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Citations de Ursula K. Le Guin (1085)


Il peut paraître étrange que sur une île large de cinquante milles, dans un village au pied de falaises éternellement tournées vers la mer, un enfant puisse atteindre l'âge d'homme sans avoir jamais posé le pied sur un bateau, ou trempé ne serait-ce qu'un doigt dans de l'eau salé, mais c'est ainsi. Qu'il soit fermier, chevrier, bouvier, chasseur ou artisan, l'homme de la terre considère l'océan comme le royaume salé et instable qui ne le concerne en aucune façon. Le village situé à deux jours de marche du sien est une terre étrangère, et l'île qui se trouve à une journée de voile de la sienne n'est qu'une rumeur, tout juste des collines embrumées qu'il aperçoit au-delà des eaux, et qui n'ont pas la solidité de la terre qu'il foule de ses pieds.
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S'ils veulent voir la mort de leurs yeux, c'est leur affaire, non la mienne. Je ne veux pas être pour eux l'éternité. Qu'ils ne comptent pas sur les arbres pour y trouver l'image de la mort. Qu'ils la cherchent plutôt dans les yeux de leurs semblables.
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La discipline militaire, avec sa raideur chitineuse, ne pouvait s'appliquer à ces équipes de savants fous. Les ordres se transmettaient, étaient exécutés d'une manière qui tenait de la procédure parlementaire et du choix individuel. Elle aurait rendu malade un officier de l'armée régulière.
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Mais avant cela, et après, les rois, les empires, les inventions étaient innombrables. Milliards de vies dans des millions de pays - monarchies, démocratie, oligarchies, anarchies. Ères de chaos et ères de discipline, et tant de panthéons, guerre paix guerre paix, sans fin, on découvre et on oublie, horreurs et triomphes, en permanence, tout est toujours nouveau, et la nouveauté se répète toujours.
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Que serait un monde sans guerre ? Il serait vrai. La paix, c'était la vérité, une vie pour travailler, apprendre, élever des enfants qui travaillent et apprennent. La guerre dévorait le travail, la sagesse, les enfants, niait la vérité.
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LA CRÉATION DU MONDE
Au commencement étaient la glace et le soleil - c'est tout. De nombreuses années passèrent puis le soleil fit fondre une grande crevasse, une crevasse sans fond dont les parois étaient garnies de figures taillées dans la glace. Goutte à goutte, ces figures de glace commencèrent à fondre, et les gouttes tombèrent dans le gouffre sans fond. L'une des figures dit : «Je saigne.» Une autre : «Je pleure.» Une troisième : «Je sue.»
Les figures de glace se hissèrent hors de l'abîme et se dressèrent sur le glacier comme des géants. Celui qui avait dit «Je saigne» étendit la main vers le soleil pour puiser dans les entrailles de l'astre des poignées d'excréments, dont il fit les collines et les vallées de la terre. Celui qui avait dit «Je pleure» souffla sur la glace pour la faire fondre et former ainsi les mers et les rivières. Celui qui avait dit «Je sue» brassa un mélange de terre et d'eau pour en faire les arbres, les plantes, les herbes, les graines des champs, les animaux et les hommes. Les plantes poussèrent dans le sol, les bêtes coururent sur la terre ou nagèrent dans la mer, mais les hommes ne s'éveillaient pas. Ils étaient trente-neuf. Ils dormaient sur la glace, sans remuer.
Alors les trois figures de glace s'assirent, genoux repliés, et se laissèrent fondre au soleil. En fondant, elles donnèrent du lait, et le lait coula dans la bouche des hommes endormis, et les hommes s'éveillèrent. Seuls boivent ce lait les enfants des hommes, et sans lui ils ne peuvent s'éveiller à la vie.
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La loutre de notre vallon,
Elle savait prendre tous les aspects,
Et pour sûr tout ensorceler,
Et parler l'homme et le dragon.
Ainsi va l'eau s'en va au loin, au loin,
Ainsi va l'eau s'en va au loin.
(Nouvelle : Trouver)
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Pour changer cette pierre en joyau, il te faut changer son vrai nom. Et pour cela, mon fils, même s'il s'agit d'un fragment du monde aussi insignifiant, il te faudrait changer le monde. On peut le faire. Assurément, on peut le faire. C'est l'art du Maître Changeur, et tu l'apprendras lorsque le moment sera venu pour toi de l'apprendre. Mais tu ne dois rien changer, pas même un galet ou un grain de sable, avant de savoir quel Bien et quel Mal vont résulter de ton acte. Le monde est dans ce qu'on appelle l'Equilibre, et le pouvoir de Changement et d'Appel d'un sorcier peut perturber l'équilibre du monde. C'est un pouvoir dangereux, plein de périls. Il doit procéder de la connaissance, et servir le besoin. Allumer une bougie, c'est projeter une ombre...
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Ursula K. Le Guin
Est-ce qu'il vous arrive de rêver que vous volez?
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Bien que l'usage du Langage Ancien contraigne l'homme à dire la vérité, il n'en va pas de même pour le dragon. Cette langue, en effet, est la sienne, et elle ne l'empêche pas de mentir, d'assembler des mots vrais à des fins mensongères, et d'égarer l'auditeur sans méfiance dans un labyrinthe de mots-miroirs dont chacun reflète la vérité et dont aucun ne débouche sur quoi que ce soit.
("Le sorcier de Terremer")
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Si tu continues, si tu ne cesses de fuir, où que tu ailles tu trouveras le danger et la malédiction, car c'est l'ombre qui te mène, c'est elle qui choisit ton chemin. C'est maintenant à toi de choisir. Tu dois traquer ce qui te traque. Tu dois chasser le chasseur.
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La guerre comme métaphore morale est limitée, restrictive et dangereuse. En réduisant le choix de l'action à une "guerre contre", on divise le monde en Moi ou Nous - le Bien - et Eux ou Ca - le Mal -, on atrophie la complexité éthique et la richesse morale de nos vies en une dualité oui/non, avec/sans. C'est puéril, mensonger, et dégradant. Dans le cadre d'une histoire, cela disqualifie toute solution qui ne serait pas violente et procure au lecteur un réconfort infantile. Bien trop souvent, les protagonistes de ces fantaisies se comportent exactement comme leurs ennemis, agissent avec la même violence aveugle - sauf que que le héros est du "bon" côté", et finit en conséquence par triompher. Le droit fait la force.
Ou bien la force fait-elle le droit ?
Si la guerre est le seul enjeu, oui. La force fait la justice. C'est précisément la raison pour laquelle je ne joue pas aux jeux de guerre.
Pour devenir l'homme qu'il porte en lui, Ged doit découvrir l'identité et la nature de son véritable ennemi. Il doit découvrir ce que signifie être soi-même. Cela n'exige pas de guerre, mais une recherche, ainsi qu'une découverte. La recherche l'amène au-devant de périls mortels, de deuils et de souffrances. La découverte lui apporte la victoire qui ne scelle pas une guerre mais signe le début d'une vie.


