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Critiques de Victor del Arbol (598)
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Avant les années terribles

Je connaissais Victor Del Arbol pour ses romans policiers. On en est loin, quoique. C'est donc une autre facette de cet auteur décidément prolixe. Alors alors, j'ai préféré de loin ses romans policiers, pas que ce livre soit mauvais, mais il n'atteint pas le sens littéraire d'autres auteurs sur ce genre de thème. N'est pas Villa-Matas qui veut.
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Avant les années terribles

Difficile d’écrire après «Toutes les larmes de l’océan » considéré à peu près unanimement comme un chef d’œuvre et publié en français en 2015.

Victor del Arbol a beaucoup écrit depuis et s’est sans doute un peu perdu.

« Avant les années terribles » est une sorte de titre prémonitoire pour cet auteur, que j’aime beaucoup et que j’ai eu la chance de rencontrer à Lyon.

Après 2 romans décevants il change son M16 d’épaule et nous précipite, à la suite d’Isaë ,dans le chaos ougandais.

Isaë est réparateur/vendeur de vélos à Barceloneta, métier qui a le vent en poupe…

Mais les fantômes du passé vont venir le titiller et Enmanuel K(?) le convint de venir faire un tour à Kampala , le temps d’une conférence sur la Réconciliation nationale.

Ex-enfant soldat, longtemps victime (mais pas innocent, précise l’auteur) d’un sévère état de stress post-traumatique ( on le serait à moins) Isaë part avec sa femme , Lucía ( avocate, famille hyper-riche)enceinte de cinq mois.

Une fois en Afrique ça devient compliqué, tout va se rejouer en pire , etcétéra ,etcétéra…

Franchement le pitch était vraiment tentant.

Malheureusement il y a plusieurs petits soucis :

Passons sur quelques incohérences chronologiques ( même si je n’aime pas du tout ça) mais soit il y a un gros problème de traduction soit Victor del Arbol s’est empêtré dans les problèmes de conjugaison. Le style est lourd, terriblement empesé , ça en est presque gênant.

Il y a aussi des incohérences géographiques mais là aussi passons.

Le mérite de l’ouvrage est de donner un grand coup de projecteur sur l’Ouganda et là, pour le coup, on apprend pas mal de choses.

Pays maudit de l’Afrique de l’Ouest, l’Ouganda est un magnifique pays avec une histoire terrible. S’intéresser à son histoire c’est mettre un bout d’orteil dans l’immense complexité africaine post-coloniale.

On y apprend aussi le sort impitoyable des albinos, leur destin victimaire et leur rôle dans la sorcellerie.

Mais la narration est malheureusement assez confuse avec pourtant une structure narrative sommaire.

Qu’est il arrivé à cet auteur que j’aimais tant ?

Souvent présent à Quais du polar , l’homme est charmant et parle un beau français avec une pointe d’accent catalan.

Peut-on se remettre de Toutes les larmes de l’océan ?

Pas sûr……
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Par-delà la pluie

Je ne suis pas certaine qu'on puisse bien l'apprécier avant quarante ans; mais, pour moi qui ai beaucoup plus, c'est un roman qui a fait mouche.



C'est une lecture émouvante, sensible, intelligente, au ton juste sur la vieillesse, les souvenirs, les nôtres et ceux de l'histoire, l'amour, le sens ou le non-sens de la vie , ce que nous choisissons, ce que nous croyons choisir ...



Les deux personnages principaux sont ciselés comme des diamants, leurs différentes facettes se dévoilant au fur et à mesure d'un récit à la construction parfaitement maitrisée. De l'Afrique du Nord à l'Espagne en passant par l'Angleterre et la Suède, on suit nos deux héros qui tentent de guérir leurs cicatrices qui n'en finissent pas de suinter et de donner sens et vie à leurs derniers jours.



Avec une construction réussie des changements de narrateurs et de périodes, avec une très belle écriture sans excès de pathos mais qui laisse la part belle aux émotions ce roman est un bijou!
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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La tristesse du samouraï

un polar sombre où l'on croise des salauds et des psychopathes, où les héros sont fatigués, voire proches de la mort qui rôde, où les femmes sont maltraitées: battues, violées, voire assassinées.. C'est sombre, parfois le trait est trop appuyé mais l'on est accroché, on veut reconstituer les pièces du puzzle de ce drame familial, avec pour décor, l'histoire tourmentée de l'Espagne fascisante de Franco.
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Toutes les vagues de l'océan

Un livre magnifique, à classer sans doute dans la catégorie des policiers psychologiques, mais qui transcende le genre, pour devenir un véritable roman historique, puis une réflexion sur l'histoire et la culpabilité.



