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Critiques de Mikhaïl Boulgakov (578)
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Le Maître et Marguerite

Ce livre est le plus déjanté, le plus fantastique qu'il m'ait été donné de lire. A titre d'exemple, le personnage principal se transforme en sorcière pour participer à un bal donné par le Diable, des passages se passent à l'époque de Ponce Pilate, le reste dans la Russie communiste de l'entre-deux-guerres. C'est une expérience dépaysante et géniale.
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La Garde blanche

Pour comprendre ce roman il faut réaliser qu’en 1918 Kiev a été le théâtre d’affrontements entre de nombreux combattants, la ville a été prise et reprise plusieurs fois, parfois en très peu de temps. Il y avait l’Armée de Petlioura, l’Armée rouge, l’Armée blanche, l’Armée de la Triple-Entente (les Allemands), l’Armée de Pilsudski (Pologne) et l’Armée de l’anarchiste Nestor Makhno.

Un ancien hetman au service de l’armée impériale, Skoropadsky, a pris le pouvoir contre le gouvernement ukrainien (la Rada, instaurée en 1917), il est soutenu par l’Allemagne et résiste à l’Armée de Petlioura qui sème la terreur. Les réfugiés affluent à Kiev, fuyant l’Armée rouge, celle de Petlioura et celle de Makhno. Petlioura va prendre la ville. Avant la bataille, Skoropadsky, les Allemands et le chef de la Garde blanche s’enfuient, abandonnant leurs troupes et leurs officiers. Les uns résistent et se font tuer, les autres se cachent, se terrent comme la population. Quelques mois plus tard Petlioura est battu et l’Armée rouge rentre dans Kiev. Voilà pour le décor historique du roman qui lui est avant tout centré sur l’histoire de la famille Tourbine, famille de l’intelligentsia, d’un milieu proche de celui de Boulgakov. Il y a Nicolas, 17 ans, jeune officier qui veut faire son devoir jusqu’au bout, contraint de s’enfuir. Il y a son frère, Alexis, 27 ans, médecin comme Boulgakov, grièvement blessé, secouru par la mystérieuse Julia. Et puis il y a leur sœur, Hélène, que son mari a abandonné en fuyant avec les Allemands. Au début du roman, c’est l’enterrement de leur mère, qui symbolise la sainte Russie. Les deux frères vivaient jusque là sans soucis, pris dans la tourmente, ils se sentent obligés de s’engager auprès de l’Armée blanche, mais sans jamais combattre tant la ville de Kiev est ballottée d’un camp à l’autre. Tout chez eux reflète un passé à jamais révolu, en particulier leur appartement qui semble un havre de paix au milieu de la tourmente. Mais on est fort loin d’une description idéalisée du camp pro-tsariste : il y a des lâches, on y voit des actes de pur antisémitisme gratuit, la vision de la religion des frères Tourbine est fort peu orthodoxe. La morale de l’histoire à laquelle tout conduit est formulée et résumée dans les dernières lignes : "Tout passera. Les souffrances, les tourments, le sang, la faim, la peste. le glaive disparaîtra, et seules les étoiles demeureront, quand il n'y aura plus trace sur la terre de nos corps et de nos efforts. Il n'est personne au monde qui ne sache cela. Alors pourquoi ne voulons-nous pas tourner nos regards vers elles ? "

Ironie de l’histoire : Boulgakov, ne pouvant faire publier son roman, en a tiré une pièce, « Les journées des Tourbine », qui, bien qu’interdite aussi dans un premier temps par la censure, a fini par être autorisée, Staline l’ayant appréciée lors de la première. C'est un très beau roman que la complexité des événements historiques rend un peu difficile à lire.
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Le Maître et Marguerite

Comme tous les bons romans, celui-ci est un morceau de vie. Plus précisément, la fin de vie de Boulgakov, préservée entre ces pages alors qu'elle fuyait à la fois son corps malade et un milieu littéraire moscovite gangréné par la censure stalinienne, où l'on ne pouvait guère publier sans accepter de rudes compromis. Ainsi Boulgakov ne se pardonnait-il pas d'avoir négocié avec Staline, acceptant au passage de brûler une partie de ses manuscrits en l'honneur du dictateur : sans doute un pacte avec le diable, de son point de vue… de quoi lui inspirer le thème principal de cette oeuvre écrite dans la totale liberté de ne pas s'attendre à être publié, comme un acte pour se racheter à ses propres yeux, mais aussi aux yeux de la postérité… et des forces mystiques évoquées dans ce livre.



Toutefois, Boulgakov n'a pas la prétention d'implorer directement son pardon auprès de Dieu. Comme il l'écrit dans son livre, ce dernier abhorre la « lâcheté », le « pire de tous les défauts »... dont Boulgakov estime s'être rendu coupable.



Alors, plutôt que de pleurer son sort, il choisit d'en rire : ce renversement des thèmes et des valeurs est au coeur du roman, comme une exaltation de la vie à l'approche de la mort.



