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François Ricard (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070411764
219 pages
Gallimard (22/02/2000)
3.61/5   559 notes
Résumé :
Car tel est bien l'amour de Jean-Marc et Chantal : un espace aménagé en marge du monde, à l'écart de la vie, contre la vie, en fait, et donc " une hérésie, une transgression des lois non écrites de la communauté humaine ".
François Ricard

Autre présentation:
Confondre l'apparence physique de l'aimée avec celle d'une autre. Combien de fois il a déjà vécu cela ! Toujours avec le même étonnement : la différence entre elle et les autres est-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,61

sur 559 notes
Lorsque perceptions, sensations, doutes, certitudes se mêlent dans le cheminement d'un couple qui s'aime sans plus se comprendre, on est en présence d'un roman dans lequel Milan Kundera mêle savamment rêve et réalité, ce qui peut dérouter le lecteur trop cartésien.

Ce "je t'aime moi non plus" se perd dans des dédales philosophiques où l'on peut se rendre compte que trop de questions n'obtiennent plus de réponses, surtout lorsque le questionnement est intérieur et que chacun le mélange à ses doutes et convictions.

Milan Kundera ne cherche pas à rendre ses personnages attachants, il les laisse s'enferrer dans leurs angoisses, le lecteur devient un spectateur impartial qui ne prendra jamais le partie de l'on ou de l'autre.

