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Pierre Szczeciner (Traducteur)
EAN : 9782355849565
368 pages
Sonatine (17/11/2022)
3.71/5   24 notes
Résumé :
La vie de Nick Carraway. Avant Gatsby.

Avant de se retrouver dans l'entourage de Daisy Buchanan et Jay Gatsby, Nick Carraway, comme nombre de ses compatriotes américains, s'est engagé pour défendre le territoire français durement frappé par la Première Guerre mondiale. Sur place, la désillusion est de taille : prisonnier d'un combat qui n'est pas le sien, errant seul à travers la violence des assauts et les spectres d'un passé qui ne le quitte jamais,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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« De temps à autre émerge un auteur amoureux de son art, du langage écrit et des grands mystères qui résident de l'autre côté du monde physique. Il y avait William Faulkner, Cormac Mc Carthy ou Annie Proulx. Vous pouvez maintenant ajouter Michael Farris Smith à la liste. »
James Lee Burke

Cet éloge de l'auteur, mis en exergue sur le verso de la page couverture de « Nick », fait entrer Michael Farris Smith dans le cercle très fermé des grands auteurs américains contemporains, capables de transformer le plomb en or, c'est dire le divertissement littéraire en Littérature, ce pont qui relie notre monde sensible aux mystères des idées platoniciennes.

Avant même d'avoir lu son dernier opus, « Nick », j'avais été ébloui par la virtuosité noire que maniait l'auteur dans « Nulle part sur la terre » et le « Pays des oubliés ». Malgré la légère déception ressentie à la lecture de « Blackwood », qui franchissait, à mon sens, la frontière ténue qui sépare la noirceur d'une forme de complaisance malsaine pour la cruauté, je ne peux que souscrire aux louanges adressées par James Lee Burke, l'un de mes auteurs préférés.

La quatrième de couverture enjôleuse nous présente le dernier roman de Michael Farris Smith comme une sorte de préquelle de « Gatsby le Magnifique », narrant les aventures picaresques de Nick Carraway avant sa rencontre avec l'entourage de Daisy Buchanan et Jay Gatsby. Amoureux de Francis Scott Fitzgerald, passe ton chemin ! L'ouvrage n'a absolument rien à voir avec la munificence décadente de Gatsby et peut tout à fait se lire en dehors de toute référence au chef d'oeuvre fizgeraldien.

« Nick » nous conte l'engagement de Nick Carraway, qui souhaite échapper à la monotonie d'une vie de quincailler du Midwest, dans l'armée américaine prise au piège des tranchées du nord de la France, au cours de la première guerre mondiale. le début du roman revient sur la férocité inouïe et l'absurdité d'un conflit d'une violence inégalée. Sans en atteindre la noirceur absolue, les descriptions de scènes de combat rappellent « Le chemin des âmes » de Joseph Boyden, ce combat âpre et sans merci pour quelques lopins de terre, dans lequel se sont engagés des soldats venus du nouveau monde.

Au cours d'une permission à Paris, Nick fait la connaissance d'Ella, jeune femme aussi excentrique que séduisante, qui habite au-dessus d'un théâtre et vend des cadres qu'elle a confectionnés. Pendant toute une semaine, les deux amants sont emportés par un tourbillon amoureux, dans un Paris qui scintille de mille feux, de Montmartre aux Tuileries, en passant par le parc Monceau. Las, la permission de Nick s'achève et le soldat doit retourner affronter l'horreur indicible d'un conflit qui semble s'enliser.

Malgré sa témérité au combat, Nick reviendra retrouver Ella à Paris, mais la magie de leur rencontre s'est définitivement envolée et c'est le coeur serré que le soldat américain repart à nouveau au front. le visage mutin d'Ella ne cessera d'hanter le narrateur tout au long de ce roman empreint de mélancolie.