Le premier de ces renversements est le rôle du diable. Dans un monde où Dieu vous abandonne, le diable s'avère, mieux qu'un moindre mal, un allié pouvant distordre la ville moderne totalitaire et la faire glisser vers une Russie où la magie a encore sa place. Sous le nom de Woland, Satan s'insinue dans la ville, ensorcelle ses habitants, et frappe des institutions culturelles délétères, exerçant une vengeance comique (donc cosmique : il n'y a qu'à voir l'ampleur qu'elle prend) contre les ennemis de Boulgakov. En se jouant d'eux par ses illusions, Satan révèle paradoxalement les hommes pour ce qu'ils sont. Comme dans certains courants satanistes influencés par le gnosticisme, il devient donc un prophète dressé contre l'irréalité du monde. C'est pourquoi il me paraît plaisant d'envisager que les escamotages du diable de Boulgakov ne sont finalement peut-être pas des illusions, mais plutôt des signes annonciateurs que la vraie vie est ailleurs, la promesse qu'il existe un univers plus réel que la Russie du démiurge stalinien.



Au-delà de ces considérations, ce diable et ses serviteurs brillent par leur dynamisme et leur humanité. Pendant toute la première partie, qui se cherche un héros (rôle que peine à endosser le poète raté Ivan Biezdomny, une erreur de casting digne des anti-héros de Gogol), ce sont eux, les démons et autres vampires qui impulsent le rythme du récit et sont à l'origine de la quasi-totalité des péripéties. Ils avivent les âmes mortes de Moscou, sans même sembler s'intéresser au fait de les récolter. D'ailleurs je ne me souviens pas avoir lu une seule fois le mot « âme » dans tout le roman : un comble quand il est question du diable ! Ce diable-ci, Woland, est avant tout un gai-luron, dédié au jeu et à la fête. Ses bals flamboyants et l'alchimie entre ses démons (ah, les aventures de Béhémoth et Koroviev…) exaltent la libération recherchée par Boulgakov.



Toute cette diablerie cathartique permet de soulever le voile, de laisser entrevoir un espace plus authentique où Boulgakov pourrait se retrouver peu à peu, à travers le personnage du Maître, dont l'apparition (très) longtemps retardée va jusqu'à être saluée dans le titre du premier chapitre qui le met en scène, exemple des nombreux clin d'oeil ludiques adressés au lecteur. Le Maître fait office de prête-nom pour tous les artistes authentiques : il pourrait aussi bien être Boulgakov que ses inspirateurs (tels que Gogol, duquel il emprunte les traits du visage)… ou que ses lecteurs hypothétiques. Le Maître mime la démarche de Boulgakov : paralysé par les institutions (ici incarnées par l'hôpital psychiatrique), il ne pourra reprendre son destin en main que de manière détournée, à travers la fiction. D'abord grâce au personnage dont il écrit l'histoire, un Pilate nouveau (avatar dans l'avatar), s'émancipant de son rôle dans la tradition chrétienne. Puis le Maître verra cette réécriture sulfureuse le délivrer à son tour, en appelant le diable dans sa réalité. Et le dernier ricochet de cette trajectoire complexe est bien sûr censé atteindre Boulgakov dans notre réalité à nous, pour lui accorder lui aussi le pardon tant attendu.



Mais en dehors de sa création littéraire, le Maître demeure très passif. C'est pourquoi Boulgakov lui adjoint un aspect féminin et proactif : Marguerite, qui aspire à s'unir à lui. Elle vivra des aventures pour eux deux, au point de devenir la véritable héroïne du roman dans la seconde partie, où elle retrouve sa jeunesse et sa joie de vivre dans des scènes baroques où Boulgakov recherche le luxe, le luxuriant, le confort, bref, le réconfort.



Parmi tous les encouragements que Boulgakov s'adresse, l'un des plus touchants est résumé par la fameuse réplique de Woland, faisant appel à son autorité de diable pour révoquer le pacte entre Boulgakov et Staline : « Les manuscrits ne brûlent pas ». Autrement dit, une fois créée, l'oeuvre d'art est indestructible. Peu importe qu'elle ne soit connue que de son auteur : quelque chose s'est produit, et a résonné dans le monde spirituel, qui l'a enregistré à jamais.



C'est ce que Boulgakov voulait croire pour se rassurer au moment de mourir sans savoir ce qu'il adviendrait de son oeuvre. Il aura été bien servi par son diable-enregistreur (par ailleurs polyglotte, amateur d'orchestres insolites et bête de scène). Au point que l'on peut suivre la trace de ce dernier jusque dans le cinéma, où il profère, comme un écho : « it's all recorded ».



