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Critiques de Mikhaïl Boulgakov (578)
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Coeur de chien

Un savant moscovite greffe l'hypophyse d’un cadavre sur un chien errant. Mais il va rapidement perdre le contrôle de cette créature hybride. En effet, le chien a tous les défauts du citoyen soviétique : ivrogne, paresseux, hâbleur, cupide, grossier…Le périple de cet individu extraordinaire sera la trame d’une satire de la société soviétique des années 20, avec notamment la question si sensible à Moscou du logement. Boulgakov exprime son mépris pour cette plèbe sans éducation qui prend la place de l’ancienne société (cf sa nouvelle « Le Feu du Khan Tougaï »).
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Le Maître et Marguerite

si vous rentrez dans l'univers hallucinant de Boulgakov par ce livre, vous risqueriez de ne plus en sortir. Un roman russe qu'il faut avoir lu pour comprendre l'âme russe, au travers de personnages délirants. Bien que se rejoignant, le livre est composé de deux parties; Dans la première, le diable est ses avatars en sont les principaux protagonistes, heureux de bouleverser le monde d'un petit théâtre. L'humour y est présent, comme les rebondissements "diaboliques". La seconde se porte plus sur Marguerite, pour moi sorte "d'Alice aux pays des merveilles", sur son balai de sorcière. Je vous laisse découvrir cet univers unique. L'auteur a également écrit d'autres ouvrages, plus réalistes, comme le journal d'un médecin de campagne, que je recommande chaleureusement.
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Le Maître et Marguerite

Oublier toute rationalité pour entrer dans un univers fantasmagorique, voilà ce qu'il est nécessaire de faire pour lire ce roman. Mais une fois dépouillée de tout a-priori, alors je me suis délectée de l'absurde des situations ou des descriptions des personnages manipulés . Des morceaux d'anthologie dans ce roman, entre la vision "humaine" de la passion de Christ ou l'extravagance des situations. Mon reste de cartésianisme a juste bloqué sur les cavalcades "endiablées". Et, quelle langue! Certains passages sont parmi les plus remarquables qu'il m'ait été donné de lire. Je trouve dommage de rendre compte de l'histoire, complexe et à tiroirs et où les destins s'entrecroisent: c'est donc difficile à partager sans dénaturer le récit et la découverte. La littérature russe n'est pas simple d'accès mais elle procure de belles rencontres.
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Le Maître et Marguerite

Lu il y a fort longtemps, j’avais juste conservé de cette première approche un souvenir positif.



Grand bien m’a pris de prendre quelques notes en cours de lecture : la complexité de l’histoire m’aurait laissée sur la berge pour tenter d’en faire une synthèse. Nous sommes à Moscou à l’époque où le communisme compliquait grandement la gestion du quotidien des moscovites (logement, nourriture...) et où une administration tentaculaire alourdissait toute organisation. Le roman commence avec la conversation d’un poète et de son éditeur à propos de l’existence du Christ. Pour trancher ce débat, surgit un personnage pour qui la question ne se pose pas, puisqu’il prétend avoir été présent lors de la condamnation de Jésus le Nazaréen par Pilate. S’ en suit l’internement du poète lorsqu’il prétend que le curieux personnage avait prédit la mort de l’éditeur, décapité par un tramway. C’est le début d’un déferlement de situations rocambolesques qui vont mettre Moscou à feu et à sang, et peupler l’asile psychiatrique d’un grand nombre de personnages qui ont croisés le diable (Woland) ou l’un de ses 4 acolytes (Azazello, Béhémot, Koroviev et Hella). Parmi ces supposés malades mentaux, le Maître, un écrivain aigri dont l’oeuvre inachevée traite des dernières heures de Jésus...Sa maitresse Marguerite, après avoir pactisé avec le diable en subissant l’épreuve d’un grand bal maudit, pourra exaucer son voeu le plus cher, vivre avec son amant dans la misère. Leur empoisonnement par Azazello les conduit à suivre Woland dans la mort.



