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EAN : 9782070403974
416 pages
Gallimard (14/01/1998)
3.54/5   159 notes
Résumé :
Avant le tout, il n'y avait rien.
Après le tout, qu'y aura-t-il ? (...) Que seraient les hommes sans le tout ? Rien du tout. Ils n'existeraient même pas puisqu'ils sont comme une fleur et comme un fruit du tout. Nous sommes un très petit, un minuscule fragment du tout. Mais que serait le tout sans les hommes ? Personne ne pourrait rien en dire puisqu'il n'y a que les hommes pour en parler. Le tout, sans les hommes, serait absent et mort.

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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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C'est Raymond Devos qui nous a appris en son temps que « rien, c'est déjà quelque chose, puisqu'on peut acheter quelque chose pour trois fois rien… »
Il n'est pas question ici de trois fois rien, mais de presque rien, qui plus est sur presque tout. Vaste entreprise de la part de Jean d'Ormesson qui tente, entre autres, une réponse à la hauteur de la question posée : Qui est l'homme ?… et le temps, et le rien, et le tout…?

Sa réponse est quelque chose comme : « l'homme, dans son unicité – présumée et malgré tout mal assumée - est au choix, presque rien ou presque tout »… ce qui n'est pas très différent au regard de la complexité immense (à moins que ce ne soit la complexe immensité) de l'univers.
Dans un monde qu'il nous décrit comme paradoxal, mais néanmoins ouvert sur le grand champ des possibles, Jean d'Ormesson, grand érudit devant l'éternel, met sa plume au service du tout…dans ce texte qu'il qualifie de « roman du tout ».

Quelques redites par rapport aux ouvrages précédents, quelques faiblesses dans certaines parties scientifiques… Néanmoins un grand Jean d'Ormesson.
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Ô mon âme, n'aspire pas à la vie immortelle mais épuise le champ du possible.

Je veux être maintenant et non plus depuis toujours et à jamais.

Ne plus lire toutes les senteurs d'un monde impalpable et interdit.

Supprimer un voyeurisme total condamné au toucher virtuel dans une écoute intensive ou l'on ne peut s'impliquer.

Sortir d'exaltations privées de véritables larmes ou de sourires francs que seuls les enfants perçoivent sans en définir le sens.

Un ange ne fait toujours que passer.

Cesser dans un état inexistant de contempler la joie, la nostalgie ou la misère des autres dans une ville grise et poussiéreuse, accablée par le souvenir sombrant lentement dans ses interrogations et son mal de vivre.

Sortir du néant, briser cette solitude ou l'on appartient à rien ni à personne.

Être illuminé par le mouvement.

Se blottir concrètement au creux d'un épaule en devenir ou désespérée.

Conquérir une histoire dans l'espace et le temps.

Pour arriver à cela, il faut être mortel et s'intégrer dans le seul concept susceptible d'entretenir la vie sans en définir la véritable chose en soi.

La thématique des sens et ses diversités nécessaires à une absence carbonisée par son non être dans l'impossibilité de parcourir ses émotions rationnelles.

La création du monde est la pensée de l'éternité.

Le néant fatigué de ne pas exister se fait esprit afin de se balader dans le roman de son futur monde.

Une masse exorbitante d'informations emmagasinée spontanément dans sa totalité depuis toujours s'ajoute une circonférence corporelle destinée à transformer son inconscience en conscience par le déterminisme de ses causes à effets gestionnaires de son futur contenu sensitif.

Par l'intermédiaire de l'exécution de sa création, le rien se fabrique une vitalité en se projetant de son éternité infinie sans vibrations vers un univers dynamique mais périssable.

En passant de l'instantané au séquentiel le néant devient le visionnaire de ses propres sens en se dissolvant dans ses différents devenirs exaltant à court ou à long terme le parcours de ses nouvelles sensations.

Sans sa conscience la singularité n'est qu'une fulguration évanescente et passive de tout ce qui peut être sans aucune effervescence.

Une formule sans éclat ni devenir condamnée à l'inactivité éternelle puisque son apparence n'est qu'un point métaphysique sans aucune localisation.

L'intuition originelle de la totalité campe dans son inertie en attendant de venir au monde par le développement de sa raison à l'aide d'une passerelle méditative entre son inconscience et sa conscience enfantant les prémices d'un raisonnement.

Une pierre angulaire accouplant le tout et le rien au même endroit capable par une simple équation de provoquer l'embrasement sensoriel de tout son univers non réalisé, ceci à partir de la perception de son discernement nihiliste, détonateur inconscient de son besoin de se constituer une connaissance dans l'espace et le temps.

