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Critiques de T. C. Boyle (297)
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Parle-moi

"Koko, la gorille qui parlait la langue des signes, est morte. (Le Monde.fr 21/06/2018)

Ce grand primate femelle, élevé par l'éthologue Penny Patterson et devenu l'ambassadeur de son espèce, était connu dans le monde entier pour sa capacité de communication et d'empathie." (Le Monde.fr 21/06/2018)



J'ai toujours pensé, voire chim-panzé que les bêtes ont leur propre langage..

SAM sait parler la langue des signes et devait passer au "Jimmy Carson show". Son désir de faire PLAISIR a été payé en monnaie de singe!



Car la perte des subventions oblige Moncrief et Shermerhorn à retirer SAM , de la maison où il vivait heureux, pour l'enfermer dans une CAGE puante, où un GEANT le frappait, quand il hurlait...

-"Sam signa si vite qu'il savait à peine ce qu'il disait, VIENS CALIN, TEMPS DE PARTIR, TOI MOI ELLE DEHORS "



La jolie "Aimée timide et solitaire ", va tenter d'enlever SAM..

SAM qui est très CALIN, et MALIN comme un singe...

SAM passait avec succès le test du miroir ( il s'y reconnaît), ce n'est pas à un vieux singe qu'on va apprendre à faire des grimaces.

SAM qui aimait voir les aventures de "Jane et Cheetah", "Koko le gorille qui parle" ou "Le projet NIM"...



"Il n'a pas eu le droit à s'asseoir à table avec elles mais sur le canapé, à regarder les magazines, Playboy surtout, son préféré et il n'y avait que des femelles qui, parfois, ressemblaient à Aimee. "

"Dans mon jardin zoologique

Je suis vraiment dans du coton

J'ai des cocotiers métalliques

J'ai des bananiers en carton

J'ai ma falaise en céramique

Au-d'ssus d'une mare en béton

Et j'ai du soleil électrique

Pour me réchauffer les arpions! Jean Ferrat, le singe"
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Voir la lumière

Voir la lumière… et entrer dans ce roman, entre mauvais trip et Nirvana.

Après avoir narré les prescriptions du docteur J.H Kellogg, ami du petit déjeuner dans « Aux bons soins du Docteur Kellog », suivi le professeur Kinsey, auteur très investi d'un Rapport sur la sexualité des hommes dans « le cercle des initiés » et révélé les mauvais plans sur la comète du très réputé architecte Frank Lloyd Wright dans « Les Femmes », l'auteur s'attaque ici au chercheur psychédélique, Timothy Leary.

T.C Boyle est passionné par ces hommes à la marge qui ont marqué l'évolution des moeurs aux Etats Unis. Comme à son habitude, il ne les attaque pas de front, du biberon à la canonisation. T.C Boyle n'est pas le Max Gallo de la contre-culture. Il invente des personnages qui deviennent les adeptes crédules et dévoués de ces gourous charismatiques qui oscillent entre génie et charlatanisme. L'auteur suit le même schéma narratif dans « Voir la lumière » et cette distanciation avec ses héros controversés lui permet de ne pas tomber sous leur charme ou de signer des réquisitoires moralisateurs sans appel.

Connaissez-vous le diethyllysergamide ? Non, ce n'est pas le nom du nouveau médicament miracle qui va émasculer le coronavirus. Il s'agit de la molécule du LSD, découverte en 1943 et popularisée par l'universitaire Timothy Leary dans les années 60, persuadé que ce dérivé synthétique de l'ergot de seigle permettait d'atteindre une de plénitude de vie et dopait sa génération éprise de liberté et de vérité. En gros, une potion magique pour échapper sans trop se fatiguer à la robotisation des hommes, à la société consumériste et au conformisme. le cauchemar américain. Les époques ne sont que des vieilles rengaines.

De la faculté de Harvard où Leary constitue son premier cercle d'étudiants chercheurs, en passant par des résidences d'été au Mexique et par une grande bâtisse au nord de l'Etat de New York, le récit suit un couple, Fritz et Joanie, adeptes zélés de la première heure et prêts à tout pour échapper à la monotonie de l'existence.

Sans s'en rendre compte, les cobayes volontaires de cette aventure scientifique et utopique dérivent des rivages de la liberté vers les barreaux de la dépendance. le trip psychédélique, sympa comme la couverture du roman, qui donne envie de danser le Jerk, sur de la musique…, entre liberté sexuelle et vérités transcendantales, se transforme en paradis perdu artificiel.

T.C Boyle excelle dans la description des états de transe des personnages, des hallucinations individuelles et des délires collectifs, des euphories et des bad trips. Comme dans ses précédents romans, il décrit aussi très bien le pouvoir d'influence de certaines personnes, l'art de la manipulation et le mécanisme de la crédulité. Les gens ne voient que ce qu'ils ont envie de croire.



Un roman passionnant mais trop long. Comme lors d'un vol en avion, c'est bien de planer mais à la fin, il nous tarde d'atterrir. Crack de la littérature US, Tom Coraghessan Boyle signe ses romans avec ses initiales. Il pourrait donc aussi réduire un peu le nombre de ses pages, car son récit souffre comme souvent chez les auteurs américains, d'obésité. Camé de mots, j'ai frôlé l'overdose après 500 pages, heureux de retrouver la lumière après avoir essayé de la voir dans cette biographie réussie d'une drogue.

Pour faire le joint, fumeux mais fameux.

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Water Music

Il est des existences qui ressemblent à des romans, des vies traversées d'un souffle romanesque. Le destin de Mungo Park, explorateur écossais en est un magnifique exemple.

En écrivant ce premier roman, Water Music, T.C. Boyle pourrait présenter une certaine facilité à se pencher sur la vie de ce jeune explorateur écossais dont il entreprend de retracer quelques épisodes magnifiques dans sa mission à la recherche de la source du fleuve Niger. Se pencher, observer, recueillir, poser les faits sur des pages d'écriture, et hop ! Voilà l'affaire conclue !

