AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pascal Garnier (414)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Théorie du panda

En provenance d'on ne sait où, Gabriel arrive dans une petite ville de Bretagne. On ne sait pas pourquoi il est descendu du train précisément dans cette gare, il l'ignore probablement lui-même. Pas pour faire du tourisme, en tout cas.

Il s'installe à l'hôtel, et ne tarde pas à faire connaissance avec quelques habitants. Gabriel n'est pas particulièrement chaleureux, mais quelque chose en lui pousse les gens à lui confier leurs états d'âme. Sans jamais parler de lui-même, il écoute les autres, réchauffe les coeurs, réconforte les estomacs grâce à ses talents culinaires, et renfloue même quelques portefeuilles troués. Il a un don pour réunir des gens aussi différents que malmenés par la vie : Madeleine, la réceptionniste, qui rêve de quitter sa morne grisaille pour le bleu turquoise des lagons, José le patron du bar, déboussolé depuis que sa femme est à l'hôpital, et le couple Rita-Marco, toxicos inséparables catégorie « je t'aime moi non plus ».

Une histoire banale, voire une absence d'histoire. Mais ce serait oublier une autre phrase de Gainsbourg, « Fuir le bonheur avant qu'il se sauve », mise en exergue du livre, lui-même classé « roman noir » dans l'édition de poche. Car on sent, on sait qu'il va se passer quelque chose, on ne peut s'empêcher de se méfier de cet « ange » Gabriel dont on découvre peu à peu les fantômes.

Dans cette histoire faussement simple mais vraiment noire dans son final inattendu, avec un style faussement facile mais un réel sens de la formule, Pascal Garnier campe en peu de mots personnages cabossés et ambiance inquiétante, sans nous priver pour autant d'un peu d'humour et de tendresse. Beaucoup d'humanité, donc, qui rappelle malheureusement à ses lecteurs que Garnier aussi était un homme, donc mortel. Paix à son âme…


Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          340
Trop près du bord

Eliette coule des jours paisibles en Ardèche.

Un brin répétitifs, certes, mais paisibles.

Les enfants sont grands, elle vit désormais auprès de gentils voisins dans le souvenir de son époux disparu.

Une routine programmée subitement dynamitée par la rencontre d'Etienne.

Rien du Prince Charmant mais Eliette s'en fout, elle est pas branchée conte de fée.

Ça colle de suite, comme une évidence.

Un bonheur inespéré jusqu'à l'entrée en scène d'Agnès, fille d'Etienne un brin déstabilisante.

Et là, c'est le drame...



La campagne, ça vous gagne !

Le temps de poser rapido le cadre, d'y induire deux-trois situations dramatiques, d'y adjoindre quelques personnages intrigants et roulez jeunesse, foncez petits bolides.



Une quatrième de couv' hyper réductrice et c'est tant mieux.

Je m'attendais à un huis-clos oppressant, Trop Près du Bord s'avère bien plus complexe que cela.

Au prétexte d'aborder subtilement le thème de la solitude en milieu rural, Garnier va la jouer grand seigneur en y greffant une intrigue policière haletante aux péripéties millimétrées.



L'histoire se lit avidement, aidée en cela par la plume profondément humaine de son auteur.

Tout en finesse et en retenue lorsqu'il s'agit de relater la naissance d'une possible idylle, Pascal Garnier se veut également direct et percutant histoire de ne jamais laisser ronronner un récit aux possibles effluves de Plus Belle La Vie.



C'est beau et désespéré à la fois.

C'est un grand Garnier, encore.

Commenter  J’apprécie          337
Trop près du bord

Mais bon, tant qu'on n'est pas mort, on arrivera bien quelque part !



Eliette, la jeune soixantaine, veuve depuis peu, coule des jours un peu trop paisibles dans un village en Ardèche, loin de tout - et de ses enfants -. Ses proches voisins Rose et Paul, plus très jeunes et très frais, sont sa seule compagnie, autant dire que la vie n'est pas très folichonne... du moins jusqu'à l'apparition impromptue d'Etienne, un serviable inconnu quadragénaire rencontré au bord d'une route peu fréquentée et l'arrivée en trombe d'Agnès qui carbure à la blanche. Un dérapage incontrôlé et tous ou presque s'approchent trop près du bord... de la folie douce ou meurtrière !