Par l’intermédiaire du roman du maitre, le lecteur suit une deuxième intrigue, qui se déroule à Jérusalem et décrit avec précision la condamnation et la crucifixion de Jésus, et les états d’âme de Pilate et de Mathieu Lévi, dont Woland se fera le confident

C’est donc trois scénarios que l’on parcourt, entremêlés, et qui convergent vers la fin du récit avec la libération de Mathieu Lévi

C’est donc un roman complexe, foisonnant, très animé. L’auteur se situe en témoin narrateur, et bouscule sans cesse le lecteur, en revendiquant occasionnellement son honnêteté de rapporteur. Les situations sont souvent hautement burlesques et ont du faire hurler de rire les lecteurs russes de l’époque (la version complète n’est parue en Union soviétique qu’en 1973). La longueur ne se ressent pas car l’action est sans cesse relancée par les nombreuses facéties de cette association de malfaiteurs sataniques.



Histoire d’amour, satire politique, conte fantastique et comédie se mêlent pour la plus grande joie du lecteur


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J'ai tué

"Tuer un chien méchant est même une très bonne action" (*)



Boulgakov est alors médecin dans cette période post- révolutionnaire russe qui ouvre à la guerre civile. Il conçoit à partir de ces bouleversements vécus, en tant qu'écrivain cette fois en 1926 sa nouvelle semi-autobiographique sur le choix fatal de son protagoniste de passer à l'action. L'ambiguité de sa situation, de la situation, repose sur des forces antagonistes qui s'affrontent en Ukraine avec une violence extrême, les troupes de Petlioura, les bolcheviks et les troupes blanches de Denikine. Eu égard à cette abomination qui s'abat sur son pays, les bolcheviks lui apparaissent plus enclins à l'entendre, ce sont les premiers à déloger les séparatistes ukrainiens. de deux maux le moindre.



C'est dans cet imbroglio total que l'homme apparaît : le docteur Iachvine face à son destin, il ne se résigne nullement à son sort, et va justifier son action dans le crime, le crime commis sur un colonel, sinistre individu aux ordres de Petlioura. L'intellectuel Iachvine s'efface devant le combattant et nous révèle sa vérité ..



L'entrée en matière s'opère comme dans un univers gogolien et au fil des pages Boulgakov décline sa prose singulière. envoutante..



Pour la petite histoire, Boulgakov abandonne son activité de médecin pour celui d'écrivain dans les années 1920. il s'essaie à la nouvelle et pas qu'un peu, considérons ses premières comme des exercices parfois brillants comme ici, son témoignage, son regard sur l'époque tant débattue est de premier ordre. Il faut lire les nouvelles russes, elles permettaient de se faufiler dans les revues à bon compte et n'étaient nullement conçues comme ici : seul le nombre de pages permettait de les identifier, elles recueillaient un franc succès auprès des russes et furent bien souvent un moyen de subsistance.. (Tchekhov gagnait plus à écrire qu'à exercer sa médecine). Alors qu'ici on la considérait comme un genre mineur, cela se voit moins de nos jours où le genre roman est mis à toutes les sauces et laminé par sa médiocrité..



(*) Guerre et Paix, Tolstoï
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Le Maître et Marguerite

« Le Maitre et Marguerite » est un roman réellement unique et difficilement classable.

Sa puissante dimension surnaturelle, sa bizarrerie imaginative et sa folie galopante, en sont pour moi les principaux attraits.

Jouant avec le lecteur en toute maestria, Boulgakov déroute, bouscule et charme par son talent de conteur.

Ainsi, les passages « sataniques » sont formidables, les auxiliaires du Diable, notamment l’impayable chat Béhémoth capable de toutes les sournoiseries possibles en sont le principaux ressorts.

Mais le roman contient d’autres aspects plus profonds, notamment une description de la censure soviétique, avec de mauvais artistes qu’on encadre étroitement, le climat de suspicion et de paranoïa permanent par rapport aux contrôles de la milice, avec la crainte d’intrusion d’agents occidentaux venant corrompre par l’attrait du capitalisme la pureté des esprits russes.

Allant à contre courant de son époque, Boulgakov affirme une foi chrétienne personnelle marquée par la réhabilitation du bourreau de Jésus, le procurateur Ponce Pilate qui fait même assassiner le traitre Judas Iscariote ayant livré le messie aux romains.



Enfin, ce roman très riche laisse poindre outre les tourments de l’artiste maudit, une formidable histoire d’amour romantique bravant les interdits, le temps et l’éloignement et enfin la vie terrestre pour atteindre un absolu d’immortalité.

Il semble donc que Boulgakov se sachant condamné par sa maladie ait mis tout son talent et son âme dans ce roman dense et fou.

