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EAN : 9782267012071
174 pages
Christian Bourgois Editeur (07/01/1994)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Les lecteurs du Journal de Witold Gombrowicz savent que celui-ci a passé vingt-quatre années de son existence en Argentine. Au mois d'août 1939, il avait été invité à la croisière de lancement du Chroby, un transatlantique polonais circulant sur la ligne Gdynia-Buenos Aires. Entre le départ et l'arrivée, la Pologne était envahie, la guerre déclarée et Gombrowicz contraint de rester en Argentine, exil qui se poursuivit après la guerre, l'écrivain étant peu soucieux d... >Voir plus
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mon voisin de table, un colonel jovial, m'indique discrètement un monsieur corpulent assis à droite de notre hôtesse:
- Regardez, c'est Neruda.
Neruda? Pablo Neruda, le poète chilien? Je regarde de plus près avec toute l'admiration requise.
Comparant ma propre situation avec celle d'un chantre communiste, il m'est difficile de résister au sentiment d'être pris dans un paradoxe assez tordu: moi, simple bourgeois, installé pour tout dire dans le capitalisme et sans aucune disposition à être un actif militant du peuple, je gagne en effet ma vie à peine mieux qu'un ouvrier, alors que lui, avec sa gueule bouche d'or, fourrée de révolution, barde du prolétariat et pourfendeur de richards haïssables et de "l'exploitation de l'homme par l'homme", possède à ce qu'il paraît une résidence faramineuse et se vautre sur un tas de millions lourds, le tout grâce justement à ses hymnes et péans prolétaro-révolutio-ascético-héroïques. Ah, quel magicien de génie ! Le poème capital de ce dignitaire de l'art, art rouge bien entendu, intitulé Canto General, est justement en cours de traduction polonaise, "dans les sept sueurs" de toute une brigade de poètes... traduction entreprise Dieu sait pourquoi, car le destin de ce genre de poème-fleuve consiste à n'être lu par personne... et pourtant, on a déjà prévu pour cela un fonds spécial, et il semble que tout le monde s'y soit mis... Rien de tel, ma foi, que de vivre en poète rouge dans cet occident pourri: on jouit en effet d'une gloire universelle, car si derrière le "rideau de fer", la manne coule à flots, ici même et en même temps, on a sous la main toutes les délices d'un capitalisme vermoulu. Sans compter que, grâce à votre situation semi-officielle, votre rang égale en quelque sorte celui d'un ambassadeur, voire d'un ministre.
Toute cela me venait à l'esprit tandis que je contemplais ce sybarite héroïque, ce capitaliste de la révolution, ce combattant qui avait déjà la victoire en poche...
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On parle de J.L. Borges, le premier prosateur de l'Argentine. Quant à moi, je suis critique... sa métaphysique tissée de fantasmes est tordue, complexe, stérile, ennuyeuse et, pour tout dire, manque d'originalité. On me répond:
- C'est possible... Mais c'est notre seul écrivain de haut niveau. A Paris, la critique lui est favorable. Avez-vous lu la presse à ce sujet? Bien sûr, il est dommage que sa façon d'écrire ne soit pas différente... Moi aussi, je voudrais lui trouver des liens plus étroits avec la vie réelle, un style plus musclé, comme un steak plus saignant. Mais c'est quand même de la littérature.
Tant pis. Rien à faire. Ce qu'ils veulent, c'est parvenir à avoir une littérature parce que les autres nations en ont une.
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- Vous savez énerver les gens d'une manière ravissante! déclara une dame argentine en sortant d'une réception que j'offrais chez moi, où on l'avait laminée et malmenée durant trois heures.
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Videos de Witold Gombrowicz (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Witold Gombrowicz
Witold Gombrowicz : Entretiens avec Gilbert Maurice Duprez (1967 / France Culture). Diffusion sur France Culture du 14 au 20 janvier 1970. Photographie : L'écrivain polonais Witold Gombrowicz (1904-1969), portrait daté de 1967. - Sophie Bassouls/Sygma/Sygma via Getty Images. Ces entretiens avec le grand écrivain polonais, disparu en 1969, ont été enregistrés en 1967 et diffusés pour la première fois du 14 au 20 janvier 1970. Witold Gombrowicz a enregistré cette série d'entretiens avec Gilbert Maurice Duprez en juin 1967 alors qu'il venait de se voir décerner le prix international de littérature "Formentor". Plutôt que d'y voir une tentative d'exégèse de son œuvre par lui-même, il faut plutôt considérer ces entretiens comme une suite d'esquisses en vue d'un autoportrait que l'on pourrait intituler : Witold Gombrowicz par Witold Gombrowicz. L'écrivain polonais est mort en 1969 des suites d'une grave affection cardiaque. Gombrowicz n’a jamais pu jouir pleinement du succès de son œuvre, notamment à l’étranger. C’est en France, grâce notamment au vif succès des représentations du "Mariage" au théâtre Récamier en 1964 et de "Yvonne Princesse de Bourgogne" au théâtre de France en 1965, que son œuvre trouve l’un des retentissements les plus rapides. Polonais mais antipatriote visant une forme d’universalité humaine, il était important pour Gombrowicz que son œuvre dépasse les frontières de son pays. Witold Gombrowicz : « Mon histoire est celle-ci : j'ai quitté la Pologne en 1939, après j'ai passé vingt-trois ans en Argentine, puis après une année à Berlin je me suis établi ici, à Vence, à cause de ma santé qui n'est pas très bonne. Exilé ? Oui, premièrement je suis un exilé politique à cause du régime communiste en Pologne, mais aussi dans un sens spirituel. C'est-à-dire que je veux être un écrivain universel et dépasser ma situation particulière de Polonais, même je ne voudrais pas être un écrivain européen. Ma philosophie est de dépasser la nation. Je suis dans un certain sens un antipatriote. » Grâce à ces entretiens, enregistrés en juin 1967, soit un an et demi avant sa mort, on découvre un Gombrowicz certes fatigué, à la voix enrouée, mais toujours plein de la vivacité intellectuelle et de cette lucidité presque déconcertante qui irrigue son œuvre. Posant un regard critique sur la société et notre façon d’être au monde, on y découvre un Gombrowicz qui exècre beaucoup de ses contemporains et la littérature moderne en général, déclarant la guerre à Joyce ou au nouveau roman, dont la forme trop complexe brouille toute possibilité d’une vraie expérience de lecture. Ces enregistrements sont des ressources rares et précieuses qui permettent aux auditeurs et auditrices d’entrevoir les mouvements intimes de l’un des esprits les plus excentriques et fascinants de la littérature européenne du XXe siècle.
Source : France Culture
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