À quel moment, la biographie s'éloigne-t-elle vers la fiction comme une barque glissant justement sur un fleuve, au hasard appelons-le Niger ? Et de cette barque qui dérive, l'auteur sur la rive tente de continuer à en décrire les contours, la forme, les occupants, il court sur la berge, l'observation devient moins fine, il la devine peut-être à travers la brume qui remonte de l'eau du fleuve, entend les chants sur l'autre rive, bientôt il ne voit plus la barque, alors il lui faut imaginer ce qu'elle est advenue, le chemin qu'elle a peut-être parcouru, plus loin...

Nous sommes à la fin du XVIIIème siècle. L'Europe bouge. L'Afrique est inexplorée. Une nouvelle période s'ouvre, la volonté de conquérir le monde, dans ses contrées les plus éloignées et mystérieuses. Elle se fait par les terres, par les océans, mais aussi en remontant aux sources les plus cachées des grands fleuves. C'est ce leitmotiv qui nourrit le rêve et le destin de Mungo Park, conquérir le fleuve Niger.

Rien n'était gagné justement dans le destin initial de Mungo Park, c'est ce qui rend géniale l'aventure qui est retranscrite dans ce récit.

Mungo Park est au départ un être insignifiant, noyé parmi d'autres hommes, noyés dans une famille où tout semblait prévu pour qu'il s'efface devant les ambitions.

Dans ce roman grandiose, pas loin de 800 pages, j'ai été emporté par le souffle épique, un côté picaresque dans la narration, une manière de nous entraîner dans le sillage de chacun des personnages, chaque lieu que visite le récit nous offre l'occasion de plonger dans son odeur, son bruit, sa misère, sa révolte, son étonnement, ses atrocités, son espérance.

Ici déjà, et c'est selon moi la première pierre posée au talent de T.C. Boyle, montrer comment Mungo Park, issu d'une famille plutôt de très bonnes conditions, où chaque membre grenouille d'ambitions, va chercher à s'extirper de ce marigot.

La deuxième pierre contribuant à ce talent sera de permettre la rencontre de Mungo Park avec un certain Ned Rise, issu des bas-fonds sordides londoniens, autant dire le mariage du lièvre et de la carpe.

Cette relation improbable sera un des fils conducteurs de la narration, apportant toute la verve et les différents rebondissements. Autant dire qu'ici T.C. Boyle est venu se mêler de ce qui ne le regardait pas en venant côtoyer les deux aventuriers au plus près d'eux-mêmes, posant son regard acéré et éperdu, contredisant par ce geste inspiré que les écrivains ne servent à rien.

Enfin, je dirai, la richesse des détails, effectivement 800 pages pour remonter un fleuve, ne serait-ce que le Niger, c'est un peu long, on pourrait se poser des questions avant d'aborder le roman, même si je vous dis que Mungo Park s'y est repris à deux fois.

Mais voilà, l'exploration est presque un prétexte. Sur tous les fleuves, il y a des rives et des berges où accoster est parfois plus dangereux que le tumulte des flots. Tout comme chaque page qui tient par ses marges. Ici la richesse tient aussi à ce qui tient la page : la marge, la rive, la berge et la vie qui grouille aux abords, la vie belle et cruelle...

J'ai aimé ce livre envoûtant ou chaque page oscille d'une rive à l'autre, me laissant dériver comme sur une barque du Niger, plus sereinement sans doute que les personnages de ce récit grandiose.

Pour moi ce roman est un chef d'oeuvre.
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América

" Les racistes sont des gens qui se trompent de colère "

Je voulais commencer cette critique par cette citation de Léopold Sédar Senghor.

En 1997 T.C Boyle recevait le prix Médicis étranger pour son roman "America".

"America" est le récit d'une rencontre, deux communautés que tout oppose.

" America "est une jeune mexicaine de 17 ans, elle a suivi son mari Candido dans l'espoir de trouver un monde meilleur, le fameux rêve américain.

Delaney lui est le brave gars, il a une belle maison dans le quartier d'Arroyo Blanco, une belle voiture...

Il est plus préoccupé par l'écologie et la faune du désert.

A la suite d'un accident de la route Delaney se sent mal, la victime est Candido.

Delaney va être confronté à la xénophobie ambiante.

T.C Boyle nous raconte dans un style épuré une histoire où deux communautés sont prêtes à tous tous les excès.

Terrible constat, vingt ans plus tard Donald Trump est aux manettes de cette Amérique avec comme projet la construction d'un mur.

Du côté de l'Europe des odeurs nauséabondes véhiculées par des gens soucieux de notre bien-être voudraient fermer nos frontières.

Moi j'ai une image qui me hante, c'est cet enfant sur une plage, mort noyé, seul...
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Water Music

Ce roman-fleuve (plus de 700 pages) est le premier roman de l'auteur américain T.C.Boyle, publié au début des années 1980. Il retrace le parcours de plusieurs personnages dans l'Angleterre de la fin du XVIIIè siècle. Mungo Park, jeune explorateur écossais parti à la conquête du fleuve Niger, se démène pour réussir sa mission dans une Afrique encore inexplorée. Le jeune homme doit faire face à bien des dangers: échapper au cruel Dassoud dans le désert, traverser le royaume des Bambaras, lutter contre la faim et la soif... Au même instant, à Londres, Ned Rise, petit malfrat, tente de survivre grâce à quelques rapines et échappe plusieurs fois à la mort. Le destin se chargera de les réunir.



T.C.Boyle, dans le style, pourrait être comparé à Garcia Marquez et Dickens. Il nous entraine des sordides bas-fonds de Londres, d'une saleté repoussante, où survivent des créatures les plus misérables les unes que les autres, à l'implacabilité de l'Afrique, où d'insupportables chaleurs succèdent aux pluies torrentielles et délétères. Le rythme est soutenu, les descriptions riches, particulièrement celles sur la nature, africaine et anglaise.



On y retrouve le suspense d'un roman d'aventure, le souffle d'un roman historique et la dureté d'un roman réaliste, avec l'humour en plus.

Il y a des bons livres et des chefs d'œuvre, Water Music appartient à la deuxième catégorie.

