AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330035211
363 pages
Actes Sud (07/05/2014)
3.69/5   58 notes
Résumé :
Après avoir, dans Chronique d'hiver, revisité son passé sous le signe des mutations du corps et de l'expérience physique dans tous ses états, Paul Auster s'attache ici à la reconstitution de la formation de son esprit.

Parallèlement au parcours individuel que dessine cette autre initiation au monde, le romancier donne à comprendre, de l'intérieur, l'environnement socio-culturel de l'Amérique au sein de laquelle il a vécu ses années de jeunesse, et do... >Voir plus
Que lire après Excursions dans la zone intérieureVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
3,69

sur 58 notes
5
1 avis
4
4 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis
J'aime Paul Auster, avec ses écrits, il parvient à me surprendre et me fait me sentir et être un être profondément humain. Pourtant il n'y a jamais rien d'exceptionnel dans les histoires de Paul Auster. C'est une question d'ambiance Austerienne, de son style unique, de l'inattendu qu'il sait créer et réinventer à chaque fois, de réflexions internes intenses. Son style introspectif m'attire.
Je me suis attaché à son style depuis quelques années, j'y reviens avec ce sentiment d'être sûr de passer un agréable moment de lecture absorbante. C'est avec plaisir que je reviens à cette petite musique Austerienne, je ne peux l'oublier. Je m'offre un moment de lecture introspective en sa compagnie.
J'ai découvert cet auteur il y a vingt-ans. Comment j'ai commencé ? Je me souviens être tombé sur Léviathan, un de ses romans, par hasard, un jour, à la bibliothèque municipale de la ville où je suis née. J'avais moins de vingt ans et je voulais occuper mon temps à lire et découvrir un auteur qui ne me serait pas conseillé par qui que ce soit. Ni l'école, ni les parents, ni les relations, ni les magazines littéraires, rien, juste moi et ma découverte. C'est comme cela que j'ai commencé à lire Paul Auster.
Depuis j'ai lu une bonne partie de son oeuvre romanesque, labyrinthique, entrainante, parfois autobiographique. Il me manque 4 3 2 1, que je dois lire, et quelques autres écrits de ses débuts d'écrivain. Je vais me rattraper.
Paul Auster a ce talent d'avoir sa propre pâte inimitable, lire Paul Auster c'est faire partie d'un club introspectif. Il rentre dans ses personnages pour tout vous livrer. Il créer une ambiance qui vous force à revenir à la lecture, qui vous donne envie finir vite l'histoire. L'histoire qui en est une, grâce au style. C'est du suspens à la Paul Auster.
Dans cette sorte d'autobiographie basée sur plusieurs de ses années avant ses trente ans. Il écrit, je fais ceci, je fais cela, j'éprouve ceci, j'éprouve cela. Il livre son discours intérieur de l'époque. Il rappelle que ce discours que nous avons tous nous permet de vivre, d'analyser chaque situation, ce discours doit apparaitre quand nous avons six ans en pleine conscience de nous-même. Ce discours interne nous permet d'apprendre, de prendre du recul, d'avancer, d'apprécier, de trier toutes informations.
Dans Excursions dans la zone intérieure Paul Auster tutoie son personnage principal qui est lui-même. Cela créer un effet que je n'avais jamais expérimenté auparavant. C'est un effet miroir, Paul Auster relate des faits de sa vie passée et se regarde agir et penser. Il retranscrit sa correspondance avec sa petite amie de l'époque Lydia Davis. Ils sont séparés et s'écrivent pour ne pas s'oublier. Elle vit à Londres et lui partage son temps entre Paris et New-York.
Paul Auster remonte dans ses souvenirs jusqu'à son enfance et son adolescence. Par ce biais, ce jeu, des moments attendrissant surgissent. Il s'explique, m'explique par la même occasion qui il est, et par quelles étapes il est passé pour devenir cet auteur et ce qu'il est devenu.
Je vois Paul Auster plus jeune à ces débuts d'écrivain-scénariste-traducteur pris dans les divers anecdotes et tourments qui fondent ses jeunes années. A l'époque il est aussi étudiant à l'université Columbia. Grâce à ce retour en arrière il se connaît mieux à son âge plus avancé. Son retour en arrière me fait penser à ma propre enfance et adolescence. Il écrit ce qu'il ressent dans cette fin des années soixante troublées par la guerre au Vietnam et de nombreux mouvements, à travers le monde, de libération contre l'ordre établis. Paul Auster est à la fois écoeuré de la situation mondiale et il soutient le mouvement. Il se bagarre un peu avec un de ses professeurs qu'il trouve idiot. Il pense plusieurs fois quitter l'université, ses parents s'en inquiète.
Paul Auster se souvient, il parle de l'histoire dramatique de l'homme qui rétrécit. Un film qu'il a vu quand il était petit, qu'il l'a impressionné à l'époque. L'histoire d'un homme submergé par un sort qui le rend petit, à la fin, il peut passer par le trou d'une serrure, il devra se battre pour survivre. Sa compagne de l'époque très amoureuse le perd malgré tous leurs efforts. Puis l'histoire de l'évadé du bagne, dans les années vingt-trente aux Etats-Unis, il est condamné sans réelle raison. L'évadé est sans cesse retrouvé, son passé l'empêche d'avancer. Une sorte de leçon sur l'absurde, impitoyable.
Une réflexion intéressante sur le monde du travail tel que le voit Paul Auster, il n'y a plus de réel contrat d'homme à homme pour le travail mais un contrat passé, pour du temps humain, passé à faire telle tâche, pour telle compétence, pendant telle durée, pour produire, vendre, administrer. La production l'exige. Le marché décide. L'ivresse de la production arrive après, tant mieux.