Impressionnant.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Le Maître et Marguerite

Expression pérennisée sur un panneau près de l’Etang du Patriarche en Russie, « Ne parlez jamais aux inconnus » résonne encore, trace des surveillances entre 1934 et 1946. Le Maitre et Marguerite est un conte satirique, fable politique, critique sociétale du système soviétique qu’un voile fictionnel fantastique sublime. Le Diable parade, être du renversement, dandy costumé en magicien noir grave et frivole se penchant sur Marguerite, femme faustienne à la recherche de son amant. En leurs rencontres les trames s’entremêlent. De Jérusalem à Moscou, les temporalités déstructurées étendent les éclats des rues russes, rythmes de l’Alléluia, chant d’exil du Lac Baïkal jusqu’au péristyle de Ponce Pilate. Le lecteur est pareil à l’étranger entré par les fenêtres du poète emprisonné : fractureur du diégétique étourdi par la folie des protagonistes, fasciné et transi par un récit dont il ne pourra repartir qu'entaché. (Ma.P.)
Lien : http://www.bnfa.fr/livre?bib..
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Endiablade ou comment des jumeaux causèrent l..

Le diable est dans les détails, dit-on.



Chez Boulgakov, le diable est dans la bureaucratie soviétique, embusqué derrière les cloisons des administrations, à l'affût , dans les claviers agiles des secrétaires, sous les casquettes cirées des fonctionnaires.



Le pauvre Korotkov en fait l'expérience à ses dépends..



Il a maille à partir avec son chef de bureau, un certain Caleçoner.. Dès lors tout dérape: on ne lui paye plus son salaire qu'en nature, avec la production elle-même - des allumettes diaboliques qui vous explosent dans les doigts, vous font de terribles coquards et laissent un sillage inquiétant de soufre derrière elles. Il perd ses papiers: il n'est plus personne, même son patronyme est écorné..

Son tortionnaire lui-même se dérobe à toute explication: Caleçoner se dédouble, tantôt chauve et violent, tantôt fourbe et fuyant, doté d'une barbe assyrienne: impossible pour le pauvre rond-de-cuir de trouver un sens à ce dérèglement irrationnel qui se termine dans une apocalypse grotesque digne de Jérôme Bosch...



On comprend bien la vindicte de Boulgakov à l'égard de la bureaucratie stalinienne qui lui fit mille et une misères , mais j'ai largement préféré Coeur de chien, pour la satire et Le Maître et marguerite pour les diableries d'un pouvoir machiavélique..



Le récit est haut en couleurs mais le fantastique, un peu vain, ne m'a pas frappée de stupéfaction comme dans le Maître ni fait rire jaune comme dans Coeur de chien..C'est très bien écrit, très bien traduit aussi et illustré mais cela m'a laissée un peu froide..



Diable, diable,il me faut des émotions plus fortes pour m'émouvoir que ces petites diableries de bureau...
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Le Maître et Marguerite

Je ne sais dans quel sens le prendre

En le lisant de la fin, j'arriverai peu être à mettre les personnages dans l'ordre ; il prend la tête et j'adore

Je crois que j'ai perdu la tête, au moment ou elle a roulé dans le trottoir ;

Enfin je vais connaître Marguerite

Le résumer, non ! c'est un gag !!!!

Le personnage du chat m'intrigue

A lire absolument à relire pour mieux remettre les personnages à leurs places !!!

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Récits d'un jeune médecin

Par delà les grandes qualités de ces récits, je salue aussi la présence discrète, mais efficace du traducteur qui mérite de partager solidairement avec l’auteur les cinq étoiles.
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Le roman de monsieur de Molière

Presque rien n'a changé depuis ce 17eme siècle, courir le cachet et les faveurs des "grands" pour les artistes en tout genre. Une plongée dans ce siècle qui a vu tant de nos classiques scolaires éclore et se débattre dans les affres de la survie artistique, mais aussi alimentaire.

L'amour des comédiens et des "saltimbanques", a du inspirer et motiver Mikhaïl Boulgakov pour entreprendre les recherches nécessaires pour nous restituer la vie de Molière et de ses contemporains. L'amour du théâtre pour nous rendre si vivants les affres de l'auteur et du comédien.

Je ne sais si ce roman à inspiré la série des années 80, il me semble, avec Philippe Caubére, sur la vie de Molière, mais en tous les cas, les images et l'intensité du jeu, m'ont accompagné tout le long de la lecture de ce roman, qui bien "qu'historique" semblait contemporain par bien des aspects.

