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Critiques de Mikhaïl Boulgakov (576)
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Le Maître et Marguerite

Quarante ans après ma première lecture, je retrouve avec bonheur le Moscou fantasmagorique de Boulgakov, une ville échevelée et burlesque, dont le roman transfigure la réalité dans tout ce qu’elle a d’absurde et de cruel. D’une force terrible, par l’ironie, la poésie, l’imagination, le Maître et Marguerite est l’œuvre de toute une vie. Boulgakov en commence l’écriture en 1928, il rédige et corrige sans cesse jusqu’à sa mort en 1940. Écrivain marginalisé par la doxa du régime, en proie à la censure, aux critiques, son récit est une œuvre de résistance, pour la liberté d’écrire qu’il proclame bien haut, au nom de la création littéraire universelle, de Goethe à Pouchkine, jusqu’aux poètes maudits par le régime comme Mandelstam arrêté en 1930. Roman à tiroirs, tout entier en allusions et références littéraires, maniées avec un humour féroce, il nous plonge dans un univers où la fiction sans cesse est en miroir avec une réalité vivante et grinçante. Fourmillant de détails croqués sur le vif de la vie moscovite Boulgakov se garde toutefois d’une description trop fidèle des lieux, il s’amuse à brouiller les pistes et ses évocations sont rapides, incisives, elles brossent le décor sans appuyer le trait, il en ressort un paysage familier et fidèle. Celui des rues, des immeubles et des appartements communautaires de Moscou est certainement le plus présent ; la promiscuité des cuisines où chacun apporte son réchaud à pétrole (primus), la gourmandise des prétendants à s’installer dans tel appartement devenu vide, les harengs et la vodka, le paysage des rues avec leurs jardins, leurs statues, leurs lieux mythiques, la bureaucratie partout jusque dans le milieu du théâtre, les rivalités du monde des écrivains de Griboïedov à Peredelkino, la vivacité des dialogues lancés avec fougue… Le roman réussit à camper le quotidien dans sa vérité, sur la toile de fond d’une fable incroyable qui prend forme au 302 rue Sadovaïa dans l’appartement 50. Car Wolan le diable, est de la fête, dès le premier chapitre, et il sera partout, accompagné par une clique improbable et facétieuse, dans un réel défi au pragmatisme scientifique et raisonnable de l’idéologie dominante qui tentera toujours de ne pas voir, pour interpréter les faits de la façon qui l’arrange. Je n’avais pas gardé en mémoire, pendant ces dizaines d’années, le détail des faits et gestes de la troupe satanique et les déboires de tous ceux qui croisent sa route. J’avais toutefois clairement le souvenir du premier chapitre ,au bord de l’étang du patriarche : tout le roman déjà s’y inscrit : le rapport ambigu entre le doute et les certitudes, l’absurde de la mort annoncée de Berlioz, la folie en germe d’Ivan, l’arrivée mystérieuse de Wolan sur le banc, la mise en place du roman dans le roman, avec la présentation de Ponce Pilate dans cette Jérusalem qu’il hait si bien…C’est le diable qui introduit Ponce Pilate dans le récit, ce diable omniscient qui a réussi à s’introduire au travers des lignes écrites par le Maître sur l’arrestation et la mort de Jésus, ce Maître un peu tombé du ciel, qui fera son apparition sur un balcon, la nuit, dans une clinique psychiatrique. Écrivain désenchanté, il brûle son manuscrit et l’amour de Marguerite ne le sauvera pas. Boulgakov lui-même, dans ses tourments et son aspiration au repos., se cache à peine derrière ce Maître. Le diable lui, tire les ficelles, il a mené le bal, au sens propre comme au sens figuré, peut-il en être autrement dans un monde de tromperie et de terreur ?

Livre culte, le Maitre et Marguerite est une œuvre majeure, la traduction d’André Markowicz est un bijou de précision qui permet de redécouvrir le texte et de l’éclairer. Malgré tous mes efforts je n'ai pu faire figurer sur le site, la couverture de ce livre publié aux éditions INCULTE, je renvoie les lecteurs à cette édition récente.