Le quatrième roman de Pascal Garnier, un éloge à la vieillesse et un énorme pied de nez à la jeunesse !



Eliette, héroïne métamorphosée en pimpante sexagénaire a plus d'un tour - de maquillage - dans son sac. A coté, la jeune Agnès fait pâle figure avec sa rhinite à répétition et son nez trop poudré.



Sous couvert d'humour noir, l'auteur aborde avec finesse des thèmes souvent tabous comme l'inceste, la solitude, la sexualité du troisième âge, l'homosexualité, l'abus de drogues douces, l'alcool mauvais et la connerie humaine.



Au coté de l'intriguant et charmant Etienne, Eliette jeune de cœur et d'esprit entame une mue tandis que le voisin Paul, les yeux noyés dans le pastis et dans ses préjugés se révèle buté, butor et buteur.



Comme dans d'autres de ses romans, La place du mort ou Les insulaires, Pascal Garnier commence par faire un croche-pied à la vie qui fait basculer les destins . Un engrenage bien huilé se met en place qui n'épargne personne. Pour le meilleur mais souvent pour le pire. Normal pour un roman noir.

Eliette va connaître sa part de bonheur, intense comme un café serré mais de courte durée. Alors autant qu'elle en profite !



Le mot et le ton de la fin "Pas de quoi en faire un plat, tant qu'on n'est pas mort on est en vie"



Les personnages près du bord(erline) ne manquent pas de cachet, Etienne, un beau cavalier qui surgit du bord de la route sans sa monture, sa fille Agnès, une tornade blanche. Paul qui trinque ferme avec ses fils, Rose qui fane et Eliette la chrysalide qui n'en finit pas de s'épanouir.



Au gong final, un incisif roman noir stylé et très saigneur qui fait la part belle aux seniors.

Commenter  J’apprécie          332
Lune captive dans un oeil mort

Littérature refuge



Comme beaucoup, j’ai toujours dans ma PAL un exemplaire en attente d’un de mes auteurs prolifiques préférés : Rash ou Thompson côté US ; et pour les Français, Ravey et Garnier. P’tit coup de mou littéraire la semaine passée et hop, j’attaque Lune captive dans un œil mort de Pascal Garnier.



Bienvenue aux Conviviales, asile décoré pour vieux friqués ou résidence séniors telles qu’on les appelle maintenant. Martial et Odette en rêvaient et ils y sont bien. Un peu seuls certes au début car premiers emménagés, avec M. Flesh le gardien acariâtre pour seule compagnie.



Vite rejoints par Maxime et Marlène, puis Léa, l’organisation de la petite communauté se met en place, sous la houlette de Nadine, l’animatrice débutante du club-house. Faut dire qu’apprendre à ne rien foutre de la journée, c’est pas inné, faut s’faire aider !



« C’est trop calme, j’aime pas trop beaucoup ça. J’préfère quand c’est un peu trop plus moins calme. »



C’est probablement ce qu’aurait dit Numérobis en débarquant aux Conviviales. Mais c’est mal connaître son Garnier, qui une fois posée l’installation paisible de son roman dans sa première partie, va se faire un plaisir jouissif de la dézinguer dans la deuxième.



Jalousie, intrigues, angoisses, violence et tir à balles réelles, Les Conviviales vont rapidement perdre de leurs charmes. Leurs occupants aussi.



Comme toujours avec Garnier, c’est délicieux, drôle, décalé et grinçant, tout comme j’aime. De la littérature refuge pour repartir à l’assaut d’autres découvertes plus aléatoires…

Commenter  J’apprécie          322
Lune captive dans un oeil mort

Les Conviviales, résidence pour seniors hyper-sécurisée flambant neuve dans le sud de la France, accueille son premier couple de retraités. Martial et Odette (surtout Odette) se sont laissé convaincre par un agent immobilier aux dents longues et une brochure sur papier glacé rutilante.

Et tout semble parfait : les maisons, le mobilier, le jardin, le gardien, le club-house et sa panoplie d'activités épanouissantes.

Tu parles… Pendant de nombreuses semaines, Martial et Odette sont seuls, et l'attrait de la nouveauté laisse bien vite la place à un désoeuvrement aussi pesant que les nuages qui cachent le soleil vanté par le catalogue.