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Les femmes

Les femmes du titre, ce sont celles qui ont successivement (l'une chassant la précédente) partagé la vie du célèbre architecte Frank Lloyd Wright (1867-1959). Elles furent au nombre de quatre, Kitty, sa première femme et la mère de ses six enfants, délaissée au profit de Mamah, intellectuelle militante décédée prématurément et vite remplacée par Myriam, folle furieuse hystérique, elle-même effacée sans l'ombre d'un regret par Olgivanna, qui se révélera redoutable et infatigable maîtresse de la maisonnée de Taliesin, le domaine bâti par Frank au fin fond du Wisconsin.

Cette histoire tumultueuse nous est racontée par Tadashi Sato, du haut de son désormais grand âge. Architecte d'origine japonaise, il commence par se remémorer ce jour de 1932 où il est arrivé à Taliesin pour la première fois, tout juste engagé comme apprenti par le grand Maître. Un engagement total, d'ailleurs, puisqu'il ne s'agira pas seulement d'étudier l'architecture aux côtés d'autres « disciples », mais de se montrer corvéable à merci dans toutes les tâches de ménage, bricolage, jardinage, sans autre rémunération que le gîte et le couvert. Comme la plupart de ses compagnons, le jeune Tadashi accepte cet esclavage moderne. Il faut dire que Frank Lloyd Wright se démène autant que ses ouailles : hyperactif, tourbillonnant, il est au four et au moulin, avec 25 idées à la minute, épuisant son monde. Et il aurait bien du mal à payer tous ceux qu'il emploie : il gère ses finances comme sa vie amoureuse : n'importe comment. Harcelé en permanence par ses créanciers, constamment endetté (la faillite n'est jamais loin), il passe son temps à quémander de l'argent à son entourage et à gratter les fonds de tiroir. Et alors que sa réputation d'insolvable le précède partout (« Frank l'ardoise »), il finit toujours par s'en sortir grâce à son aplomb, sa personnalité solaire et charismatique.

Et donc ses relations avec ses femmes sont à l'avenant, et sont ici décortiquées avec finesse et truculence par le narrateur. Si les heurs et malheurs conjugaux de Frank feraient à peine lever un sourcil aujourd'hui, au début du 20ème siècle ils étaient choquants : l'hypocrisie et la législation puritaine des Etats-Unis étaient tels que ces frasques pouvaient mener devant un tribunal (demandez donc à Myriam). Sans parler de la presse à scandale qui en faisait ses choux gras d'un bout à l'autre des USA.

Biographie romancée d'un architecte visionnaire à l'énergie débordante, « Les femmes » nous fait découvrir la vie de Frank Lloyd Wright par le prisme de ses amours mouvementées, tout en nous en apprenant un bout sur l'architecture et les mentalités américaines de l'époque. Peignant de très fins et complexes portraits de ses personnages, ce pavé se lit tout seul, fluide, enlevé, romanesque, drôle ou dramatique, captivant.
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América

Candido Rincon, un jeune Mexicain, est arrivé en Californie avec sa compagne América, enceinte, afin d’y trouver une vie meilleure. Un soir, il se fait renverser sur le bord de la route par Delaney Mossbacher, un habitant aisé d’un lotissement bourgeois qui se ferme de plus en plus sur lui-même. Delaney lui tend vingt dollars que Candido, ignorant des lois, est heureux d’accepter avant de rejoindre le ravin où il vit avec América. Cet accident va hanter Delaney, et, de leur côté, Candido et América vont connaître le sort terrible des immigrés latinos illégaux aux Etats-Unis. ● Je vais aller à l’encontre de la plupart des critiques Babelio de ce roman que j’ai lu parce qu’il est conseillé par Edouard Jousselin dans son formidable roman La Géométrie des possibles (2024). ● Je l’ai trouvé beaucoup trop long et bavard. ● Je n’ai pas été sensible au sort de Candido et d’América sur lesquels le destin semble s’acharner de façon outrancière. ● Le parallèle entre les coyotes et les Mexicains m’a paru lourdingue. ● Je ne sais pas si c’est dû à la traduction, mais je n’ai pas non plus aimé le style, avec les innombrables inversions, artificielles et pleines d’affectation. ● Si l’intention de l’auteur est louable, montrer un monde où des êtres humains se déchirent simplement parce qu’ils sont nés de part et d’autre d’une frontière, les Etats-Unis qui ne pensent qu’à ériger des murs de toute façon inutiles, des personnes comme Delaney qui pourtant sont humanistes mais finissent par être contaminés par une mentalité belliqueuse et paranoïaque, tout ceci il y a presque trente ans, et les choses ayant incontestablement empiré depuis, je ne trouve pas que la réalisation soit à la hauteur de l’enjeu.
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Water Music

Avec brio et drôlerie, T C Boyle tricote l’histoire de Mungo Park, un écossais de 24 ans, et celle de Ned Rise, dont chaque tentative pour se sortir de la misère est contrecarrée comme une loi inévitable du destin. Mungo Park, lui, est choisi par l’African Association de Londres, pour chercher les tenants et aboutissants du fleuve Niger ;

Se jette t il dans le Nil, se perd t il dans le désert , bifurque- t-il vers le Sud, ce Djoliba, nom mandingue du Niger ?



Les sociétés géographiques anglaises, et derrière eux, les puissances européennes, connaissent l’Afrique au dessus du Sahel, connaissent les côtes où elles ont établi des comptoirs, mais ne connaissent pas encore l’intérieur de ce continent, et veulent comprendre où coule le Niger (bien sûr, avec la certitude d’un pays rengorgeant d’or et de richesses diverses et l’espoir d’un commerce juteux). « Les nations primitives de l’endroit mouraient d’envie d’échanger d’énormes quantités d’or contre des perles, des miroirs ou des saucières en étain »



De plus, l’Angleterre veut coiffer la France au poteau, on est les meilleurs et les plus rapides.

Qui pourrait s’aventurer dans une terre inconnue, sans cartes, sans guides, avec quelques prédécesseurs européens, qui n’en sont pas revenus ? Qui sera assez inconscient pour explorer les rives et le cours du fleuve Niger, en 1795 ? Ce sera Mungo l’ingénu.





