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Citations de Michel Tremblay (476)


"Le dernier mois d'habitude les femmes restent chez eux" et c'était vrai. Plutôt que de subir les reproches muets qu'elles pouvaient lire dans tous les regards qu'elles croisaient, les femmes restaient chez elles pendant les dernières semaines de leur grossesse. Elle-mêmes finissaient par ressentir une certaine gêne d'être déformées et bousculées par ce paquet d'énergies, cette vie si puissante qui se préparait à sortir d'elles. Écrasées par cette religion monstrueuse qui défendait toute sorte de moyens de contraception, cette religion fondée sur l'égoïsme des hommes pour servir l'égoïsme des hommes qui méprisait les femmes et en avait peur au point de faire de l'image de la Mère, la Vierge Marie, Mère de Dieu une vierge intacte et pure, inhumaine créature sans volonté et surtout sans autonomie, qui s'était retrouvée un jour enceinte sans l'avoir désiré, par l'opération de l'Esprit-Saint et qui avait enfanté sans avoir besoin de mettre au monde, insulte ultime faite au corps des femmes ; gavées par les prêtres de phrases creuses autant que cruelles où les mots "devoir" et "obligation" et "obéissance" prédominaient, ronflants , insultants, condescendants, les femmes canadiennes-françaises, surtout celles des villes, avaient fini par ressentir une honte maladives d'être enceintes...
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… je commençais à l’apprécier. Je veux dire l’écriture. L’écriture elle-même. Avoir quelque chose à raconter et le faire, se pencher sur un cahier et le décrire tel qu’on le voit, tel qu’on l’a ressenti quand ça s’est produit.

(p. 71)
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D'habitude j'attends une ou deux minutes avant de mettre de la couleur, le temps que le papier sèche un peu, mais aujourd'hui je veux produire un vrai lavis, donner à mon tableau une impression de brume, une imprécision, comme si l'oeil n'arrivait pas tout de suite à saisir ce qu'il regarde, comme si l'oeil avait à réfléchir avant de comprendre ce qu'il voit. (p. 13)
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- C'pas un enfant, c't'enfant-là, c't'une oreille ! Y écoute tout ce qu'on dit pis y guette tout ce qu'on fait…
p.11
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Promesses jamais faites,

promesses jamais trahies.


Dicton japonais 
(en introduction) 
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Voilà que je tergiverse encore pour éviter l'essentiel. On écrit son journal pour aller à l'essentiel, j'imagine , et on finit toujours par l'occulter. (p. 103)
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Je donnerais tout ce que j'ai peint dans ma vie pour produire un Monet ou un Van Gogh. Ou un ciel nocturne de Turner (Turner a été un grand impressionniste, du moins dans ses ciels torturés, un siècle avant que les vrais apparaissent).
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Il donnait envie de chanter, de danser, de commettre ces folies défendues par la religion et pourtant si délicieuses qu’on en redemandait quand on y avait goûté.

(Leméac/Actes Sud p.154)
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Sa petite enfance s'est passée à l'autre bout du continent, dans un pays qui s'appelle les États-Unis, dans un état qui s'appelle le Rhode Island, dans une ville au bord de la mer qui s'appelle Providence. Mais ses souvenirs sont comme une grande mare d'eau trouble où flottent à peine quelques vagues images. La mer, quand elle y pense, c'est surtout une odeur. De sel et d'humidité.
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Si je pouvais prétendre avoir vu s'envoler mes illusions une fois dans ma vie, ce serait cette fois-là. Elles firent un froufroutement d'ailes en montant dans le ciel nocturne de Montréal gelée et je leur fis un adieu muet en fermant les yeux.
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Toute sa vie, quoi qu’elle fasse ou décide, malgré les décisions prises après mûre, ou sur des coups de tête, ou même les sanctions qu’elle s’imposait pour se punir de n’être jamais satisfaite, le besoin de liberté, l’envie de ruer dans les brancards, de tout envoyer promener et de se sauver, la soif de se retrouver sans attaches, sans responsabilités, la peur de rater quelque chose de plus beau et de plus gratifiant ailleurs, là-bas, loin, bref, cette maudite bougeotte lui sautait à nouveau dessus et la submergeait sous une vague de doutes, de tâtonnements, d’incertitude.
(Québec Loisirs, p.62)
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Le samedi, j'ai les enfants dans les jambes par-dessus le marché ! Pis le soir, on regarde la télévision ! Le dimanche, on sort en famille : on va souper chez la belle-mère en autobus. Y faut guetter les enfants toute la journée, endurer les farces plates du beau-père, pis manger la nourriture de la belle-mère qui est donc meilleure que la mienne au dire de tout le monde ! Pis le soir, on regarde la télévision ! Chus tannée de mener une maudite vie plate ! Une maudite vie plate ! Une maudite vie plate ! Une maud...
(p. 14)
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Elle est convaincue - même si elle sait, au fond, que c'est faux - que la pauvreté sent, qu'on sait qu'une personne est pauvre parce qu'en plus de son habillement et de la honte qu'on peut lire dans ses yeux une légère puanteur se dégage de sa peau. On a beau essayer de la cacher sous une couche de parfum, elle est toujours là, elle vous suit partout, elle vous trahit, elle vous annonce.
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Qu’est-ce que t’irais faire là? Qu’est-ce qu’on fait quand on a trouvé le bout du monde?

(p. 186)
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… la guerre, c’était toujours la même chose : deux gangs d’hommes orgueilleux et arrogants qui soulaient se montrer les plus forts en essayant par tous les moyens et de façon définitive de voler tout ce que les autres possédaient. Rhéauna, pour sa part, trouve que cette interprétation simpliste n’explique pas, n’excuse pas, surtout, les centaines de milliers de mort, les villes détruites, les vies brisées. Tout ça juste à cause de l’orgueil des dirigeants? Est-ce que c’est possible?

(Québec Loisirs, p.71)
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[ mère énervée contre sa fille ]
- Désâmez-vous pour élever ça, pis que c'est que ça vous rapporte ? Rien ! Rien pantoute ! C'est même pas capable de vous rendre un p'tit service ! J't'avertis, Linda, j'commence à en avoir plein le casque de vous servir, toé pis les autres ! Chus pas une sarvante, moé, icitte !
(p. 8-9)
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Il existe donc dans ma vie des plages, des moments, des saccades, des soubresauts de quelque chose qui se rapprocherait du bonheur. Des intervalles de paix où je m’oublie, où j’oublie en tout cas mon corps pour me laisser aller à des instants de - oserais-je utiliser le mot ‘’félicité’’ – en tout cas de quiétude qui sont, je suppose et malgré l’aversion que j’ai pour l’expression, mieux que rien.
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Le mot pet est pas vulgaire, madame Tremblay, c’est celui qui le fait qui l’est, pis laissez moi vous dire que vous êtes pas mal spécialiste dans le sujet !
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C'est ça le prix à payer quand on est pas un sans-coeur? Endurer?

(p. 62)
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"Ça sent la crotte de cheval !" Chaque fois qu'il passait devant cette épicerie, Marcel en profitait pour dire cette phrase qu'il préparait depuis qu'il etait sorti de la maison car c'était la seule occasion où on acceptait qu'il emploie le mot "crotte". Et il le savourait plusieurs minutes à l'avance et plusieurs minutes après, le mot étant trop court pour qu'il le savoure en le disant.
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