Enfin, l'arrivée d'un 2ème couple est annoncée, et c'est l'excitation. Maxime et Marlène débarquent, et les deux couples font connaissance et s'emploient à se lier d'amitié malgré les différences sociales. Puis c'est Léa qui vient, seule, s'installer dans ce petit paradis. Elle intrigue les 4 autres : célibataire, veuve,… ?

Maintenant qu'ils sont 5, ils vont pouvoir réclamer l'ouverture du club-house. On leur parachute Nadine, animatrice « cannabisée » et pas vraiment enchantée de son nouveau job. La galerie de personnages est complétée par le gardien, plus inquiétant qu'aimable, mais bon, on ne lui demande pas de vendre des aspirateurs…

On assiste alors à un huis clos dans un décor de rêve où, par petites touches, par petits riens, lentement mais sûrement, des tensions naissent, des comportements bizarres apparaissent… La pression monte jusqu'au dénouement, quasiment apocalyptique.

Une phrase pour illustrer l'ambiance: "Oui, c'était comme de vivre en vacances, à la différence près que les vacances avaient une fin alors qu'ici il n'y en avait pas. C'était un peu comme s'ils s'étaient payé l'éternité, ils n'avaient plus d'avenir. Preuve qu'on pouvait s'en passer".

Livre court, facile à lire. L'humour est noir, le ton cynique, et la critique de nos peurs féroce (peur de vieillir, peur des étrangers,…). L'air de rien, l'auteur dépeint le glissement d'une apparence de normalité vers une folie pas si douce.

La brièveté du livre est aussi son défaut : je reste un peu sur ma faim, tant de choses auraient pu être approfondies, les personnages en auraient été moins caricaturaux.

Malgré tout, c'est une lecture agréable, parfaite pour les vacances.


Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          310
La Théorie du panda

C'est un quai de gare d'une petite ville de Bretagne. Il débarque là, avec son sac, sans faire de bruit. Il est de passage pour un jour, deux, quelques jours... Il passerait presque inaperçu... De lui on ne sait rien... C'est un taiseux.



Pourtant, parce qu'il sait écouter, parce qu'il est attentionné, parce qu'il semble descendu du ciel pour soulager leurs souffrances, il va compter pour quelques uns qui vont croiser sa route. Toute une galerie de paumés, cabossés, écorchés vifs par la vie qui ne fait pas de cadeau.



Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir... Lui n'échappe pas à ce désespoir. Ça et là, les petits cailloux noirs que sème sa mémoire nous livrent petit à petit ses secrets, son drame...



Avec humour et finesse, Pascal Garnier nous livre un récit court plutôt tendre et touchant. Un sens de la formule, des phrases à la limite de la poésie... Pour mieux nous surprendre par une fin brutale, inattendue, implacable... la vie a-t-elle un sens ?



J'ai été troublé et fasciné par ce récit. C'est pile poil ma came. Merci à ceux qui me l'ont conseillé. J'en reprendrais bien une dose...
Commenter  J’apprécie          304
Les insulaires

Olivier se rend à reculons et les mains dans les poches à l'enterrement de sa mère à Versailles. Rodophe aveugle bedonnant et cynique revient du Louvre où il a harcelé une petite vieille pour qu'elle lui décrive le Radeau de la Méduse, la toile de Géricault . Ce soir là, il rentre chez lui - chez sa soeur ainé, Jeanne qui le dorlote comme un gros poussin - accompagné de Roland, S.D.F, son nouveau chien d'aveugle. Quant à Jeanne la frangine, elle rentre des courses les bras chargés- en guise d'agape - d'un gros cadeau, un imposant pèse-personne destiné à son encombrant frangin.

Le soir de Noël, Olivier sonne à la porte en face du domicile de sa défunte mère. Surprise ! Une vieille connaissance d'enfance va l'inviter à un petit dîner bien arrosé entre amis qui vire au cauchemar...Un mort et un grand trou noir.



Pascal Garnier, fidèle à lui-même et à sa fine plume noire cendrée, brosse des personnages à la dérive accrochés au radeau de la vie qui n'ont comme bouée que des souvenirs d'un pas grand chose : Rodophe, une sorte d'Ignatius aveugle guidé par son cynisme et par Roland qui sonne sa déprime dans la brume, Jeanne qui s'accroche et jette du leste tandis qu' Olivier se laisse doucement engloutir.

Sans oublier, une vieille chouette, Madeleine, une voisine qui lorgne - et juge - d'un d’œil perçant ce vilain monde.