Dans ce texte Paul Auster raconte sa judéité et le rapport qu'il entretient avec celle-ci quand il est enfant et adolescent. Il est juif parce que ses parents sont juifs, il n'est pas un fervent pratiquant. Il tient à ce cette particularité, et qu'elle fait partie de lui même, il tient à ce qu'elle soit reconnue.

Il faut, peut-être, connaître Paul Auster et être initié à son style pour apprécier ce document, sorte d'autobiographie à sa façon si singulière.
Excursions dans la zone intérieure vous enveloppe dans une analyse comportementale de l'auteur, de ses alentours et des personnages qui peuple sa vie.
Commenter  J’apprécie          206
Contrairement à la personne qui partage ma vie, je ne suis pas un inconditionnel de Paul Auster, l'auteur, j'ai du lire deux ou trois romans de son immense bibliographie, et notamment l'immense Vertigo lu il y a trois ans dans le cadre d'un roman de quartier.Après avoir lu Excursions dans la zone intérieure, son dernier livre paru en France ( chez Actes Sud il y a quelques semaines) je ne sais pas si je deviendrais forcément plus fanatique de son oeuvre, mais j'ai pu me rendre compte à quel point le type est torturé et cérébral et surtout passionné par la création littéraire.

Ce livre n'est pas un roman mais une sorte d'autobiographie dans laquelle Auster revient sur ses années d'enfance, d'adolescence et d'étudiant, mais toujours à l'aune de la réflexion littéraire ou même cinématographiques.

Toutes les émotions, les croyances, les joies et les chagrins, les pensées, les lectures de l'enfant, puis de l'adolescent, et enfin du jeune adulte, qui l'ont conduit à être la personne et l'écrivain qu'il est aujourd'hui.Le livre est quand même un peu ardu ( austère, pourrais je dire si j'osais) , car il s'escrime à nous plonger dans le paysage mental d'une jeunesse peuplée d'objets doués de vie, d'éclectiques héros de romans, de créatures cinématographiques, de prodigieux joueurs de base-ball qui nous montre à quel point un jeune garçon s'initie au monde sous le double signe de l'imaginaire et de l'environnement socioculturel des États-Unis de la seconde moitié du xxe siècle.


La seconde partie du film n'a pu que me passionner puisqu'elle s'attache à disséquer deux films célèbres ayant construit l'écrivain, L'Homme qui rétrécit de Jack Arnold (1957) avec cette question « comment nous insérons-nous dans un cosmos qui défie notre compréhension ? » et Je suis un évadé de Mervyn LeRoy (1932) et même si je n'ai pas vu ces films, la précision avec laquelle il raconte les films dans les moindres détails force vraiment l'admiration.

Tout au long de cette autobiographie très érudite, Paul Auster y apparait comme un jeune homme très torturé, traversé par des épisodes d'abattement total suivi de moments d'exaltation et c'est à travers les lettres qu'il envoie à Lydia (qui deviendra sa première femme et dont il est séparé géographiquement à l'époque pendant deux ans) qu'il raconte ses années de galère financière et de questionnements intenses.