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Morphine

Il n'y a pas plus addictif que la consommation de substances psychoactives, nous a-t-on expliqué maintes et maintes fois. Pour autant, à tout non-consommateur, une question se pose : qu'est-ce que l'on ressent lorsqu'on est addict ? le tabac, la cocaïne, l'alcool, les jeux d'argent ou même … la Morphine. L'addiction est omniprésente. Pourtant, on ne la remarque parfois pas. L'ignorons-nous ? La subissons-nous au quotidien ? Sommes-nous déjà tous addicts ?



Grisé, exalté, libéré par cette substance fantastique qu'est la Morphine, le docteur Sergueï Poliakov délivre ce qu'il éprouve lorsqu'il vainc sa douleur persistante, grâce à ses injections, dans son journal. Il nous expose ses craintes, son soulagement, ses faiblesses, ses moments d'ivresse, puis son addiction dans ce carnet. Brusquement, l'intrigue s'associe avec l'impuissance que l'on ressent. Va-t-il nous quitter ? S'arrêter ? Nul autre n'a la réponse que le lecteur, ainsi que Vladimir Mikhaïlovitch, destinataire imprévu de ce précieux journal.



Jamais il n'aurait pu imaginer ce qu'il venait de lire. La lettre pourtant reçue quelques nuits avant sa lecture ne témoignait d'aucun saut d'humeur ou de manière, hormis la présence du mot morphini. On pouvait aussi ressentir l'inquiétude dans cette lettre, l'invitant à le rejoindre et ainsi attester son état maladif. Malheureusement, Vladimir ne pu jamais le rejoindre car quelque temps après cette missive, Poliakov fut retrouvé mort.



On aurait pu le croire guérit par la Morphine, sauvé de ses maux. Pourtant, celle-ci ne faisait que les aggraver tout en les dissimulant. Sa femme, médecin elle-aussi, le savait déjà. Après la première injection, commencerait une descente aux Enfers inévitable. Poliakov le savait aussi, et malgré ses efforts pour arrêter, il ne le put. le lecteur est mis en garde. L'addiction est dangereuse, mortelle et inéluctable. Néanmoins, des remèdes existent ?
Lien : https://lethesaurex.wordpres..
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Le roman de monsieur de Molière

Je ne savais pas que Boulgakov avait écrit une biographie de Molière avant que mon fils ne l'étudie au lycée.

Après l'avoir lue, je m'étonne qu'elle ne soit pas plus connue et diffusée car elle est vraiment très intéressante et plaisante à lire.

Retraçant la vie de Molière de sa naissance à sa mort, elle regorge d'anecdotes que je ne connaissais pas et elle se lit comme un roman (je m'interroge d'ailleurs sur le titre, car dans La pléiade, c'est La vie de Monsieur de Molière, et pas Le roman de Monsieur de Molière, et le titre en russe emploie bien le mot Vie).

J'ai beaucoup apprécié le style plein d'humour, avec un narrateur omniscient maniant le second degré avec art.
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Le Maître et Marguerite

Le diable débarque à Moscou. Voilà une annonce improbable : un personnage aussi surnaturel débarquant avec toute sa clique dans la Russie soviétique, rationnelle et scientifique ?



Voilà qui est étrange mais pourtant, les moscovites vont vite se rendre compte que les choses qui nous semblent impossibles ont la fâcheuse tendance à se réaliser.



À moins que tout ceci ne soit qu’une hypnose collective…car comment un homme pourrait-il prédire la date et l’heure de votre mort ? Et comment pourrait-il être accompagné d’un chat qui parle et qui marche uniquement sur ses pattes arrières ?



Et ce n’est là que le début, il faut aussi ajouter à tout cela, un écrivain et une femme amoureuse sans oublier un roman dont Ponce Pilate est l’un des protagonistes principaux….



Me voici donc plongée, avec délice, dans ce grand classique qu’est « Le maître et Marguerite » de Boulgakov. On imagine souvent lorsque l’on parle de classiques de la littérature, des romans ennuyeux, aux interminables descriptions et pourtant ce roman, un incontournable de la littérature russe est à l’opposé de tout cela.