Pas d'exercices de style non plus, mais l'auteur appuie partout où cela pourra accroître les doutes, désarçonner encore plus ce couple improbable, avec une fin onirique où les perceptions de chaque lecteur pourront se confondre avec les sensations éprouvées par les protagonistes.
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Le roman de la déconvenue, du jeu de l'amour et du hasard et de la métamorphose.
« Un hôtel dans une petite ville au bord de la mer normande qu'ils avaient trouvé par hasard dans un guide. Chantal arriva le vendredi soir pour y passer une nuit solitaire, sans Jean-Marc qui devait la rejoindre le lendemain vers midi. » Elle passe son temps libre à se promener et s'aperçoit qu'elle laisse indifférents les hommes qu'elle croise. le lendemain elle en parle à Jean-Marc : « Les hommes ne se retournent plus sur moi. » il y a dans leur relation un rapport de force : elle est plus âgée que lui, gagne cinq fois plus que lui et lui, vit dans son appartement à elle. Jean-Marc va inventer un stratagème pour la rassurer sur son pouvoir de séduction…
A travers ce roman, Kundera raconte les différentes personnalités de ses héros. Chantal est tour à tour la femme amoureuse qui attend son amant, la mère que la mort de son fils n'émeut pas, la libertine honteuse… Autant d'identités révélées par les circonstances, l'environnement, le temps et l'espace. Il nous montre le caractère mutant de l'identité. Il parle de la même femme tout en en faisant plusieurs portraits s'inscrivant dans une suite logique d'actions. Cette identité est démultipliée par la perception qu'en ont la principale intéressée et les différentes personnes qu'elle croise aussi bien dans son passé, dans son présent, dans la réalité que dans ses rêves.
On retrouve dans ce roman, de même que dans le précédent, « La lenteur », le thème du souvenir et de la mémoire. Il écrit : « Voilà la vraie et seule raison d'être de l'amitié : procurer un miroir dans lequel l'autre peut contempler son image d'autrefois qui, sans l'éternel bla-bla de souvenirs entre copains, se serait effacée depuis longtemps. » Mais aussi : « L'amitié est indispensable à l'homme pour le bon fonctionnement de sa mémoire. Se souvenir de son passé, le porter toujours avec soi, c'est peut-être la condition nécessaire pour conserver, comme on dit, l'intégrité de son moi. » Où l'amitié serait prise au sens large, en tant que relation de confiance. Ces personnes seraient les gardiens de certaines de nos identités, qu'elles nous conviennent ou pas, qu'elles soient authentiques ou pas. C'est la raison qui pousse Jean-Marc à renier son ami du Lycée, F. ou Chantal qui part à Londres sur les traces de cet homme qui avait cherché à la séduire et dont elle avait repoussé les avances. Tous sont des miroirs qui renvoient une image, une identité, dévalorisante ou flatteuse.
C'est un roman sur l'aspect mutant de l'identité, son impermanence, sa relativité et notre propension à composer avec, à nous arranger avec, à en jouer.
« l'identité » a la même structure que son précédent roman « La lenteur », 51 chapitres, un texte court dans un style clair au vocabulaire simple, un roman éclair. C'est un petit chef d'oeuvre !
Postface de François Ricard.
Editions Gallimard, Folio, 207 pages.
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Kundera utilise une banale histoire d'amour et ses banals doutes pour nous interroger sur l'identité.
L'identité de celui que l'on aime.
L'aimerait-on de la même façon s'il était différent ? Aimerait-on autant quelqu'un qui lui ressemblerait en partie ? L'aimera-t-on encore quand le temps l'aura changé ? C'est ce type de questions qui harcèlent Jean-Marc, le personnage masculin principal, à propos de Chantal. Mais Chantal fait naître aussi des interrogations : aime-t-on l'autre pour ce qu'il est ou pour ce qu'on imagine à son sujet ?
Alors, quelle est notre identité réelle ? Sommes-nous ce que nous voulons être ? Sommes-nous ce que nous prétendons être ? Jean-Marc se dit marginal et anticonformiste. Il vit au crochet de sa femme, dans le confort. Chantal, pour sa part, a l'impression d'avoir deux visages : dans le privé, elle est sympathique, ouverte, anticonformiste également ; au bureau, elle se plie au protocole de sa boîte de pub, où l'efficacité froide prime sur l'humain, où l'on sourit à tous, même si on souhaiterait en tuer la moitié.
Ce roman est attachant surtout pour ces questionnements dans lesquels il nous entraîne sans lourdeur. Ce ne sont pas de grandes envolées philosophiques, mais des dialogues, des situations qui posent les sujets et apportent des réponses, propres à chaque personnage. Aucune de ces réponses n'est définitive, assenée comme LA grande vérité. Elles ressemblent plus à des invitations à chercher nos propres réponses.
Le style, quant à lui, n'est pas désagréable à lire, mais on sent qu'il n'est qu'un outil pour véhiculer des idées, faire avancer l'intrigue (car il y en a une, et on veut savoir jusqu'où iront les deux personnages dans leur quête de leur véritable identité et dans leur rejet des autres identités qu'on leur prête ou qu'ils se sont inventés). Il n'y a donc pas de chaleur ni de poésie dans l'écriture, mais une efficacité à conduire son sujet et à nous entraîner derrière lui qui, finalement, nous fait passer un bon moment. Mais un moment troublant. Comme sont troublants les doutes que l'on peut concevoir sur soi-même.
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Une fois encore j'ai été dérouté par l'écriture de Kundera. Un babéliote m'a dit et c'est tout à fait vrai, que Kundera est un auteur à tiroirs et qu'il y avait toujours quelque chose à découvrir dans ses livres, qu'il ne raconte pas à proprement parler une histoire et que pour lui c'était une découverte à chaque page. Il ajoutait que ce n'était pas un auteur qu'il recommandais. Je le rejoins sur tous ces points c'est vrai que Kundera à une écriture atypique qui déroute mais qu'il vaut la peine d'être lu.
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Un homme, une femme… Chabadabada, chabadabada… Ah non. Ça c'est Lelouch. Ici, c'est Kundera

Néanmoins, il s'agit bien ici d'un homme et d'une femme. En l'occurrence, Jean-Marc et Chantal, mari et femme pour le meilleur et pour le pire. Et le pire pour Chantal se résume dans une simple déclaration : « Les hommes ne se retournent plus sur moi… ». Aurait-elle autant changé ?
Peut-on aimer l'autre tel qu'il est (devenu) ou tel qu'il était, ou qu'on pense qu'il était, ou tel qu'il se montrait ? Et si à la longue, on finissait par ne pas le (la) reconnaitre, notamment sur une plage où on est sensé se retrouver…
« l'identité »… « l'identité de l'individu est, en psychologie sociale, la reconnaissance de ce qu'il est, par lui-même ou par les autres. » (Wikipédia). Et si l'observateur, du fait unique de son observation, venait modifier « l'identité » de l'observé ; de l'observée, on l'occurrence ? Cette expérience, Jean-Marc va la vivre en vraie grandeur… Jusqu'au cauchemar…

Après avoir tant apprécié, il y a bien longtemps, « L'insoutenable légèreté de l'être », je suis peut-être un peu déçu par ce petit « roman », et rempli de questionnements… Mais comment pourrait-il en être autrement quand un livre de 165 pages ne contient pas moins de 230 points d'interrogation ?

