Elle l'aura fait chier jusqu'au bout ! Mourir à Versailles, juste avant les fêtes de Noël, par -17°C, sa mère n'aura pas trouvé mieux pour l'emmerder. Bien obligé de quitter sa côte d'Azur, de laisser sa femme s'occuper seule de la parfumerie, Olivier remonte vers les lieux de son enfance... Des lieux qu'il n'est pas prêt de quitter. Avec ce froid glacial, on meurt beaucoup...
Roland, SDF, squatte à droite à gauche. Cherche des plans plus ou moins foireux pour s'en sortir : se faire passer pour un aveugle en vendant des petits Mickey en porte-clé sur le réseau SNCF ou, de saison, faire le Père Noël. Errant dans la ville après s'être fait virer, il va croiser la route de Rodolphe...
Rodolphe, lui, est aveugle de naissance. Cela ne l'empêche pas d'aller admirer le Radeau de la méduse. Impatient déjà de retrouver sa soeur, Jeanne, qui s'occupe beaucoup de lui. Elle ne sait pas encore que le fils de la voisine qui vient de mourir est une très vieille connaissance...
Rien n'est jamais simple avec Pascal Garnier. Bien au contraire... Une mère décédée dont il faut s'occuper des funérailles, un fils ancien alcoolique repenti, un aveugle obèse cynique et acariâtre, un SDF encombrant, une amie d'enfance retrouvée après 25 ans de séparation et un lourd secret partagé. Telle est cette galerie de personnages qui va se retrouver autour d'un festin de Noël. Évidemment, avec Pascal Garnier, on est bien loin des cotillons et des pétards. Quoique... Ce roman, sombre, original, à l'atmosphère tendue et oppressante, fait la part belle à des personnages hors du commun, cabossés, écorchés, à la dérive, et à des situations aussi rocambolesques qu'improbables. L'écriture, cynique et ciselée, sied parfaitement à ce roman noir et mordant.
Commenter  J’apprécie         583
Olivier se rend à reculons et les mains dans les poches à l'enterrement de sa mère à Versailles. Rodophe aveugle bedonnant et cynique revient du Louvre où il a harcelé une petite vieille pour qu'elle lui décrive le Radeau de la Méduse, la toile de Géricault . Ce soir là, il rentre chez lui - chez sa soeur ainé, Jeanne qui le dorlote comme un gros poussin - accompagné de Roland, S.D.F, son nouveau chien d'aveugle. Quant à Jeanne la frangine, elle rentre des courses les bras chargés- en guise d'agape - d'un gros cadeau, un imposant pèse-personne destiné à son encombrant frangin.
Le soir de Noël, Olivier sonne à la porte en face du domicile de sa défunte mère. Surprise ! Une vieille connaissance d'enfance va l'inviter à un petit dîner bien arrosé entre amis qui vire au cauchemar...Un mort et un grand trou noir.
Pascal Garnier, fidèle à lui-même et à sa fine plume noire cendrée, brosse des personnages à la dérive accrochés au radeau de la vie qui n'ont comme bouée que des souvenirs d'un pas grand chose : Rodophe, une sorte d'Ignatius aveugle guidé par son cynisme et par Roland qui sonne sa déprime dans la brume, Jeanne qui s'accroche et jette du leste tandis qu' Olivier se laisse doucement engloutir.
Sans oublier, une vieille chouette, Madeleine, une voisine qui lorgne - et juge - d'un d’œil perçant ce vilain monde.
Un fleuve noir qui vous colle à la peau ...urticant et gluant comme une méduse échouée sur la plage.
Commenter  J’apprécie         291
Olivier quitte son Sud pour se rendre à Versailles ou sa mère vient de mourir .
Jeanne s'occupe de Rodolphe, son frère aveugle qui lui pourrit la vie .
Et Roland S.D. va croiser les pas de Rodolphe qui l'invite à passer le réveillon .
En allant demander un annuaire à sa voisine, il reconnait Jeanne , sa Jeanne son amour de jeunesse ...
Mais leur jeunesse cache un lourd et dramatique secret et comme si tout recommençait , la soirée de Noël va se transformer en drame ...
*****************
du Pascal Garnier , du bon , pas une histoire à vous faire sauter de joie , mais avec le talent de l'auteur , on est vite captivé par ce récit d'une passionnante noirçeur .
C'est simple , c'est bon , c'est efficace , j'adore !
Commenter  J’apprécie         20
Les gens sortaient des magasins transformés en portefaix, sapins, sacs,, énormes boîtes ficelées, paquets cadeaux enrubannés qui quelque jours plus tard encombreraient les poubelles et dont le contenu ferait un boucan infernal dans les vide-ordures. Boucheries et charcuteries dégueulaient de dindes fraîchement troussées, de cuissots de sangliers sanguinolents, d'oies grasses, de pyramides d'escargots, de monstrueux étrons de boudins blancs, de quoi vous coller une crise de foie rien qu'en les regardant. On achetait n'importe quoi à n'importe quel prix, une sorte de suicide budgétaire qui n'avait plus qu'un très, très loin rapport avec la naissance du petit Jésus. On avait envie d'en finir, noyé dans le mauvais champagne et le foie gras de Monoprix.
Le curé lui avait demandé s'il était chrétien, s'il avait lu la Bible, bref, s'il avait ses papiers. Roland répondait oui à tout en hochant la tête, comme un âne, c'était plus facile.
Les morts ne décorent pas la vie comme nous. Ils mettent des napperons au crochet représentant généralement des ananas ou des spirales un peu partout, sur la télé, sous le téléphone, sur les coussins, pareils à des toiles d'araignée.
Lentement la chaleur reprenait possession de son corps, il redevenait flou, flasque, collant à la vie comme une boule de pâte molle.
Un enfant était venu se jeter dans ses jambes. Il avait déjà une tête de vieux con. Avec vingt ans de professorat derrière elle, Jeanne ne s'en étonnait plus. Elle les avaient aimés, puis détestés, à présent ils lui étaient aussi indifférents que les adultes. Il fallait vivre avec et parfois les chasser de la main comme des mouches.
Pascal Garnier que (re)lisez-vous ?