PS : de même que Nastasia-B, je m'insurge contre les notes de bas de page envahissantes de l'édition Pavillon Poche, qui manquent de respect envers le lecteur, en lui dévoilant sans vergogne certaines péripéties à venir. Ces notes auraient mérité d'être redistribuées dans une annexe, malgré l'utilité de certaines d'entre-elles pour comprendre le contexte.
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Le roman de monsieur de Molière

J’avais adoré Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov et j’adore Molière et ses pièces. Alors quand j’ai découvert que l’auteur russe avait écrit un roman sur la vie de l’auteur de théâtre français, je l’ai aussitôt ajouté dans ma liste de livre à acheter et quand ce fut fait, il n’est pas resté très longtemps dans ma PAL. Mais j’avais de très haute attente sur ce roman et je savais que je pouvais être déçue. Heureusement, cela n’a pas été le cas. Même si ce roman n’est pas à la hauteur de l’excellent Le Maître et Marguerite, j’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la narration fantasque et l’humour de Mikhaïl Boulgakov. A sa manière de s’adresser aux personnages et de commenter les événements à la lumière de l’histoire on ressent toute l’admiration que l’auteur porte à “son héros” comme il l’appelle régulièrement.



De sa naissance à sa mort, Mikhaïl Boulgakov retrace toute l’histoire de la vie de Molière. Si j’en connaissais déjà certains aspects comme son itinérance de comédien ambulant avant ses succès à Paris, j’ai beaucoup apprécié de pouvoir découvrir les épisodes les plus marquants de son enfance, comme la passion du théâtre transmise par son grand-père et l’éducation reçue dans un des plus grands collèges de France.



La partie la plus importante du livre est consacrée au récit de l’écriture, de la mise en scène, des représentations et de l’accueil du public vis-à-vis des pièces de Molière. Là encore, les grandes lignes m’étaient connues mais d’autres événements ont été une complète découverte. J’ai aimé découvrir l’accueil enthousiaste que certaines pièces méconnues de nos jours ont reçu à l’époque tandis que d’autres étudiées par les collégiens à l’heure actuelle n’ont fait que très peu de représentations au XVIIème siècle.



La vie privée plutôt malheureuse de Molière et ses états d’âme sont racontés en filigrane tout au long du roman et permettent de mieux appréhender le choix des thèmes abordés et les critiques faites dans ses différentes pièces par Molière. Car il était un auteur qui se servait principalement de son vécu et de ce qu’il voyait autour de lui pour écrire.



Très bien documenté et romancé à la sauce Boulgakov, cette biographie qui ne prétend pas en être une m’a offert une agréable plongée dans le monde du théâtre et de la cour du XVIIème siècle. Et bien sûr cela m’a donné envie de relire l’intégralité des pièces de Molière à la lumière de ce que j’ai appris avec ce roman.
Lien : https://aubonheurdemadame.wo..
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Le Maître et Marguerite

Approchez spectateurs, approchez ! le diable est à Moscou ! Venez decouvrir son fâcheux dessein !



Tels pourraient être les mots d'un présentateur de théâtre au moment d'annoncer le Maître et Marguerite, roman allégorique au genre inclassable, pamphlet acide et ultime exutoire de son auteur, Boulgakov, celui qui ne se pardonnera jamais d'être devenu le "dramaturge favori de Staline".



Les années 1930. le diable est donc à Moscou. Il décide de s'attaquer, sans raisons apparentes, aux personnalités du monde du spectacle moscovite. Auteurs, dramaturges, gérants de théâtre se retrouvent persécutés, enfermés à l'asile, ou encore exilés à l autre bout du pays ... Cela nous rappelle quelque chose évidemment ... Les références sont parfois si évidentes que des passages entier furent biffés lors de la première parution du livre en URSS, en 1960, bien après la mort de Boulgakov.



Au milieu de ce tumulte, une jeune femme, Marguerite, va tenter d'intercéder auprès de Satan afin de sauver celui qu'elle aime, un écrivain surnommé "le Maître". Victime d'une dénonciation, ce dernier est enfermé dans un asile de fous où il réfléchit à sa dernière oeuvre : un roman sur la relation entre Jésus Christ et Ponce pilate, le jour fatidique de la crucifixion, le quatorzième du mois de Nisan.

Boulgakov nous propose alors un livre dans le livre, d'une qualité littéraire remarquable et dans un style exceptionnel. Son analyse de cette fameuse journée du mois de Nisan est fondamentalement blasphématoire, mordante, jubilatoire. On y ressent l'amour de Jésus et le mépris de ses disciples, de vulgaires falsificateurs ...



Quel rapport avec la Russie Stalinienne me direz vous ? Et bien selon moi, la remise en question du texte Biblique par le Maître, dans le roman fictif, fait écho à la contestation du régime soviétique dans le livre réel de Boulgakov. Et ce livre, nous l'avons dans les mains ! Il n'a pu être réalisé que parce son auteur bénéficia d'une certaine clémence de la part du régime. A l'instar de son personnage, Boulgakov a conclu un pacte avec le diable et son âme n'en trouva plus le repos. Il est désormais condamné à l'éternel remord de celui qui a chosi sa carrière plutôt que ses idées. Comme Ponce Pilate, il devra désormais contempler avec dégoût cette ville peuplée de lâches dont il est le commandant, mais à laquelle il ne pourra jamais imprimer sa marque. Il devra contempler le crépuscule engloutissant Moscou, comme le fit le procurateur de Judée, en quittant Jérusalem, le quatorzième jour du mois de Nisan ...

