y'ont donc le tour de faire des belles vues tristes eux autres! J'vous dis qu'y'ont pas de misère à me faire brailler! Pis y faut dire que les Français soint ben plus beaux que les Canadiens! Des vrais pièces d'hommes!
Commenter  J’apprécie          60
LÉOPOLD — Ça fait vingt-sept ans que J'travaille pour c't'écoeurant-là… Pis j'ai rien que quarante-cinq ans… C'est quasiment drôle quand tu penses que t'as commencé à travailler pour un gars que t'haïs à l'âge de dix-huit ans pis que t'es t'encore là, à le sarvir… Y'en reste encore trop des gars poignés comme moé… Aujourd'hui, les enfants s'instruisent, pis y vont peut-être s'arranger pour pas connaître c'que j'ai connu… Hostie ! Toute ta tabarnac de vie à faire la même tabarnac d'affaire en arrière de la même tabarnac de machine ! Toute ta vie ! T'es spécialisé, mon p'tit gars ! Remercie le bon Dieu ! T'es pas journalier ! T'as une job steadée ! Le rêve de tous les hommes : la job steadée ! Y'a-tu quequ'chose de plus écoeurant dans'vie qu'une job steadé ? Tu viens que t'es tellement spécialisé dans ta job steadée, que tu fais partie de ta tabarnac de machine ! C'est elle qui te mène ! C'est pus toé qui watches quand a va faire défaut, c'est elle qui watche quand tu vas y tourner le dos pour pouvoir te chier dans le dos, sacrement ! Ta machine, tu la connais tellement, tu la connais tellement, là, que c'est comme si t'étais v'nu au monde avec ! C'est comme si ç'avait été ta première bebelle, hostie ! Quand j'me sus attelé à c'te ciboire de machine-là, j'étais quasiment encore un enfant ! Pis y me reste vingt ans à faire ! Mais dans vingt ans, j'srai même pus un homme… J'ai déjà l'air d'une loque… Dans vingt ans, mon p'tit gars, c'est pas toé, c'est ta machine qui va prendre sa retraite ! Chus spécialisé ! Chus spécialisé ! Ben le bon Dieu, j'le r'mercie pas pantoute, pis je l'ai dans le cul, le bon Dieu ! Pis à part de ça, c'est même pas pour toé que tu travailles, non c'est pour ta famille ! Tu prends tout l'argent que t'as gagné en suant pis en sacrant comme un damné, là, pis tu la donnes toute au grand complet à ta famille ! Ta famille à toé ! Une autre belle invention du bon Dieu ! Quatre grandes yeules toutes grandes ouvertes, pis toutes prêtes à mordre quand t'arrives, le jeudi soir ! Pis quand t'arrives pas tu-suite le jeudi soir parce que ça te tentait d'avoir un peu de fun avec les chums pis que t'as été boire à'taverne, ta chienne de famille, à mord pour vra, okay ! Cinq minutes pis y te reste pus une crisse de cenne noire dans tes poches, pis tu brailles comme un veau dans ton lit ! Pis ta famille a dit que c'est parce que t'es saoul ! Pis a va conter à tout le monde que t'es t'un sans-cœur ! Ben oui, t'es t'un sans-cœur ! Y faut pas te le chacher, t'es T'un sans-cœur !
Commenter  J’apprécie          60
Eveil de la princesse, pâmoison devant le damoiseau, ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, fin de l'histoire.
Et les pauvres nains, eux?
Quand je sortais une autre version de Blanche-neige de la salle pour enfants de la Bibliothèque municipale, la bibliothécaire, que j'avais fini par adorer parce qu'elle me laissait sortir plus de livres que le nombre auquel j'avais droit, fronçait les sourcils.
"Encore ça! T'es pas tanné de toujours lire la même histoire?
- J'ai pas lu cette version-là...
- Coudonc, rêves-tu que le prince arrive pas pis que Blanche-neige sèche dans son cercueil de verre comme une vieille pomme pourrie?"
Je n'allais tout de même pas lui avouer que je rêvais plutôt que la rescapée et le grand insignifiant emmènent les nains avec eux en voyage de noces, alors je me taisais.
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michel Tremblay Voir plus

Quiz Voir plus

Du bois dans les titres

Quelle nouvelle destinée à la jeunesse Jean Giono a-t-il écrite ?

L'arbre qui chante
Voyage au pays des arbres
L'homme qui plantait des arbres
Mon bel oranger

10 questions
159 lecteurs ont répondu
Thèmes : titres , boisCréer un quiz sur cet auteur

{* *}