À 67 ans,
Paul Auster continue dans la veine autobiographique entamée avec
Chronique d'hiver : C'est aux années de formation qu'il s'adresse, entre 6 et 22 ans. C'est donc
Paul Auster, écrivain mondialement reconnu, qui se penche sur
Paul Auster l'enfant et le jeune homme qu'il a été, qui ne sait pas encore qu'il va devenir
Paul Auster. Il trouve en ce(s) garçon(s) un sentiment de familiarité, mais aussi une distance, qu'il exprime en s'adressant à eux par le tutoiement.
La première partie, avant l'adolescence, c'est tout ce que j'aime retrouver chez
Paul Auster : l'intelligence élégante, la précision attentive, l'émotion mise à distance. Il rapporte des épisodes formateurs, qui soit seront de la matière sur laquelle nourrir ses fictions, soit seront à la source de sa personnalité ultérieure, de son destin d'écrivain. Il analyse, rationalise, plus qu'il ne s'attendrit,
Paul Auster reste le brillant intellectuel qu'il est , et malgré cela, offre un portrait tout à fait touchant.
Les deux parties suivantes, je les ai trouvées assez paresseuses.
Dans la deuxième partie, il décrit par le menu les scénarii de deux films qui l'ont particulièrement marqué, l'homme qui rétrécit et Je suis un évadé. Certes, il ne se perd pas complètement de vue, il explique au passage en quoi les péripéties des films ré»pondent aux interrogations, attentes et émotions du jeune garçon qu'il était, on continue à progresser dans notre connaissance de ce jeune homme intranquille et consciencieux. C'est quand même un peu longuet.
Dans la troisième partie, le voilà jeune homme.
Paul Auster nous retranscrit des pages et des pages de lettres qu'il a adressées à celle qui devait devenir sa première femme, Lydia Davis. On fréquente toujours ce jeune homme inquiet, souvent mélancolique, encore plus souvent dépressif, le jeune écrivain se dessine mais ne sait pas encore qu'il va réussir, c'est une période difficile de sa vie. le moins qu'on puisse dire est que
Paul Auster ne se laisse pas aller à des débordements amoureux (A-t'il coupé certains passages ? Ou ne serait-il pas un peu égocentrique?). Il s'avère cependant une fois de plus que les correspondances intimes sont vite lassantes pour le grand public.
Une quatrième partie est constituée par tout un stock de photos qui illustrent ses propos précédents, les photos ont été recherchées par Laura Wyss. Il ne faut pas attendre des photos personnelles de l'enfance de
Paul Auster (il explique qu'il ne lui reste pas grand chose), mais des faits culturels et politiques illustratifs. Toujours cette distance, on ne se refait pas.
Bref la manière ne m'a pas emballée. Il y a un certain plaisir à retrouver ce jeune homme torturé qui n'a pas encore éclos, à y trouver un portrait d'une certaine Amérique assez sagement contestataire, et aussi des vécus que j'ai pu avoir enfant ou adolescente, n'étant finalement qu'un petit peu plus jeune que l'auteur. Mais il faut dire aussi que beaucoup des anecdotes rapportées l'ont déjà été ailleurs soit précédemment dans ses écrits autobiographiques, soit dans
4.3.2.1 que
Paul Auster va publier quelques années plus tard et que j'ai pour ma part lu avant.