L'histoire ? Celle, je pense, d'un avocat de Barcelone, trop honnête pour réussir et mal accepté dans le milieu de sa richissime épouse, lui qui est le fils d'un héros communiste. Mais aussi celle de son père, Elias, militant communiste modèle, envoyé étudier en URSS dans les années 30, passé par le goulag dans ses premiers balbutiements, homme de confiance du Parti pendant la guerre d'Espagne, mystérieusement disparu dans les années 60. Celle encore de sa fille, policière hantée par les violences faites aux enfants, enragée dans la lutte contre un réseau pédophile, et finalement détruite par l'assassinat de son petit garçon...



Car dans ce livre victimes et bourreaux se croisent, échangent leurs rôles au gré des révélations sur le passé. Chaque personnage se construit autour d'une facette de ce passé, rêvé ou recrée, en un kaléidoscope trompeur, en perpétuelle reconstruction. Et le lecteur ne peut que s'étonner, fasciné par ces retournements et ces reflets...



Un livre à lire, tant pour la qualité de l'intrigue policière que par la peinture d'un demi-siècle d'histoire de l'Espagne et par la portée universelle de son histoire.
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La tristesse du samouraï

Je suis fort mitigée et ai hésité entre deux ou trois étoiles. Mon optimisme l'a emporté.



Je ne ferai pas un résumé de l'histoire, d'autres l'ont fait. J'ai été attirée par l'alliage polar - histoire d'Espagne - auteur espagnol que je ne connaissais pas. J'y ai trouvé du pour et du contre.



Le pour : les méandres de cette drôle d'histoire de l'Espagne qui me fait toujours m'interroger sur la cohabitation actuelle entre les descendants de ces ennemis ataviques qu'étaient les Républicains et les Phalangistes, la répression des premiers sous le franquisme n'ayant pu qu'exacerber les rancoeurs. Et cette histoire l'illustre à sa manière.



Les contres : un démarrage en mode tortue, mais qui est suivi par d'innombrables longueurs et parfois, comme d'autres, j'ai sauté quelques lignes, je l'avoue. Mais surtout la description de très nombreuses scènes de tortures ou de violence principalement aux femmes qui sont totalement insupportables.



Cela plaira aux amateurs de polars un peu gore, les autres resteront sur leur faim, me semble-t-il.
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La maison des chagrins

La Maison des chagrins est vraiment un fabuleux et magnifique roman noir, porté par une écriture puissante, élégante et racée, ainsi que des personnages qui crèvent le papier, et dont l'auteur dissèque la psychologie complexe sous les yeux ébahis du lecteur.



L'intrigue, en apparence simple, se révèle être en réalité un véritable monument de construction virtuose, en ne dévoilant son ampleur, sa profondeur et ses multiples intrications que petit à petit, comme les pièces disparates d'un grand puzzle que le lecteur assemblerait naturellement en suivant le récit captivant de Del Arbol, mais qui, au fil des rebondissements et des retournements de situation, laisserait transparaître au final un tableau d'ensemble vertigineux et terrifiant, radicalement différent de l'image que l'on croyait recomposer initialement.



Magistral, éblouissant, passionnant, glaçant et souvent poignant, La Maison des chagrins est comme une gigantesque et diabolique boîte de Pandore que plusieurs personnes auraient ouverte au nom de la vengeance, croyant ainsi pouvoir apaiser la souffrance qui les ronge, celle du deuil impossible de leur enfant ou de l'être qu'ils aimaient, mais dont ils auront à supporter en retour l'incroyable cruauté de la vérité, laquelle les obligera en plus à regarder dans le miroir l'insoutenable reflet de leur véritable personnalité.



Victor Del Arbol s'impose comme l'un des très grands auteurs de romans noirs, à suivre de près.

Et sa Maison des chagrins fait partie de ces grands romans qui cloueront le bec, en les ridiculisant, de tous ceux qui oseront encore affirmer aujourd'hui que le polar n'est pas tout à fait de la littérature...
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Le fils du père

Dans ce roman noir espagnol, c'est le destin violent d'une famille qui affecte trois générations qui nous est conté. On le sait dès les premières lignes quand Diego s'exprime : ce professeur d'université le dit dans sa confession, il est un assassin. Comment en est-il arrivé là ?

