AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782226188427
306 pages
Albin Michel (20/08/2008)
3.31/5   197 notes
Résumé :
Les Bérynx : une famille ordinaire, avec son patriarche autoritaire, ses mères affairées, ses enfants fragiles, ses secrets non partagés et son lot de drames. Et il y a Pierre, qui vient de se greffer sur cette famille comme une sorte d'ange gardien dont on ignore presque tout, homme à tout faire, mais aussi à tout défaire. Jusqu'au jour où il disparaît sans laisser d'autres traces que les brèches qu'il a ouvertes en chacun.Roman des origines autant que de la constr... >Voir plus
Que lire après L'inaperçuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
3,31

sur 197 notes
" Parti se rejoindre pour mieux se dessaisir de lui-même, à moins que ce ne soit l'inverse, qu'il se soit abandonné pour parvenir enfin à une haute confrontation avec soi"
Cet extrait de :L'inaperçu de Sylvie Germain peut paraître un peu énigmatique, pourtant il résume bien l'essence du livre.
Sylvie Germain, nous entraîne à travers deux histoires familiales douloureuses et sensibles dans le cheminement qui conduit l'homme de sa petite enfance à sa vie d'homme.
Cette vie qu'on ne choisit que partiellement car l'héritage de notre lignée est parfois très difficile à assumer, voire, il nous dicte notre future vie.
Sabine et Pierre font partie de ceux-là, escamotant leur jeunesse et leur passé pour vivre leur vie d'adulte.
Sylvie Germain détient un style d'écriture à miroirs, les facettes du miroir se renvoient l'une à l'autre.
Et, c'est ainsi que cette écriture mystérieuse nous aggripe et ne nous lâche plus.
J'avais lu, il y a des années : le livre des nuits et Jours de colère qui restent dans ma mémoire et dont je recommande la lecture.
Commenter  J’apprécie          574
Solange longe la berge, serrant sous son manteau un tapis de laine volé aux Galeries Clasquin. Un bref désir, une impulsion, un élan de folie possessive. Tremblante de son acte, hoquetante de peur, son attitude met en alerte l'homme déguisé en Père Noël qui la regarde du haut du quai. Mû par un sentiment d'urgence, craignant qu'elle se jette à l'eau, il descend les escaliers, la rejoint tout essoufflé. Dans sa tête tourne cette prière « Il ne faut pas qu'elle rie. » Embauché pour être pris en photo-souvenir avec les enfants de passage au centre commercial, il était sorti faire une pause d'où son accoutrement de Père-Noël. « Sa tenue guignolesque avec sa houppelande mal ajustée » pourrait en effet déclencher l'hilarité.
Après cette scène initiale qui sonnera la rencontre singulière de Pierre et de Solange, Sylvie Germain suit la femme chez ses beaux-parents, les Bérynx. La belle-mère est fade, prisonnière des convenances sociales alors que Charlam, le beau-père, se dresse en patriarche, tenant les cordons de la bourse familiale et désirant tout régenter, y compris le commerce de Solange veuve depuis un peu plus d'un an. Elle seule connaît les circonstances qui ont conduit à l'accident mortel de son mari, un accès de fureur contre sa femme pour un billet de loterie égaré.
Depuis, à chaque saison, sur le platane ayant stoppé net la voiture de Georges, un bouquet flamboyant pour le disparu atteste, peut-être, de l'existence d'une maîtresse… La révélation sur ces fleurs écarlates sera troublante.

Dans les livres de Sylvie Germain, c'est son amour des mots qui nous happe immédiatement. Sa plume, si admirable, fascine, étourdit, et il faut presque se forcer à y saisir les indices qui portent l'histoire. Je me laisserais facilement bercer par la musicalité de ses phrases, en oubliant d'être attentive au déroulé du roman ! Celui-ci tourne autour de la famille, environnement où se construit un individu. L'impact de l'enfance semble déterminer, avec plus ou moins de force, plus ou moins de blessures, le devenir des uns et des autres.
Au sein de cette famille Bérynx vient se greffer Pierre qui prend sa décision à pile ou face lorsque Sabine lui propose de venir travailler dans son commerce. Pierre, l'énigmatique, le solitaire sans aucune attache familiale, ne se dévoile pas et esquisse habilement les questions sur sa vie privée, son passé, ses désirs. Neuf ans plus tard, dans l'esprit de Charlam, le patriarche, il restera le « Braconnier », un intrigant qui « sentait la rue » et pour lequel il nourrit une profonde aversion.
Petit à petit, de son écriture envoûtante, Sylvie Germain déchiffre les êtres, leurs désirs cachés, leur frustration, leurs excès, leur mal-être, les marques de l'enfance dont on ne se dépouille pas si facilement.
Avec Pierre, alors qu'il semble vivre en lisière de la famille Bérynx, elle s'attache aux traces laissées après son départ subit. Des traces qui pourraient rester inaperçues mais qui se révèlent déterminantes, qui ont creusé des sillons plus ou moins profonds chez les uns et les autres pour ouvrir d'autres voies à leurs vies.