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Le Maître et Marguerite

Au départ, j’ai eu du mal avec ce livre, ne voyant pas – pendant les deux cents premières pages (le livre fait cependant plus de six cents pages) – où il voulait en venir. Puis, j’ai commencé à le trouver génial pour son originalité jusqu’au point culminant du chapitre du bal de Satan qui est un passage superbe, farfelu, avec des descriptions extraordinaires …, j’adore !



Satan, accompagné de ses acolytes – un homme bizarre et immense à la chevelure rousse ou encore un chat noir qui parle et se comporte comme un humain –, débarque à Moscou et installe la panique auprès de ses habitants, dont notamment auprès de l’équipe d’un théâtre de la ville et de leurs spectateurs. Ils vont rendre complètement fou l’ensemble de ces personnes, ou les faire passer pour tel. Mais parmi ces moscovites, une femme – Marguerite – est prête à tout pour retrouver celui qu’elle aime – « un écrivain maudit » -, quitte à donner son âme au diable.



Je n’ai pas assez de connaissances historiques à ce sujet pour relater les correspondances de manière très précise, mais sachez que outre les talents d’écriture pour le genre fantastique – vous y croiserez même des sorcières sur leurs balais –, l’autre coup de génie de cet auteur russe est, en pleine dictature, de trouver un moyen de tromper un peu la censure pour pouvoir dépeindre cette époque Stalinienne (bien qu’il a été publié 28 ans après sa rédaction, bien après la fin du règne de Staline).



En effet, alors qu’il se voit interdire sa pièce La Cabale des dévots par les autorités, Mikhaïl Boulgakov a cherché à rédiger une œuvre qui, au travers d’une farce et d’une histoire fantastique, dépeint la dureté du régime soviétique, son musèlement des artistes et leur contribution au développement d’un esprit critique, son asservissement voire abrutissement du peuple, sa domination par la peur … ; sur la quatrième de couverture on peut y lire – et j’aime particulièrement cette tournure – :



« Écrit pour la liberté des artistes et contre le conformisme ».





C’est donc une œuvre assez complexe mais qui reste très intéressante et qui arrive même malgré le sujet (dit à demi-mot donc) à être amusante !
Lien : http://ancrerenard.fr/2018/0..
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La locomotive ivre et autres nouvelles

« La locomotive ivre » rassemble 26 chroniques et nouvelles publiées par Mikhaïl Boulgakov dans les années 20. Chose surprenante, l’éditeur ne précise jamais la date et le lieu de publication de ces textes. Je suppose que les chroniques se déroulant dans le milieu du chemin de fer ont été diffusées par la revue «Goudok », équivalent de « la Vie du rail »,où Boulgakov a longtemps assuré un travail de rédacteur. Pour les autres, je n’en ai aucune idée… Je serais pourtant curieux de savoir où ont bien pu être publiés les textes les plus corrosifs, lorsque l’auteur relate ses démêlés avec la police politique lors de son exil à Vladikavkaz, en pleine guerre civile, ou lorsqu’il raconte l’incendie d’un immeuble de Moscou habité autrefois par l’élite, population remplacée après la Révolution par une plèbe bruyante et irrespectueuse (le thème du feu est important dans son oeuvre).

De nombreux récits abordent les questions du logement et de l’alcoolisme. Boulgakov parle souvent des difficultés de trouver une chambre à Moscou dans ses livres, notamment dans « Cœur de chien » et « le Maître et Marguerite ». Une préoccupation que l’on comprend d’autant mieux qu’il revient sur ses difficultés personnelles à se loger lors de son arrivée dans la capitale en 1921. Le sujet est souvent traité de manière satirique comme dans ce récit où des Moscovites emménagent dans des wagons de tramway, l’idée est si bonne, que de nombreuses familles et même les administrations suivent leur exemple. Quand on loge entassés dans des « boîtes en carton », de nouvelles difficultés apparaissent, celles de la cohabitation et de la promiscuité, d'autant plus que la consommation d’alcool frelaté excite les tempéraments. Et là, c’est un thème inédit qui apparaît chez Boulgakov dans des tournures plus réalistes. Il aborde les ravages de l’alcoolisme dans le cercle familial, avec notamment les violences conjugales, mais aussi sur le lieu de travail. « La locomotive ivre » c’est le récit d’une noce où les employés des chemins de fers, mais également les machines, sont assommés par l’alcool, créant des situations extrêmement dangereuses. Boulgakov évacue par la satire les solutions de facilité proposées par les syndicats et la tolérance des responsables devant l’ivrognerie.

Boulgakov traite les difficultés dans les relations de travail avec son ironie mordante en narrant des faits rapportés par les lecteurs. Il revient aussi sur les réunions syndicales ou politiques où un public raille le verbiage intellectuel de l’orateur.

D’autres billets ont un touche plus autobiographique. J’ai évoqué plus haut les passages sur son exil dans le Caucase ou sur son arrivée à Moscou. Plus surprenant, il évoque son entrevue avec Nadejda Kroupskaïa, l’épouse de Lénine pour lui réclamer…un logement. La rencontre est probable quand on sait que Boulgakov a travaillé au sein du journal dirigé par Kroupskaïa. Journaliste le jour, écrivain la nuit, il aborde également ses problèmes d’inspiration.