La violence marque sa famille depuis trois générations. Son grand-oncle Joaquin, anarchiste, a été assassiné par les franquistes. Son grand-père Simon s'est battu en URSS avec la division Azul dans des conditions épouvantables. Son père - son prénom nous sera caché jusqu'à la dernière ligne - en conflit avec son propre père a quitté la famille et s'est battu avec la Légion étrangère au Sahara. Dans un contexte d'amours brisés ou impossibles et de tension sociale, la violence règne et se transmet de père en fils, chaque génération étant marquée par ses drames, de façon quasi inéluctable.

L'auteur alterne allers-retours dans le passé et confessions de l'assassin avant de terminer avec celle du père.

Un livre poignant et intelligent qu'on ne peut lâcher.
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Le fils du père

Victor del Arbol nous entraîne dans une tourmente, celle de l'Histoire qui s'acharne sur une famille qui voit la haine et la violence l'envahir.



La haine et la violence, voilà le ciment de la famille de Diego, professeur quadragénaire spécialiste de Dostoïevski, et personnage central de ce récit. Il semble avoir réussi sa vie...



Mais le passé est là, incontournable, pesant de tout son poids : un grand-oncle, Joaquin, anarchiste pendu pendant la guerre d'Espagne. Et Simon, le grand-père humilié, engagé de force dans la division Azul qui combattait aux côtés des Allemands contre l'Union soviétique pendant la Seconde guerre mondiale.



Les injustices sociales tiennent également une grande place dans cette tragique histoire. La famille Patriota, propriétaire terrien, écrase de sa position dominante celle d'Alma Virtudes aïeule de Diego, qui travaille pour les Patriota.



Les humiliations, les mauvais traitements et les violences de l'Histoire sont les éléments importants de ce livre.



Avec talent, l'auteur nous présente parallèlement la confession de Diego qui se retrouve interné suite au meurtre d'un homme et l'histoire tourmentée de sa famille.



Nous sommes captivés dès les première pages.



Une réussite absolue.

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La tristesse du samouraï

Fresque qui se déroule de 1940 à 1981... L'arrivée de Franco, qui sème la terreur, une politique remplie de haine. Un enchevêtrement de destins croisés de 4 générations, qui se transmet la rage par la sang... C'est très dense comme roman, pour au final un livre qui fait pas tant de pages... Peu de personnages, mais ceux qui y sont nous marquent l'esprit... Un livre qui se lit bien, qui est captivant. Une histoire qui tient la route et qui nous dépeint très bien cette époque précise de l'Espagne. Un très bon roman.
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Toutes les vagues de l'océan

Le scénario rappelle celui de « La tristesse du samouraï ». L'auteur exploite la même construction et la même période historique. Le récit prend part dans le présent et trouvera son explication dans les échos du passé et de l'héritage familial. C'est au lecteur de reconstituer le puzzle, de recoller les morceaux dispersés au long des chapitres.



Ce sera une longue traversée au coeur de la révolution russe dans l'enfer du goulag et en pleine guerre civile espagnole. La documentation très riche est exploitée avec intelligence et poésie. On apprend des détails sur les horreurs inhumaines vécues lors des déportations et dans les camps en Sibérie. On rencontre les résistants, des hommes dotés d'une incroyable soif d'idéal et fiers, prêts à mourir pour défendre leur dignité.

Les personnages portent le poids des erreurs de leurs ancêtres et les stigmates qui font d'eux des héros aux pieds d'argile. Victor del Arbol insiste sur la dualité de ces hommes sur qui pèsent la mort et la destruction. Ils vivent par procuration les fantômes de leur passé. Une sorte d'onde de choc se répercute des décennies plus tard éclaboussant la descendance qui hérite alors du venin et finit par mépriser toute possibilité de bonheur.



Victor del Arbol nous surprend encore avec un livre qui brûle les doigts et dont on sort sonné, le regard grand ouvert.



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Toutes les vagues de l'océan

Ce pavé de six cents pages, Grand Prix de Littérature Policière 2015, est absolument passionnant et captivant. Toutes les vagues de l'océan est le roman noir par excellence : tragique, brutal, parfois sordide, il met en scène, sur fond de critique pessimiste de l'humanité et de la société, des histoires d'ambitions, de haines, d'espionnage et de morts violentes, qui s'entremêlent à rythme soutenu dans une intrigue unique et complexe, ancrée dans un contexte historique authentique qui s'étend sur prés de soixante-dix ans.