J’ai beaucoup ri aux aventures de Woland, comme se surnomme le diable, et de sa clique. Dans un rythme trépidant, les événements improbables se succèdent. Mais, attention, ne croyez pas qu’il ne s’agisse là que d’une vaste bouffonnerie.



Ce roman fait apparaître une satyre du régime soviétique en filigrane. On retrouve ainsi des gens qui sont emmenés par la milice et que l’on ne revoie jamais ou un rêve qui devient l’occasion de moquer les procès collectifs.



En outre, la construction du récit est très intelligente, une construction imbriquée qui amène encore plus d’attrait à ce roman.



Si l’histoire d’amour entre le maître et Marguerite n’apparaît que tardivement dans l’histoire, aucun manque à ce niveau grâce à la galerie de personnages, haute en couleur, qui gravitent autour d’eux.



J’ai aimé le récit, l’histoire, le style et les personnages, bref, je n’ai qu’un conseil à vous donner : lisez-le !
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Le Maître et Marguerite

J'ai souvent entendu recommander ce livre, devenu un classique de la littérature russe. Cherchant toujours à en savoir le moins possible sur l'intrigue des oeuvres avant de les découvrir, je m'attendais plutôt à une romance classique.



J'ai donc été agréablement surpris par l'originalité du récit qui s'attaque à un sujet, certes parfois abordé par la littérature, mais auquel on ne se frotte pas sans une certaine appréhension; par un style soigné sans être lourd; par une narration variée et débridée qui se laisse suivre avec plaisir. On a chacun ses références mais j'ai eu l'impression de retrouver du Garcia Marquez dans le baroque du récit, du Joyce dans le côté épique; du Dostoïevski dans la fluidité et la précision du style.



Gros bémol tout de même, mais il ne tient pas à l'auteur mais à l'édition: les notes de bas de page. J'aime être guidé par les indications sur le contexte ou sur des particularités liées à la langue ou à la culture. Mais j'ai horreur des notes qui révèlent des éléments de la suite de l'histoire ou qui donnent d'emblée toutes les clés de certains mystères. Je sais que ce livre est devenu un classique et que beaucoup n'ignorent pas la trame générale. Mais est-il interdit aux profanes de vouloir découvrir l'oeuvre au rythme qu'a décidé l'auteur ? J'ai déjà renoncé à la lecture des quatrièmes de couverture trop bavards. Vais-je devoir faire de même avec les notes de bas de page ?...
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Le Maître et Marguerite

Un livre totalement décalé qui mélange humour, amour dans une ambiance fantastique. Mais c'est aussi une critique politique et sociale des années Staline. Je ne fais pas ici le résumé qui a été déjà bien explicité.

J'ai beaucoup apprécié ce livre même si parfois il y a quelques longueurs. Si au départ,le lecteur est plongé dans une intrigue apparemment simple, le récit évolue sur une tonalité complexe où l'émotion, le fantastique nous embarque facilement.

On dit que ce roman est un chef d'oeuvre de l'auteur et c'en est un car il est magnifiquement construit.
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Le Maître et Marguerite

Dans l'univers de Boulgakov tout devient possible, surtout le plus improbable. Ayant eu à vivre dans une société ou chaque détail de la vie quotidienne était une course d'obstacles souvent insurmontables, Boulgakov ouvrit toute grande la porte de son imaginaire et le résultat fut prodigieux. Après tout, la seule alternative aurait été la folie, toujours prête à accueillir les êtres sensibles et exigeants. Par chance, c'est la créativité qui prit le pas et à laquelle nous devons cet extraordinaire roman. Boulgakov y épuisa ses dernières forces.

Sans doute pensait il pouvoir prendre la fuite dans l'univers parallèle de sa propre création et rien ne prouve qu'il n'y réussit pas puisque nous rencontrons souvent le Maître, Marguerite et Woland et même ce très étrange chat au détour de nos rêves.