Jean Baptiste, un génie, qui comme tous les génies, était "décalé" par rapport à son époque.

Intemporel donc immortel.
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Le Maître et Marguerite

Durant la première moitié du livre, je n’ai pu que constater le talent de l’auteur et la force littéraire du roman.

Mais par la profusion de personnages dont j’emmêlais les noms, il me fut difficile d’entrer dans l’histoire.

Et puis, petit à petit, je me suis laissé prendre par cette ambiance particulière où le diable se mêle aux hommes, par cette satire où la politique est opprimante et oppressante, par ces situations burlesques, par ces évènements invraisemblables qui amènent les personnages à la folie.

La transposition du vécu des russes sous la dictature de Staline dans une fiction fantastique est remarquable.

Mais, des longueurs ont succédé à des regains d’intérêt.

Moralité, j’ai aimé sans aimer et je ne suis pas mécontente d’avoir terminé.

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Le Maître et Marguerite

Encore un livre culte dans lequel je ne suis pas entrée; j'ai souvent l'impression que la version audio nuit aux grands textes. S'il s'agit d'un livre déjà lu, la version audio permet de raviver la mémoire et découvrir des aspects qui avaient échappés. Là, je n'ai pas encore lu.

Ici, je me suis ennuyée au long du premier CD, la suite est mieux passée mais il me semble évident qu'il me faudra passer par la version papier (ou au moins réécouter dans d'autres conditions.)

fin juillet, deuxième écoute; j'ai mieux compris mais ne suis toujours pas séduite.

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Le Maître et Marguerite



Saurions-nous apprécier la beauté sans connaître la laideur?



"Le Maître et Marguerite" de M. Boulgakov est un classique de la littérature russe du XXème siècle. L'action démarre dans un parc où le directeur d'une importante association littéraire débat avec son interlocuteur de l'absurdité des croyances religieuses. Soutenant la thèse que ni Jésus ni le Diable n'aient pu réellement exister, il voit surgir de nulle part un homme bizarre et suspicieux.

Ainsi démarre l'histoire qui sera scindée en deux, chacune se déroulant dans un espace temps différent de l'autre.



La 1ère est située à Jérusalem au tout début de l'ère chrétienne. On y retrouve Ponce Pilate rongé par la culpabilité d'avoir laissé crucifier Jésus sous la pression du peuple juif.

Pendant des siècles il ne rêve que d'une chose; obtenir le pardon de "Yeschoua".



La 2ème histoire se déroule dans le Moscou de Boulgakov. Cette paisible ville est soudainement sens dessus dessous suite aux agissements de Satan et de ses acolytes. Ces derniers trouvent un malin plaisir à semer le bazar partout, ils torturent les citoyens et poussent bon nombre d'entre eux dans les asiles psychiatriques.



Quant aux maître et Marguerite, leur histoire d'amour servira de pont entre les deux époques.



Ce roman est tout à la fois un conte fantastique, une satire politique et un roman d'amour.

Dans le monde de Boulgakov le mal ne se trouve pas là où on l'attend. Satan n'est pas aussi diabolique que les légendes le font croire. Les grands de ce monde sont aussi lâches que le plus horrible des misérables, et amitié ne rime pas toujours avec fidélité.

Et l'on se demande, le chaos et l'injustice ne sont-ils pas un mal nécessaire pour tenir le monde en équilibre?



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Le roman de monsieur de Molière

Sous la forme d'un roman, Boulgakov fait revivre, « à la lueur des bougies », Jean-Baptiste Poquelin dit Molière né en 1622 à Paris. Son statut d'aîné de la famille le destine à reprendre le commerce de son père, tapissier pour la Cour. Mais l'appel des arts de la scène l'emporte sur tout : renié par les siens, il se lance sur les routes avec sa troupe de comédiens et rapidement, il se met à écrire ses propres pièces de théâtre. Ses tragédies ne plaisent guère mais ses farces et comédies le propulsent à l'avant-plan du milieu théâtral. Protégé par le roi Louis XIV lui-même, son avenir est assuré malgré quelques accrocs à sa réputation et les critiques constantes de ses rivaux.

Fin observateur de ses contemporains, Molière a transposé leurs travers dans ses écrits et peu de types et de professions ont échappé à ses railleries au fil des années.

J'ai apprécié cet ouvrage hautement évocateur, bien écrit et traversé d'un humour fin. Et j'ai fortement envie de relire deux romans de Mikhaïl Boulgakov que j'avais lus il y a fort longtemps, soit La Garde blanche et le Maître et Marguerite, contenus dans le présent volume emprunté à la Bibliothèque municipale.