Un interrupteur, un Switch, un démarreur, une étincelle arithmétique transformant un à priori général désincarné en conscience absolue opéré par un logiciel clair obscur.

La cause, l'absence individuelle de la compréhension de soi écartelée de toutes parts dans sa simultanéité se projette dans son effet, l'écoulement lent et progressif des lois de son ordonnancement.

Une fresque sans aucune dimension charnelle se métamorphose en destinée empirique dans un tissu en expansion.

L'amalgame entre la volonté d'être et son apparition. L'osmose entre une aptitude et sa réalisation.

Le point d'entrée par lequel la création se manifeste dans le monde, par une insufflation permanente d'existence.

L'âme de l'univers enfin dévoilée. La naissance de l'ego. La cause première. le fini enfin séparé de son éternité infinie.

Le commencement, le point sans dimension dispersé aux quatre vents à la conquête de son empirisme et de sa totalité.

L'éternité absolue et inexécutée laisse sa place à son déterminisme contingent. La substance de la création peut enfin s'opérer à l'aide de tous ses attributs.

Chaque fois que nous observons un objet de la nature nous créons un partenariat entre sa visualisation et notre entendement.

Un passage secret entre sa vacuité et l'apport sensoriel de ses éléments que nos sens sanctionnent ou idéalisent.

Par la transcendance qu'il nous apporte, Il devient l'arôme de son ignorance. L'émerveillement de sa chose en soi. le frisson de son insensibilité. La vivacité de sa somnolence.

Que seraient:

Roméo sans Juliette.

Heracles sans Dejanire.

Jason sans les Argonautes.

Alexandre sans Bucéphale.

Ulysse sans Argos.

Don Quichotte sans Rossinante.

Paracelse sans ses herbes.

Thésée sans le minotaure.

Orphée sans Cocteau.

Fourrure et essuie plume sans André Malraux.

Si l'espace et le temps n'était pas la pour accomplir leurs affinités dans le contexte de leur histoire.

Nous avons tous une destinée, celle de nos rencontres porteuses ou non que nos jugements approuvent ou condamnent.

Rien ne nous empêche tout en étant prisonniers de notre temps de le parcourir avec passion dans toutes les complémentarités qu'il nous procure.

Que serait dans un néant dévitaminé le sensitif de Chateaubriand devant l'agonie de Pauline de Beaumont.

Les larmes de Priam devant le corps d'Hector.

Le rire de Mozart.

Gene Kelly sous la pluie.

Ripley dans l'espace.

Jules au violon, Léon à l'accordéon.

Dimanche à Orly. Lundi au soleil.

Amstrong sur la lune.

Cousteau sous la mer.

Herzog sur les cimes.

Dante en enfer.

Béatrice au paradis.

Zola dans les mines.

Gauguin dans les iles.

Socrate et sa ciguë.

Quatre garçons dans le vent.

Asterix et Cléopâtre

Tintin et Milou.

Dieu à la messe quand Bach joue de l'orgue.

Jesse Owens à Berlin.

Les œillets de Marcel Pagnol.

Orson Welles et sa guerre des mondes.

Bouddha sous son arbre.

Perle Chavez rampant dans la poussière sous un soleil brulant .

Georges Perec sa vie et son mode d'emploi.

Le discours pacifiste de Charlie Chaplin dans le Dictateur.

Edgar Allan Poe et son Eureka.

Les reclus de Massada.

Le char de Phaéton.

Pèlerin dans les grands froids.

Comment laisser dans l'éternité non réalisée :

L'émouvante fin du Cid.

Le songe de Poliphile, le Necronomicon et le code Voynich.

L'échelle de Mahomet.

L'origine des espèces.

Flatland.

L'univers dans son hologramme.

Greg Egan et sa cité des permutants.

Le genou De Claire.

Lawrence d'Arabie.

1984.

Émilie Brontë.

La structure absolue de Raymond Abellio.

Le livre rouge de Jung.

Les fictions de Jorge Luis Borges.

Le symbolisme de la croix de René Guénon.

Veronika distribuant ses bouquets à des soldats sur un quai de gare.

Zampano pleurant à chaudes larmes sur une plage déserte.

Les rarissimes rires de la divine. L'insensibilité héréditaire de l'ange bleu.

Jack l'éventreur. L'étrangleur de Boston.

Le Discovery, L'Enterprise et le Nostromo.

La matrice, le tout. le pire et son contraire tissés dans une même énergie: la vie.