Bref, si on adore Paul Auster et les journaux intimes et les auto-analyses littéraires, le livre est pour vous...pour ceux qui ne connaissent pas bien l'oeuvre du romancier, commencez plutôt par sa trilogie new yorkaise ou par ce Léviathan, livres bien plus accessibles..
Commenter  J’apprécie          251
Paul Auster est un écrivain américain né en 1947 à Newark, New Jersey, aux États-Unis. Une partie de son oeuvre évoque la ville de New York, notamment le quartier de Brooklyn où il vit. D'abord traducteur de poètes français, il écrit des poésies avant de se tourner vers le roman et à partir des années 1990 de réaliser aussi quelques films. Marié puis séparé de l'écrivaine Lydia Davis, il s'est remarié en 1981 avec une autre romancière, Siri Hustvedt. Il a deux enfants également artistes, le photographe Daniel Auster et la chanteuse Sophie Auster. Excursions dans la zone intérieure est le second volet du diptyque succédant à Chronique d'hiver paru l'an dernier.
Après nous avoir parlé de son corps, Paul Auster s'attaque ici à l'esprit, zone intérieure où il s'engage en pèlerinage à la recherche de son passé, excursion dans la mémoire. En trois chapitres très distincts, l'écrivain revient sur une part de sa vie telle que sa mémoire s'en souvient, sachant très bien que « tu penses pouvoir te souvenir, tu crois te souvenir, mais il se peut que tu ne te souviennes pas du tout ».
La première partie relate l'enfance, avant ses douze ans, car au-delà il ne se considère plus comme enfant. Ses parents distants et sa solitude « ils travaillaient jusque tard le soir, et la maison paraissait éternellement vide », la découverte de sa judéité car on ne pratiquait pas chez lui, sa soif de justice et sa sympathie très jeune « pour les rejetés, les méprisés et les maltraités. » A ses souvenirs personnels se mêlent des échos du monde d'alors et principalement aux Etats-Unis. Ce chapitre est le plus beau, pour moi. J'y retrouve le Paul Auster que j'aime, celui qui produit l'une des plus belles musiques de la littérature contemporaine, immédiatement identifiable par son rythme fait de longues phrases (p.208 la phrase court sur une page entière) exprimant bonté et compréhension, sagesse et bienveillance. Durant tout le texte, l'auteur adopte le tutoiement, celui de l'écrivain Auster s'adressant au petit Paul et par ricochet, le lecteur de la même génération se sent parfois visé quand les souvenirs de l'un font écho avec les siens.
La seconde partie s'attache à disséquer deux films célèbres ayant construit l'écrivain, L'Homme qui rétrécit de Jack Arnold (1957) avec cette question « comment nous insérons-nous dans un cosmos qui défie notre compréhension ? » et Je suis un évadé de Mervyn LeRoy (1932). Un prisonnier innocent s'évade et refait sa vie ; il accepte de retourner en prison afin d'être réhabilité mais il n'obtient pas son acquittement et il s'évade de nouveau. Paul Auster adopte alors un style complètement différent, les phrases sont très courtes, scènes de film décrites succinctement et commentaires sur son ressenti s'enchainent. Pour le lecteur qui connait ces films, la complicité est plus forte encore, les réactions du petit Paul n'étant guère différentes – mais mieux exprimées – des siennes.
Dans le dernier chapitre, l'écrivain a une vingtaine d'années et il reproduit une série de lettres adressées à celle qui sera plus tard sa première femme, Lydia Davis. On en vient enfin, à la création littéraire proprement dite qui commence à émerger. Ses traductions de poèmes, ses bribes d'écrits qui plus tard trouveront vie dans ses premiers romans, les tentatives dans le cinéma par le biais de scénarios non aboutis. Ici la mémoire (incertaine) est confrontée à l'avéré (les lettres) et l'écrivain parfois s'étonne à la relecture de ses lettres de ne pas y retrouver les faits tels qu'il pensait les avoir mémorisés.
Je reconnais avoir été un peu déçu par l'ouvrage. J'en attendais plus, en particulier sur ses débuts d'écrivain, j'espérais du concret sur son travail d'écriture – erreur de ma part – Paul Auster n'avait pas un but de précision mais au contraire, par petites touches tirées de sa mémoire il voulait tisser - à postériori- le cocon qui fit de lui, l'écrivain qu'il est devenu. Il se dégage de l'ensemble, un aspect un peu décousu qui panache l'excellent et une certaine indifférence par moment.
Commenter  J’apprécie          71
Après "Chroniques d'hiver" où Paul Auster s'était lancé dans l'exercice de la biographie sous "l'angle du corps et de la sensation", le célèbre écrivain de Brooklyn récidive avec un deuxième opus où il explore la genèse de son paysage mental. En poursuivant avec l'emploi du "tu", là où l'on attendait "je", Paul Auster nous embarque dans l'Amérique des années 50 et 60 : sport (notamment et furieusement le base-ball...), cinéma, lectures, contexte politique, campus de Columbia secoué par la guerre au Viet Nam : vous aurez un tableau complet, intelligent, sensible. En prime, un entracte parisien vous sera proposé... Enfin, un album de 107 photos toutes légendées permet d'associer les images aux mots.
Très bien tout ça... mais quand même, je me languis d'un nouveau roman de Paul Auster, un dans la veine de "Moon Palace" ou "La nuit de l'oracle"...
Commenter  J’apprécie          153
À 67 ans, Paul Auster continue dans la veine autobiographique entamée avec Chronique d'hiver : C'est aux années de formation qu'il s'adresse, entre 6 et 22 ans. C'est donc Paul Auster, écrivain mondialement reconnu, qui se penche sur Paul Auster l'enfant et le jeune homme qu'il a été, qui ne sait pas encore qu'il va devenir Paul Auster. Il trouve en ce(s) garçon(s) un sentiment de familiarité, mais aussi une distance, qu'il exprime en s'adressant à eux par le tutoiement.