Ce Woland, ce n'est pas longtemps un secret, est donc le diable : un diable d'une conception très particulière quand on y pense. Boulgakov lui a donné des traits caractériels qui dénotent fortement de l'image habituelle, une sorte de rigueur et un sens particulier de la justice. Tout en étant également un sacré farceur, Woland a toute la sagesse que peut procurer l'avantage de l'éternité; si bien qu'au regard de notre propre contemporanéité, on en viendrait rapidement à regretter son absence, que l'on espère donc temporaire.
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Le Maître et Marguerite

Une découverte d'excellence et d'exception.



C'est simple, j'ai rarement lu quoique ce soit avec autant d'avidité et d'extase.



A chaque chapitre, des évènements complètement ubuesques viennent ponctuer une intrigue qui quant à elle transpire à équitablement de cohérence et d'excentrisme. Vous êtes partisan de Camus et trouvez que votre vie n'a aucun sens, qu'elle est absurde ? Lire Le Maître et Marguerite vous aidera certainement à relativiser quant à votre détresse existentielle.



Vous ne pouvez vous empêcher d'habiller votre visage d'un sourire sardonique lorsqu'on vous sert de l'humour noir face aux règles tacites des relations sociales ? Lisez Le Maître et Marguerite pour entériner cette habitude.



Ce n'est pas seulement un livre que nous offre Boulgakov, mais une triple rencontre. D'abord avec un Satan puis un Faust moderne (enfin, autant qu'ils peuvent l'être lors des années 20 soviétiques) et même avec Ponce Pilate. On s'attache d'ailleurs rapidement à tous les personnages amoraux et le reversement et si net qu'on en vient à éprouver de la répugnance pour les figures qui incarnent l'aspect fonctionnel de notre existence.



Il est facile de s'amuser des tours de Satan et de ses acolytes, tous uniques à leur façon et tous dépeint d'une main experte.

Le plus impressionnant, à mon sens, est l'astuce avec laquelle Boulgakov réussit à fournir une ligne directrice assez claire dans l'enchaînement des évènements. Chaque chapitre empruntant au rocambolesque et au plus haut degré de l'imprévisibilité, il aurait été facile de perdre le lecteur.



Ici, ça n'est pas le cas. Notre émerveillement se mêle à celui de Marguerite avec qui nous découvrons tout le potentiel drolatique et mirifique du seigneur des enfers.



En bref, il s'agit d'une histoire tellement dense mais qui semble étonnamment immersive tant la lecture semble fluide.

Instantanément envahis par la frénésie jubilatoire qu'éprouve Satan lorsqu'il se joue du pragmatisme des bureaucrates, on aurait envie, nous aussi, de le suivre en Enfer.
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Le Maître et Marguerite

Le roman le Maître et Marguerite, de Boulgakov est une critique du régime soviétique. Boulgakov n'a pas pu publier le livre. C'est sa femme qui s'en est chargée, après la mort de l'écrivain. Je n'ai jamais rien lu de semblable. Plusieurs histoires se mêlent : le Diable et ses acolytes qui, pendant quelques jours, sèment la pagaille dans le Moscou des années 30; une autre, 2000 ans auparavant, raconte la confrontation entre Ponce Pilate et Jésus, et la traîtrise de Judas; une autre décrit l'internement d'un écrivain russe maudit dans un hôpital psychiatrique et enfin l'histoire de Marguerite, qu'on ne peut résumer sans divulgacher. Le roman n'est pas sans humour : les nombreuses facéties des anges déchus accompagnant le Diable, dont le fameux chat noir, mêlent le tragique et le comique dans de multiples situations cocasses. Je recommande la lecture de ce livre qui dénonce l'absurdité du fonctionnement des régimes autoritaires et dictatoriaux par le biais du fantastique et illustre à merveille la liberté de l'écrivain.
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Le Maître et Marguerite

J'ai enfin réussi à lire ce livre. Pas sans mal...

J'ai eu beaucoup de difficultés car trop de personnages, trop de bouffonneries et surtout trop de longueurs. Je me suis perdue dans les pages car j'attendais autre chose de ce grand auteur. J'avais du mal à suivre les errances des personnages et il y a même certains passages dont je n'ai pas compris l'utilité dans le récit.