Leibniz et son meilleur des mondes possibles ou il suffit d'être heureux dans la forme la plus subtile d'un désespoir qui n'ose pas dire son nom.
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C'est un livre, comme tous ceux de D'Ormesson d'ailleurs, semblable à une grande bibliothèque.
Car ne l'oublions pas Monsieur D'Ormesson (que son âme repose en paix ) était un érudit et il savait
Tout sur presque Tout , grand philosophe , (on adhère ou non) , pour moi ce livre est un patchwork du "tout", sur la
littérature, la science "qui est l'homme , avenir de la planète, ou va t'on etc...
C'est un livre qui parle de cosmologie ,histoire du monde ,avec les mots bien à lui de l'auteur qui percutent ,
qui bercent qui donne de l'espoir et en même temps nous instruit!
Pour cela Jean D'Ormesson c'est construit une posture angélique , comme le ravi de la crèche , le candide moderne
tout le surprend et le ravit .
ce livre est une longue rêverie." d' ou venons nous , ou allons nous, pourquoi sommes nous ici sur cette Terre.
Les formules sont magiques pleines d'emphases , et de justesse , l'écriture est souple ,agréable , et jusqu'à être charmante .
Il y règne de la poésie , de la philosophie, des petits textes qui nous donnent à réfléchir plus amplement sur le "Tout"
J'avais peur de tomber sur un livre difficile à lire ,mais non , D'Ormesson nous tient la main et ses mots nous entrainent vers une vérité !
il dit que si "la nécessité (le) tue", "le hasard (le) ressuscite".

Il se mets à notre place car si lui se pose toutes ses questions ;il sait pertinemment que nous aussi les lecteurs on se les posent ,
alors dans une force il dit je cite :

"Tout m'étonnait.
D'être là, que le soleil brille, que la nuit tombe, que le jour se lève.
Que j'écrive ces lignes et que vous les lisiez.
Qu'il y ait quelque chose qu'à tort ou à raison nous appelons « le réel » ou « la réalité »

Ce que j'ai découvert dans ce livre
c'est un espoir réel, moi il m'a soigné de beaucoup de choses dans mon âme , et se répercutant sur le corps .
Je suis convaincu que beaucoup d'auteurs ont un don et une mission à effectuer au travers de l'écriture .
D'Ormesson en fait parti , il a rempli sa mission ,
"les bons livres sont ceux qui nous changent un peu" .

Après avoir lu cet ouvrage je regarde d'une autre façon , les étoiles et les fourmis ,
et la vie en général que nous humains nous traversons !

je cite une de ses phrases merveilleuses :

une seule certitude : nous mourrons – et même nous mourons, sans cesse, chaque jour, à chaque minute, dès notre naissance.
"La monde inépuisable dont nous faisons partie, aucun ouvrage de génie, aucune théorie unifiée,
aucune formule de l'univers ne sera jamais capable d'en livrer le secret dans sa totalité.

Que vous dire de plus , on pourrait en parler des heures mais trêve de bavardages .
Cet ouvrage m'a donné du bonheur, une espèce de confiance et la paix.
Il m'a rendu l'espérance. L'espérance en l'homme .
même si de nos jours beaucoup de choses nous montre le contraire ,
Merci le grand Monsieur Jean d Ormesson de nous avoir dit tout cela, presque rien sur presque Tout
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J'aime beaucoup Jean d'Ormesson, ceux qui me connaissent le savent.
On lui reproche souvent (c'est aisé en termes de critique) de toujours faire le même roman.
Voilà une exception ! Et j'ai aimé la capacité de jugement de cet auteur toujours aussi étonnant.
Tout est dans le titre.
Que dire d'autre ?
Que de temps en temps, dans un moment de calme, sur un siège bien confortable, c'est un vrai plaisir de se plonger dans ces réflexions.