A mes yeux, une nouvelle sort du lot. Boulgakov revient sur quatre étapes de sa vie depuis son arrivée à Moscou, chaque étape se déroulant dans un lieu différent offrant un panorama dégagé sur la capitale.



A quelques exceptions près, le lecteur de « La locomotive ivre » découvre le «Boulgakov rédacteur » plus que le « Boulgakov littérateur ». Le recueil doit être lu après les autres travaux de l’auteur pour obtenir un éclairage sur une période la vie de Boulgakov qui, dans les années 20, souhaitait se lancer dans la littérature mais qui, freiné par les événements tragiques de l’époque et la censure, vivotait en plaçant des piges dans différentes publications. Le début du « Roman théâtral » revient sur cette période difficile pour l’auteur. Si l’intérêt du recueil est moindre au regard de l’œuvre de Boulgakov, la qualité est bien présente : les textes sont courts, riches d'ironie et de satire, il se lisent facilement et offre un aperçu sur les premières années de la République socialiste fédérative soviétique de Russie.

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Morphine

Cette nouvelle bouleversante (semi-auto-biographique) raconte comment la solitude d'un médecin généraliste de campagne, en Russie en 1919, l'a poussé à la morphinomanie.

Il faut savoir qu'à l'époque, être médecin généraliste de campagne signifiait plusieurs choses:

1° Etre capable de faire toute la médecine à soi tout seul. Non , il n'était pas inexpérimenté mais c'est la lourdeur des responsabilités qui pesait sur le médecin. Il n'avait personne pour l'aider (a part 2 auxilliaires...) mais aucun autre médecin pour lui donner de l'aide. Il devait faire des opérations, des accouchements... TOUT seul !! et en tant que généraliste.

2° Couvrir une zone très vaste: la campagne. Il avait un traineau pour se déplaçer en cas d'urgence.

3° Il était appelé à n'importe quelle heure de la nuit par n'importe qui.

4° L'isolement total: il était affecté seul à son poste, dans un endroit perdu de la civilisation, la disponibilité 24h/24 dont il devait faire bénéficier les paysans contribuait à son isolement et repli sur lui-même car il n'avait pas de vie! Il était épuisé !

5° Il n'avait pas le droit d'être malade ni épuisé puisqu'il devait être en permanence disponible... et la morphine étant fréquemment utilisée à cette époque, un peu trop facilement, ceci expliquant cela, tout a contribué à sa perte.

Magnifique et terrifiant: c'est du Boulgakov !!!

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J'ai tué

Courtes nouvelles sur la cruauté de chefs de guerres sanguinaires sévissant en Ukraine au début du siècle dernier, sur la rébellion et sur l'humanité du médecin, incarné par Boulgakov lui-même qui exerça dans des contrées paysannes de Russie.

Il y a une grande profondeur candide dans les écrits de Boulgakov. Un écrivain qui mérite d'être connu.
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J'ai tué et autres récits

Trois courtes nouvelles dans ce recueil écrit par M. BOULGAKOV.

Comme souvent avec les auteurs et particulièrement avec celui-ci, les histoires sont une partie de lui sans vraiment être une biographie.

On est transporté en Russie dans des histoires parfois drôles et satiriques ou encore sombres, poignantes et politiques.

Des récits qui ne laissent pas indifférents.
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Le Maître et Marguerite

J'ai terminé cette lecture par tranches d'une page à la fois parce que je ne voulais vraiment pas arriver au bout : il entre immédiatement dans la liste restreinte de mes livres préférés, avant même relecture.

Je n'avais pas la moindre idée de ce que racontait ce livre, je ne m'attendais à rien en particulier, mais je suis certaine que je ne m'attendais quand même pas à ça, d'autant moins en ne connaissant de Boulgakov que ses récits médicaux d'une réalité crue. Pour ce qui est de la réalité, dans le Maître et Marguerite, elle est planquée entre les lignes, la censure en URSS forçant à l'imagination et au style.

Rares sont les livres qui contiennent tout : belle langue, poésie, fantastique, épopée, humour (noir, l'humour), cynisme, mise en abyme, psychologie, qualité des dialogues, des méchants qu'on aime détester, tout, tout ce qu'on peut espérer trouver dans une œuvre est dans celle-ci. Alors même que dans l'absolu, c'est une œuvre inachevée, Boulgakov n'a jamais terminé les relectures.

Et en plus, c'est super-facile à lire, un ado y serait très à l'aise.

Si vous ne devez lire qu'une seule œuvre russe - ce qui serait tout de même à la limite du crime - au moins, choisissez Le Maître et Marguerite.
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Récits d'un jeune médecin

Il était médecin avant de se consacrer à la littérature....

Ici Boulgakov, nous narre sa première année de médecine. Il sort à peine de l'université, que l'administration l'affecte dans un hôpital perdu au fin fond de la campagne.