Par contre, j'ai adoré tous les passages avec Ponce Pilate. Mais vraiment adoré ! L'écriture et l'histoire étaient envoutantes et je n'avais pas envie de partir. Si le livre s'était résumé à ça, j'aurais mis 5 étoiles !



Pioche de décembre 2023 choisie par mylena
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Récits d'un jeune médecin

Beaucoup aimé ce petit Boulgakov(120pages).C'est son histoire qu'il nous raconte: sorti de l'université de médecine de Moscou,il est envoyé dans un hôpital de campagne totalement isolé ,dans la province de Smolensk. Il va nous faire part de ses doutes ,de ses angoisses,par anecdotes assez humoristiques ,il nous décrit sa première année d'exercice en tant que jeune médecin, il n'a que 24ans! J'ai beaucoup aimé , outre l'humour et son sens de l'observation,son amour de l'humain que l'on décèle à chaque chapitre.Un bon petit Boulgakov.A recommander ⭐⭐⭐⭐
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La Garde blanche

Fin décembre 1918, Kiev, « mère de toutes les villes russes », est le siège d’escarmouches entre Allemands en déroute, forces blanches (dernier bastion dédié au tsarisme), insurgés nationalistes favorables à la république d’Ukraine et bolcheviks. La famille Tourbine (Alexis l’aîné, sa sœur Hélène et son frère Nikolka) vivent retranchés dans leur appartement, « arche battue par la tempête de l’Histoire ». Au gré des événements évoluant de minute en minute, les allégeances changent de camp et nombre de fuites éperdues se multiplient parmi les officiers de la garde blanche.

Dans une mise en scène théâtrale, oscillant entre songes délirants, dialogues piquants et échauffourées dans les rues de Kiev, Mikhaïl Boulgakov fait ressurgir les tourments de la révolution bolchevique, amorcée un an plus tôt à Moscou. Onomatopées, chants révolutionnaires, interpellations dans la foule, l’écriture est hautement descriptive, contribuant ainsi à la vivacité du récit.

Étrange alors que ce roman, lu il y a plusieurs années, ne m’ait laissé aucun souvenir précis. Vive la relecture!

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Endiablade ou comment des jumeaux causèrent l..

"Endiablade" ( j'ai lu une traduction, dont le titre, est "Diablerie" ), est un bref texte, de Mikhaïl Boulgakov, valant principalement par son style picaresque, qui nourrit bien le côté quelque peu satirique, de ce bref récit.

Boulgakov, sait créer une ambiance très particulière, qui m'a tout simplement enchanté. Il faut dire qu'il sait très bien écrire, et que ces récits, sont parfaitement pensés et réfléchis.

J'ai eu plaisir, à découvrir ce récit bref et efficace. De la bonne littérature.
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Le Maître et Marguerite

Quel monstre, fiou ! Ca part dans tous les sens, la première partie vous retourne le cerveau, mais fort heureusement, la deuxième ralentit le rythme et donne quelques éléments d'explication.

Le Maître et Marguerite, c'est l'histoire d'un petit groupe diabolique mené par le diable en personne. Il secoue fortement la capitale russe et ses élites corrompues, le tout parsemé de parallèles récurrents avec Judas et la mort de Jésus selon la Bible.



Accrochez-vous, notamment à cause des multiples personnages et de l'apparente absurdité des actions/disparitions en série, parce que ca vaut vraiment le coup ! Le destin du maître - l'écrivain qui ose parler de religion dans une dictature communiste - et de sa douce est émouvant.
Lien : https://tomtomlatomate.wordp..
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Le Maître et Marguerite

Ouh la la ! Dès les premières pages, du fantastique… ça s'annonce moyen pour cet aspect. Et de fait, la suite se confirme : au secours, j'ai détesté : des têtes arrachés par des chats qui se servent du thé, des gens qui s'envolent… Sérieusement, je n'en pouvais plus ! Et puis, c'est presque gothique, limite absurde parfois, tout ce que je n'aime pas !