Dans ce roman, Pierre peut être l'inaperçu mais il faut saisir aussi les multiples visages que peut prendre l'inaperçu niché chez les autres personnages. Il peut être celui d'un secret, de sentiments précieusement masqués, d'une culpabilité, d'un traumatisme enfoui, refoulé. L'intérieur de chaque être se construit d'éléments disparates auxquels s'ajoutent, parfois, l'un des évènements honteux inscrits dans l'Histoire. On comprendra alors, le coeur serré, l'importance des premiers mots que Pierre a adressés à Sabine « Ne riez pas ! »
Commenter  J’apprécie          300
On commence ce livre par l'histoire presque banale d'une famille, une sorte de saga bourgeoise comme on en connaît des dizaines, avec ses rituels, ses drames, son patriarche, une bru veuve, volontaire et qui ne veut fâcher personne mais s'arrange pour continuer à mener sa barque comme elle l'entend.

Elle a embauché un assistant qui l'aide à gérer l'affaire familiale dont elle a repris les rennes après le décès de son mari.et qui contrairement à ce que tout le monde imagine, n'est pas son amant. Ce n'est pas ce qui l'intéresse.

On croit lire une histoire classique et en réalité, tout au long du roman on ne fait que naviguer de flash en flash, avec des zooms voulus par l'auteur sur une situation, mais surtout sur un personnage à un moment donné de sa vie. Chacun d'entre eux trouve sa place dans l'histoire, mais semble avoir sa propre autonomie.

Mon esprit peut-être un peu trop cartésien aurait préféré que l'auteur prenne un parti, un point de vue pour nous raconter une histoire. Or, elle nous promène parmi les aventures de ses personnages pour construire ce qui nous attend à la fin du livre. C'est un choix respectable bien sûr, mais qui déroute, c'est certain. Tantôt c'est un personnage qui prend la main, tantôt un autre, puis une sorte d'observateur extérieur… et comme il y a beaucoup de personnages, la lecture n'est pas aussi fluide que l'on pourrait l'imaginer.

Et puis on tombe sur une scène assez dure (Comment faire autrement ? ) d'humiliation d'une femme ayant « fauté » avec l'ennemi pendant la seconde guerre mondiale. Très bien décrite, bien analysée – un peu longue – et c'est la clé du roman.
Voici donc une façon très originale de raconter une histoire tragique, en passant par de multiples chemins qui vous déroutent et vous dérange pour vous asséner la clé de l'énigme en fin de récit.