Dans la seconde partie, notre héros est enfin de retour au pays, et tente de surmonter le traumatisme de sa plongée au coeur des ténèbres. Plutôt que de rentrer dans son Minnesota natal, l'ancien soldat se rend à la Nouvelle Orléans, la ville de tous les vices, où l'alcool coule à flot, et où les filles de petite vertu sont légion. Il va y rencontrer un couple étrange, composé de Judah, un ancien soldat désormais invalide et crachant ses poumons quotidiennement et de Colette, son ex-femme devenue tenancière de bordel. Alors que les plaies de la première guerre ne sont pas encore refermées et que le gouvernement est sur le point de voter la prohibition, Nick va noyer son chagrin dans les dédales interlopes de la nouvelle Babylone, au risque d'y perdre son âme.

Roman ample et parfois touché par la grâce, « Nick » confirme l'entrée parmi les plus grands auteurs américains de Michael Farris Smith. L'âpreté des combats dans les tranchées, la pureté des instants dérobés à la pesanteur vécus avec Ella, la corruption qui gangrène la Nouvelle Orléans, transforment le roman en une fresque ambitieuse, qui nous dépeint le délitement de l'Occident au début du siècle dernier. Et pourtant. Malgré la noirceur d'un conflit monstrueux, et la vénalité infinie de la ville de tous les vices, « Nick » est aussi et surtout une ode à la résilience nous rappelant qu'il est toujours possible de résister à la tentation du désespoir et que, même au coeur des ténèbres, luit la fragile lueur de l'espoir.
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C'est au cours d'une permission entre deux offensives cauchemardesques de la grande guerre que Nick croise le chemin d'Ella, une jeune femme dont le caractère fantasque et les revendications de liberté le séduisent. de retour au front, l'américain peuplera ses nuits d'horreur avec les souvenirs de cette belle rencontre qu'il lui tardera de retrouver. En vain.

C'est avec une grande amertume et un traumatisme que rien n'effacera, que l'Américain retournera au pays, sans pour autant se sentir capable de reprendre l'affaire de quincaillerie familiale que son père veut absolument lui céder. L'étape qu'il effectue à Memphis lui apprendra beaucoup sur lui-même, confronté au calvaire d'un de ses alter ego, victime lui aussi, dans son corps et dans son âme des blessures de la guerre. C''est aussi là qu'il tentera de comprendre ce qui s'est passé le soir où le bordel de Colette a brûlé.

Sur le thème de ce que la guerre fait aux hommes, ce roman voir met en scène un homme venu combattre pour une cause qui ne le concerne que de loin, pour garder à jamais les stigmates de ce qu'il a vécu. Tel un héros romantique, il tient le coup rien qu'avec l'espoir d'un amour évanescent.

Mais ce héros-là n'est pas n'importe qui : c'est le Nick Carraway, personnage de de Gatsby le Magnifique qui nous invite à la dernière page à redécouvrir ce roman culte de la littérature américaine …

Merci à Netgalley et aux Éditions Sonatine

368 pages Sonatine 17 novembre 2022
Traduction (anglais) : Pierre Szczeciner
#Nick #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Souvenez-vous : dans Gatsby, Fitzgerald donnait à Nick Carraway le rôle de voisin-témoin-ami et narrateur d'une chronique nostalgique et féroce de la société américaine des années 20.

Dans Nick, traduit par Pierre Szczeciner, Michael Farris Smith lui invente un passé et une âme, imaginant le préquel de ce qui fut - et reste - un des monuments de la littérature US, son personnage étant cependant le seul lien entre les deux livres.

Nick, c'est avant tout une histoire de solitude. Une solitude qui débute dans une famille du Minnesota où le fiston est élevé entre une mère aux longues phases dépressives et un père taiseux qui n'attend que de placer son fils à sa succession dans sa quincaillerie. Des liens plus que de l'amour, et si peu de démonstrations.