Malgré tout, un Kundera reste un Kundera et n'est jamais « léger », tant par la qualité de la prose (« l'identité » a été rédigé en français) que par le questionnement métaphysique.
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Citations et extraits (139) Voir plus Ajouter une citation
Je dirais que la quantité d'ennui , si l'ennui est mesurable , est aujourd'hui beaucoup plus élevé qu'autrefois . Parce que les métiers de jadis ,au moins pour une grande part , n'étaient pas pensables sans un attachement passionnel :les paysans amoureux de leurs terres ; les cordonniers qui connaissaient par cœur les pieds de tous les villageois ; les forestiers ; les jardiniers ; je suppose que même les soldats tuaient alors avec passion . le sens de la vie n'était pas une question , il était avec eux , tout naturellement ,dans leurs ateliers , dans leurs champs . Chaque métier avait créé sa propre mentalité sa propre façon d'être . Un médecin pensait autrement qu'un paysan , un militaire avait un autre comportement qu'un instituteur . Aujourd'hui , nous sommes tous pareils , tous unis par la commune indifférence envers notre travail . Cette indifférence est devenue passion , la seule grande passion collective de notre temps .
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Ce n'est pas un parfum de rose, immatériel, poétique, qui passe à travers les hommes, mais les salives, matérielles et prosaïques, qui, avec l'armée des microbes, passent de la bouche de la maîtresse à celle de son amant, de l'épouse à son bébé, du bébé à sa tante; de la tante, serveuse dans un restaurant, à son client dans la soupe duquel elle a craché, du client à son épouse, de l'épouse à son amant et de là à d'autres et d'autres bouches si bien que chacun de nous est immergé dans une mer de salive qui se mélangent et font de nous une seule communauté de salives, une seule humanité humide et unie.
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L'invention d'une locomotive contient en germe le plan d'un avion qui, inéluctablement, mène vers une fusée cosmique. Cette logique est contenue dans les choses elles-mêmes, autrement dit, elle fait partie du projet divin. Vous pouvez échanger complètement l'humanité pour une autre, n'empêche que l'évolution qui mène du bicycle vers la fusée demeurera intacte. De cette évolution l'homme n'est pas l'auteur, seulement un exécutant. Et même un pauvre exécutant puisqu'il ne connaît pas le sens de ce qu'il exécute. Ce sens, il ne nous appartient pas, il n'appartient qu'à Dieu et nous ne sommes ici que pour lui obéir afin qu'il fasse ce qu'il lui plaît.
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Il est intelligent. Logique comme un bistouri. Il connaît Marx, la psychanalyse, la poésie moderne. il aime raconter que dans la littérature des années vingt, en Allemagne ou je ne sais où, il y avait un courant de poésie du quotidien. La publicité, selon lui, réalise à postériori ce programme poétique. Elle transforme les simples objets en poésie. Grâce à elle la quotidienneté s'est mise à chanter.
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Que ce soit chance ou malchance d'être née sur cette terre, la meilleure façon d'y passer la vie est de se laisser porter, comme moi en ce moment, par une foule gaie et bruyante qui avance.
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Videos de Milan Kundera (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Milan Kundera
Vidéo du 12 juillet 2023, date à laquelle le romancier tchèque naturalisé français, Milan Kundera, s’est éteint à l’âge de 94 ans. La parution en 1984 de son livre "L’Insoutenable légèreté de l’être", considéré comme un chef-d'œuvre, l'a fait connaître dans le monde entier. Milan Kundera s’était réfugié en France en 1975 avec son épouse, Vera, fuyant la Tchécoslovaquie communiste (vidéo RFI)
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