Dans le film de Weber « la chèvre » François Perrin passe avec ingénuité à travers tous les tracas de la vie quotidienne, la salière qui se renverse sur ses œufs, la porte vitrée dans laquelle il s’empaffe, les sables mouvants, les guêpes, car son bonheur ne peut pas être atténué pour si peu.

Mungo Park , de même, découvre avec candeur, préférant partir seul avec un interprète et un serviteur, au lieu de suivre les caravanes d’esclaves ( allant de la côte jusqu’à l’intérieur des terres, Je me pose la question ?)visiter les terres qui le conduiront au fleuve Niger : il connaît tous les pires affronts à cause de sa peau trop blanche- c’est un revenant, il a la peau et l’âme délavée, voilà l’esprit des morts -et de ses yeux de chat, horreur, puis est mis en prison par le calife Ali, détroussé de tous les cadeaux qu’il apportait de bonne foi aux différents puissants de cette terre , mis en pièces, mourant de faim et de soif , en proie aux fièvres dont la redoutable malaria, allant de malheur en malheur. Peu lui importe, il n’a à défendre aucun honneur, il n’a aucun bénéfice autre que la découverte du Niger, et ce qui lui arrive représente un prix bien maigre à payer.



Un François Perrin qui accueille tout ce qui lui advient comme une expérience et qui continue son petit chemin.



Ned de son côté connait les désastres de la prison, la faim, les mauvais traitements, et TC Boyle ne lésine pas sur les détails de la barbarie londonienne de cette fin de siècle : pour mendier, des doigts en moins, pour manger, récupérer des cadavres en vue des premières autopsies, vive la science, pour survivre, jouer de la flute avec « Barrenboyne » et organiser des sortes de bacchanales ou vendre des œufs de maquereau noircis au cirage comme du vrai caviar russe.

D’ailleurs, le sort des paysans pauvres de l’Ecosse de la fin du XVIII siècle est très similaire à un servage/ esclavage. Ils n’ont rien et sont attachés à la demeure du maitre jusqu’à ce que mort s’ensuive. Les pauvres, même pas paysans, oublions, ils crèvent de faim, point.



La différence entre les deux personnages, Mungo et Ned, c’est l’inconscience du premier et le cynisme de l’autre.

L’intérêt du livre, en plus de cette psychologie des deux personnages et de leur attitude devant le malheur – acceptation pour Mungo, révolte pour Ned- ce sont les références historiques, en plus de l’humour toujours.



Livre foisonnant, ultra bien documenté, mélangeant il est vrai histoire et inventions crédibles, évoquant longuement aussi les sentiments d’Allison, la femme abandonnée pour un fleuve, décrivant ce qui lui semble être la vérité, et la rapprochant, en se moquant bien sûr, du livre « feel good » écrit à son retour par Mungo Park.



Car ce petit ingénu , qui sourit alors qu’on l’on s’apprête à lui crever les yeux, qui ne connaît rien des coutumes des différents royaumes qu’il visite, qui découvre avec candeur les codes, les péages à payer, les interdictions , par exemple de boire l’eau d’un puits si l’on est un « infidèle », finit par s’en sortir , par rentrer en Ecosse, par se marier, par faire des enfants.

De plus il écrira, car il est le premier européen à visiter et à avoir vu ce que personne plus ne verra.

Le second voyage est plus difficile, et plus violent, car malgré la volonté de Park, il est entouré de soldats, dont le travail est de tirer sur tout ce qui bouge, et se font bien entendu décimer par les fièvres, la faim, l’humidité qui entre dans les os, et la riposte de ceux qui sont agressés.

L’histoire garde la mémoire de ce voyageur, qui meurt cependant avant d’avoir vu l’embouchure du Niger, car son bateau sombre dans les chutes de Boussa. Et avant d’avoir livré ses mémoires du second voyage interrompu par la mort.



Est ce sa candeur preuve de sa probité, qui émeut ? Est ce le fait qu’il soit le premier, plus innocent qu’intrépide, et que grâce à lui nous connaissons ces royaumes gorgés de richesses, policés, différents les uns des autres, souvent ralliés à l’islam, prospérant grâce à leurs échanges commerciaux. ? le fait est que Mungo Park est inoubliable, et le livre Water Music racontant en détail sa vie inoubliable lui aussi. Je l’avais lu lors d’une hospitalisation due à une forte crise de malaria, et je viens de le relire avec encore plus de bonheur.

Sans malaria, c’est mieux.

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Parle-moi

Qu’est-ce qui distingue le chimpanzé et l’être humain sachant que le cerveau du chimpanzé, d'un volume de 360 à 380 cm3 est entre trois et quatre fois moins volumineux que celui de l'homme ?



Un chimpanzé peut-il apprendre à parler en langue des signes ? Combien de mots peut-il comprendre ? et reproduire ? Sachant que les deux espèces présentent des traits physiques, affectifs et mentaux, et des comportements relationnels et sociaux remarquables pour l’être humain dans leur similitude, comme le dit Wikipédia, que donnerait l’expérience consistant à placer un chimpanzé jeune dans une famille humaine ?

C’est l’histoire à laquelle T.C. Boyle s’est attelée, et c’est une très bonne histoire.



Aimee est une jeune étudiante sans intérêt et très timide quand l’histoire commence. Par hasard elle tombe sur une émission présentant un jeune universitaire qui veut mener des expériences sur l’intelligence des singes, et particulièrement des chimpanzés. Aimee rêve de le rencontrer, celui-ci étant justement professeur dans son Université. Or une petite annonce dans la fac lui indique qu’il recherche du personnel pour l’aider. Bénévolement ou contre une faible rémunération.



Aimee se fait violence pour le rencontrer et proposer ses services. Coïncidence : celui-ci a vraiment besoin d’elle. Sa petite amie Mélanie l’a plaquée alors qu’il avait commencé son expérimentation. Et le couple qui doit le seconder est en train de jeter l’éponge. On peut dire qu’Aimee tombe à pic le premier jour lorsqu’elle se présente au ranch de Guy, son professeur et qu’elle fait la connaissance de SAM.



« JE M’APPELLE SAM. JE SUIS SAM. SAM, C’EST MOI. »

Voilà un exemple de ce que Sam peut signer en langue des signes. Et plein d’autres choses encore ! Et dès la première seconde, entre Aimee et Sam, c’est une forme d’amour inconditionnel, comme une mère pour son enfant. Le début d’une aventure extraordinaire qui va durer 413 pages.