Je me suis emmêlée les pinceaux avec les noms russes ! En revanche, bien que le début soit très descriptif rapport aux personnages, il faut reconnaître que la lecture est aisée.



Parlons de l'histoire d'amour dont tous les résumés parlent : elle est bien longue à arriver dans l'histoire la Marguerite, bien, bien longue ! A peu près au milieu, apparaissent enfin Marguerite, celui qu'elle appelle "Le Maître" et leur histoire d'amour. Ca va un peu mieux, la lecture devient, pour moi, plus intéressante. Mais ça ne dure qu'un chapitre… Lorsque Marguerite apparait à nouveau c'est pour devenir une sorcière chevauchant nue un balai pour être la reine du bal de Satan ! Au secours !!!! Et franchement, l'histoire d'amour extraordinaire, je ne l'ai pas du tout ressentie.

J'ai fini par sauter des lignes et des lignes à la fin.



Seul point positif : Je ne m'attendais pas du tout à ces petites incartades au temps de Jésus, Pilate et Judas, et ce fut une bonne surprise. J'ai relativement aimé replongé dans cette histoire religieuse et lire les théories sur les événements de cette journée de Pâques de l'an 33 à Jérusalem.



Sinon, pffff ! Pour une première lecture russe… quelle déception et quelle épreuve ! Quand je vois les notes de ce roman sur différents sites... j'ai dû rater un truc...! (oui, je sais même lequel : contexte historique etc.) Dommage... mais de toutes façons, le fantastique et moi, ça fait deux.



~ Pioché dans ma Pal par Fuyating

~ Challenge multidéfis 19 : auteur russe

~ Challenge XXe
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Journal confisqué 1922-1925

Les notes de ce journal rédigées entre 1922 et 1925 ont été confisquées par le Guépéou lors d’une perquisition au domicile de Boulgakov le 7 mai 1926. Elles lui furent restituées en 1929 et il s’empressa alors de les détruire. Les passages qui ont été conservés proviennent des copies réalisées par la police politique. Détail ironique puisqu’il touche l’auteur de la célèbre assertion : « les manuscrits ne brûlent pas ».



« Nous nous débattons tels des poissons contre la glace. » Boulgakov est arrivé à Moscou à la fin de l’année 1921. La capitale est délabrée, sort du « communisme de guerre » et fait ses premiers pas dans la NEP. L’écrivain fait part de ses tracas financiers et domestiques. Il parcourt les rues boueuses avec ses chaussures aux semelles usées pour placer des articles ou des nouvelles dans diverses rédactions. Ses problèmes d’argent sont sans fin et il rage de devoir consacrer son temps à la rédaction de textes sans envergure. Il évoque ses problèmes de logement qui deviendront avec les années une fixation. Le thème sera abordé dans plusieurs de ses œuvres.



« En tant qu’écrivain, je suis incomparablement plus fort que tous ceux que je connais. » Boulgakov doute mais il est conscient de son talent et ne regrette pas de s’être engagé dans une carrière littéraire malgré les difficultés. Il réserve les critiques les plus acerbes pour les écrivaillons, rédacteurs en chef ou théatreux qu’il côtoie. Si l’un d’eux est juif, il se permet des réflexions que nous qualifierons de « déplacées ». S’il est profondément antisoviétique, il exprime beaucoup de respect pour les deux écrivains officiels du régime : Maxime Gorki et Alexeï Tosltoï. Outre les textes alimentaires, cette période est féconde pour Boulgakov puisqu’il rédige dans ces années « les Œufs fatidiques », « Cœur de chien » et surtout « la Garde blanche ».



« Il s’en passe des choses dans ce monde. » L’écrivain commente l’actualité soviétique et internationale, souvent avec cynisme et parfois avec beaucoup de clairvoyance. En 1923 par exemple, quelques semaines avant la tentative de putsch menée par Hitler à Munich, il devine la possible victoire des fascistes en Allemagne et l’avènement d’un nouvel empereur et il écrit : « dans ce cas, ça ira encore plus mal pour la Russie soviétique. »



« J’ai peur qu’en récompense de tous ces exploits on ne m’expédie dans une de ces « contrées pas si lointaines ». » Le journal est parfois difficile à saisir car il faut connaitre la vie de l’écrivain et le contexte politique et international de l’époque. Mais il est éclairant car on devine derrière des préoccupations quotidiennes, la naissance des grands thèmes qui seront traités par l’écrivain. Dans ces textes, Boulgakov surprend par sa grande franchise. Il cherche à réaliser son ambition à tout prix : écrire et rester libre dans une époque de censure et de répression politique.

