Roman avec un récit en abyme, tragique et bouleversant.
Aldo Neri, violoniste virtuose, séjourne à Paris pour donner un grand concert.
Ce jour-là, il reçoit à son hôtel une enveloppe de la part du psychanalyste de sa mère, morte trois ans plus tôt à Berlin. le pli contient un mot d'accompagnement et des feuillets écrits par sa mère, Anna, remis à son thérapeute peu avant son suicide.
Aldo, d'abord réticent puis terrifié à l'idée de ce qu'il découvrirait, va prendre connaissance des confidences manuscrites de sa mère, histoire d'un passé avec ses secrets enfouis et ses révélations intimes, de
la pension Marguerite et de ses occupants, de la rencontre d'Anna avec un ventriloque…
Cette journée va alors prendre des allures de chemin thérapeutique assez douloureux.
Honte, souffrance, confusion, culpabilité, quête de réparation et de consolation au rendez-vous.
La musique tient une place centrale dans le roman, elle est le langage de l'âme, la langue des émotions pour paraphraser
Kant ; les analogies qui sont faites avec les blessures de l'âme sont bouleversantes. Elle (la musique) « exprime si bien l'indicible ».
Des blessures d'une violence dérangeante ont marqué de façon indélébile Aldo Neri, et la musique lui apporte un exutoire peut-être salutaire, du moins consolateur, l'expression sublimée de sa douleur.
Ce roman m'a ramenée à une réflexion sur le lien de cause à effet des traumatismes et tragédies vécues sur l'expression de la virtuosité et des émotions des artistes.
J'ai aimé les moments magnifiques liés à la musique, écrits de façon émouvante et très éloquente ; j'ai beaucoup moins aimé certains passages assez crus, narration à l'effet brutal et saisissant.
Une intrigante photo de couverture, une marionnette suspendue à des fils (qui d'ailleurs m'a mise mal à l'aise, intuition vérifiée) un titre et un personnage musicien concertiste, ont éveillé ma curiosité. Une première découverte troublante avec l'auteur.
Un ressenti mitigé donc.
« Aldo rendit au morceau tout le sang de la musique tzigane primitive. Brio et bravoure. Changements de tempo abrupts. Attaques mordantes. Coups d'archet violents. Désespérés. de la musique pour oublier. Oublier le fardeau. La misère. La honte. Des notes arrachées qui ravivent la solitude et puis l'apaisent, la dissolvent dans l'instant. Dans la vie. »