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Le Maître et Marguerite

Jubilatoire! Ou comment Boulgakov renverse le mythe de Faust en faisant de Marguerite l'instrument de la rédemption de l'homme qu'elle aime. Rédemption qui passe par un jeu de massacre orgasmique où tous les représentants de l'ordre établi moscovite se font dézinguer allègrement. C'est une révolution féminine qui donna bien du mal à la censure soviétique...

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J'ai tué

Toutes les nouvelles de ce recueil sont inspirées des expériences personnelles de Mikhaïl Boulgakov. Écrits entre 1916 et 1926, ces textes témoignent d'un esprit profondémment angoissé. Comme s'il n'avait retenu que l'absurdité et l'horreur des événements marquants de cette Russie alors en plein déclin (chute du tsarisme et guerre civile en Ukraine en 1919), Boulgakov traduit avec désarroi les doutes qui ne cessent de hanter son âme. Abandonnant son scalpel au profit de la plume, le médecin devenu auteur, livre dans ce recueil des récits sur lesquels plane dangereusement l'ombre de la folie. " Ainsi a pu naître, chez l'écrivain soviétique, ce que l'on a appelé son " fantastique noir ", c'est à dire la prolifération de formes sombres, insolites et déroutantes, parfois hallucinatoires et diaboliques, un monde de fantasmagories d'une angoissante absurdité que pourrait illustrer la célèbre phrase de Goya " le sommeil de la raison engendre les monstres " (extrait de la préface de Nicole Chardaire).



De ces cinq nouvelles où la fiction le dispute au réalisme, celles que j'ai préféré sont La couronne rouge et L'éruption étoilée. J'imagine que ce ne sont pas les textes les plus significatifs du " fantastique noir " de Boulgakov mais ils m'ont semblé refléter les traumatismes et les tourments de l'auteur : culpabilibité, folie, désespoir pour La couronne rouge (publié en 1922) et solitude et maladie pour L'éruption étoilée (rédigé au début des années 1920 mais publié en 1926), ces deux textes marquent deux événements décisifs dans la carrière de Boulgakov. L'éruption étoilée qui évoque sa vie de jeune médecin à la campagne annonce en effet sa spécialisation dans la vénérologie (on notera cependant que contrairement à d'autres textes, cette nouvelle ne sera pas intégrée aux Récits d'un jeune médecin). La couronne rouge qui sera intégrée à un chapitre historique du roman Maître et Marguerite, signe quant à elle, la reconversion définitive de Boulgakov à l'écriture. Bien que ces textes soient courts, j'en ai apprécié le ton et la portée car ils se réfèrent implicitement à l'histoire d'une Russie alors minée par la Révolution bolchévique et divisée par la guerre civile (russes rouges contre russes blancs). Je n'ai pas trouvé ces nouvelles percutantes (peut-être Boulgakov s'est-il auto-censuré ?) mais à la manière d'une invitation timide, elles incitent à approfondir la lecture de l'écrivain russe qui venait de Kiev...
Lien : http://livresacentalheure-al..
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La Garde blanche

La garde blanche de Mikhaïl Boulgakov

Ukraine hiver 1918, Kiev. La famille Tourbine vit les événements au quotidien dans sa maison. Il y a Alexis 28 ans, Nikolka 17 ans et Hélène 24 ans mariée à Thalberg. A l’extérieur il y a les allemands, l’hetman de l’Ukraine et les bolcheviques, les anarchistes. Tout n’est que rumeurs impossible d’avoir des certitudes alors on échafaude on fait des plans et on regrette, pourquoi n’a t’on pas fait ceci ou cela, on critique tout en se sentant impuissant. Et t dehors il fait froid il neige et malgré le poêle en faïence, on gèle alors la vodka et le vin aident à supporter tout en rendant malade. La famille est monarchiste et son ressentiment est tourné vers un certain Petlioura, récemment libéré de prison ainsi qu’envers Trotski. La nuit Alexis rêve du maréchal des logis Naï Tours de la garde blanche qui est au paradis, il y a St Pierre, « un petit vieux bien sérieux ». Et un soir la nouvelle enfle, l’hetman a fui abandonnant l’Ukraine, l’armée est dissoute, les hommes renvoyés dans leurs foyers, c’est la stupéfaction, l’incrédulité et la porte ouverte à Petlioura et ses hommes. On était le 14 décembre et plus personne ne comprenait ce qui se passait. La veille on avait demandé à Naï Tours de tenir avec 150 hommes, il avait réussi à arracher de force 150 paires de bottes fourrées et 150 bonnets en peau de mouton à l’intendance, le général en avait fait une syncope. Mais devant l’avancée des rouges il se replie, enlève ses épaulette, jette ses armes et va se cacher, conseillant à tous de l’imiter. Les Tourbine sont rassemblés autour du poêle discutant les rumeurs, des sénégalais à Odessa, des officiers de logement serbes…