Un fleuve noir qui vous colle à la peau ...urticant et gluant comme une méduse échouée sur la plage.
Commenter  J’apprécie          291
La Théorie du panda

Première rencontre avec Pascal Garnier et plutôt bonne pioche pour ce livre recommandé par son éditrice herself lors d’un passage à la librairie éphémère et estivale de Zulma à Veules-les-Roses.



Voilà un vrai roman noir qui n’en semble pourtant pas un, cynique à souhait, drôle et distancié, ce qui lui confère un charme certain. Et c’est bien tout cela qui donne du corps à cette parenthèse bretonne dans la vie de Gabriel, cuisinier affable et serviable, débarqué d’on ne sait où, cherchant on ne sait quoi.



Immédiatement adopté par Madeleine la réceptionniste de l’hôtel, comme par José le patron du bar, Gabriel semble ne pas avoir d’autre but que de répandre le bien autour de lui, consolant l’un, réveillant l’autre, laissant filer le temps de ses journées au gré de ses envies. Rayon de soleil éphémère, ange tombé du ciel, panda calinothérapeute, Gabriel est un peu tout cela. Mais tous, si rapides à accorder leur confiance et à ouvrir leur cœur, s’ils savaient…



C’est fin et c’est lent comme j’aime : j’achète sans restriction ! Et je file découvrir d’autres œuvres de Garnier.
Commenter  J’apprécie          285
La Théorie du panda

Une ville de Bretagne.

Gabriel descend du train et comme tout voyageur hors de son périmètre de vie habituel se rend dans le premier hôtel venu.

Seulement voilà, Gabriel n’est pas un voyageur comme un autre.

Son histoire personnelle lui révélera un altruisme qui le pousse inévitablement vers quiconque un peu « paumé » croise son chemin.

Et il va être gâté!

Ainsi commence un incroyable périple qui débute par sa rencontre avec Madeleine, la réceptionniste de l’hôtel qui tombe raide amoureuse de lui, se poursuivra dans le bistro de José lequel depuis la grave maladie de sa femme a abandonné la restauration mais où, par sympathie pour José, Gabriel se mettra lui-même aux fourneaux en préparant un repas qu’ils consommeront ensemble.

Il y rencontrera Marco et Rita couple déjanté et désargenté attendant un hypothétique héritage et qui par nécessité financière lui cédera un superbe saxophone dont Gabriel fera cadeau aux enfants de José.



S’en suit un parcours délirant dans lequel Gabriel va s’employer à soustraire toutes ces rencontres à leurs souffrances.



J’ai bien aimé ce roman à suspens dans lequel à la manière de Frédéric Dard, Pascal Garnier manipule avec une dextérité diabolique « l’Ange Gabriel » dans ce monde de gens égarés.

Commenter  J’apprécie          260
Lune captive dans un oeil mort

Je découvre cet auteur au hasard d'un achat groupé sur un célèbre site dont le nom commence par "V" et finit par "ed", et c'est un coup de cœur (j'en ai un par mois environ : c'est mon troisième en 2023, sur 38 livres lus, pas tous recensés sur Babelio, enfin bref, peu importe mais c'est juste pour dire que je n'utilise pas cette expression à la légère ^^).



J'ai beaucoup apprécié la plume pleine de sensibilité et d'humanité de cet auteur, sa façon de nous immerger dans ce petit enclos de résidences pour personnes d'âge mûr, son humour aussi, et la lente descente aux enfers des différents protagonistes... assez génial !
Commenter  J’apprécie          253
La Théorie du panda

Il y a des êtres qui attirent d'emblée la sympathie des autres parce qu'ils prêtent une oreille attentive , mais que sait-on finalement d'eux puisque le dialogue n'est souvent qu'à sens unique ? ...

Un soir d'Octobre,  Gabriel débarque ainsi dans une petite ville de Bretagne intérieure , on ne sait pas d'où il vient ni ce qu'il est venu y faire ; il s'installe dans un petit hôtel tenu par Madeleine  et,  sur ses conseils, part diner chez José , le seul bar -restaurant ouvert .

José, le patron du Faro, ne sert pas de repas ce soir là, sa femme est hospitalisée et il n'a pas eu le temps ni l'envie de s'occuper de la cuisine. C'est ce qu'il commence à expliquer à Gabriel devant son demi et comme l'autre semble l'écouter , le monologue se poursuit devant un diner improvisé . 