La première partie, avant l'adolescence, c'est tout ce que j'aime retrouver chez Paul Auster : l'intelligence élégante, la précision attentive, l'émotion mise à distance. Il rapporte des épisodes formateurs, qui soit seront de la matière sur laquelle nourrir ses fictions, soit seront à la source de sa personnalité ultérieure, de son destin d'écrivain. Il analyse, rationalise, plus qu'il ne s'attendrit, Paul Auster reste le brillant intellectuel qu'il est , et malgré cela, offre un portrait tout à fait touchant.

Les deux parties suivantes, je les ai trouvées assez paresseuses.
Dans la deuxième partie, il décrit par le menu les scénarii de deux films qui l'ont particulièrement marqué, l'homme qui rétrécit et Je suis un évadé. Certes, il ne se perd pas complètement de vue, il explique au passage en quoi les péripéties des films ré»pondent aux interrogations, attentes et émotions du jeune garçon qu'il était, on continue à progresser dans notre connaissance de ce jeune homme intranquille et consciencieux. C'est quand même un peu longuet.
Dans la troisième partie, le voilà jeune homme. Paul Auster nous retranscrit des pages et des pages de lettres qu'il a adressées à celle qui devait devenir sa première femme, Lydia Davis. On fréquente toujours ce jeune homme inquiet, souvent mélancolique, encore plus souvent dépressif, le jeune écrivain se dessine mais ne sait pas encore qu'il va réussir, c'est une période difficile de sa vie. le moins qu'on puisse dire est que Paul Auster ne se laisse pas aller à des débordements amoureux (A-t'il coupé certains passages ? Ou ne serait-il pas un peu égocentrique?). Il s'avère cependant une fois de plus que les correspondances intimes sont vite lassantes pour le grand public.

Une quatrième partie est constituée par tout un stock de photos qui illustrent ses propos précédents, les photos ont été recherchées par Laura Wyss. Il ne faut pas attendre des photos personnelles de l'enfance de Paul Auster (il explique qu'il ne lui reste pas grand chose), mais des faits culturels et politiques illustratifs. Toujours cette distance, on ne se refait pas.