Sam sait signer plus de 400 mots. T.C. Boyle a trouvé la formule, lorsqu’il entre dans la tête de Sam et imagine ses pensées. Il peut nous faire comprendre que Sam veut un CALIN, parce qu’il met les mots en majuscules. Nous faire comprendre qu’il adore les GATERIES en général, les PIZZA notamment, les ABRICOTS, le COCA, et les GLACES. Mais il n’aime pas avoir MAL. Il y a la PEUR parfois avec le très méchant Moncrief qu’il a baptisé le GEANT et qui lui veut du mal.



Commence alors trois périodes dans la vie de Sam.

Dans la première partie, Aimee et Guy vont mener la vie dont rêvent tous scientifiques. SAM apprend vite et bien le vocabulaire. Son cerveau peut s’approcher de celui d’un enfant de 4 ans. Espiègle, il fait parfois pas mal de bêtises et Aimee est la seule à pouvoir le canaliser, ce qui lui prend beaucoup d’énergie. SAM n’aime pas trop que Guy se retrouve dans le LIT avec Aimee, mais il ne manifeste pas trop sa colère, parce que Guy lui donne du VIN ou un GIN TONIC et qu’il peut regarder les DESSINS animés.



Dans la seconde partie, hélas, l’horrible GEANT l’a capturé et l’a mis dans une CAGE. La PEUR règne, et le GEANT a un horrible bâton électrifié dont il se sert si on n’obéit pas. Mais où sont donc passés Guy, qui l’a amené en VOITURE, et Aimee, sa préférée ? Guy a été forcé d’amener SAM parmi les autres BESTIOLES NOIRES (en fait ses congénères, mais Sam ne le sait pas, il se prend pour un être humain). Heureusement Aimee va l’aider à s’échapper et fuir loin des mauvais traitements du GEANT et de BICEPS son acolyte.



Dans la troisième partie, Aimee et Sam vivent une parfaite vie de famille dans un camping du Nevada. Tout va très bien, SAM devient un ado rusé, à qui Aimee doit porter une attention constante. Leur affection est mutuelle et sans failles, jusqu’à même qu’Aimee souhaite faire baptiser Sam. Pourquoi ne pas le laisser asperger, pour celui-ci puisqu’il y a un GATEAU et du COCA à la fête qui s’en suit ?



« Parle-moi » interroge avec beaucoup de drôlerie et d’astuce les frontières entre monde animal et espèce humaine, et on passe un excellent moment. Avec le sentiment en le refermant d’avoir connu un personnage attachant à qui on ferait bien un CALIN nous aussi.

Très rafraichissant, en cette période de changement climatique, qui pose encore davantage la question d’actualité de la place de l’homme sur notre planète.



A lire sans aucune modération donc avec beaucoup de PLAISIR à la clef.

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Voir la lumière

« La Lumière, voilà ce dont il était question. Après la première séance, Tim lui avait demandé s'il avait vu la Lumière. Bien entendu, ce n'était pas le cas, il n'avait vu ni Lumière ni Dieu. »



Le Tim du récit n'est autre que Timothy Leary, grand gourou avant l'heure des drogues psychédéliques, tel le LSD. Ce roman évoque les années 1962 à 1964, pendant lesquelles il a d'abord enseigné à Harvard, où il a réuni autour de son projet d'expérimenter ces psychotropes des étudiants et leurs conjoints. Le LSD, dont les effets n'avaient pas vraiment été étudiés depuis sa découverte en 1943, n'était alors pas considéré comme illégal. Le laboratoire Sandoz fournissait gratuitement, du moins au début, Leary dans le but de démontrer des effets thérapeutiques sur certaines pathologies mentales.



Cet étonnant personnage très charismatique, emmènera son « premier cercle » d'abord au Mexique (pendant presque deux étés) puis dans un manoir de Millbrook, un village de l'état de New-York. Ses liens avec l'université sont rompus assez vite, tant sa réputation est sulfureuse et ses excès dénoncés par la presse.



Fitz, un étudiant en psychologie, sa femme Joanie et leur fils Corey sont les personnages centraux de ce vaste roman qui verra cette famille subir bien des hauts et des bas dans cette quête d'une vie plus libre, sans attaches ni tabous. Les schémas de pensée traditionnels ne sont pas si faciles à contourner !



Objectivement on ne peut que se rendre compte que tous ces fidèles de Leary étaient en réalité tout aussi dépendant de lui que du LSD, qu'il était seul à distribuer et qu'il appelait « le sacrement ». Sans vouloir gâcher le plaisir de la découverte de ce roman, qui m'a semblé extrêmement bien documenté, je peux quand même révéler qu'une amertume réelle sera le prix payé par bien des personnages.



Si vous avez aimé « le Cercle des Initiés » du même auteur, à propos du Docteur Kinsey, il n'y a pas de raison que vous n'aimiez pas « Voir la lumière », qui est tout aussi réussi.



Je remercie vivement les éditions Grasset et NetGalley pour m'avoir donné accès à l'édition numérique de cet ouvrage.

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Les terranautes

Trois jours, c'est le temps que j'ai passé, enfermée dans une serre géante en compagnie de huit scientifiques, dans le but de tester la capacité de l'homme a vivre en totale autarcie dans différents milieux écologiques.

Trois jours pour moi, mais deux ans pour eux, deux ans sans pouvoir sortir, deux ans à ne manger que ce qu'ils arrivent à faire pousser, deux ans à vivre ensemble, 24 heures sur 24, sous le regard des touristes qui paient pour les observer à travers les vitres de ces dômes de verre.



Inspirée d'une expérience qui a été mise en place dans les années 90 en Arizona, cette histoire m'a captivée.

L'histoire nous est racontée par 3 personnes différentes, Dawn et Ramsay, deux des scientifiques enfermés sous la serre et Linda, une des techniciennes oeuvrant à l'extérieur, car cette expérience a nécessité un nombre impressionnant de personnes pour que tout fonctionne correctement.