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J'ai tué

"J'ai tué" est un recueil de six nouvelles de Mikhaïl Boulgakov parues dans différentes publications soviétiques entre 1922 et 1926, soit aux débuts de sa 'carrière' littéraire. Le choix des nouvelles est pertinent. Il permet d’aborder les thèmes majeurs de l'auteur, notamment ceux développés dans "la Garde blanche" dont la publication périodique a débuté en 1926. Boulgakov a trouvé la matière de ses nouvelles dans ses expériences personnelles les plus marquantes.



C'est le cas dans la nouvelle ''j'ai tué'' où le narrateur, un jeune médecin, se voit réquisitionné par l'armée en déroute de Pétlioura. Les soldats sèment la terreur dans les rues de Kiev.



Deux autres récits sont inspirés par la guerre civile :

- "la couronne rouge" : un homme part au front chercher son frère. Il le laisse mener un dernier assaut qui lui sera fatal. Evènement qui le traumatisera et lui fera perdre la raison,

- "le raid" raconte l'attaque de sentinelles par des soldats de Pétlioura. L'une des sentinelle, guidée par la lumière d'une lanterne, parviendra à survivre.



Quant à "l'éruption étoilée", la nouvelle est présente dans le recueil "récits d'un jeune médecin". Tout juste diplômé en médecine, Boulgakov a travaillé plusieurs mois dans un hôpital de campagne. Il raconte comment un jeune médecin, sûr de son diagnostic, parvient à guérir de la syphilis des paysans réfractaires.



Dans "Le feu de khan Tougaï", un noble revient secrètement dans son palais au cours d'une visite guidée, quelques années après la Révolution. Il est horrifié par l'irrespect des autres visiteurs et par le projet de transformer certaines pièces en bibliothèque. Prenant conscience que le changement est irréversible, il préfère mettre le feu à son palais.



Le dernier récit est le plus surprenant par sa douceur et sa simplicité. Dans un logement communautaire, un homme accueille le fils d'une voisine, il tente de faire prendre conscience à la mère que son conjoint ne reviendra pas et lui propose de s'unir à lui.



Pour conclure, ce recueil est une excellente introduction à l'oeuvre de Boulgakov. Les nouvelles sont accessibles, variés et d'une grand qualité littéraire.

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Morphine

Morphine de Mikhaïl Boulgakov

Hiver 1917, le docteur Bomgard vient de quitter son travail à Gorielovo un à plus tôt, un district perdu, pour l’hôpital du chef lieu de canton, il en est très heureux et quelques temps plus tard repense avec émotion mais sans regret aux mois qu’il y a passé. Or justement, au même moment il reçoit une lettre, datée du 11 février 1918, de celui qui l’a remplacé, le docteur Poliakov, une lettre aux tonalités dramatiques, il parle d’une »mauvaise, grave »maladie. Bomgard se prépare à partir, il connaissait bien Poliakov, il avait été son condisciple en médecine. Mais le temps qu’il se prépare une infirmière le prévient qu’un homme vient d’arriver en piteux état, il vient de se tirer une ballé dans la tête, c’est Poliakov qui meure quelques instants plus tard. L’infirmière remet alors un cahier à Bomgard, accompagné d’une lettre datée du 13 février 1918, c’est Poliakov qui a consigné l’évolution de son mal au fil des jours.

Bomgard va alors étudier ce qui a amené Poliakov à calmer ses douleurs morales et physiques par des injections de morphine et leur terrible résultat.

Très beau et très court récit plein d’émotions dans une Russie en pleine révolution. Boulgakov a sûrement tiré de ses expériences personnelles des éléments de cette nouvelle, il était médecin( et morphinomane)avant de devenir écrivain.