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Presque rien sur presque tout /Jean d'Ormesson/
Dans la même veine que « La Douane de Mer », ce livre m'a régalé pour humble que soit le titre. Mais il est vrai que l'on se demande in fine quel sujet D Ormesson n'a pas abordé au cours de ces 400 pages extrêmement divertissantes et incitatrices à la réflexion. Jeux de mots, humour, paradoxes et métaphores : toutes les armes de Jean d'Ormesson sont au rendez-vous. Pour vous donner envie de lire ce joyau, même dans le désordre voici un florilège des lignes qui m'ont plu :
« le passé est une vieille dame qu'on a beaucoup fréquentée. L'avenir est un jeune insolent qui arrive sans crier gare… »
« La loi règne sur le tout. le temps est son agent secret, mystérieux et actif. La nécessité est son mot d'ordre. le hasard est son bouffon. le jeu de la cause et de l'effet est son outil et sa clé. »
Tout le chapitre intitulé « Monologue de l'être » est somptueux. D'Ormesson s'interroge sur le sens de notre existence et avec son humour coutumier referme la porte entr'ouverte. Clin d'oeil sur la destinée de l'homme : « Dans sa quête sans fin d'une vérité impossible, rien ne lui donne des forces comme l'échec. C'est de ses erreurs qu'il tire son espérance. »
Une multitude de thèmes sont ainsi abordés et l'érudition de l'auteur une fois de plus fait merveille : Dieu, la vie, la mort, le rire, la parole, le souvenir, la liberté, les religions (« Ce qu'on croit engage plus que ce qu'on sait ! »), (« Les religions n'aiment rien tant que de sauver les hommes malgré eux ! »), l'amour.
En regardant les choses d'un peu plus haut cette fois : « Il y a un plan de l'univers où la nécessité l'emporte de très loin sur le hasard qui n'en est qu'un sous produit. Et les hommes en font partie. » Phrase à méditer et à débattre assurément.
En bref, un livre qui peut être celui de votre chevet, car vous pouvez l'ouvrir à n'importe quelle page : cela importe peu, il vous passionnera et vous fera cogiter.
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Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Pour un esprit, venu d'ailleurs, qui tomberait sur cette Terre et qui en ignorerait tout, l'eau serait un objet de stupeur presque autant que le temps. L'eau est une matière si souple, si mobile, si proche de l'évanouissement et de l'inexistence qu'elle ressemble à une idée ou à un sentiment. Elle ressemble aussi au temps, qu'elle a longtemps servi à mesurer, au même titre que l'ombre et le sable. Le cadran solaire, le sablier, la clepsydre jettent un pont entre le temps et la matière impalpable de l'ombre, du sable et de l'eau. Plus solide que l'ombre, plus subtile que le sable, l'eau n'a ni odeur, ni saveur, ni couleur, ni forme. Elle n'a pas de taille. Elle n'a pas de goût. Elle a toujours tendance à s'en aller ailleurs que là où elle est. Elle est de la matière déjà en route vers le néant. Elle n'est pas ce qu'on peut imaginer de plus proche du néant: l'ombre, bien sûr, mais aussi l'air sont plus si l'on ose dire - inexistants que l'eau.

Ce qu'il y a de merveilleux dans l'eau, c'est elle est un peu là, et même beaucoup, mais avec une délicatesse de sentiment assez rare, avec une exquise discrétion. Un peu à la façon de l'intelligence chez les hommes, elle s'adapte à tout et à n'importe quoi. Elle prend la forme que vous voulez : elle est carrée dans un bassin, elle est oblongue dans un canal, elle est ronde dans un puits ou dans une casserole. Elle est bleue, verte ou noire, ou parfois turquoise ou moirée, ou tout à fait transparente et déjà presque absente. Elle est chaude ou froide, à la température du corps, ou bouillante jusqu'à s'évaporer, ou déjà sur le point de geler et de se changer en glace. Tantôt vous l'avalez et l'eau est dans votre corps; et tantôt vous vous plongez en elle et c'est votre corps qui est dans l'eau. Elle dort, elle bouge, elle change, elle court avec les ruisseaux, elle gronde dans les torrents, elle s'étale dans les lacs ou dans les océans et des vagues la font frémir, la tempête la bouleverse, des courants la parcourent, elle rugit et se calme. Elle est à l'image des sentiments et des passions de l'âme.

Ce serait une erreur que de prêter à l'eau, à cause de sa finesse et de sa transparence, une fragilité dont elle est loin. Rien de plus résistant que cette eau si docile et toujours si prête à s'évanouir. Là où les outils les plus puissants ne parviennent pas à atteindre, elle pénètre sans difficulté. Elle use les roches les plus dures. Elle creuse les vallées, elle isole les pierres témoins, elle transforme en îles des châteaux et des régions entières.

Elle est douce, fraîche, légère, lustrale, bénite, quotidienne, de vie, de rose, de fleur d'oranger, de cour, de toilette ou de table, thermale ou minérale, de Cologne ou de Seltz. Elle peut aussi être lourde, saumâtre, meurtrière et cruelle. Sa puissance est redoutable. Ses colères sont célèbres. Elle porte les navires qui n'existent que par elle, et elle leur inflige des naufrages qui font verser des larmes aux veuves de marins. Lorsqu'elle se présente sous forme de mur, lorsqu'elle s'avance, selon la formule des poètes et des rescapés, à la vitesse d'un cheval au galop, lorsqu'elle s'abat sur les côtes et sur les villes, elle fait surgir du passé les vieilles terreurs ancestrales.