Gabriel y retourne le lendemain avec une épaule d'agneau qu'il va préparer pour José ...



Ainsi en peu de temps , Gabriel crée une relation forte avec José, mais aussi Madeleine qui s'ennuie dans cette ville triste et Rita-Marco un couple de paumés qu'il dépanne simplement en les croisant à la terrasse du café  .



Un ange avec son panda dans les bras , arrivé comme par hasard pour soulager la tristesse des autres ou un être lui aussi torturé comme le laisse entrevoir les quelques pages dispersées entre les chapitres sur son passé ? 



Troublant et étrange roman noir .

Commenter  J’apprécie          250
Cartons

Brice, illustrateur, un peu las, d’une série d’albums pour enfants (qui m’a fait penser à la série des «Martine») délaisse Lyon pour s’installer dans le village vigneron de Saint Joseph où plus rien ne lui plaît «Les piquets de vigne, noirs comme des allumettes brûlées, plantés en rangs serrés à flanc de coteau, faisaient penser à une sorte de cimetière militaire.» Lui et sa femme Emma y ont acheté une maison ancienne qui lui semble immense. Il se sent perdu .

«Mais qu’est-ce que je fous ici ?... Qu’est-ce qui nous a pris d’acheter cette foutue baraque ?... Je devais être soûl, c’est ça, j’étais soûl.

(...) Il ouvrit les persiennes de la salle à manger et du salon mais la lueur d’eau de vaisselle qui s’y déversa ne parvint pas à réchauffer l’atmosphère. On se serait cru dans un aquarium sans poisson.

--- Une concession à vie, voilà ce qu’on s’est acheté.»

Qui ne s’est pas senti déprimé après un déménagement qui demande de rompre ses habitudes, entouré de cartons, seul dans une maison vide qui paraît hostile ? Rien d’étonnant au prime abord à ce qu’il en soit de même pour Brice qui espère le retour proche de sa femme reporter, alors en Egypte. Mais l’ennui le gagne...

«Il s’accoutumait à l’ennui comme d’autres à l’opium»

Comme dans tous les romans de Pascal Garnier on ne sait pas trop où l’on a mis les pieds, on est désarçonnés et l’on voit mal où il va nous entraîner tout en sentant que quelque chose cloche et que le dérapage n’est pas loin.

Brice va rencontrer Blanche, solitaire, attirée par sa ressemblance avec son père.

«Elle parlait à mi-voix, grignotant le silence. On aurait dit l’écho de sa propre solitude.»

Elle va s’installer doucement, insidieusement, dans la solitude de Brice.

Rapprochement factice de deux êtres fragilisés par tout ce qui leur est tombé dessus au cours de leur vie qui tentent de rassembler les morceaux, de renouer des liens mais sans succès. Ils sont trop cabossés pour parvenir à se redresser malgré leurs efforts.

On ne peut en dire beaucoup plus. Le titre prend entièrement son sens à la toute fin de ce roman noir dont les personnages sont très attachants comme tous les personnages de Pascal Garnier malmenés par la vie, tendres et cruels à la fois. Et puis il y a la tonalité de l’auteur, faite d’humour noir lié à une tendresse désespérée et une attention aigüe envers les êtres qu’il croisent, qui fait mouche et touche à chaque lecture.

Commenter  J’apprécie          250
M'sieur Victor

Il n'est pas malheureux chez lui, Simon, non. Sa mère l'aime, mais elle trime pour élever seule tous ses enfants, et cet adolescent de quatorze ans en a sa claque d'être la nounou et la boniche de la famille. Alors il fugue. Pas de chance, il se retrouve aussitôt avec un bébé sur les bras, une mère le lui a confié quelques minutes, elle n'est jamais revenue. Simon croise le chemin de Victor, un vieil homme solitaire fatigué de la vie.



Oui, l'auteur est bien ce Pascal Garnier qui a écrit d'excellents romans noirs aussi déprimants que drôles. Le ton est moins sombre ici, le livre est destiné à des adolescents. On y retrouve des thématiques abordées dans ses autres ouvrages, et plus particulièrement dans 'Cartons' : un vieil homme isolé et mal en point, la vie qui s'illumine grâce à l'amitié, un petit air de 'Ensemble c'est tout' (Gavalda).