L'auteur nous dévoile le quotidien de cette mission, les tâches de chacun nous sont expliquées, on voit bien comment évoluent les relations entre les différents participants, qu'ils partagent des moments festifs, de l'enthousiasme, des doutes, de la fatigue, on assiste à des relations naissantes, à de l'agressivité, à des sentiments forts, de l'amitié, de l'amour ou de la jalousie.

La fatigue et les difficultés rencontrées vont aussi altérer les relations au sein du groupe.

Tout ici est exacerbé, l'enfermement rendant toute la gamme des sentiment plus fort.

La télé-réalité n'existait pas encore, cette expérience a donc également servi à décrypter les relations entre des individus passant autant de temps ensemble dans un espace clos.



J'ai suivi Dawn, Ramsay et Linda durant ces deux années, j'ai ressenti leur enthousiasme et leur implication dans ce projet pharaonique, j'ai vécu leur joie, j'ai eu faim avec eux, j'ai eu chaud, j'ai eu mal, j'ai eu peur, j'ai eu envie de hurler et de pleurer parfois, j'ai voulu me battre à leurs cotés pour entrer dans cette serre et j'ai ensuite eu envie de tout casser pour en sortir le plus vite possible.

Un roman dans lequel j'ai été totalement immergée, d'une force d'évocation assez intense et avec des personnages atypiques.

Du très grand Boyle.
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América

América. le rêve à portée de main ? Oui mais... mais non. Candido et son épouse América vont en faire l'expérience, amère. Arrivés en Californie, à la porte d'une corne d'abondance, ils se retrouvent coincés dans une fange inimaginable. Terrés dans ce canyon où la chaleur vous cuit la peau, sans un toit, sans nourriture sauf celle qu'ils peuvent (parfois) s'acheter au chinois du coin, la moins chère et qui se mange dans une boite réchauffée sur un feu de brindilles. Pas de savon ni de brosse pour les dents ou les cheveux, une robe pour elle, un vieux pantalon et des chaussures en pneu pour lui. Et tous les jours, on tente sa chance pour vendre sa force de travail sur le marché aux esclaves.



Delaney et son épouse Kira sont venus s'installer dans ce coin paradisiaque pour être dans la nature, vivre au bon air et loin de la ville, avec le jeune fils de Kira. Il écrit des articles sur les animaux qui peuplent cette contrée, elle vend des belles maisons. La petite communauté dans laquelle ils habitent est paisible. Delaney entretient peu de rapports avec son voisinage, il partage peu leurs idées concernant l'immigration. Ainsi se démarque-t-il lors de projet visant à construire un mur tout autour de la communauté afin de refouler les migrants. Lui ne veut pas, il ne comprend pas se repli sur soi et estime que chacun doit avoir sa chance, s'installer où il le souhaite et trouver un travail pour nourrir sa famille. Mais un coyote mal intentionné vient bouffer sous ses yeux ses deux petits chiens. Sa femme prend dès lors le parti de ceux qui souhaitent le mur.



Toutefois, ce n'est pas le premier signe d'alerte du changement dans cette famille. En fait tout commence par un accident. Delaney renverse Candido un soir avec sa voiture. Candido gravement blessé refuse d'aller se faire soigner, Delaney lui propose vingt dollars. C'est ainsi que ces deux personnages se rencontrent et vont se recroiser pour le pire... et le meilleur ?



Ce roman est très bien construit et bien écrit. J'ai beaucoup aimé. Je l'ai vu comme un hommage au roman de Steinbeck « Les raisins de la colère », actualisé entre le Mexique et l'Amérique de nos jours. A cet égard T.C. Boyle met en exergue une citation dudit roman : « Ils ne sont pas humains. Un être humain ne vivrait pas comme eux. Un être humain ne pourrait pas supporter d'être aussi sale et malheureux. »



T.C. Boyle va décrire dans América la vie des migrants, les wetbacks comme on les appelle parce qu'ils ont le dos mouillés en traversant la rivière, et va montrer comment un homme ou une femme peut basculer dans la folie parce que la douleur est trop vive, insupportable. C'est bien écrit et j'ai ressenti toute la peine pour América, Candido mais également j'ai eu à me poser les mêmes questions que Delaney et cela fait réfléchir... Un excellent roman.
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Les femmes

Frank Lloyd Wrigth (1867-1959 ) est non seulement un architecte de renom mais aussi un véritable personnage de roman: excessif, imprévisible, narcissique, opportuniste, un brin malhonnête en affaires, toujours couvert de dettes. C'est surtout un incorrigible coureur de jupons.

Pas étonnant que TC Boyle s'en soit approprié la vie tumultueuse pour nourrir un gros livre de 700 pages. Il y avait de la matière...



Loving Franck de Nancy Horan ( Buchet-Chastel 2009 ) racontait déjà la liaison passionnelle du fringant séducteur avec une femme de la haute bourgeoise, histoire d'amour moderne, incroyable pour l'époque mais au destin dramatique.

Je savourais donc par avance ce nouveau docu fiction, qui torpille le grand homme avec jubilation. Cette lecture fut en effet un plaisir.



Voici donc Wrieto-San, passionné de culture japonaise, sa libido frénétique, ses scandales, ses conquêtes féminines, ses bassesses, ses drames intimes, ses apprentis-étudiants surexploités, ses problèmes financiers et ses merveilleuses maisons "organiques" dans le style Prairie.

Hyperactif dans tous les domaines, avec un ego démesuré et une énergie visionnaire et créative hors du commun, il utilise et consomme en vampire épouses, maitresses et collaborateurs.



Se glissant dans la peau d'un disciple japonais en études d'architecture auprès du grand homme, Boyle en décortique la vie, ressuscite une conjointe hystérique, une amante lascive, une première épouse abandonnée, avant, enfin, l'âge venant, de se contenter de la quatrième. Il dirige avec une plume généreuse l'orchestration des scandales publics de ces liaisons par avocats et presse interposés. Quatre femmes qui se télescopent les unes les autres. Passer de la numéro 3 à la numéro 4 semble avoir été un combat titanesque.