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Le Maître et Marguerite

Je ne sais même pas par où commencer pour parler de cette œuvre époustouflante.

Le plus évidemment c'est une satire politique : Le maître et Marguerite, où quand les artistes sont décapités dans le Moscou des années 30.

C'est un livre pop-up : quand on l'ouvre, on roule sur des têtes coupées et sanglantes qui parlent encore, des corps qui ne parlent plus, un chat grossier et incendiaire passionné d'armes à feu, une dame qui s'envole par les fenêtres.

C'est un conte musical : on y croise Berlioz et Stravinsky (j'ai adoré le personnage du médecin, hyper travaillé, bien qu'on ne le croise que brièvement), mais aussi Johann Strauss.

C'est un roman philosophique, on y suit Ponce Pilate et les trois brigands, et tout commence à la remise en question de l'existence de Dieu, et du diable.

Et pourtant il est là, avec sa team diabolique aux multiples noms (Koroviev/Fahoth, le chat Béhémoth, et toute une troupe déjantée (Azazello, Hella...). Ensemble, ils viennent semer la zizanie à Moscou, parmi le milieu des artistes, faisant pleuvoir les devises et les coups, réquisitionnant les appartements, coupant les têtes...

Marguerite apparait plus tard dans le roman, elle est amoureuse de celui qu'elle appelle le maître, dont l'œuvre d'une vie est ce roman document sur Ponce Pilate qu'il a brûlé plusieurs fois (j'ai lu que Boulgakov a fait de même avec sa propre œuvre d'une vie puisqu'il a travaillé à son roman pendant plus de 12 ans, et a d'ailleurs commencé par le brûler également). Séparés, elle rencontre le diable Woland et lui demande de lui rendre son cher et tendre en échange de son âme. On assiste à un incroyable bal de damnés au cours duquel Marguerite doit enchaîner les horreurs sans que ça semble trop lui coûter.

Ce roman d'une richesse bien ordonnée qui m'a laissée bouche bée m'a donné une impression de cacophonie harmonieuse. Le registre d'écriture est vraiment théâtral et extrêmement visuel à la lecture, je crois d'ailleurs savoir qu'il a été plusieurs fois mis en scène.

Ce roman a fait l'objet de nombreuses thèses et études il y aurait tant à en dire, j'ai ici décrit les impressions fortes ressenties à la première lecture. Il ira dans ma pile des romans à relire avec un œil probablement plus analytique.
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Le Maître et Marguerite

C’est plus fou le journal du même nom de Gogol, c’est plus démoniaque que dans les Possédés de Dostoïevski, c’est plus incroyable qu’Azimov ou Zamiatine. C’est aussi plus grave que Guerre et paix, puisqu’il est question du bien et du mal.

Le Maître et Marguerite, comme tout bon roman russe qui se respecte, fait intervenir une multitude de personnages. Mais ils se dissimulent dans le labyrinthe d’un récit complexe (et parfois même compliqué), une successions de scènes qui peuvent faire perdre l’orientation dans la visite du chef-d’œuvre ; si l’on n’y prend pas garde, on peut donc perdre son fil et se demander comment « diable » on est en train de lire ce qui est sous nos yeux.



Mais la prose d’abord si drôle de Boulgakov et, on le sait, on le sent presque olfactivement, on le débusque derrière les situations, les allégories, les images : l’enjeu de ce roman de résistance fait que l’on s’attache à ne jamais lâcher le fil de la lecture.



C’est sans doute un roman qui mérite, plus que bien d’autres, d’être lu plusieurs fois : une première pour se laisser surprendre et éblouir. Une seconde pour savourer et confirmer ou infirmer le souvenir de ce qu’on y comprit. Une troisième ? Certains diront que oui : et pourquoi « diable » s’en priverait-on ?
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L’étranger, d'Albert Camus

Où Meursault rencontre-t-il Marie Cardona le lendemain de l’enterrement de sa mère ?

dans une salle de cinéma
à l’établissement de bain du port
sur une plage aux environs d’Alger

10 questions
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