Aussi vieille que la terre, ou plus vieille, plus largement répandue à la surface de la planète, complice des algues, des nénuphars, du plancton et du sel, fière de ses origines, consciente des services qu'elle a rendus à l'homme dont elle a longtemps abrité et nourri les ancêtres, puisque durant trois milliards et demi d'années tout ce qui vit est sous l'eau, elle considère toute matière autre qu'elle-même avec une sorte de dédain. Comme la lumière, elle est nécessaire à la vie. Supprimez l'eau, c'est le désert, la ruine, la fin de tout, la mort. II n'y a pas d'eau sur la Lune. Aussi peut-on assurer que ses paysages sont lunaires.
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Notre tout, celui dont il est possible et permis de parler, est un système d’une prodigieuse cohérence. Le plus surprenant, c’est qu’il y ait comme une harmonie et une correspondance secrète entre les lois de l’univers et les lois de l’esprit. L’homme découvre le tout, perce ses mystères, avance en conquérant dans la connaissance de l’immense univers qui se déploie autour de nous, monte vers des espaces de plus en plus lointains, descend, à la façon d’un explorateur en train de découvrir des régions inconnues, dans les abîmes d’un infiniment petit qui est comme l’image inversée de l’infiniment grand. Et il s’imagine avec simplicité qu’il répand de la lumière sur de l’obscurité. Il n’est pourtant pas acquis d’avance que le destin de l’homme soit de connaître l’univers et que le destin de l’univers soit d’être connu par l’homme. La clé secrète de l’affaire, c’est que l’homme ne peut jeter ses filets sur le tout et lui imposer ses catégories logiques et ses structures mathématiques que parce que le tout se les laisse imposer. « Ce qu’il y a de plus incompréhensible, disait Einstein, c’est que le monde soit compréhensible. » Comment ne pas être tenté de sauter, peut-être avec un peu de hardiesse et de précipitation, un pas métaphysique, comment ne pas se laisser aller à rêver que l’homme était fait pour conquérir le tout et que le tout était fait pour être conquis par l’homme ? Ne serait-ce que parce que l’homme est capable de penser le tout, il y a un lien caché, évident mais caché, entre l’homme et le tout. Il n’y a pas de rupture entre l’univers et l’homme qui en fait partie. Tout est lié dans le tout. L’attraction universelle et la gravitation ne sont que les conséquences et les symboles d’une cohérence et d’une unité qui rassemblent le tout, qui le font tenir ensemble, qui l’empêchent d’éclater et qui tissent un lien entre tout ce qui existe.

Ce lien est le tout même. C’est lui qui permet à l’homme de comprendre l’univers. C’est lui qui fait que la mathématique et les nombres sont à la fois, comme par miracle, dans la pensée de l’homme et dans la nature des choses. C’est lui qui inscrit les lois et leur nécessité dans l’espace et dans le temps.

C’est lui qui est au cœur de l’amour qui jette les êtres l’un vers l’autre. C’est lui qui fait courir comme un fil invisible entre les étoiles et la pensée, entre le big bang et l’histoire, entre le tout et chacun de nous.
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Avant le tout, il n'y avait rien.
Après le tout, qu'y aura-t-il ? Que seraient les hommes sans le tout ? Rien du tout. Ils n'existeraient même pas puisqu'ils sont comme une fleur et comme un fruit du tout. Nous sommes un très petit, un minuscule fragment du tout. Mais que serait le tout sans les hommes ? Personne ne pourrait rien en dire puisqu'il n'y a que les hommes pour en parler. Le tout, sans les hommes, serait absent et mort.
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Le souvenir nous désespère, nous amuse, nous crucifie, nous enchante. Il est à nous, et à nous seuls. Nous sommes capables d'agir sur le présent, mais il nous est extérieur. Nous ne pouvons rien sur le passé, mais il nous appartient. Ce qui est à nous, et seulement à nous, c'est ce qui n'est plus. Tomber dans le passé et dans l'absence n'est rien d'autre que tomber dans la pensée. Les hommes sont les maîtres sans pouvoir de tout ce qui a cessé d'être. Pantelants, déchus, dans les larmes et dans l’impuissance, nous sommes les dieux de l’évanouissement, de la chute implacable dans le néant, du souvenir et du passé.
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Voilà ce que je suis, un miracle. À des milliards et des milliards d’exemplaires.
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"Une petite merveille ! le seul conte écrit par Jean d'Ormesson et qui ressemble tellement à ses yeux bleus et pétillants ! de 8 à 120 ans !" - Gérard Collard.
Il était une fois, quelque part dans une vallée entourée de montagnes, un petit garçon comme tous les autres...
À retrouver à La Griffe Noire et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/l-enfant-qui-attendait-un-train.html
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