Bon petit livre tendre et émouvant mais ni plombant ni mièvre, à découvrir dès 12 ans.
Commenter  J’apprécie          231
Comment va la douleur ?

Simon,héros du roman, a décidé de nous tirer sa révérence dès les premières pages en se tirant une balle dans le buffet?

Non, son flingue, il l'a balancé dans la flotte quelque part au large d'Agde.

Plutôt avec une corde à sauter achetée dans une baraque à touristes de Vals les Bains, petite station thermale d'Ardèche. Y'a mieux pour un gars qui a passé une partie de sa vie à dessouder les autres!

Retour en arrière!

Simon, part effectuer une dernière commande, usé, malade, il s'adjoint les services d'un benêt, Bernard, ardéchois cœur fidèle dont les huit doigts tiendront le volant.

Sur leur route ils croiseront une Zézette des années 2000, Fiona affublée d'une petite fille , Rose, vieille dame frappée par le coup de foudre et cerise sur le gâteau, un peu confite dans le rhum: Anaïs, vieille mère de Bernard.

Un roman agréable à lire! Les personnages sont truculents et attachants!

Comment va la douleur? C'est ainsi que l'on se salue le matin en Afrique. Curieuse façon de se rappeler qu'en effet tant qu'on sent la douleur c'est qu'on est vivant. En attendant de passer l'arme à gauche, profitons de quelques bonnes lectures...
Commenter  J’apprécie          230
Trop près du bord

Auteur que je ne connaissais pas, le genre du livre et son épaisseur me l'ont fait choisir dans ma PAL entre la lecture de gros pavés.

Pause bien déprimante. ....mais bon. ...c'est un roman noir et même ultra noir ( genre Soulages )



L'histoire débute gentiment par la vie d'Éliette ,sexagénaire, veuve , au quotidien soporifique qui en quelques jours va voir sa vie se transformer et passer de la routine à l'apocalypse.

C'est bien écrit, intense, pas de pauses, un humour inhabituel. ....

J'ai passé un très bon moment !!!! et ça me donne envie d'approfondir ce genre que je connais peu : le roman noir.
Commenter  J’apprécie          220
La Théorie du panda

C'est l'histoire d'un mec...



Oui, ça commence un peu comme ça ; cet homme qui débarque d'on ne sait où, un peu comme un ange qu'on vous enverrait. On ne sait absolument rien de lui, il est aimable, poli, vous rend service sans vous connaître. Un peu fou disent certains...



On se laisse prendre dans la lecture et on sent, au fil des pages, que Gabriel a vécu. Qu'il fuit sa vie d'avant. Et peu à peu, c'est une boule dans la gorge qui commence à enfler...l'angoisse monte. Ce qu'il a vécu est triste, grave, on le sent, toujours sans savoir exactement...



Et c'est dans les dernières pages qu'on apprendra, violemment...

Qu'on comprendra aussi son cheminement.



Premier livre de Pascal Garnier pour moi et c'est un coup de cœur pour son écriture simple, avec des touches d'humour dans les sujets graves, pour la façon dont il nous emmène avec lui, l'air de rien.



Je vais m'empresser d'en apprendre un peu plus sur cet auteur et surtout, d'allonger un peu ma PAL de ses œuvres!
Commenter  J’apprécie          223
Lune captive dans un oeil mort

Odette et Martial ont décidé de finir leurs jours dans une résidence pour seniors, "les Conviviales". Ils ont quitté leur pavillon de banlieue où ils n'avaient plus guère d'attaches. Mais la résidence reste désespérément vide alors que les journées pluvieuses se succèdent dans la fin d'un hiver interminable. Enfin, avec les premiers beaux jours, arrivent un nouveau couple de propriétaires... Pascal Garnier entraîne, avec ce petit roman, ses lecteurs dans une histoire qui ne semble pas beaucoup sortir de l'ordinaire mais c'est mal connaître le talent de cet auteur disparu trop tôt. Alors que pourrait-il arriver à ces personnages âgés venus chercher la paix dans cette résidence de rêve ? Je vous propose de le découvrir dans une critique acerbe de cette vieillesse dorée que l'on nous vend à longueur de publicités vantant l'éternelle jeunesse.
Commenter  J’apprécie          200
Comment va la douleur ?