Le récit est fluide, truculent, excessif et fort amusant à suivre. En la prenant à rebours, l'intimité de l'homme et de ses conquêtes est décortiquée, mise en perspective avec la vie professionnelle de Wright, ses méthodes de travail et ses réalisations ( sa maison Taliesin-Wisconsin est un personnage en soi ), et l'innovante vision de son enseignement à domicile à des jeunes architectes en herbe, adeptes/esclaves gravitant autour d'un gourou solaire.



On apprend beaucoup sur l'architecture, avec le désir de compléter les sources en s'appuyant sur Internet. La société américaine est en fond de tableau, sa mentalité hypocrite, son puritanisme, ses méthodes judiciaires.



Excellente biographie romancée, rythmée et féroce.
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Voir la lumière

Voir la lumière c’est l’histoire de la découverte fortuite du fameux LSD , l’acide des années 60 , c’est toute une décennie où tout semblait possible surtout aux EU .

C’est le monde de Tim Leary , psychologue expérimentant ce qui n’était pas encore considéré comme une drogue dangereuse .

L’époque est merveilleusement reconstituée sous la plume de TC Boyle .

On voyage avec la communauté scientifique, enfin c’est ce qu’elle est au début avant d’être rattrapée par des scandales , on les accompagne dans l’aventure au Mexique puis dans une énorme bâtisse dans l’état de New York .

Très vite , on a envie de leur dire de faire attention à eux , ils planent enfin plutôt ils tripent , les doses utilisées sont de en plus fortes , les règles de vie de plus en plus dingues , c’est sexe illimité , alcool en quantité massive , sans compter qu’il y a des couples avec des enfants .

Le roman se lit comme un thriller , la tension monte , monte et on retient son souffle .

J’ai adoré ce roman , encore une belle réussite de cet grand auteur américain.

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L'enfant sauvage

Intéressant, mais décevant.

Ou, d'une façon un peu plus positive : décevant mais tout de même intéressant.

Voilà, résumée, mon opinion sur ce livre.

Bon, je développe.

Adolescente, j'avais vu le film de François Truffaut "L'enfant sauvage", qui m'avait stupéfiée.

J'ai appris récemment qu'un auteur américain avait tiré un livre de cette histoire, et tout naturellement j'ai eu envie de le lire.

"Un soir d'automne 1797, des chasseurs capturent un garçon errant, nu, sale et hirsute, dans une forêt du Languedoc." nous dit la quatrième de couverture.

Ce terme de "capture" est horrible.

Affreux !

Il s'applique plutôt aux animaux, et même dans ce contexte, il est terriblement brutal.

Alors imaginez qu'il est utilisé ici pour un être humain ! Un garçon de treize ans !

Cette scène de la "capture", au début du roman, est épouvantable et soulève une interrogation bien légitime : qui est sauvage ? L'enfant ou ceux qui sont prêts à tout, même à utiliser les méthodes les plus violentes, pour l'attraper ?

Ce questionnement, je l'ai gardé en tête tout au long de ma lecture. Et, à mon avis, c'est ce qui fait le principal intérêt du livre.

Ce que subit "Victor" (c'est ainsi qu'on l'a baptisé) est terrible, et je me suis maintes fois demandé quelle était la part de sincérité et d'altruisme chez ceux qui se sont chargés de l'éduquer, et quelle était la part d'intérêt personnel qui entrait en ligne de compte.

Tous les efforts restant vains, Victor sera finalement abandonné à son sort. Il n'a pas pu s'adapter à la vie "civilisée", mais n'est plus adapté à la vie "sauvage" qu'il avait connue avant sa capture.

Il est finalement inadapté à tout. Triste constat.

Aurait-il mieux valu le laisser dans son élément et ne pas tenter de force de le faire rentrer dans la "civilisation" ?

Je n'ai pas la réponse. Je ne juge pas, c'est tellement facile de le faire après coup !

Le thème de ce livre est passionnant. Il fait naître des questionnements qui portent sur des sujets essentiels parce qu'ils touchent directement la nature humaine.

Ce qui m'a déçue, c'est la façon dont l'auteur a traité son histoire. Après un début mené tambour battant, il s'est, selon moi, un peu enlisé. J'ai trouvé que l'on tournait un peu en rond, que le récit perdait petit à petit de sa force et de son intérêt. Jusqu'à une fin trop vite expédiée et qui m'a laissée sur ma faim.

Dommage.
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San Miguel

Au milieu d'une nature hostile, sur l'île minuscule de San Miguel au large de Santa Barbara, se succèdent 3 femmes. Marantha, Edith et Elise affrontent les vents, les pluies, les tempêtes de sable et les brouillards. Epouses ou fille de gérant de l'exploitation de moutons présente sur l'île, elles combattent tout autant la météo que la solitude. Loin du continent, tributaires des bateaux qui passent au large des côtes, elles vivent avec leur famille dans une précarité qu'elles subissent. Mais c'est aussi une façon plus libre d'appréhender le futur, de profiter du temps présent et de se protéger des affres de la société qui se modernise...

Un bien beau roman que celui-ci !! J'ai vécu au milieu des vents et des moutons, j'ai frissonné avec ces familles rassemblées au coin du poêle, j'ai pleuré avec eux sur la perte d'un cheval... Une écriture envolée qui nous entraine avec facilité au milieu de cette île perdue. Des personnages attachants qui affrontent courageusement les difficultés de leur quotidien et qui se sentent chanceux d'être protégés du monde mais qui le paient bien cher...
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Les terranautes

Ce roman de T.C. Boyle est fidèle au schéma de la plupart de ceux qu'il a écrit : une expérience scientifique ambitieuse mise en péril par le caractère forcément imprévisible des rapports humains.



Il s'inspire d'une expérience réellement menée dans le désert du Colorado au début des années 1990, Biosphere 2. Des riches mécènes avaient financé la construction de ce centre de recherche pharaonique, avec ses multiples domes étanches qui accueillaient chacun un habitat différent. Il s'agissait d'observer s'il était possible de maintenir un éco-système en milieu fermé et surtout de le faire durer.