Le Sorcier de Terremer - Postface
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- Le monde est vaste et étrange, Hara, mais pas plus vaste ni étrange que nos esprits.
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Il faut apprendre un peu de français à Bota. N'est-ce pas le langage de l'amour ?
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Quand tout se ressemble, peut-il exister un chez soi ?...
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De fait, c'est un arrangement injuste. La sexualité et la justice ont bien peu de choses en commun, peut-être même aucune. L'amour, l'amitié, la conscience, la générosité et l'obstination trouvent le moyen de faire fonctionner cet arrangement injuste, ce qui n'empêche pas l'anxiété et l'angoisse ; et ça ne marche pas toujours.

[NB : La narratrice vient d'expliquer comment se créent les familles et les modalités de reproduction dans un environnement restreint, totalement fermé et ne comprenant que quatre mille individus, et comment hommes et femmes "s'arrangent", pour le moins pire des deux.]
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Ma mère me caressa les cheveux, le visage, le bras. Nous nous façonnons les uns les autres pour devenir humains, avaient coutume de dire les vieux lorsqu'ils caressaient les bébés ou les enfants, ou se caressaient l'un l'autre, avec des gestes lents et doux.
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Tenar et Tenahu bavardèrent un peu, se montrant du doigt des navires, qui passaient sur une île.
- C'est merveilleux. J'avais oublié comme j'adore être sur le voilier dit Tenar.
- J'aime bien à condition d'oublier l'eau, dit Tehanu. C'est comme si je volais.
- Ah, vous les dragons, dit Tenar.
Elle avait parlé d'un ton léger, mais elle ne l'avait pas dit à la légère. C'était la première fois qu'elle disait quelque chose de ce genre à sa fille. Elle sentait que Tehanu avait tourné la tête pour la regarder de son oeil valide. Le coeur de Tenar cognait dans sa poitrine.
- L'eau et le feu, dit-elle.
Tehuna ne dit rien. Mais sa main, sa fine main brune, pas la griffe,, se posa sur la main de Tenar et la serra fort.
- Je ne sais ce que je suis, mère, chuchota-t-elle de sa voix qui était rarement plus qu'une murmure.
- Moi je sais, dit Tenar.
Elle essayait de réconforter sa mère, de la rassurer, mais il y avait de l'envie dans sa voix, de la jalousie et un profond désir.
- Attends, attends un peu et tu sauras, répondit sa mère, qui avait du mal à parler. Tu sauras c e que tu dois faire... ce que tu es... quand le moment sera venu.
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Cette nuit-là, Tenar se laissant aller au sommeil, elle retrouva les vastes abysses de vent et de lumière, mais la lumière était fuligineuse, rouge, rouge orangé et ambrée, comme si l'air lui-même était en feu. Au milieu de son élément, elle était et n'était pas, volant dans le vent t à la fois étant le vent, le souffle du vent, la force qui allant librement; mais aucune voix ne l'appelait.
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Essaie de choisir avec soin, Arren, lorsque de grands choix devront être faits. Quand j'étais jeune, j'eus à choisir entre être ou agir. Et j'ai bondi sur la seconde solution comme une truite sur une mouche.
Mais chacun de tes gestes, chacun de te actes, te lie à lui et à ses conséquences, et te force à agir de nouveau et sans cesse. Il est donc très rare de rencontrer un espace, un moment comme celui-ci, entre l'acte et l'acte, ou il soit possible de s'arrêter et simplement d'être. Ou se demander qui après tout, est-on.
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