Barcelone, 2002. C'est là que tout commence et que tout se dénouera. Des meurtres dès les premières pages. Entrée en scène progressive des personnages. Lecteur, n'en perd pas un seul de vue, car tous comptent dans l'intrigue, chacun est une pièce importante du puzzle ; sollicite ta mémoire si tu peux, ou prend des notes (pour ma part, ma mémoire fonctionne bien et j'ai pris des notes).



L'un d'eux va rapidement s'imposer comme central, parce que comme toi, lecteur, c'est un candide qui ne sait rien et qui va vouloir comprendre : Gonzalo Gil est un avocat médiocre de quarante ans au physique insignifiant, un anti-héros. Sa vie familiale est au bord de l'implosion. Sa relation avec son épouse, la belle Lola, est gangrénée par des non-dits. Son fils Javier, adolescent, lui échappe désespérément. De graves divergences de vue l'opposent à son beau-père, un avocat riche, renommé et cynique. Eloigné de sa sœur Laura alors qu'ils avaient jadis été très proches, il ne découvre le combat explosif dans lequel elle s'est lancée qu'à la suite de circonstances tragiques. N'ayant gardé aucun souvenir concret de son père Elias Gil disparu quand il avait cinq ans, il vit sous le poids du mythe d'un héros d'anthologie, savamment entretenu par sa vieille mère.



Gonzalo ne sait rien parce qu'il n'a jamais voulu voir, parce qu'il a oublié ce qu'il a vu, ou parce qu'il l'a occulté. Mais désormais, il veut savoir, tout savoir,... ce qui risque de ne pas plaire à tout le monde, particulièrement à la Matriochka, une mafia russe !



Les événements de Barcelone sont liés au passé. Les années trente et quarante : goulag en Sibérie, guerre civile à Barcelone, camp de concentration à Argelès, seconde guerre mondiale sur le front de l'Est, rééditions récurrentes d'horreurs et de sauvageries inhumaines. Compte aussi un événement majeur survenu en 1967, dont les détails ne seront dévoilés qu'à la toute fin du livre. La lecture flue et reflue entre présent et passé, comme des vagues sur un océan constitué de millions de gouttes d'eau, de sang et de larmes (titre original du livre : un milliòn de gotas), des vagues qui déferlent, poussées par les haines exhalées par deux hommes qui n'auront cessé de se chercher, de se croiser, de se combattre. Sont-ils toujours de ce monde ? Quoi qu'il en soit, leur présence, physique ou spirituelle, entretenue par leurs rejetons, pèse sur les consciences.



Quand ces deux-là se rencontrent, en route vers le goulag, l'un est un déporté politique, l'autre est un prisonnier de droit commun. C'est tout ce qui fait définitivement leur différence. Ils sont tous deux d'une violence sans limite, débordant sur une sauvagerie bestiale. L'un assume de torturer et de tuer pour son intérêt personnel, l'autre prétend le faire au nom d'un idéal censé apporter le bonheur à l'humanité. Au fil de leurs péripéties, l'auteur ne manque pas d'interpeller sur le Bien et le Mal, sur le devoir, le sacrifice, l'orgueil, la trahison, le remords... Il explore les mécanismes psychologiques qui amènent certains à dénier leurs responsabilités, à occulter ce qu'ils ont vu, à se mentir à eux-mêmes avant de mentir aux autres.



Le roman est magistralement construit, dans une cohérence sans faille. On peine un peu dans la première partie. Normal, il faut le temps de prendre ses bases avant de se pénétrer de l'architecture de l'ouvrage et de sa subtilité en forme de puzzle qui ne se complète que dans les toutes dernières pages.



Enigmes, agencement en puzzle, Barcelone, le Mal qui prend racine dans le passé ?... Impossible de ne pas penser à Confiteor !... Mais sans le souffle épique et le travail sur l'écriture d'un Jaume Cabré. Dans l’ouvrage de Victor del Arbol, pas de grande ambition de style, quelques manques de finesse, même, – si je puis me permettre –, notamment lorsque des circonstances jusque-là habilement camouflées sont brutalement divulguées comme des aveux irrépressibles.



