Citations de Éric-Emmanuel Schmitt (7971)
"Ne me demandez pas à quoi ressemblait ma mère : peut-on décrire le soleil ? De maman venaient de la chaleur, de la force, de la joie. Je me souviens de ses effets plus que de ses traits. Auprès d’elle je riais, et jamais rien de grave ne pouvait m’arriver."
Chaque être se révèle unique. Dans le cas contraire, c'est nous qui ne le voyons pas.
Le mur...
« Si tu comprends quelque chose à la situation de Jérusalem aujourd'hui, c'est qu'on t'a mal expliqué», m'avait soufflé un ami juif lors de mon départ.
On mourait abondamment, en ce temps-là. Certes, chaque individu n'avait qu'une vie à perdre, mais nous périssions de causes variées. Nous mourions sous la patte d'un ours, la charge des sangliers, la morsure des loups ; nous mourions de chutes, de blessures, de fièvre, d'indigestion ; nous mourions de la tête, de la bouche, des dents, des entrailles, du cul ; nous mourions d'un os qui se fracassait, d'une jambe qui enflait, d'une plaie qui suppurait, d'une peau qui jaunissait, de croûtes qui nous couvraient, de bubons qui soulevaient nos viscères ; nous mourions de faiblesse, d'épuisement, d'infection, des coups de l'ennemi. Personne ne mourait de vieillesse. Le temps ne distillait pas la mort, il n'en avait pas le temps...
Tout le monde se trompe, le génie comme le demeuré, et ce n’est pas l’erreur qui est dangereuse mais le fanatisme de celui qui croit qu’il ne se trompe pas.
Seuls les détails sont beaux dans l’univers ; l’ensemble est assommant.
Comment peut-on commander les hommes si l'on n'appartient pas soi-même à l'humanité ?
Si ce que tu dis n'est pas plus beau que le silence, alors tais-toi. (p.76)
Ce que l'on refoule pèse plus lourd que ce que l'on explore
L'immense n'est pas le plein, mais le vrai nom du vide. Alors que je me trouvais devant une profusion d'eau, une abondance d'espace, une débauche de lumière, je ne discernais que ce qui y manquait, le sol, un repère. Je ne percevais plus que l'absence. J'étais devenu un détecteur de néant.
-Deuxième partie- Le déluge - Chap 2 - p.495 -
" Ah, mon garçon, comme je jalouse les animaux ! Ils ne baisent que pendant les périodes de rut. Le reste du temps, ça ne les démange pas, ils vaquent, ils pioncent, le cul leur fout la paix, repos ! Tandis que nous... C'est le rut toute l'année, les chaleurs à chaque saison. Quelle poisse ! De temps en temps, je me préférerais en ours. "
L'enfant qui disparaissait de mon reflet demeurait en moi ; mieux , il demeurait moi .
à trop se regarder on s'interdit de vivre
L’humanité se hisse peu souvent à la hauteur d’elle-même. Elle engage les meilleurs dans des impasses.
- Ah non, pas l'autoroute, Momo, pas l'autoroute. Les autoroutes, ça dit : passez, y a rien à voir. C'est pour les imbéciles qui veulent aller le plus vite d'un point à un autre. Nous, on fait pas de la géométrie, on voyage. Trouve-moi de jolis petits chemins qui montrent bien tout ce qu'il y a à voir.
Il n’est plus cruel présent qu’une lucidité qui prend la forme de la haine.
- Joseph, tu aimerais savoir laquelle des deux religions est la vraie. Mais aucune des deux! Une religion n'est ni vraie ni fausse, elle propose une façon de vivre.
- Comment voulez-vous que je respecte les religions si elles ne sont pas vraies ?
- Si tu ne respectes que la vérité, alors tu ne respecteras pas grand chose. 2 + 2 = 4, voilà ce qui sera l'unique objet de ton respect. À part ça, tu vas affronter des éléments incertains : les sentiments, les normes, les valeurs, les choix, autant de constructions fragiles et fluctuantes.
il n'y a pas de solution à la vie sinon vivre.
La confiance est une petite flamme qui n'éclaire rien mais qui tient chaud.
Se méfier de deux assassins: la nostalgie, l'espoir. Ils tuent le présent