Après un long et difficile voyage, il découvre un équipement médical des plus sommaire, et fait la connaissance d'un personnel de bonne volonté, mais non qualifié. Lui même, sans expérience, doute de sa capacité à exercer. Mais il doit faire face...

Au travers de ces petits récits, Boulgakov, nous explique, que les diplômes ne servent vraiment pas à grand chose...., seule l'expérience compte, et que trop d'excès de confiance mène à l'échec.

Six petits récits, d'un grand réalisme... J'ai adoré.

Le dommage, c'est que mon édition, ne comporte pas la nouvelle "Morphine", 😒 je vais donc me la procurer.
Lien : https://monjardinleslivres.b..
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Coeur de chien

Premier roman de Boulgakov que je lis et je suis ravie ! L'auteur a une sacrée verve, une plume truculente et une imagination foisonnante ! J'ai adoré cette histoire et l'humour dont a fait preuve Boulgakov.

Philippe Philippovitch, ce Frankenstein russe, est toujours adepte de nouvelles découvertes, mais il est vite déconvenu et dépassé par la créature qui a pris forme sous ses mains. Un chien-humain, ivrogne et grossier de surcroît ! Bouboul est ainsi devenu le citoyen Bouboulov.

Nous pouvons probablement y lire une satire de la part de l'auteur, une vision ironique (cynique même ?) des communistes, sauf erreur de ma part, mais cela doit être le cas puisque cette oeuvre a été jugée contre-révolutionnaire et n'a pu être publiée qu'en 1987 bien qu'écrire en 1925.

Nous y découvrons une société en plein changement avec le repartage des appartements et maisons russes, jugées bien trop grandes pour si peu de personnes. Partage donc avec le peuple, le prolétariat qui ne semble que peu éduqué et connaissant peu la politesse sous la plume de Boulgakov. Mais nous y voyons aussi l'abus de pouvoir de certaines personnes aisées, ainsi que l'absurdité de quelques règles nouvellement mises en place.

L'auteur dénonce aussi la nature profonde d'une personne : elle reste ce qu'elle a toujours été, même si nous souhaitons la faire changer. Bouboul reste égal à lui-même en étant Bouboulov, et cela même s'il est devenu humain.

Lecture donc fort agréable et rafraîchissante ! Cette oeuvre a un certain côté théâtral et serait passionnante à voir également sur scène !
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Le Maître et Marguerite

"Le maître et Marguerite" débute par trois histoires. Celle du diable qui arrive à Moscou et qui sème la zizanie parmi l'élite littéraire bien pensante du régime stalinien. Celle de Ponce Pilate qui envoie injustement Jésus à la mort. Puis celle, plus tardive, de l'amour entre le maître, un écrivain dont le livre a été rejeté par la critique et Marguerite, une femme mariée qui vend son âme au diable et devient une sorcière pour retrouver son amant.

Après une multitude de farces et de péripéties rocambolesques ces trois histoires se lient les unes aux autres faisant du roman une critique de la société stalinienne.

La lecture est divertissante mais, à travers le diable omniprésent et omnipotent Boulgakov dénonce le poids de la milice, cette chape qui peut s'abattre sur n'importe qui, n'importe quand. Les multiples personnages qui composent l'élite littéraire, il y en a tellement qu'on s'y perd, ridiculisent l'administration stalinienne rigide et inefficace. Quant à Ponce Pilate il illustre le pire défaut humain: la lâcheté.

"Le maître et Marguerite" a aussi une dimension autobiographique, le maître n'est autre qu'un avatar de l'auteur qui a lui-même entretenu une relation avec une femme mariée et qui a vu son roman censuré, reécrit et malmené. On sent une certaine amertume contre l'élite littéraire qu'il juge hypocrite, fermée et sans talent.



La lecture de ce roman est agréable car les événements sont nombreux, l'alternance entre les trois histoires donnent du rythme et, malgré l'aspect loufoque des situations, on voit clairement où veut en venir l'auteur. Toutefois, j'ai trouvé la fin un peu longue. J'ai eu le sentiment que l'auteur faisait traîner en longueur.

La plume (la traduction ?) est qualitative et accessible. J'ai été plongée dans le chaos moscovite de Woland et ses comparses.

Il n'y a pas à dire, les classiques russes ont vraiment quelque chose en plus.

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Le Maître et Marguerite

Après avoir lu Cœur de Chien, cet immense chef d'œuvre de Boulgakov, défenseur des belles lettres face à l'éternel et cauchemar spirituel de l'ignorance bolchévique, c'est avec plaisir que je me suis procuré le Maitre et Marguerite dans cette magnifique édition. Je l'aime pour son patriotisme éclairé, sa curiosité insatiable et son imagination intarissable.

Le maître et Marguerite est caractérisé par des frappes culturelles chirurgicales comme toujours avec cet auteur : tout est remarquablement précis, détaillé, jusqu'à la relation de Ponce Pilate sous son péristyle avec son chien Banga, seul réconfort face à ses migraines insoutenables.