Il n'empêche ! Laissons Confiteor à sa place de chef d'œuvre d'exception. Toutes les vagues de l'océan est juste un excellent roman.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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La tristesse du samouraï

La subjectivité est l'angle d'approche que j'ai choisi pour mon blog. Tenter d'expliquer pourquoi j'ai aimé tel livre et pourquoi j'en ai détesté un autre, sans animosité, juste un peu de ressenti et beaucoup d'émotions.



Cette subjectivité prend encore une autre tournure quand on a lu un livre, qu'on l'a refermé, glissé entre deux autres dans une bibliothèque ordonnée et que 2 jours après … on se retrouve à faire la bise à l'auteur !



J'ai terminé La tristesse du samouraï et je suis partie déambuler dans les rues de Lyon à l'occasion du festival "Quais du Polar".

Mon acolyte et moi avons mis la main sur des invitations pour la soirée d'inauguration où j'ai eu le plaisir de fumer des clopes et discuter un peu avec Victor del Arbol.



Le bel espagnol aux allures de don Diego de la Vega s'était vu remettre ce soir-là le prix "Le Point du polar européen 2012", nous avons causé un peu, de tout de rien, surtout de son livre, de son mauvais français et de mon très mauvais espagnol, il était d'humeur joyeuse malgré sa tentative avortée de me piquer mon briquet.



Par un froid matin d'hiver, sur le quai d'une gare, une femme et un enfant attendent impatiemment un train pour Lisbonne qui leur promet un avenir plus radieux. Le train partira sans eux et leur avenir restera des plus violent. Nous sommes en 1941 et Isabel Mola, épouse d'un phalangiste proche de Franco, disparaît à jamais.

Quarante ans plus tard, dans une chambre d'hôpital, Maria Bengoechea, 35 ans, brillante avocate rendue célèbre pour avoir envoyé sous les verrous un flic violent et véreux est en train de mourir.



Deux femmes, deux destins, un seul lien.



Suivons, sur trois générations marquées par la violence de l'après-guerre espagnol, cette saga familiale aux multiples ramifications, aux liens insensés. Un désir de vengeance sans limite qui rouvrira de terribles plaies et fera éclore un secret, qui pour Maria, changera tout et à jamais.



La tristesse du samouraï est un thriller psychologique extrêmement complexe. Victor del Arbol se joue avec justesse d'un contexte historique passionnant mais très peu connu. Le roman met en lumière la part la plus sombre de l'Espagne franquiste et démontre jusqu'où les lieutenants de Franco étaient prêts à aller par pure loyauté étatique.



Il dénonce, pointe du doigt et exhume la tristesse de l'Espagne.



Les phalangistes, les républicains, les miliciens … j'avoue avoir eu quelques difficultés à entrer dans l'arène, mais après m'être fait donner un petit cours d'histoire, j'ai sauté à pieds joints dans l'aventure et je n'en suis pas ressortie totalement indemne, tout comme Isabel et Maria, symboles féminins de courage et de volonté, sacrifiées par cette marée masculine de rage et de haine.
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Le fils du père

Merci aux éditions Actes Sud pour l'envoi de ce livre dans le cadre de Masse Critique.

Une fois de plus l'auteur nous entraîne dans l'histoire de l'Espagne de la guerre civile à aujourd'hui auprès d'une famille de pauvres ouvriers agricoles attachés à une famille bourgeoise propriétaire d'une oliveraie.

On y suit trois générations de pères, leur vie, leurs espoirs, leurs évolutions et la fatalité qui survit malgré la bataille qu'ils mènent chacun à leur façon pour se sortir de cette spirale destructrice.

Un beau roman sur la filiation et l'histoire de l'Espagne.
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Avant les années terribles