« …et c'est alors qu'il entendit les portes se fermer dans sa tête. D'abord, sa mère fermant la porte de la chambre, puis son père fermant celle du jardin. Jamais aucun mot de haine ou de ressentiment, seulement des portes qui se fermaient, et ensuite rien. Les regards vides, les dos tournés et les grincements d'une maison sombrant dans le silence. »

Pour fuir ce destin dont il ne veut pas, Nick s'enrôle et part combattre en France pendant la Grande Guerre, dont l'atmosphère et les horreurs donnent lieu à une première partie sublime autant que glaçante, où la plume de l'auteur atteint son meilleur.

« La nuit venue, ils sortirent de leur trou. La terre entre la tranchée et les premiers arbres n'était plus qu'un no man's land de cratères et de fosses. Plus un centimètre carré de terrain plat. La pluie avait formé des flaques boueuses et de véritables mares, un environnement abominable pour une armée qui devait progresser à plat ventre (…) Autour d'eux, des explosions continues, tandis que la séparation commençait à se faire entre les vivants, les morts et tous ceux qui n'avaient toujours pas fait leur choix. »

Seule éclaircie dans ce tableau bien sombre, les jours et les nuits passées avec Ella à Paris lors de ses permissions. Disparue sans prévenir, Nick n'aura dès lors de cesse que de la retrouver, à Paris puis à La Nouvelle Orléans où elle passa jadis.

Une longue quête qui replongera Nick dans sa solitude et ses tourments, augmentés par les syndromes traumatiques d'un conflit dont il ne pourra se défaire.

« Nick se redressa. Prisonnier de l'obscurité. Condamné au néant parce qu'il n'avait pas été assez mauvais pour aller en enfer ni assez bon pour aller au paradis et il restait coincé là. Son unique réussite était d'avoir survécu, et elle était due au hasard. »

Loin du style de Gatsby, Nick est un roman intime, profond et déconstruit. Des forêts de la Somme aux quartiers animés du Vieux Carré, Nick traverse le livre l'âme en peine, cherchant un rebond qu'il ne peut trouver.

C'est un pur bonheur de retrouver le style de Michael Farris Smith, qui prend son temps au risque parfois de quelques longueurs, tient son lecteur en attente de quelque chose qui ne viendra jamais, mais convainc haut la main par l'élégance et la beauté de son écriture.

Alors forcément après ça, il ne reste plus qu'à relire Gatsby…
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Nick vous le connaissez, vous l'avez déjà croisé. Mais si, le voisin de Gatsby. Notre auteur décide ici d'inventer le passé de ce personnage Nick Carraway. Nick refuse le métier à quoi le destine son père (reprendre la boutique familiale). Il part à la guerre en Europe, il tombe amoureux à Paris mais elle disparaît. du coup, il revient aux USA au moment de la Prohibition. Il va y rencontrer deux personnages plus noirs, ex-amants qui se font la guerre, lui au milieu de tout cela, entre incendie et meurtres, et, avant qu'il ne rencontre le célèbre Gatsby. Si l'idée est séduisante, il est toujours dangereux de côtoyer de près ou de loin une oeuvre monumentale. Si l'écriture est agréable et l'histoire pas si mal, il m'a manqué ce je-ne-sais-quoi pour que j'entre dans cette fiction. Un "pourquoi pas, mais...". En tout cas, re-donner l'envie de relire Gatsby
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Les personnages de fiction ont une vie avant que le lecteur les rencontre.
C'est ce que vient nous rappeler Michael Farris Smith en sortant Nick Carraway de l'ombre.
Que savons-nous de Nick Carraway ? Il est le narrateur d'un monument de la littérature américaine. Il est le voisin et ami de Gatsby le Magnifique. Il vient du Minnesota, il a fait des études et il a combattu pendant la première guerre Mondiale..
C'est tout, c'est peu. Alors l'auteur a eu l'idée maline de le mettre au centre et de nous raconter qui est vraiment Nick.

Une histoire loin du luxe et des soirées des années 20 racontées par Fitzgerald. Et ça commence dans les tranchées, quelque part en France…
Quand la boucherie s'arrêtera enfin, Nick va retarder son retour chez ses parents et se lancer dans un voyage rédempteur. La tête pleine des horreurs de la guerre, le coeur rempli du souvenir d'une jeune femme rencontrée à Paris, il se perd dans la frénésie d'une Nouvelle Orléans débauchée.