Dans ce livre, on rencontre Ponce Pilate, mais aussi le diable, la belle Marguerite, un cochon volant, Béhémoth le chat noir (qui par ailleurs manie les armes à feu), Koroviev le dandy monoclé, Azazel le tueur et Hella la succube. Au cœur de Moscou. Pendant le régime de Staline.

Le Maître et Marguerite est avant tout une magnifique histoire d'amour, franche, forte, douloureuse, poignante et transcendante.

Mais le Maître et Marguerite est une réflexion sur la censure, le mysticisme, l'histoire, la mythologie, la corruption, l'art, les animaux, la Russie, et sur l'auteur lui-même. Ce médecin qui s'est relevé sous les coups de la censure et de la maladie.

Il n'y a pas de livre qui ait qui ait davantage laissé sa marque dans mon esprit.

«Tu es libre! Libre! Il t’attend!». Et Pilate s'élançait sur le chemin de lune, ensemble avec son chien fidèle...
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Morphine

"Morphine est un texte glaçant et limpide ; il montre sans aucune complaisance la détresse de la condition humaine, la solitude des personnages dans ce contexte de révolution triomphante en Russie, de promesse de bonheur universel. Boulgakov fut lui-même médecin avant de devenir écrivain. Quand il composa Morphine en 1927, il avait déjà une longue pratique d’écrivain. Il dut cependant vivre de la rédaction d’articles et d’un petit travail au théâtre de Moscou, obtenu par l’intermédiaire de Staline, qu’il supplia de le laisser créer librement ou d’émigrer. Cet écrivain passionné de théâtre, ennemi de la bureaucratie, fut écrasé par le pouvoir soviétique, il dut survivre d’emplois subalternes sans jamais prêter allégeance. Son théâtre fut interdit de son vivant et encore aujourd’hui trop peu monté. En France, deux magnifiques mises en scène de ses pièces ont été présentées, Le Maître et Marguerite par Simon Mc Burney à Avignon en 2012 et La Fuite par Macha Makeïeff à Marseille en 2017, l’histoire des Russes blancs chassés par les rouges bolcheviks, qui fuient vers la Crimée, Constantinople et Paris à l’aube des années 20. Ses œuvres complètes furent publiées dans leur version intégrale lors de la perestroïka. Il est devenu l’un des écrivains les plus lus de Russie."

Sylvie Boursier (Extrait de la critique parue dans DM)
Lien : https://doublemarge.com/morp..
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Le Maître et Marguerite

Le maître et Marguerite c'est l'histoire de......c'est l'histoire de.......Essayons autrement, plus simplement, bien que cela nuise au livre: il était une fois, un poète qui se balade dans Moscou avec un autre écrivain, plus âgé, qui lui explique en quoi son article sur Jésus Christ est raté. Un étranger se joint à la discussion...... il est question de Dieu et du diable, de Ponce Pilate que l'étranger dit avoir rencontré ( on est en 1930!!!!) .Et puis tout s'emballe: des gens meurent décapités par un tramway après avoir glissé sur de l'huile de tournesol, une joyeuse troupe formée de l'étranger, d'une sorcière rousse, d'un personnage au drôle de costume, et d'un chat déambulent dans la ville et sont à l'origine de situations des plus loufoques , avec pour conséquences des morts, des gens qui se retrouvent tous nus, une pluie de billets ( qui s'avèrent faux), un spectacle de magie aux allures de tribunal de la justice morale, des fugues, des voyages à la vitesse de la lumière,de tout le personnel d'une administration qui ne peut s’empêcher d'entonner en chœur un chant classique dès qu'ils ouvrent la bouche, et tout ce beau monde qui finit à l'asile. Et puis, entrent en scène Marguerite et l'homme qu'elle aime; le maître. Ce dernier est enfermé dans l'asile (lui aussi), déprimé après que les élites littéraires aient rejeté son oeuvre....il est alors persuadé d'avoir perdu l'esprit, et s'éloigne de sa bien aimée pour ne pas lui nuire. Mais Marguerite n'est pas d'accord, et accepte d'être la maîtresse de cérémonie d'un bal organisé par Satan , auquel sont conviées les âmes des plus grands tyrans de l'histoire, en échange de retrouvailles avec l'homme qu'elle aime. Je m'arrête là. Le livre compte en fait trois récits aux rythme différents: les pérégrinations de Satan et de sa cour, tout en humour et loufoqueries, le déchaînement fantastique et passionné du voyage de Marguerite et de son histoire d'amour, et le récit ultra réaliste, plus "sérieux" de Ponce Pilate et de la crucifixion du Christ.En filigrane, se dessinent les amertumes de l'auteur devant l'élitisme culturel de son pays ( les écrivains" choisis" vivent dans une grande maison , comme des privilégiés, où il faut un certificat pour entrer), le totalitarisme de l'Etat russe ( des milices partout, une surveillance permanente, de la délation) et la perte de repères concernant le bien et le mal ( c'est juste moi ou le diable est plutôt sympathique, faisant preuve de compassion, voire d'un sens de la justice???).Il y a tout ça et plus, bien plus encore. J'ai particulièrement aimé les passages avec Ponce Pilate, saisissant de réalisme. Et bizarrement, à la fin de la lecture, ce n'est pas l'histoire d'amour qui ressort le plus, elle semble être simplement un alibi pour parler de la liberté de penser , de croire , de créer. Sympathy for the devil.
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Endiablade ou comment des jumeaux causèrent l..