Mais comme je suis sortie sonnée par la lecture de ce roman ! Comment qualifier ce roman d’ailleurs ? L’étiquette « roman noir » que les français ont collé à l’auteur ne se justifie pas. Roman historique ? Thriller historique ? L’auteur nous fait découvrir une partie absolument atroce de l’histoire du XXème siècle et met en lumière l’infame Joseph Kony. L’auteur nous raconte la vie de Isaías Yower, jeune ougandais qui a fui son pays pour rejoindre l’Espagne (près de 9000 kms !). Le contexte est absolument hallucinant de violence, mais rien n’est inventé. Enfin si : l’histoire avec le petit « h » d’Isaías mais le contexte historique est réel. Et c’est d’une violence insoutenable. Le livre se déroule sur deux époques : la jeunesse d’Isaías et son retour en Uganda pour témoigner lors d’un congrès. Au début du roman, Isaías vit une vie heureuse avec sa famille (sa mère, son père, sa grand-mère, sa sœur, son petit-frère) puis sa vie bascule dans l’horreur. Il sera enlevé, séquestré, « dressé », de victime deviendra bourreau, fera partie de ce qu’on appelle les enfants-soldats. Il tuera, massacrera, aimera aussi, devra faire des choix. Et il prendra la fuite, rejoindra l’Espagne, la ville de Barcelone où il refera sa vie, deviendra un autre (en apparence). Mais le passé est toujours là, bien enfoui au fond de lui. Et viendra le moment où le passé va se rematérialiser devant ses yeux, en la personne d’Emmanuel K qui l’invite à venir participer à un Congres en Uganda. Il va devoir affronter son passé, se raconter pour le faire sortir, se l’approprier, l’accepter et enfin l’intégrer et vivre avec. Il va du même coup devoir le raconter à ceux qui ne connaissaient pas sa vie d’avant, la future mère de son bébé en particulier. Ce roman n’est pas qu’un roman sur la tragédie des enfants-soldats, ces machines de guerre qui sont de fait des victimes avant d’être des criminels. C’est aussi un roman sur tous les enfants à qui l’on a volé leur enfance ; tous les enfants maltraités, battus, vendus, exploités, endoctrinés. Il en faut du courage pour s’accepter, comprendre qu’il n’est pas coupable de tout mais qu’il est aussi victime, du courage pour aller de l’avant et d’accepter le passé (un peu comme Miguel et Helena- le couple de « Par-delà la pluie » – mais la similitude s’arrête là).



Son retour sur les terres de son enfance est marqué par un accueil hostile et alors que les fantômes du passé surgissent, ils ne sont pas les seuls. Emergent aussi du passé les hommes qui l’ont façonné et qui vont réapparaitre, en chair et en os. Je ne vais pas vous raconter la suite mais croyez-moi, il y a de l’action. On est au cœur de l’Afrique : L’Afrique avec ses traditions, ses légendes, ses sorciers, ses croyances. « L’homme est un loup pour l’homme » disait Hobbes. Dans ce roman le loup c’est transformé en lycaon et c’est encore bien plus dangereux !



Ce roman n’est pas un roman sur la vengeance ( un peu quand même parfois) mais sur l’acceptation de soi; il dénonce des atrocités ; comme dans tous ses romans, le passé, les racines sont des thèmes récurrents ; le thème du racisme qui est bien présent. Racisme antinoir, racisme antiblanc, racisme contre l’étranger. Le thème du migrant est là aussi, la difficulté de fuir son pays, la pénibilité du voyage, la difficulté de se faire accepter à l’arrivée. L’amour est présent aussi avec Lowino et Lucía ; la trahison et la violence sont omniprésentes. Le thème de la famille est aussi bien là : la filiation, les conflits parents/enfants, les rapports frère/sœur. Sans oublier le thème de la faute, de la culpabilité, de la rédemption.



A chaque roman Victor del Arbol repousse les limites et il vient de franchir une nouvelle dimension. Un livre que je recommande vivement mais dont vous ne ressortirez pas indemne ! Plus qu’à attendre qu’il sorte en français pour ceux qui ne lisent pas l’espagnol…



Interview sur la RTS : Point de fuite: Victor Del Árbol: avant les années terribles – Radio – Play RTS
Lien : https://www.cathjack.ch/word..
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La tristesse du samouraï

Autant j'avais adoré "Toutes les vagues de l'océan", autant j'ai détesté celui-ci à tel point que je l'ai même continué en diagonale et qu'au final, je n'ai vraiment pas apprécié ma lecture.



Je reviendrai à cet auteur avec un autre titre.
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La maison des chagrins

Construit comme un puzzle, l’auteur assemble son œuvre pièce par pièce. Les descriptions des personnages sont minutieuses et nombreuses. C’est pour mieux t’endormir mon enfant ! Cette histoire sent mauvais la vengeance, le pouvoir, le malheur, la destruction. Une chose est certaine. Après la lecture de ce livre le pardon devient comme une seconde nature. Qu’ils sont malheureux tous ces personnages haineux. Le puzzle est en place, le jeu de destruction peut commencer, les scènes violentes sont visuelles et dérangeantes. C’est un polar écrit par un homme pour les hommes. Le titre est trompeur.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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La tristesse du samouraï

Si vous pensez que ce roman se passe au Japon, oubliez tout de suite !