On ne peut sans doute pas classer « Nick » dans les romans noirs, genre de prédilection de Michael Farris Smith, et pourtant il n'y a pas une once de lumière ici. Tout est sombre, sauf l'écriture qui est, de mon point de vue, encore meilleure que dans les précédents livres de l'auteur. La quête de Nick est aussi nébuleuse que son esprit et le lecteur ne sait pas ce qu'il peut attendre de cette histoire, ce qui va pouvoir arriver mais on est emporté par la puissance, la richesse et l'imagination d'un écrivain décidément brillant.
Découvrir l'homme derrière le narrateur qui a captivé les lecteurs pendant des décennies était une idée géniale, Monsieur.
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critiques presse (1)
LeFigaro
22 décembre 2022
L'écrivain nous entraîne dans la vie du narrateur de Gatsby le magnifique avant sa rencontre avec le milliardaire flamboyant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
En lisant le journal qui arrivait tous les matins à la quincaillerie, il avait compris que la côte est croulait sous l'argent et que c'était son échappatoire. Un jour, il annonça à son père qu'il voulait aller travailler à la Bourse de New-York et celui-ci lui retorqua qu'il n'y connaissait rien. C'est justement parce que j'ai envie d'apprendre qu'il faut que je m'en aille, argua Nick. Je ne peux pas apprendre ici. Je ne peux rien apprendre ici. Ce n'est pas vrai, protesta son père. En réaction, Nick continua à afficher son manque d'intérêt pour la quincaillerie et pour cette vie dans le Middle West à laquelle ses parents semblaient tant tenir. Il se mit à se rendre au bureau une heure avant tout le monde pour pouvoir partir une heure plus tôt. Le soir, au lieu de manger avec ses parents, il sortait faire de longues promenades au cours desquelles il parlait et débattait seul dans l'espoir de stimuler son intellect. Il ignorait les invitations à diner et refusait catégoriquement de rencontrer la fille d'untel ou unetelle et lorsque son père lui expliqua que son attitude n'était pas digne d'un homme issu d'une famille aussi respectable que la leur, Nick tira son mouchoir de sa poche et se moucha bruyamment
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Un épais brouillard matinal était tombé sur Paris et sur le café qui faisait l’angle. Les fauteuils en osier, les fleurs sur chaque table, le petit homme aux petits yeux qui chantait en travaillant. La chaise à côté de la fenêtre où Nick s’asseyait tous les matins pour boire son expresso et où il regardait s’égrener les heures de sa permission. Les jours où le soleil filtrait à travers les arbres et inondait la cathédrale de l’autre côté de la rue, il lui semblait que tuer était inconcevable. Que la guerre elle-même était inconcevable.
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Autour d'eux, des explosions continues, tandis que la séparation commençait à se faire entre les vivants, les morts et tous ceux qui n'avaient toujours pas fait leur choix.
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Cela faisait des semaines que les allemands massaient des troupes toujours plus nombreuses derrière une épaisse bande de forêt de cinq kilomètres située au nord du front. A l'origine, cette opéra n'avait pas été jugée particulièrement menaçante mais, à présent que les deux armées étaient à l'arrêt complet, la forêt était devenue une sorte de place forte allemande. Pire, l'infanterie et l'artillerie ennemies avaient investi les lieux et s'enfoncaient chaque jour un peu plus profondément dans les bois afin de se rapprocher du front. Bref, il était temps de les en chasser. Hélas toutes les compagnies envoyées jusqu'à présent pour les débusquer avaient été massacrées les unes après les autres. Il fallait donc mettre sur pied une opération de plus grande ampleur.Et cette opération, ce serait le bataillon de Nick qui la mènerait
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UNE ÉMISSION ANIMÉE PAR Michel Abescat Christine Ferniot
RÉALISATION Pierrick Allain François-Xavier Richard
TÉLÉRAMA - Juin 2021
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