« Ce qu’il y avait d’irrésistible chez ce grand couillon c’était cette faculté à s’adapter aux situations les plus insensées, un don inné pour la résilience. »

Bernard, en effet, prend la vie comme elle vient. La preuve, ces deux doigts qui lui manquent après qu’il a embauché sur sa machine-outil avec un coup dans le cornet – « … c’est juste l’auriculaire et l’annulaire, je m’en servais jamais. Et puis c’est la main gauche, je suis droitier » – et cette vieille mère accrochée à son rhum Negrita dont il supporte avec stoïcisme les emportements lorsqu’il revient la voir dans la pas très riante station thermale sur le retour de Vals-les-Bains. Pour Simon Marechall, qui se présente comme « éradicateur de nuisibles » et qui est spécialisé dans le genre de nuisible qui avance sur ses deux pattes arrières, la rencontre est une aubaine. Prêt à raccrocher après une carrière de chien de guerre idéalement formé au sein de l’armée française en Algérie, puis de tueur indépendant, Simon cherche celui qui pourra le conduire jusqu’à son dernier contrat et, pour terminer, s’occuper de pousser le tabouret sur lequel il montera après avoir relié avec une corde à sauter son cou au lustre de sa chambre d’hôtel.

L’escapade entre le Dauphiné et le Cap d’Agde ne sera pourtant pas tout repos, Bernard – Saint-Bernard pourrait-on dire – ne pouvant s’empêcher d’embarquer dans la voiture de son nouveau patron pour deux jours, une jeune femme battue et son odorant bébé.

Plus que jamais, l’humour est ici chez Pascal Garnier la politesse du désespoir. D’humour, Comment va la douleur ? n’en manque guère et Garnier se plaît à jouer de cette figure imposée que peut-être le duo dépareillé avec d’un côté le cynisme et l’élégance incarnés et de l’autre le bienheureux crétin ; et l’on pense, inévitablement, au duo Jean Rochefort/Guillaume Depardieu dans Cible émouvante, de Pierre Salvadori, ou à Pierre Richard et Depardieu père… Mais il y a aussi la douleur et un certain désespoir, comme toujours chez Garnier, face à un monde qui n’offre pas grand-chose de plus qu’un bonheur factice pour ceux qui, comme Simon Marechall, pensent trop et le regardent trop en face :

« -Ça fait chaud au cœur, tout ça.

-Vous trouvez ?

-Oui, tous ces gens heureux, c’est bien, non ?

-Comment savez-vous qu’ils sont heureux ?

-Ça se voit.

-Il faut se méfier de ce qui est trop voyant. En général c’est du toc. »

Heureux les simples d’esprit… et ainsi en va-t-il de Bernard, l’un des seuls ici à pouvoir entrevoir le bonheur car il est incapable de voir le monde tel qu’il est ou bien parce qu’il a suffisamment de volonté pour ne pas le regarder. Comme il en va souvent de ce genre d’équipée à deux, l’un va pousser l’autre à briser un peu – un tout petit peu – la carapace et à révéler un peu plus de son humanité. Mais le monde sera-t-il pour autant plus beau à voir demain ? Ça n’est pas gagné.

Voilà donc encore un bijou de cynisme et de noirceur offert par la plume du regretté Pascal Garnier. On ne s’étonne plus vraiment et, on en conviendra, l’intrigue n’a pas grand-chose d’original. Mais il y a surtout l’incomparable musique des mots de Garnier, la précision et la justesse de chaque phrase. Les sentences qui claquent, les contrepieds et toujours cette séduisante causticité.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
Commenter  J’apprécie          190
L'A26

Un frère et une soeur, liés, à la vie à la mort...

Yolande, tondue à la Libération, vit depuis des années claustrée dans sa tanière tel un animal traqué. Lentement, une insidieuse et irréversible folie l'a arrachée à notre monde. Pour accompagner sa solitude, Bernard, le frère. Il vit pour et par Yolande. Jour après jour, année après année, il assiste à son lent déclin, impuissant, résigné mais armé d'un désir de protection sans faille. Quoi de plus naturel que de faire don de sa vie à sa soeur? Et aujourd'hui, son sacrifice se voit ironiquement recompensé: la maladie frappe à sa porte, le ronge et ne le quittera plus... Cette fatale et ténébreuse récompense l'amène à faire le bilan de cette vie livrée sans réserve à Yolande, pour finalement pactiser avec la mort. Mort qu'il explorera dans ses moindres replis, attentif à son visage, pour mieux affronter la sienne, proche.