Un livre à forte teneur autobiographique, une écriture fiévreuse, Boulgakov nous met au cœur de cette révolution qui changera la vie de sa famille et celle de millions d’autres.
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Le Maître et Marguerite

Le Maître et Marguerite est mon livre préféré, s'il ne devait y en avoir qu'un. Dans une atmosphère fantastique revisitant le mythe de Faust, l'auteur tourne en dérision la société et la politique sous le régime stalinien, la condition des écrivains et poètes de l'époque.



Le personnage de Marguerite m'est cher en tant que femme, c'est à la fois une personne profondément dévouée par amour, correspondant par là à une vision un peu dépassée de la femme, et une personne libre, prête à tout pour vivre pleinement son amour, une personne courageuse à laquelle je suis profondément attachée.



Le ton de la farce qui est employé tout du long ne nuit en rien à la profondeur des questionnements que le livre sous-tend, comme les ceux de Ponce Pilate qui se demande ce qui se serait passé s'il n'avait pas condamné Jésus.



Le diable joue un rôle très sympathique dans cette histoire puisqu'il joue les troubles fêtes là où les ordres établis se doivent d'être dérangés; il est en définitive au service du bien puisqu'il rend justice à ceux qui ont la bonté de cœur et n'hésite pas, à l'instar d'une puissance révolutionnaire, à démettre de leur piédestal ceux qui n'ont que les apparences de la bonté et le rang social.



Ce livre est, en définitive, carnavalesque, féministe et j'ai envie de dire, totalement metal \m/
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Les oeufs fatidiques

Un savant fou, une expérience qui tourne mal, une satire sociale de tous les instants, des personnages farcesques… Non ce n'est pas Coeur de chien, mais avec Les oeufs fatidiques, Boulgakov élabore un autre récit de science-fiction sous haute influence de HG Wells (« Place aux géants » est cité comme référence au début du texte). Boulgakov situe cette fois son intrigue en 1928, soit trois ans en avance par rapport à la date d'écriture. Dans ce futur proche, la ville soviétique devient un maelström de sons et de lumières.



Sans doute inspiré par les débuts du cinéma et la propagation de la « fée électricité », Boulgakov anticipe l'apparition des écrans publics en couleur, qui diffusent des informations. Cela devait faire son petit effet pour le lecteur de 1925, et encore aujourd'hui les descriptions de cette Moscou futuriste s'avèrent très chatoyantes.



La critique du nouveau régime m'a d'abord paru assez subtile, j'ai surtout cru la distinguer dans la façon fort chaotique dont réagissent ces russes du futur antérieur, et dans l'épidémie qui décime leur volaille (allusion à la famine de 1920-1922)… jusqu'à me rendre compte que j'avais négligé le principal. À savoir, la couleur du rayon miraculeux, envisagé comme remède à ladite famine : un rayon rouge qui stimule démesurément la croissance et l'agressivité des êtres qui y sont exposés. Ce nez (rouge) au milieu de la figure semble avoir également échappé aux autorités soviétiques, puisqu'elles avaient initialement toléré la publication de ce texte (!)… avant de très vite faire machine arrière, aboutissant à la situation du Boulgakov impubliable que l'on connaît.



Le récit met un peu de temps à entrer dans le vif du sujet, Boulgakov privilégie les scènes et dialogues théâtraux, avec notamment un comique de répétition bien senti entre le savant Persikov et son assistant. L'horreur prend ensuite brutalement le pas sur la comédie, avant une fin décevante, douche froide que l'auteur paraît reconnaître lui-même dans le titre du dernier chapitre (« Deus ex machina glacé »). Faute avouée faute à moitié pardonnée ? Clairement pas le meilleur texte de Boulgakov, mais distrayant et imaginatif tout de même.
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