Bref la manière ne m'a pas emballée. Il y a un certain plaisir à retrouver ce jeune homme torturé qui n'a pas encore éclos, à y trouver un portrait d'une certaine Amérique assez sagement contestataire, et aussi des vécus que j'ai pu avoir enfant ou adolescente, n'étant finalement qu'un petit peu plus jeune que l'auteur. Mais il faut dire aussi que beaucoup des anecdotes rapportées l'ont déjà été ailleurs soit précédemment dans ses écrits autobiographiques, soit dans 4.3.2.1 que Paul Auster va publier quelques années plus tard et que j'ai pour ma part lu avant.
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (3)
LaPresse
16 juin 2014
Alors, oui, Excursions dans la zone intérieure permet de retrouver la musicalité d'une écriture à nulle autre pareille, celle d'un auteur si attachant et brillant qu'on est prêt à lui pardonner de ne pas nous éblouir à chaque page. Oui, le livre convainc aisément que la lecture pave la voie de la liberté d'un enfant.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LesEchos
28 mai 2014
Si l'on goûte modérément les journaux intimes et les auto-analyses littéraires, on craint de ne pas y trouver son compte. Pourtant, on est vite happé dans « la zone intérieure ».
Lire la critique sur le site : LesEchos
Actualitte
20 mai 2014
Un portait singulier qui a aussi le mérite de dépasser les limites de l'individu. Car l'Amérique est le second personnage du livre.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
C’était une chose, d’écrire sur ton corps, de cataloguer les multiples coups et plaisirs éprouvés par ton être physique, mais l’exploration de ton esprit à partir de tes souvenirs d’enfants sera sans aucun doute une tâche plus ardue — voire impossible.
Commenter  J’apprécie          190
Ainsi commence son monologue de conclusion, une interrogation quasi mystique sur ce qui se joue entre le divin et l'humain, une interrogation qui te remue et te déconcerte, et pourtant, même si tu ne saisis pas complètement ce que dit Carey, ses paroles semblent aborder ce qu'il y a de plus important - qui sommes-nous ? que sommes-nous ? comment nous insérons-nous dans un cosmos qui défie notre compréhension ? - et te donnent l'impression de te conduire vers un endroit où tu pourras entrevoir une nouvelle vérité sur le monde, si bien qu'aujourd'hui, quand tu transcris ces paroles et que tu constates à quel point elles sont maladroites, à quel point leurs propositions philosophiques sont confuses, tu es obligé de te restituer dans l'esprit qui était le tien à dix ans pour éprouver de nouveau le pouvoir qu'elles ont exercé sur toi, car même si elles te paraissent à présent bancales, elles t'ont frappé, il y a cinquante-cinq ans, avec toute la force d'un coup sur la tête.
Commenter  J’apprécie          20
3 janvier 2012 : il y a un an, jour pour jour, que tu as commencé à rédiger ton dernier livre, ta chronique d’hiver maintenant terminée. C’était une chose, d’écrire sur ton corps, de cataloguer les multiples coups et plaisirs éprouvés par ton être physique, mais l’exploration de ton esprit à partir de tes souvenirs d’enfant sera sans aucun doute une tâche plus ardue – voire impossible. Pourtant tu te sens obligé de tenter la chose. Non pas parce que tu te considères comme un objet d’étude rare ou exceptionnel, mais précisément parce que ce n’est pas le cas, parce que tu estimes être comme n’importe qui, comme tout le monde.
Commenter  J’apprécie          30
Des hommes en grand nombre travaillent dans un paysage immense de rocaille et de ciel ; ils font aller et venir leurs grandes masses tandis qu'un choeur de voix d'hommes noirs chante un spiritual, et pour la première fois depuis le début du film, ce qui est raconté ici ne concerne pas seulement Allen et ses souffrances, mais également tout un système de brutalités et de punitions barbares, et quand les paroles du negro-spiritual s'élèvent des collines, il est impensable de ne pas se rappeler que la guerre de Sécession s'est terminée seulement soixante-sept ans auparavant, que pendant plus de deux siècles et demi des hommes et des femmes ont travaillé comme esclaves dans le Nouveau Monde, et maintenant, alors qu'on est en 1961 et que vingt-neuf ans de plus ont passé, tu songes au fait que Hitler est venu au pouvoir quelques mois après la sortie de ce film, et tu ne peux pas regarder ce camp de prisonniers dans l'Amérique de 1932 sans y voir un précurseur des camps de la mort de la Seconde Guerre mondiale - car c'est à cela que ressemble le monde quand il est gouverné par des monstres.
Commenter  J’apprécie          10
(...) il t'est venu à l'esprit que la plupart des gens avaient des secrets, peut-être tout le monde, peut-être l'univers entier était-il composé de gens qui foulaient le sol de cette terre avec, dans le cœur, des épines de culpabilité et de honte, tous obligés de dissimules, de présenter un visage qui n'était pas leur vrai visage. Qu'est-ce que cela nous disait sur le monde ? Que tous ses habitants restent plus ou moins cachés, et comme nous sommes tous différents de ce que nous paraissons, il est pratiquement impossible de connaître quiconque. Tu te demandes maintenant si ce sentiments de connaissance impossible, n'a pas été ce qui a nourri ta passion pour les livres (...)
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Paul Auster (51) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Auster
C à vous en intégralité https://bit.ly/CaVousReplay C à vous la suite en intégralité https://bit.ly/ReplayCaVousLaSuite — Abonnez-vous à la chaîne YouTube de #CàVous ! https://bit.ly/2wPCDDa — Et retrouvez-nous sur : | Notre site : https://www.france.tv/france-5/c-a-vous/ | Facebook : https://www.facebook.com/cavousf5/ | Twitter : https://twitter.com/CavousF5 | Instagram : https://www.instagram.com/c_a_vous/ L'Oeil de Pierre Lescure - Paul Auster : New York et la France le pleurent
autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (173) Voir plus



Quiz Voir plus

Paul Auster

Sous quel pseudonyme a-t-il publié un roman ? (indice : ce pseudonyme est également le nom de certains de ses personnages)

Paul Dupin
Paul Retsua
Paul Benjamin
Paul Palace

10 questions
283 lecteurs ont répondu
Thème : Paul AusterCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..