C'est dans cet univers morbide, empreint d'aliénation et de désarroi, que Pascal Garnier nous entraîne. Nous assistons à la déchéance de ces deux êtres abandonnés par la vie, en spectateurs souvent désarmés et compatissants devant ces tragiques destinées, touchés par leurs faiblesses et leurs détresses. Nous nous immergeons dans leur solitude, leur folie. Pascal Garnier se délecte, nous plonge subtilement et sans précaution dans l'âme de ses personnages. Et toujours imperceptiblement, il parvient à métamorphoser notre sollicitude en cruelle avidité à découvrir l'issue de ces destins hors du commun...



Un roman noir, court et impitoyable: allégorie de la folie ou de la vie, allez savoir...



Commenter  J’apprécie          190
Les Hauts du bas

Observateur sensible du quotidien, liant poésie et réalisme, styliste du détail juste, Pascal Garnier met en scène des vies minuscules, celles du voisinage et des souvenirs d'enfant qui tissent nos mémoires, qui sous l'effet d'un pas de côté ou d'un croche-pied du destin déraillent de l'ordinaire vers l'extraordinaire, de la normalité vers l'horreur. L'auteur a quitté l'école et sa famille à 15 ans, sillonné sans un sou la planète une décennie durant. Il écrit le plus souvent au présent avec un stock de mots usuels mais choisis avec méticulosité, parce qu'il craint la syntaxe et l'orthographe. A cause, ou grâce à ces contraintes liées à ses lacunes scolaires, il a légué à ses lecteurs une oeuvre puissante, émouvante, intemporelle, à hauteur de monsieur ou madame-tout-le-monde.





Les hauts du bas n'échappe pas aux thèmes de prédilection de Pascal Garnier. Dans son style grinçant, simple et corrosif, son humour noir vitriolé, il exprime une fois encore sa vision désabusée, pessimiste du monde, mais toujours infiniment tendre. Il crée ici deux personnages représentatifs de sa bibliographie, qui n'avaient aucune chance de se rencontrer sans son intervention romanesque. Ce roman dont le titre est explicité en cours de route, décrit la vertigineuse descente aux enfers d'un couple discordant. Edouard est à 75 ans diminué par un récent avc. Thérèse, infirmière encore en activité, lui sert de dame de compagnie, de bonne à tout faire, vraiment à tout faire. Le futur ne fait plus partie des projets d'Edouard, qui vit l'incommensurable monotonie des jours en marge du monde et de ses réalités ; une splendide vue sur la Drôme provençale où il vit le fait forcément penser aux crimes de Lurs, question optimisme il y aurait à dire ! Mais peut-on être optimiste si l'on est lucide ? Thérèse, grâce à son travail a acquis une facilité d'adaptation exceptionnelle, se sent bien dans un cadre stable défini. Ses relations avec les hommes se sont passées aussi vite qu'on décapsule une bouteille avec les dents, éteignant définitivement en elle ses rêves les plus ardents. Même si Edouard est odieux, elle sait comment le manoeuvrer. Chacun d'eux trouve dans leur attelage dépareillé, des bénéfices secondaires au-delà de leurs incompatibilités.





Sans famille, sans enfants, sans amis, leur passé est triste, leur présent catastrophique, mais par bonheur ils n'ont pas d'avenir. Comme le dit en exergue Dorothy Parker « La meilleure façon de ne pas se perdre, c'est de ne pas savoir où l'on va ». Ils ne savent pas où ils vont et y vont ensemble. Ils se lancent dans un road-trip, Rémuzat, Lyon, Genève et terminus... sans se justifier, sans se chercher d'excuses puisque la vie – ou ce qu'il en reste - est la plus formidable des excuses... Pas de happy-end à espérer. Pascal Garnier broie du noir, et déclenche un rire jaune chez le lecteur, conscient de reconnaître dans le miroir tendu par l'auteur quelqu'un qui pourrait bien lui ressembler, aujourd'hui ou demain. J'adore Pascal Garnier.
Commenter  J’apprécie          185




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Pascal Garnier (1267)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Sur Yvain Ou Le Chevalier Au Lion

Qui raconte son aventure au début du livre ?

Yvain
Calogrenant
Le roi
Gauvain

12 questions
1155 lecteurs ont répondu
Thème : Yvain ou le Chevalier au lion de Chrétien de TroyesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}