Trois "terranautes" prennent tour à tour la parole. Deux à l'intérieur des bulles, Dawn et Ramsay et une à l'extérieur, Linda. Cette dernière a été recalée pour la première mission de deux ans. Malgré le ton officiel qui se veut consensuel, ces huit humains (4 femmes et 4 hommes) ne vont pas tarder à se supporter difficilement. Il faut dire que la pression qu'impose l'équipe de direction est dure. Il s'agit, finance oblige, d'organiser un spectacle permanent à l'intention du grand public américain.



Il y a bien des aspects quasi-sectaires dans cette organisation : employés sous-payés et corvéables à merci, chefs inamovibles et manipulateurs.



Le spectacle prendra bien des directions inattendues. Le suspense est total tout au long de la narration. Nos terranautes parviendront-ils à résister deux ans à bien des avanies ?



Une fois la dernière ligne lue je me suis renseigné sur Biosphere 2. T.C. Boyle s'en est servi comme support crédible à sa fiction, mais ce qu'il relate semble être surtout le fruit de son imagination. Stephen King, dans "Dome" avait totalement réussi à rendre le caractère proprement irrespirable d'une ville sous cloche. T.C. Boyle est à son niveau dans ce livre.



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Parle-moi

Une très belle pioche , le dernier roman de l’écrivain TC Boyle , un de mes auteurs américains préférés .

Parle -moi , c’est l’histoire de Sam , un chimpanzé surdoué qui parle le langage des signes , il est si doué qu’il passe dans une célèbre émission de télévision avec Guy Schermerhorn , le professeur qui l’a initié au langage des signes .

Mais un chimpanzé c’est avant tout un animal qui réclame une attention de tous les instants , même s’il semble doué d’une intelligence exceptionnelle, même s’il ´ comprend tout ´ .Un animal qui a une force incroyable , qui d’un instant à l’autre peut changer de comportement et représenter un danger .

Et puis toutes les expériences sur les chimpanzés sont implacables, quand ils deviennent adultes , leur force les rend ingérables et …adieu aux expérimentations.

Pourtant Aimée , la gentille étudiante terne , timide ne l’entend pas comme ça , dès qu’elle rencontre Sam , le courant passe entre eux , la jeune fille s’épanouit au contact de Sam .

TC Boyle écrit un roman coup de poing sur notre attitude avec les animaux dit de laboratoire, de tous les animaux qui participent à des expériences à titre scientifique , même si certaines , très rares certes , se passent comme celles de Sam dans des conditions idylliques .

Un roman choc dont le dénouement va vous surprendre , c’est le moins qu’on puisse dire .

Merci à #netgalley et aux éditions Grasset pour cette lecture .

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América

Delaney Mossbacher rentre un soir dans sa cité pavillonnaire sécurisée, et renverse un homme, celui ci malgré ces blessures s'enfuit. L'homme est un clandestin, un chicano qui a franchit la frontière avec son épouse América et qui vivent cachés dans un cabanon en attentant des jours meilleurs.Delaney lui le progressiste, pronant la tolérance et écologique acharné, prend peur et voit dans cet accident un danger pour sa vie de nanti , protégé et respectueux des lois. Alors, Delaney sombre dans une paranoia qui l'amène à récuser tous ces idéaux.Et si cet homme portait plainte ?

T;C. Boyle met face à face deux mondes qui vont s'affronter par l'intermédiaire de Delaney et Candido. Boyle montre avec un talent incroyable comment Delaney oublie ces principes dès lors qu'il sent une menace sur les siens et que son imagination se met à dérailler.

Un portrait saisissant, de deux destins qui s'opposent, la peur de voir son petit monde bien établi s'effondrer. Les conditions de vie (de survie plutôt) de Candido et América sont insupportables et le basculement de Delaney vers une radicalité à l'opposé de ces croyances sont formidablement décrits. Le roman sonne avec une justesse glaçante. Et Boyle de taper sur la tête de cette grande Amérique hypocrite, donneuse de leçons. C'est tellement plus facile chez les autres. Boyle dresse un réquisitoire sans appel, un uppercut qui vous laisse KO. Un roman implacable, impressionnant, dérangeant et terriblement d'actualité.

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Parle-moi

La « méthode » T.C. Boyle a encore fait la preuve de sa grande efficacité : ce roman, peut-être davantage resserré que la moyenne de ses livres, se laisse lire fiévreusement de bout en bout.



On connaît son goût pour les expériences scientifiques qui tournent mal, ou plutôt qui, l’humain étant ce qu’il est, ne donnent pas les résultats attendus.

Nous sommes au début des années 1980 en Californie. Des expériences sont menées pour tenter d’enseigner le langage des signes à des chimpanzés. Le professeur Guy Schermerhorn a eu la chance de se voir confier cette tâche, qu’il espère significative pour sa progression de carrière. Pour cela il élève dans un ranch isolé, avec son équipe, un jeune chimpanzé nommé Sam. Celui-ci maîtrise suffisamment ce langage pour prouver qu’il comprend ce qu’on lui dit et qu’il est capable, lui-aussi, de former des questions, d’interagir avec les humains.



Guy et Sam participent à un talk-show télévisé et deviennent connus. La réalité n’est pourtant pas aussi belle : Sam, qui grandit, est parfois ingérable. Sa grande force physique est menaçante pour certains de ses aidants, qui en feront les frais.



Guy, juste après son passage à la télévision, profite de sa nouvelle notoriété pour recruter des remplaçants. Aimee Villard, une jeune étudiante en apparence réservée, se révèle très douée avec Sam. Il faut dire que c’est un « coup de foudre » réciproque. Aimee ne laissera pas tomber Sam lorsque des problèmes majeurs surviendront.



Se mettre, entre autres, dans la peau d’un chimpanzé, c’est un défi que relève brillamment T.C. Boyle dans sa narration, qui donne la parole à Aimee, à Guy mais aussi à Sam. Cette lecture m’a amené à regarder d’un autre œil la manière dont les humains traitent les animaux. Sam a beau posséder une forme d’intelligence il appartient légalement à un certain professeur Moncrief, qui pourrait avoir intérêt à le vendre à un laboratoire…



Je remercie NetGalley et les éditions Grasset pour m’avoir donné accès à l’édition numérique de ce roman

#Parlemoi #NetGalleyFrance

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