Première incursion en territoire russe pour moi avec ce petit roman (une nouvelle ?) de Mikhail Bulgakov au titre surprenant et au contenu plus encore !



Russie, années 20. Korotkov est un employé comme un autre dans une administration comme une autre : tentaculaire, tyrannique et illogique. Tout commence à déraper le jour où, faute d'argent, les employés sont payés en allumettes…Notre camarade est ensuite licencié pour avoir confondu le nom de son nouveau supérieur avec le mot « caleçons » (les russes ne rigolent pas avec les patronymes !). A partir de là tout s'accélère et nous accompagnons Korotkov, à qui on vole l'identité, dans une tentative désespérée pour s'expliquer. Mais son chemin, et le nôtre en tant que le lecteur, va être parsemé de jumeaux maléfiques, de petits vieux qui sentent le souffre et évoquent le diable, de femmes identiques, d'autres en forme de théière ou dorées, fatales et mystérieuses, de bureaux sans mobilier et tout un tas d'autres bizarreries surréalistes, absurdes, sans queue ni tête…Normal ! Vous ressentez ici les effets de la bureaucratie russe subie par Mikhail Bulgakov et bien d'autres…



Tel Astérix dans la maison qui rend fou ou Alice au Pays des merveilles…Korotkof a atterri, sur la tête, à Stalineland mais point de chat du Cheshshire ici. Par contre tout le monde a du rencontrer la chenille et partager son narguilé… Jusqu'où la folie emportera-t-elle notre camarade ? Bon voyage ! Et fermez la porte en partant, la théière fuit au deuxième étage.

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Le Maître et Marguerite

Le Maître et Marguerite

Je ne sais pas trop comment ce livre a atterri dans ma vie, comment j’en suis venu à l’acheter et m’y plonger. Un roman Russe mis en avant par un bandeau tapageur qui présente le livre comme un chef d’œuvre, parfait pour mon « année russe » de lecture et de voyage. La couverture de l’édition de poche représente mystérieusement un gros chat a l’air inquisiteur avec une toute petite couronne, le titre restera également un mystère pour moi jusqu’à la moitié du livre car pas de Maître, ni de Marguerite en vue jusqu’à la deuxième partie, où tout s’éclaire.

Le récit est dense et entremêle deux histoires. L’une se passe à Moscou dans la première moitié du XXe siècle, L’autre en Judée sous le pouvoir de Pilate, le jour de la crucifixion du Christ. Le diable est descendu sur Moscou et sème la pagaille avec sa petite clique de démons : Il se fait appeler Woland et donne une représentation de magie qui va virer au scandale, ses compagnons sont Koroviev son principal assistant, Azazello un être terrifiant aux dents jaunes, Béhémoth un gros chat noir capable de s’habiller, de parler et agir comme un homme (la couverture) et une femme mystérieuse le plus souvent nue. Tous charment et terrifient ceux qu’ils approchent. Leurs victimes sont surtout les administrateurs du théâtre qui accueillent Woland et qui en feront amèrement les frais. Mais aussi les écrivains et les critiques littéraires de cette époque soviétique que l’on reconnait dans toutes ses absurdités sans qu’elle ne soit explicitement nommée par Boulgakov, écrivain censuré et brimé par le pouvoir, qui règle aussi ses comptes avec l’intelligentsia, la délation populaire quotidienne et ce pouvoir omniprésent. Les scènes sont férocement drôles et burlesques, mais l’histoire est sublime et les talents de conteurs (et de magicien) de Boulgakov sont indéniables.

Dans la deuxième partie, l’absurde et la magie montent d’un cran avec l’apparition de deux nouveaux personnages, le Maître (que l’on pourrait sans doute le plus associer à Boulgakov) – écrivain devenu fou et interné après qu’il ait brûlé son grand roman sur Pilate – et Marguerite son amante, désespérée par la disparition de son aimé qui deviendra sorcière pour retrouver Le Maître. Une nuit endiablée s’engage pour elle auprès de Woland et de ses acolytes qui la conduira à basculer et de révéler son penchant – par amour - pour la magie noire.

Ce roman m’a laissé une très forte impression. Je l’ai littéralement dévoré avec un plaisir intense et suis sûr que j’y reviendrai pour une relecture. Un jour.



Aout 2016

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Le Maître et Marguerite

Roman dense, débridé, farfelu, il entremêle différentes histoires: celle de Ponce-Pilate au moment de la mort du Christ, celle de plusieurs personnages devenus fous, dans le Moscou des années 1930, et celle du Diable, à l'origine de leur folie.Une imagination incroyable, entre philosophie existentielle et fantastique.Original et foisonnant, trop d'ailleurs, car il y a quelques longueurs.

Un roman atypique, en tout cas, et c'est ce qui fait son intérêt.
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