C'est finalement très fort !
Commenter  J’apprécie          250
Sabine se retrouve veuve avec quatre enfants dont la petite dernière estropiée dans l'accident qui a coûté la vie à son mari. Un bon travail, un bel appartement et ses beaux parents. Son beau-père qui aimerait tout décider à sa place, dictateur de la famille. Elle va rencontrer un drôle de bonhomme déguisé en père noël qui va prendre une place importante dans sa vie et la vie de ses enfants. Son prénom n'a pas d'importance, son existence non plus. Il accompagne cette famille en ne voyant que le meilleur. Il ne fait pas de bruit, ne s'impose pas, bref l'homme parfait. Et puis lors d'une soirée familiale nous assistons à une scène violente qui sera à l'origine de sa disparition et de la réaction des membres de cette famille. L'auteure nous raconte l'histoire avec le style d'une journaliste, impossible de s'attacher à un personnage. Des scènes, un instant de vie, des failles, nous restons à l'extérieur de cette histoire jusqu'au moment où tout devient différent. Il y a cette violence qui sort d'un coup sans prévenir, ces explications, cette indifférence. Déstabilisant et pourtant si réel.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          330
Heureuse découverte de Sylvie GERMAIN, auteure de L'inaperçu. Plus que l'histoire familiale c'est le thème de la construction du soi qui a retenu mon attention. Pour moi cet « inaperçu » représente la partie intime de chacun. Sylvie Germain nous livre cette part à travers différents personnages attachants mais aussi dérangeants. Ces multiples introspections nous percent à coeur et réveillent nos propres points de fuite, révoltes, rêves, lâchetés ou défis, relevés ou perdus, souvenirs, mémoires,… ainsi que nos morts et nos vivants. Éléments de la construction du soi, tantôt fondations solides assurant notre équilibre, tantôt entassements instables grêlés de grains de sable et parfois de grains de sabre coupables de nos instants d'anéantissement et peut-être de notre fin s'il n'y a pas résilience.
Tout un remue-méninge passionnant dans une ambiance étrange, comme suspendue que je vous invite à découvrir.
Commenter  J’apprécie          243

Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Un jour elle lui a dit: " J'ai longtemps voulu devenir un arbre, quand je serais grande, mais maintenant, c'est un livre que j'aimerais devenir. Un arbre-livre, dont chaque feuille serait une page écrite par le vent, les insectes, le soleil et la pluie, les oiseaux, les rayons de lune. Chaque printemps, une nouvelle histoire s'inventerait, elle resplendirait en été, se défeuillerait en automne, s'effacerait en hiver, et ça recommencerait, sans fin."
Commenter  J’apprécie          300
Comment ouvrir un livre ? Le danger est trop grave de libérer des fauves.
Comment ouvrir la bouche ? Un grand poème en guerre gît décimé sur ma langue.
Comment ouvrir les yeux ? J'ai bien trop peur de ne voir que l'ombre de moi-même. Et mon ombre est un clou planté dans le soleil.
Commenter  J’apprécie          440
Et puis, les humains sont inconséquents, quand ils sont enfin libres, ils prennent peur, ne savent que faire de cette énormité, c'est trop pour eux, cela exige trop d'efforts, à commencer par celui de réfléchir, de choisir, et d'agir en assumant la pleine responsabilité de leurs actes.
Commenter  J’apprécie          321
Peut-être est-ce une chance, malgré tout, de peser peu en ce monde, d'y passer en légèreté sans se faire remarquer ni désirer, on s'expose ainsi à moins de déboires, moins de blessures, on file discrètement son chemin, un chemin plat, certes, mais paisible.
Commenter  J’apprécie          190
La guerre, antique maîtresse aux yeux toujours jeunes et brillants, au regard de Passionaria héroïque défendant la patrie, la liberté, le peuple, sa conception de l’homme ou son idée de Dieu, de Méduse hallucinant les hommes pour mieux les inciter à s’étriper, de Maquerelle prostituant de force femmes et petites filles, de Madone pleurant ses enfants torturés, mutilés, brûlés vifs, égorgés, éventrés, fusillés, explosés … La hait-il autant qu’il le croit, autant qu’il le voudrait, cette hydre énorme qu’est la guerre ? N’y aurait-il pas pris goût, dans un mélange de répugnance, de fascination et de lassitude ? Pris goût à ces situations extrêmes, à ces scènes folles où les mêmes agissements sempiternellement se répètent, et où s’échangent les mêmes non-dialogues faits de vociférations, de sanglots et de supplications, de râles et de silences aigus. Pris goût à ces lieux de chaos, de cruauté trépidante émaillée, de ci de là, de quelques gestes de bonté, de quelques regards bouleversants de simple humanité, détails incongrus, déconcertants, qu’il faut apprendre à saisir au vol au milieu du tumulte.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Sylvie Germain (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvie Germain
Lecture de Sylvie Germain : une création originale inspirée par les collections de la BIS.
Ce cycle est proposé depuis 2017 par la BIS en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature (MéL). Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne".
Saison 5 : Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Sylvie Germain et Michel Simonot
Captation, montage et générique par Corinne Nadal
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (461) Voir plus



Quiz Voir plus

Sylvie Germain

Née à Châteauroux en ?

1934
1944
1954
1964

10 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Sylvie GermainCréer un quiz sur ce livre

{* *}