Nous sommes à Barcelone en Mai 1981, la tentative de coup d’état contre la démocratie date de quelques mois.

Une femme, qui sait que sa mort est proche, livre les détails de sa vie. C’est une brillante avocate qui a envoyé sous les verrous un inspecteur jugé coupable d'une grosse bavure policière. Ce qu’elle ignorait alors c’est que quelqu’un tirait des ficelles dans l’ombre et que, comme une marionnette, elle avait fait ce qu’on attendait d’elle et comme Pandore elle avait lâché la folie et le vice dans les rues.

Pour comprendre comment tout cela a commencé il faut faire un saut dans le temps et l’espace.



Mérida en Estrémadure 1941

Une ville qui bruit encore de la lutte entre républicains et phalangistes. Une femme attend sur un quai de gare, elle est belle, elle est la femme d’un dignitaire franquiste et donc du côté des vainqueurs. Un enfant l’accompagne, c’est son fils, le plus jeune, car l’aîné elle l’a tout bonnement abandonné.

Isabel, c’est son nom, n’atteindra jamais sa destination, l’enfant sera confié à son père, son père qui le hait. Un instituteur de village s'est épris de cette femme qu’il n’aurait jamais du regarder , tel le « ver de terre amoureux d’une étoile » et ce pêché il va le payer au prix fort.



Entre ces deux dates l’auteur nous plonge dans la période sombre de l’Espagne, la terrible guerre civile, le franquisme, les débuts de la démocratie à deux doigts d’être confisquée.

Quarante années pendant lesquelles d’aucuns ont laissé libre cours à l’ambition, à la haine, d’autres ont paufiné leur vengeance, certains enfin sont assaillis par la culpabilité.

Vous allez écouter la voix de María qui va revenir sur ces temps où les assassinats sont la façon simple d’éliminer un gêneur, où la torture se pratique en toute impunité.

De quel côté se situent les descendants, les héritiers ? y a t-il un rachat possible ?

Ce livre est un polar oui mais il est beaucoup plus : une histoire rouge sang où victimes et bourreaux se croisent, se reconnaissent.

Pour filer la métaphore japonaise je dirais que l’intrigue se déplie comme les origami, chaque pliure dévoile un peu de l’intrigue, les liens entres les personnes apparaissent.

Ce qui est certain c’est que, composé comme une tragédie antique, ce livre est fait pour être dévorer, des geôles franquistes à la Division Azul, des amours impossibles à la vengeance inéluctable, on est totalement pris par le récit. Une vraie réussite
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Avant les années terribles

Un excellent roman qui traite de nombreux sujets d'actualité, les enfants soldats, le fanatisme, l'esclavage moderne, la violence faite aux femmes etc...

Il figure à présent dans mon top 3 des romans consacrés à l'Afrique avec "Un Turbulent Silence" d'André Brink et "Les Fils du Ciel" de Philippe Morvan. Ils ont en commun le fait d'avoir été écrit par des auteurs blancs, mais qui ont choisi des héros noirs ou métis, ce qui apporte à l'intrigue une certaine distance d'autant plus romanesque et qui est un vrai plus je trouve. Voilà, un vrai coup de cœur !
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Toutes les vagues de l'océan

L´avantage des romans étrangers c´est qu´il vous font souvent voyager dans des contrées et des cultures que vous ne connaissez pas aussi bien que la vôtre. C´est un plus involontaire que j´ai souvent apprécié notamment chez les auteurs Espagnols dont je ne connais que trop peu de choses de leur histoire.

Ce livre est donc imprégné de l´histoire chaotique du pays d´origine de l´auteur au 20 eme siècle. Comme en plus il s´intéresse au communisme plus qu´au Franquisme, il apporte un point de vue très intéressant, qui m´a fait relativiser mes connaissances quelques peu manichéennes sur la confrontation des idéologies. J´adore sortir d´une lecture en sachant plus, tout en ayant l´impression que le Monde était plus simple à comprendre avant.

Ce livre, ce roman, dont je trouve comme d´autres lecteurs que le qualificatif de policier ne lui rend pas justice, est en un exemple parfait.

Du plaisir, de la connaissance, de la réflexion, un roman complet dont les faiblesses, un peu d´outrances et quelques invraisemblances, ne sauraient minimiser mon appréciation : apprécié ou remboursé.

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